Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Evènements culturels

  • 300cibles-cea96 Cible de tir croate (Musée de la Chasse et de la Nature) 

                   

    L'arrivée prochaine du printemps correspond aussi à celle de nouvelles expositions dans les musées du Marais ou de ses environs immédiats. Nous en avons sélectionné quelques unes où nous vous conseillons de vous rendre tant par leur originalité que par l'intérêt des pièces exposées.

    Signalons une  très intéressante exposition à l’Hôtel de Soubise (60, rue des Francs Bourgeois, IIIe) intitulée  « Le Pouvoir des actes » qui se tiendra du 27 mars au 24 juin. Seront exposées des « pièces spectaculaires et parlantes …montrant comment l’acte constitue la manifestation par excellence du pouvoir souverain. »   

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    Diplôme de Frédéric II (1234)

     

    Autre thème de visite très surprenant, près de 100 robes issues des collections du Musée Galliera, ainsi que des photographies et des dessins montreront les coulisses des célèbres ateliers de couture parisiens dans la salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville, 5 rue Lobau (IVe). 

    Au Centre Pompidou, une rétrospective très attendue sera consacrée  aux travaux d’Eileen Gray, artiste designer qui a marqué le XXème siècle en matière d’arts décoratifs et d’architecture moderniste. Des peintures, des maquettes, des laques, des décorations intérieures et des photographies seront montrées au public afin de mieux comprendre l’œuvre singulière de cette grande créatrice irlandaise. Au même endroit et aux mêmes dates (du 27février au 3 juin), une dation importante qui enrichit les collections du Musée permettra de voir  20 tableaux signés par le peintre Jesùs Rafael Soto. Inspiré notamment par Mondrian, cet artiste fait partie de ceux qui ont renouvelé en Europe l’art cinétique  (les œuvres comprennent des parties en mouvement). 

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    Fauteuil d'Eileen Gray

    Le musée Cognacq-Jay propose, du  18 avril au 13 juillet,  une exposition temporaire intitulée « Souvenirs du XVIIIème siècle du Sculpteur Jules Dalou ». Ce grand artiste inspiré par le siècle de lumières, ami de Rodin, très mêlé à la Commune, est l’auteur de décorations de l’Hôtel de la Païva sur les Champs Elysées, de nombreux bustes de célébrités  mais aussi de l’ensemble appelé le « Triomphe de la République » au centre de la place de la Nation.

    N’oublions pas non plus, les beaux jours étant de retour, les expositions  en cours qu’il ne faut pas manquer. Celle consacrée aux cibles de tir anciennes souvent peintes par des auteurs anonymes qui se tient au Musée de la Chasse et de la Nature (62, rue des Archives IIIe). Nous vous rappelons enfin l’exposition exceptionnelle qui débute le 27 février  jusqu’au 30 juin, dénommée « La valise mexicaine » où pourront être vus les négatifs retrouvés  de Capa sur la guerre civile espagnole (voir notre article du  20 janvier 2013).

    De bonnes visites en perspective. N’hésitez pas à faire part de  vos commentaires sur le blog.

    Dominique Feutry

     

     

  • Rode
    Henri RODE (années 50 ?)

    Auteur de plusieurs romans, recueils de nouvelles et de poèmes, dont
    Mortsexe, qui a été salué comme un chef-d’œuvre par la critique, avec de longs silences consacrés au journalisme et au cinéma. Il fut
    salué comme «l’un des meilleurs écrivains provençaux», avec ses romans Les
    Passionnés modestes (1953), Alarmande (1953), ou Couche-toi
    sans pudeur (1958). Il va ensuite se tourner vers
    la poésie et être consacré comme l’un des plus grands poètes de son temps.

     

     

    Dans le cadre de nos accords avec l'association "Histoire du IIIe", qui assure la promotion du patrimoine historique du IIIe (mais aussi du IVe), vous êtes invités à une conférence qui aura lieu à la Maison des Associations du IIIe, 5 rue Pérée (derrière la mairie) :

     

    Le mercredi 20 février 2013 à 19h00 précises

    par M. Didier MANSUY

    qui vous présentera

    Henri RODE (1917-2004)


    Il fut l'ami de Jouhandeau, Breton, Cocteau, Aragon … et de toutes les grandes figures du cinéma …. Il vécut et mourut rue Notre-Dame de Nazareth (IIIe)

     

    Introduction par Jacky MORELLE, présidente de l'association "Histoire du IIIe". A l'issue de la conférence, des raffraichissements sont offerts.

    La participation est gratuite pour les membres de "Vivre le Marais !", sur simple déclaration de votre part.

    Venez nombreux !

    Gérard SIMONET

     

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    519461_un-camion-transportant-les-nouvelles-cloches-de-notre-dame-traverse-la-place-de-l-etoile-a-paris-le-31-janvier-2013Les camions transportant les nouvelles cloches de Notre-Dame

     

    Comme nous l’annoncions dans notre article du 21 novembre dernier, à l’occasion des festivités organisées pour le 850e anniversaire de Notre Dame, il a été décidé de changer une partie des cloches de la vénérable cathédrale afin de restituer l’ensemble, tel qui existait avant sa destruction, à la fin du XVIIIe siècle. Il faut savoir que 100 000 cloches ont été fondues à la Révolution pour fabriquer de la monnaie et des canons.

    Les 9 nouveaux carillons sont arrivés hier, 31 janvier à Paris, sur des camions escortés par des motards, de la Porte Maillot à Notre Dame où elles ont été accueillies par leurs « sœurs » en place sonnant à toute volée.

    L’ensemble pèse tout de même la bagatelle de plus de 23 tonnes. La plus grosse cloche (6 tonnes et 2 m de diamètre) fondue à Asten en Hollande sera installée à un endroit de la Tour Sud qu‘avait prévu Viollet-Le-Duc ! Elle rejoindra le Grand Bourdon, vieux de 330 ans, qui reste en service et que chacun s’accorde à dire qu’il est un des plus beaux d’Europe. Les 8 autres cloches ont été fabriquées en France, à Villedieu- Les-Poêles, l’ancienne capitale de la dinanderie dans le Manche, dans un four du XIXe siècle. Elles ont nécessité un an de travail. Elles sonneront dans la Tour Nord.

    Il est prévu qu’elles entrent en fonction en sonnant pour la première fois dans la Tour Nord où elles seront installées le dimanche des Rameaux. Rendez-vous donc le 23 mars prochain aux amateurs qui souhaiteront entendre pour la première fois l’ensemble campanaire tel qu’il tintait au XVIIIe siècle.

    Dominique Feutry

     

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    La valise mexicaine

    C'est en 2008 que la mallette contenant les rouleaux de pellicule relatant la guerre civile espagnole (1936-1939) a été retrouvée à Mexico, d'où son nom. Cet ensemble représente 4500 négatifs du journaliste et photographe américain Robert Capa (mort en marchant sur une mine au Vietnam en 1954), de sa compagne Gerda Taro et de leur ami David Seymour dit Chim.
    Avec ces bobines, nous disposons d'une mine de renseignements sur cette triste période. Elles appartiennent à l'International Center of Photography (ICP) de New York qui est le gardien de l'oeuvre de Robert Capa.

    Exposés pour la première fois en Europe lors des Rencontres d'Arles de 2011, ces documents vont à nouveau rejoindre la France à l'occasion du centenaire de la naissance du journaliste. Ils seront en effet visibles du 27 février au 30 juin prochains au Musée d'Art et d’Histoire du Judaïsme 71, rue du Temple dans le IIIe arrondissement. Des projections et des rencontres sont d'ailleurs programmées autour de cet évènement que nous vous conseillons de ne pas manquer.

     
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    Un père tenant son enfant blessé © International Center of Photography / Magnum.
    Collection International Center of Photography

    L'histoire de cette valise est intéressante. En effet, Robert Capa conscient de la menace Nazie cache des milliers de négatifs de la guerre d’Espagne et fuit aux Etat-Unis. Malheureusement, la guerre terminée, les précieux négatifs avaient disparus et c'est le frère de Robert Capa, Cornell, qui 60 ans durant, s'est mis en chasse pour les retrouver, ne se résignant pas à l'idée qu'ils puissent être détruits.

    Cornell a eu connaissance de leur trace en 2006, ils étaient alors la propriété d'un cinéaste mexicain qui en avait hérité d'une tante, elle-même les ayant eus d'un général mexicain, ambassadeur du Mexique à Vichy entre 1941 et 1942. Ce n'est que quelques mois avant sa disparition que Cornell Capa en obtint la restitution.
    Très bien conservé, cet ensemble unique est comme le témoin de la plupart des facettes de ce conflit qui a influencé l'histoire européenne. Outre leur grand intérêt, ces films et clichés sont à l'origine de la photographie de guerre actuelle et du photoreportage.

    Un coffret de deux tomes avec de nombreuses reproductions a été édité aux éditions "Actes Sud" sous le titre "La valise mexicaine".

    Dominique Feutry

     

  • Patinoire-de-lHotel-de-Ville-Paris-Noel  Patinoire devant l'Hôtel de Ville à la nuit tombante

    La Ville de Paris a installé 5 patinoires éphémères durant l’hiver. La plus grande est abritée par la superbe verrière du Grand Palais dont l’entrée est payante alors que dans notre quartier celle qui se trouve sur le parvis de l’Hôtel de Ville jusqu’au 17 mars est gratuite (seule la location des patins est facturée 5€). Ouverte de 12h à 22h et dès 9h les dimanches et jours fériés, elle présente une surface de près de 1400 m2 dont 200 m2 réservés aux enfants. Des moniteurs aident les patineurs, font des démonstrations et des séances de hockey sur glace sont programmées. Il est intéressant de signaler aux adeptes de ces sports que les disciplines de glace et de neige ne sont devenues olympiques que lors des premiers jeux d’hiver qui se sont déroulés à Chamonix en 1924.

    Df0307600Partition de la Valse des Patineurs d'Emile Waldteufel

    Tous les patineurs sont acceptés sur cette piste parisienne. Les plus aguerris pourraient s’entraîner au son de la célèbre Valse des Patineurs (1882) qui a fait la renommée internationale du célèbre compositeur Emile Waldteufel. Par opposition nous pourrions imaginer les débutants, évoluer sur les notes de la Valse Lente de Claude Debussy et les habitués aux chutes sur la Valse Oubliée de Franz Liszt.

    Au-delà de ces considérations musicales, il faut souligner que ce type d’initiative, qui existe d’ailleurs dans d’autres villes de l’Hexagone, est une bonne chose pour les parisiens. La douceur inhabituelle du climat, la pluie pourraient entraîner une fermeture temporaire, ce qui n’est pas souhaitable. Pour l’instant seul un film d’eau couvre la surface de la glace, ne perturbant pas la glisse.

    Il est aussi possible d’imaginer que ces installations certes ludiques feront peut-être naître des vocations et des talents assurant ainsi la relève de nos champions. Enfin, les touristes aussi peuvent s’essayer sur ces pistes de glace. Cela nous semble bien plus original que les « petits trains » qui vont bientôt sillonner nos rues historiques ( cf notre article du 28 décembre 2012 ).

    Dominique Feutry

     

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    Affiche du Festival du Marais de 1972


    Des passionnés du Marais ont réussi cette gageure, avec très peu de moyens au départ, de faire sortir de l'oubli et apporter un rayonnement à un quartier dont les nombreux  monuments, pour la plupart  délaissés par les autorités, attestaient de son riche passé.

    Sous l'impulsion de Michel Raude est créé en 1961 "l'Association du Festival du Marais" dans le but de sensibiliser les parisisens sur l'état pitoyable du secteur.

    Le festival fait suite à des petits spectacles qui sont donnés gratuitement dans des hôtels particuliers comme l'Hôtel de Vigny (cf Article de VLM du 14/02/2007) afin d'attirer l'attention sur le Marais. Les encouragements, la volonté d'aller plus loin et différents soutiens conduisent à ambitionner de donner davantage de spectacles pour ouvrir plus de lieux au public. Ce qui nécessite de trouver des comédiens, des musiciens, des bénévoles et des sponsors.

    Le premier festival se déroule les 15 premiers jours de juin 1962 au  cours desquels sont donnés 35 spectacles (théâtre et concerts attirent alors 10 000 spectateurs. Une plaquette est distribuée au public rappelant que le Marais contient des dizaines de demeures et de chefs d'oeuvre d'architecture française mais aussi des pastiches, des ateliers et des endroits déplorables et sales…Pour la saison suivante, compte tenu du succès rencontré, des subventions sont obtenues et des artistes professionnels sont engagés, ce qui permet d'ouvrir d'autres lieux tels que l'Hôtel Sully,  les églises Saint Gervais, Saint Paul-Saint Louis. Des pièces de théâtre modernes, classiques sont donnés par des Centres dramatiques de province. 

    Parallèlement au festival, de nombreux bénévoles organisent des conférences et des visites guidées qui conduisent à créer en 1963 "l'Association de Sauvegarde de la Mise en Valeur du Paris Historique". A cette occasion la Ville de Paris met à la disposition de l'association 2 vieilles demeures, rue François Miron, la Maison d'Ourscamp dont les membres entreprennent bénévolement la restauration et qui deviendra le siège de l'association .

    Images  

    Affiche de 1979


    Des différents festivals qui se sont tenus jusqu'en 1967, retenons  représentations du Ballet de l'Opéra de Paris (Hôtel de Soubise) , les tours de chants de S. Lama, L. Ferré, G. Brassens et Barbara (Hôtel Sully), des concerts de musique composée par Messian, Prokofiev, Tchaïkovsky, Stravinsky ou Honegger…Les nocturnes de gala avec les gardes républicains, des laquais en livrée redonnant à ces endroits, l'instant d'un soir, tout leur lustre d'autrefois, ont laissé des souvenirs impérissables. Le chiffre record de 85 représentations et plus de 100.000 spectateurs est atteint… Ce qui nécessite une sérieuse et lourde organisation au travers d'une structure  comportant outre un conseil d'administration, des comités de programmation et d'organisation.  Car il faut en effet construitre des scènes, des gradins, aménager les loges, installer l'éclairage, le sonorisation, répondre aux questions de sécurité, réaliser et éditer les affiches, les programmes, les plaquettes… 

    Mais 68 a coupé l'élan de ces grands moments du Marais puisque le festival a dû être annulé. Il reprend et se déplace même aux Halles avant la destruction des pavillons Baltard. Les années suivantes d'autres lieux sont ouverts (Hôtel de Beauvais, Carnavalet…),des spectacles de rue se déroulent place du Marché Sainte-Catherine,  un tourmoi du Moyen-Age est organisé place des Vosges, des fêtes de nuit sont montées mais 68 est passé par là… Les finances sont en baisse. les clients sont plus exigeants, ils demandent des nouveautés et dans des lieux à l'abri du mauvais temps. Des extensions du festival sont donc décidées dans des endroits aussi divers que le Centre Pompidou, la Cité des Arts, le Théâtre Essaïon ou le Café de la Gare. Goldoni, Racine, du jazz mais aussi Mozart, Haydn, Strauss, Bruckner sont à l'affiche. Des colloques, des conférences, des expositions sont données. Un hommage est rendu à Victor Hugo en 1985.

    Pa00086308Siège de l'association de Sauvegarde et de Mise en valeur du Paris Historique, 44 rue François Miron (IVe)


    Mais la baisse d'intérêt du public liée à des financements de plus en plus difficiles à assurer donnent un coup d'arrêt au festival en 1987. Il  essaiera de renaître quelques années plus tard avec un équipe nouvelle mais, après 4 ans, force est de se rendre à l'évidence, le festival a définitivement vécu.

    Que retenir de cette riche période pour la Marais ?

    Une notoriété qui a dépassé nos frontières et qui ne se dément pas, la création de l'Association de Sauvegarde et la Mise en Valeur du Paris Historique qui existe toujours et a contribué à sauver et  à restaurer nombre de monuments. Enfin, le plus important, la prise de conscience que le Marais était un ensemble exceptionnel qui devait être préservé et réhabilité. 

    "La passion est un moteur dont personne ne mesure la puissance" a écrit l'écrivain belge Pieter Aspe. Cette citation s'applique tout à fait à tous ceux qui ont permis que le Marais devienne ce qu'il est aujourd'hui. 

     Dominique Feutry

     

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    Réagissant à notre article du 23  novembre signé de Dominique Feutry sur l'avancement des travaux de rénovation et d'extension du musée Picasso, Jean-François Leguil-Bayart, directeur de recherches au CNRS et journaliste chez MEDIAPART, proche du PS, nous livre sa vision très critique d'un projet auquel il reconnait peu de vertus.

                     

    Vieille du temple 86 - 86bis tagsMur côté sud des jardins du musée Picasso et du square Léonor Fini. Défiguré depuis au moins dix ans par des tags, sans que personne n'intervienne


     Halte au grand musée Picasso !     

     

    Sous la direction, très contestée par sa propre équipe administrative, de Anne Baldassari, et avec le soutien du ministère de la Culture, le Musée Picasso s’est lancé dans un ambitieux programme de rénovation et d’agrandissement, dont la Cour des comptes a critiqué le coût et la gestion. Son objectif est clair : doubler sa fréquentation et recevoir de 750 000 à un million de visiteurs par an ! Il correspond à l’idée marchande qu’Anne Baldassari se fait du musée, et qui lui vaut les critiques acerbes de ses collègues : elle a refusé de prêter des œuvres à la grande exposition Picasso du Kunsthaus de Zürich, en 2010, et a récidivé en 2012, lors de l’exposition Degas du Musée d’Orsay, parce qu’elle préfère louer à prix d’or des expositions itinérantes pour financer ses travaux, conformément au « plan d’affaires » (sic) fixé en réunion interministérielle le 4 mai 2011.

    On peut à bon droit s’interroger sur la pertinence de cet investissement de 54 millions d’euros, dont 19 millions de subventions d’investissement du ministère de la Culture, à un moment où les finances publiques sont en crise et où l’Etat n’est plus en mesure d’assurer la sauvegarde des monuments historiques. Tout cela dans un quartier qui regorge déjà de musées et de visiteurs, et qui manque cruellement d’espaces verts. Or, précisément, l’extension du Musée Picasso va amputer l’un de ceux-ci, le square Léonor-Fini, sans que jusqu’ici personne ne s’en émeuve faute d’information.

    Il n’est pas seulement question de rénover un plancher et d’aménager une salle souterraine, comme l’affirme benoîtement le panneau, à peu près illisible, qui est apposé rue de Thorigny. Il est prévu de construire une aile de 2 000 m2 et de deux étages sur une partie du square Léonor-Fini, à l’aplomb du musée, au risque de défigurer sa superbe façade, une amputation qu’est censée compenser l’ouverture au public de son jardin privé. Mais, dans les faits, l’espace vert sera bel et bien réduit d’au moins 1 000 m2 et des arbres abattus, une partie de l’aile devant être construite au-delà de l’actuel garage, sur l’aire de jeux réservés aux enfants. Et le square sera subordonné aux intérêts du Musée Picasso, dont le « programme scientifique et culturel » prévoit qu’il y organisera des performances et des concerts « en pratiquant une nocturne hebdomadaire, le samedi soir jusqu’à minuit, afin de répondre à l’affluence du public dans le quartier du Marais en fin de semaine », et dont le million de visiteurs investiront ses pelouses dans la journée. Le square, et sans doute la rue des Coutures-Saint-Gervais, dont la Mairie du IIIe annonce maintenant le réaménagement…

    D’un point de vue environnemental, ce projet d’extension est une aberration. Outre la réduction de l’espace vert, les autocars de touristes emprunteront la rue Vieille-du-Temple et la rue de la Perle pour y décharger leurs passagers et y stationner, en provoquant des embouteillages supplémentaires dans des voies déjà surchargées et en laissant tourner leur moteur pour les besoins de leur climatisation ou de leur chauffage. Pourquoi recréer au cœur du Marais les nuisances dont les riverains de Notre-Dame ont eu à se plaindre pendant de longues années, avant qu’ils n’obtiennent gain de cause et que les autocars soient chassés des abords de la cathédrale ?

    La qualité de l’air, déjà problématique dans ce quartier, sera détériorée par cet afflux de véhicules très polluants, par l’agrandissement du bâti chauffé et climatisé, et par l’abattage d’arbres, sans même parler des deux années de travaux supplémentaires qu’exigera cette extension et qui entraîneront une noria de camions, le fonctionnement de pelleteuses et de grues, la production de poussières industrielles. Enfin le square sera fermé pendant au moins un an et demi, à charge pour le voisinage d’aller respirer et jouer ailleurs – mais où, dans le IIIe arrondissement ?

    L’extension du Musée Picasso est un scandale écologique et un gaspillage inadmissible en ces temps de disette financière. Sa réalisation ne ferait qu’intensifier la dérive marchande du IIIe arrondissement, sa transformation en quartier de tourisme de masse sous prétexte de culture, sa muséification consumériste au prix d’un bétonnage supplémentaire. Au-delà de la subvention d’investissement nécessaire aux travaux, elle se solderait par l’augmentation de la subvention d’équilibre du ministère de la Culture, au profit d’un établissement qui incarne une conception hautement contestable, et peut-être caduque, de la politique culturelle, et au détriment d’autres musées dont les besoins sont souvent plus criants. Madame le Ministre de la Culture, vous avez annoncé, en septembre, la poursuite de ce projet hautement contestable sous prétexte qu’il était trop avancé pour être revu à la baisse. Mais vous avez là une occasion salubre de réaliser les économies budgétaires que la dureté des temps exige de vous !

    Jean-François Leguil-Bayart


     REPONSE de Madame Monique Saliou adjointe au Maire du IIIe, en charge de l'espace public

     

    " L’équipe municipale du 3ème arrondissement ne peut laisser passer sans réaction l’article de M. Jean François Leguil Bayart intitulé « Extension du musée Picasso : halte au feu ».

    Non que nous entendions nous prononcer, en tant qu’élus de cet arrondissement, sur la politique muséologique et les choix qui ont conduit les ministres de la culture successifs à soutenir le projet de rénovation du musée Picasso. Il est un fait : Paris demeure la première ville touristique mondiale et les musées participent à son rayonnement. Chaque citoyen peut avoir ses préférences : grands ou petits musées, approbation ou rejet des expositions temporaires, pas de musées du tout, culture élitiste contre culture dite de masse etc. In fine, c’est à un (e) ministre, membre d’un gouvernement issu d’institutions démocratiques, de trancher. La Cour des Comptes que cite M. Leguil Bayart et dont il a sans doute mal lu les travaux, ne porte pas davantage d’appréciation sur la pertinence du projet Picasso ; elle s’inquiète seulement des coûts supplémentaires de fonctionnement créés par la mise en œuvre de nombreux projets culturels (dont beaucoup ont été abandonnés depuis cet été) ; c’est d’ailleurs à la suite de cette inquiétude que le musée Picasso s’est doté d’un « plan d’affaires », destiné à équilibrer coûts et recettes, dont l’auteur de l’article raille l’existence…

    Si nous avons souhaité réagir, c’est que M. Leguil Bayart énonce des contre vérités et multiplie les procès d’intention sur ce qui touche à l’aménagement des abords du musée. Il est faux de dire que le jardin Leonor Fini sera amputé de 1000 mètres carrés : les constructions prévues pour abriter des expositions temporaires seront édifiées au dessus et à la place de l’entrée du garage actuel et non dans le jardin. Qui regrettera, en outre, l’esthétique douteuse du bâtiment actuel ? Il n’est pas davantage question de fermer le square lors des travaux, pas plus qu’il n’est question de l’ouvrir tous les samedis soir, jusqu’à des heures indues, au profit d’hypothétiques activités du musée…qui dispose d’ailleurs de son propre jardin.

    Quant aux aménagements des rues avoisinantes (rue Thorigny, rue des Coutures Saint Gervais), aucune décision ne sera prise sans une large concertation, selon une méthode suivie pour tous les aménagements réalisés depuis des années dans le 3ème arrondissement. Un conseil de riverains sera réuni très prochainement qui débattra sur les solutions envisageables.

    Enfin, la perspective d’une noria d’autocars stationnant, tous moteurs allumés, rue Vieille du Temple, relève du procès d’intention. La mairie du 3ème n’a pas la moindre intention de tolérer une dérive de ce type et les mesures seront prises, en concertation, avec la préfecture de police pour préserver la tranquillité du quartier et la qualité de l’air.

    Observons d’ailleurs que les inquiétudes de M. Leguil-Bayart ne sont pas partagées par tous : il suffit de regarder les devantures des agences immobilières pour constater que l’adresse « proche du musée Picasso » est un argument de vente. Notre arrondissement est attractif, il gagne des habitants dont beaucoup de jeunes et de familles, il a une image de dynamisme. Tout en redoublant de vigilance sur la qualité de vie dans nos quartiers, ne nous en plaignons pas !"

     

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    Hôtel Salé côté jardin

    En présence du Directeur de l’Etablissement Public, de l’Architecte en Chef des Monuments Historiques et des différents intervenants, le Maire du 3e a organisé une réunion publique relative au chantier du Musée Picasso. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire, la réouverture au public est fixée au 1er octobre 2013.

    Après un bref historique sur le monument construit en 1656 pour le Fermier des gabelles, Pierre Aubert de Fontenay, l’Hôtel Salé, le plus grand corps de logis construit à cette époque, a subi des transformations au XVIIIe siècle puis fut vendu à la Révolution pour devenir un immeuble de rapport (Balzac y logea). Quelques années plus tard, il abrita l’Ecole Centrale des Arts et des Manufactures.

    Un amphithéâtre est érigé sur la cour d’honneur et des salles de classe occupent les jardins. Après le déménagement de l’Ecole Centrale, à la fin du XIXe, un bronzier d’art s’y installe et aménage les appartements en « show-room ». Une école de formation aux métiers d’art le remplace juste après la seconde guerre mondiale. Des projets (musée de la mode, centre des archives de la Seine) sont envisagés durant les années soixante, mais la décision est prise d’y loger la dation Picasso. Des travaux sont entrepris sous la direction de l’architecte Roland Simonet et le musée ouvre en 1985.

    Au fil des années, face à l'afflux des visiteurs, du fait que le projet initial n'a pas été réalisé en totalité pour des raisons de coûts, du fait aussi de l'entrée en vigueur de nouvelles normes, le musée présentait un certain nombre de défauts : une sécurité insuffisante, des accès (ascenseurs…) et une capacité d’accueil étriqués, des surfaces d’exposition limitées, une climatisation et des installations électriques à revoir…

    Le but de la rénovation est donc de pallier ces problèmes et d’en profiter pour terminer le grand projet initial. Ce qui représente un coût de 51 millions d’€ (l’Etat et la Région apportent 19 millions €, une politique de prêts payants de œuvres durant la fermeture permet de compléter en partie le financement). Cette dépense très élevée comprend les travaux et des investissements dont l’acquisition de l’immeuble du 20, rue de la Perle où sera transférée l’administration du musée. Une boutique-galerie sera installée au  4, rue de Thorigny, elle ouvrira dans les toutes prochaines semaines et servira de lieu d’échanges avec le public sur le projet jusqu’à la livraison, prévue en mai prochain.

    Nous retiendrons de la présentation à laquelle nous avons assité les évolutions les plus importantes. Ainsi les surfaces d’exposition passeront de 1600 à 5000 m2 soit 500 œuvres accrochées en permanence contre 300 auparavant. L’éclairage de l’escalier d’honneur et des vestibules qui ont traversé le temps est entièrement changé et sera plus doux. L’éclairage des façades sera entièrement revu. L’entrée se fera toujours par le porche (en restauration) rue de Thorigny et l’accès par un espace (emplacement de l’ancienne basse-cour) largement agrandi avec, au-dessus, l’installation d’un café prolongé d’une grande terrasse.

    A3d33cd6-168b-11e1-9494-e3acaff19457 Projection non définitive du hall d'accueil (photo Bodin et associés Artefactory Lab.) 

     

    La circulation à l’intérieur du musée sera facilitée par la réouverture de portes qui avaient été condamnées. Le sous-sol des jardins sera organisé en réserve technique, salle de conférence de 100 places et locaux polyvalents car l’objectif est de recevoir 75 000 scolaires par an (une plage horaire de 9h00 à 11h00 leur sera consacrée chaque jour). Un accès dans les locaux, réservé au personnel, à la livraison de œuvres, sera possible à partir de la rue Vieille de Temple le long du square et du jardin côté rue de la Perle ou seront installés des édicules qui « s’inséreront dans la paysage » dont une sorte d’orangerie avec un habillage de plantes grimpantes « …plutôt que des buis ». Les tilleuls seront préservés et a priori l’emprise du square ne serait quasiment pas réduite. Ces installations nouvelles changeront toutefois l'aspect général de ce côté de l' Hôtel Salé auqel nous nous étions habitués.

    Des échanges avec la salle, il ressort que la demande des riverains de réunir en un seul espace, le jardin et le square Léonor Fini ne sera pas possible pour des raisons de sécurité. Afin d’améliorer l’accès et les conditions de sécurité des réflexions sont en cours pour les aménagements des abords extérieurs du musée. En effet 800 0000 visiteurs par an sont attendus contre 300 0000 auparavant et davantage de scolaires. Beaucoup s’étonnent de la dangerosité de la rue de Thorigny, étroite ouverte à la circulation, où se situera l’entrée. Le Maire n’a pas caché qu’il ne pouvait pas grand'chose quant au choix de l’entrée qui est imposée. En revanche, il faut qu’il revoie le plan de circulation puisque pour l’instant tout est à l’état de réflexion.

    Il ne savait plus d’ailleurs si un groupe de travail ad hoc avec des habitants existait. Sa préconisation, afin de faciliter l’accès pompiers mais aussi de réduire les nuisances sonores, serait de supprimer les places de stationnement de la rue des Coutures Saint-Gervais afin d’élargir la chaussée. Toutefois il y verrait bien une quarantaine de places de stationnement en épi pour les motos. Enfin, le mur côté musée, le long de cette même rue, n’est pas d’époque mais dans l'esprit, il devrait être maintenu. Nous devons donc être très vigilants et ne pas hésiter à donner notre point de vue (groupes de réflexion, espace échanges 4, rue de Thorigny…) car ces travaux d’aménagement des abords du musée seront réalisés pour longtemps en cette période de restrictions budgétaires.

    Cette réunion a permis de mieux connaître le projet et son état d’avancement. La réouverture du Musée sera un événement culturel majeur pour Paris et notre quartier.

    Gageons, comme l’ont souligné les participants, que des moyens suffisants, dignes de l’enjeu, soient engagés afin d’amélioration la circulation, la signalisation, la propreté, la sécurité du quartier et la qualité de vie de ses habitants. Il serait dommage que la coûteuse valorisation du musée et le travail des nombreuses personnes qui ont oeuvré à ce chantier soient mis à mal par une sous-évaluation de ces problématiques bien réelles.

    Dominique Feutry

     

  • Notre dame parvis vue du pont

      Parvis de Notre-Dame vu du pont (IVe)

    A l’occasion des 850 ans de Notre Dame (cf notre article du 5 octobre 2012), le parvis de la cathédrale sera transformé en « Chemin du Jubilé » et des espaces vont bientôt « sortir de terre ». Ainsi un beffroi (haut de 13 mètres) sera construit dans lequel pourront être admirés des vitraux du maître verrier Jacques Le Chevallier (1896-1987) qui a travaillé pour Notre Dame et aussi construit sa renommée sur la production de luminaires épurés.

    Des photographies et des documents historiques guideront les visiteurs sur un plan incliné qui les conduira sur une esplanade placée à 5 mètres du sol afin de pouvoir scruter de près les multiples éléments sculptés des trois portails d’entrée du célèbre monument. Des projections sont programmées et pourront être regardées des 800 places en gradin qu’il est prévu d’installer.

    Enfin plusieurs maisons seront dressées pour abriter des tailleurs de pierre, des facteurs d’orgue, des verriers ainsi que des associations caritatives. Une redevance sera versée à la Ville de Paris pour cette occupation de l’espace public durant une année. Elle est comprise dans le coût des différents travaux et événements prévus (estimés à 6 millions d’€). Les principaux étant la restauration des grandes orgues, la réfection de l’éclairage intérieurde l'édifice, l’amélioration de la muséographie des collections du Trésor de la cathédrale, des concerts avec la maîtrise de la cathédrale, des publications, des expositions, un congrès et surtout le remplacement des cloches.

    Conf061020122Le grand bourdon de Notre-Dame

    A ce sujet d’ailleurs selon certaines sources journalistiques, une polémique pitoyable se serait malheureusement déclarée entre une communauté religieuse désireuse de racheter les illustres cloches  pour les conserver et le recteur archiprêtre de Notre Dame partisan de les faire fondre, pour en faire des minicloches vendues comme souvenirs … Il est vrai que le remplacement des cloches dont le son n'est plus très bon nous dit-on, par des cloches fraîchement fondues, coutera fort cher.

    Le lancement du 850e anniversaire de la cathédrale est prévu le 12 décembre prochain et durera jusqu’au 24 novembre 2013. L’œuvre choisie pour le concert d'ouverture est celle des Vêpres de Monteverdi. Avis aux amateurs intéressés et peut-être que ces manifestations permettront de dépasser les 14 millions de visiteurs recensés chaque année en ce lieu. Ce qui n’est pas sans poser des problèmes de circulation, de stationnement, de propreté et de sécurité….

    Dominique Feutry

     

  • FRAN_SF_20110089_2001
    Camions de déménagement sur le site de Paris (IIIe)                

     

    Depuis le 22 mai dernier, les fonds des archives nationales postérieurs à 1790 partent vers leur nouvelle destination à Pierrefitte sur Seine. Le transport, en provenance de l’Hôtel de Soubise et de Fontainebleau, est prévu respectivement durant 9 mois et 16 mois, soit deux ans au total. Il s’agit d’une tâche immense puisque 250 km environ de documents vont être ainsi déplacés. Les cartes, les plans et les photographies seront déménagés en dernier car ils sont destinés à rejoindre des salles spécialement aménagées.

    Conf061020122
    Le nouveau bâtiement de Pierrefitte conçu par l'architecte Massimiliano Fuksas

                        

    Cette opération, la plus importante en la matière depuis l’après-guerre, est préparée depuis 5 ans au travers de la Mission du Chantier du Fonds. Les implications sont multiples. Il a fallu tout d’abord dépoussiérer, reconditionner et désinfecter des kilomètres de documents, tout en respectant un classement selon 6 thématiques (Education-Culture, Exécutif-Législatif…).Ensuite les transports (des centaines de camions sont à pied d’œuvre) sont assurés par une entreprise spécialisée en appliquant des principes de sécurité et sous la surveillance des personnels des Archives nationales. Trois à 4 quatre kilomètres de fonds arrivent chaque semaine dans leur nouveau bâtiment.

    Les salles de lecture de Pierrefitte ouvriront début 2013 (elles ont été ouvertes en avant-première lors des dernières Journées du Patrimoine). En attendant les fonds sont communiqués via des navettes et retournent à Paris lorsque des lecteurs veulent les consulter. Le coût de cette opération est important, 19 millions d’€, mais nombre d’archives étaient en danger faute de pouvoir être conservées dans de bonnes conditions.

    Quant à la Maison de l’Histoire de France qui devait remplacer les espaces libérés, jugé "extrêmement coûteux et un petit peu contestable" par le nouveau Ministre de la Culture, le projet, économies budgétaires obligent, a été remisé comme d’autres (l’Hôtel de Nevers, la Comédie Française, et l’Hôtel de la Marine). Le coût était estimé à 60 millions d’€ (le même montant que les travaux de réfection du Carreau du Temple). Cette déclaration a donc sonné la fin des polémiques sur le contenu de ce musée, l’arrêt des grèves et de l’occupation des locaux par le personnel mécontent. En revanche, rien n’est annoncé sur la destination des salles libérées de la rue des Francs-Bourgeois. Il a juste été dit que l’espace retrouvé permettrait des nouvelles collectes, notamment celles des minutes des notaires interrompues par le manque de place.

    Le quadrilatère conservera le Musée des Archives Nationales et les 55 kilomètres d’archives déjà présentes (celles antérieures à la Révolution). Attendons donc la fin de cette gigantesque opération de transfert et peut-être qu’ensuite nous apprendrons ce qu’il est envisagé pour occuper tous ces mètres carrés et volumes ainsi dégagés.

    Dominique Feutry