Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Cadre de Vie, Environnement

  • Notre dame grue géante 26 12 19
     Vue du chevet de Notre-Dame et de la grue géante  Potain (entreprise Manitowoc – USA) depuis le pont de l'Archevêché (Photo VlM, clic gauche dans la photo pour agrandir)

     

     

    Avec ses 80 mètres de haut, cette "grue à tour" domine Notre-Dame. Elle est là pour que soient extraits les milliers de tubes d'échafaudages qui, plus ou moins fondus, sont restés prisonniers de l'incendie et se sont entremêlés avec le plomb en fusion pour former un lourd carcan qu'il va falloir découper et retirer morceau par morceau pour soulager la structure et permettre la reconstruction des parties détruites et de la flêche.

    La structure de cette grue gracile parait bien frêle. Elle donne l'impression qu'une charge agissant au voisinage de l'extrémité de la flèche la ferait inexorablement plier et précipiterait l'engin au sol. Il est vrai que le moment de flexion agissant alors sur l'embase de la tour est extrême. Mais il est compensé par le contre-poids qu'on aperçoit à l'arrière de la flèche. Sur des valeurs  de charge moyennes, il efface en totalité le moment de flexion sur la base de la tour, qui subit alors un effort de compression simple, plus facile à maitriser, pour autant que le moment d'inertie de la section de la tour lui assure de résister au flambement (*). 

    Pas de panique. Les ingénieurs de Potain ont fait tous ces calculs. Et s'il est exact, comme nous l'apprend "Le Parisien" d'aujourd'hui, que la société fournit gratuitement la grue, c'est à deux titres qu'elle mérite notre admiration et notre gratitude : pour son expertise (unique en Europe) et pour sa générosité face au désarroi des amoureux urbi et orbi de Notre-Dame qui ont vécu comme un déchirement le désastre du 15 avril 2019.

    GS

     

    (*) Flambement : un élément élancé, c’est à dire ayant une grande dimension par rapport à au moins une des deux autres, soumis à un effort de compression axial, peut se déplacer transversalement de façon catastrophique et céder sous de faibles charges. 

     

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  •  

    Carnavalet bâtiment

    Avec son architecture de style renaissance, le musée Carnavalet (IIIe), ultime demeure de Madame de Sévigné, dédié depuis son ouverture en 1880 à l'histoire de la Ville de Paris, est l'un des joyaux du Marais (Photos VlM)

     

     

    La Directrice Générale du musée, Valérie Guillaume, et la Secrétaire Générale Danièle Desideri, en charge du musée, de la crypte Notre-Dame et des Catacombes, ont réuni le 19 décembre un comité pour une visite du chantier de rénovation, qui était bien nécessaire mais qui a tenu le musée fermé au public pendant de longs mois (depuis précisément 2016).

    Carnavalet comité

    Etaient présents Pierre Aidenbaum, Maire du IIIe, Ariel Weil, Maire du IVe, Nicole Bismuth-Lecorre élue du IIIe et d'autres personnalités. Nous avons parcouru des salles en travaux ou s'affairent des experts de toutes les disciplines en matière de rénovation de peintures, boiseries, dorures… On y découvrira notamment le vantail gauche de la porte monumentale de l'Hôtel de Ville, sauvé de l'incendie de 1871 sous la Commune et – détail intéressant – la méduse survivante qui en décorait au centre le vantail droit, lui-même disparu dans l'incendie !

    On fait dans ce parcours d'étranges rencontres avec des volées d'escaliers en matériaux contemporains. Elles remplacent des escaliers anciens en bois et se plient aux contraintes actuelles de la loi "accessibilité" qui a imposé de surcroît quelques ascenseurs ici et là, avec une touche anachronique surprenante mais justifiée.

    C'est au total 50 Millions d'€ qui ont été investis par la mairie de Paris pour l'ensemble des travaux, dont 4 Millions pour la restauration des œuvres.

    Carnavalet escalier peinture murale brunetti paolo antonio bis

    Grande fresque sur l'escalier du premier étage. Un grand concours est ouvert : qui en est l'auteur et que représente-t-elle ? Le gagnant aura deux places gratuites à notre récital Beethoven du 29 janvier !

     

    Conformément aux prévisions initiales, le musée qui s'étend sur les Hôtels Carnavalet et Le Peletier rouvrira ses portes au public avant l'été 2020 !

    Selon le Maire du IIIe, les jardins du quadrilatère des Archives (Hôtels de Soubise et de Rohan) pourraient ouvrir au public eux aussi en 2020… A suivre.

     

  • Mireille

    Le mug de "Mireille"

     

     

    Hier mercredi 18 décembre 2019 la boulangerie "Mireille" rue Vieille-du-Temple dans le troisième arrondissement a fermé. Pour célébrer quarante-et-un ans de plaisirs, Mathieu Garcia et sa sœur Stéphanie, qui avaient repris le commerce au décès de leur mère, ont offert à leur clientèle une fête gastronomique. La boulangerie ouverte était fermée au public, « C’est privé ! » criait Stéphanie aux inconnus qui essayaient d’entrer, ajoutant « J’ai toujours rêvé de dire ça ».

    Étaient reçus les familiers, qui travaillent dans ce nord du Marais, y habitent, y reviennent par affection. Pour elles et eux, les rayonnages étaient remplis des délices habituels, cette fois disponibles gracieusement, « Servez-vous, servez-vous ! » proposait Mathieu. Un enfant a demandé « Est-ce que je peux avoir une sucette ? », Mathieu a tendu le présentoir, l’enfant en a pris une, Mathieu lui en a rempli les poches « Ça te fera des souvenirs, et moi ça me fait plaisir ! », l’enfant a répondu « J’pourrai jamais manger tout ça », Mathieu l’a rassuré « Tu prendras ton temps ». Un petit a demandé une framboise, Mathieu a proposé le seau, le petit en a pris une, Mathieu lui a saisi la main et conseillé « Prends-en une poignée, fais-toi plaisir » et le ravissement était dans les yeux du petit.

    Pour les adultes attendaient des plateaux de pizzas et de quiches, de verrines d’œufs de poisson, de canapés au saumon fumé, de petits sandwiches au jambon, rillettes ou fromages ; le pain de mie et le pain au lait de Mireille, qui nous les rendra ?
    Stéphanie avait cuit deux foies gras, Mathieu avait ouvert du champagne, leur père dans le laboratoire préparait sans cesse des petits-fours. J’ai visité l’appartement vide à l’étage, le laboratoire impeccable du rez-de-chaussée, au-dessus de deux étages de caves d’où partaient des souterrains vers la Bastille : le Paris que j’aime.

    Flûte de bulles à la main, gourmandes et gourmands ont fait connaissance. Une dame a raconté : « J’habitais rue de Saintonge un quatrième étage sans ascenseur, mes voisins qui ne pouvaient monter les marches devaient partir en maison de retraite et ça me faisait peur. Une nuit j’ai rêvé qu’un petit appartement était à vendre dans un immeuble à Saint-Paul, au réveil je me souvenais lequel ; je me suis habillée, j’y suis allée, et là il y avait un ascenseur comme dans mon rêve. La concierge a dit qu’en effet un deux-pièces serait à vendre bientôt, elle me l’a montré, il était idéal, je l’ai acheté et j’y habite depuis quinze ans, mais je continuais à acheter mon pain chez Mireille, tout était si bon ». Chacune, chacun est reparti avec un mug et des douceurs.

    Le soir, pendant que la ville bloquée résonnait de klaxons, Mireille a quitté le Marais, son bail n’a pas été renouvelé par le propriétaire, qui le lendemain commence à démolir. Pour nous autour de la rue de Bretagne, c’est le quatrième boulanger qui disparaît en une vingtaine d’années. Pour les touristes ce sera une boutique à la mode supplémentaire.

    Patrice F. Roy 

     

  • Dessin zoe thouron poisson 20 12 19Dessin de Zoé Thouron

     

     

    Sous le titre "La loi Économie Circulaire adoptée en première lecture", le site Plastiques et Caoutchoucs publie la liste des dispositions qui on été adoptées par l'Assemblée Nationale en première lecture dans la nuit du jeudi 19 au vendredi 20 décembre 2019.

    On sait que quinze tonnes de plastique sont déversées chaque minute dans les océans, soit 8 Million de tonnes par an. De quoi frémir. Les mesures adoptées ne sont pas à la hauteur avec par exemple la fin des emballages plastiques à usage unique en 2040 seulement ! 

     

  • Bcbg le parisien

    Le BCBG dans le XIXe était un restaurant. Il est devenu une boite de nuit avec l'accord de la Préfecture de police, et un enfer pour les nuits des habitants de l'immeuble (Photo Le Parisien)

     

     

    Le quotidien "Le Parisien" réussit à dire la chose et son contraire avec la même conviction dans un article paru le 14 décembre 2019. Sous le titre "Paris : ces riverains d'une boite de nuit ne dorment plus", qui décrit les affres vécues par les habitants riverains de l'établissement, on trouve un autre titre : "Bars, discothèques : menaces sur la nuit parisienne".

    Il est vrai que le premier article est signé Lily Jaillard, le deuxième Olivier Lejeune, deux journalistes qui n'ont pas dû échanger sur le sujet car on discerne mal une ligne éditoriale entre ces deux façons de voir les choses.

    Une observation de bon sens saute aux yeux cependant : on comprend qu'il y a des semaines, des mois peut-être, que les habitants de l'immeuble ne peuvent plus dormir, que certains en sont malades, d'autres obligés d'aller dormir ailleurs, tous révoltés contre les agressions dont ils sont victimes ;  de son côté la discothèque est simplement "menacée par l'autoritarisme de la Préfecture de police". Avant que les riverains puissent obtenir la moindre sanction, si toutefois ils l'obtiennent, ils devront vivre l'enfer et subir l'attitude détachée, méprisante des exploitants à l'égard de leur souffrance.

    Si comme il est dit, la Préfecture de police a augmenté de 17,15 % (sur 4 ans…) le nombre de fermetures administratives dues au tapage, à la drogue, à des rixes… les parisiens n'ont qu'à s'en féliciter et remercier la police, qui contrôle les établissements recevant du public, de se mobiliser lorsque des signalisations répétes et objectivées sont déposés par les riverains de clubs, discothèques et autres lieux qualifiés de festifs.

    La fermeture administrative est la seule réponse qui fasse réfléchir ceux qui n'ont d'autre objectif que leur tiroir-caisse. Elle prend du temps mais infiniment moins qu'une procédure judiciaire que des particuliers n'ont pas les moyens d'affronter. Il faut de ce point de vue que la mairie de Paris change d'attitude pour la prochaine mandature. Le "conseil de la nuit" du Maire-Adjoint Frédéric Hocquard, depuis 2014 consacre l'essentiel de ses efforts à donner satisfaction aux professionnels de la nuit, ignorant en cela les parisiens et délaissant le seul objectif qui soit juste et raisonnable, celui de l'alliance "Vivre Paris !" : développer la vie nocturne en respectant la tranquillité et le sommeil de chacun.

    GS

     

    Post-scriptum

    Marc Mutti, élu de la mairie du 1er arrondissement, nous invite à regarder cette vidéo de France 3 sur les méfaits du bruit à Paris et les solutions développées par BruitParif pour en maitriser les nuisances.

     

  • Archives 57 souillé 09 12 19

     

    Voici à quoi ressemblait le mur-pignon du 57 rue des Archives (IIIe) le 8 décembre 2019. Colonisé par "The New Designers" ! Une campagne qui était peu de temps auparavent celle de "The Marc Jacobs", qui tient boutique au carrefour Archives/Ste Croix (IVe) :

     

    Arch 57 marc jacobs

    Nous avons saisi la direction de la propreté de Paris-centre. Ils sont intervenus le lundi 9 décembre. Le mur pignon est propre comme il ne l'a jamais été :

    Archives 57 nettoyé 10 12 19

    C'est tellement propre qu'on en est ébloui !

    On peut en tirer quelques leçons. Tout d'abord que la mairie a la capacité de bien faire si elle le décide et elle le fait avec le professionnalisme qui convient. Les habitants quant à eux garderont un chien de leur chienne à ces marques qui oublient de les respecter…

    Dans la mesure où elle intervient sous un délai court (48/72 heures) elle détruit l'intérêt pour les annonceurs marrons de confier leur communication à des officines hors la loi.

    L'état de Paris serait acceptable si les moyens des services de la propreté étaient à la hauteur de l'enjeu. A nos yeux ce serait très simple : il faut raboter de 10% le montant des subventions clientélistes attribuées aux associations que la municipalité entretient. On récupère ainsi 30 Million d'€, avec lesquels on peut faire des merveilles.

    A noter que les murs couverts d'affiches se font plus rares ces temps-ci (Exemple le mur-pignon du 34 rue des Archives). Nous attribuons ce progrès à une meilleure mobilisation des moyens d'intervention qui n'est pas étrangère aux signalisation qui proviennent le la population et des associations comme la nôtre qui s'en réclament.

    Un conseil enfin aux copropriétaires d'immeubles régulièrement agressés : faites faire un devis d'installation d'un treillage avec végétalisation artificielle. Il en existe deux exemples rue du Temple à 50 mètres d'intervalle de part et d'autre de la rue Rambuteau, IIIe et IVe.

     

     

  • Gaspillage

     

    Dans un article signé Marie-Anne Gairaud et Cécile Beaulieu, Le Parisien du 11 décembre  annonce le dépôt par Europe Ecologie les Verts d'un voeu au prochain conseil de Paris réclamant l'interdiction des terrasses chauffées.

    Pourquoi en est-on arrivé à chauffer l'atmosphère, au gaz ou à l'électricité, dans la majorité des cafés-restaurants avec terrasse ? Il y a eu au départ l'interdiction de fumer dans les espaces fermés. Elle a poussé les fumeurs irréductibles à sortir sur le trottoir pour "en griller une" puis à inciter les gérants à chauffer cet espace pour que les consommateurs puissent s'attabler et fumer à leur aise.

    Une décision a été prise par la Ville en 2011 pour que le chauffage au gaz, qui produit du di-oxyde de carbone (CO²) et des résidus de gaz toxiques, soit interdit. Les établissements visés la contestèrent et le tribunal administratif fit alors droit en 2003 puis 2006 à leur demande de rétablir l'autorisation. Ils avaient mis en avant la nécessaire égalité de traitement entre les terrasses chauffées par l'électricité, autorisés, et celles qui avaient opté pour le gaz .

    A cette occasion, l'écologie commença à s'affirmer comme un extraordinaire ferment d'hypocrisie sur fond d'ignorance et de tartuferie mercantile. En effet, si l'électricité ne pollue pas sur le lieu de consommation il faut bien qu'elle soit produite ailleurs par des centrales nucléaires, à charbon, au fuel… faute de pouvoir compter sérieusement sur l'éolien ou les panneaux solaires. Le recours à l'électricité est même moins vertueux en ce sens qu'il implique deux transformations successives de l'énergie, au lieu d'une pour le gaz, avec des rendements qui en affaiblissent significativement le bilan.

    Aujourd'hui la frénésie écologiste bat son plein et on est surpris de constater en longeant les terrasses de bars que toutes chauffent l'atmosphère, qu'elles soient d'ailleurs occupées ou pas. La ville de Rennes vient d'y mettre le holà. Est-ce le prélude à un alignement de toutes les villes en France sur ce modèle ? C'est possible mais nous pouvons prévoir sans risque d'erreur que les réactions seront nombreuses dans la mesure où le dispositif actuel favorise la consommation et l'emploi, qu'il soit mauvais pour la planète ou pas trop, qu'il entretienne le tabagisme ou pas.

    GS

     

  • Assemblée nationale 06 12 16

    En accord avec les associations parisiennes qui luttent dans la mouvance "Vivre Paris !" contre le tapage nocturne et l'occupation de l'espace public, nous publions cette lettre urgente, qui résonne comme un appel au secours, du Dr Bertrand Lukacs aux membres de la Commission Mixte Paritaire Sénat Assemblée Nationale

     

    Mesdames et Messieurs les Sénateurs, Mesdames et Messieurs les Députés, Membres de la Commission Mixte Paritaire,

    Résumé :

    Lors de la réunion mixte paritaire du 11 décembre prochain, vous aurez à vous prononcer sur l’amendement 1457 du projet de loi engagement dans la vie locale et proximité de l’action publique. Nous vous demandons solennellement de ne pas voter cet amendement qui prévoit d’étendre le principe d’antériorité des nuisances sonores aux établissement musicaux ou festifs. Cet amendement, passé en catimini, s’il est voté sera un message politique très négativement perçu par des milliers de Françaises et de Français, victimes de ces nuisances

     

    Cet amendement contredirait tous les progrès contenus dans la loi d’Orientation des Mobilités pour une politique éco-responsable prenant enfin la mesure de l’impact environnemental et sanitaire de la pollution sonore. Enfin, il mettra sérieusement en porte-à-faux les engagements de nombre de candidats aux élections municipales qui ont eux bien compris l’enjeu que représente la lutte contre la pollution sonore.

    À Aix-en-Provence, Albi, Bagnère de Bigorre, Bayonne, Biarritz, Bordeaux, le Cap d’Agde, Cluny, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Nîmes, Paris, Sélestat, Strasbourg, Toulouse, Tours, pour ne citer que quelques villes, les associations de riverains sont « vent debout » contre cet amendement. Après un temps de consternation et de sidération, elles se mobilisent sur les réseaux sociaux pour exprimer leur colère.

    Comment peut-on expliquer que pour l’élaboration de cet amendement, l’ensemble des parties concernées n’ait pas été entendu ? Comment expliquer le rôle prépondérant du collectif Culture Bar-bars alors même que ni le Conseil National du Bruit, qui a un rôle éminent concernant le bruit et les nuisances sonores, et encore moins un collectif d’associations de riverains victimes de ces nuisances n’ont été auditionnés ? La déontologie des députés n’oblige-t-elle pas à prendre en compte les arguments de tous pour représenter l’intérêt général et éviter l’influence de petits groupes très bien organisés ?

    Le malaise et l’incompréhension ne font que s’amplifier à la lecture des arguments avancés pour justifier cet amendement lors de sa présentation à l’Assemblée nationale puis lors de la séance publique du 21 Novembre 2019

    Écrire que « les relations juridiques qui s’établissent entre acteurs de la nuit apparaissent singulièrement déséquilibrées en faveur des riverains » est stupéfiant. Cela traduit un esprit gravement partisan ou une méconnaissance totale de la réalité. Personne n’ignore que l’application des lois existantes n’est plus adaptée à la vie d’aujourd’hui. Il existe une incroyable asymétrie entre la rapidité et la facilité à créer ces nuisances et l’extrême lenteur et les difficultés que vont rencontrer les victimes pour faire valoir leurs droits. C’est cette asymétrie qui crée tensions, souffrances et tant de désespérance chez les riverains victimes de pollution sonore nocturne.

    Écrire que les riverains seraient responsables de « procédures infondées ou malveillantes » est une généralisation abusive proche du procès d’intention et occulte le fait que la pollution sonore, à la différence de la pollution atmosphérique, a toujours une origine locale, qu’elle est parfaitement identifiable et que les niveaux sonores peuvent se mesurer de façon objective par des sonomètres. Nous refusons de passer pour des irresponsables. Non seulement nous réfutons ces accusations mais nous demandons une généralisation des mesurages pour mettre fin à ces procès d’intention.
    Ne donner comme seuls exemples que le chant du coq, la cloche de l’église du village ou la maison en bout de piste, qualifier les plaignants « de personnes obtuses » sans un seul mot pour décrire la réalité que vivent des milliers de personnes en souffrance à cause de ces nuisances est tout simplement révoltant.

    Écrire que le combat des riverains qui luttent contre la pollution sonore nocturne serait « une tendance de notre société qui s’avère agaçante pour toute personne responsable et raisonnable » relève d’une légèreté et d’une surprenante méconnaissance du rôle de la nuit et de la qualité du sommeil pour le bien-être de chacun, en tout premier lieu des enfants et des adolescents.
    Écrire que cet amendement «ne multipliera pas pour autant le nombre de contentieux ; au contraire, cela permettra de les éviter, dès lors que la règle d’antériorité aura été affirmée » est un contre sens. Il suffit de lire la façon dont la presse a compris cet amendement pour se convaincre du contraire : il est d’ores et déjà perçu par beaucoup d’établissements comme un droit à créer des nuisances sonores la nuit. Cela va multiplier, rallonger et complexifier les procédures juridiques.

    Voter cet amendement, c’est «instaurer un principe d’antériorité sur les bars ou salles de concert, c’est dissuader les familles de s’installer. C’est aussi diminuer la capacité des élus à encourager la mixité sociale et économique dans les quartiers, et dédier exclusivement à la fête des zones entières. » comme l’écrit dans son courrier le Député Pacôme Rupin expliquant pourquoi il n’a pas voté cet amendement. C’est en effet l’assurance d’aggraver la désertification des centres villes.
    Mais, au-delà de ces remarques factuelles, le plus surprenant est la façon dont l’enjeu a été très habilement détourné par Culture Bar-bars.

    Non, la pollution sonore n’est pas un élément indispensable à la création artistique et la fête. Notre intérêt collectif est de faire en sorte que la création artistique et la fête intègrent les enjeux environnementaux et de santé publique. Ils doivent mieux préserver l’appareil auditif des spectateurs, diminuer la pollution sonore environnementale et participer à l’amélioration du sommeil de ceux qui doivent dormir.
    L’enjeu politique n’est pas de protéger des pollueurs en leur permettant de continuer à polluer, mais d’inciter les artistes et organisateurs de fête à devenir éco-responsables et respectueux de l’environnement.

    Non seulement c’est souhaitable mais c’est possible. La loi "Orientations des Mobilités", votée mais non promulguée, ouvre cette voie. Elle modifie l’énoncé du titre 7 du livre 5 du code de l’environnement en remplaçant les mots nuisances sonores par pollutions sonores. Ce n’est pas un simple changement de mots, cela traduit la prise de conscience de l’importance des nuisances sonores comme véritable pollution ayant un impact avéré sur la santé de ceux qui y sont exposés. Cette pollution sonore est responsable de plusieurs dizaines de milliers d’années de vie en bonne santé en moins par an et coûte plus de 57 milliards d’euros chaque année à la collectivité (Source CNB). Et la nuit doit être protégée en priorité.

    Cette loi précise également, article 28 quater modifiant l’article L.571-1 du Code de l’environnement : « L’État et ses établissements publics, les collectivités territoriales et leurs établissements publics ainsi que les personnes privées concourent, chacun dans son domaine de compétence et dans les limites de sa responsabilité, à une politique dont l’objectif est la mise en œuvre du droit reconnu à chacun de vivre dans un environnement sonore sain. ». Pour l’intérêt général, cette loi doit s’appliquer à tous, sans exception.

    Concernant les trois termes de cet amendement : tourisme, culture, sports, l’amalgame est habile mais il n’est pas pertinent. Il faut à l’évidence faire une distinction entre les nuisances sonores de nuit – fête et musique nocturnes – des nuisances sonores de jour – tourismes et sport. À niveau sonore égal, l’impact sur la santé des populations est extrêmement différent. Santé Publique France , dans un récent bulletin, a souligné l’importance de la durée et de la qualité du sommeil comme facteur déterminant pour la prévention des maladies chroniques. Il est bien évidemment d’intérêt général de prendre en compte cette distinction jour-nuit.

    Pour toutes ces raisons, Mesdames et Messieurs les élus, nous vous demandons de ne pas retenir cet amendement. Nous vous demandons de ré-ouvrir le travail préparatoire et de recevoir en urgence un collectif d’associations de riverains car nous avons des propositions précises à vous soumettre.

    Très respectueusement,
    Pour un collectif d’association de riverains.
    Docteur Bertrand Lukacs
    Membre de l’Académie de Chirurgie
    Président de l’association Habiter Paris

    ass.habiterparis@gmail.com

     

    Post-scriptum du 11 décembre, le Maire du IVe Ariel Weil communique :

    "Je soutiens la démarche des associations de riverains qui s’opposent à l’amendement 1457 du projet de loi engagement dans la vie locale et proximité de l’action publique. En tant que maire et habitant, je revendique le droit à vivre et dormir en centre ville ! Maintenir l’équilibre entre noctambules et riverains est possible. Des solutions existent pour un partage plus respectueux des différents usages de la ville et de l’espace public. Veillons à les faire appliquer. »

    Ariel Weil, Maire du 4e arrondissement

     

     

     

  • Marché ste catherine 09 12 19

    Place du Marché Saint-Catherine le 9 décembre 2019 (Photos VlM, clic gauche pour une meilleure définition)

     

     

    Cette place n'est pas seulement belle dans sa sobriété, elle a beaucoup de charme et le charme ne se définit pas, il se ressent…

    Les amoureux du Marais ont pour elle des sentiments comparables à ce qu'ils éprouvent à l'égard de la rue des Barres, de la place du Bourg Tibourg dans le IVe, du jardin Georges-Cain et des jardins à l'anglaise des Hôtels des Archives et de Rohan dans le IIIe. De la tendresse mêlée au désir de s'abandonner à la contemplation et à la méditation. 

    C'est pour cela que nous sommes nombreux à réagir quand nous constatons que les marchands installés sur la place n'ont qu'un souci : en rentabiliser l'occupation.  Déjà, les écrans qui avaient disparu des terrasses au printemps sont de retour et avec eux le chauffage à ciel ouvert. Le fond de la place a repris cet air de casemate que nous dénonçons depuis plusieurs années.

     

    Marché ste catherine casemate 09 12 19Les restaurants et leurs terrasses en infraction donnent cette impression désolante de casemate 

     

    Les choses changent cependant. Le Maire Ariel Weil s'est donné comme objectif de ramener les exploitants à la raison et au respect du patrimoine exceptionnel que constitue ce site remarquable. Il a un plan pour assurer le retour aux terrasses ouvertes réglementaires comme il l'a fait au Bourg Tibourg avec le succès que l'on sait. Nous n'en connaissons pas encore les contours mais nous avons confiance.

    De son côté, l'ABF (Architecte des Bâtiments de France) Samanta Deruvo vient de refuser son visa conforme à un dossier déposé par le restaurant "La Terrasse Ste Catherine" qui projette de détruire un mur porteur de refend du rez-de-chaussée de l'immeuble du 7 de la place ainsi que la voute de la cave pour gagner de l'espace et accueillir plus de monde. Projet que le pétitionnaire n'a d'ailleurs pas soumis à l'accord de l'assemblée générale des copropriétaires de l'immeuble… Avait-t-il l'intention de passer en force ?

    Un tel projet, dans un immeuble de 7 étages du XVIIIème classé "A" au PSMV (devenu SPR "site patrimonial remarquable"), qui vise à éliminer deux murs porteurs en pierres et une  voute pour les remplacer par des "plots métalliques et des poutrelles" comme nous le dit un riverain est purement scandaleux et nous sommes heureux que la direction de l'urbanisme de la mairie de Paris, le Maire du IVe, le Député Pacôme Rupin et le ministère de la Culture représenté par l'ABF se soient unis pour y faire obstacle.

    Caron

     

    Il pourrait se faire également que le percement de cette porte en 2011, qui a remplacé une fenêtre comme nous l'explique une personne de l'immeuble, soit contesté et qu'une remise en état soit requise.

    GS

     

  • Griveaux rupin gérard 26 11 19

    Pacôme Rupin, à droite, Député 7ème circonscription, en compagnie de Benjamin Griveaux, Député de la 5ème et candidat mairie de Paris

     

     

    Voici le contenu de l'échange avec nos Députés. La réponse est venue de Pacôme Rupin mais nous  ne doutons pas d'un engagement identique de la part de Benjamin Griveaux :

     

    Cher Gérard Simonet,

    A Paris, la grande majorité des établissements à débits de boisson respectent leur voisinage. La cohabitation se passe bien, dans le respect, chacun faisant un effort. Malheureusement, certains gérants peu soucieux des riverains rendent leur vie impossible. Les nuisances se cumulent, avec la musique et les clients qui se réunissent dans la rue à la fermeture. C’est le meilleur moyen de faire fuir les familles des centres urbains, alors qu’à Paris le coût de la vie et en particulier du logement est déjà un obstacle.

    C’est bien la raison pour laquelle je me bats depuis le début de mon mandat contre les nuisances sonores. J’ai d’ailleurs fait adopter dans le projet de loi pour l’engagement dans la vie locale et la proximité de l’action publique un amendement qui vise à simplifier la procédure de sanction à l’encontre d’un débit de boisson qui se retrouve en infraction.

    J’ai aussi voté contre l’amendement proposé par Annaïg Le Meur et d’autres collègues dans ce même projet de loi pour étendre le principe d’antériorité ou de « pré-occupation » à ce type d’établissements. Cela stipule qu'une personne qui s'installe dans un logement, avec un bar préexistant au pied de l'immeuble, aura moins de capacité à se défendre contre les nuisances puisqu'elle "était censée savoir à quoi s'attendre". Un tel principe irait à l’encontre de la réalité, notamment du fait qu’une situation de voisinage peut se dégrader : un nouveau gérant moins regardant, la concentration d’autres débits de boisson à côté du bar existant, l’extension des horaires d’ouverture… Il faut insister sur la nécessaire médiation entre riverains et gérants, et le respect des règles plutôt que de chercher à excuser des nuisances sonores.

    Tous les riverains ont le même droit au sommeil et à la tranquillité dans les zones denses. Instaurer un principe d’antériorité sur les bars ou salles de concert, c’est dissuader les familles de s’installer. C’est aussi diminuer la capacité des élus à encourager la mixité sociale et économique dans les quartiers, et dédier exclusivement à la fête des zones entières. Il faut pouvoir concilier la liberté d’entreprendre et l’importance de la nuit à Paris avec les droits des habitants à vivre normalement.

    Je me suis déjà désolidarisé de cet amendement. Il est désormais question d’en faire une proposition de loi, et je serai cohérent : je ne la signerai pas et voterai contre.

    Vous pouvez compter sur mon engagement,

    Bien à vous,

    Pacôme Rupin
    Député de Paris

     

    Reçu en réponse à notre courrier ci-dessous :

    Messieurs les Députés,

    J'ai diffusé ce matin l'article avec ce lien.

    Tout "Vivre Paris !" est en émoi car il y a longtemps (depuis 2010) que les syndicats de lieux festifs, les brasseurs et les fabricants de matériel de sonorisation font l'assaut des organismes concernés et ont leurs entrées à la mairie de Paris sous la protection du "conseil de la nuit" de Frédéric Hocquard pour obtenir la non-recevabilité de plaintes de la part d'habitants qui ont rejoint un lieu déjà concerné par le bruit. C'est ce qu'on appelle la "clause de l'antériorité".

    On l'a toujours refusée avec énergie car elle implique une application différente de la loi suivant qu'un habitant est nouveau venu où ancien dans un immeuble.

    Nos amis considèrent que l'amendement approuvé par l'Assemblée Nationale ouvre la voie vers cette clause. Nous sommes frappés de voir que son libellé est mot pour mot la formulation que les professionnels de la nuit adoptent depuis toujours pour la faire accepter.

    En agissant pour qu'il ne soit pas repris en deuxième lecture vous apporterez un grand soulagement à un grand nombre de parisiens qui vous en sauront gré. Nous ferons tout en cas pour qu'il en soit ainsi.

    Sincèrement vôtre
    Gérard Simonet