Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Histoire

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    PD_p241L'Hôtel d'Effiat-Le Peletier en cours de démolition -1882- Photo Henri Godefroy (Musée Carnavalet) 
     

    Si la rue Vieille du Temple est connue pour abriter deux très beaux hôtels particuliers, l’Hôtel de Rohan et l’Hôtel des Ambassadeurs de Hollande, il y a eu aussi jusqu’à la fin du XIXe siècle un autre hôtel d’importance l’Hôtel d’Effiat, appelé aussi Le Peletier, qui se dressait à l’emplacement actuel de la rue du Trésor (IVe).

    C’est sur ce petit fief privé du Moyen-Age appelé le fief d’Autonne que l’on trouve au milieu du XVIe siècle trace de la propriété qui nous intéresse, une vaste maison avec cour et jardin. Elle appartenait à la famille de Marle dont les membres furent Ecuyer et conseiller du roi, avocat au parlement, prévôt des marchands et magistrat. La propriété, plus d’autres parcelles alentours, fut vendue au début du XVIIe siècle à Jacques Vignier, Surintendant de la Maison et des Finances du prince de Condé.

    Elle passa ensuite aux mains de Marie de Fourcy, veuve du maréchal d’Effiat qui avait été Surintendant des Finances. Elle lança alors avec l’aide de l’architecte Clement Métezeau des travaux jusqu’en 1637, visant à agrandir la demeure d’une aile de 20 m qualifiée alors de « rare beauté ». La façade ainsi édifiée comprenait 7 travées et 5 œils de bœuf entourant une magnifique lucarne. A sa mort héritaient un fils, abbé de son état et sa fille marié à un neveu du cardinal de Richelieu, qui louèrent puis vendirent l’Hôtel à Claude Le Peletier en 1696, alors locataire depuis 20 ans.

    Celui-ci devint Prévôt des Marchands puis à la mort de Colbert, Contrôleur des Finances. Le Peletier entreprit d’importantes transformations sur le corps de logis entre cour et jardin qui fut élargi, sans doute sur les conseils de Pierre Bullet l’architecte du Roi. La façade était semble–t-il d’après des descriptions d’une « grande austérité ». Seule la porte centrale était ornée d’un bas-relief représentant l’allégorie du commerce aujourd’hui exposé au Louvre.

      

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    Une partie du bas-relief qui ornait la façade de l'Hôtel d'Effiat-Le Peletier aujourd'hui au Louvre  

     

    L’Hôtel resta dans la famille jusqu’après la Révolution malgré les vicissitudes, puis louée et finalement cédée en 1800 à une riche famille de négociants de l’Aisne, les Mareuse. Ils représentaient la nouvelle bourgeoisie qui investissait le Marais à cette époque. L’Hôtel perdit progressivement, au gré des successions, son caractère résidentiel puisqu’un état de 1854 fait mention de 50 locations dont des artisans et des boutiques. Il faut signaler qu’habitait en ce lieu un représentant de thés en gros du nom d’Auguste Mariage. Vendu à un entrepreneur de travaux publics, loué à un architecte, la nue-propriété du bâtiment fut cédée à la Compagnie Foncière de France et d’Algérie. Le début de la spéculation était en route sous la houlette du même architecte Fouquiau.

    Compte tenu de sa surface et de sa profondeur, le terrain permettait de percer une voie privée et de le lotir après la démolition de l’illustre demeure. Alertés les photographes se pressèrent pour fixer les dernières images conservées aujourd’hui à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris et au Musée Carnavalet. C’est lors de cette mise à bas en 1882 que fut découvert un Trésor de 7.822 pièces d’or de l’époque de Jean II et de Charles V enterrées dans le jardin. Une trouvaille abondamment commentée par la presse. De chaque côté de l’impasse qui fut appelée en conséquence rue du Trésor furent érigés 8 petits immeubles de rapport.

      5101La rue du Trésor avec sur les côtés des immeubles de rapport construits en 1882 et au fond la fontaine 

      

    Afin de rendre la perspective agréable et ne plus voir l’arrière peu esthétique des maisons de rue des Ecouffes, un monument fut installé avec une fontaine et au-dessus, en son milieu, le moulage du bas-relief ornant la façade de l’Hôtel. Aujourd’hui la fontaine ne coule plus, l’ensemble remanié est plus austère, le bas-relief a été enlevé. Une fenêtre y a même été percée illégalement (nos articles des 8 décembre 2013, 14 et 20 janvier 2014).

    Ainsi disparut une grande demeure du Marais, mais faut-il rappeler qu’à l’époque la législation sur les monuments historiques était moins contraignante (notre article du 20 août 2013). C’est donc une chance que tant de monuments aient pu être néanmoins conservés dans le quartier.

    Cet article a été réalisé en grande partie grâce aux travaux de l'historien et universitaire Alexandre Gady.

    Dominique Feutry

     

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  • 14-18-PARIS-GUERRE-affiche-OK-

    A l'occasion du centenaire du début de la Grande Guerre, la Galerie des bibliothéques 22, rue Malher Paris IVe organise une rare exposition de photographies du photographe peu connu, Charles Lansiaux (1855-1939) qui montrent la vie quotidienne à Paris à cette époque. Elle est d'ailelurs intitulée "Paris 1914-1918. La Guerre au quotidien". Ces précieux documents qui proviennent de la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris sont étonnants.

    L'annonce qui est faite de cette exposition indique que "Sauvée du siège par la bataille de la Marne, la capitale ne perçoit que des bruits assourdis d’un conflit lointain. Quelques privations sporadiques, les dégâts causés par les bombardements des « tauben » (pigeons, du nom donné aux avions allemands) et le retour des blessés forment les signes les plus manifestes de la guerre".

    Il est rappelé que "Les affiches, les terrasses des cafés, les abords des gares ou des cinémas d’actualités forment autant de théâtres d’une insatiable quête de l’information. Passé l’enthousiasme de la mobilisation, douché l’espoir d’une guerre courte, le conflit installe de façon durable ses points de repère dans le paysage. Il faut apprendre à décoder les signes, à percevoir ce qui se cache derrière le décor."

    200 photographies sont proposées aux visiteurs qui reprennent les principales étapes de la guerre durant laquelle les parisiens vivent un vrai malheur, les veuves étant de plus en plus nombreuses. Mais la vie continue et  les vues exposées montrent aussi des soldats en permission ou blessés, des enfants jouant avec des fusils en bois …     

    L'exposition à ne pas manquer est ouverte jusqu'au 15 Juin 2014 de 13h-19h sauf le lundi, le jeudi nocturne jusqu'à 21h.

    Dominqiue Feutry

     

  •  Les-parisiens-de-daumier-de-la-promenade-4la2L'affiche de l'exposition du Crédit Municipal 

     

    Le Crédit Municipal de Paris présente actuellement, dans « Les parisiens de Daumier », une rare sélection d’œuvres non politiques du dessinateur né en 1808 et mort en 1879.

    Celui-ci exprimait surtout son talent dans la presse. Le thème retenu pour cette exposition est celui des loisirs des Parisiens au XIXe siècle, entre les années 1830 à 1870. Il s'agit d’une satire des mœurs de l'époque. Son style est caustique mais les traits sont bien léchés et l'on voit des parisiens d'un autre siècle (élégantes, comédiens, commerçants et passants) pris sur le vif, alors très attachés aux cafés, aux cafés -concerts, aux carnavals, se rendant aussi aux salons, aux expositions universelles. Même le parisien aux champs n'est pas oublié car nombreux sont ceux qui se rendent à la campagne du fait du développement du chemin de fer. Différents espaces de distractions sont pas ailleurs prévus dans l'organisation de la visite.

    Des maquettes, des affiches de spectacles,des photographies anciennes et différents accessoires accompagnent les lithographies exposées de Daumier prêtées notamment par le Musée Carnavalet et la BNF.

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    Nous conseillons vivement cette visite qui ne laisse pas indifférent et permet de découvrir l’artiste dans un autre registre que e registre journalistique.

     

    Informations pratiques : L'exposition se tient du 4 décembre 2013 au 4 mars 2014  dans la Galerie du Crédit Municipal de Paris au  55, rue des Francs-Bourgeois – 75004 Paris. Elles est ouverte du lundi au samedi de 9h à 17h et fermée le dimanche et les jours fériés.

    Tarif 3€, gratuit pour les moins de 18 ans et pour les clients du Prêt sur gage (sur présentation d'un justificatif).

    Dominique Feutry

             

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    L'imposant bâtiment de la Poste Centrale de la rue du Louvre (Ier) 

     

    Bien que la  Poste Centrale de la rue du  Louvre (Ier) ne soit pas dans le périmètre de "Vivre le Marais !", la restructuration du plus grand centre de distribution de courrier en France  confiée à l’architecte Dominique Perrault en 2012  est assez illustratif des difficultés qui peuvent se présenter entre le maître d’ouvrage (l’opérateur  immobilier du Groupe La Poste) et  les défenseurs du patrimoine qui souhaitent préserver un témoin exceptionnel de l’architecture du XIXe siècle.

    L’association de Sauvegarde et de mise en valeur du Paris Historique nous a autorisés à publier un article consacré à ce sujet repris dans un récent numéro de Fédération Patrimoine-Environnement.

    L’Hôtel des Postes du Louvre en quelques mots

    Inaugurée en 1888 à la croisée de la rue du Louvre et de la rue Etienne Marcel, le bâtiment de la Poste du Louvre est l’œuvre de l’architecte Julien Gadet. Le caractère exceptionnel de l’édifice tient particulièrement aux vastes nefs métalliques dont certaines mesurent environ 90 mètres de long !

    Depuis les années 2000, le devenir du bâtiment est remis en question. Après l’élaboration d’un programme de reconversion, la réalisation d’un fond d’étude historique et le lancement d’une consultation d’architectes, le projet de Dominique Perrault, l’architecte à l’origine de la bibliothèque François Mitterrand a été retenu en 2012.

    Les grandes lignes du projet

    L’édifice de 35 000 m²  (constitué du bureau de poste l’« Hôtel des Postes » et des services administratifs « L’Usine postale ») repensé par l’architecte Dominique Perrault devrait recevoir entre autre commerces, bureaux, antenne de police, un hôtel-restaurant de luxe avec terrasses… 1 200 m² de logements sociaux sont également prévus. Ainsi, la vocation postale de l’immeuble serait réduite à 21 %, tandis que 18 % seront affectés aux services municipaux et 61 % aux activités commerciales.

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    La nef métallique, un travail exceptionnel qui pourrait être menacé lors de la rénovation

     

    …qui n’est pas au goût de Paris Historique

    Les voix s’élèvent pour contrer ce projet de rénovation et alerter sur les menaces qui pèsent sur ce bâtiment, non classé au titre des monuments historiques. L’association Sauvegarde et mise en valeur du Paris Historique a notamment organisé, le 7 novembre 2013, une journée d’études sur le devenir de l’hôtel des Postes rue du Louvre. À cet égard, des architectes espagnols sont venus parler de la poste centrale de Madrid, El Palacio de Comunicaciones, qui a été rénovée entre 2005 et 2011 par l’architecte Francisco Rodriguez de Partearroyo afin de pouvoir accueillir de nouvelles activités sans porter atteinte à la structure originale. Historiens de l’architecture, architectes et urbanistes sont intervenus pour souligner le caractère exceptionnel de l’édifice et de son armature métallique que Jean-François Cabestan, historien de l’architecture, professeur à la Sorbonne, considère comme « l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture industrielle de la IIIème République ».

    Dominique-perrault-architecte-poste-paris-1er-arrondissementLe projet de Dominique Perrault

    Post Immo qui gère la maîtrise d’œuvre envisage d’en détruire une grande partie, notamment le corps intermédiaire, afin d’y réaliser une vaste cour faisant ainsi disparaître une partie des nefs métalliques et des planchers d’origine. En attente du permis de construire, Post Immo se prépare à démarrer les travaux  dès réception du feu vert… que Paris Historique envisage d’attaquer devant le tribunal administratif.

    Une nouvelle journée d’étude sur la Poste du Louvre est prévu. Ce dossier sensible est donc à suivre.

     

  •   694751_3_a748_la-facade-de-l-hotel-de-ville-de-parisL'Hôtel de Ville après l'incendie 

     

    Le récent et important incendie de l’immeuble du 38 boulevard de Sébastopol (IVe) nous rappelle qu’à Paris les sinistres peuvent être violents et dramatiques. Heureusement pour celui du 20 décembre, il n'y a eu que quelques blessés légers.

    Tout près de là, voilà un peu plus de 142 ans, au lendemain du 24 mai 1871, l’Hôtel de Ville n’est plus qu’une ruine fumante ayant entraîné la mort de 600 personnes incapables d’échapper au brasier. L’armistice avec la Prusse, signé 4 mois plus tôt, n’avait pas été accepté par les parisiens qui s’étaient battus pour que l’ennemi ne puisse pas atteindre la capitale. Ces derniers établirent alors leur propre gouvernement obligeant les dirigeants en place à s’établir à Versailles. Le gouvernement en place n’a pas accepté cette situation et lança des troupes contre les « insurgés ». Furieux et se sentant perdus, les communards se défendent bec et ongle et arrosent de pétrole le siège de la municipalité pour y mettre le feu, ainsi qu’aux Tuileries. Ces deux édifices sont devenus deux monuments « martyrs ».

     

    Incendie-hotel-de-ville-Paris-Commune-mai-1781-jpgEtat de la salle des fêtes après l'incendie

     

    Des témoins de l’époque rapportent, outre le drame humain, l’importance des dégâts, le feu s’étant propagé à une vitesse fulgurante. Les pierres toute noires sont devenues friables. Les murs encore debout menacent de tomber à tout moment. Il ne reste plus grand-chose des magnifiques pièces, de la bibliothèque et des archives (dont l’état civil antérieur à 1860) réduites en cendres.

    Ce n’est que deux ans plus tard que la décision de reconstruction est arrêtée. Un jury de 30 membres a dû choisir parmi près de 70 projets. Dix ans seront nécessaires pour terminer le chantier dont les architectes seront Edouard Deperthes dont l'autre garnd chantier fut la basilique de Sainte-Anne d'Auray et Théodore Ballu à qui l'on doit l'église de la Trinité (IXe).

    Le bâtiment, imposant, est le plus grand d’Europe abritant une municipalité. Il est de style renaissance et reproduit l’ancien édifice en sa partie centrale. Les façades sont ornées de niches abritant les nombreuses statues de célébrités parisiennes (136) ayant compté dans l’histoire de la capitale. La salle des fêtes est très imposante, elle est souvent présentée comme la réplique de la Galerie des Glaces du château de Versailles. Elle est ornée de peintures représentant les provinces françaises (l’Alsace devenue allemande n’y figure pas, en revanche l’Algérie s’y trouve).

    Il est difficile d’imaginer aujourd’hui sinon par des photographies et des témoignages, la ruine qui pendant deux ans s’est offerte aux parisiens qui passaient à cet endroit.

    Dominique Feutry

             

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    Image_previewLe monumental tapis de choeur de Notre-Dame offert par Louis-Philippe 
     
     
     
    Il pése prés de 2 tonnes et ses dimensions sont impressionnantes: 25 mètres par 8, soit une surface de 200 m2. Tel est le tapis du choeur de Notre Dame commandé par Charles X puis offert en 1841 par Louis- Philippe pour le baptême de son petit-fils, le comte de Paris. Sa fabrication a nécessité 8 ans de travail et un métier à tisser aux dimensions spéciales. Une oeuvre exceptionnelle et méconnue qui figure parmi les productions les plus importantes de la Manufacture de la Savonnerie.
     
    Classé monument historique en 1974, mis en réservce depuis 30 ans, le tapis qui a été déployé pour la première messe télévisée de Noël 1948, a connu quelques vicissitudes. En effet, selon  les régimes, il a subi des modifications. Ainsi les chiffres du roi et les armes de France ont été découpés pour être remplacés par d'autres motifs. Lors des travaux de restauration de Notre-Dame par Viollet-le-Duc le tapis, mal protégé, a aussi souffert. Les motifs qui ont été repris dans la tapisserie sont néanmoins riches et très variés alliant des fruits dont des raisins, des pierreries, des gerbes de blé et des thémes liturgiques, en particulier une imposante croix.  
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     Un détail du tapis 
     
      
    Il est à nouveau en bon état car il a pu être restauré par la maison Chevalier Conservation à la suite d'un partenariat exceptionnel entre la DRAC Île-de-France, le Mobilier National et la cathédrale.
     
    Ce trésor sera présenté au public du 6 au 10 janvier puis du 13 au 17 janvier 2014. A cette occasion seront exposés des vêtements liturgiques et des ornements offerts par les deux souverains déjà mentionnés et par Napoléon III. 
     
    D'autres églises de Paris possédent des merveilleux tapis, mais sont-ils tous connus et répertoriés ? 
     
    Dominique Feutry
     
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    Charlot_rue_6_Eglise_Ste_Croix_02_miniCathédrale Sainte-Croix-Saint-Jean, rue du Perche (IIIe)   

     

    En plein Marais, à l’écart des circuits habituels de promenade, à l’angle de la rue du Perche et de la rue Charlot, se trouve un lieu de recueillement inattendu et discret, la Cathédrale Sainte-Croix-Saint-Jean située 13-15 rue du Perche (IIIe). Seul son clocheton est visible de la rue des Quatre Fils.

    Elle s’appelait à l’origine église Saint-Jean-Saint-François. Elle a été construite en 1623 par Claude Charlot dont une rue toute proche porte son nom. Ce dernier fut en effet le lotisseur du quartier qui construisit l'église, en remplacement d’une salle de jeu de paume transformée en lieu de prière, ainsi que le couvent attenant où s’installèrent les pompiers volontaires d’alors, les frères capucins.

    Le lieu de culte est reconstruit en 1715 puis arrive la Révolution. Les capucins sont chassés. L’église abrite un temps la paroisse Saint Jean de Grève mais retrouve rapidement son nom d’origine Saint-Jean-Saint-François. L’édifice est agrandi de 1828 à 1832 par Etienne Hippolyte Godde. En 1855, le porche modifié par Baltard est agrémenté de pilastres doriques. Au-dessus, la façade est recouverte d’une mosaïque de marbres sur le modèle des églises toscanes. On rétablit aussi dans cette paroisse en 1867 la fête et l'association dites de la Réparation, qui avaient subsisté pendant plus d’un demi- siècle à Saint-Jean-en-Grève et aux Billettes pour commémorer le souvenir du miracle de 1290 (notre article du 8 février 2013).

    Fermée en 1965 faute de pratiquants, c’est en 1970 que la Ville de Paris affecte l'église à la communauté arménienne catholique, sous le nom de Cathédrale Sainte-Croix-Saint-Jean. Cet édifice, comme beaucoup d'autres lieux de culte appartenant à la Ville de Paris, mériterait une sérieuse restauration (notre article du 2 octobre 2013).

      Eglises-catholiques-75-paris-saintecroix2Statue dans une niche extérieure du mur de la cour devant la cathédrale  

     

    Le mobilier est à la hauteur de la qualité du monument. Tout d’abord il est assez rare qu’un lieu de culte possède deux orgues splendides construites par le même et célèbre facteur, Cavaillé-Coll mais hélàs en mauvais état (voir notre article du 27 novembre 2012). César Franck et Jules Massenet ont joué sur le grand orgue de la tribune.

    On trouve aussi des éléments qui rappellent que l’église portait à l’origine le nom de Saint François. Ainsi peut être admirée une rare statue de Germain Pilon provenant du Louvre et représentant le célèbre saint. Lui fait pendant celle de Saint Denis, œuvre de Sarrazin à qui l’on doit les anges du célèbre maître autel de l’église Saint Nicolas des Champs (notre article du 13 octobre 2012). Certains pensent que cette statue est l'oeuvre des frères Marsy qui ont travaillé pour le château de Versailles. La chaire est de Baltard.

    Le chœur dont les stalles du XVIIIe proviennent de l’église des Billettes (IVe) est dominé par 4 tableaux de facture modeste, du XVIIe, dus à Frère Luc. Ils représentent la création de l’ordre franciscain. A ce sujet il faut savoir aussi que l’un des autels latéraux renferme des reliques du saint. Autre relique inhabituelle, le presbytère a abrité une tunique de prière datant du XIIIe siècle ayant appartenu à la sœur de Louis IX, Sainte Isabelle qui date du XIIIe siècle.

     DocumentTableaux du choeur relatant la création de l'ordre franciscain

             

    La sacristie fut un temps détentrice de la chasuble qu’aurait porté l'abbé Edgewort de Firmont pour la dernière messe de Louis XVI au Temple, le 21 janvier 1793, avant son exécution. Ce vêtement comme les reliques de Sainte Isabelle sont aujoud'hui dans l'église Notre Dame de Bonne Nouvelle.  La cathédrale est ouverte en fin de semaine, la porte est en principe close les autres jours (sauf sur rendez-vous). De fréquents concerts y sont régulièrement organisés.

    Dominique Feutry

     

  •   Article_WEB-TAXIS-1  Un contrôle de nuit de taxi effectué par les "Boers"

     

    Voilà 75 ans (1938) était créée l'unité des "Boers" qui est en fait celle qui, au sein de la Police, régule et contrôle les transports privés c'est-à-dire les taxis et autres véhicules relevant des réglementations du transport public des personnes. Appelée aujourd'hui "Groupe Taxis Transport des Personnes" l'unité  est composée de 75 fonctionanires répartis en plusieurs brigades de jour et de nuit. Ils ont la charge de contrôler les 16.400 taxis de Paris, les taxis communaux, la location de "petite et de grande remise" ( voitures avec chauffeur), les navettes de sociétés ou de cars de tourisme. Leur zone d'intervention concerne l'Île de France et les aéroports d'Orly et de Roissy. Leur rôle a évolué puisque les "Boers" sont confrontés aujourd'hui aux taxis clandestins ainsi qu'aux motos "taxis".

     

    1820394371 Affiche de la récente exposition consacrée aux "Boers" de la police de Paris. Un taxi "Peugeot 203", années 50

     

     La Préfecture de Police vient de consacrer aux "boers" une exposition qui retrace l'histoire et l'activité de cette brigade. Des véhicules anciens, des documents et de nombreuses photographies parcemaient le parcours des visiteurs. 

    Mais d'où vient ce nom de Boers qui leur a été donné. En fait, beaucoup de russes ont dû comme chacun sait, quitter leur pays en 1917 et nombre d'entre eux devinrent cochers à Paris. Lorsqu'ils croisaient un policier, ils le désignaient par le mot "bourre" déformé en "boer" du fait de leur accent. A la création de cette unité spécialisée, ce nom fut adopté en souvenir de ces imigrés russes.

    Dominique Feutry

     


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    L'Hôtel de Saint Aignan et sa cour intérieure, 71 rue du Temple (IIIe)

     

    Claude de Mesmes , comte d’Avaux, Surintendant des Finances de Mazarin, hérite d’un hôtel familial au 71, rue du Temple (IIIe) qu’il fait détruire pour édifier dès 1642 le bâtiment actuel connu sous le nom d’Hôtel de Saint Aignan qui abrite aujourd’hui le musée d’art et d’histoire du judaïsme. Les plans sont dessinés par Pierre Le Muet (1591-1669) qui devint architecte du roi et réalisa le château de Tanlay (Yonne) ou l’Hôtel de Comans d’Astry situé 18, quai de Béthune.

    L’hôtel qui est aménagé comprend alors le bâtiment principal avec sa cour et une aile à droite qui est constituée pour partie d’une cuisine, d’une salle à manger et d’une galerie au premier étage. Un mur dit « renard », c’est-à-dire formant pendant mais factice, est construit sur l’aile gauche. Racheté par Paul de Beauvilliers, duc de Saint Aignan en 1688, des travaux de restauration et d‘embellissement sont entrepris, notamment la réalisation de l’escalier d’honneur. Le jardin est agrandi et son aménagement est confié à Le Nôtre (dont le 4ème centenaire de sa naissance est fêté cette année). Saisi à la Révolution, l’ensemble devient le siège du VIIe arrondissement jusqu’en 1823.

     

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    Le haut de l'escalier et sa coupole

      

    Dégradés, les bâtiments abriteront ensuite des logements et des ateliers ainsi que des petites industries. Des surélévations ajoutées sur 3 niveaux en feront alors un bien de rapport où vivront des artisans juifs originaires des pays de l’Est. Acheté par la Ville de Paris en 1962, 20 ans exactement après les grandes rafles qui ont touché malheureusement plusieurs des locataires, ce n’est que 1986 que la municipalité décide d’y installer le musée qui s’y trouve dorénavant. Entre temps, en 1963, le classement est intervenu.

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    Deux campagnes de restauration seront nécessaires et dureront 25 ans, des fouilles seront menées sur 3,50 m d’épaisseur et révéleront l’existence de constructions antérieures. C’est ainsi que l’Hôtel de Saint Aignan renait. L’intérêt de l’édifice est qu’il parait vaste alors qu’il se trouve sur une parcelle de terrain de taille modeste. Il est équilibré et présente une grande unité, ainsi les quatre façades de la cour sont identiques et recouvertes de pilastres imposants sculptés sur toute leur hauteur ce qui donne de la puissance à la construction. Nous retrouvons l’escalier reconstruit qui s’inspire du modèle inventé par Mansart. Les volées ne vont que jusqu’au premier étage. Une calotte le surmonte sur laquelle se trouve une perspective en trompe l’œil. Quant au décor de la salle à manger peint en grisaille XVIIIe, il est sans doute dû à Rémy Vuibert (1600 -1652) « peintre ordinaire du Roi » c’est-à-dire peintre habituel qui fut élève de Simon Vouet et ami de Nicolas Poussin. La galerie du Château de Tanlay ou l’escalier de l’Hôtel de la Vrillière, siège de la Banque de France (voir notre article du 31 janvier 2013), sont peints pas lui.

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    Le musée a ouvert en 1998. Il est régi par une association loi de 1901 et géré par un conseil d’administration où siège la Ville de Paris. 150 000 visiteurs le fréquentent annuellement. Il réunit des collections mises en dépôt par le Ministère de la Culture et des anciennes collections du musée précédemment installé rue des Saules dans le XVIIIe arrondissement. Très importantes et magnifiquement présentées, elles sont enrichies chaque année par des dons et des achats. Une médiathèque, des publications et des ateliers sont à la disposition du public intéressé.

    Une longue restauration certes mais qui fut à la hauteur de l’enjeu pour ce rare exemple de l’architecture parisienne datant de la régence d’Anne d’Autriche.

    Dominique Feutry

     

     

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    Intérieur de la Sainte Chapelle et ses immenses verrières

     

    A l’occasion des 800 ans de la naissance de Saint Louis qui seront célébrés l’an prochain, un vaste chantier de restauration des verrières de la Sainte Chapelle a été lancé en 2008. Il va se terminer le mois prochain. Il est le fruit d’un partenariat entre la société Velux et le Centre des Monuments Nationaux.

    Rappelons que cette chapelle est souvent qualifiée de « joyau de l’art gothique flamboyant » ou de « bible de lumière ». Ainsi va être restituée prochainement toute la luminosité d’origine de l’édifice construit à la demande du roi pour abriter les reliques de la passion qui se trouvent aujourd’hui à Notre-Dame.

    Il est intéressant de noter que les restaurateurs ont bénéficié d’une commande exceptionnelle et qu’ils ont dû opérer selon un protocole très précis édicté avec l’architecte en chef des monuments historiques. Ainsi la pollution laisse un dépôt qui doit être amolli avant d‘être éliminé. Le plomb du XIIIe siècle, sauf s’il est trop endommagé, est laissé seulement nettoyé, sans se soucier de l’aspect esthétique. Une verrière mesure 13 m de haut et 2 m de large, elle regroupe 128 panneaux. Chacun des panneaux est composé de 200 petits morceaux de verre teinté. Soit au total 25 600 pièces par verrière ! Dotés d’un double vitrage, les vitraux seront remontés en octobre prochain.

     

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     Détail d'un vitrail de la Sainte Chapelle 

    Il faudra donc aller admirer cette véritable renaissance des vitraux aux couleurs irrégulières en raison des techniques employées à l’époque de leur fabrication pour laquelle Louis IX avait investi d’énormes sommes d’agent, gage de qualité. Les 800 000 visiteurs se rendant chaque année dans ce monument sont loin d’imaginer que le plomb donne beaucoup de souplesse aux vitraux qui résistent aux intempéries, à des chaleurs de 80° et à des vents soufflant jusqu’à 250 km/h.

    Nous parlons souvent de métiers d’art, lors de journées Nomades, plus récemment encore, un salon leur était consacré au Louvre et un peu plus tôt à l’Espace de Blancs Manteaux (IVe). Le restaurateur de vitraux est à cet égard un véritable artiste, il doit, après bien des opérations, restituer les œuvres au plus près de leur aspect d’origine, ce qui n’est pas toujours simple en raison des dégradations subies par le temps ou de mauvaises restaurations antérieures.

    Dominique Feutry