Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Histoire

  • Paris_rue_michel_le_comte1La rue Michel Le Comte (IIIe)

     

    Un de nos fidéles lecteurs et membre actif de l'association, François Riche, qui s'est déjà exprimé à propos des "renards" de la rue Rambuteau, a découvert sur le net une anecdote concernant la rue Michel Le Comte (IIIe) dont il a souhaité nous faire profiter. Comme de surcroit celle-ci a un lien avec le Général de Gaulle, cette histoire tombe opportunément en ces temps d'anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale et de la libération de Paris. Nous reproduisons in extenso le texte explicatif qui nous est parvenu.

    La rue Michel Le Comte est à l'origine d'une expression typiquement parisienne : "Ça fait la rue Michel". Liée directement à une autre expression : "Ça fait le compte", d'où le lien, par un jeu de mots, avec la rue Michel-le-Comte.

    D'une manière plus explicite, faire la rue Michel veut dire : "c'est bon", "ça suffit", "ça va aller", "ça conviendra", cela fait mon affaire, "ça va le faire".

    Le Général de Gaulle a déjà utilisé cette expression en public, selon Alain Peyrefitte (C'était de Gaulle, Tome I) : « Je prendrai l'opinion à témoin que j'avais raison. Bien sûr, je ne le dirai pas comme ça. Mais avec bonhomie, je tirerai les leçons de ces quarante jours d'éructations à mon égard, dont il ne reste maintenant plus rien que le ridicule de tous ceux qui s'y sont livrés, en Angleterre, en Amérique, chez nos partenaires européens et naturellement en France. « Au bout d'un mois, la force multilatérale américaine, personne n'y croit plus ; ça fait la rue Michel. L'entrée de l'Angleterre dans le Marché commun, ça fait la rue Michel ».

    M. Peyrefitte remarque que le général de Gaulle semble employer l'expression à contresens pour dire «Ça fait chou blanc», et surtout pour la connotation d'une expression populaire (« avec bonhomie »).

    Braucoup d'entre nous découvriront cette origine bien méconnue d'une expression en lien avec la rue Michel Le Comte…

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    Hotel_Tallard 4Vue de l'Hôtel de Tallard, 78 rue des Archives (IIIe). En médaillon, le tympan sculpté du porche d'entrée     (Photo Serge Jodra) 

     

    C’est à l’architecte Pierre Bullet (1639-1716), oncle de Marivaux, architecte de la Ville de Paris, que l’on doit la réalisation de la Porte Saint-Martin et l’église Saint-Thomas d’Aquin. On sait moins qu’il réalisa aussi plusieurs hôtels particuliers dont l’Hôtel de Tallard qui se trouve à l’angle des rues Pastourelle et des Archives (IIIe) au N° 78, juste en diagonale du bureau de poste.

    L’édifice a été construit entre 1702 et 1704 par un conseiller au parlement, le fils de Jean Jacques Amelot de Bisseuil, le propriétaire de l’Hôtel dit des Ambassadeurs de Hollande (voir notre article du 27 janvier 2011). Le terrain exigu, bien que le produit de la réunion de deux parcelles, obligea l’architecte à concevoir une structure ne comprenant qu’une seule aile dans laquelle étaient regroupés les services. Un haut et long mur le long de la rue Pastourelle lui est parallèle et isole les occupants de l’extérieur. 

    Escalier_tallard_3Le splendide escalier (Photo Davido)

    Acheté en 1722 par Camille d'Hostun de La Baume, duc d'Hostun, comte de Tallard et maréchal de France (1652-1728), c’est ce dernier qui lui a laissé son nom actuel. Resté plus d’un siècle dans la même famille, l’hôtel échoit en 1825 à un épicier du nom de Toussaint Tavernier. Il est loué pour de activités commerciales et industrielles. Une photographie d’Atget conservée au musée Carnavalet montre l’entrée du corps de logis surmonté d’un immense enseigne d’une fabrique de passementerie. Abîmé par 150 ans d’occupations diverses de ce type, l’ensemble a été restauré en 1981. Il est depuis redevenu un immeuble d’habitation à qui une partie de son ancien lustre a pu être restitué.

    41r8tGjZ+GLL'escalier avec les statues et les bustes photographié par Atget (Musée Carnavalet)

     

    Sont classées depuis 1980 les façades (elles comportent des arcades surmontant des pilastres, côté jardin des médaillons « les Eléments et les Saisons » s’intercalent entre elles) ainsi que les toitures de l'ensemble des bâtiments excepté la surélévation du 19e siècle. Le portail sur rue lui aussi est protégé (le tympan est un bas-relief en bois formé d’un monogramme encadré de deux génies), de même que le mur de clôture de la cour d'honneur, le grand escalier dont il est souvent dit qu’il est un des plus beaux de Paris avec sa cage et sa rampe en fer forgé. A l’intérieur d’autres éléments sont inscrits, l'ancien grand vestibule avec bas-reliefs de fleurs, les corniches des salons du rez-de-chaussée côté jardin et le fragment conservé du décor d’un dessus-de-porte en stuc, sans oublier les corniches des salons du premier étage côté jardin. Même les caves avec leurs piliers et le jardin donnant rue de Beauce font l’objet d’une protection.

     

    A2454c4ef34cf5da33fc0e13ee2d079eDessin préparatoire pour la construction de l'Hôtel

     

    Il est indéniable, comme le souligne Danielle Chadych dans son ouvrage « Le Marais – Evolution d’un paysage urbain », que Pierre Bullet a réalisé un tour de force en élevant ce très bel édifice sur si peu de surface. Exploit d’autant plus remarquable que l’ensemble parait léger, sans lourdeur, un travers qui avait été pourtant reproché à l’architecte pour la Porte Saint-Martin jugée par ses contemporains par trop massive.

    Propriété privée, l'Hôtel ne se visite pas.

    Dominique Feutry

     

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  •  Turenne_rue_de_56_Scarron_Crebillon_01_miniFaçade du 56 rue de Turenne (IIIe) avec ses garde-corps ouvragés 

     

     

    A l'angle des rues de Turenne et Villehardouin (N° 17) se trouve un immeuble assez simple construit en 1638 avec d' autres maisons voisines (cf Le Marais Evolution d'un paysage urbain de D.Chadych) que loua Paul Scarron (1610-1660). Cet écrivain paralysé dès l'âge de 28 ans sans doute en raison d'une polomyélite, et non comme il l'a cru d'un bain trop froid, parvint malgré de dures suffrances à écrire une oeuvre littéraire abondante (romans, pièces de théâtre et poésies). Les spécialistes estiment que  "Le Roman comique", son oeuvre majeure, a inspiré Théophile Gautier lorsqu'il écrivit "Le capitaine Fracasse". Scarron disait avoir la charge de malade de la reine car il recevait une rente annuelle de cette derniére. Malgré sa mauvaise santé, le fait qu'il ne se déplaçit qu'en fauteuil roulant, il épousa en 1652, il avait alors 42 ans, Françoise d'Aubigné la petite-fille  d'Agrippa d'Aubigné qui deviendra plus tard la célèbre marquise de Maintenon, la maîtresse de Louis XIV. 

    Scarron tenait dans cette maison un salon littéraire réputé où se pressaient les grands noms d'alors tels Ninon de Lenclos, Scudéry… Cinq domestiques étaient au service de l'écrivain qui menait un certain train. Ainsi le tableau de Nicolas Poussin  intitulé "Le ravissement de Saint Paul" qui est aujourd'hui exposé au Louvre lui a appartenu.

    ScarronmGravure représentant Paul Scarron

     

    Curieusement, c'est dans ce même édifice que s'installa plus tard Prosper Jolyot de Crébillon ( 1674-1762) connu pour ces tragédies (Idoménée, Electre…) souvent appelé "le prince de l'épouvante" tant ses pièces aux intrigues compliquées étaient noires. Certains contemporains ont raconté qu'il vivait rue Villehardouin avec une vingtaine de chiens, dans la saleté et le laisser-aller jusqu'au moment où devenu académicien il reçut lui aussi une rente annuelle de Madame de Pompadour. Il ne doit pas être confondu avec son fils Claude Prosper Jolyot de Crébillon qui connut aussi la célébrité. On peut imaginer qu'il venait à cet endroit pour rencontrer son père. 

    220px-Crébillon_Père_2Gravure représentant Crébillon père

     

    A vécu dans cet immeuble Alain René Lesage (1668-1747), l'auteur de " " L'histoire de Gil  Blas de Santillane" son oeuvre maîtresse, mais aussi "Crispin rival de son maître" et "le diable boîteux" qui le rendirent fort célèbre malgré une grande modestie. Lesage s'est beaucoup inspiré de la littéature espagnole dont il était le spécialiste en son temps.

    220px-Alain-René_Lesage

    Portrait d'Alain-René Lesage 

     

    Dans cet immeuble au demeurant modeste de la rue de Turenne, il est difficile d'imaginer qu'une riche vie littéraire s'y soit déroulée… 

    Dominique Feutry

     

     

     

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    1ecol_mas1 L'Hotel de Fieubet ou de la Valette, 2 bis quai des Célestins (IVe)

     

    En débouchant de la bibliothèque de l'Arsenal, on aperçoit à l'angle de la rue du Petit Musc et du quai des Célestins, un immeuble dont la façade est chargée de sculptures représentant des chutes de fruits, guirlandes, trophées, pots à feux, draperies, cariatides et mascarons en tout genre sur la façade dans un style néo-baroque italo-espagnol.

    Ce bâtiment qui abrite l'école Massillon est un ancien hôtel particulier appelé tour à tour Hôtel d'Herbault, de Fieubet, de Mareuil et enfin de la Valette…

    En 101 Raymond Phelypeaux, seigneur d’Herbault se rend acquéreur d'un cet endroit qui fut vendu ensuite en 1676 à Gaspard de Fieubet, le Chambellan de la reine Marie-Thérèse. Ce dernier va faire de sa demeure, au début du régne de Louis XIV, un lieu remarquable, les travaux dureront 5 ans.

     1ecol_mas9 La façade XIXe néo baroque 

      

    Si l'extérieur est simple et classique (un corps de bâtiment avec deux ailes) dû à Hardouin Mansart, l'intérieur est somptueux avec la participation des meilleurs artistes de l'époque dont Lesueur qui a aussi décoré l'Hôtel Lambert et dont une partie des décors a disparu dans l'incendie de juillet 2014 (article du ). Le Louvre conserve quelques témoignages des réalisations de Lesueur pour cet Hôtel. Une chapelle a même été prévue, l’échauguette actuelle, sur la rue du Petit Musc servant d'oratoire. Madame de Sévigné comme d'autres personnages importants de l'époque ont fréquenté les salons et les jardins de l'Hôtel. La demeure fut occupée par les descendants de Gaspard de Fieubet jusqu’en 1752.

    La propriété est passée ensuite en diverses mains, avant d'appartenir à partir de 1769 et pendant prés d'un demi siècle à la famille Boulai de Mareuil qui embellit l'immeuble avec des œuvres dignes de musées dont des Van Dyck.

    Ce sont deux industriels qu achetèrent l'immeuble peu après la chute du Premier Empire. Les locaux furent loués à un raffineur de sucre, des chaudières et cheminées d’usine furent installées dans les cours arrières. Le demeure perdit alors tout son éclat entraînant la destruction des jardins attenants et la vente des œuvres d'art qu'elle contenait. Des bâtiments utilitaires furent même ajoutés. 

     

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     Le clocheton ajouté au XIXe 

      

    A l'abandon l'Hôtel fut repris en 1857 par le rédacteur en chef de l'Assemblée Nationale, Adrien de la Valette qui recourut à Jules Gros pour redonner du lustre à l'ensemble en utilisant abondamment toute cette ornementation abondante très second empire dont nous avons parlé plus haut. Il semblerait qu'un canal souterrain ait alors été construit pour permettre aux invités de rejoindre en gondole depuis la Seine la salle à manger. C'est à cette époque que fut édifié le clocheton.

    Mais l'argent manquant, l'édifice fut à nouveau abandonné jusqu'à ce que des obus traversèrent les combles durant la Commune. En 1877 l'école Massillon prend possession de lieux. Elle y est toujours aujourd'hui et la pérennité de sa présence fait qu'elle a donné son nom à l'Hôtel, à tel point que peu de personnes savent aujourd'hui qu'il s'est appelé autrement par la passé.

    Dominique Feutry

  • La_maison_tropicale_de_Jean_Prouvé_(Nancy)_(7899627842)La maison tropicale de Jean Prouvé

     

    Tous ceux et celles qui passent devant le Centre Pompidou rue Beaubourg (IVe) n'imaginent pas que ce bâtiment a un lien avec Jean Prouvé le célèbre designer et architecte dont les productions, qu'il s'agisse de meubles de ferronnerie d'art, de prototypes, de constructions… atteignent des sommets dans les ventes aux enchères et chez les antiquaires spécialisés. L'un d'eux a été installé un temps rue Vieille du Temple (IIIe).

    Pourtant Jean Prouvé, fils du peintre et sculpteur de l'école de Nancy, Victor Prouvé, fut le président du jury international qui en 1971 imposa le projet des architectes Renzo Piana et Richard Rogers. Nombreux furent à l'époque ceux qui ont vu dans ce choix l' «héritage culturel» de Prouvé pour cette construction "avant gardiste" (structure en acier plié et flexibilité des espaces).

    Il est difficile de résumer en quelques lignes Jean Prouvé. Ferronnier d'art de formation, on lui doit le portail d'entrée de la fameuse Villa Reifenberg à Paris dont l'architecte fut Robert Mallet-Stevens ou la porte du casino de Saint-Jean de Luz. Il se rend vite compte que son avenir est plutôt de suivre les évolutions de la société et de concevoir des productions industrielles de meubles et même de maisons plus économiques, plus fonctionnels et donc plus abordables en termes de prix.

      JeanprouveJean Prouvé

     

    Il dessine et produit dans ses ateliers qu'il crée en 1931 dans la banlieue de Nancy, il a alors 30 ans et travaille pour de ombreux ouvrages, des sanatoriums, la maison du peuple à Clichy… Humaniste, il octroie alors à son personnel les congés payés et l'intéressement bien avant que les lois ne les rendent obligatoires. Après la guerre, ne pouvant pas faire face seul aux investissements nécessaires pour développer son affaire, il fait appel à des investisseurs qui l'évinceront de son entreprise.

    Qu'à cela ne tienne il en fondera une autre car Jean Prouvé n'en a pas fini pour autant, il se voit d'ailleurs confier la réalisation du pavillon du centenaire de l'aluminium en 1954 qui sera monté sur les quais de Seine. Il participe aussi à la construction et l’aménagement de résidences universitaires. Les chaises et tables en tôle pliée et contreplaqué où certains d'entre nous ont usé leurs fonds de culotte sont de sa création dans les années 50.Toujours le même souci de parvenir à des bas coûts de production. Le paradoxe veut qu'aujourd'hui ce mobilier «industriel» est davantage coté que des pièces d'époque Louis XVI faites entièrement à la main !

    9f29e5d8e6630b57ea91d0eefd156336.jpg chaiseLa  fameuse chaise de Jean Prouvé qui est toujours reéditée

     

    Jean Prouvé a travaillé sur «la maison des jours meilleurs» voulue par l'abbé Pierre, à un prototype de maison tropicale mais aussi sur le siège du parti communiste place du Colonel Fabien, pour l'aérogare d'Orly Sud, le CNIT et la tour Nobel à La Défense, le musée du Havre, le Palais Omnisports de Bercy …ainsi que des réalisations à l'étranger. Il a inventé de nombreux procédés spécifiques de construction dont le plus connu est la «toiture réticulaire à surface variable».

    Comme professeur au CNAM, il a pu transmettre à ses étudiants son savoir et son expérience sur la construction industrielle tout en défendant, ce qui a été son souci constant, l'intégration des constructions dans leur environnement.

    Dominique Feutry

     

  • Menu_icon_867L'Hôtel Donon, côté jardin,  qui abrite le Musée Cognacq-Jay 8 rue Elzévir (IIIe)

     

    Lorsqu’est évoqué le vocable Donon, les férus de géographie pensent immédiatement au Col du même nom qui culmine à 727 m dans le massif des Vosges. Mais dès que ce nom est associé au Marais alors votre interlocuteur fait le lien avec ce bel hôtel particulier situé 8 rue Elzévir (IIIe) qui qui abrite les collections réunies au début du XXe siècle par les créateurs de la Samaritaine les Cognacq-Jay.

    Le bâtiment principal date du XVIe siècle et fut édifié en 1575 pour le Contrôleur des Bâtiments du Roi, Médéric de Donon, qui avait pour femme la fille du célèbre sculpteur italien Girolamo della Robbia. Donon profita du lotissement de terrains entrepris par les propriétaires, les religieux de Sainte Catherine des Ecoliers, pour acquérir ue parcelle. Il faut d’ailleurs souligner qu’à cet emplacement se trouvait l’ancienne enceinte de Charles V. Nous savons que Donon, fidèle d’Henri III fut un temps emprisonné à la Bastille par les Ligueurs et qu’il réintégra sa demeure où il mourut plusieurs années plus tard. 

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    L'exceptionnelle charpente de l'Hôtel Donon

     

    Du nom de l’architecte utilisé, nous ne savons rien. Certains ont avancé l’idée que la bâtisse ressemblerait à celle que Philibert Delorme possédait dans le secteur… Comme la plupart des beaux immeubles du Marais aux XIXe et début du XXe siècles, l’édifice a servi à abriter des activités commerciales et l’entretien était fort sommaire, mais c’est ce qui a permis aussi de le sauver.

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    Portrait du donateur Ernest Cognacq

     

    L’édifice est aujourd’hui dans son état d’origine si on exclut la façade sur rue et les ailes qui sont postérieures. Très classique et sobre, sans fioriture avec sa cour rectangulaire, son petit jardin à la française, l’Hôtel est assez étroit, ce qui lui donne l’apparence de hauteur amplifiée par le 2e étage des caves qui servaient de cuisines et par la toiture de forme pyramidale. Mais l’intérêt de ce monument, la partie la plus rare, se trouve être sa charpente. Un grand comble exceptionnel aux dires des spécialistes, un endroit qui sert d’espace d‘exposition et ouvert au public.

    La Ville de Paris a racheté ce monument classé en 1974 pour y réinstaller la collection d’œuvres d’art du XVIIIe siècle du couple Cognacq-Jay reçue en legs en 1928. Elle se trouvait auparavant boulevard des Capucines dans ce qui était alors la Samaritaine de Luxe.

     T12760106151727Une des salles d'exposition du Musée Cogancq-Jay

     

    En 1990 après la fin des travaux de restauration, l’Hôtel Donon accueillit cet ensemble qui comprend des œuvres des peintres français (Oeben, Chardin, Watteau, Greuze…) et étrangers (Canaletto, Guardi, Tiepolo, Rembrandt ou Reynolds…), un mobilier exceptionnel estampillé par les plus grands ébénistes, des tapisseries, des porcelaines, des pendules, de l’orfèvrerie, des sculptures … tout ce qui participe au raffinement de cette grande époque de l’art français.

    Le musée est ouvert du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00, l’entrée est gratuite pour les collections permanentes.

    Dominique Feutry

     

  •  Tour_st_jacquesLa Tour Saint-Jacques et le Square 39 rue de Rivoli (IVe)

     

     
    Les visites de la Tour Saint Jacques viennent de reprendre avec l’arrivée de l’été. Cette immense tour gothique flamboyant située au cœur du square du même nom 39 rue de Rivoli (IVe) constitue le dernier élément de l’église Saint Jacques de la Boucherie détruite à la Révolution.

    Il est difficile de connaitre exactement la date d’origine de la première construction effectuée en ce lieu. Trois niveaux de constructions ont été trouvés sur l’emplacement de l’église détruite sous la Révolution. Il semble qu’une église ait été édifiée sur l’emplacement d’une chapelle à cheval sur les XIe et XII siècles. Sans doute remaniée durant le XIVe siècle, elle possédait les reliques de Saint Jacques dit le Majeur ce qui en faisait un lieu de pèlerinage. C’est le roi Charles VI qui autorisa la corporation des bouchers installés alors sur son pourtour à fonder leur chapelle à l’intérieur de l’église d’où son nom « de la Boucherie ». L’église ne fut réellement consacrée qu’en 1414.

    StjacquesbouchGravure représentant l'église Saint-Jacques de la Boucherie (IVe)

     

    Le clocher, c’est-à-dire la tour actuelle, fut installé plus tard au début du XVIe siècle. Sa partie supérieure est très ouvragée et contraste avec la simplicité de sa base. Elle est alors surmontée d’une plate-forme avec quatre animaux ailés sculptés représentant les évangélistes et sur laquelle est posée une statue géante de Saint-Jacques (6 m) qui fut renversée à la Révolution sous les applaudissements des parisiens présents. La tour culminait alors à 55 m. Il est utile de souligner que jusqu’au règne de Louis XII, le prédécesseur de François Ier, qui le supprima, l’église jouissait du droit d’asile, ce qui protégeait les condamnés de la justice royale. Ce droit fut malheureusement plusieurs fois violé.

    Ainsi que nous l’avons écrit dans un article du 26 février 2013 de nombreux personnages importants de la finance, des nobles, des marchands, des bouchers se firent inhumer dans cet édifice, à commencer par Nicolas Flamel (il avait financé un des portails) ou Jean Fernel le médecin de Catherine de Médicis.

     

    Tour_St_Jacques01Lion ailé figurant Marc au haut de la Tour et les détails de la dentelle de pierre se trouvant au-dessous

      

    En 1797, l’église et la tour sont déclarés biens nationaux et vendus à un dénommé Dubois qui en fit une carrière. Heureusement le contrat de vente interdisait de détruire la Tour. Mais comme elle servit de fonderie de plomb de chasse, ce qui ne plaisait guère à certains habitants, ceux-ci poussèrent la Ville de Paris à la racheter, ce qu’elle fit en 1836. Elle acquit par la suite aussi en 1852 le terrain autour où avait été construit par les héritiers Dubois un grand marché de vêtements et de linge avec ses ruelles et son organisation qui fonctionna pendant 28 ans. C’est ainsi qu’est né le square actuel, la restauration notamment de la tour très abîmée est confiée à Théodore Ballu. Plus près de nous, en 2007, la Ville de Paris a entrepris une importante restauration des lieux.

    Qui imagine aujourd’hui l’opulence, liée à la richesse de la coporation des bouchers, qui a pu régner dans cette paroisse, le curé était alors un personnage très important. Les paroissiens étaient si nombreux que l'on rapporte que certains suivaient les offices à l'extérieur. Se représente t-on les rassemblements au pied de l'église pour le  pélerinage de Saint-Jacques de Compostelle ? Sait-on que la Tour a servi aux expériences barométriques de Pascal (sa statue est à la base de la Tour)  ? Enfin pouvons-nous concevoir que le clocher était équipé d’un carillon de 12 cloches, avec son carillonneur, la plus grosse cloche étant prénommée le « Gros Jacques » .

    Dominique Feutry

     

  •  Scb 002L'Hôtel Raoul de La Faye, avec ses fenêtres à meneaux et ses tirants, est sur la droite de la photo

     

    Un des rares bâtiments du début du XVIème siècle se trouvant encore en état, en plein cœur du Marais, est situé 5 rue Sainte-Croix de la Bretonnerie (IVe).  

     Scb 001La façade de l'immeuble XIXe derrière lequel se trouve l'Hôtel Raoul de la Faye

     

    Il s’agit de l’Hôtel Raoul de La Faye qui sert de local administratif, il n’est malheureusement  visible que lors des journées du patrimoine. Un immeuble du XIXème siècle construit à l'emplacement de la maison d'un ancien prévôt des marchands, Eustache Lhuilier, le cache de la rue. Aussi, rien ne laisse soupçonner une telle perle à cet endroit, au fond de la cour, sur son côté droit.

     

    Raoul faye

    Vue de l'Hôtel et ses colombages côté jardin

     

    Restaurée, classée depuis 1966 alors qu’elle était très abîmée, la bâtisse  a été réhabilitée  et  agencée comme à l’époque à l’aide de documents des Archives Nationales. Une fondation japonaise, Tanaka, a apporté les financements nécessaires. Un jardin médiéval finit l’ensemble et certains affirment que la vigne qui y pousse est la seule du Marais ?

     PuitsLe puits côté jardin

     

    Secrétaire du roi, il est admis que Raoul de La Faye fit construire l’édifice, d'où son nom. Les plafonds sont pour certains peints ainsi que les solives. Il existe aussi de très belles  boiseries.  L’escalier agrémenté d’un dauphin et d’une sphinge sculptés est quant à lui d'époque Louis XVI avec de beaux balustres carrés caractéristiques.

    Dominique Feutry

     

  • Photo lXVII mai3Le triste état actuel de la plaque scellée sur le mur de la mairie du IIIe rappelant l'endroit où fut emprisonnée la famille royale lors de la Révolution (photo VlM!)

     

    Nombre de lecteurs de notre blog nous alertent et manifestent leur étonnement de voir l’état indigne dans lequel se trouve actuellement la plaque rappelant l’endroit où fut détenue la famille royale, c’est à dire la prison du Temple, lors de la Révolution.

    Cette sobre plaque, surtout indicative, est apposée sur le mur de la Mairie du IIIe arrondissement. Elle est fendue et un morceau important est manquant. Il y a quelque temps, ayant subi déjà des dégradations, les morceaux avaient été recollés, mais cette fois, trop abîmée, la plaque doit être remplacée.

    Les esprits chagrins s’exprimeront et trouveront, les années passant, que ce type de plaque commémorative/souvenir n’a plus grand intérêt. Les préoccupations actuelles sont autres et surtout d’un autre ordre. A quoi bon dépenser de l’argent pour la remplacer et puis cela coûte cher, les caisses ne sont pas si pleines, les priorités sont ailleurs.

     800px-Autre_tourelle_de_grosse_tourPhoto du tracé, lorsqu'il était encore bien visible, des tourelles du donjon du Temple rue Eugène Spuller

     

    Pourquoi aussi repeindre le tracé du bâtiment qui s’efface progressivement sur la chaussée devant la Mairie ou utiliser des clous ou des pierres plus pérennes ?

    Nous prétendons, au-delà de nos convictions propres, que notre Histoire est le ciment de notre société et qu’elle nous aide à comprendre les évolutions actuelles et futures. Elle ne doit donc pas être négligée.

    Nous pourrions à cet égard citer deux figures importantes du XXe siècle, Churchill et Alain.

    L’artisan de la victoire de 1945 n’a pas manqué à ce propos de dire « qu’un peuple qui oubliait son passé se condamnait à le revivre ».

    Le célèbre philosophe, quant à lui, a écrit que  " l’Histoire était un grand présent et pas seulement un passé ".

    Nous espérons que les édiles du IIIe qui ont approuvé un voeu émis dans ce sens en conseil de quartier, auront à cœur de remettre en état ce que leurs aînés nous ont laissé.

    Dominique Feutry

     

  •  Strategique-foret

     

    Du 15 au 29 juin la place de l’Hôtel de ville (IVe), comme le jardin éphémère installé l’an passé à la  même époque (notre article du 20 juin 2013), change d’aspect et se transforme cette année  en forêt. En effet, profitant du centenaire de la guerre de 14-18, la Mairie de Paris en lien avec le  Ministère de la Défense , l’Office des Forêts, l’Institut National de l’Information Géographique et Forestière ainsi que France Bois ont imaginé un exposition qui illustre autrement cet épisode de notre Histoire.

    Le Camp retranché de Paris (c'est-àdire les fortifications, telles des tranchées) édifié dans les forêts aux alentours de la capitale a ainsi été reconstitué, de même que les paysages forestiers détruits en prolongeant la réflexion sur les innovations qui depuis lors ont touché le bois et la forêt.  Deux cartes IGN ont été déployées représentant le territoire francilien, l’une abritant le camp retranché de Paris et l’autre le territoire concerné tel qu’il se présente aujourd’hui. Les visiteurs pourront se déplacer sur ces cartes. Bien entendu le parcours est illustré de documents, de photographies d’archives qui permettent de mieux comprendre  ce qui s’était passé lors de ce conflit et ce qu’il est advenu après.

     538x797xaffiche-1914-2014-strategique-foret-hotel-de-ville_jpg_pagespeed_ic_L0igM5lPv5L'affiche de l'exposition

     

    Nous avons remarqué dans cette intéressante exposition que le sujet des bois mitraillés n’était pas mentionné. Il faut savoir en effet qu’après la guerre tous les arbres qui avaient reçu des balles ou des éclats d’obus sont devenus "impropres à la consommation ». Les morceaux de métal incrustés provoquent pendant la croissance de l'arbre l’apparition de trainées noires indélébiles jusqu’au cœur du bois. De plus lors du sciage les lames de scies peuvent être fortement endommagées lorsqu’elles rencontrent du métal.

    Une exposition gratuite à voir care elle est inattendue à cet endroit et sur ce thème.

    Dominique Feutry