Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Histoire

  •   Photo-5Vue de l'entrée et de la cour du Petit Hôtel d'Estrée 70 rue des Gravilliers (IIIe) – (Photo VlM) 

     

    Si ce n’était son grand portail peint en noir entouré de deux mascarons et sa façade XVIIIème siècle en pierres de taille, nous ne ferions pas attention à ce petit hôtel particulier dénommé le Petit Hôtel d'Estrées situé au 70 rue des Gravilliers (IIIe) tant le recul est insuffisant pour l'admirer.

    Il fait face à l’Hôtel où habita Gabrielle d’Estrées pour laquelle Henri IV eut une vraie passion et lui fit trois enfants. Le rez de chaussée et la cour de l’immeuble sont aujourd’hui occupés par un restaurant connu, le 404.

    PetitEstr_facadeLa façade sur rue du Petit Hôtel d'Estrées. Du pur XVIIIe

     

    Construit comme immeuble de rapport par la famille Dalençon-Dorville en 1737 le Petit Hôtel est un véritable bijou. La façade possède un joli décor sculpté fait de consoles, de mascarons, d’ailerons sur volutes qui s'ordonnent sur la travée centrale. Si l’on a la chance de voir ouverts les lourds battants du portail, alors il est possible d’admirer le large porche qui forme vestibule dans sa deuxième partie et débouche sur une petite cour quadrangulaire à pans coupés particulièrement bien entretenue, superbe telle une bonbonnière. Les façades latérales s'ouvrent par des baies dites « en anse de panier » sur deux escaliers. La peinture des portes, grilles et fenêtres est de la même couleur que la pierre ce qui donne une très belle unité à l'ensemble. Les façades ainsi que le toit sont classés depuis 1982.

     F21_itemPhoto fin XIXe réalisée par Atget

     

    Cet immeuble fait partie de ces découvertes que nous offre à l’infini notre riche quartier du Marais.

    Dominique Feutry

     

  •  Photo sigle

     

    Lors des Journées du Patrimoine 2013, nous recommandions entre autres visites, celle de la Bibliothèque des Amis de l’Instruction (article du 12 septembre 2013). Celle-ci est installée depuis 1884 dans l'Hôtel de Gourgues-Montrésor 54 rue de Turenne (IIIe).

    Cette institution, devenue propriété de la Ville de Paris, a été fondée en 1861 par une association d'artisans, d'ouvriers, d'employés qui souhaitaient emprunter les livres de leur choix. Celle qui est visible aujourd'hui est la seule bibliothèque de ce type qui ait survécu.

     

    GourguesL'Hôtel de Gourgues 54, rue de Turenne (IIIe), la petite porte de gauche est l'entrée de la bibliothèque

     

    L'instigateur est un imprimeur, lithographe : Jean-Baptiste Girard (1821-1900). Constituant une association en 1861, les fondateurs (artisans, ouvriers, mais aussi professeurs) achètent des ouvrages que les lecteurs empruntent contre une modique cotisation. Les «associés» guident les achats alors que les dons de livres affluent. Les lecteurs passent de 300 la première année au double l’année suivante.

    D'autres bibliothèques voient alors le jour et le réseau se réunit en un syndicat qui permet d’organis des conférences prisées et très suivies. La lecture était ainsi rendue populaire auprès des classes les moins favorisées, une forme d'émancipation populaire dont étaient tous convaincus les fondateurs qui en avaient fait un programme d'instruction.

     

    Photo bureauUne des pièces de la bibliothèque des Amis de l'Instruction 

     

    Beaucoup d’œuvres d'auteurs connus figurent en bonne place. Le fonds encyclopédique est d'environ 20.000 volumes en édition ordinaire de 1850 à 1920, qui ornent les murs des quatre pièces, formant un décor inattendu du XIXe siècle, avec le mobilier typique d’un cabinet de lecture de cette époque.

    Des permanences ont lieu régulièrement [le samedi de 15h à 19h, les 1er et 3e dimanches du mois de 10h à 13h et sur rendez-vous (hors vacances scolaires)]. Des soirées de lecture sont organisées sur des auteurs ou à des thèmes du XIXe. Ainsi une conférence est au programme le 12 juin prochain à 19h30 consacrée à la vie et à l’oeuvre du grand conteur roumain d’expression française, Panaït ISTRATI.

    Dominique Feutry

     

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     Religieuse du Tiers ordre de Saint François de l'étroite Observance en habit de choeur

     

    Nous vous présentons aujourd'hui un ouvrage qui vient de sortir écrit par Dominique Sabourdin-Perrin  publié chez  l'Harmattan et que nous vous recommandons afin de mieux connaitre l'histoire de notre quartier au passé si riche. Son titre :

     

    LES DAMES DE SAINTE-ÉLISABETH
    Un couvent dans le Marais (1616 -1792)

     

    Il concerne le couvent des Dames de Sainte Elisabeth, rue du Temple, dont Il ne reste que la chapelle du couvent, l'église Sainte-Elisabeth. En passant devant celle-ci en effet rien ne laisse supposer qu’elle faisait partie d’un vaste monastère, aujourd’hui disparu.

    Ce lieu de notre arrondissement, fort prisé des membres les plus importants du Parlement de Paris, des ministres de Louis XIV, des financiers de notre quartier, dont certaines rues portent le nom, a été complétement oublié des ouvrages concernant Paris. Pourtant s'y sont déroulées des cérémonies importantes sous le patronage de Saint Francois de Sales et Saint Vincent de Paul.

    Plusieurs chanceliers de France y sont inhumés, et Madame de Sévigné n'a pas manqué de les relater.  En cet endroit les reines, Marie de Médicis et Anne d’Autriche, une favorite royale, Madame du Barry, des chanceliers de France, Séguier, Voysin, des écrivains, des peintres, Charles Le Brun, des hommes d’église de grande renommée, tels Bérulle, Condren, Camus, sont venus prier, travailler.

     

    Eglise-sainte-elizabethL'église Sainte-Elisabeth, 195 rue du Temple (IIIe)

     

    L'auteur, Dominique Sabourdin-Perrin, réside depuis plus de quarante ans dans le quartier du Temple. Capétienne, Docteur ès lettres, professeur de lettres modernes en collège et lycée, conférencière, chevalier des palmes Académiques, elle s’est intéressée à ce quartier de Paris chargé de souvenirs, publiant livres et articles, particulièrement dans la revue Histoire du IIIe arrondissement. 

    L’historienne,  après de nombreuses recherches, a retrouvé le nom des trois cents religieuses qui ont vécu dans ce couvent, pendant 176 ans, découvrant que la plupart de ces femmes appartenaient aux plus grandes familles du Parlement et de la municipalité de Paris. Elle raconte leur vie quotidienne, de leur entrée au monastère jusqu’à leur décès. Bien qu’elles aient vécu en clôture, elles n’ont pas échappé aux évènements qui se sont déroulés de 1616 à 1792.

    Ce livre les fait sortir de l’anonymat et interroge le lecteur sur les raisons qui ont fait disparaître ce monastère de l’espace urbain et de l’histoire de Paris.

     

    LXVIILouis XVII

     

    Attachée à la mémoire de Louis XVII et de la famille royale emprisonnée au Temple, Dominique Sabourdin-Perrin a aussi écrit "Les Oubliés du Temple" (Editions Persée) et une pièce de théâtre qui a été donnée plusieurs fois à Paris, notamment à la mairie du IIIe : "Les Enfants du Temple".

     

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    Paris-Tour-Bourgogne2

     Tour Jean Sans Peur 20 rue Etienne Marcel (IIe)

      

    Édifiée au début du XVe siècle par le duc Jean Ier de Bougogne, régent du  royaume sous le règne de Charles VI, la Tour Jean Sans Peur (notre article du 9 janvier 2010) qui se dresse un peu en retrait 20 rue Etienne Marcel (IIe) faisait partie du Palais des ducs de Bourgogne.

    Il s'agit de la plus haute tour civile de cette époque qui ait été conservée à Paris. On retiendra le magnifique escalier à vis qui s'y trouve dont la voûte figure parmi les chefs d'œuvre de la sculpture française. De nombreuses et intéressantes expositions, des conférences  sont régulièrement consacrées à la vie quotidienne au Moyen Age.

    Ce week-end, c'est-à-dire les samedi 24 et dimanche 25 mai, de 13h30 à 18h00, une animation spécifiquement médiévale est organisée dans ce magnifique édifice avec des jeux, des démonstrations de gens d'armes, des chants, des danses et autres activités retraçant les spécificités de cette époque.  

    Une visite est vivement recommandée pour ceux qui ne connaissent pas cet endroit surprenant.

    Dominique Feutry

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    800px-Hotel-d'Albret-31-rue-des-FFaçade sur rue de l'Hôtel d'Albret 29 bis-31 rue des Francs Bourgeois (IVe)

     

    Une décision prise récemment par le Conseil de Paris permet à l’ancien Maire de Paris de disposer d’un bureau dans un prestigieux Hôtel particulier situé en plein centre du Marais, l’Hôtel d’Albret, 29 bis-31 rue des Francs Bourgeois (IVe).

    Voilà qui nous donne l’occasion de faire l’historique de cette magnifique construction.

    Bâti entre 1546 et 1563 pour le Trésorier de l’Extraordinaire (il s’occupe du financement des guerres) Pierre Le Jay, l’Hôtel d’Albret est acquis dès son achèvement par le Connétable de Montmorency qui le revend en 1586 au financier italien Mario Bandini. Ce dernier 20 ans plus tard, le remanie, l’agrandit et procède à une ouverture sur la rue des Francs Bourgeois. Gabriel de Guénégaud, Trésorier de l’Epargne (il gère les revenus du domaine royal) achète l’ensemble en 1630 et y ajoute des logements de service et des communs. Son fils à qui l’on doit la construction de l’Hôtel de Guénégaud (notre article du 27 mars 2014) poursuit les travaux en s’attachant les services de François Mansart. Sa sœur, la maréchale d’Albret hérite du bien dans lequel se déroule alors une vie brillante. Charles du Tillet en devient propriétaire à partir de 1740.

     

    Hotelalbret1Façade arrière de l'Hôtel d'Albret

     

    La très belle façade sur rue date de cette époque avec son style rocaille, son balcon galbé et sculpté dus aux talents des architectes J-B. Vautrain et J-B. Couronne. Ce dernier a réalisé le château de Villarceaux de style Louis XV à Chaussy (Val d’Oise). Le bâtiment au fond de la cour est de style renaissance.

    Utilisé, comme beaucoup de bâtiments du quartier du Marais, en locaux commerciaux durant le XIXe siècle et au début du XXe (le siège du célèbre fabricant de luminaires Baguès se trouvait à cet endroit), l’Hôtel a été racheté par la ville de Paris qui le restaure et y installe en 1989 la Direction des Affaires Culturelles de la Mairie de Paris.

    Une bien jolie demeure qu’admirent badauds, riverains et passants et qui sert désormais d’écrin pour abriter le bureau de l'ancien Maire de Paris. Un précédent qui fera sans doute jurisprudence à l’avenir.

    Dominique Feutry

     

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    Paris,_Maison_d'OurscampLa maion d'Ourscamp 44-46, rue François Miron (IVe)

     

     

    Une façade renaissance 44-46 rue François Miron (IVe) sans faste avec ses fenêtres à meneaux et ses deux lucarnes en pierre décorées de pilastres et de frontons triangulaires lui donnant toute sa noblesse mais aussi sa simplicité, telle apparaît la maison d'Ourscamp classée Monument Historique en 1966.

    Cet édifice est assez emblématique du Marais puisqu'il est le siège de l'Association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du Paris historique  depuis 1963 à qui l'on doit sa restauration (lire  notre article du 27 novembre 2012 sur le Festival du Marais).

    Cette maison appartenait à l'origine à l'abbaye cistercienne d'Ourscamp installée dans l'Oise depuis le XIIe siècle. Elle était utilisée comme résidence par l'Abbé, les novices étudiant à Paris mais surtout elle possède un cellier qui permettait d'entreposer en attendant leur vente, les marchandises produites par l'abbaye. Les moines devront s'en séparer au XVIe siècle, elle sera alors louée puis reconstruite avant d'être vendue comme bien national à la Révolution. Devenue en 1874 propriété de la Ville de Paris, la mise en œuvre du Plan de Sauvegarde du Marais (PSMV) dans les années 1960  l'a sauvée de la démolition à laquelle elle était promise du fait de sa dégradation,   la Ville n'entreprit pas pour autant les travaux de restauration qu'elle laissa à la charge de l'Association Paris Historique.

     

    PHO225cc9fc-cf93-11e2-9da0-78744fbfc724-805x453Le cellier médiaval datant du XIIIe siècle situé  sous la maison d'Ourscamp (Photo le Figaro)

     

    Ce qui fait la particularité de ce bâtiment est en fait ce que l'on ne voit pas, son cellier de prés de 200 m2 datant des origines de la construction au XIIIe siècle. Il est formé de de trois nefs  et de quatre travées voûtées d'ogives, séparées par des colonnes à chapiteaux géométriques. L'arrière de la maison est intéressant, il est formé de deux petites ailes en "U" abritant les escaliers à balustres qui encadrent une petite cour à pans de bois

    En s'adressant à l’association Paris Historique, il est possible de visiter la maison d'Ourscamp. 

    Dominique Feutry

     

     

  •   Paris_3_herculeLa statue de Turenne enfant due à Lucien Benoit Hercule

     

     De son vrai nom Henri de la Tour d’Auvergne mais aussi prince de Sedan, duc de Bouillon, Turenne (1611 -1675) est plus connu sous ce dernier vocable. Notre quartier a la chance d'avoir une statue représentant l'illustre personnage sur une placette au 111 de la rue portant son nom. Cette œuvre est due au ciseau de l'artiste Lucien Benoit Hercule (1846-1913).

    Lucien Benoit Hercule est un sculpteur originaire de Toulon. Il y a appris son métier à l'atelier de sculpture de l’arsenal. Couronné par des prix notamment lors d'expositions universelles, il obtint des commandes publiques pour les musées de Rouen de Toulon ou pour l’Hôtel de Ville de Paris, ce qui l'amena à réaliser cette statue de Turenne enfant.

       Turenne plastronDétail des dessins du plastron 

     

    Bien équilibrée et très classique à la fois, la statue est de petite taille, elle repose sur un piédestal en pierre sur lequel est gravé le nom de son auteur. Tout en détail ce bronze mérite d'être examiné de prés. Le souci des dessins du plastron, l'ondulation de la chevelure ou les nœuds sur les souliers que porte le futur maréchal sont remarquables. Le pied gauche de la statue foule un fût de canon sur lequel est gravé le nom du sculpteur.

    Quant à la main gauche, elle tient une épée qui, vue de loin, pourrait laisser penser qu'il s'agit d’une croix

    Turenne noeudsDétail montarnt le noeud d'une des chaussures appuyée sur un fût de canon 

     

    La rue de Turenne est née de la réunion en 1865 des anciennes rues Saint-Louis et de L'Egout. Elle doit son nom actuel à la présence d'un hôtel bâti en 1620 aujourd’hui disparu qui s’étendait des N° 66 à 70 et qu'occupa justement Turenne. La Bruyère y résida aussi. 

    Dominique Feutry

     

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    20140415_132739-734fdVitrine d'époque Restauration 79 rue Vieille du Temple (IIIe)

     

    Il n'est pas toujours besoin de se rendre au Musée Carnavalet pour découvrir que le Marais recèle de raretés comme les façades anciennes de magasins. Nous avons en effet le privilège de pouvoir en compter deux, tout à fait exceptionnelles, d’époque Restauration. Malheureusement elles ne sont pas mises en valeur comme elles le devraient. Arrêtons nous sur ces deux magasins.

    Photo 1 bisDétail du haut d'une boiserie du magasin 79 rue Vieille du Temple (IIIe)

     

    L'un d'eux est situé rue Vielle du Temple (IIIe) au N° 79. Il abrite une boutique de prêt à porter à l'enseigne « AMBALI ». La devanture, classée en 1925, est typique du style du premier quart du XIXe siècle. La porte centrale est encadrée par deux montants en forme de colonnes plates terminées par deux chapiteaux corinthiens. Ceux-ci supportent un linteau sculpté de dessins entrelacés autour d'une tige terminée par des palmettes qui traversent un médaillon central figurant une divinité de la mythologie. Les deux boiseries de chaque côté du magasin rappellent les colonnes de la porte .

    Elles sont ornées sur leur patrie supérieure d’une couronne de lauriers à l’intérieur de la quelle figure un vase. L'ensemble travaillé et sobre à la fois est du plus bel effet mais souffre de la couleur qui le recouvre. Trop sinistre, le noir fond et noie dan la masse les détails nombreux qui donnent toute sa spécificité à la devanture. Dommage !

     

    Photo 2La devanture Restauration du 13 rue Michel Le Comte (IIIe) (Photo VlM!)

     

    Au 13 rue Michel le Comte (IIIe) un magasin, bien mal entretenu et à vendre, fait face au parking jouxtant l'horrible bâtiment abritant notamment le gymnase et le centre des impôts. Il offre un témoignage intéressant d'une devanture classique de la même époque que le magasin décrit précédemment.

    La porte d'entrée est encadrée elle aussi de deux colonnes qui sont plus ouvragées. Elles sont canelées sur toute leur longueur et se terminent par un chapiteau corinthien très ouvragé avec des entrelacs, des grappes de raisin et des feuilles de vigne. Chaque vitrine est formée de deux vitres se terminant en arc de cercle. Nous retrouvons ce même verre en arc de cercle protégé par une croix de Saint-André au-dessus de la porte. La disposition de ces vitres donne tout son équilibre à l'ensemble dont le classement n'est intervenu qu'en 1984. les 3 couleurs employées, bordeaux, noir et or sont bien dans l'esprit de l’époque.

    Il serait intéressant que tout ce secteur sale et souvent en mauvais état puisse être réhabilité afin de redonner tout sont lustre à cette partie de la rue Michel Le Comte, un axe très fréquenté qui fait bien peine à voir… D'autant que cette devanture est repérée "à conserver" dans le PSMV révisé du Marais.

    Dominique Feutry

     

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    Maison_Herouet
    L'Hôtel d' Hérouet 54 rue Vieille du Temple et à l'angle de la rue des Francs Bourgeois (IIIe)

     

    L’Hôtel Hérouet est situé au 54 rue Vieille du Temple (IIIe). Edifié au début du XVIe siècle par le secrétaire et Trésorier de France auprès du duc d’Orléans, Jean Hérouet, il resta dans la même famille jusqu’en 1582. Il devint ensuite successivement la propriété des Pelloquin, Tillet puis Villarceau.

    L’encoignure en encorbellement et octogonale qui attire l’œil est remarquable. Elle a été installée à l’angle de la maison et dispose d’une fenêtre trilobée facilitant l’observation de l’animation du quartier. Elle est de style gothique flamboyant tardif car conçue juste avant la Renaissance.

    Cette tourelle est la seule partie qui n’a pas été reconstruite à la suite du bombardement d’août 1944 qui a mis très à mal le carrefour rue Vieille du Temple-rue des Francs Bourgeois dont on voit bien que les constructions sont récentes. Elles remplacent des bâtisses datant souvent des XVIe et XVIIe siècles qui existaient avant cet épisode sanglant.

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    Paris a en effet été attaqué par des junkers de la Luftwaffe dans le nuit du 26 au 27 août alors que les parisiens venaient de fêter dans l’allégresse la reddition du Général von Choltitz. Arrivés d’aérodromes du Nord de la France, de Belgique et de Hollande, les avions ont fait 189 morts et 890 blessés dont 66 morts et 118 blessés pour les seules rues des Francs Bourgeois, Vieille du Temple et Rambuteau. L’immeuble au 46-48 rue des Francs Bourgeois s’est effondré et compta à lui seul 21 morts ! 

    MEDIUM~3L'Hôtel d'Hérouet après le bombardement de la nuit du 26 au 27 août 44

     

    Cet épisode de la fin de la dernière guerre est malheureusement méconnu aujourd’hui. Bien qu’un député réclamât la démolition des vestiges du bombardement, il en fut décidé autrement pour l’Hôtel d’Hérouet. Sa reconstruction fut donc entreprise en restituant au mieux l’aspect d’origine sachant que la tourelle qui met en avant cette rare construction de la pré Renaissance a été la moins abîmée.

    Mais qui se souvient aujourd'hui, en comtemplant ce joli édifice, de cette nuit sanglante d'août 44 ? 

    Dominique Feutry

     

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    448px-P1030858_Paris_IV_rue_Eginhard_rwkLa rue Eginhard (IVe). Au fond, la rue Saint-Paul 

    Le N° 31 de la rue Saint-Paul (IVe) donne accès à une voie très étroite et coudée qui a gardé l’aspect des temps anciens, celui-ci n’a pas changé depuis le XVIIe siècle. La rue Eginhard, puisque c'est d'elle dont il s'agit, mesure 3 m de large et 39 m de long. Elle conserve ses pavés avec un caniveau central, une borne fontaine (peut-être un puits) en cul de sac, ainsi que des bornes en pierre comme il était d’usage autrefois pour protéger les piétons des voitures à cheval. Quant aux maisons, certaines ont gardé un petit jardin.

    Les spécialistes précisent que pour la plupart des constructions sont l'œuvre d’un maître-maçon dénommé Charles de Brécy. Celles sises du côté des numéros impairs appartenaient aux religieuses de l’hôpital Saint Anastase qui les donnaient en location. Les impostes formées des initiales en fer "AS" comme Sainte Anastase, nous rappellent cette époque.

    442px-P1040548_Paris_IV_rue_Eginhard_ancienne_fontaine_rwkLa Fontaine au fond de la rue Eginhard

    D’abord appelée ruelle Saint-Paul, puis rue Neuve Sainte-Anastase, son nom actuel lui a été donné en 1864, en souvenir du nom du chroniqueur de Charlemagne choisi sans doute du fait de la proximité avec la rue Charlemagne. Ce personnage important s’est vu entre autre confié la construction de la cathédrale d’Aix la Chapelle et nous le retrouvons bénéficiant, récompense du fils de Charlemagne Louis le Pieux, de l’abbatiat de l’abbaye normande de Saint Wandrille dans laquelle, bien des siècles après, l’abbé Pierre aimait venir se ressourcer. On sait aussi que le président magistrat François de Châteaugiron habitait au N° 18 à la fin du règne de Louis XIV. Le philosophe Jacques Naigeon (1738-1710) logea dans cette rue. Il fut, après avoir été apprenti dessinateur et peintre dans les ateliers de Vanloo et Lemoyne, surtout connu comme ami de Diderot et du baron d’Holbach avant de devenir membre de l’Institut.

    Une rue à voir qui présente toutes les caractéristiques pour le tournage d'un film historique.

    Dominique Feutry