Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Cadre de Vie, Environnement

  • Hocquard-300x168Fréderic Hocquard, Conseiller Délégué auprès du Premier Adjoint de la Maire de Paris, chargé des questions relatives à la "Nuit"

     

    Le Réseau "Vivre Paris !" dont fait partie "Vivre le Marais !" a rencontré Frédéric Hocquard, conseiller délégué auprès du Premier Adjoint, chargé des questions relatives à la "Nuit" accompagné de Thierry Charlois, chef de projet, et de Gilles Sredic, assistant.  Nous rappelons que cet entretien fait suite à une sollicitation de "Vivre Paris !" tout en soulignant combien chacun d’entre nous, investissions beaucoup de temps malgré nos multiples activités et occupations.

    Force est de constater que tous les travaux entrepris dans le cadre du Conseil de la Nuit ont débouché sur peu de choses, si ce n’est des "agressions" à notre endroit allant jusqu’à des dépôts de plaintes infondées de la part de certains associations (Culture Bar Bars) et/ou établissements de nuit, nouveau moyen déployé pour annihiler notre action de défense des riverains.  Frédéric Hocquard répond que "dans ces affaires, son rôle d’élu lui commande d’être neutre…", même si cela "traduit forcément un échec" des efforts engagés dans les travaux qui visent plutôt à favoriser la concertation entre les participants au Conseil de la Nuit. Il s’engage à rappeler lors de la prochaine réunion du conseil que ce type d’attitude utilisée par certains n’est pas souhaitable. Nous attirons l’attention sur le fait que Fréderic Hocquard ne répondait pas, la plupart du temps, aux mails que nous lui adressions. Il se justifie en indiquant que dès lors qu’il se sent "attaqué ou que son action est fortement critiquée, il ne répondait effectivement pas". Cette réponse de la part d’un élu laisse les participants pantois !

     Nous abordons la question du comité des noctambules récemment créé et nos doutes quant à son utilité. Frédéric Hocquard ne partage pas notre avis. Cette instance à laquelle ne participent pas les intervenants au conseil de la nuit (professionnels de la nuit, représentants des associations de riverains..) est réservée aux "usagers de la nuit" comme par exemple des sportifs, c’est un "panel citoyen" qui émettra des avis et des souhaits. Sur les 247 candidats, 30 ont été tirés au sort et seront représentés dans le conseil de la nuit et le groupes de travail associés.

     Sur les nuisances sonores dues aux établissements indélicats, à la présence de foules, dans certains quartiers bien connus, notre interlocuteur parle de "ressenti de la part des riverains" alors que nous estimons plutôt qu’il s’agit d'une véritable souffrance. Mais pour ce dernier tout repose sur la régulation, "…mettre de la régulation est un travail de longue haleine, il faut diversifier…développer autre chose que la consommation… pour occuper les jeunes qui errent le soir ne sachant où aller…". Il ajoute "le modèle à développer à Paris comme dans d’autres capitales est un modèle ouvert dans lequel régulation et cohabitation se côtoient sachant que Paris a la particularité d’être la capitale la plus dense". » Il rappelle que l’application de la loi sur le bruit est du ressort de la Préfecture de Police. Nous nous étonnons de cette réponse alors que des transferts de pouvoirs de police sont en cours. Une note juridique va être demandée à ce sujet et nous sera communiquée. A ce propos est mentionné le retard dans l’installation des sondes expérimentales par Bruitparif, un problème de matériel et la volonté d’avoir des matériels irréprochables. Frédéric Hocquard se dit favorable à la mise en place de davantage de sondes de mesure l’an prochain. Il reconnait aussi comme nous qu’il est étonnant de ne pas pouvoir obtenir de statistiques de la Préfecture de police sur les appels de riverains.

     

    Sans-titreAttroupements la nuit devant des bars de la rue Jean-Pierre Timbaud (XIe) 

     

    Sur l’ouverture de lieux culturels la nuit, à laquelle nous sommes favorables, nous pointons le financement disproportionné sous forme de subventions (note argent) accordées par la Ville pour développer la fête la nuit. Frédéric Hocquard réfute cet argument s’agissant de subventions culturelles (musique) et affirme que l’essentiel du budget est dédié à Bruitparif (70 K€). Thierry Charlois mentionne en regard le coût des agents dédiés à la nuit (7 millions €). Nous attirons toutefois son attention sur des associations subventionnées qui ont dans leur giron de nombreux établissements de nuit et qui sont néanmoins utilisées en médiation, alors que c’est le rôle de la Ville.

    Au sujet du Canal Saint-Martin, Frédéric Hocquard attend beaucoup des nouvelles brigades de nuit contre les incivilités (DPSP). Il faut revoir leur déploiement mais il souhaite aussi une intervention pus ferme de la Préfecture de police. A la question si ce secteur du Canal ne pourrait pas rentrer dans le groupe "nouveaux espaces", il est répondu que c’est à voir mais que ce groupe traite plutôt des espaces ouverts….

    "Vivre Paris !", qui demande depuis plusieurs mois en vain une réunion avec les référents de nuit estime, sauf de rares cas, que ces référents lorsqu’ils sont identifiés promeuvent la fête et ne jouent pas leur rôle, étant même parfois en conflit d’intérêts avec d’autres responsabilités qui leur sont confiées dans leur mairie comme le commerce. Frédéric Hocquard n’a pas cette analyse estimant qu’un certain nombre sont actifs, que la liste de tous les référents existe et qu’il est préférable de les solliciter un à un. Il précise qu’il n’est "pas responsable des référents de nuit même si le Conseil de la Nuit a impulsé leur désignation". Il ne souhaite pas organiser une réunion ad hoc avec eux et "Vivre Paris!". Nous convenons dans ces conditions d’établir une évaluation de l’action des référents de nuit et de la restituer à Frédéric Hocquard.

    Sur les commissions locales dont nous ne comprenons pas bien l’utilité, Frédéric Hocquard insiste sur le fait que ce ne sont pas des comités de suivi de charte mais autre chose. "C’est expérimental dans 2 arrondissements sous la houlette des maires." Ces commissions examinent les infractions établies par un tiers habilité qui donnent lieu à une décision du Préfet de Police. Elles émettent un avis et mettent en place un accompagnement si nécessaire afin d’apporter "un élément de régulation" car "elles servent de filtre…". Nous demandons s’il ne faudrait pas établir un modèle de fonctionnement des commissions ?

    Si l’expérience d’ouverture de nuit des parcs et jardins est présentée comme une réussite nous citons le cas du Parc Montsouris où cela ne s’est pas bien passé…. Il nous est confirmé que l’expérience sera reconduite en 2017.

    Nous abordions le sujet du manifeste de la vie nocturne et nous nous étonnons qu’après nos remarques communiquées en juillet, aucun retour ne nous soit parvenu. Thierry Charlois a pris du retard et nous promet de répondre avant fin décembre.

    Sur l’arrêté instituant des zones protégées dans plusieurs arrondissements, Frédéric Hocquard insiste sur le fait qu’il s’agit du résultat d’un travail de concertation. Dans les rues à forte concentration de bars où il ne sera plus possible d’en installer de nouveaux. Nous soulignons que cette règle risque d’avantager les établissements déjà en place. Nous demandons que soit étudiée en urgence l’extension de cet arrêté dans d’autres quartiers.

     

  •  Pollution air panthéon 02 12 16Paris fortement polluée aux particules  le 1er décembre 2016 (photo L'Obs)

     

     

    Avec un pic de pollution aux particules qui atteint, aujourd’hui, 100 à Paris, et au-delà dans l’agglomération, sur une échelle ce 0 à 100 d’Airparif, les parisiens et franciliens sont soumis à rude épreuve ce jeudi après un mercredi calamiteux.

    Certes le stationnement résidentiel est gratuit, certes la préfecture de police a pris la décision de baisser toutes  les vitesses autorisées de 20  km/h et les poids lourds en transit doivent contourner Paris en empruntant la francilienne, mais des voix s’élèvent pour mettre en cause la fermeture des berges rive droite.  Décision qui amplifierait le phénomène climatique que nous vivons actuellement. Rien ne le prouve cependant. Le débat  à ce sujet n’est pas près d’être clos…

    Quant à l’arrivée prochaine de la vignette antipollution présentée comme prioritaire pas la Mairie de Paris en termes de santé publique, elle permettra en effet de décider (mairie et préfecture) en cas de  pic de pollution des véhicules qui pourront  circuler, elle est déjà considérée comme « une contrainte supplémentaire et discriminatoire » pour l'association 40 millions d'automobilistes. Une association qui laisse entendre présomptueusement qu'elle représente tous les conducteurs et qui ne propose rien pour réduire les effets néfastes des véhicules à moteur dans les villes.

    Bien difficile d’y retrouver son latin alors que la pollution s’abat de plus en plus souvent sur les citadins que nous sommes.

     

  • RatsJardin de la Tour Saint-Jacques (IVe) et sa colonie de rats (Photo VlM FB)

     

    On en a compté 200 à vue de nez, hier soir vers 18h00, rien que côté grille rue de Rivoli, qui se pressaient dans le jardin de la Tour Saint-Jacques. Pourquoi cette prédilection ? Les passants sont-ils à ce point attachés à ces petits mammifères qu'ils leur réservent les reliefs de leur restauration rapide ? On sait de surcroît qu'ils prolifèrent dans la saleté. De là à en conclure que ce jardin est un dépotoir…

    Message envoyé à la mairie du IVe pour qu'elle déclenche une campagne de nettoyage et d'élimination de ces pensionnaires, n'en déplaise à ceux qui, sans doute inconsciemment, les font prospérer.

    Nous apprenons qu'il en a été question au conseil d'arrondissement du 29 novembre. Il était temps et il est urgent de ne plus en perdre ! Quand on sait la propension de ces bestioles à se reproduire, la Tour vestige de l'église Saint-Jacques de la Boucherie, aujourd'hui fermée à cause d'eux, serait bientôt devenue un foyer d'infection et une honte pour Paris.

     

    Postscriptum # 1 du 1er décembre

    La mairie du IVe nous communique ce qui suit :

    "Suite à votre article paru ce jour sur votre blog intitulé Les rats s'installent à la Tour Saint-Jacques (IVe) …., nous vous adressons à la demande du Maire du 4e arrondissement, Christophe Girard, son intervention au Conseil d’arrondissement du mardi 29 novembre sur ce sujet très préoccupant pour notre arrondissement et pour Paris. Comme vous pourrez le lire plus bas, cette communication revient notamment sur les mesures immédiatement demandées par le Maire pour lutter contre les recrudescences de ces nuisibles dans notre arrondissement dont le square de la Tour Saint-Jacques que vous évoquez".

    Sébastien Limouzi, Chef de cabinet du Maire

    Pour accéder à la déclaration de Christophe Girard, cliquer ICI

     

    Postscriptum # 2 du 1er décembre

    L'hôtel de Ville, sous la signature de Mao Péninou, Maire Adjoint en charge de la propreté réagit à notre article et nous informe des mesures prises par sa collègue Pénélope Komitès, Maire Adjointe en charge des espaces verts :

    "Après vérification avec la DEVE (direction des espaces verts et de l'environnement – NDLR), l’opération spéciale a débuté hier dans le square de la Tour Saint Jacques . Le square a été nettoyé et fermé. Les équipes de la DASES sont intervenues pour la mise en place de 38 boites d’appâtage avec 114 blocs de produit. Les mêmes opérations ont eu lieu sur le Square Charles Victor Langlois, dans le jardin des Rosiers et les jardinières le long de la rue. La pose de boite correspond au mode de traitement autorisé pour être en règle avec les normes biocides européennes".

    Olivier Hussenot, Conseiller technique auprès de Pénélope Komitès

     

  • Hospitalières st gervais 29 11 16Travaux d'aménagement en voie piétonne de la rue des Hospitalières Saint-Gervais (IVe) (photo VlM)

     

    Les travaux d’aménagement de la rue des Hospitalières Saint-Gervais (IVe) juste derrière la Halle des Blancs Manteaux avancent à grands pas.

    La transformation en rue piétonne de cette voie qui relie la rue des Rosiers à la rue des Francs Bourgeois (IVe) devrait être effective d’ici la fin de l’année. Les  barrières, les engins et les équipes de chantier s’activent très tôt le matin, malgré le froid.

    Sur le fond, cette transformation rend la sortie de l’école plus sécuritaire, encore que le trafic des voitures n’était pas des plus intenses. Malgré les vélos et autres deux roues qui à n’en pas douter ne manqueront pas de passer dans cette rue,  les riverains de leur côté risquent de subir les affres  des « usagers »  des terrasses si, les travaux finis, il n’est pas mis bon ordre aux abus potentiels en regard des autorisations existantes…

    Il appartiendra à la  DPSP (Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection)  d’y veiller puisqu’elle dispose d’effectifs renforcés après le transfert d’agents placés auparavant sous l’autorité du Préfet de police.

    Dominique Feutry

     

  • Bac 01 09 16
    Un soir de septembre à la Butte aux Cailles (XIIIe)

     

    Nos amis de la Butte aux Cailles (XIIIe), membres comme nous de "Vivre Paris !", ont eu des doutes quand ils ont vu paraitre une pétition associant une élue de l'arrondissement, Nathalie Laville, en charge du commerce, de l'artisanat et des professions libérales, destinée à soutenir un bar frappé par un retrait d'autorisation de terrasse.

    Il s'agit d'un des établissements les plus problématiques pour les riverains et agressif de surcroît à l'égard de ceux qui les défendent. Il a fait l'objet d'une mesure de fermeture administrative de 15 jours il y a peu. La semaine dernière, alors qu'il était encore fermé, il affichait une lettre de la direction de l'urbanisme (DU) de la mairie de Paris lui annonçant le retrait de son autorisation de terrasse, pour cause "d'exploitation en violation de la tranquillité publique et débordements".

    En même temps, sur Facebook, il se prévalait d'une pétition de soutien lancée avec l'élue "Les Verts" Nathalie Laville . Contactée par écrit par l'association des riverains de la Butte aux Cailles, l'élue a répondu :

    LavilleNathalie Laville

     

    "Vous avez parfaitement raison de douter de la véracité de ce soutien parce que c'est effectivement un faux. Je me rapproche de PlugIn Café et de change.org afin de clarifier cette situation".

    "….. après m'être entretenue avec la gérante de l'établissement et après avoir été sur le lien, [je précise] NDLR. que mon nom n'apparaît qu'en tant que destinataire de la pétition et non pas en tant que signataire. Mais la façon dont change.org<http://change.org> permet la mise en page sur Facebook est très équivoque, j'en conviens ! Ainsi, j'ai demandé à ce que mon nom n'apparaisse plus, ce qui devrait être fait dans les plus brefs délais.
    Veuillez agréer mes sincères salutations,

    Nathalie Laville"

    Deux conclusions s'imposent : il ne faut pas désespérer des services de la Mairie de Paris et de la Police quand il s'agit d'assurer la tranquillité publique. Il arrive que les associations qui en ont pris la défense face aux abus des commerces qui vivent de l'alcoolisation des foules et de leurs dérives obtiennent la simple application des lois qui réglementent la vie dans la cité. Il faut également se méfier de l'information que les réseaux sociaux véhiculent. Il est devenu trop facile de tricher en faisant passer des vessies pour des lanternes, notamment en manipulant habilement des identités.

     

    Dernière nouvelle dans le IIIe : l'opposition municipale s'est abstenue sur le changement du nom du "square du Temple" en "square du Temple-Elie Wiesel"

     

     

  • IMG_20160921_140537-600x600  Vue du concept store "Empreintes" 5 rue de Picardie (IIIe)   

     

    Au 5 rue de Picardie (IIIe), au débouché rue de Bretagne, un grand magasin très sobre attire le regard. Flambant neuf, gardien à l’entrée, d’allure sobre et de couleur neutre, le blanc, une nouvelle enseigne « Empreintes », après d'importants travaux de rénovation, s'est en effet installée voilà quelques semaines et propose une foultitude d'objets de fabrication artisanale 100% française.

    « Une sorte de marché exposant plusieurs centaines d’objets de créateurs, réalisés en pièces uniques ou petites séries, dans leur atelier installé en France…, art de la table, décoration, art de vivre, bijoux, meubles, luminaires, mobilier, accessoires, curiosités… », sur un espace de plusieurs niveaux soit plus de 600m2 au travers d’un mise en scène très étudiée et intéressante. « La vente se fait en circuit court, sans intermédiaires et la distance entre les créateurs, leurs savoir-faire et le grand public. »

     

    Un-bien-joli-decor-pour-manger-sain-dans-un-concept-store_square500x500Vue du bar d'Empreintes

     

    Tout en visitant, il est possible de prendre un café, de s’arrêter à la bibliothèque ou à la salle de projection. Des espaces de repos sont prévus afin de se détendre. Un véritable « concept store » intéressant à voir.

    Du lundi au samedi de 11h à 19h

     

  • BarcelBarcelone, l'église de la Sagrada Familia de Antoni Gaudi

     

    En 2010, à l'époque des "états généraux"de la nuit", Barcelone et Berlin étaient citées comme des modèles par les industriels de la nuit qui militaient pour que Paris leur ressemble. Leurs "nuits" étaient présentées comme la référence en la matière, tant la beuverie y régnait en maitre !

    De gros moyens ont été mis à disposition des nouveaux élus à la Mairie de Paris en 2014 : création d'une délégation à la nuit auprès du Premier Adjoint Bruno Julliard, mise en place d'un "conseil de la nuit" confié à l'élu du XXe Frédéric Hocquard, avec deux conseillers pour cette mission auprès de lui Thierry Charlois et Gilles Srédic…

    Pendant ce temps, les villes tant enviées se ravisaient que leur situation était devenue intenable et cédaient à la pression de la population pour qu'un combat soit déclenché contre les dérives d'un tourisme qui n'avait plus rien de culturel. Il en fut ainsi de Barcelone dont la Maire Ada Colau, à la tête d'une coalition de gauche, a fait de la maitrise du tourisme de masse dans tous ses états une de ses missions prioritaires.

     

    Ada colauAda Colau, Maire de Barcelone

     

    La location saisonnière, avec toutes ses dérives, est apparu comme une des composantes du problème avec en prime une évasion fiscale qui crée pour la ville un manque à gagner. La Maire a décidé de s'y attaquer aussi. Airbnb et Homeway ont été ciblés, avec des mesures qui paraissent assez dissuasives si elles sont appliquées. Boursorama en a fait un article aujourd'hui ; à lire.

     

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    La place des Vosges

     

     

    Jour après jour nous constatons que le Marais évolue.  La plupart d’entre nous voit cette  « gentrification », cette  « boboïsation », ainsi que la montée en gamme des commerces (mode, prêt-à-porter) au détriment de ce qui reste encore  des activités traditionnelles  (artisans, commerces  spécialisés…),  tuant petit à petit le côté convivial,  voire traditionnel du quartier attaqué aussi pas le développement sans précédent des locations saisonnières.

    Si l’on procède par étape pour expliquer ce processus, revenons en arrière dans un temps pas si lointain. Le premier des changements a de toute évidence été la prise de conscience forte dans les années 60 de la richesse patrimoniale du Marais, intérêt qui avait permis quelques décennies plus tôt d’éviter son éradication pourtant souhaitée par des personnalités telles que le Corbusier  (voir notre article du 13 août 2015). Le quartier est depuis lors devenu progressivement un quartier prisé, à la mode, comme il l’était au XVIIème siècle.

    Il partait de loin et les nombreuses restaurations entreprises au fil des ans lui ont redonné ses lettres de noblesse, le visage qu’il méritait. Mais cette transformation a eu des effets pervers, l’augmentation significative du prix de l’immobilier dans un contexte de montée des prix dans  la capitale accélérant le départ d’artisans, de petites entreprises,  de commerçants  traditionnels ne parvenant plus à assumer le coût de la location ou bien cédant  leurs locaux pour encaisser de belles plus-values.  Dans le même temps une vague de grossistes asiatiques a investi certaines rues en se spécialisant (bijoux fantaisie, articles en cuir…). Parallèlement  la communauté gay a plébiscité une  partie du IVe arrondissement,  et l’attractivité du Marais pour les touristes a grandi. 

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     Un des magasins de luxe installé rue des Archives IVe (Photo BHV)  

     

    Soulignons aussi l’effet «  locomotive » de l’arrivée des 2 grands musées que sont le Centre Pompidou tout proche du Marais et le musée Picasso, et dans une moindre mesure le musée de la Chasse et de la Nature puis le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme  qui ont participé au renforcement de  l’offre culturelle, sans oublier  la réhabilitation réussie du marché des Enfants Rouges connu aujourd’hui au-delà des frontières.  

    Après une pause assez courte dans sa transformation, des aménagements emblématiques (Carreau du Temple, réaménagement du musée Picasso) combinés au départ de grossistes,  à la multiplication des magasins de prêt-à-porter, des galeries d’art, des hôtels chics, des marques de luxe (y compris de bouche),  la montée en gamme de certains commerces  en particulier du  BHV qui a accolé Marais à son enseigne historique,  ont constitué une nouvelle étape de la mutation du quartier. Ce que nous avons appelé l’étape clone de la Rive Gauche.  

    Des épiceries traditionnelles, des boucheries, des poissonneries,  quelques boulangeries ont disparu mais le constat est le même au plan national. D’ailleurs si les magasins de type « Félix Potin » ont disparu, les supermarchés et les supérettes les ont finalement remplacés et la guerre est dure entre les enseignes alors que le maillage des meilleurs emplacements est mature, chaque groupe (y compris le secteur du bio) essayant d’attirer sous sa marque les franchisés concurrents !

    Bien entendu dans ces mouvements d’ordre économique, nous pouvons ne pas comprendre l’intérêt de cette montée en gamme des commerces. C’est oublier que le Marais, où des étrangers aisés disposent d’un pied à terre, est devenu une sorte d’aimant pour les touristes. Le label « Marais » est synonyme de nec plus ultra pour nombre de touristes, ce qui les conduit à procéder à leurs achats in situ comme le font les clients asiatiques de Vuitton qui font la queue sur les Champs Élysées, alors que la marque est implantée dans  leur pays d’origine !

     

    Sans-titre"A la Ville de Rodez", le magasin-institution  qui résiste 22 rue Vieille du Temple (IVe)

     

    Il faut être réaliste, le Marais va continuer à évoluer. La Fondation d’art des Galeries Lafayette qui ouvrira rue au Plâtre (IVe) l’an prochain, suivie de celle d’Eataly rue Sainte Croix de la Bretonnerie (IVe), l’aménagement entre la rue des Archives (64-66) et la rue Charlot de l’important ilot appartenant à l'américain Blackstone, l’arrivée probable de nouvelles grandes marques (H & M est annoncée rue Vieille  du Temple IIIe ) continueront à accroitre l’attractivité de nos deux arrondissements, à accroitre  le prix de l’immobilier résidentiel et commercial,  provoquant la probable disparition des derniers artisans resté sur place.

    La tranquillité des riverains quant à elle restera perturbée alors que beaucoup d’entre eux n’ont pas souhaité ces changements, mais nous dira-t-on,  il faut vivre avec son temps et accepter les changements inéluctables comme l’ouverture des commerces le dimanche, la multiplication des bars …

     N’est-ce pas aussi tout simplement un des effets de la mondialisation qui alimente le débat actuel !

    Dominique Feutry 

     

  • 6178797_1-0-655937018_1000x625Vue d’architecte de la halle sportive en cours d'aménagement 5-7, rue Neuve-Saint-Pierre (IVe) (Photo DR) 

     

    Des membres du Collectif Collectif "Beautreillis – Charles V – Saint Paul – Neuve Saint-Pierre" ont rencontré récemment le Maire du IVe Christophe Girard, entouré de trois collaborateurs, au sujet de l’aménagement d’une halle sportive couverte en PVC sur le terrain de sport au sein de l’ilot formé par les rues Beautreillis – Charles V -Saint Paul- Neuve Saint-Pierre (voir nos articles des 9 juin, 27 juillet, 23 septembre, 2 et 20 octobre 2016).

    Le Collectif a demandé qu’une couverture végétalisée soit préférée à celle d’une toile enduite de PVC, mais plutôt une couverture végétalisée, que l’effort d'esthétique, végétal surtout, soit privilégié autour de ce nouvel équipement sportif.

    Il a insisté sur la sécurité des personnes en ce lieu qui sera très fréquenté et relativement ouvert au public. Dans un souci du confort des immeubles environnants le collectif souhaite la mise en place d’une organisation stricte du terrain de sport extérieur qui se trouvera directement sous les fenêtres de trois immeubles. Il a fait part de ses réserves quant à la gestion des eaux pluviales notamment l'évacuation de l'excédent d'eau par l'égout, car il craint que le puits d'infiltration des eaux dans le sous-sol accentue l'humidité des caves des immeubles mitoyens si les eaux ne sont pas en quantité évacuées par l'égout.

    Enfin un point important a été aussi évoqué avec le Maire, celui de pouvoir garder le côté paisible, village, végétal, de cet endroit afin qu’il ne devienne pas un leu sans grâce et ne soit pas dégradé par les usagers qui s’y presseront vraisemblablement en nombre.

    Christophe Girard s’est montré rassurant sur tous ces points et a conseillé au Collectif d'écrire au Maître d'Ouvrage pour obtenir des garanties en ce qui concerne la gestion des eaux pluviales. Le Collectif reste néanmoins attentif et attend un retour du médiateur de la Ville de Paris qui a été sollicité sur l’ensemble du dossier dès le 30 septembre.

     

  • St martin 280 conservatoire a&m 01 10 16Portail monumental d'accès au CNAM (conservatoire national des arts & métiers qui s'est installé sur le site du prieuré dans les bâtiments disponibles, 280 rue St Martin (IIIe)

                  

     

    Nous sommes ici dans une partie du IIIe dont on parle peu mais qui est probablement l'une des plus fascinantes du Haut-Marais (*), celle en tout cas qui porte la marque la plus forte du passé et de notre Histoire. Elle s'étend du Prieuré Saint Martin des Champs, jusqu'à l'Enclos du Temple, qui était tout proche.

    En partant du Square du Temple, où s'élevait le palais du Grand Prieur de l'ordre des Templiers, on se rappelle que c'est Napoléon III qui le fit démolir, parachevant ainsi l'action préventive de son oncle Napoléon Ier qui avait décrété l'éradication des vestiges de la tour du Temple, prison de la famille de Louis XVI, devenus lieu de pèlerinage pour les royalistes.

    On atteint rapidement l'église du prieuré de Saint Martin des Champs, qui héberge aujourd'hui une partie du musée des Arts & Métiers. Le trajet n'est que de 200 mètres environ le long de la rue Réaumur. Une promenade assez plaisante, d'ailleurs, car elle permet de voir, dans un alignement d'immeubles post haussmanniens, côté impair, quelques bâtiments dans le style "Art Nouveau" (du n° 35 au n° 41), caractéristique des constructions parisiennes du début du XXème siècle.

    Ce prieuré, dont les origines remontent au XIème siècle, est doté d'une enceinte du XIIIème siècle dont il nous reste aujourd'hui des murs et une tour à l'angle de la rue du Vertbois (IIIe). Une deuxième tour se cache non loin de là à l'intérieur d'un immeuble privé situé 7 rue Bailly (IIIe). Elle abrite un escalier hélicoïdal qui a réussi à se lover dans son diamètre.

    Vertbois tour prieuré st martin 24 11 11 Bailly escalier tour prieuré st martin

    Tour d'enceinte rue du Vertbois                          Intérieur de la tour rue Bailly – photo JPD

     

    Dans cet ensemble de bâtiments prestigieux, qui abritent actuellement le CNAM (conservatoire national des arts & métiers), tour d'enceinte, église, cloître, réfectoire, qui virent se succéder pas moins de 65 prieurs dont quelques cardinaux, les époques se superposent et les styles se mélangent. On trouve du roman, du gothique, des signes de la renaissance sur les ouvertures de l'église et pour finir des bâtiments de la fin du XIXème siècle.

    St martin prieuré réfectoire et entrée monumentale musée 26 11 11 St martin prieuré cloitre 26 11 11

    A gauche, réfectoire du XIIIème siècle d'un gothique épuré (qui devient bibliothèque du CNAM en 1845) et entrée monumentale du musée. A droite, le cloitre (encombré de nombreuses constructions parasites)

     

    Plus au sud, mais toute proche dans la rue Saint Martin, se dresse l'église dans le style gothique flamboyant de Saint Nicolas des Champs (voir notre article du 13 octobre 2012). Louis Braille, l'inventeur de l'écriture tactile pour aveugles et mal-voyants, y a tenu l'orgue autour de 1850.

    On voit que le secteur est riche en monuments, riche par son histoire. Le musée des Arts & Métiers à lui seul, qui constitue un pôle d'attraction, ravira ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la science et à l'industrie. Une curiosité y est présentée plusieurs fois par jour, dans l'abside de la chapelle, l'expérience du fameux "pendule de Foucault", qui met en évidence la rotation de la terre sur son axe.

      Réaumur prieuré st martin chevet chapelle 24 11 11 St martin église prieuré st martin façade
      Église (chapelle) du prieuré de St Martin des Champs. A gauche le chevet roman (rue Réaumur) et à droite la façade gothique (rue St Martin)

     

    C'est aussi dans ce cadre d'une grande richesse intellectuelle, architecturale et historique, à hauteur du CNAM rue St Martin, mais de l'autre côté de la rue, que s'élève le théâtre de la Gaîté Lyrique.

    Il borde le square qui s'étale entre les rues Denis Papin et Salomon de Caus (IIIe). L'édifice, dans sa version actuelle date de 1861. Il devient en 1873 le "temple de l'opérette" sous la direction de Jacques Offenbach. Les œuvres d'Offenbach sont légères, bouffes même, mais sa musique et les livrets qui l'accompagnent en font l'émule de Rossini et même de Mozart. La Gaîté Lyrique garde aujourd'hui la mémoire de son génie. Serge Diaghilev et ses "ballets russes" prirent la suite à la fin de la guerre de 14-18 en imprimant eux aussi au monument la marque de leur prestige.

    Gaïté lyrique 22 11 11La Gaîté Lyrique et son square

     

    Le théâtre connut ensuite une série de déboires et de faillites. Il végète jusqu'en 2001, date à laquelle le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum et Bertrand Delanoë, devenu Maire de Paris ont procédé à sa reconversion et décidé d'en faire un centre culturel dédié aux arts numériques et aux musiques actuelles.

      Bailly 7 gédimat tour endos 19 11 16Bailly 7 gédimat tour endos 19 11 16

     Rue Bailly (IIIe) : extrados de la tour et restes de poutres anciennes, magasin Gédimat

     

    La tour de la rue du Vertbois n'est pas le seul vestige du mur d'enceinte comme il est dit plus haut. L'autre tour, de cinq à six mètres de diamètre, est dissimulée à l'intérieur des constructions qui bordent la rue Bailly, au cœur du magasin de fournitures pour le bâtiment "Gédimat" qui va du 5 au 9 de la rue. Un point de vente qui a fait peau neuve récemment et a dû se préoccuper de "sa tour", sous le contrôle des Bâtiments de France. On y est bien accueillis et la direction ne répugne pas à laisser les visiteurs observer le site et prendre des photos. On y voit l'intrados et l'extrados de la tour. Une ouverture en forme de porte permet de passer de l'un à l'autre.

    L'aménagement du magasin comporte un faux-plafond qui masque la partie haute de la tour. On peut estimer sa hauteur à une dizaine de mètres néanmoins.

    Bailly 7 gédimat tour & wc 19 11 16

    Détail croustillant qu'on ne va pas reprocher au gérant de ce magasin fort bien tenu : un angle de prise de vue un peu pervers montre côte à côte l'extrados de la tour, les marchandises en vente et la cuvette du WC attenant …! (Photos VlM, cliquer gauche dans l'image pour agrandir)

     

    Gérard Simonet

     

    (*) On n'est plus ici stricto sensu dans le Marais tel que les documents administratifs le définissent mais le patrimoine existant, l'architecture des constructions et leur Histoire militent pour que cette partie de Paris soit assimilée au Marais. On peut relever en revanche que la rue Bailly, elle,  est bel et bien dans le Marais.