Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Histoire

  • IMG00089-20130822-1924 Affiche de l'édition 2013 des Journées du Patrimoine 


    Les Journées du Patrimoine auront lieu ce prochain week-end (voir notre article du 18 août 2013), nous pensons qu’il est opportun de vous donner quelques idées de visites insolites ou inhabituelles au cœur même du Marais.

    Ainsi l’Atelier de Restauration et de Conservation des Photographies de la Ville de Paris situé 5 rue de Fourcy (IVe) ouvrira exceptionnellement ses portes. Pour ceux que l’art de la photographie intéresse, cet accès exceptionnel à l’atelier est une véritable aubaine. Il permettra de découvrir la politique et les techniques mises en œuvre par cette institution créée en 1983 afin de préserver le patrimoine photographique des musées, archives et bibliothèques de la Ville.

    De son côté le Préfecture de Police, 9 boulevard du Palais (IVe), permet aux visiteurs d’accéder au chantier de fouilles consécutif aux travaux qu’elle a engagés (voir notre article du 6 juin 2013), ainsi pourront être admirées notamment les fondations de l’église et les trouvailles qui s’y rapportent.

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    Atelier de Restauration et de Conservation des photographies 5 rue de Fourcy (IVe)


    Visite insolite s’il en est, très intéressante sur l’architecture de la Belle Epoque, la Brasserie Bofinger 5-7, rue de la Bastille (IVe) est ouverte au public qui souhaite la découvrir.

    Autre curiosité à voir, l’Hôtel Boutillier de Chavigny, magnifique bâtisse du XVIIe siècle aménagée sur des plans de Mansart, située 9, rue de Sévigné (IVe) et abritant la plus ancienne caserne de pompiers de Paris. 

    Dans le même esprit, les Hôtels de Beauvais 68, rue François Miron et l’Hôtel d’Aumont 9, rue de Jouy (IVe), sièges respectifs de la Cour Administrative d’Appel de Paris et du Tribunal Administratif de Paris recevront le public pour l’occasion.

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    La maison du Pastel 20 rue Rambuteau (IIIe)

     

    Pour les adeptes de la peinture au pastel, une visite exceptionnelle est organisée par la Maison du Pastel fondée en 1720 et se trouvant 20, rue Rambuteau (IIIe). Toute l’histoire de cette fabrication sera expliquée sur rendez-vous préalable. Les passionnés de lecture pourront se rendre à la Bibliothèque des Amis de l’Instruction 54,rue de Turenne (IIIe) qui abrite plus de 20 000 volumes, ils se verront proposer un parcours qui apporte un éclairage intéressant sur "le conservatoire de la lecture populaire au XIXe siècle".

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    Une salle de la Bibliothèque des Amis de l'Instruction 56 rue de Turenne (IIIe)

     

    En ce qui concerne les impatients enfin, il sera possible et sur rendez-vous de visiter le chantier du Carreau du Temple 2, rue Perrée (IIIe) construit en 1865 et dont l’histoire sera contée (voir nos articles des 15 mars 2009, 17 novembre 2011 et 2 juillet 2013).

    Dominique Feutry

     

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    La boutique Mariage Frères 30 rue Bourg Tibourg (IVe)  

    Spécialisée dans le commerce des épices, du thé et des produits coloniaux, la famille Mariage appartient dès le  XVIIe siècle au prestigieux Six Corps marchands, distingués par ordonnance royale aux côtés notamment des orfèvres et des drapiers. Un siècle plus tard, Jean-François Mariage, né en 1766, entretient toujours l'activité de négoce de thés, épices et denrées coloniales à Lille et forme ses quatre fils, Louis, Aimé, Charles et Auguste, à cette même activité. Vers 1820,les trois premiers créent la société Auguste Mariage et Cie, avant qu’Édouard et Henri ne fondent, le 1er juin 1854, à Paris, la maison qui porte leur nom et devenue depuis lors une marque très connue.

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     Une boîte de thé Mariage Frères

    Mariage a su profiter, fort de son expérience, de l'engouement pour le thé des français. Il faut savoir que le thé était un breuvage réservé aux dignitaires nobles et impériaux de la Chine. Il est d'alleurs considéré comme la plus ancienne boisson connue au monde. Son introduction s'est faite au Japon,  au IXe siècle. La route des caravanes a permis ensuite que le thé arrive  en Europe au XVIIe siècle  En Hollande d'abord, sans doute vers 1610, puis en France et en Angletrerre. La célèbre Compagnie des Indes Orientales en développe le commerce d'autant que le roi Louis XIV est un grand amateur de thé et toute la cour l'imitera. Cette boisson  ne s'imposera auprès de la bourgeoisie qu'au XIXe siècle.

    Il faut savoir qu'aujourd'hui chaque fançais consomme en moyenne 100 tasses de thé par an !

    D'abord installé rue des juges Consuls (IVe) à quelques mètres de l'église Saint-Merri, le 1er magasin de vente au détail est transféré en 1985 dans les bureaux historiques du 30 rue Bourg Tibourg (IVe) en plein coeur du Marais. Le Thé Mariage est distribué désormais dans plus de 60 pays au travers de plus de 1 000 revendeurs dans de nombreuses villes du monde, Mariage Frères détient en direct cinq maisons de thé à Paris et quatre au Japon. Des "Comptoirs" ont été insatllés dans des grands magasins et des palaces prestigieux. 

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    Alignement des différentes boîtes de thé

    Mariage Frères propose à ses clients des thés en vrac, des créations à base de thé et des objets liés au thé ainsi que des produits dérivés comme des gâteaux. Il est posssible de se restaurer dans le salon de thé-restaurant. la cuisine étant à base de thé.

    La carte des thés de Mariage Frères comprend 650 références de 36 pays producteurs et toutes les familles de thés (thé blanc, thé jaune, thé vert, thé bleu, thé noir…thé parfumé…). Le premier magasin installé rue Bourg Tibourg a été complété en 1999 par un second situé juste en face. Celui-ci est spécialisé dans les thés français. Il est à noter que les différentes implantations sont toutes réalisées sur le même modèle : un décor d'inspiration coloniale, des personnels habillés de costumes en lin beige.

     

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    Vue d'une des salles du musée du Thé Mariages Frères 30 rue Bourg Tibourg

    Nous recommandons la visite du musée insatallé en 1991 dans les locaux du 30, rue Bourg Tibourg. Les souvenirs de famille y sont présentés, en particulier des malles de voyage, des théières, des boîtes à thé et ustensiles liés au thé dont des théières, ainsi que du mobilier chinois.

    Un détour incontournable pour les touristes mais aussi les parisiens qui ne connaissent pas l'endroit. Dès l'entrée, nous sommes plongés dans des senteurs et une ambiance toutes particulières qui nous laissent imaginer, à petite échelle, ce que devait être l'Asie au temps du commerce florissant des épices et du thé.

    Dominique Feutry

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    La place de Grève au XVIIIe siècle par Nicolas Raguenet

     

    La place de Grève située devant l’Hôtel de Ville fut cédée aux bourgeois de Paris par Louis VII au XIIe siècle. Il s’agissait du principal point par lequel les bateaux chargés de blé, de paille et de bois accostaient du fait de l’existence d’une plage de sable et de gravier qui la bordait. Progressivement ce port remplaça celui appelé Saint Landry situé en face sur l’Ile de la Cité. L’importance du trafic s’accompagna du développement à proximité d’un marché et attira les travailleurs journaliers venant offrir leurs bras. Cette pratique appelée « faire grève » signifiait donc se tenir sur la place de grève dans l’attente d’obtenir un travail. La signification de cette expression a évolué depuis !

    Très vite la ville organise des fêtes sur la place ainsi que des cérémonies importantes comme celle des feux de la Saint Jean qui attirait une foule nombreuse. C’est à partir du XIVe siècle que sont perpétrées à cet endroit les exécutions. La première eu lieu en 1310, une femme jugée hérétique y fut brûlée. La place évoluera peu si ce n’est l’implantation de la municipalité dans une maison achetée à cet effet par Etienne Marcel. François Ier fera d’ailleurs remplacer l’édifice en commandant les plans à l’architecte Domenico Bernabei da Cortona dit Boccadoro qui a participé à l’élaboration des plans de Chambord. Le nouvel édifice ne sera achevé qu’en 1628. Progressivement l’endroit est donc devenu le centre de la cité à partir duquel se développe la rive droite.

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    Exécution de Ravaillac

     

    La principale attraction restait cependant les exécutions dont le « cérémonial » évolua peu… Les supplices se déroulaient au sud de la place où s'élevait une croix devant laquelle les condamnés faisaient leur repentance et leur prière. Le gibet était dressé en permanence au centre. Il y avait aussi un pilori, une échelle de justice. Les exécutions avaient toujours lieu à 16h00. Le clergé y venait en procession chaque année lors de la Fête Dieu afin d’exorciser l'espace. On y installe la guillotine en 1792, les suppliciés seront nombreux en cette période de troubles. Soucieux de ne pas voir se reproduire les combats terribles des Trois Glorieuses, le Garde des Sceaux de Louis Philippe, Félix Barthe, décide après bien des difficultés, afin de trouver un endroit plus discret, que les exécutions se dérouleraient le matin au carrefour formé par les rue et boulevard du Faubourg Saint Jacques.

    Aujourd’hui et après d’autres évènements majeurs et historiques qui ont eu lieu à cet endroit, de la Commune à la Libération, l’ancienne place de Grève reste l'endroit où convergent les parisiens lors de manifestations populaires telles les retransmissions sportives ou lors de la tenue de salons voire au moment de Noël où elle est transformée en patinoire.

    Beaucoup d’entre nous peinent à imaginer combien de condamnés ont souffert atrocement à cet emplacement même. La dernière exécution a eu lieu le 22 juillet 1830, soit 520 ans après la première. Ravaillac, Cartouche, la marquise de Brinvilliers, la Voisin et Fouquier-Tinville pour ne citer que les plus célèbres, mais combien d’anonymes sont morts place de Grève ? Charles Nodier a écrit à ce sujet une phrase poignante : « Si tous les cris que le désespoir a poussés sous la barre et sous la hache, sous les étreintes de la corde et dans les flammes des bûchers pouvaient se confondre en un seul, ils seraient entendus de la France entière ».

    Dominique Feutry

     

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    Place de l'Hôtel de Ville-Esplanade de la Libération (IVe)

     

    Dimanche 25 août, à l’occasion du 69ème anniversaire de la Libération de Paris, le Maire de la Capitale a dévoilé la plaque de l'Esplanade de l'Hôtel de Ville qui s’appelle désormais Place de l’Hôtel de Ville–Esplanade de Libération (IVe).

    Lors de cette manifestation consacrée aussi au Conseil National de la Résistance créé 70 ans plus tôt, il a été rappelé que la première réunion clandestine de cette organisation s’était tenue à Paris le 27 mai 1943 sous l’égide de Jean Moulin, afin d’unifier les différents mouvements de résistants et de préparer les actions qui ont suivi et que nous connaissons. Le 27 mai est d’ailleurs devenu récemment la Journée Nationale de la Résistance.

    La nouvelle appellation de la place a été votée à l’unanimité par le Conseil Municipal. Cette décision se justifie tout à fait car, lors de la dernière guerre mondiale, ce lieu a été le théâtre d’événements historiques et de convergence des parisiens qui ont participé eux-mêmes à la libération de leur ville.

    Dominique Feutry

     

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    « Long comme un jour sans pain » tel pourrait être l'un des nombreux proverbes relatifs au pain qui s'adapte le mieux à la situation de nos boulangeries en cette période de congés estivales ?

    En effet, peu d’entre elles sont restées en activité en juillet et surtout en août. Ainsi selon les chiffres de la Chambre professionnelle des artisans boulangers-pâtissiers, le IVe (hors l’Ile Saint Louis) n’en compte plus actuellement que 9 ouvertes, soit théoriquement une pour 2 800 habitants, et le IIIe seulement 10, soit environ une pour 3 400 habitants. Or à titre de comparaison, les Ier et IIe arrondissements ont un ratio respectif de 2900 et 3 000. Le nombre de commerces concernés semble dont tout à fait insuffisant pour le IIIe et mériterait d’être revu dans le futur !

    Si à Paris les congés des boulangeries sont réglementés par la Préfecture, la seule profession artisanale concernée par cette réglementation, c’est curieusement un héritage de la Révolution française, de l'Assemblée Constituante plus spécifiquement qui décida que les autorités pouvaient réquisitionner les boulangers afin de ne pas laisser Paris manquer de pain et éviter de ce fait les émeutes. Une loi de 1957 a même donné aux maires, dans le cadre de leur pouvoir de police municipale, le droit de réglementer, si nécessaire, les fermetures annuelles des boulangeries. Les boulangers de Paris et de la Petite Couronne sont donc tenus d'ouvrir un mois au minimum durant l'été, soit en juillet, soit en août, en alternance, selon l’année. La Chambre professionnelle est bien entendu partie prenante dans cette réglementation notamment en matière de dérogations toujours possibles.

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     Une boulangerie fermée rue du Pas de la Mule (IIIe). Photo VlM!

    Il est bien normal et naturel que notre boulanger prenne ses congés dont il a grand besoin mais il est vrai aussi que ne plus trouver de pain près de chez soi est ennuyant. A l’avenir le IIIe arrondissement devra être rééquilibré comparativement aux autres arrondissements.

    Réglementer les congés peut paraître curieux aux non-initiés, pourtant dans les entreprises ou les administrations la continuité de service doit être assurée et des dispositions existent à cet effet. La France souvent décriée par les pays étrangers sur sa léthargie estivale ne peut pas en effet se trouver en arrêt complet sous prétexte des congés.

    Dominique Feutry

     

     

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    Les Journées du Patrimoine se dérouleront cette année les 14 et 15 septembre. Elle seront placées sous le signe d'un centenaire car bien que crées il y a 30 ans, les journées 2013 célèbreront l'anniversaire de la loi de Protection des Monuments Historiques. Voilà  en effet bientôt 100 ans que celle-ci a été votée, le 31 décembre 1913.

    Il est important de souligner combien ce texte, que certains qualifient de monument juridique, a permis de protéger nos plus beaux témoins du passé même récent, puisque ce sont 44 000 monuments qui sont ainsi classés ou inscrits. Notre histoire se trouve de cette manière préservée. La loi a d'ailleurs été complétée 30 ans plus tard pour que soit aussi protégés les abords des monuments et des sites. 

    L' architecte des bâtiments de France (ABF) est souvent mal perçu à ce titre par les collectivités locales car c'est lui qui se prononce sur le champ de visibilité des 5 00 m autour du monument et cela bien qu'il existe des périmètres de protection modifiée (PPM). Aujourd'hui la protection des monuments doit prendre en compte les innovations et les besoins notamment en matière écologique. La loi est aussi en "concurrence" avec d'autres textes définissant les secteurs sauvegardés, les sites classés, les labels (Patrimoine UNESCO…)…Le texte de 1913 a donc évolué au cours des années est c'est sans doute sa grande force. Ainsi le patrimoine industriel du XIXe siècle ou l'architecture du XXe siècle peuvent être classés faisant progresser le motif du classement non seulement  aux éléments historiques mais aussi, d'un certaine manière, sociaux au regard ne serait-ce que de la population qui a travaillé dans les bâtiments incriminés.

     Photo_494_0Théodore Reinach le rapporteur persévérant et engagé du projet de loi de 1913 sur la protection du patrimoine


    Mais à l'heure des coupes budgétaires et compte tenu du nombre de monuments et de sites classés (et ceux qui le seront à l'avenir), il est indispensable de trouver d'autres moyens pour entretenir ces lieux. Le mécénat prend tout son sens bien entendu et doit être développé davantage encore. Il en est de même pour les associations de sauvegarde ou autres qu se battent pour éviter une triste fin à une église, un château ou un lieu qui a fait notre histoire. Ce sont souvent des bénévles qui les animent et forcent notre admiration par leur énergie, leur entêtement et leur volonté. N'oublions pas non plus l'existence de la Fondation du Patrimoine qui constitue une aide et un appui précieux pour ceux, particuliers ou communes qui souhaitent restaurer leur "petit patrimoine" par exemple.

    Sans cette loi de 1913, qui faisait suite à des textes existants mais beaucoup moins vastes, le premier datant de la Révolution, les autres ignorant le patrimoine du XIXe siècle, puis les apports législatifs postérieurs, le Marais ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui et ne présenterait pas l'attractivité que nous lui connaissons du fait de la concentration de bâtiments et de lieux restaurés avec intelligence qui témoignent de notre riche passé.

    C'est une chance finalement que le baron  Haussmann n'ait pas eu l'envie de détruire ce quartier pour le transformer, une chance ensuite que des passionnés aient permis d'attirer l'attention des pouvoirs publics et plus spécifquement d'André Malraux…Nous connaissons la suite.

    Dominique Feutry 

     

  • Lycee_Charlemagne_Eglise_Saint_Louis_Saint_Paul (1)Le lycée Charlemagne 14, rue Charlemagne (IVe) ancienne maison professe des jésuites

      

    Le lycée Charlemagne, 14 rue Charlemagne (IVe), occupe aujourd'hui des locaux situés entre la rue Saint-Antoine et la rue Charlemagne. Ces locaux  ont fait partie d'un ensemble appartenant autrefois aux jésuites, dans un quartier habité alors par la noblesse. A la suite d'un don en 1580 du Cardinal de Bourbon, ils reçoivent l'Hôtel de Rochepot et Damville. L'hôtel initial est aménagé et des constructions sont ajoutées dès le début du XVIIe siècle pour en faire leur résidence qui sera la plus importante et la plus connue de l'ordre. Ils installeront dans celle-ci  une maison professe destinée à accueillir théologiens et scientifiques jusqu' à leur expulsion un peu avant la Révolution.

    Par ailleurs une partie de l' Hôtel sera démolie pour y construire la chapelle qui sera remplacée ensuite par l'imposante église Saint-Paul-Saint-Louis que nous connaissons aujourd'hui (cf notre article du 14 setembre 2012) qui fut richement meublée, les jésuites ayant souhaité en faire un centre intellectuel important. L'édifice montra par sa monumentalité toute l'importance que la Compagnie de Jésus attachait à cette fondation. La biblothéque constituée à la  suite de legs était une des plus importantes de Paris et comptait plus de 40 000 volumes.

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    Etat actuel de la bibliothéque, qui contenait  40 000 volumes, décorée par Giovanni Gherardini 

     

    La plupart de confesseurs des rois seront issus de cet endroit notamment  les plus célèbres, le Père de La Chaise ou le père Bourdaloue dont les prédications étaient très suivies. De 1762 à 1767, les bâtiments sont désertés suite à l'expulsion de la Société de Jésus par le duc de Choiseul qui fit femer leurs 200 collèges suite à l' «affaire Lavalette» (scandale financier qui suivit la banqueroute du jésuite Antoine Lavalette et donna l'occasion à Louis XV de bannir les jésuites de France). 

    En 1767,  les chanoines réguliers de la réforme de Sainte-Geneviève, les Génovéfains du Val-des-Écoliers, acquièrent l'ensemble et s'installent dans le noviciat des Jésuites. Ils louent la grande galerie bibliothèque à la Ville de Paris pour y ouvrir jusqu'en 1790, la bibliothèque publique de la ville de Paris.
    À la Révolution française, les bâtiments deviennent un dépôt.

    Quant à la  bibiothéque, le Directoire la met en 1795 à la disposition de l'Institut National des Sciences et des Arts, 20 à 30 000 ouvrages sont alors pillés. C'est en 1797 que l'ancienne maison professe des jésuites est transformée en École Centrale de la rue Saint-Antoine. Une loi de 1802 édicte que l'école centrale de la rue Saint-Antoine devient le Lycée Charlemagne. En 1815 et jusqu'en 1848, il s'appellera alors le Collège Royal de Charlemagne et accueillera 400 pensionnaires.
    En 1840, il donne son nom à la rue et au passage qui le bordent. 

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    Photographie du départ de l'escalier principal classé, prise verticalement 

     

    De l'habitation du Père général de la Maison professe, il ne reste  qu'un petit bâtiment abritant aujourd'hui l'intendance du lycée ainsi que des appartements de fonction. L'ensemble, le « couvent des Grand Jésuites ». est à quelques modifications près le corps central actuel du lycée.

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                        Eugène Chevreul photographié dans son cabinet de travail                                    

    La Maison professe n'est pas austère, elle présente une somptueuse décoration dont il reste peu  de choses. Giovanni Gherardini (1638-1723), peintre italien de Bologne qui a beaucoup travaillé pour les jésuites en France, a réalisé la fresque de la grande bibliothèque et le plafond de l'escalier d'honneur dont la rénovation du lycée en 1994 a permis de retrouver certains vestiges, notamment un plafond à poutres peintes et des fragments de la fresque. 

    L'ancienne bibliothèque et l'escalier principal ont été classés monuments historiques en 1988.

    Le grand chimiste Eugène Chevreul a enseigné dans ce lycée dans lequel sont passés nombre d'élèves connus. Citons parmi eux Honoré de Balzac, Gustave Doré, le Maréchal Joffre, Gérard de Nerval, Jules Renard, Léon Blum, Pierre Mesmer ou Francis Blanche.

    Dominique Feutry

     

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    Dans son bulletin périodique intitulé « Au cœur du 4e », la mairie d’arrondissement a consacré un article à la Préfecture de Police de Paris qui occupe sur l'Ile de la Cité un important quadrilatère entre l’Hôtel Dieu et le boulevard du Palais. En complément aux informations données sur cette administration qui regroupe près de 45 000 personnes (dont 8000 sapeurs-pompiers). Nous souhaitons apporter quelques points de repère sur ceux qui quotidiennement assurent notre sécurité et veillent sur les plusieurs millions de parisiens.

    C’est sous Colbert que la police parisienne fut placée sous l’autorité de l’Etat et cela durera jusqu'à la Révolution où elle dépendit de la commune de Paris. Napoléon Bonaparte la remit sous l’autorité du pouvoir central en créant la préfecture de police. La brigade de sécurité fuit confiée au célèbre Vidocq et Paris disposa de sa police municipale (sergents de ville, laboratoires…).

     

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    Le logo de la Préfecture de police 

     

    Après la triste période du régime de Vichy où nombre de policiers sont "démissionnés" ou partent, leur grève déclenchera la libération de Paris, les résistants s’emparant de la Préfecture où a lieu la capitulation du général Von Choltitz. Pour ces hauts faits qui ont entraîné la mort de 167 agents, le général de Gaulle remettra la légion d’honneur à la préfecture qui explique encore aujourd’hui pourquoi, lors des cérémonies officielles, les agents portent une fourragère rouge à l’épaule.En 1967, la Sûreté Nationale et la Police Municipale qui devient Nationale fusionnent et en 2009 les compétences de la Préfecture sont étendues aux Hauts de Seine, à la Seine Saint Denis et au Val de Marne.

    Les locaux par lesquels on entre par la rue de la Cité ont été construits sur proposition d’Haussmann sur l’emplacement de l’ancienne abbaye Saint Martial fondée par Saint Eloi au VIIe siècle afin d’abriter la Garde Républicaine. Pierre–Victor Calliat à qui l’on doit les mairies du IIIe et du Ve arrondissements en fut l’architecte et c’est Jules Ferry qui permit à la préfecture de s’y installer en 1871, 4 ans après la fin des travaux. Notons la présence
    de deux bâtiments contigus, côté rue du Palais, qui abritent entre autres les appartements du Préfet et l’état- major des pompiers.

     

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    Le fameux 36, quai des Orfévres (IVe) dont le déménagement est prévu aux Batignolles en 2015

     

    Les attributions du Préfet sont celles de la police chargée de la sécurité, de l’ordre public et de la circulation. Lui sont rattachés la Direction Régionale de la Police Judiciaire et la Direction du Renseignement. Le préfet dirige les services techniques, la logistique et des missions spécialisées comme la Brigade Fluviale. Il est chargé de la défense civile, de la prévention et de la gestion des crises (catastrophes industrielles, crues…). Il a enfin autorité sur la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris.

    Depuis 2005 le Préfet a une mission de lutte et de prévention contre les discriminations.
    Les missions concernant la police nationale sont financées par l’Etat, les autres le sont par le Conseil de Paris et les départements et communes de la petite couronne qui bénéficient de l’intervention des pompiers par exemple.

    Le budget global sous la responsabilité du Préfet était en 2012 de près de 219 millions €. Cela a permis notamment de financer 500 0000 interventions des sapeurs- pompiers, d’encadrer plus de 6 700 manifestations, de délivrer environ 2214 000 passeports, de gérer 1 400 0000 appels à Police Secours… Des chiffres qui traduisent toute l'importance de l'institution.

    Dominique Feutry

     

     


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    Façade de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais, place Saint-Gervais (IVe)

     

    Gervais et Protais, deux frères martyrisés sous Néron ont connu un culte d’une grande ferveur au Moyen-Âge. Ils ont donné leur nom à de nombreuses églises dont celle, proche de l’Hôtel de Ville, bâtie sur une légère éminence, à l’emplacement d‘une basilique connue dès le IVème siècle. Commencée à la fin du XVème siècle (1494), la construction de l'église actuelle est achevée au cours la première moitié du XVIIème, soit 150 ans après le début des travaux.

    La façade classique mais assez lourde fut terminée dès 1621, elle est l’œuvre de Salomon de Brosse, l'architecte à qui l'on doit la réalisation du Palais du Luxembourg et de Clément Métezeau. Elle est exceptionnelle non seulement par sa taille, mais aussi parce que les 3 ordres, dorique, ionique et corinthien s’y superposent. Les statues de Saint-Gervais et de Saint-Protais ont été placées au XIXe siècle. Très élevée, la nef est de style gothique flamboyant et donne un peu de majesté à la construction qui aurait inspiré François Mansart. Une remarquable clef de voûte de 2,50 m de diamètre orne la chapelle de la Vierge.

     

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    Détail du vitrail "La sagesse de Salomon" de Jean Chastellain (XVIème)

      

    À l'intérieur, les nombreux vitraux impressionnent. Ceux du XVIe siècle sur la vie de la Vierge dus à Jean Chastellain figurent parmi les plus beaux. Mais d’autres ont été installés dans les chapelles au XVIIe, puis au XIXe et plus récemment au XXe siècle. Ces derniers sont de Sylvie Gaudin, artiste issue d'une grande famille de maitres-verriers. Ils traitent de la Nativité, de la Crucifixion ou la Résurrection. Parmi le mobilier, des belles stalles sculptées représentent des métiers. Des tableaux exceptionnels sont exposés notamment celui du "Martyre de Sainte Pétronille" signé du Guerchin. Dans une des chapelles, il est possible de voir le cénotaphe de Michel Le Tellier et les très belles statues de la famille du duc de Tresmes provenant du couvent des Célestins (couvent  qui se trouvait dans le quartier de l’Arsenal). Les orgues, construites en 1601 et tenues pendant près de 170 ans par les Couperin, figurent sans doute parmi les plus anciennes de Paris (voir notre article du 27 novembre 2012). Scarron et Philippe de Champaigne sont inhumés dans cette église.

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    La nef particulièrement élevée


    Entièrement restaurée au cours des dernières années, l’église présente aujourd’hui un aspect impeccable presque neuf lorsque l’on pénètre à l'intérieur. Pourtant elle a beaucoup souffert au cours de l’histoire. Dévastée à la Révolution puis remise en ordre au cours des décennies suivantes, elle a été le théâtre d’un drame à la fin de de la Première Guerre Mondiale. Un obus tiré par la fameuse et sinistre "grosse bertha" le Vendredi Saint de 1918, en plein office, tua 88 personnes et en blessa 68 autres. La restauration s’achévera 3 ans plus tard.   

    Paris_stgervaisprotais09Détail du tombeau du duc de Tresmes  


    Deux détails méritent intérêt. L'un concerne un orme qui était planté devant l'église place Saint-Gervais où, selon une coutume médiévale, l'on procédait à des assemblées et des jugements. L'autre a trait à Voltaire qui a habité un temps juste en face de l'église. 

    Dominique Feutry

     

     

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    Hôtel Thiroux de Lailly, 5 rue de Montmorency (IIIe)

     

    Au N° 5 de la rue de Montmorency (IIIe), est bâti l’Hôtel Thiroux de Lailly appelé souvent Hôtel de Montmorency car il est situé à l’emplacement même d’un Hôtel plus ancien qui a appartenu à la maison de Montmorency et où a habité quelque temps le célèbre Nicolas Fouquet.

    Cet ensemble de facture classique a été construit de 1739 à 1741 pour Jean-Louis Thiroux de Lailly, Fermier des Postes (le fermier achetait au roi le droit exclusif d'exploiter les Postes et d'en percevoir les revenus). On doit sa conception à l’architecte Michel Tannevot (1645-1762), fils de Claude qui fut Inspecteur des Bâtiments du Roi. Michel Tannevot qui devint architecte du roi a laissé plusieurs hôtels particuliers notamment les plus importants qui sont situés rue des Capucines, rue Cambon, rue du Faubourg Saint Honoré et rue Richelieu. C’est à lui que nous devons aussi l’immeuble de rapport qui se trouve à l’angle des rues du Temple et du 1 rue de Montmorency. 

     
    LadouimagesCAL6ASO9 Le fronton du château de Ladoucette à Drancy (1870)

                

    L’Hôtel Thiroux de Lailly fut loué après la Révolution, notamment au Directeur des Douanes et il fut acquis par l’Etat en 1951. Il le fit restaurer pour y installer l’Ecole Nationale des Impôts après qu’il ait abrité l‘Ecole Nationale de la Statistique et des Etudes Economiques (ENSAE). Devenue en 2010 Ecole Nationale des Finances Publiques établie principalement à Noisiel, l'Ecole des Impôts qui avait remplacé l'ENSAE a depuis quitté les lieux. Aussi ces locaux repris par des investisseurs privés sont-ils aujourd’hui à usage de bureaux.

    280px-WaddesdonManor Waddesdon Manor 

               

    Le bâtiment est sobre presque strict, il présente une façade ornée d’un joli fronton triangulaire néoclassique soutenu par des pilastres. Il ressemble à celui du château de Ladoucette à Drancy. Le décor intérieur, très modifié au cours du temps, comporte de très belles boiseries dues à Nicolas Pineau, certaines ayant été installées à Waddesdon Manor, la propriété des Rothschild en Grande-Bretagne. La cour de l’immeuble qui garde une fontaine de Pineau ainsi que ses façades et ses deux volées d’escalier sont classées depuis 1925. Soulignons la taille imposante du portail très sobre lui aussi.

    Il n’est pas possible de visiter l’immeuble mais on se rend compte de son importance en longeant le mur d’enceinte sur rue dans lequel se trouve un très joli et imposant portail.

    Dominique Feutry