Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Cadre de Vie, Environnement

  • Delpuech
    Michel Delpuech, Préfet de police de Paris, (Photo Le Parisien)

     

    Le droit des habitants à dormir est un impératif de santé publique qui oppose régulièrement riverains et exploitants de lieux musicaux bruyants. L'article 3332-15 du code de santé publique est là pour les protéger. Il précise en particulier que l'émergence du bruit par rapport au volume ambiant ne doit pas dépasse 5 décibels le jour et 3 décibels la nuit (3 décibels correspondent à un doublement du volume sur l'échelle logarithmique des sons).

    Cependant, une loi ne protège que si elle est dûment appliquée. Les riverains de la rue Pierre au Lard en font en ce moment l'expérience et bien d'autres rue Saint-Martin (IIIe) ou place du Marché Sainte-Catherine (IVe)…

    Une sanction, même si elle coule de source eu égard aux débordements constatés et à leur gravité, fait l'objet de recours et d'appels qui laissent les habitants trop longtemps désarmés face aux agressions sonores dont ils sont victimes.

    Dans un interview au journal "Le Parisien", le Préfet se prévaut d'une sévérité accrue en précisant que son rôle est d'assurer un bon équilibre entre le besoin de travailler des établissements qui reçoivent du public, l'aspiration de leurs clients à faire la fête et le respect des riverains. Un triptyque dont le volet "tranquillité" fait trop souvent défaut au bénéfice des exigences du tiroir-caisse.

    Le Préfet répond enfin à une question sur la responsabilité des établissements vis à vis des agissements de leurs clients, un sujet qui donne régulièrement des arguments aux exploitants pour dire qu'ils ne sont pas concernés. Le Préfet précise que l’article L3332-15 évoque "des atteintes à l’ordre public en relation avec la fréquentation de l’établissement ou ses conditions d’exploitation". Elle peuvent servir de fondement à la poursuite de l'exploitant si la matérialité des faits est établie.

    Les mots du Préfet apporteront du baume au cœur de ceux qui tous les jours nous écrivent pour signaler leur détresse et leur désarroi. Ils résonnent en contrepoint du discours trop souvent entendu à la mairie de Paris où, en dépit d'un infléchissement récent dont on attend de constater les effets, l'oreille est entièrement tournée vers les industriels de la nuit et les marchands d'alcool et de matériel de sonorisation.

    Le journaliste aurait pu l'interroger sur la nécessité de mettre fin rapidement aux difficultés issues de la double   interface entre la population et les services de maintien de l'ordre à Paris depuis que la Ville possède ses propres moyens avec la DPSP (direction de la prévention, de la sécurité et de la protection). Nous sommes clairement face à une question grave de "qui fait quoi", accentuée par le fait que les commissariat n'ont plus de numéros d'appel et que le recours imposé au "17" est considéré par les usagers comme un recul sérieux vis à vis de la situation antérieure.

    GS

     

  •  

    HidalgoAnne Hidalgo (Photo Europe 1)

     

     

    Le conseil de Paris de février 2018 se tient du lundi 5 au mercredi 7. La propreté y occupe une place importante comme en témoigne cet article d'Europe 1.

    La Maire y condamne l'incivisme des parisiens eux-mêmes. Elle n'a pas tort de les mettre face à leurs propres responsabilités et contradictions. Elle oublie cependant de dire que la mairie de Paris, depuis 2014, joue les pompiers pyromanes. En faisant à grands frais la promotion de la fête et de la nuit, en ouvrant les parcs 24h/24, alors que le maintien de l'ordre et de la propreté sont inexistants, elle a fait le lit des débordements qu'on constate aujourd'hui. Au petit matin, lors des beaux jours, ce sont des tombereaux d'ordures que les agents de la Ville récupèrent dans les espaces verts avec l'obligation incompatible avec leur dignité de ramasser déchets et excréments.

    A chacune de nos rencontres avec Mao Péninou, le Maire-Adjoint à la propreté à l'Hôtel de Ville, nous avons apporté le message qu'au delà de la propreté objective, il y a une "propreté perçue" qui résulte de l'état de l'ensemble du mobilier urbain, qui croule sous les graffiti, affiches, affichettes et autres autocollants. Armoires électriques, boitiers de commande de l'éclairage urbain, bancs publics, plaques de rues, boites aux lettres,… sont visées par les vandales mais ignorées des services de la propreté.

    Tout n'est pas négatif cependant. Si Paris souffre à l'évidence d'une insuffisance (ou d'une faible productivité) des agents de nettoiement, quelques progrès sont enregistrés çà et là. On ne peut pas nier par exemple que le service d'enlèvement des graffiti et des affiches sauvages est devenu plus réactif. Le week-end dernier, la direction de la lutte contre les incivilités de la mairie de Paris (la DPSP) est intervenue pour retirer la forêt d'affiches sauvages "Tapis d'Orient" qui avaient fleuri aux carrefours principaux des IIIe et IVe arrts, et dressé procès-verbal.

    Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, s'est fait lyrique pour son intervention à la tribune en citant Jacques Dutronc et son fameux "Il est cinq heures, Paris s'éveille…". Extraits :

     

    "C’est d’abord à ces agents que je veux rendre hommage, leur exprimer ma profonde gratitude, celle d’un Maire d’arrondissement …. qui sait ce qu’il doit à l’intervention quotidienne des services de la propreté : cantonniers, conducteurs d’engins, ripeurs, chefs d’équipes, qui balaient, nettoient les rues, déblaient les marchés, collectent les ordures".

    Quant aux parisiens :

    "… Ils ont une très grande attente. Elle est légitime. Paris doit être propre. Et je dirais, encore plus propre qu’elle n’est aujourd’hui…. Hors de question en effet pour moi, pour nous, majorité municipale, de fermer les yeux, de nier les problèmes qui existent".

     Des mesures concrètes selon lui ont été mises en œuvre.

    "Je pense à l’extension des horaires saisonniers, du week-end et en soirées…. particulièrement dans le Marais….Je pense au renforcement de la lutte contre l’affichage sauvage, aux équipes transverses (propreté, voirie, espaces verts) qui seront en place en 2018, pour agir rapidement …

    Je pense également qu’il faudra mieux responsabiliser les superettes et grandes surfaces alimentaires, ainsi que les cafetiers qui ne sont pas suffisamment respectueux de l’espace public.

    Je pense enfin aux nouveaux matériels avec un effort d’investissement très conséquent.

    Et puis, il y a la verbalisation".

     

    Le thème de la propreté est appelé à occuper le devant de la scène jusqu'aux élections prochaines, en principe 2020. Est-ce une assurance que la situation va s'améliorer ? On veut le croire et il faut que chacun participe activement. Nous le disons régulièrement : n'hésitons pas à enlever des affiches sauvages ; si une bouteille ou un sac plastique traine par terre ne répugnons pas à les ramasser et à les déposer dans la corbeille la plus proche….

    GS

     

  • KleinPub "Le Klein Holland", 36 rue du roi de Sicile (IVe) (photo SOS Conso)

     

     

    Cette affaire hors du commun n'a pas échappé à la plume avisée de Rafaële Rivais qui dirige SOS Conso, le blog du quotidien "Le Monde".

    Elle relate sept années de procédure judiciaire dont le pub "Le Klein Holland", un établissement bruyant, est la cause involontaire quoique active. Les évènements sont décrits par le menu dans deux articles successifs de R. Rivais (article du 5 février et sa suite le 6 février). Nous nous contentons de les résumer en espérant cependant qu'ils ne perdent rien de leur sel.

    En 2011, M. X visite plusieurs fois un appartement au-dessus du Klein Holland en vue de son acquisition. Il voit bien qu'il est au-dessus d'un bar mais il n'entend pas de bruit et l'agence immobilière l'assure qu'il est insonorisé. La promesse de vente est signée mais le jour-même il retourne à l'appartement et cette fois il y du bruit. Il fait faire un constat d'huissier étendu au relevé des SMS du téléphone du gérant. C'est là qu'il découvre le pot aux roses : à chaque visite, les filles du vendeur ont téléphoné au bar pour lui demander de baisser le son…

    En décembre, l'acheteur assigne le vendeur en justice en vue d'annuler la vente.

    Le 30 mai 2012, le TGI de Paris annule la vente et prononce le versement à l'acquéreur de dommages-intérêts.

    Le 12 décembre 2013, en appel, la Cour infirme le jugement de première instance estimant que l'acheteur aurait pu savoir qu'il y avait du bruit…

    L'acheteur va en cassation. La Cour statue le 7 avril 2015 en annulant le jugement et en renvoyant les parties devant une Cour autrement constituée. Cette deuxième Cour d'appel, le 16 septembre 2016 rejette la décision d'annulation.

    L'acheteur se pourvoit de nouveau en Cassation le 21 décembre 2017. Sa demande est définitivement rejetée.

    A l'issue de ces sept années de procédure, M. X se trouve donc propriétaire d'un logement dont il avait voulu se débarrasser considérant qu'il a subi un dol de la part du vendeur qui a triché sur la marchandise. La justice ne l'a pas suivi dans sa démarche et cette procédure lui a probablement couté fort cher.

    Devons nous pleurer sur son sort ? A ce stade nous n'avons pas de commentaire à faire car il s'agit d'une affaire civile entre deux personnes, l'acheteur et le vendeur. La véritable question qui se pose pour nous aujourd'hui est de savoir si le pub est dans son droit ou non.

    Si le bruit qu'il fait est dans les limites de ce que la loi a établi, il faudra soit que le nouveau propriétaire du logement s'en accommode soit qu'il déclenche une action "au civil" contre le gérant du pub cette fois en apportant des éléments convaincants sur la gêne subie.

    Mais il est malheureusement possible que le bruit causé par l'établissement dépasse la norme de 5 décibels d'émergence le jour et 3 décibels la nuit. Le riverain pourra le faire valoir, au civil s'il le décide, mais aussi au pénal en faisant intervenir le nouveau service de la Préfecture de police qui répond désormais au sigle P.E.C (pôle études et contrôle).

    GS

     

  •   Canal st martin foule 22 04 14Foule et "fête" la nuit au Canal St Martin – Xe –

     

     

    Des représentants du réseau "Vivre Paris !" et de "Vivre le Marais !", le 31 janvier,  ont rencontré Frédéric Hocquard, Adjoint à la Maire de Paris en charge de la nuit entouré d'Alexandre Tiphagne et Anaïs Boutard respectivement directeur et chef de cabinet. Le rendez-vous avait pour but de trouver les moyens d'un meilleur dialogue entre les riverains et les élus en charge de la nuit, notamment en matière de bruit et de montée de l'hyper alcoolisation, très préoccupante chez les jeunes.

    Frédéric Hocquard a souligné "combien les questions de régulation sont complexes et estimé que le renforcement des brigades de propreté  commence à porter ses fruits car les verbalisations vont bon train et représentent un changement… Sur la question des bars, l'action prend du temps, l'exemple des commissions de régulation mises en place dans les Xe et le XIe arrondissements donnent des résultats. Mais il reste le problème de l’occupation de l'espace public". L'ouverture des parcs la nuit a été critiquée et pourtant, selon lui, les nuisances sont mineures du fait du renforcement de la présence des patrouilles … Nous ne partageons malheureusement pas ce jugement quand nous constatons les incivilités et dégradations qui en résultent sur le terrain.

    Pour notre interlocuteur, la politique menée sur la nuit est validée par la Maire de Paris qui n'est d’ailleurs pas « vendue aux alcooliers » comme cela a pu être dit. Nous pensons nous qu'elle doit en tout cas se garder de donner cette impression !

    "Vivre Paris !" répond que les intérêts des uns et des autres sont différents, mais il faut trouver un terrain d'entente en se donnant les moyens d'apprécier ensuite les progrès accomplis. D'autant que le décalage est important entre le discours officiel et la réalité quotidienne vécue par les parisiens qui ont l'impression qu'elle s'aggrave.

    Aussi est-il utile que des représentants de "Vivre Paris !" soient entendus et participent notamment à la conférence intéressante sur la nuit qui s’est déjà tenue une première fois voilà quelques mois. Elle ne se résumait pas à une confrontation riverains/exploitants et allait au-delà. Ceux qui veulent travailler la nuit, et nous pouvons le comprendre, doivent respecter le sommeil de ceux qui pendant ce temps doivent dormir.

    Il n'existe pas de politique active de la nuit s'il n'est pas affiché une politique de lutte objectivée contre le bruit. La politique menée à Rotterdam est assez symptomatique, les autorités ne veulent pas que des quartiers entiers soient vidés de leurs habitants en raison d'une politique de la nuit qui ne serait pas régulée.

    Nous préconisons de désigner au sein de notre organisation un représentant qui remonterait les problèmes rencontrés par les riverains dans leurs arrondissements pour en débattre lors d'une réunion semestrielle dans laquelle assisteraient un représentant de la nuit, un représentant de la mairie d'arrondissement et un représentant du commissariat. Les riverains sont las que les administrations « se renvoient les problèmes » ce qui fait que rien n'est résolu et personne n'est responsable !

    Les dérives doivent être mesurés (indicateurs de mesure du bruit avec les pieuvres de BruitParif, prise en compte des indicateurs de l’hyper alcoolisation de nuit, de prise de drogue,…) et objectivés.

    Frédéric Hocquard se donne une semaine de réflexion pour répondre à notre proposition.

    "Vivre Paris !"

     


  • GARE-DU-NORD-2050
    Gare du Nord 2050 !

     

     

    C'est ainsi que des urbanistes voient Paris en 2050. Vision de cauchemar pour beaucoup d'entre nous même ceux que leur âge place en dehors de l'épure ! Un ancien élu du IIIe Yves Contassot, élu du XIIIe maintenant et conseiller de Paris, rejoint la foule des opposants à la construction de tours à Paris et veut même la conduire.

    Il milite pour un référendum sur le sujet. Il serait temps car le signal est déjà donné pour la Tour Triangle dans le XVe, et dans le XIIIe on comprend que M. Contassot ait une indigestion de tours. D'ici 2020 il verra fleurir : les tours "DUO" de Jean Nouvel, de 122 et 182 mètres de haut prévues pour héberger 96.000 m² de bureaux un hôtel 4 étoiles sur 12.000 m² et les incroyables  "Wood'up" ou "tours de bois", des constructions en bois de 50 mètres de haut avec 17 étages d’habitations

    Tour boisDuo
     

    Les "Wood'up" à gauche et les tours "Duo" à droite, qui ont trouvé à Pise leur inspiration

     

    Yves Contassot a donc décidé de lancer une pétition. Ce n'est pas faire allégeance à son parti ni à aucun autre de dire qu'on a de la sympathie pour cette initiative. On est d'ailleurs sensible à la lecture de son argumentaire : il comporte des "postulats" qui sont ni plus ni moins les nôtres depuis que nous communiquons sur les questions d'urbanisme à Paris. Qu'on en juge par ses déclarations (extraits) :

    • Parce que nous refusons de  densifier davantage Paris, une des villes les plus denses du monde. Ce dont nous avons besoin, ce sont de nouveaux espaces de respiration
    • Parce qu’il faut laisser davantage d’espaces « non construits » à Paris.
    • Parce qu’il n’y a pas assez d’espaces verts à Paris
    • Parce que  les objectifs mis en avant pour construire des tours à Paris ne sont pas pertinents, la hauteur …reflet d’une volonté de montrer son pouvoir plutôt que souci de modernité, que l’image d’une ville tient … à d’autres critères, que la spécificité de Paris c'est son bâti historique, son urbanisme, et son paysage longtemps homogène avec hauteur limitée. S’aligner sur les villes qui courent après les tours, c’est banaliser Paris, c’est l’enlaidir, c’est abîmer son image et prendre le risque de faire fuir une partie de la population …
    • Parce que les tours ne créent pas de logements supplémentaires
    • Parce qu’il est inutile de construire de tours de bureaux pour développer prioritairement l’emploi à Paris
    • etc …

    Le-13eme-2050Vision futuriste du XIIIe arrondissement

     

    Nous retrouvons dans cet argumentaire la colonne vertébrale de notre ligne éditoriale en la matière. Pour soutenir l'initiative de cet élu, dans une démarche qui n'est pas un engagement politique pour autant, il suffit de prendre contact avec lui en cliquant dans ce lien

    GS

     

  • AH

    Anne Hidalgo (Photo Le Monde)

     


    "Le Monde" rapporte l'interview du 23 janvier que la Maire de Paris Anne Hidalgo a accordée à Stéphane Mandard sur la place de la voiture dans Paris et sa volonté de lutter avant tout contre la pollution.

    Le réseau "Vivre Paris !" dont "Vivre le Marais !" est membre, a décidé d'y répondre par une lettre ouverte qui reprend les thèmes de l'interview pour attirer l'attention de la Maire sur les questions qu'elle a jusqu'à présent éludées à propos de la lutte contre le bruit. En voici un condensé :

     

    Madame la Maire,

    Nous avons lu avec beaucoup d’attention votre interview dans le journal  "Le Monde" concernant votre politique de lutte contre la pollution.

    Vous avez raison de lutter contre la pollution des villes.

    Mais le fléau ne se limite pas à la seule pollution atmosphérique ; le  deuxième en importance est la pollution sonore (source Organisation Mondiale de la Santé). Elle a un impact important sur le quotidien des habitants et leur santé, par le stress et les troubles nocturnes du sommeil qu’elle engendre. Cette pollution sonore est mal vécue par les habitants  comme le montre l’enquête récente conduite par le CREDES (Centre de Recherche, d’Études et de Documentation en Économie de la Santé – devenu l'IRDES)

    Pour lutter contre cette pollution sonore, votre Plan de Prévention du Bruit et de l'Environnement  (PPBE) est très insuffisant car il prend principalement en compte le bruit généré par le trafic routier. (Nous avons développé ce point dans  un article daté du 25 janvier).

    La nuit, la pire gêne pour le sommeil des habitants ce sont les bruits générés par les établissements qui s'abstiennent de respecter la législation concernant les niveaux sonores et qui refusent de  réguler le comportement de leurs clients lorsqu’ils sortent dans la rue.  Ce sont aussi les vacarmes induits par la désinhibition des comportements liée à la consommation d’alcool et autres substances addictives et dangereuses.   

    Non seulement  votre politique de lutte contre ces incivilités n’est pas clairement définie, affirmée et mise en pratique, mais vous les favorisez par votre politique de développement de la vie nocturne, totalement asymétrique au bénéfice des alcooliers et industriels de la musique et de la nuit.

    Nous sommes 35 associations parisiennes réunies dans "Vivre Paris !" qui vous demandons d’avoir pour le bruit la nuit, la même détermination, le même discours que celui que vous avez pour la pollution atmosphérique. Nous vous rappelons votre déclaration à ce propos :

    Le sujet de la pollution est tellement grave ! Les questions de santé publique sont cruciales pour moi. Peut-être parce que j’ai été inspectrice du travail, que j’ai vu les maladies professionnelles, l’amiante… J’ai une sensibilité particulière, comme beaucoup de Parisiens et de Parisiennes d’ailleurs. Si bien que je me suis dit : « OK, tu vas prendre des coups, mais tu n’as pas le droit de ne pas y aller » 

    Les troubles du sommeil et autres pathologies induites par le bruit ont aussi des conséquences graves en matière de santé publique : aussi nous vous demandons d’avoir exactement les mêmes préoccupations de protection de la santé des  habitants.

    Vous avez dit :

    "Un acteur éminent d'un des lobbies est venu me voir au début de mon mandat en me disant : « Vous allez changer de discours. Et si vous ne changez pas de discours, je vous rendrai responsable de la baisse de l’emploi dans le secteur automobile.   J’ai répondu à ce monsieur : « Vous êtes sans doute très puissant. Mais moi, je préfère être du bon côté de l’Histoire car vous aurez sûrement affaire un jour à tous ces gens qui vont mourir des particules. Je ne veux pas être celle qui, en connaissance de cause, laisse un scandale de santé publique se développer".  

    Nous répondons que c’est exactement le même discours que nous attendons de vous concernant les alcooliers et les responsables d’établissements de nuit peu scrupuleux qui ne respectent pas la législation. 

    Vous ne luttez pas efficacement contre les méfaits de l'alcoolisation la nuit, véritable fléau notamment pour les jeunes. Combien de comas éthyliques, combien de morts, combien d’accidents et de viols induits par la consommation d’alcool la nuit. Comment pouvez-vous laisser des sites comme le canal Saint Martin avec 2,5 tonnes de bouteilles, canettes et autres déchets à ramasser le matin ? et des rues à bars et autres lieux où une foule tapageuse accapare la voie publique et crée des désordres dont souffrent ceux qui vivent là ?

    "Les maires étrangers avec lesquels je travaille sont confrontés à des pressions similaires. Peut-être que ces lobbies ont compris que les édiles des grandes métropoles sont des prescripteurs. Si Paris, New York, Montréal, Los Angeles ou Mexico disent stop au diesel, cela change la donne"

    Pourquoi Paris ne serait pas justement en pointe pour la lutte contre la pollution sonore ? Pourquoi Paris ne fait-elle pas comme New York qui vient d’investir des centaines de millions de dollars pour identifier et traiter les sources de bruits parce que c’est un enjeu majeur ? Pourquoi Paris ne s’inspirerait pas  de ce que fait la ville de Rotterdam : une politique de développement de la vie nocturne équilibrée, très attentive et respectueuse des riverains, pour éviter la désertification possible de certaines rues  devenus invivables du fait des nuisances.

    Ma bataille n’est pas contre la voiture, mais contre la pollution. C’est un changement de modèle. Certains le voient comme une contrainte, comme s’ils perdaient une part de leur confort. Or c’est une opportunité, y compris économique. On ne peut pas s’accrocher à un modèle du passé au nom de l’amortissement d’investissements massifs dans le diesel et au détriment de la santé. Je sais que c’est compliqué car cela nécessite des changements de modèle économique et industriel, de comportements personnels. Et ça ne se fait pas naturellement pour certains. Donc il faut les accompagner. 

    Oui et c’est exactement transposable, mot pour mot, pour la lutte contre le bruit. Il existe un grand potentiel économique dans le développement du secteur de la lutte contre le bruit  avec certainement l’émergence de nouveaux matériaux,  de nouveau outils de mesure et de régulation intégrant des nouvelles technologies. Les centres de recherche sur la ville de demain ne s’y trompent pas : tous intègrent la recherche d’une ville plus silencieuse dans leurs objectifs prioritaires avec de nouveaux modèles économiques : il faut juste une vision politique privilégiant la santé des habitants et ne pas rester dans une logique à court terme fortement influencée par les lobbies de l'alcool et de la nuit.

    S'attaquer à la pollution des villes en ne traitant que la pollution atmosphérique peut avoir des conséquences paradoxales désastreuses. Le plus triste exemple est la transformation de la place de la République. En organisant vous-même des concerts gigantesques, en refusant toute régulation efficace du bruit, vous avez rendu cette place invivable pour les riverains. Et la très grande majorité d’entre eux regrette le temps ou la voiture était beaucoup plus présente !

    Madame la Maire, nous les 35 associations du réseau "Vivre Paris !" vous demandons d’engager résolument la Ville de Paris dans  une politique affirmée de lutte contre le Bruit.

    Nous vous demandons, enfin,  de rééquilibrer votre politique de développement de la nuit en prenant en compte la nécessité de respecter la qualité de nos nuits. A cet effet nous demandons que soit complétement mises  à plat, avec la Préfecture de Police, les modalités de constat et de résolution des situations à problème que nous identifions ; c’est aujourd’hui beaucoup trop compliqué, avec trop d’interlocuteurs,  beaucoup d’opacité et beaucoup trop lent.  Nous voulons, comme à Rotterdam,  un circuit court, totalement transparent, reposant sur des mesures objectives de niveau sonore avec des degrés de sanctions progressifs inspirés de ce qui existe à Genève.

    Concernant ce dérive qu'est l'hyper alcoolisation, nous vous demandons que soient publiées les statistiques regroupées de l'APHP, des Pompiers, de la Préfecture de Police concernant les hospitalisations, les accidents, les arrestations sur la voie publique. C'est indispensable pour que chacun prenne la mesure de ce fléau beaucoup trop banalisé et tellement plus grave que les mégots jetés sur la voie publique.

    Réseau "Vivre Paris !"

     

  • Café Le Grand Café Tortoni, 45 rue de Saintonge IIIe (photo VlM)

     

      

    Le "Grand Café Tortoni", autrefois tenu par des italiens, ceux-la mêmes qui ont lancé la glace à Paris, a connu ses heures de gloire au XIXème siècle. Installé à l’angle du boulevard des Italiens et de la rue Taitbout, il était fréquenté par les aristocrates, le monde des  arts et de la finance, la Bourse étant toute proche.  Il a été fermé en 1898.  Il vient d‘être « réinstallé » dans  le Marais, 45 rue Saintonge (IIIe), en s’inspirant de ce que fut cet établissement. 

    Les initiateurs de cette renaissance sont Ramdane Touhami et son épouse Victoire de Taillac qui depuis quelques années ont relancé ou créé des affaires autrefois connues et célèbres, telles les bougies « Cire Trudon » dont un des magasins se trouve 11 rue Saint Croix de la Bretonnerie  IVe (voir notre article du 28 août 2014) ou les cosmétiques Buly du nom du parfumeur Jean-Vincent Bully célèbre au XIXe siècle pour son vinaigre de toilette (sa ruine inspira le personnage de César Birotteau de Balzac).  

     

    Officine_universelle_buly_1803_saintonge_2762.jpeg_north_663x_white L'intérieur du café Tortoni, comptoir et boiseries de la partie "Cosmétiques Buly"

     

    Ressusciter des marques anciennes, voilà un axe de développement pour le moins original mais aussi courageux car les années ont souvent gommé leur notoriété et il faut donc tout recommencer en s’inspirant de leur histoire.  

    « Atmosphère surannée » dit la publicité avec comptoir en marbre vert pour la partie café et en marbre rouge pour la partie cosmétiques/soins Buly. L’arrière-boutique dissimule l’atelier de la fleuriste Miyoko, spécialisée dans les fleurs séchées. Un pop-up de vêtements coréens se cache dans le patio… 

     

    FondeurLa plaque apposée sur la façade (photo VlM)

     

    Autre particularité, une plaque apposée sur la façade rappelle qu’à cette adresse était installée la Fonderie Rudier, fermée en 1934, qui réalisa « Le Penseur » de Rodin. 

    Un détour s’impose, la décoration particulièrement réussie, mérite d’être vue.

    Dominique Feutry

     

  • CitylabLes "commuters" du matin à Paris (ceux qui font tous les jours la navette entre domicile et travail)

     

     

    Nos correspondants de New-York nous adressent étonnés ce matin un article de Citylab.com, un site qui diffuse un "webmagazine" spécialisé sur les questions d'environnement et de développement urbain.  Il vante les mérites de la politique de la Ville de Paris en matière de circulation/déplacements, telle que l'ont conduite les maires successifs depuis 1990 : Jacques Chirac, Jean Tibéri, Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo.

    Ceux qui sont à l'aise avec l'anglais la liront dans le texte. Les autres peuvent la confier au traducteur automatique de Google. Les moins entreprenants se contenteront de voir les graphiques…

    L'étonnement de nos amis vient du sentiment que la Maire de Paris était portée au pilori pour sa politique de lutte contre la voiture. Au point qu'ils nous demandent si nous confirmons le contenu de l'article et ses données chiffrées !

    L'article dont il est question, daté du 19 janvier 2018, est signé Laura Bliss. En parcourant le texte on découvre qu'il est en grande partie la reprise d'une étude de Frédéric Héran, un chercheur de l'université de Lille 1, dont nous avons récemment parlé, lequel défendait le bilan, chiffres à l'appui, de la fermeture des berges de la Seine à la circulation.

    Nous le disons à nos amis américains, notre point de vue reste le même : "Le plaidoyer de Frédéric Héran est intéressant mais on peut regretter qu'il reproche au rapport du conseil régional [très critique à l'égard des mesures prises par la Maire sur les berges] ce qu'il pratique lui-même, à savoir une argumentation visiblement partisane et un brin manipulatrice elle aussi".

    Nous portons le même jugement sur l'article de Laura Bliss, puisqu'il suit de très près la thèse de M. Héran, sans que pèse sur elle toutefois le moindre soupçon d'influence intentionnelle.

    GS

     

  • Who's pierre au lard 12 01 18Le Who's 14 rue St Merri (IVe) : son extension du 3 rue Pierre au Lard soulève des objections et de nombreuses plaintes des riverains (Photo VlM)

     

     

    Le gérant de cet établissement, qui n'est autre que celui du Cox-Bar et du Freedj, discothèque de nuit du 35 rue Ste Croix de la Bretonnerie, a de la suite dans les idées mais il n'est pas le seul. A vouloir trop nier les réalités auxquelles il est confronté, il met un fois de plus le feu au quartier et les pouvoirs publics le rappellent à l'ordre.

    Dans l'immédiat, il est confronté à deux procédures différentes mais complémentaires : pour donner suite aux plaintes de riverains pour tapage nocturne récurrent, le service "Pôle Études et Contrôles" de la Préfecture de police exige de lui sous deux mois une étude d'impact de sa sonorisation sur les immeubles voisins. Ce genre d'obligation peut conduire l'exploitant à insonoriser ses locaux, s'il en a les moyens et la volonté, ou à ne rien faire mais renoncer à la diffusion de musique.

    Dans l'intervalle, le Préfet de police, logiquement, lui retirait l'autorisation de nuit.

    Loin de se tenir tranquille, ce que la plus élémentaire prudence aurait conseillé à quiconque, il a continué à organiser des évènement dans les locaux du 3 rue Pierre au Lard, qui sont présentés sur Internet comme des salles privatisables. De nouvelles manifestations ont eu lieu, très dérangeantes pour le voisinage, il y eu dépôt de nouvelles plaintes et le résultat ne s'est pas fait attendre : le Who's vient d'écoper de 15 jours de fermeture administrative (lettre du 22/01/18 du Préfet de police au Député du IVe).

    Il est possible que le gérant ait la mémoire courte. Ce n'est pas le cas des gens qui vivent à proximité des foyers de nuisances sonores qu'il se plait à créer. Voici ce qu'ils entendent lui rappeler :

    • En 2009, la Préfecture saisie d'un projet de translation de licence IV du 14 rue Saint-Merri vers le 3 rue Pierre au Lard, lui signifiait un refus sur le fondement de la proximité du local avec un école maternelle et primaire (moins de 75 mètres). Le Préfet dans sa notification faisait savoir au gérant que l'avis du Procureur de la République avait été sollicité et que le Parquet s'y était opposé, confortant ainsi la position du Préfet.
    • Ce refus de transfert lui était rappelé en 2011 avec l'indication que cette licence ne pourrait pas non plus faire l'objet d'une extension de son exploitation à un périmètre plus étendu grâce à la liaison qu'il se proposait de créer entre le 14 rue Saint-Merri et le 3 rue Pierre au Lard, toujours dans le cadre de la législation des zones protégées. 

    C'est pourtant la voie que l'établissement a choisie en s'engageant depuis la rentrée 2017 en fin de semaines (du mercredi au dimanche) dans des soirées endiablées qui ont créé les désordres qu'on a vécus dans le quartier. Il n'en avait pas le droit.

    Il convient de rappeler qu'à ces sanctions motivées par le maintien de l'ordre d'ores et déjà appliquées, sont venues s'ajouter des suspicions d'infractions liées à l'urbanisme. Les travaux de réaménagement du 3 rue Pierre au Lard, notamment sur les ouvertures, n'ont pas fait l'objet de demandes d'autorisations. La direction de l'urbanisme et l'Architecte des Bâtiments de France se sont déplacés pour constater et établir un procès-verbal dont les suites pèsent sur les responsables.

    Ultime détail qui n'est pas le moindre : le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, révisé en 2013, a qualifié l'espace entre les bâtiments de la rue St Merri et de la rue Pierre au Lard de "tache jaune" à détruire au bénéfice d'un espace vert. On attend avec attention que cette prescription se concrétise.

    Le Collectif "Pierre au Lard"

     

     

  •    Rats
    Une vidéo tournée par un employé de la ville de Paris  le 9 décembre a été publiée par "Le Parisien" du 22 janvier 2018 et fait sensation

     

     

    La récente vidéo « choc » tournée le 9 décembre dernier sur les berges de Seine, entre le musée d'Orsay et le pont Royal (VIIe) par un employé de la ville de Paris, en charge de la propreté, montrant une benne à ordures débordant de rats publiée par Le Parisien le 22 janvier a été visualisée plus de 1,2 millions de fois !

    La mairie de Paris semble impuissante à se dépêtrer de cette situation qui de plus en plus cristallise aux yeux du public et donc des habitants la malpropreté devenue endémique de la capitale.

    Une communication argumentée a été mise en œuvre par les élus et reprise sur le site de la mairie « paris.fr ».

    Celle-ci rappelle que la prolifération des rats a été amplifiée notamment par les crues à répétition de la Seine,  quels  types de spécimens envahissent l’espace et les égouts et souligne que le phénomène était aussi celui d’autres grandes agglomérations. Après avoir indiqué que ces animaux étaient vecteurs de maladies mais qu’ils contribuaient à l’élimination des déchets et  souligné que les  normes européennes en matière d’usage de produits chimiques pour les éliminer ont été durcies, le plan d’action mis en œuvre pour endiguer cet envahissement est présenté ensuite de la façon suivante :

    « Afin d’enrayer l’augmentation récente de ces rongeurs dans l’espace public parisien, un plan d’action doté d'un budget d'1,5 millions d'euros est déployé sur le territoire. Si l'éradication complète de ces rongeurs s’avère impossible, l’objectif de la Ville est donc de réduire significativement  leur présence en :

    • empêchant les rats de sortir des égouts,
    • éliminant progressivement les rats dans les parties en sous-sol des immeubles et dans les zones faisant l’objet de travaux,
    • ciblant drastiquement la population de rats indépendants des égouts, vivants en surface.
    • en clôturant les zones les plus touchées des parcs et jardins de la ville et en expérimentant l'installation de nouveaux pièges sans risque pour l’environnement »

    Ce plan, disons-le tout net, est insuffisant et ne correspond pas à ce que l'on attend d'une bataille, il apparaît dérisoire aux yeux des citoyens consternés par cette affaire kafkaïenne qui dure depuis des mois.  

    La situation demande des moyens à la hauteur de l’enjeu, ainsi que nous l’avons maintes fois fait valoir. Davantage de moyens humains dédiés à l’éradication des  nuisibles, des produits plus forts destinés à leur élimination et des campagnes de prévention plus visibles et fréquentes (touristes, habitants, jeunes….) à l'encontre des comportements à éviter qui favorisent la multiplication des rongeurs.

    Dominique  Feutry