Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Cadre de Vie, Environnement

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    St mLa rue Saint-Martin au voisinage de la Porte du même nom. A gauche, la rue Sainte Apolline (IIIe) (Photos VlM)

     

     

    La rue Saint Martin a plusieurs faces. C'est la plus vieille des artères parisiennes après la rue Saint-Jacques et une des plus longues. Elle commence au sud sur les bords de la Seine dans le IVe. Elle longe la Tour Saint-Jacques et son jardin avant de croiser la rue de Rivoli puis laisse à sa droite l'église Saint-Merri et va constituer la bordure ouest de la piazza Beaubourg.

    Elle s'encanaille ensuite dans le IIIe en une ruelle bordée de bars bruyants la nuit au point que ce tronçon a reçu aujourd'hui le triste sobriquet de "rue de la soif". Elle traverse la rue aux Ours et part pour un destin plus glorieux, vers l'église Saint Nicolas des Champs et le Prieuré Saint-Martin, qu'elle laisse à sa droite puis la Gaîté Lyrique où plane le souvenir d'Offenbach, à sa gauche.

    On passe la rue du Vertbois et sa tour, vestige des fortifications du prieuré qui datent du XIIIème siècle, pour atteindre le débouché des rues Blondel et Ste Apolline à gauche, N.D. de Nazareth et Meslay à droite, et là on a le sentiment d'un changement brutal de décor.

    L'impression vient d'un nombre important de boutiques qui abritent des salons de coiffure et de tresses bondés avec dix à vingt fauteuils serrés les uns contre les autres, loués individuellement à un coiffeur ou une coiffeuse pour une somme forfaitaire, à charge pour eux d'en tirer le maximum de revenu.

    Cette activité a recours à d'un nombre élevé de rabatteurs et attire des badauds qui, le jour et la nuit, trop souvent en état d'ébriété, nuisent à la tranquillité des rues.

    L'ARQAM (association pour la renaissance du quartier des Arts & Métiers) s'en préoccupe depuis quatre ans. En 2016 elle rejoignait "Vivre le Marais !" pour bénéficier de notre aide. Elle a su en même temps mobiliser l'attention du Maire du IIIe Pierre Aidebaum et de ses Adjoints ainsi que du Commissaire Central Vincent Gorre et de ses équipes autour d'un projet "pour que revive la rue St Martin".

    Côté mairie, l'association a postulé au "budget participatif" de la Ville de Paris et obtenu un montant de 780.000 € à investir dans l'amélioration du carrefour. Le parking ouvert de l'impasse de la Planchette, qui attire la nuit autre chose que des papillons attend la grille qui doit en condamner l'accès. Les travaux, qui seront définis courant 2018 et implémentés en 2019 porteront sur l'esthétique d'ensemble et la pacification des conditions de circulation du trafic automobile.

    Côté police, la chasse est ouverte contre les exploitations illégales et une caméra de surveillance a été installée. Depuis le 21 septembre, quatre opérations d'envergure ont été réalisées, conduisant à la mise en cause de gérants de huit établissements de coiffure. Pour chacun d'entre eux, des poursuites judiciaires et administratives ont été engagées.

    Le 5 décembre, à l'initiative du commissariat, l'URSSAF, les Impôts, la DDPP (protection des populations) et les services spécialisés de Police sont intervenus. Cinq établissements contrôlés ont conduit à l'interpellation de 7 individus et le constat de 11 infractions. Des enquêtes sont toujours en cours. Un arrêté contre la consommation  d'alcool et la vente à emporter dans ce secteur a été pris par le Préfet de police de Paris.

     

    Apolline 9Ce local de 80 m² au 9 d'une rue Ste Apolline qui a été totalement rénovée, est disponible à la location

     

    Les conséquences sont visibles. Plusieurs locaux commerciaux sont maintenant fermés et les nuisances ont baissé. Il s'agit désormais de construire. Il n'y pas de raison que ce court tronçon de la rue St Martin, dont le cadre architectural est précieux, ne bénéficie pas d'une activité commerciale de bon niveau et à forte valeur ajoutée comme pour le reste de cette voie prestigieuse.

    Le mouvement a commencé. Une salle "Escape Game" a ouvert au 7 de la rue sur un espace de 200 m² ainsi qu'une galerie d'art. Les riverains veulent que leur quartier revive. Ils sont prêt à toute initiative pour en faire la promotion.

    Gérard Simonet

     

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    4F géné

     

      

    Mur pignon du carrefour 2 rue des Quatre-Fils/95 rue Vieille du Temple (IIIe). Il y a pourtant un "Règlement Local de Publicité" à la Ville de Paris. Qui s'en soucie ?

     

    4F dét

    Un panneau "défense d'afficher" trône en haut de cette avalanche d'affiches dont le commanditaire est bien visible. Il a d'ailleurs sévi sur d'autres sites avec la même campagne, dont le caractère provocant fait partie de sa signature. La Mairie de Paris ne devrait pas accepter d'être ridiculisée de la sorte !

    Celui qui "gère" le mur et dont on reconnait qu'il a apporté depuis deux ans une solution acceptable à un espace qui était devenu un dépotoir, regrette d'avoir été pris de vitesse par les afficheurs sauvages mandatés par une grande marque qui se prévaut de l'avenue Montaigne. Il se prépare à retirer ces affiches avec les moyens dont il dispose. Nous espérons que la direction de la propreté de Paris, qui a ses bureaux juste là, lui apportera son aide au moins morale…

     

    Vélo vosges

    Un peu plus bas place des Vosges (IVe) c'est un genre de Vélib' empalé sur les grilles qui symbolise le fiasco d'une politique qui a bien commencé pour soutenir la "petite reine" mais qui après quelques tribulations est en train de virer au chaos.

     

  • Berges rive d pont marie 25 03 17Berges rive droite entre Pont Louis-Philippe et Pont Marie (IVe) (photo VlM)

     

    Il écrit sous le pseudo "jp 75 003" et vient de nous laisser en commentaire à notre article du 22 février signé Yvon Le Gall une longue plaidoirie argumentée et renseignée au bénéfice de la mairie de Paris et de l'attitude qu'elle a décidé d'adopter à la suite des décisions prises par le Tribunal Administratif .

    Soucieux de donner la voix à toutes les opinions qui expriment une compétence sur le sujet, nous reproduisons largement ci-dessous sa contribution :

     

    On lit : "Le Tribunal Administratif a ordonné la réouverture des berges. Or, elles restent fermées. Pourquoi ? J'aimerais simplement qu'Anne Hidalgo respecte la loi ».

    Je vous ai compris. Il faut respecter la loi. Une décision de justice a été rendue au nom du « Peuple Français », sinon, c’est le règne de l’arbitraire et de la dictature qui s’installe à Paris. C’est intolérable. OUI mais, Relisez les 17 pages du jugement rendu par le Tribunal Administratif. Le Tribunal DECIDE : Article 1er : Les interventions de Mme C., [etc …. NDLR ]au soutien de la requête n° 1620420 sont admises.

    Article 2 : Les autres interventions présentées au soutien de la requête n° 1620420 ne sont pas admises. Article 3 : La délibération du Conseil de Paris n° 2016 SG 29 du 26 septembre 2016 est annulée. Article 4 : L’arrêté du maire de Paris n° 2016 P 0223 du 18 octobre 2016 est annulé.

    A aucun moment le Tribunal n’a ordonné la réouverture des berges. Il ne s’agit pas, ici, de simples loyers impayés par un locataire à récupérer par le bailleur. Ce qui est annulé, c’est la poursuite des opérations d‘aménagement des Berges de la seine.

    Le jugement annule deux décisions (Article 3 et 4) pour des motifs de "légalité externe", c'est à dire pour des motifs de procédure. La Mairie de Paris peut donc reprendre les deux décisions annulées mais à la suite d'une procédure régulière. De plus, la ville de Paris a décidé d'interjeter appel de ce jugement rendu par le Tribunal administratif et d’assortir sa requête d'appel d'une requête tendant au sursis à exécution du jugement dans l’attente de la décision de la Cour d’Appel. Pendant ce temps, ce qui est interdit c’est la poursuite des opérations d'aménagement des berges de Seine concernées.

    Ce jugement n'impose pas de rouvrir immédiatement la voie George Pompidou à la circulation automobile. Ce jugement impose au Conseil de Paris et à la Maire de Paris de prendre rapidement une décision sur sa destination, régulière cette fois-ci. Dans cette attente, l'exécution des décisions annulées ne peut se poursuivre, c’est à dire l’opération d’aménagement.

    S’agissant de la poursuite de l'opération d'aménagement, il appartient au Conseil de Paris d'ordonner que l'étude d'impact soit complétée sur tous les points relevés dans le jugement du Tribunal administratif puis de soumettre son dossier ainsi complété à enquête publique pour que le public ainsi consulté soit destinataire d'une information complète sur les tenants et aboutissants de l'opération projetée.

    S'agissant de la mesure d'interdiction de la circulation automobile, le jugement comporte une indication sur ce que la maire de Paris peut faire : fonder sa décision non pas sur l'article L.2312-2 du code général des collectivités territoriales (CGCT) mais bien sur l'article L.2213-4 du même code. La Maire de Paris pourra donc étudier la possibilité de se fonder sur cet article qui permet une interdiction permanente pour des raisons écologiques de la circulation automobile dans une partie de la commune – et non plus sur l'article L.2312-2 CGCT – qui ne permet qu'une interdiction ciblée de cette circulation.

    Enfin, la Mairie de Paris a pris un nouvel arrêté de piétonisation des berges de Seine. Ne crions pas à la dictature. Prendre un nouvel arrêté de fermeture des voies sur berges aux voitures ce n’est pas « contourner une décision de Justice » (qui devra être validé par le Préfet mais uniquement sur sa légalité externe donc en terme de compétence,) mais une disposition prévue par le Code Général des Collectivités Territoriales car cette décision de justice n’est pas définitive dès lors que les voies de recours ne sont pas épuisées.

    Dont acte. 

    jp 75003

     

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    Evelyne dressÉvelyne Dress, écrivaine et comédienne

     

     

    C'est la première fois qu'une personne nous contacte pour nous expliquer qu'elle cherche à apporter sa contribution à la construction d'une environnement meilleur. Voici ce qu'elle nous écrit dans un style qui dévoile à lui seul son talent de narratrice :

     

    Ma demande risque d’être inhabituelle, néanmoins, je vous la soumets en espérant que vous accepterez de m’aider.

    J’ai déposé auprès de la mairie de Paris une demande de permis de végétaliser trois pieds d’arbre situés 25 boulevard du Temple (IIIe) et j’ai obtenu un permis  à titre personnel. Maintenant, tout reste à faire. En effet, je découvre que la mairie ne donne que deux petits sachets de graines et trois sacs de terre de 50 litres, alors qu’il en faudrait 3 mètres cubes
       
    Je suis comédienne (“Et la tendresse ? Bordel !”), réalisatrice (“Pas d’amour sans amour”), écrivain voyageur (“Les tournesols de Jérusalem”, “Le rendez-vous de Rangoon”, “Les chemins de Garwolin”, “La maison de Petichet” et bientôt “Un océan de blanc”), mais pas jardinière !

    Et bien que terriblement motivée, je n’y arriverai pas seule !

     

    Temple bd 25 arbres 27 02 18Les trois arbres du boulevard du Temple


    Si je me permets de venir vers vous, c’est que mes arbres ne sont pas plantés n’importe où : au 19ème siècle, le boulevard du Temple était un des hauts lieux de la capitale. Le Tout-Paris s’y promenait sous ses arbres centenaires. Bordé de dizaines de théâtres, son surnom était "le boulevard du Crime", car chaque soir d’illustres comédiens y mourraient dans de violents mélodrames.

    Le 25 boulevard du Temple s’insérait entre “Le Jardin Turc” et “Le Cadran Bleu”, fameux restaurant de l’époque et en face du théâtre “Les Funambules”. Aujourd’hui, il reste de ce glorieux passé le Théâtre “Déjazet” et le “Cirque d’Hiver” et la plaque rappelant que Gustave Flaubert habita au 42 boulevard du Temple de 1856 à 1869.

    J’aimerais que sur le boulevard du Temple, le végétal prenne le pas sur les voitures ! Ma conviction est que la végétalisation de ces trois pieds d’arbres sera un premier pas. Cela demande du matériel, de la terre, des plantes, des bras pour planter et construire un petit entourage de façon à protéger les arbres et les plantations… Des idées, un paysagiste, peut-être ?

    Toute réponse de votre part me fera du bien.

    Répondez à Évelyne, qui y sera sensible. Tout comme devrait l'être l'Adjointe au Maire du IIIe Laurence Hugues, chargée de l'emploi, de l'insertion, de l'économie sociale et solidaire, de l'éco-responsabilité, des espaces verts, de la nature en ville, à qui nous demandons  de s'intéresser à la démarche d’Évelyne.

    GS

     

    Rencontrez Evelyne Dress sur YouTube

     

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    See DanielDaniel Sée sur sa terrasse rue de Turenne (III)

      


    Dans un message adressé à "Vivre le Marais !", Daniel See adhérent depuis 2010 et animateur d'un collectif d'intérêt local, nous suggère d'ouvrir le blog à ceux qui ont des suggestions à faire ou des questions à poser auxquelles la communauté et l'association pourraient répondre, à l'image des forums d'internautes. Voici son message :

     

    Je trouve toujours intéressants vos articles sur l’actualité, le passé et l’avenir du Marais, et souvent intéressants les commentaires des lecteurs..

    Ne serait-il pas également utile et plaisant de créer une rubrique “Suggestions” ou “Propositions” ou “Idées” dans laquelle les membres et sympathisants de l’Association “Vivre le Marais” pourraient exprimer leurs souhaits, leurs opinions et proposer des solutions pour améliorer la vie dans le Marais ?"

    L'idée est intéressante, nous avons décidé de la faire nôtre en tentant l'expérience. Dans la rubrique "commentaires" à la suite de l'article, nous offrons à nos lecteurs un espace "modéré" où ils ont la latitude de s'exprimer, et d'échanger puisque les commentaires peuvent répondre aux commentaires.

    Le forum est ouvert !

     

  • Beaubourg tuyauxLe centre Georges Pompidou et la piazza Beaubourg (IVe) : génie et saccage ont laissé leurs marques à cette exceptionnelle réalisation (photo VlM)

     

     

    La campagne médiatique dont la Maire de Paris Anne Hidalgo est accablée en ce moment, ouvre un débat inattendu sur "Le Figaro" du 26 février : Bernard Esambert, ex conseiller du président Georges Pompidou puis président de la banque Edmond de Rothschild, né dans le Marais en 1934… donne la réplique, pour le compte de son mentor, qui n'est plus là pour se défendre, à Alexandre Gady, ce professeur de l'histoire de l'art à la Sorbonne, président de la SPPEF (société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France), en abrégé "Sites & Monuments, que nous connaissons bien dans le Marais car il est l'auteur d'un "guide historique et architectural : Le Marais" édité chez "Le Passage".

    Alexandre Gady est pétri de patrimoine, qu'il s'agisse de monuments ou de paysages. S'agissant de Paris, il a pris position contre les tours, contre Roland Garros et la destruction partielle des Serres d'Auteuil. Nous ne pouvons que l'approuver. Il s'est élevé contre la location des catacombes à Airbnb, contre la grande roue de M. Campion à la Concorde, contre les bâches publicitaires. Nous avons de la sympathie pour ces combats. Il doute du résultat de la rénovation du musée Carnavalet au nom du manque d'empathie pour la culture dont il soupçonne la Maire de Paris. Peut-être entrons nous là dans un procès d'intention qui n'a pas lieu d'être.

    Berge rive droite pont neuf 18 01 18Berges rives droite interdites à la circulation au Pont Marie (IVe)

     

    Il en vient à la voiture. Probablement le dossier pour lequel – l'Histoire jugera – il est moins logique de charger la Maire de Paris en faisant le constat qu'elle ne pense qu'aux 100 km² de sa commune, oubliant ainsi qu'elle doit son élection aux 2 millions de personnes qui vivent là et qui l'ont choisie sur un programme. Que font les 10 millions de la petite et grande couronne, sinon penser à eux, quand ils condamnent les difficultés de circulation dans la capitale, une ville hyper dense et encombrée où les parisiens aspirent légitimement à respirer mieux ?

    Le débat repose sur le trait d'union anachronique et paradoxal entre Georges Pompidou et Anne Hidalgo. Celui qui a été le président de la France entre 1969 et 1974 était fan des tours (*) et a semblé parfois faire fi du patrimoine. Comme Anne Hidalgo, pense A. Gady ! On imagine que le sang de Bernard Esambert, grand admirateur de Georges Pompidou, n'a dû faire qu'un tour  comme s'il s'agissait d'un crime de lèse-majesté.

    Il est clair que les personnages n'ont pas la même épaisseur mais en matière de patrimoine G. Pompidou nous a laissé les tours du XVe le long de la Seine, et surtout le réaménagement de l'espace Beaubourg où de nombreux immeubles des XVII et XVIIIème siècles ont été détruits sans considération pour le plan qu'André Malraux avait lancé en 1962 pour réhabiliter le centre historique de Paris sous l’influence de Miche Raude, président-fondateur de l'Association pour la Sauvegarde du Paris Historique

    Grenier st lazare vue generale fev 11Rue du Grenier St Lazare : un ensemble de bâtiments hétérogènes et disparates qui dégagent un charme étonnant (photo VlM)

     

    La trace indélébile de cette erreur nous est livrée par les deux rives de la rue du Grenier St Lazare (IIIe) qui nous offrent côté pair le spectacle plein de charme d'immeubles anciens restaurés et côté impair l'architecture froide  impersonnelle et bétonnée du quartier de l'Horloge. Même constatation rue St Martin où les immeubles anciens réhabilités en bordure de piazza nous rappellent que c'est tout l'espace qu'on aurait pu traiter de la sorte.

    En matière de circulation, on ne peut rapprocher G. Pompidou et A. Hidalgo qu'en les opposant puisque le premier a fait la voie rapide qui porte son nom tandis que l'autre a décidé de la fermer. Leur point commun  n'est-il pas cependant que l'un comme l'autre ont agi en épousant la tendance de leur époque ?

    Enfin serait-ce être iconoclaste de se demander si la piazza était le bon endroit pour construire le centre Beaubourg ? Gageons que Georges Pompidou et Anne Hidalgo seraient d'accord pour dire oui avec enthousiasme. Mais qu'en ont pensé André Malraux et Michel Raude à l'époque, au milieu des années 70, avant de disparaitre ?

    Il est clair que ce bâtiment est une prouesse technologique au service de l'usage qui en est fait. Son esthétique a surpris et peut choquer aujourd'hui encore mais n'est-ce pas principalement à cause de sa localisation au cœur d'une architecture vieille de 300 ans, avec laquelle la notion de contrepoint ne fonctionne pas nécessairement ?

    Gérard Simonet

     

    (*) Georges Pompidou assuma souvent un choix, celui des tours, qui caractérisait, selon lui, la vision contemporaine de la modernité: «Je ne suis pas un fanatique des tours. Il me paraît absurde d'écraser une petite ville ou un village par des tours, même de hauteur médiocre. Mais c'est un fait que l'architecture moderne de la grande ville se ramène à la tour".

     

     

  • Berges rive droite pont marie 01 06 17Berge rive droite à hauteur du quai des Célestins. Vue sur le Pont Marie (Photo VlM)

     

     

    Ce mercredi 21 février, le Tribunal Administratif sollicité par le Rapporteur Public a annulé l’arrêté de fermeture des voies sur berges consécutif à la décision du Conseil de Paris prise le 26 septembre 2016.

    Le Tribunal a estimé que l’étude d’impact qui avait servi de référence à ce projet comportait : "des inexactitudes, des omissions et des insuffisances concernant les effets du projet sur la circulation automobile, les émissions de polluants atmosphériques et les nuisances sonores, éléments majeurs d’appréciation de l’intérêt général du projet".

    Autre point préoccupant pour les habitants du centre de Paris : l'étude d'impact "ne permet d’estimer ni l’existence, ni l’ampleur de la pollution atmosphérique d'origine automobile résultant des reports de circulation et de la congestion du trafic engendrés par le projet d’aménagement envisagé". Et en dernier lieu, "aucune mesure compensatoire pour limiter les nuisances sonores n’a été prévue dans l’étude d’impact" alors que "de telles mesures aurait pu être rendues obligatoires". 

    Ce jugement est une bénédiction pour tous les opposants à ce projet qui n’ont cessé de dénoncer le manque de sérieux et l’intransigeance avec lesquels il a été mené par l’équipe d’Anne Hidalgo. Il décevra en revanche ceux qui se réjouissaient de la disparition des voitures sur ce site et qui considèrent que cette transformation de leur cadre de vie  "va dans le sens le l'Histoire".

    Article yvon

    Le "Parc des Rives de Seine" un dimanche l'été à hauteur du Pont Neuf

     

    Anne Hidalgo qui d’ailleurs a immédiatement annoncé sa décision de faire appel et de lancer "sans tarder un nouvel arrêté de piétonnisation".

    Elle aurait pu sortir par le haut de cette crise en acceptant, magnanime, la décision du tribunal et en expliquant que les parisiens ne sont pas prêts pour de tels projets. Elle aurait désamorcé les tensions et neutralisé ses opposants en jouant l’apaisement et le rassemblement. Las, l’orgueil la pousse à s’entêter au risque de se discréditer totalement en appel.

    Ce n’est même pas un pari sur l’issue du jugement car, en supposant que le tribunal lui donne raison en appel, la crise restera ouverte jusqu’à la décision des juges ce qui va encore empoisonner sa majorité pendant de longs mois. Dans un contexte de grogne généralisée des parisiens se plaignant de la saleté de la ville, de la prolifération des rats, du ratage du renouvellement des Vélib, entre autres, fallait-il encore s’entêter dans ce projet qui vient de se faire clouer au pilori.

    Il n’est pas déraisonnable de penser que ce qui devait être le projet phare du mandat d’Anne Hidalgo, devant lui assurer un rayonnement international, vient avec ce jugement et cette décision d’appel de compromettre l’avenir politique de ceux qui l’ont porté.

    Yvon Le Gall

     

    Sources :

    France TV Infos : https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/trafic/paris-le-tribunal-administratif-annule-la-fermeture-a-la-circulation-des-voies-sur-berges-rive-droite_2621872.html

    LCI : https://www.lci.fr/societe/paris-fermeture-des-voies-sur-berges-la-mairie-de-paris-fait-appel-de-la-decision-et-prend-un-nouvel-arrete-de-pietonnisation-2079448.html

     

  • Who's pierre au lard 12 01 18
    Sortie nord du Who's, 3 rue Pierre au Lard et vue de l'ancienne galerie d'art transformée en établissement bruyant, dérangeant pour le voisinage (Photo VlM)

     

     

    Contrarié par la perte de son ouverture de nuit et par la fermeture administrative dont il a été l'objet, insatisfait de sa petite victoire sur la Préfecture de Police devant le Tribunal Administratif (fermeture ramenée de 15 à 8 jours), "le Who's" a décidé d'agir.

    Il vient en effet d'assigner en référé devant le TGI (tribunal de grande instance de Paris) notre voisin du 16 rue Saint-Merri (IVe), pour "obstruction aux mesures acoustiques nécessaires à l'étude d'impact exigée par le Pôle Études et Contrôles (de musique amplifiée – NDLR) de la Préfecture de Police et demande qu'un expert judiciaire soit nommé pour obliger le riverain à le recevoir".  

    Il annonce qu'il introduira vraisemblablement ensuite une action judiciaire au fond pour obtenir des dommages-intérêts de notre voisin qu'il accuse en outre de chercher à lui nuire en ne cessant de porter plainte contre des "prétendues" nuisances sonores dont il serait le seul à souffrir, puisque personne d'autre ne se serait plaint, son action étant à l'origine des mesures administratives prises à l'encontre du Who's….

    Il a choisi là, non pas le seul plaignant, il y en a bien d'autres dont le Collectif Pierre au Lard archive plaintes et signalements, mais le plus courageux, le plus exposé et vraisemblablement le plus vulnérable. En effet, le plaignant a de graves problèmes de santé et il est de plus actuellement sans emploi. Ceci ne l'a pas empêché d'aller porter plainte sans se lasser au commissariat du IVe et de témoigner des nuisances sonores du Who's devant les services administratifs concernés de la Mairie de Paris et de la Préfecture de Police. 

    Toutes les accusations de la SAS Moovment, gestionnaire du Who's, contre le riverain sont mensongères et sans fondement, puisqu'il a été, paradoxalement, le seul à accepter de recevoir l'acousticien missionné par la société. Celui-ci s'est d'ailleurs rendu chez l'intéressé le 20 février au soir, ayant été retardé dans son étude d'impact par des raisons sans aucun rapport avec le comportement du plaignant.
     
    Les mesures acoustiques qu'il a réalisées sont édifiantes : malgré l'installation de limiteurs, l'émergence des bruits atteint 9 à 10 décibels, sachant qu'une émergence de 3 décibels (le maximum admis de nuit) correspond à un doublement des bruits perçus et 9 décibels à 8 fois le bruit de fond. Le Who's aura du mal à convaincre le juge que son installation est conforme aux normes requises, comme il le soutient dans les motifs de son assignation.

    En attendant que la justice passe, notre ami a été dans l'obligation de prendre un avocat pour se défendre, un avocat exclusivement spécialisé dans la défense des victimes de nuisances sonores, que nous avons rencontré avec lui.
     
    L'audience se tient le 15 mars. 
     
    Le collectif "Pierre au Lard"
     
  • SachaSacha LIN, chargé du pôle "citoyens" à l'ACRF (photo VlM)

     

     

    Nous connaissons tous ce local qui fait penser à une ruche tant il bourdonne d'activités, au 43 rue du Temple (IVe), siège de l'ACRF (association des chinois résidant en France) où des Chinois vivant et travaillant en France côtoient des Français d'origine chinoise de la première à la troisième génération. Sacha LIN s'occupe de ces derniers. Il appartient lui-même à la deuxième génération. Sa famille vit en France et tient le restaurant Hoa Tong, 35 rue Beaubourg (IIIe), qui s'est spécialisé dans les banquets, mariages et autres réunions de famille. Les clients ordinaires y sont également bien reçus.

    Nous avons évoqué le nouvel an chinois, nouvel an lunaire ou fête du Têt, qui tombe le 16 février. Placé sous le signe du chien, il donnera lieu à deux semaines d'animation à Paris, essentiellement dans le XIIIe car le défilé des IIIe et IVe arrondissements est annulé cette année.

     

    Temple 16 02 18Rue du Temple, carrefour Gravilliers (IIIe). Quelques lampions sont là pour rappeler qu'on change d'année !

     

    Les lampions sont en place pourtant dans le Marais mais ils sont plus clairsemés. Pour Sacha LIN c'est dû au fait que de nombreux commerçants chinois se sont éloignés d'ici pour s'installer à Aubervilliers où ils disposent de meilleurs conditions de travail. Il relève aussi un phénomène de simple lassitude de la part des organisateurs.

    Nous sommes revenus sur ce débat de l'an dernier qui a fait suite à un article de notre part qui traitait de la difficulté de convaincre les commerçants de soigner leurs devantures et de respecter les normes qui découlent des règles d'urbanisme du Marais.

    D'un commun accord, nous avons exprimé le regret que dès l'année 1996 où le règlement du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) est entré en vigueur, les autorités de la Ville n'aient pas engagé un dialogue avec ces commerçants pour les faire adhérer à la grande ambition de réhabiliter le Marais et d'en faire le lieu prestigieux qu'il est devenu aujourd'hui. Ils auraient sans doute compris qu'il était de leur intérêt de participer à l'effort de rénovation  pour profiter en retour de l'attractivité du quartier où ils exercent.

    Certes le mouvement est lancé. Une rue comme celle des Gravilliers qu'on a longtemps montrée du doigt offre aujourd'hui un florilège de commerces à la devanture étonnante de créativité. Mais tous ne sont pas sur ce modèle et il faudra du temps encore pour la rue soit affranchie des devantures qui la défigurent. Une démarche plus pro active aurait probablement permis d'y arriver plus vite.

    GS

     

  • Maison rougeLes berges rive droite à hauteur de la "Maison Rouge" (IVe) (photo VlM) 

     

     

    On peut maintenant accéder aux berges mais difficilement s'y promener car c'est encore "la gadoue". L'eau stagne dans les passages bas et aucun véhicule ne s'y risque. Ce matin, pas de vélos, de trottinettes, de rollers ou de gyropodes, c'était le domaine exclusif des quelques piétons qui ont timidement repris leurs habitudes et des touristes cherchant à ramener chez eux un souvenir peu habituel des bords de Seine.

    Quai HdV

     

    Sur les quais, on circule comme d’habitude, c'est-à-dire pas très bien, sans pourtant que la situation puisse être qualifiée de dramatique, comme montre cette photo prise à 12h00 quai de l'Hôtel de Ville.