Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Cadre de Vie, Environnement

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    Plousseau 1

    Carrefour Archives-Rambuteau/Francs-Bourgeois (IIIe – IVe) (Photo J. Plouseau)

     

     

    Sur un air de comptine, un concours est ouvert : combien en comptez-vous ? Toute bonne réponse vous vaudra notre considération !

    Elles sont devenues aussi dangereuses sinon plus que les moustiques-tigres ou le frelon chinois. Alors que vous ne vous y attendez pas, elles vous percutent de plein fouet et vous envoient à l'hôpital ou ad patres, que vous soyez sur la chaussée dans un passage piétons ou sur le trottoir…

    La Ministre Elisabeth Borne heureusement s'en préoccupe. Elle nous prépare un décret pour la rentrée. En attendant, la mairie de Paris prend des dispositions et parle d'une charte avec les opérateurs sur leur occupation de l'espace public (on voit sur la photo qu'ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère…). Voir décisions Ville de Paris.

    On est dubitatif à l'égard des chartes car on en a enterré plus d'une, victimes de leur péché originel (notamment rue des Archives sous Dominique Bertinotti et plus récemment place du Marché Ste Catherine). On attendra patiemment que l'assemblée nationale ait fait son travail. On connait à peu près le contenu du décret : interdiction aux véhicules électriques de circuler sur les trottoirs (amende 135 €), non-respect du code de la route (amende 35 €), vitesse des engins limitée à 25 km/h (dépassement : amende 1.500 €), interdiction de laisser les engins n'importe où notamment sur les trottoirs (amende 35 à 49 € payée par l'utilisateur ou à défaut par l'opérateur)….

    Cette démarche de rationalisation est nécessaire. Elle ne remet pas en cause l'évolution des mobilités dans la ville moderne car on na va pas contre son temps. Le développement du GPS, du téléphone cellulaire, des centrales à inertie et  leurs gyroscopes, des batteries, des mini-moteurs électriques, des "applis" sur nos GSM font que beaucoup d'initiatives fleurissent et constituent l'économie d'aujourd'hui et de demain. Il convient de les accompagner, en domestiquant les nuisances si elles en créent.

    Observons au passage que toutes ces nouveautés fonctionnent sur courant électrique dont l'énergie utilisée est propre et soucieuse de la planète. A une condition toutefois : que la production de cette électricité qui charge nos batteries soit propre également en terme de CO², d'ozone, de particules et autres polluants, azotés notamment. A ce stade, seule l'énergie atomique répond à ces critères. De quoi rendre blêmes les écolos les plus idéologues qui voient rouge quand on leur parle d'exploiter le carburant naturel de l'univers, des étoiles, des galaxies, des planètes, des trous noirs, un carburant qui repose sur la transformation de certains atomes et la récupération de l'énergie qu'Albert Einstein a formulée dans sa célèbre équation E = MC²

    Voilà à quel niveau de réflexion nous portent les trottinettes et leur invasion, pas tout à fait inoffensive mais parfaitement maîtrisable !

    GS

     

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    Hôtel raoul
    Portail de l'Hôtel de Jean-Louis Raoul, 6 rue Beautreillis (IVe), (Photo VlM le 5 mai 2019)

     

     

    Michel Cribier, habitant du quartier depuis plus de vingt ans dans l'immeuble qui a pris la place de l'Hôtel Raoul dont seul subsiste le portail, a étudié l'histoire de l'Hôtel disparu. Il nous apprend ceci : "aujourd’hui, au 6 de la rue Beautreillis, se dresse un curieux vestige dont l’état de décrépitude attire la commisération des promeneurs : c’est un portail tout seul, enserré dans une maçonnerie fissurée mais encore suffisante pour le maintenir debout; à son fronton une inscription en lettres jaunes qui se déchiffre à peine : Hôtel de Jean-Louis Raoul".

    En allant sur son site Internet, on en apprend beaucoup plus sur l’histoire de cette partie du Marais et de ses habitants.

    Pour son élégance et les mystères qui l'enveloppent, ce portail nous est cher. Il nous a été très pénible de constater il y a deux/trois jours qu'un vandale l'avait saccagé avec sa bombe de peinture. 

    On ne peut pas se résoudre à le laisser en l'état. Nous avons la conviction que le Maire du IVe Ariel Weil partagera notre émotion et souhaitera réparer cette atteinte au patrimoine du Marais. La solution existe : les deux vantaux du portail de l'Hôtel des Ambassadeurs de Hollande, rue vieille du Temple, ont subi une rénovation totale. Il faut pour le portail de l'Hôtel Raoul un traitement similaire adapté. Il est possible qu'une peinture laquée s'avère nécessaire en fin de restauration. Pourquoi pas. Tout plutôt que l'état indigne où un songe-creux l'a plongé !

    Cette opération aura un coût. Il faut que l'Hôtel de Ville l'assume. L'an passé à pareille époque, sous la pression de commerçants du IVe et de leurs représentants, le Premier-adjoint Bruno Julliard avait intimé l'ordre à ses services et au Maire Ariel Weil de barioler aux couleurs arc-en-ciel, violet – indigo – bleu – vert – jaune – orangé – rouge, les passages piétons de nombreux carrefours (y compris dans le IIIe), les potelets, les bancs publics et les plaques de rues. Il avait trouvé l'argent pour le faire, toute affaire cessante.

    La remise en état du portail aura au moins le mérite de participer à l'entretien du patrimoine et de satisfaire les habitants au lieu de les braquer comme l'a souligné Yvon Le Gall, vice-président de l'association, dans sa plaidoirie du 28 juin 2018 contre le marquage des rues.

    Nous demandons à nos lecteurs de s'exprimer sur ce dossier et de montrer aux autorités municipales l'attachement des citoyens du Marais au patrimoine collectif dont ils sont dépositaires.

    GS

     

  • Mairie du IIIeMairie du IIIe et de… Paris-centre

     

     

    Nous ne faisons pas partie des associations zélées qui tressent avec ardeur des lauriers à leurs Maires en attendant d'eux ces fameuses subventions dont nous dénonçons régulièrement la pratique et les excès. Nous ne sommes pas non plus des opposants systématiques prêts à tout dénoncer. Le Maire du IIIe Pierre  Aidenbaum le sait, lui à qui nous avons déclaré que nous n'étions pas dans l'opposition mais "dans la résistance".

    C'est dans cette posture que nous nous sentons à notre place. Nous résistons à la manipulation et à l'enfumage, à la concertation "citoyenne" dont les résultats sont décidés d'avance et les débats orientés par des apparatchiks de service. Nous ne suivons pas non plus ceux qui font profession de dénigrer sans discernement.

    Notre jugement, de notre point de vue, n'en a que plus d'objectivité.

    S'agissant de cet arrondissement, il y a plusieurs facettes à son caractère. Celle qui nous a fortement mobilisés au début des années 2000, fut la mono activité des grossistes-importateurs de maroquinerie. Le temps a fait son œuvre mais le Maire a eu la sagesse d'accompagner le dossier par des mesures douces telles que le recours à la SEMAEST (société d'économie mixte liée à la mairie de Paris) pour une aide au lancement de commerces diversifiés.

    Grav 13 - 15
    Boutiques nouvelles aux 13 et 15 rue des Gravilliers

     

    Il a ainsi favorisé la mutation des grossistes et la réhabilitation d’immeubles vétustes vers des activités diversifiées. D'autres décisions, cosmétiques en apparence telle que l'inversion du sens de circulation de la rue des Gravilliers, ont eu un effet bénéfique qui n'est pas contesté aujourd'hui.

    Le réaménagement de voies stratégiques de nos quartiers a modifié la voirie et en conséquence le paysage de la rue. C'est vrai pour les rues Beaubourg, Bretagne, Archives, Turenne, ND de Nazareth, Béranger et plus récemment le carrefour des Arts & Métiers et la rue du Grenier St Lazare ainsi que les trois portions de la rue Rambuteau IIIe et IVe. Le cadre de vie s'est amélioré et avec lui la qualité des commerces qui ont bien saisi l'opportunité qui se présentait d’accroître leur chiffre d'affaires et leur valeur ajoutée.

    Archives poste 1Trottoir devant la poste, 63 rue des Archives, en 2007, complètement dégagé aujourd'hui (Photo VlM)

     

    Le Marché des Enfants Rouges valut à Pierre Aidenbaum en 1995 son élection à la mairie du IIIe, contre son adversaire Jacques Dominati, victime de l'usure du pouvoir et de son intention de fermer le marché pour y créer un parking. Son succès aujourd'hui est éclatant. Sa proximité avec le Carreau du Temple fait de ces deux sites exceptionnels avec au centre la mairie, un pôle d'attraction qui témoigne à lui seul du renouveau du quartier.

    Le contexte changea en 2001 avec l'élection de Bertrand Delanoë à la Mairie de Paris. Un vaste programme immobilier fut déclenché dans le IIIe avec quelques rénovations spectaculaires comme la "Gaîté Lyrique" et le "Carreau du Temple". On eut le sentiment à cette époque que les ressources de la Ville de Paris étaient sans limite. Il faut dire que la municipalité de droite, sous la houlette de Jacques Chirac puis de Jean Tibéri, avait rempli les caisses sans qu'il ait été nécessaire de recourir à l'impôt.

    Les premières décisions en matière d'immobilier furent l'achat par la Ville de deux immeubles "de rapport" aux 3 et 5 rue des Haudriettes, pour un montant de 104 Millions de Francs en 2001, la transformation de la Cour de Venise, 12 rue Saint Gilles, en 75 logements sociaux et locaux artisanaux et  l'acquisition d'un des immeubles de la résidence des Arquebusiers.

    Cour-de-veniseLa Cour de Venise, 10-14 rue Saint -Gilles (photo Gavroche Père et Fils)

     

    On pouvait alors craindre l'explosion des achats par la Ville, au détriment de l'équilibre de ses finances. C'est bien ce qu'on a observé généralement à Paris, pour cette raison mais aussi et surtout à cause de l’augmentation massive de l'effectif municipal qui est passé de 40 à 55.000 agents. La conséquence, en dépit des hausses successives et massives des taxes foncières et d'habitation en 2009 et 2010, est que la Ville se trouve en 2019 face à un déficit budgétaire récurrent qui a porté la dette de 1 à 7 Milliards d'€, chiffre prévu pour 2020 !

    Dans le IIIe, cependant, la politique immobilière s'est appuyée sur une coopération public-privé qui a évité de surcharger inutilement la Ville. La réhabilitation de l'îlot Charlot-Pastourelle, celle des anciens bâtiments "aux arcades" de France-Telecom au carrefour Temple-Pastourelle, l'Hôtel d'Equevilly rue de Turenne, le 108 rue Vieille du Temple, ont laissé la main aux investisseurs privés, la mairie se contentant d'une part minoritaire affectée au logement social plutôt haut de gamme.

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     L'immeuble Temple-Pastourelle avant rénovation  ( à gauche – 2008) et après (à droite). (Photos VlM)

     

    Il n'y avait en 2001, abstraction faite du square du Temple devant la mairie et de petits jardins comme Georges Cain, rue Payenne et Léopold-Achille rue du Parc-Royal, aucun lieu de respiration, de verdure et de repos. On a bénéficié depuis de l'ouverture au public des jardins de Soubise et de Rohan (Archives Nationales) et de la création du jardin Anne Frank derrière l'Hôtel Saint-Aignan. On doit l'accès aux jardins des Archives Nationales à Frédéric Mitterrand alors Ministre de la Culture, sur simple demande écrite de P. Aidenbaum faisant droit à la pression d'un certain nombre d'habitants et d'associations comme la nôtre.

    Dans cet ordre d'idée, il ne faut pas oublier la création d'une bibliothèque-médiathèque au 10 rue Portefoin et de l'opération du "passage Ste Avoye", handicapé par un hangar désaffecté dans les années 2000 et défiguré jusqu'en 2012 par des graffiti de la pire espèce .

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     Passage Ste Avoye, 8 rue Rambuteau – 62 rue du Temple. Avant et après (photo VlM)

     

    La mairie n'a pris aucune part à cette rénovation réussie mais c'est elle qui a initié le mouvement en faisant détruire le hangar SERNAM pour y construire une crèche.

    Au chapitre de l'esthétique, il convient d'ajouter au bilan le ravalement du gymnase Michel le Comte, guère plus beau depuis mais décidément moins laid, la création du jardinet Temple-Haudriettes qui gagnerait à s'appeler "jardin de l’Échelle du Temple" par référence à l'Histoire plutôt que porter le nom de Renée Vivien, une poétesse d'origine anglaise dont l’œuvre est plus que confidentielle .

    On ne peut pas clore ce bilan sans parler du musée Picasso, se réjouir de sa rénovation mais regretter qu'il se soit livré à des animations commerciales indignes de son rang et génératrices de nuisances pour les riverains ; de la restructuration du musée de la Chasse et de la Nature avec l'annexion de l'Hôtel de Mongelas; et des travaux en cours qui ont transformé les bâtiments des ex "Nouvelles Galeries" au 64-66 rue des Archives en locaux de bureaux modernes destinés à la location. L'intervention du Maire, au terme d'un chantage vertueux, a été de monnayer son permis de construire contre la création d'une crèche entre la rue Charlot et la ruelle Sourdis.

    Bourg l'abbé bains douche zoom 20 06 12Les "Bains Douches" avant travaux (Photo VlM)

     

    Autres opérations de prestige : la réhabilitation des "Bains Douches" rue du Bourg l'Abbé, devenus un hôtel cinq étoiles, avec tous les bénéfices que peut en tirer la rue du point de vue de son entretien ; et au terme d'une longue saga, l'affectation et les permis de modifier les Hôtels de Vigny et de Croisilles, 10 et 12 rue du Parc Royal. L'hôtel de Vigny devient le siège de MARIAGE Frères avec boutique et salon de thé, l'Hôtel de Croisille irait suivant nos sources à un industriel, l'Atelier Mériguet-Carrère, qui s'illustre depuis 45 ans dans des techniques ancestrales de peinture, de décoration et de dorure. Il ne méritait rien de moins que le Marais pour y établir son siège.

    L'immeuble au-dessus de la Poste rue de Saintonge était inoccupé. La Ville l'a racheté à travers le bailleur-social RIVP pour le transformer en logements PLAI (ressources 20 943 €/an pour 2 personnes), PLU (34 904 €) et PLS (45 375 €) à raison d'un tiers pour chaque catégorie.

    Il reste le plus gros pour la fin : l'inauguration de l'ensemble immobilier réhabilité du 25 rue Michel le Comte et le transfert à la Ville de la caserne des Minimes (rues du Béarn, des Minimes, St Gilles et des Tournelles) pour une vaste transformation débouchant sur la création de logements supplémentaires, d'une dizaine de boutiques d'artisans, d'un vaste jardin ouvert au public et d'une crèche. Situé à deux minutes de la place des Vosges, cette nouvelle résidence bénéficiant des conditions des logements sociaux n'aura pas trop de mal à trouver des amateurs. 

    MinimesLa caserne des Minimes (Wikipédia)

    D'un point de vue plus qualitatif, on constate que l'arrondissement est devenu le centre mondial de l'art contemporain avec 90 galeries d'art qui excellent dans cette discipline. Il abrite de nombreuses entreprises de co-working, des cabinets d'architecture et d'urbanisme et de design. Autre constatation : le nombre de places en crèches est tel désormais qu'il n'y a plus de liste d'attente !

    Il existe un sujet d'inquiétude cependant : les locaux très nombreux et très vastes qui servaient d'entrepôts aux grossistes-importateurs maroquiniers avant qu'ils migrent massivement vers Aubervilliers se convertissent en "résidences hôtelières". C'est une variante à Airbnb, préoccupante car ces locaux ont déjà une destination "commerciale" et n'ont pas besoin de déclaration de changement "d'habitation" vers "commercial" à la mairie de Paris. La règle des 120 jours, qui concerne la résidence principale, ne s'applique pas non plus. 

    Le rythme de ces transformations est de plusieurs locaux par mois. Des rez-de-chaussée mais aussi des étages, quelques fois des immeubles entiers. L'économie coopérative est en marche et on serait mal inspirés de s'en émouvoir outre mesure mais il y a là une problématique particulière qui vient du fait que l'activité de "résidences hôtelières" exerce une concurrence déloyale à l'hôtellerie traditionnelle. Il semble souhaitable qu'une action normative soit entreprise par les pouvoirs publics pour que ce marché continue à se développer en l'absence de distorsions administratives et fiscales préjudiciables à un secteur majeur de l'économie et au voisinage résidentiel.

    Un  voisinage résidentiel à qui il arrive de souffrir aussi du comportement d'établissements recevant du public qui pensent qu'on peut faire du clubbing dans des locaux dont l'insonorisation est impossible. Ou qu'il est admissible de laisser ses clients à des heures tardives consommer, fumer, s’interpeller bruyamment, se disputer et dealer sur l'espace public. Le IIIe a eu son lot de dérives de cette espèce. Une étroite coopération entre les collectifs de riverains que nous accueillons dans l'association, le Commissaire de police et le Maire, sous  le contrôle de la Préfecture de police, a généralement raison de ces nuisances en reconnaissant toutefois que rien n'est acquis dans ce domaine et que ces situations ont une fâcheuse tendance à apparaître et prospérer du fait de la forte attractivité de nos quartiers.

    Gérard Simonet

     

  • Vigny
    Portail de l'Hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal (IIIe), en travaux (Photo VlM)

     

     

    C'est à l'Hôtel de Vigny qu'a germé l'idée de réhabiliter et restaurer le Marais. En 1961, la découverte et le nettoyage de plafonds à poutres et solives peintes de style Louis XIII conduit le Ministère de la Culture à le classer à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques et à le sauver ainsi d'une destruction programmée. Des visites-conférences sur le Marais sont organisées dans l'Hôtel de Vigny et on assiste à la naissance d'un mouvement avec pétitions et démarches multiples pour la sauvegarde du Marais. Le mouvement  se développe et débouche sur la création en 1962 du Festival du Marais.

    Une loi du 4 août 1962 relative à la protection d'ensembles urbains, dite loi Malraux, permet de décréter en 1965 le quartier du Marais secteur sauvegardé. Dès lors, ce n'est plus seulement tel ou tel édifice qui est visé mais un domaine urbain dans lequel chaque élément architectural constitutif se trouve de facto protégé.

    La construction de l'Hôtel de Vigny date du début du XVIIème siècle. Surélevée au XIXe siècle, la façade de logis est décorée au niveau du rez-de-chaussée par un très beau portique en pierre, rythmé de pilastres ioniques, peut-être dessiné par Louis Le Vau. A l’arrière, le logis donne sur un jardin en partie préservé avec une façade et un portique dont la modénature rappelle celle de la façade sur cour.

     

    Vigny façade sur cour Vigny façade sur jardin

    Hotel de Vigny. Façade sur cour à gauche et façade sur jardin à droite

     

    Le bruit avait couru en 2015 qu'une société du Golfe en ferait un hôtel 5 étoiles, mais il n'en fut rien. C'est Mariage Frères le leader mondial du marché des thés de luxe qui en fit l'acquisition et qui s'emploie désormais à en faire le siège social de la société. Il y aura là au rez-de-chaussée un salon de thé et un magasin de vente.

    Ces travaux consacrent la réhabilitation du dernier des monuments à subir une opération de restauration dans le Marais, après avoir été celui qui inaugura le processus de sauvegarde de l'ensemble du secteur. Comme a dit quelqu'un de célèbre : "Les premiers seront les derniers…"

     

  • Brossat

    Couverture du mur-pignon du 36 rue des Archives (IVe) par les affiches sauvages de Ian Brossat. 24 avril 2019 (Photo VlM)

     

     

    Non content de cumuler la fonction de Maire-adjoint de Paris en charge du logement avec la tête de liste du parti communiste aux élections européennes, Ian Brossat rejoint avec ses affiches de propagande la lignée des marques de l'industrie du luxe qui depuis des mois enfreignent le RLP (règlement local de publicité) de la Ville de Paris en commanditant des campagnes d'affichage qui sont tout simplement illégales.

    Comment peut-on être Maire-adjoint de Paris et se soucier comme d'une cerise du règlement de la Ville qu'on administre ? Comment peut-on déployer autant d'ardeur à combattre les firmes qui participent à "l'Europe de l'argent" quand on se place soi-même au pinacle des annonceurs dévoyés en empruntant leurs méthodes ? La mairie de Paris va-t-elle appliquer la loi (1.500 € d'amende par affiche) à M. Brossat ? Ariel Weil Maire du IVe et Paul Simondon, Maire-adjoint de Paris à la Propreté vont-ils poursuivre de leurs foudres celui qui par l'alliance entre communistes et socialistes détient une partie du pouvoir à l'Hôtel de Ville ?

    C'est dommage. M. Ian Brossat n'a pas démérité dans sa lutte contre l'hébergement hôtelier tout aussi sauvage qu'on connait sous l'appellation de "locations saisonnières" (ou en raccourci Airbnb). Quelle mouche l'a piqué pour se fourvoyer dans cette vilaine affaire de pollution visuelle capitaliste ?

     

    Précédents articles sur Ian Brossat :

     

  • Place

    La place du Marché Saint-Catherine, avril 2019 (Photos VlM – clic gauche dans l'image pour agrandir)

     

     

    Vue sous cette perspective et à cette époque de l'année, la petite place du Marché Ste Catherine est à la hauteur des louanges qu'elle suscite : un lieu calme, arboré, plein de charme, sans voitures, qui respire la quiétude et inspire la méditation. Les cafés-restaurants, au nombre de huit tout de même, et leurs terrasses, paraissent assez sages avec leurs tables contenues derrière les croisillons que la mairie a installés au début de l'été 2017.

    Mais cette place reste l'un des défis pour le Maire Ariel Weil car les commerçants ont rendu l’embellie de 2017 éphémère en installant dès novembre des écrans de verre pour construire des terrasses fermées. Nous avons dénoncé ce coup de force contre les règles d'urbanisme de Paris, la sécurité (condamnation de l'accès pompiers) et le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) du Marais, en qualifiant le lieu de "casemate" dans un article daté du 30 novembre 2017. 

    Avec le retour des beaux jours, les écrans ont disparu mais nous savons qu'un établissement au moins est revenu à la charge en demandant à la mairie la ré-installation d'une terrasse fermée. Situé dans l'un des angles de la place, il sollicite de plus la réouverture d'une porte qu'il avait percée sans les autorisations requises sur l'immeuble du 7 rue Caron, qu'il n'avait pas hésité à éventrer. Les actions conduites par la copropriété l'ont contraint à la reboucher. C'était il y a de cela huit ans mais l'envie de recommencer le taquine à l'évidence…

     

    Terrasse ste cath
    La "Terrasse Sainte Catherine", dans sa version recevable avec terrasse ouverte contenue par les croisillons de la mairie (20 avril 2019)

     

    Le collectif des riverains suit l'affaire avec attention et nous tient informés. Il en a saisi le Maire du IVe et la nouvelle architecte des Bâtiments de France Samanta Deruvo. Le Député de Paris élu du IVe, Pacôme Rupin, un ancien conseiller de la mairie du IVe qui porte une grande attention à ce joyau du centre de Paris, est mobilisé lui aussi sur le dossier. Une rencontre avec lui est programmé pour le mois de mai.

     

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    Sully tags

    Sully géné

     

     

     

     

     

     

     

    Berges de la Seine, pont de Sully, AVANT  (31 mars 2019) à gauche, APRES  (19 avril 2019) à droite (Photos VlM)

     

     

    Le résultat est spectaculaire. L'état de ce mur qui borde les berges de la Seine à hauteur du pont de Sully (IVe) était honteux. Notre signalisation à travers l'application DansMaRue n'ayant rien donné, nous en avons saisi le nouveau Maire-adjoint en charge de la propreté auprès de la Maire de Paris, Paul Simondon que nos adhérents ont eu l'occasion de rencontrer et d'écouter à notre assemblée générale du 4 avril dans la salle des fêtes de la mairie du IVe.

    L'événement démontre qu'il n'y a pas de fatalité : quand on s'organise pour remédier au vandalisme, on le maîtrise. A la remarque qu'on ne peut pas être partout à la fois, on peut répondre d'abord que c'est une question de moyens et de priorités. Si la mairie de Paris n'a pas pris conscience de ce fléau, il est encore temps de le faire. Si elle décide d'en faire une priorité elle doit aussi s'intéresser aux causes et attaquer le problème à la base, avec l'aide vraisemblablement nécessaire du parlement qui doit revoir les règles du jeu. Elles ne sont sans doute pas adaptées à l'enjeu aujourd'hui.

    On ne peut que remercier et complimenter les service de la propreté pour le travail accompli tout en leur rappelant que rien n'est jamais acquis, surtout dans ce domaine : à l'extrémité du champ de la photo nous avons décelé ce matin de nouveaux graffiti qui préfigurent, si on n'y prend garde, un retour de l'invasion générale que nous avons dénoncée. 

     

    Sully dét

    C'est l'occasion d'appliquer la méthode "LIFO" que nous préconisons (last in, fist out). Si ces tags sont enlevés tout de suite, ce sera un signal donné aux vandales que cet endroit est surveillé et qu'il ne sert à rien de dépenser son énergie et des bombes de peinture à 11 € pour une exposition éphémère. Si on attend un mois ou plus, de toute façon le travail sera le même, mais le désir de l'auteur aura atteint son accomplissement et il pourra s'orienter vers de nouvelles exactions.

    Nous déposons une nouvelle signalisation. Si M. Simondon décide de nous appuyer, c'est tant mieux mais il n'est pas exclu que le dispositif en place fonctionne tout naturellement. C'est ce que nous souhaitons car les interventions exceptionnelles ne sont pas la solution durable étant donné le nombre de sites concernés.

     

    Post-scriptum du 23 avril :

    Paul Simondon nous informe que les nouveaux tags ont été retirés ce matin. Belle démonstration du mode LIFO (last in fist out). Bravo !

     

     

  • ValenceCité des Arts et des Sciences, "l'Hémisphéric" à droite, le Palais des Arts au fond. Au premier plan, une sculpture de feuilles d'aluminium peintes à l'acrylique, du plus heureux effet…. (Photos VlM)

     

     

    Au moment où s'ouvre chez nous un débat autour de la reconstruction à l'identique ou pas de Notre-Dame de Paris, après l'incendie qui a détruit sa flèche et sa charpente, nous rentrons d'un voyage instructif à Valencia, ville de près de 800.000 habitants au sein d'une métropole de 2 millions d'âmes sur la côte méditerranéenne de l’Espagne.

    Il y a deux Valencia : la vieille ville, interdite à la circulation, riche en monuments historiques et la ville moderne, traversée par la Turia, une rivière qui a été détournée de son lit naturel dans les années 60 pour que la ville échappe à la menace d'inondations comme celle de 1957. La rivière est devenue un jardin et une promenade d'où l'on peut admirer les ponts anciens qui sont restés en place.

    La vieille ville serait admirable si la municipalité, décidément mal inspirée, n'avait laissé les tags, graffs et inscriptions sauvages proliférer sur les murs et autres supports. Il en ressort un sentiment profond de dégoût et de colère devant le gâchis que ce laisser-aller a causé au point qu'il semble hors de portée maintenant d'y remédier tant le désastre est installé et incrusté dans le paysage de la rue.


    Umbracle gs

    Umbracle gs

     

     

     

     

     

     

     

    A gauche "L'Umbracle" , un parcours semi-ombragé sous des arceaux, à droite l'Agora et le Pont suspendu de l'Assut de l'Or, une réalisation qui allie prouesse technique et élégance.

     

    En contrepoint de cette faillite de la municipalité, la ville neuve resplendit de ses avenues très larges, de rues et trottoirs propres et de murs étrangement respectés. En parcourant le lit de la Turia en direction de la mer, on découvre sur un espace non urbanisé de plus d'un kilomètre de long successivement le Palais de la musique puis la Cité des arts et des sciences avec le Palais des Arts, l'Umbracle, l'Hemisfèric, le Musée des sciences, le Pont de l'Assut de l'Or, l'Agora et pour finir le musée Oceanogràfic, le plus grand dans son genre en Europe.

    Le complexe est l'oeuvre de l'architecte et ingénieur Santiago Calatrava Valls, natif de Valencia, reconnu et apprécié dans le monde entier pour ses formes et ses audaces architecturales. Il impose ici une signature contemporaine et l'art de concilier les fonctionnalités et la recherche esthétique au service d'un résultat artistique d'avant-garde. Son inspiration découle de formes biologiques ou zoo/anthropo-morphiques (l'Hémisféric par exemple est un œil…). La réalisation de l'ensemble s'est étalée sur 12 ans, de 1998 à 2009. 

    Ce sont des créateurs de cette trempe qui seraient capables de "réinventer Paris" comme nous le propose Jean-Louis Missika, Maire-adjoint en charge de l'urbanisme, s'il est démontré toutefois que Paris doive l'être. Mais le risque qu'ils nous déçoivent est grand.

    La pyramide du Louvre, la Grande Arche, la Fondation Louis Vuitton ont enrichi Paris. L'Opéra Bastille, les Colonnes de Buren l'encombrent, la Philarmonie, vue de l'extérieur, est d'une lourdeur affligeante qu'elle partage avec l'ensemble des constructions du Parc de la Villette et de la Cité des sciences. Beaubourg a été le fossoyeur d'un quartier qui, réhabilité, aurait eu plein d'attrait. Quant à l'édifice lui-même et ses tuyauteries, il  est digne de respect et mérite l'admiration mais il aurait été plus sage de le construire dans un cadre adéquat ; à la Villette par exemple…

    Ce que les urbanistes de Valence ont bien compris, eux, en investissant l'espace libéré du lit de la Turia !

    Gérard Simonet

     

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    MotosDirection la fourrière pour ces deux motos mal garées rue des Archives dans le IIIe….

     

     

    Deux par deux, le reste en foule… Il semble que la police (ou la DPSP) ait saisi le sujet à bras-le-corps. Il faut dire que la marmite bout depuis assez longtemps contre le comportement des motards qui garent leurs engins n'importe où et n'importe comment, généralement sur les trottoirs. 

    Il est vrai que la fameuse charte signée en 2007 entre Bertrand Delanoë à l'instigation de son Adjoint Denis Baupin avec la "Fédération des Motards en Colère" (qui le sont cependant restés…) leur donnait licence de se garer ainsi, au grand dam des observateurs concernés et du Préfet de police de l'époque qui avait dénoncé le caractère illégal des dispositions contenues dans la charte comme contraires au code de la route.

    Aujourd'hui, l'Hôtel de Ville est partagé entre ceux (Europe Ecologie-Les Verts avec Christophe Najdovski) qui remettent en question les privilèges accordés aux motards, et la Maire Anne Hidalgo qui hésite à leur déplaire pour des raisons électoralistes et la crainte de les voir manifester bruyamment et violemment comme ils savent le faire.

    Ces privilèges sont choquants dans le contexte actuel de lutte contre les atteintes à l'environnement et le réchauffement climatique. La gratuité du stationnement, la tolérance des forces de police à l'égard de l'occupation de l'espace public notamment des trottoirs, l'absence de contrôle technique qui laisse la voie libre au traficotage des pots d'échappement, au bruit et à la pollution de moteurs mal réglés, ont créé une distorsion artificielle en faveur de ce mode de transport qui est devenu le principal pollueur de nos villes.

    Il  faut espérer que le renforcement apparent des interventions de police ne soit pas l'hirondelle qui fait le printemps mais bien un revirement de fond que la mairie de Paris amorce. Il est probable que l'approche des  élections municipales de 2020 joue dans ce sens car l'opinion des parisiens à l'égard des nuisances que nous dénonçons pèsera plus que l'activisme de certains conducteurs de deux-roues qui refusent d'admettre que leur moyen de déplacement se conforme aux dispositions d'intérêt général qui visent les véhicules à moteur.

     

  • Eataly archives 57Mur-pignon 57 rue des Archives (IIIe) recouvert d'affiches Eataly et "Flex Jogger" (Photo VlM, 9 avril )

     

     

    Encore baveuses et dégoulinantes de colle, ces affiches à hauteur d'homme ont été retirées et laissées sur le sol par des habitants excédés. D'autres murs dans nos arrondissements de Paris-centre sont probablement victimes du comportement incivique du nouveau venu chez nous, un commerce qui débute bien mal son entreprise de séduction des citoyens et des visiteurs du Marais.

    Une fois encore, nous déplorons que des commerces s'implantent dans le Marais pour bénéficier de son attractivité en commençant par défigurer son image et porter atteinte à son esthétique et à son harmonie en s'affranchissant notamment des dispositions du Règlement Local de Publicité de la ville de Paris (RLP). 

    Que les dirigeants d'Eataly ne soient pas surpris des commentaires désobligeants qui vont immanquablement pleuvoir et de la tentation de certains de les boycotter pour leur montrer qu'on ne joue pas ainsi avec le respect du caractère exceptionnel du centre historique de Paris.