Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Histoire

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    Corps de bâtiment sur rue de l'Hôtel de Sandreville, 26 rue de Francs Bourgeois (IIIe) 

     

    Le terrain sur lequel est construit l’Hôtel de Sandreville, 26 rue des Francs Bourgeois (IIIe), était, depuis le XIIIe Siècle, la propriété de la famille Barbette dont une rue proche porte le nom. Il s’étendait en fait alors jusqu’à la rue des Filles du Calvaire, et sera morcelé au XIVe Siècle.

    C’est en 1561 que la décision est prise de lotir le terrain. Celui-ci est racheté par Claude de Mortier, sieur de Soisy, Notaire et Secrétaire du roi afin d’y édifier une vaste résidence. Certains affirment que cette dernière fut plus grande que l’Hôtel Carnavalet. L’Hôtel a appartenu ensuite à un autre financier Guillaume Cornuel dont l’épouse, Anne Bigot, tenait un salon alors très en vue. A cette époque la rue attire d’autres financiers et prend même le surnom de rue des Francs Larrons ! Après de mauvaises affaires, Guillaume Cornuel vend son Hôtel à une grande famille bourgeoise, les Poncet dont l’un des membres est responsable du tri des papiers de Fouquet, il fut d’ailleurs parmi ceux qui étaient favorables à la mort du Surintendant. L’Hôtel passera ensuite à la famille Vallier-Le Mairat. Charles Louis Le Mairat fit édifier en 1767 la façade sur rue dans le pur style Louis XVI telle qu’elle se présente encore aujourd’hui. Il est aussi à l’origine de la surélévation de l’Hôtel d’un étage. A la Révolution, l’hôtel est vendu.

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    Une vue de la cour intérieure

    Durant tout le XIXe siècle, cinq propriétaires se succèderont. De 1843 à 1870, l’Ecole des Francs Bourgeois fondée par les frères des Ecoles Chrétiennes s’y installera. En 1870, elle déménagera dans l’Hôtel de Mayenne, rue Saint Antoine, où elle se trouve toujours mais en ayant gardé son nom d’origine d’Ecole des Francs Bourgeois. L’Hôtel de Mayenne a fait l’objet d’une somptueuse et récente restauration (voir nos articles des 12 mars et 14 septembre 2012).   

     

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    Datail du drapé sculpté de la façade sur rue

    Sous l’appellation d’Hôtel de Sandreville, il faut distinguer aujourd’hui deux hôtels d’époques différentes. Celui bâti vers 1586 en fond de cour pour Claude Mortier, sa façade restaurée est la plus belle et donne un bon exemple de l’architecture privée à Paris à la fin du XVIe siècle. Le second corps de l’Hôtel est celui sur la rue des Francs Bourgeois qui a été construit en 1767 par Louis-Charles Le Mairat dont la façade déjà de style Louis XVI est très classique et beaucoup plus sobre. De longs pilastres encadrent les fenêtres et un joli drapé sculpté souligne la corniche sous le toit, donnant de l'élégance à l'ensemble. Les vantaux du portail sont légèrement ouvragés et s'intégrent avce bonheur. 

    Le bâtiment est privé, il faut donc avoir la chance de passer lorsque le porche est ouvert pour admirer les bâtiments sur cour.

    Dominique Feutry

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    L'immense thermomètre du 36 rue de Poitou (IIIe) 

     

    Pourquoi la façade du 36 de la rue de Poitou (IIIe) est-elle ornée d'un thermomètre de taille impressionnante peint en noir et rouge qui indique la température extérieure ? Il s'agit en fait d'une enseigne rappelant qu'il existait autrefois dans cet immeuble une fabrique d'instruments de mesure nommée Lucien Hyppolyte Berne-Bourette. Ce nom figure d'ailleurs en haut du thermomètre. Fondeur et fabricant, cette entreprise est l'inventeur du pagoscope présenté à l"exposition internationale organisée à Paris en 1905. Cet appareil servait à indiquer la survenance de gélée pour les agriculteurs.  

    L'atelier fut transformé dès avant la Première Guerre Mondiale en hôtel dont la dénomination pour le moins originale fut "l' Hôtel du Thermomètre". L'atelier avait déménagé boulevard Beaumarchais avec une entrée rue Amelot. Le lieu est aujourd'hui devenu un immeuble d'habitation.

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    Un exemple de pagoscope

    Les témoignages  sur l'activité artisanale, des ateliers et entreprises divers  qui animaient le Marais autrefois ne  manquent pas, à l'instar de plaques qui rappellent que des personnages illustrent ont vécu dans notre quartier (notre article du 23 juillet 2012) .

    Nous aurons l''occasion d'en reparler lors de prochains articles.

    Dominique Feutry

     

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    Le toit fumant encore de l'Hôtel Lambert à la pointe de l'Ile Saint Louis (IVe) le matin du 10 juillet 2013

     

    L’incendie de l’Hôtel Lambert qui s'est déclenché le 9 juillet dernier a provoqué un émoi à la hauteur de l’intérêt historique de cet édifice exceptionnel situé à  la pointe de l’Ile Saint Louis proche du Marais dont elle ne fait pas partie. Ce drame est un événement qui ne peut pas laisser indifférent même si il n'y a eu à déplorer heureusement aucune victime humaine. Mais ce qui est parti en fumée a bel et bien disparu et les dégâts collatéraux sur ce qu’il reste sont significatifs. Il est déjà envisagé pas moins de 2 ans de restauration sur laquelle se sont engagés les propriétaires et l’Etat. La perte majeure semble être ces fameux décors d’un cabinet réalisés par Eustache Lesueur au XVIIe siècle. Un escalier aussi se serait effondré…L’architecte en charge de la rénovation de l’Hôtel veut rester optimiste indiquant que tout n’était pas détruit et que les murs allaient sécher doucement afin que les décors n’éclatent pas.

    Classé monument historique en 1862, représentant 4000 m2 de superficie, l’Hôtel Lambert qui doit son nom à son commanditaire, le secrétaire de Louis XIII, a été construit en 1640 par Levau que l’on retrouve à Vaux-le-Vicomte et à Versailles. Les plus grands artistes de l’époque ont travaillé sur ce chef d’œuvre. Outre Le Sueur, Charles Le Brun y peignit les peintures de la galerie d’Hercule. En dehors de différents cabinets (cabinet des Muses, cabinet de l’Amour. ..) datant de cette époque, il existe encore de nombreux plafonds à solive. Des témoins du XVIIe siècle rares à Paris. Des transformations ont eu lieu au fil du temps dont des appartements néogothiques aménagés sous les combles qu’occupa Michèle Morgan. Voltaire y séjourna, l’édifice appartenait alors au marquis du Châtelet, le mari de la célèbre femme éponyme.

     

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    La galerie d'Hercule peinte par Le Brun qui serait épargnée

    De grandes fêtes y furent données, Lamartine, Balzac, Chopin, Georges Sand s’y rendaient fréquemment. Les célèbres fêtes données au siècle dernier par le baron Redé notamment celle de décembre 1969, appelée le « Bal oriental » fut une des dernières grandes manifestations mondaines de grande ampleur organisées dans ces lieux. On rapporte que des éléphants en papier mâché accueillaient les invités dans la cour de l’hôtel. Des « esclaves noirs » torse nu portaient des torches dans le grand escalier menant à la salle de bal, tandis que des automates jouaient de différents instruments disposés dans galerie d'Hercule…

     

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    Détail d'une partie des peintures de Lesueur détruites

    Racheté en 1975 par Guy de Rothschild, l’Hôtel a été acquis en 2007 par la famille al-Thani apparentée à l’Emir du Qatar. En travaux depuis lors, les difficultés et la polémique ont émaillé cette période, le parking souterrain comme d’autres demandes, contraires à l’intérêt de l’édifice, ayant été refusés par la Ville de Paris. Dès fin 2008 (voir notre article du 23 décembre) nous évoquions « la tempête » déclenchée par les projets d’aménagement des nouveaux propriétaires.

    Nous osons croire que ce pénible et triste épisode servira à démonter qu’une vieille dame telle que cette bâtisse du XVIIe siècle ne se traite pas comme n’importe quelle construction dépourvue d’histoire et de riches témoignages du passé. Aussi souhaitons-nous que la restauration soit à la hauteur de l’enjeu.

    Dominique Feutry

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    Le musée Carnavalet 23, rue de Sévigné (IIIe) et son jardin dessiné en 1950

     

    Construit par Pierre Lescot au XVIe siècle pour Jacques de Ligneris, Président du Parlement de Paris, l’Hôtel Carnavalet (23, rue de Sévigné IIIe) fait partie des plus anciens hôtels particuliers du Marais. Il présente des similitudes quant à son plan avec le château d’Ecouen. Les statues extérieures que l’on peut admirer sont l’œuvre de Jean Goujon à qui l’on doit le célèbre tombeau de Diane de Poitiers et dans notre quartier le portail de côté de l’église Saint Nicolas des Champs (notre article du 12 octobre 2012). Passant de mains en main en main, il appartint à Claude Boislève qui le fit modifier par F. Mansart au XVIIe siècle. Ensuite il fut occupé en tant que locataire par Mme de Sévigné, à la Révolution il appartenait à la famille du Pré de Saint-Maur. Transformé en école des Ponts et Chaussées, il abrita alors différentes institutions jusqu’à ce que Haussmann préconise à la Ville de Paris de l’acheter, ce qu’elle fit en 1866 afin d’y installer ses collections historiques. Les nombreux travaux en cours alors au sein de la capitale étaient une source abondante d’apports architecturaux et de témoins d’exception pour ce futur musée. Malheureusement un certain nombre ont disparu car, alors qu’ils étaient encore en attente d’affectation à l’Hôtel de Ville, ils brulèrent dans l’incendie de la Commune. Malgré cela l’apport fut important, en particulier dans les années qui suivirent l’ouverture du Musée au public en 1880. Aussi dès 1881, il fut décidé de vendre à l’Hôtel Drouot les pièces les moins précieuses (soit au total plus d’un millier de faïences, meubles, étains etc…).

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    Pirogue néolithique  provenant du site archéologique de Bercy

     

    En 1998 la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris (notre article du 06 mars 2013) déménage de l’Hôtel Carnavalet pour l’Hôtel Le Pelletier qu'elle quittera 70 ans plus tard afin de s’installer sur son emplacement actuel l’Hôtel de Lamoignon. Ce départ a permis en 1989, après de lourdes restaurations et des aménagements, de relier par une passerelle les Hôtels Carnavalet et Le Pelletier pour n’en faire plus qu’un seul musée. Il convient de rappeler qu’entre temps les costumes sont transférés au Palais Galliera devenu le Musée de la Mode et du Costume. L’Hôtel Le Pelletier de Saint Fargeau doit son nom à celui pour qui il fut construit au XVIIe siècle, Michel Le Pelletier Intendant de France. Il comprend des pièces majeures de l’art de cette époque dont le grand escalier a la rampe exceptionnelle, de vastes cheminées et des carrelages d’origine.

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    Un des salons reconstitués

    Carnavalet abrite les témoignages de la préhistoire jusqu’à la Révolution. L’immeuble Le Pelletier recouvre la période postérieure. Les jardins que l’on peut admirer de l’extérieur et attirent le regard datent de 1950.
    Des cabinets et salons d’Hôtels particuliers richement décorés mais détruits ou transformés ont été regroupés à Carnavalet. Ceux des Hôtels de Rivière ou de Villacerf sont remarquables. Une suite de salons d’époque Louis XV et Louis XVI méritent le détour. Les lambris d’origine recouverts de plusieurs couches de peinture ont été restitués dans leur couleur d’origine qui ont surpris par leur aspect vif, leur donnant un éclat tout particulier. Les souvenirs de la Révolution foisonnent et sont très touchants, tels les soldats de plomb du Dauphin. Parmi les acquisitions récentes les plus importantes, la salle de bal Art Déco de l’Hôtel de Wendel peinte par José Maria Sert en 1925 est imposante.
    Bien entendu les objets de fouille notamment les fameuses barques du néolithiques découvertes à Bercy en 1991 occupent de larges espaces de même que les pièces gauloises ou les enseignes anciennes de magasins. Pour les amoureux de Proust, il est possible de visiter la chambre où il écrivit à la Recherche du Temps Perdu (son pendant est visible dans le château de Breteuil de la vallée de Chevreuse).

     

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    La fameuse vitine de l'apothicaire Lescot

    Le musée Carnavalet est le plus ancien musée municipal de Paris, il dispose de 600 000 œuvres, d’un atelier de restauration, d’un fonds très riche de documents (dessins, affiches, photographies…).
    Notons que l’établissement est aussi en charge de la Crypte du Parvis de Notre Dame et des Catacombes.

    Un grand musée donc pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de Paris.

    Dominique Feutry

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    Le bal de la Comédie Française peint par Victor-Gabriel Gilbert

     

    Nous débordons du périmètre du Marais pour relater un évènement exceptionnel qui a reçu un écho si discret qu’il mérite que l'on s'y intéresse. La Comédie Française vient de remettre à l’honneur une tradition perdue depuis 75 ans qui renoue avec une coutume qui remonte au XVIIIe siècle.

    Il s’agit de son bal annuel qui s’est tenu le 4 juillet dernier. Forme de mécénat avant la lettre, celui-ci a retrouvé tout son sens en cette période de réduction des crédits accordés à la vénérable institution qui emploie 450 personnes et dont le budget est de 38 millions € financés à hauteur de 63% par l’argent public. Nos anciens avaient déjà bien compris tout l’intérêt de cette forme de sponsoring de prestige. 500 invités, des personnalités, des bienfaiteurs, des amoureux de la Comédie Française ont découvert les lieux autrement.

    Pour l’événement, la Garde Républicaine était présente, de magnifiques fleurs décoraient la montée d’escaliers et les différentes pièces rendues accessibles aux invités habituellement fermées mais ouvertes pour l’occasion. Même le bureau de l’administrateur pouvait être visité. Un récital de violon, une courte pièce de théâtre étaient au programme. Bien entendu, il était possible d’échanger avec les comédiens et, suprême privilège, de danser sur la scène de la salle Richelieu au son d’un orchestre commandé pour l’occasion. Une vente aux enchères de costumes était prévue. A la sortie, grâce au concours d’un mécène avisé, la façade du Français n’était que lumière…

     

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    Gravure XIXe du bal de la Comédie Française

     

    Le décalage peut paraître excessif entre cette fête grandiose réservée à quelques « happy few », à l’image des « charities » anglo-saxons, et ceux qui aujourd’hui sont bien loin de ce type de contingence. Pourtant la Comédie Française comme l’Opéra Garnier qui lancé une grande campagne pour la restauration de ses réverbères extérieurs, mais aussi Versailles, le Louvre, tous les grands monuments et les grandes institutions culturelles vont devoir, à l’instar de ce qui se passe dans de nombreux pays, développer plus encore le mécénat pour pallier la baisse des crédits en provenance de la sphère publique.

    Finalement cette coopération nouvelle encourage souvent la symbiose entre le public, les donateurs, les artistes et les responsables de ces grands établissements. Le château de Versailles et le Louvre y réussissent à merveille et servent d’exemples pour de nouvelles initiatives. Et pourquoi pas demain d'autres institutions qui pourraient aussi s’inspirer de cet événement et de ce qui existe déjà telle la Société des Amis du Musée Carnavalet créée par le Maréchal Lyautey et qui participe à l’enrichissement des collections.

    Dominique Feutry

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       La statue de la Vierge à l'angle des rues Aubriot et Sainte Croix de La Bretonnerie (IVe) 

     

    Un internaute a pris connaissance d'un article que nous avions écrit sur notre blog le 29 janvier 2013 à l'occasion de la "disparition" de la statue de la Vierge dans une niche à l'angle des rues de Turenne et de Villehardouin. Nous avions étendu notre article aux statues présentes dans d'autres niches d'immeubles du Marais. Nous avions alors évoqué la présence de la statue en terre cuite à l'angle des rues Aubriot et Sainte Croix de la Bretonnerie.

    Mémoire et documentation ont permis à notre internaute, que nous remercions vivement, de nous communiquer sur la statuette, des renseignements très précis datant de 75 ans! Celle-ci s'appelle "Notre Dame de toutes les Grâces" ou bien "Vierge d'Israël". Elle a été installée en 1938 à l'instigation de "l'Association Art et Louange" créée dans le cadre du récent mouvement artistique des Ateliers d'Art Sacré favorisant la production d'oeuvres d'art accessibles à tous. Cette commande avait été confiée à un jeune sculpteur polonais, Marek Szwarc, plutôt spécialisé dans les travaux sur cuivre repoussé, à l'occasion du Jubilé Marial. Cette manifestation avait été organisée pour le Tricentenaire du voeu de Louis XIII du 15 août 1638 qui plaçait son pays sous la protection de la Vierge Marie. Parmi les nombreux  dons faits par l'association, l'un d'eux concernait Notre Dame de Paris.

     

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    Photographie de Marek Szwarc sculptant

     

    Un article de journal de l'époque (Archives Marie Baranger) a été communiqué par notre internaute, on peut y lire le passage ci-après, à propos de l'installation de la statuette.

    "…elle (NDLR: la statue) n'a jamais été inaugurée dans ce Vieux Paris de Louis XIII, dans ce Marais grouillant de vie et d'histoire où les hôtels naguère somptueux aux grands noms de France voisinent avec des maisons obliques, tortueuses et sombres. Sur les façades de l'une de ces maisons, à l'angle de la rue Aubriot et de la rue Sainte Croix de la Bretonnerie, il y avait depuis toujours une niche, une niche de pierre creusée dans la façade et vide depuis des siècles. Eh bien! un de ces derniers jours une voiture s'arrête devant, quelques hommes en descendent … L'un d'eux…qui tenait dans ses bras une admirable statuette de la Vierge en terre cuite…la déposa dans la niche…après quoi, il …parut heureux parce que les badauds s'étaient rassemblés et disaient du bien de son oeuvre. Car l'auteur lui-même, Marek Szwark, un des plus jeunes sculpteurs d'art religieux…avait tenu à… la (NDLR)…mettre en place de ses mains. On m'a demandé, nous dit-il, une petite statue de la Vierge pour qu'elle soit placée dans la quartier du Vieux-Paris. Voyez, Elle n'a que 83 cm de haut et sur son socle on lit "N-D de toutes les Grâces" écrit à la fresque par Melle Baranger. En la modelant, j'ai cherché à exprimer la pureté, la chasteté, le don des Grâces…"

    Cet article de presse constitue non seulement un témoignage intéressant sur notre quartier mais aussi sur le style rédactionnel pratiqué par les journalistes de l'époque. Il est intéressant de noter que Marek Szwarc est le père de la femme de lettres franco-américaine Tereska Torrès disparue l'an passé.

    Dominique Feutry

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    Le Pont Alexandre III illuminé pour l'Exposition internationale de 1937

     

    L’histoire de la nuit parisienne s’expose. « Paris la nuit-Chronique nocturne » est le thème d’une très intéressante rétrospective qui se tient jusqu’au 6 octobre prochain au premier étage de l’Arsenal. Le but est de décrypter l’incidence des habitudes nocturnes et des usages du temps sur la ville au cours des siècles derniers (depuis la Révolution).

    Certes il y a les fêtes organisées au gré des générations que certains voudraient d’ailleurs voir plus nombreuses et plus répandues encore. Le Marais n'a pas échappé à ces évolutions. Mais heureusement la nuit ce n’est pas que cela, le parcours se consacre aussi à ceux qui travaillent (services publics, éclairage des rues jusqu’à l’arrivée de l’électricité…) ou aux SDF. Sont évoqués des épisodes peu connus de notre histoire, telle la « révolte des ivrognes » du 11 juillet 1789 à la suite du projet visant à détruire tous les établissements des Portes de Paris dans lesquels les boissons étaient détaxées. Certains y ont vu les prémisses des événements du 14 juillet.

    L’arrivée de l’électricité ouvre les perspectives nouvelles, ne serait-ce par exemple que l’éclairage des rues et modifient ou remettent en cause certains métiers comme celui d’allumeur de réverbère. Des photographies illustrent alors la vision nouvelle ainsi donnée de nuit. Des éclairages conçus exprès pour l’Exposition Internationale de 1937 est magnifique. L’arrivée des néons a permis de montrer autrement tout en en alliant le côté publicitaire des façades des grands magasins, le BHV n’y a pas échappé.

    L’influence des habitudes, les progrès quant à l’éclairage par exemple ont interféré sur l’architecture et l’urbanisme. Souvent il s’agit d’embellir afin de montrer un aspect différent de ce que nous voyons le jour.

    Tous ces impacts sont très bien expliqués et décrits tout au long de cette exposition qu’il ne faut pas manquer.

    Un livre a été édité à cette occasion, certains connaisseurs le qualifient déjà de « référence ».

    Dominique Feutry

     

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    Verra-t-on bientôt ce genre de paquebot sur la Seine à Paris ?

    Des informations diverses concernant Paris et plus spécifiquement le Marais ou des lieux très proches ont émaillé récemment la une des médias.

    Ainsi la Mairie de Paris vient d'annoncer que la vitesse de circulation des véhicules dans de nombreuses artères de la capitale (1/3 d'entre elles) allait être ramenée à 30 voire 20 km/h. Plusieurs voies du Marais sont visées. Il s'agit d'une bonne décision notamment près des écoles ou dans les rues très commerçantes ou passagères. Mais ces nouvelles limites seront-elles bien respectées ? Dans la même veine, les 11 radars installés en janvier aux feux rouges, à certains endroits classés "stratégiques" auraient flashé 79 000 fois des contrevenants en 5 mois. Deux sont dans notre secteur. L’un est au carrefour quai de Gesvres-rue Saint Martin et l’autre au carrefour rue de Rivoli-boulevard de Sébastopol. Une excellente affaire pour l'Etat (10 millions € de recettes perçues) qui montre malheureusement combien la multiplication de ce type d'infraction est inquiétant alors que tous les feux ne sont pas équipés d'un radar…

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    Radar situé à un feu rouge 

    Côté circulation, mais cette fois sur la Seine, des paquebots de croisière, jusqu'à 135 m de long, pourraient voguer sur le fleuve dès 2015, à l'instar de ce qui existe dans d'autres capitales. Le Ministre des Transports y serait favorable…Gare aux ponts, gare à l'envahissement des quais et surtout gare aux accidents sur un fleuve qui reste étroit avec un trafic déjà significatif!

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    Fouilles en cours sur l'Ile de la Cité

    Dans le cadre de travaux entrepris dans l'Ile de la Cité sur un site de la Préfecture de Police, des fouilles archéologiques ont été engagées, elles se révèlent fructueuses. De nombreux témoignages datant pour certains de 2 500 ans ont été exhumés ainsi que les fondations de l'église Saint Eloi datant du XVIIe siècle détruite lors des grands travaux haussmanniens. Le site sera ouvert à la visite durant le prochain week-end, à l’occasion des Journées Nationales de l’Archéologie.

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    Un bar à chats au Japon

    Enfin, sujet mineur et plutôt amusant, l'ouverture prochaine annoncée (sans doute en août) d'un bar pour chat inspiré d’un concept japonais au travers d’un site de participation financière collective. Les amateurs de chats qui n’en disposent pas à leur domicile pourront ainsi les côtoyer. L’établissement sera installé en plein cœur du Marais. C'est plutôt sympathique et original pour les chats qui, avec leurs maîtres, en profiteront mais chacun peut aussi rester songeur alors que la pauvreté grandit de jour en jour dans notre société …

    Dominique Feutry

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    Affiche de l'exposition Nelson Mandela. Hôtel de Ville de Paris (IVe) 

     

    La Mairie de Paris organise actuellement dans les locaux de l’Hôtel de Ville, une exposition gratuite à ne pas manquer sur la vie exceptionnelle de Nelson Mandela. Une initiative intéressante qui a pu se concrétiser à l’occasion de l’année de l’Afrique du Sud en France grâce à une bonne collaboration avec le Centre de Mémoire Nelson Mandela et le Musée de l’Apartheid de Johannesburg.

    Afin d’attirer le public et de frapper le regard une reconstitution de la cellule de la prison où fut enfermé l’illustre personnage a été installée sur l’Esplanade de l’Hôtel de Ville.

    Etait-il bien nécessaire de pousser le réalisme jusqu’à ce point ?

    Verra-t-on un jour au même endroit, la reconstitution de la cellule du Capitaine Dreyfus sur l'Île du Diable ou celle de Fouquet au fort de Pignerolles voire celle de l’Homme au Masque de Fer de l’île Sainte Marguerite ou pourquoi pas le cachot de Jeanne d’Arc dans la tour de Philippe Auguste à Rouen ?

    Le souci du détail a ses limites. Les belles et grandes photos du Premier Président noir d’Afrique du Sud suffisent en elles-mêmes et sont tout à fait attractrives. Faut-il toujours vouloir choquer, toujours en mettre plus, toujours se singulariser dans notre société à l'affût du sensationnel et des images choc ?

    La cellule fait finalement bien triste par ces temps de grisaille inhabituels alors que le moral des Français est au plus bas. Ce n’est pas du meilleur goût.

    Dominique Feutry

     

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    Le Pavillon de l'Arsenal 21, boulevard Morland (IVe)

     

    Le Pavillon de l’Arsenal (21, boulevard Morland IVe), à ne pas confondre avec la bibliothèque éponyme qui lui fait face, est un monument un peu excentré du Marais. Installé sur l’ancienne Ile Louviers (un bras de Seine passait boulevard Morland), il doit son nom à sa proximité de l’ancien quartier qui abritait l'Arsenal du Roi.

    Il fut construit sur les plans de l’architecte Clément, voilà bientôt 140 ans, suite au souhait d'un négociant en bois d' y abriter sa riche collection de peintures (2 000 œuvres) et d' en faire un musée populaire. Après la disparition du collectionneur, sa famille mis en location le bâtiment qu’occupèrent différents commerces dont la Société Rivoire et Carret. Il passa ensuite aux mains de la Samaritaine qui y établit au début des années trente ses ateliers de confection. N’ayant plus besoin de ceux –ci après la Guerre, la célèbre enseigne vendit l’ensemble à la Ville de Paris en 1954 pour abriter des archives.

    Une importante restauration fut entreprise par les architectes Bernard Reichen et Philippe Robert afin que les murs de l’Arsenal (caractéristique de l'architecture de la fin du xixe siècle) retrouvent en 1888, leur destination d’origine de lieu d’expositions (permanentes au rez- de-chaussée et temporaires au 1er étage).

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     Vue intérieure du Pavillon de l'Arsenal

     

    En réalité, seule une moitié de l’édifice présente ses cimaises, l’autre étant réservée au centre de documentation, à l’administration et à des colloques …focalisés sur le thème architectural de « la ville en mouvement » incluant toute la métropole parisienne. Une foultitude de photos, cartes, plans, films et maquettes ainsi que des services multimédias accessibles par internet sont à la disposition des visiteurs. De nombreux ouvrages sont édités l’Arsenal qui est soulignons-le une association loi de 1901 qui bénéficie en 2013 d’une subvention de 2, 33 millions € de la Ville sachant que le projet de budget avoisine 3,2 millions €.

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    Projet de façade de la Samaritaine côté rue de Rivoli objet du recours en cours  

    Paradoxe ou coïncidence, l’Arsenal abrite jusqu’au 9 septembre une exposition sur l’important projet de réaménagement de la Samaritaine, actuellement suspendu par un recours contre le permis de construire concernant la façade côté rue de Rivoli (coût total : 450 millions d’€, 1000 ouvriers à pied d’œuvre jusqu’en 2016). Sont prévus, un hôtel de luxe, 96 logements sociaux, une crèche et des commerces). Le cabinet d’architectes qui a élaboré ce projet est celui qui a réalisé le Louvre de Lens.

    La découverte de l’architecture du XIXe associée à celle des expositions organisées valent que l’on s’intéresse à ce lieu qui se trouve en dehors des sentiers battus, ce qui en fait tout son intérêt.

    Dominique Feutry