Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Histoire

  •  

    Nicolas Flamel hostellerie 1
    Maison dite de Nicolas Flamel au 51, rue de Montmorency (IIIe)

     

    A la frontière du Marais se trouve la Maison dite de Nicolas Flamel, 51 de la rue de Montmorency. Elle date de 1407 et serait avec sa façade typique des XIVe et XVe siècles la plus vieille sinon une des plus vieilles demeures de Paris. En fait, il est peu probable que Nicolas Flamel l'ait habitée et il semble plutôt que cette maison servait à loger gratuitement des laboureurs et des maraîchers en échange de prières, ces derniers travaillant dans les terres alentours. Quant aux boutiques elles étaient louées.

     Qui était vraiment Nicolas Flamel (1330 ou 1340-1418)? On dit de lui qu'il était un écrivain, disposant d'un atelier de copiste civil. Il était aussi libraire-juré de l'université de Paris mais une personne qui devint suffisamment riche, ce qui lui permettait de faire des dons importants en nombre aux églises (en particulier Saint-Jacques de la Boucherie dont il ne reste plus que la tour rue de Rivoli), aux hôpitaux, pour que le roi Charles VI demandât une enquête poussée à son sujet. Interrogé, l'intéressé n'avoua pas être un alchimiste ayant découvert le principe de la pierre philosophale qui permettait de muer tous les vils métaux en or. En réalité il s'était marié avec une femme appelée Pernelle deux fois veuve dont il héritera à sa mort en 1397. Cette succession suite à un legs mutuel a d'ailleurs été portée en vain devant les tribunaux par les parents de la défunte.

     

    Flamel-33f0a3c (1)
    Gravure de Nicolas Flamel

    Ce n'est qu'après la mort de Nicolas Flamel lui-même que se répandit l'idée de l'alchimiste car il détenait pas mal de biens ce qui était inhabituel pour un homme qui n'était pas d'origine noble. Mais au fil des années n'a t-on pas exagéré celle-ci ? Les maisons qu'il détenait n'étaient pas toujours en bon état, nous savons qu'il a aussi bénéficié de spéculations immobilières. Mais voilà, les fortunes bourgeoises en opposition à celles normales des nobles se voyaient taxées aux XVe et XVe siècles d'être d'origine alchimique. Ne l'a t-on pas dit de Jacques Coeur ?

    Nicolas Flamel a beaucoup oeuvré pour financer des constructions du cimetière des Innocents (arcades sculptées, chapelles, charniers…). Sur certaines d'entre elles il était possible de trouver des sculptures allégoriques assimilées à la représentation de l'alchimie. D'où une interprétation facile à imaginer. Sans doute est-ce donc la légende qui est à l'origine de la confusion entre Nicolas Flamel et l'alchimie. Phénomène amplifié par le temps qui s'est mué en vérité grâce aussi aux écrits d'écrivains tels Gérard de Nerval, qui a consacré l'une de ses oeuvres à Nicolas Flamel.

    Alors doit-on casser le mythe ou laisser subsister le doute, sachant que personne n'a vraiment jamais eu de réponse formelle quant à la véracité de l'une ou l'autre des deux thèses ?

    Dominique Feutry

     

  • 300cibles-cea96 Cible de tir croate (Musée de la Chasse et de la Nature) 

                   

    L'arrivée prochaine du printemps correspond aussi à celle de nouvelles expositions dans les musées du Marais ou de ses environs immédiats. Nous en avons sélectionné quelques unes où nous vous conseillons de vous rendre tant par leur originalité que par l'intérêt des pièces exposées.

    Signalons une  très intéressante exposition à l’Hôtel de Soubise (60, rue des Francs Bourgeois, IIIe) intitulée  « Le Pouvoir des actes » qui se tiendra du 27 mars au 24 juin. Seront exposées des « pièces spectaculaires et parlantes …montrant comment l’acte constitue la manifestation par excellence du pouvoir souverain. »   

     Diplome-frederic-2
    Diplôme de Frédéric II (1234)

     

    Autre thème de visite très surprenant, près de 100 robes issues des collections du Musée Galliera, ainsi que des photographies et des dessins montreront les coulisses des célèbres ateliers de couture parisiens dans la salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville, 5 rue Lobau (IVe). 

    Au Centre Pompidou, une rétrospective très attendue sera consacrée  aux travaux d’Eileen Gray, artiste designer qui a marqué le XXème siècle en matière d’arts décoratifs et d’architecture moderniste. Des peintures, des maquettes, des laques, des décorations intérieures et des photographies seront montrées au public afin de mieux comprendre l’œuvre singulière de cette grande créatrice irlandaise. Au même endroit et aux mêmes dates (du 27février au 3 juin), une dation importante qui enrichit les collections du Musée permettra de voir  20 tableaux signés par le peintre Jesùs Rafael Soto. Inspiré notamment par Mondrian, cet artiste fait partie de ceux qui ont renouvelé en Europe l’art cinétique  (les œuvres comprennent des parties en mouvement). 

    ImagesCA5SY5O4

    Fauteuil d'Eileen Gray

    Le musée Cognacq-Jay propose, du  18 avril au 13 juillet,  une exposition temporaire intitulée « Souvenirs du XVIIIème siècle du Sculpteur Jules Dalou ». Ce grand artiste inspiré par le siècle de lumières, ami de Rodin, très mêlé à la Commune, est l’auteur de décorations de l’Hôtel de la Païva sur les Champs Elysées, de nombreux bustes de célébrités  mais aussi de l’ensemble appelé le « Triomphe de la République » au centre de la place de la Nation.

    N’oublions pas non plus, les beaux jours étant de retour, les expositions  en cours qu’il ne faut pas manquer. Celle consacrée aux cibles de tir anciennes souvent peintes par des auteurs anonymes qui se tient au Musée de la Chasse et de la Nature (62, rue des Archives IIIe). Nous vous rappelons enfin l’exposition exceptionnelle qui débute le 27 février  jusqu’au 30 juin, dénommée « La valise mexicaine » où pourront être vus les négatifs retrouvés  de Capa sur la guerre civile espagnole (voir notre article du  20 janvier 2013).

    De bonnes visites en perspective. N’hésitez pas à faire part de  vos commentaires sur le blog.

    Dominique Feutry

     

     

  •  00-Hooch-Buveuse_RF1974-28
    Tableau de Pieter de Hooch restitué à la famille Rothschild après la guerre et donné au Louvre en 1974

     

    Les visiteurs du Musée d'art et d'Histoire du Judaïsme de Paris (MAHJ) situé dans l'Hôtel de Saint-Aignan  71, rue du Temple (IIIe) ont pu découvrir au détour des oeuvres présentées qu'un certain nombre de tableaux signés par des artistes de renom, volés par les nazis durant la seconde guerre mondiale, n'avaient jamais retrouvé leurs propriétaires.

    Dès la fin de la guerre tout est mis en oeuvre pour la récupération des biens par leurs propriétaires au travers de la Commission de Récupération Artisitique, du Service de Protection des Oeuvres d'Art puis plus récemment de la Mission Matteoli, de la Commission d'Indemnisation des Victimes de la Spoliation (ses services sont situés au pied du Palais de Tokyo) ou de la Fondation pour la Mémoire de la Shoa. Hèlas, des oeuvres ne sont pas réclamées ou manquent de "pédigrée" historique et le temps passant, les restitutions se font de plus en plus rares. Pourtant la sénatrice Corinne Bouchoux qui a fait un thèse sur ce sujet estime qu'une action de "la dernière chance" est encore possible pour notamment les tableaux en dépôt dans les musées français et a fait adopter par la Commission Culture du Sénat des propositions pour activer à nouveau les recherches.

     

    Image001
    Caisse d' objets pillés au départ du Louvre durant la seconde guerre mondiale (Bundesarchiv)


    Il est vrai que dès 1940 et jusqu'en 1944, une unité spéciale des nazis appelée Einsatzstab Reichleiter Rosenberg, la sinistre ERR, est chargée du repèrage, puis de la confiscation des collections d'oeuvre d'art appartenant à des juifs en France, en Hollande et en Belgique. Les chefs d'oeuvre enlevés à leurs propriétaires étaient entreposés au Jeu de Paume avant leur départ pour l' Allemagne, soit pour les collections personnelles des dirigeants,  comme Goering qui se rendit 21 fois  sur place pour faire ses amplettes et enrichir sa propre collection qui comptait près de 1000 oeuvres, soit vers l'immense château de Neuschwanstein construit pas Louis II de Bavière, soit à Linz en Autriche, la ville natale d'Hitler, où devait être édifié un musée en son honneur qui devait être plus grand que Le Louvre et  qui n'a jamais vu le jour.

    Les convois se sont succèdé de février 1941 à août 1944, mais le dernier train a été arrêté par la résistance française. On estime que 200 collections privées (notamment les plus importantes, celles de Maurice de Rothschild et d' Arthur Lévy) ont été expédiées en Allemagne, plus tous les objets saisis dans les appartements (38 000 auraient été vidés), dans les coffres des banques ou achetés dans des conditions "douteuses"… Au total sur les 100 000 objets volés  (tableaux, bibliothèques, meubles, statues anciennes, tapisseries, bijoux, porcelaines, argenterie, timbres rares, fourrures…), 63 000 biens ont été rapatriés en France dès la fin de la guerre.  

     

      Image050

     Scène de restitution des objets volés après la guerre (Bundesarchiv)

     

    Si ces restitutions ont pu avoir lieu c'est en grande partie grâce à l'action de personnes déterminées qui parfois au péril de leur vie ont  entrepris un travail de fourmi en parallèle des tristes desseins des occupants pilleurs.

    Ainsi en est-il de l'action de Rose Valland. Cette attachée de conservation au Jeu de Paume a cotoyé quotidiennement les allemands pendant la guerre. Elle a, à l'insu de ces derniers, pris systématiquement des notes et enregistré le maximum de renseignements sur les oeuvres qui transitaient par ce dépôt central qu'était devenu le musée. Ecoutant les conversations, n'hésitant pas à se rendre dans les locaux en dehors des heures d'ouverture, recopiant les carbones des documents allemands laissés dans les corbeiiles… elle constitue des fiches qu'elle transmet au directeur des Musées Nationaux, Jacques Jaujart. Elle prévient les resistants des convois en partance afin qu'ils ne soient pas dynamités. Elle informe les services secrets alliés pour qu'ils évitent de bombarder les lieux de stockage allemands. Elle est devenue rapidement "l'espionne du Jeu de Paume".

     

    41801_40218004666_3536152_n
    Rose Valland

     

    Alors pourquoi Rose Valland a-t-elle pu faire tout cela sans être inquiétée ?

    Tout d'abord son allure modeste, fragile, discrète et stricte faisait que l'ennemi ne la remarquait pas. Elle parlait allemand, cela lui évitait de commettre des impairs. Peu avant la guerre, elle avait participé à l'opération de mise à l'abri des principales oeuvres d'art des musées français, ce que ne soupçonnaient pas les allemands. Elle avait alors acquis une bonne expérience.

    Son audace, sa détermination, son habileté, sa ténacité n'étaient pas perceptibles et la rendaient moins vulnérable. De même elle cachait son angoisse permanente. Elle apprit à la fin de la guerre que sa déportation était envisagée par les allemands dont elle subissait de temps à autre les interrogatoires qu'elle n'a jamais éludés, ainsi qu'elle l'a rapporté dans son livre intitulé "Le Front de l'Art" qui décrit son action. Ecrit en 1961, réédité en 1997, ce témoignage historique de premier ordre est aujourd'hui épuisé.

     

    51GckRH5QPL._AA300_

    Le livre témoignage de Rose Valland

     

    A la fin de la guerre, elle est nommée secrétaire de la Commission de Récupération Artistique. Capitaine dans l'armée, elle mène avec ses homologues alliés les investigations y compris en zone soviétique pour récupérer les oeuvres volées en Allemagne. Elle témoigne au procès de Nuremberg. En 1953, elle organise le Service de Protection des Oeuvres d'Art et est nommée deux ans plus tard Conservatrice des Musées nationaux. Même après avoir pris sa retraite, elle poursuit inlassablement son action de récupération

    Son histoire fait l'objet d'un film "Le train" signé John Frankenheimer où sont réunis Burt Lancaster, Jeanne Moreau et Suzanne Flon qui joue le rôle de Rose. Une plaque inaugurée 25 ans après son  décès, en avril  2005, sur le mur sud du Musée du Jeu de Paume, a ranimé la mémoire de la résistante de l'ombre que fut Rose Valland. Son action a sans aucun doute permis de sauver des milliers de trésors indissociables de notre histoire qui, sans ce sens aigu du devoir, auraient malheureusement disparu à jamais. 

     

    Dominique Feutry 

     

     

  • Louis XVII Louis-Charles, le dauphin

    13 août 1792, à onze heures du soir, le Dauphin
    Louis-Charles, fils de Louis XVI et de
    Marie-Antoinette, endormi dans les bras d’un homme qu’il ne connait pas,
    pénètre le premier dans la Tour du Temple. La journée a été difficile,
    la traversée de Paris, des Feuillants jusqu’au palais du Grand Prieur dans
    l’Enclos du Temple, longue et douloureuse, en raison de la foule et de la
    chaleur orageuse. La fatigue et le sommeil lui ont fait tout oublier. Il n’a
    que sept ans !

    Son père, Louis XVI, sa mère Marie-Antoinette, sa sœur
    Marie-Thérèse appelée Madame Royale, et sa tante Madame Elisabeth l’ont rejoint
    un peu plus tard, en compagnie de quelques fidèles et de certains membres de la
    Commune de Paris, les "municipaux". Peu à peu, la Tour voit partir ses
    prisonniers pour la guillotine. Seuls vont rester  les deux enfants, enfermés à des étages différents. Ils ne se
    reverront plus de leur vivant.

    Louis-Charles, séparé
    de sa famille, est tout d’abord confié au couple Simon qui prend soin de lui, à
    sa manière. Après le départ de ses gardiens, le petit garçon est abandonné à sa
    solitude, mangeant ou ne mangeant pas selon l’humeur des municipaux. Pendant
    sept mois (19 janvier -1er septembre 1794), personne ne prend soin
    de lui, ne le fait se laver,  ne lui
    coupe les cheveux ni  les ongles, aucun
    médecin ne le visite et la maladie le ronge. Il ne reçoit aucune éducation, n’a
    ni jeu, ni livre, ni lumière, et ne sort
    ni dans le jardin ni sur la terrasse de la Tour. Lui qui aimait tant les fleurs
    et les oiseaux !

    Deux mois après la mort de Robespierre, le 9 Thermidor an
    II, les portes de sa chambre sont ouvertes. Mais il est trop tard. Les efforts
    de ses nouveaux gardiens, Lasne et Gomin,
    et des médecins qui sont mandés
    auprès de lui, quelque temps avant sa mort, ne peuvent le sauver d’une maladie
    douloureuse dont l’enfant a conscience. Il meurt dans les bras de Lasne, le 8
    juin 1795, à l’âge de 10 ans.

    La mort de
    Louis-Charles, Dauphin de France, Louis XVII, a suscité de nombreux
    commentaires [et controverses – NDLR]. Les analyses ADN pratiquées sur des fragments du cœur de l’enfant
    mort au Temple et subtilisé par le Docteur Pelletan, un des médecins pratiquant l’autopsie, ont prouvé que
    l’enfant mort au Temple est bien Louis XVII, fils de Louis XVI et de
    Marie-Antoinette (*).

    Depuis plus d’un mois, des plaques de métal de la Ville de
    Paris, accrochées sur les grilles du
    square du Temple, rappellent ce moment douloureux de notre passé. Il ne reste plus à la Ville qu'à en faire
    mention sur la plaque concernant la famille royale, apposée sur le mur de la
    Mairie et qui, brisée, mérite vraiment d'être changée (dossier en attente depuis plusieurs
    années).

     Dominique Sabourdin-Perrin

    Auteur du livre "Les oubliés du Temple", Editions Persée



    Coeur louis XVII

     (*) NDLR : en toute rigueur, les analyses ADN attestent qu'il s'agit du fils de Marie-Antoinette et donc, très vraisemblablement, du fils de Louis XVI. C'est désormais l'hypothèse officielle. Le coeur (photo ci-dessus) a été déposé en 2004 dans la chapelle des Bourbons de la Basilique Saint-Denis.

                          

  •   
    P1070592

     Une scène d'un vitrail de l'église Saint-Etienne de Bar sur Seine illustrant le miracle des Billettes 

     

    Qui imaginerait aujourd’hui que l’existence dans notre quartier de l’église et du cloître des Billettes (IVe) est le fruit d’un miracle qui s’est produit au cours du XIIIe siècle ?

    L’histoire rapporte qu’une femme désargentée voulant absolument obtenir restitution de ses vêtements mis en gage, auprès d’un prêteur juif du nom de Jonathas pour la fête de Pâques, avait dû donner une hostie consacrée en échange à ce dernier. Dès qu’elle lui remet l’hostie, l’homme poignarde l’hostie qui se met aussitôt à saigner. La plongeant aussitôt dans l’eau bouillante, celle-ci rougit et le Christ serait alors apparu.

    Les thèses sont divergentes ensuite. D’aucuns prétendent que malgré sa conversion et celle de sa famille, le prêteur fut brûlé en place de Grève. D’autres prétendent qu’il fut gracié en raison de sa conversion. Il est dit qu’à la suite de cette affaire et avant que leurs relations ne deviennent conflictuelles, le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII autorisèrent la construction d’une chapelle expiatoire à l’endroit même où les faits s'étaient produits.

    143465
    Le cloître des Billettes

     

    L’édifice religieux est confié aux Frères Hospitaliers de la Charité Notre Dame surnommés les Billettes, sans doute à cause de la forme rectangulaire de leur scapulaire qui ressemblait à celle des pièces plates de métal de certains vêtements d’armes appelées des billettes. La chapelle devint vite un lieu de pèlerinage très fréquenté et une nouvelle église doit la remplacer au début du XVe siècle financée par les nombreux dons des pèlerins. Le cloître lui fut adjoint en 1427. Il s’agit du seul de cette époque qui existe encore à Paris aujourd’hui. La rue qui le longeait s’appelait "la rue où Dieu fut bouillie". Les maisons que nous pouvons voir au-dessus du cloître sont des XVIIe et XIXe siècles.

     

    450px-Rue_des_Archives-Eglise_des_Billettes-1
    La façade du temple des Billettes

     

    Des représentations du « Miracle de l’Hostie » ou « Miracle des Billettes » sont visibles sur des vitraux des XVIe et XVIIe siècles de Notre Dame du Mont, de l'église Saint-Etienne de Bar sur Seine, ainsi qu’au Musée des Antiquités de Rouen (les vitraux proviennent de l’église Saint Eloi de la ville) et sur une enluminure du XVIe siècle exposée au château de Saumur.
    Confié ensuite aux Carmes-Billettes au XVIIe siècle, la construction d’une nouvelle église est envisagée mais ce n’est qu’un siècle plus tard que les religieux font appel à Jacques Hardouin Mansart de Sagone, le petit fils de Jules. Il propose un projet et après bien des atermoiements liés à des querelles avec la paroisse voisine de Saint Jean de Grève qui voit d’un mauvais œil l’extension des Carmes, les travaux ne commencèrent qu’en 1754.

    Nous méconnaissons le nom de l’architecte qui a mené à bien les travaux, Mansart ayant abandonné entre temps, moyennant une indemnité.
    Le nom de Claude Navan un architecte dominicain est parfois avancé. A-t-il repris des idées de son illustre prédécesseur ? Certains détails nous le font penser car la façade est sobre et sur un plan rectangulaire classique prolongé d’une rotonde bien que de dimensions modestes. La présence de pots à feu et de fougères comme à Saint Louis de Versailles réalisé par le même Mansart est assez caractéristique de son style.

    800px-Rue_des_Archives-Eglise_des_Billettes-Inside-2 (1)
    Intérieur du Temple des billettes

     

    Les Carmes sont chassés à la Révolution et les bâtiments vendus. Napoléon autorise l’achat de l’ensemble par la Ville de Paris afin de l’apporter à l’église luthérienne. Nous sommes en 1808. Des aménagements intérieurs sont entrepris à cette époque puis sous Louis-Philippe, après qu’une tribune supplémentaire ait été ajoutée en 1824. Mais le style est très dépouillé, nous sommes en effet dans un temple. L’église et le cloître ont été classés en 1862.

    A la fin du XIXe siècle les bâtiments conventuels ont été transformés en école.
    Tout en restant un lieu de culte, ce site attire les mélomanes qui assistent aux nombreux concerts qui sont organisés dans l’église. Elle dispose d’ailleurs d’un orgue Mülheisen qui a 30 ans (cf notre article du 27 novembre 2012) et présente la particularité, avec ses 29 jeux, de permettre de jouer tous les styles de musique. Quant au cloître, il est fréquenté par les passants surpris de le trouver derrière les deux petites portes qui ouvrent sur la rue des Archives et attirés aussi par les expositions fréquentes qui s’y tiennent.

    Une bien curieuse histoire tout de même !

    Dominique Feutry

     

  •  

    ARCHIV~1
    L'Armoire de Fer de Archives Nationales (Photo Arch. Nationales)


    Dans le transfert à Pierrefitte (cf notre article du 21 novembre 2012), les Archives Nationales n'ont pas prévu de déménager sa pièce maîtresse conçue pendant la période révolutionnaire, son célèbre coffre- fort appelé "l'Armoire de Fer". Elle a été commandée par l'Assemblée Constituante en 1790 qui souhaitait protéger le matériel utilisé pour l'impression des assignats. La fabrication de ce meuble spécial a été confiée au serrurier Marguerit sur des plans de l’architecte Paris.

    Il a été installé en 1793 aux Tuileries où se trouvaient alors les Archives et transféré Hôtel de Soubise avec ces dernières, en 1849. Il est placé 7 ans plus tard dans la salle du Trésor des Chartes, au centre du nouveau dépôt édifié sous Napoléon III. Les hôtes de marque qui visitent la gallerie historique peuvent voir l'Armoire qui est fermée par trois portes doubles (en chêne pour la première paire, puis en fer pour les deux autres). Le contenu du coffre objet de remaniements a très vite dépassé sa destination initiale. Dès le début y ont été placés les minutes des lois et décrets, des documents provenant des Tuileries.

    40973_15224Extrait du testament de Louis XIV (Photo Arch. Nationales)


    Au fil du temps ont été aussi ajoutés tous les papiers considérés comme historiques allant de la ratification du traité de Paix d’Amiens en 1527 par Henri VIII d’Angleterre au Serment du Jeu de Paume, sans oublier les testaments de Louis XIV, de Louis XVI et de Napoléon Ier, le Journal de Louis XVI , les clefs de la Bastille, la dernière lettre de Marie-Antoinette, l’étalon mètre, l‘étalon kilogramme et les textes constitutionnels depuis 1791. Cela représente, au travers des 800 pièces que contient l'Armoire, un résumé concret de notre Histoire.

    L’Armoire fut même appelée la vitrine de Jules Michelet qui avait souhaité y réunir les documents les plus symboliques de l’Histoire de France lorsqu' en 1849, il était responsable de la section des archives nationales. Parmi les pièces récentes mises dans ce coffre figurent des documents découverts il y a quelques années dans la statue équestre d’Henri IV datant de 1818 qui se trouve sur le Pont Neuf. Les serrures ont été restaurées à la fin des années 90 grâce au mécénat du Groupe LVMH. Les boîtes intérieures en carton ont quant à elles été refaites par les élèves du lycée Tolbiac de Paris. Dommage que ces documents précieux, et nous en comprenons fort bien les raisons, ne soient pas visibles pour le grand public sauf lors des Journées du Patrimoine.

    Dominique Feutry

     

  • Paris-1910-inondations-paris-1910-inondation-img
    Passage de fortune installé lors de la crue de 1910


    Les longues chutes de pluie après la neige que nous connaissons actuellement ne manquent pas de nous rappeler le spectre de la crue de 1910 qui a été très médiatisée à l’époque et est donc restée dans la mémoire collective. Il faut dire qu’en ce début de XIXe siècle toutes les conditions ont été réunies pour conduire à cette catastrophe.

    Tout d’abord la topographie de la région parisienne avec la Seine et ses affluents (notamment l’Yonne) constitue un terreau favorable. Après un été humide, des chutes de neige et de la pluie au début de l’hiver, des averses abondantes se mettent à tomber sur des sols saturés voire gelés dès la mi-janvier 1910. Le fleuve et ses affluents, les nappes phréatiques, tout déborde alors rapidement sur les quais, les rues, les caves, envahis par l’eau.

    La surprise vient surtout de l’ampleur de la crue et de l’inondation de zones éloignées du fleuve comme par exemple près de la Gare Saint-Lazare. Plusieurs arrondissements sont concernés ainsi que des centaines de rues et avenues. Les arches du pont de l’Alma ne sont même plus visibles ! Les perturbations sont alors de tous ordres qu’il s’agisse des transports en commun, du ramassage des ordures, de l’électricité, des égouts, des approvisionnements et des déplacements.

    Des passages sont créés comme on le voit sur les photographies de l’époque. Il s’agit de simples planches installées sur des tréteaux mais aussi de passerelles car la crue va durer 45 jours consécutifs ! Les militaires, mais aussi des marins normands et bretons avec des barques sont appelés en renfort. Des secours se mettent en place car nombreux sont ceux qui ont dû être évacués puisque l’on dénombrera 200 000 parisiens sinistrés et 20 000 immeubles inondés le long des 40 km de rues touchées ! Les dégâts sont énormes.

     

    Paris-1910-inondations-paris-1910-inondation-img
    Livraison à domicile durant la crue de 1910

    Heureusement toutefois la solidarité a joué à plein en provenance de toute la France et de l’étranger et toute épidémie a pu être évitée.

    Des mesures ont été prises à la suite de cette inondation qui rappelait celle de 1658. Il existe dorénavant 4 grands lacs réservoirs artificiels qui régulent le bassin amont de la Seine en écrêtant les crues des affluents de la Seine et vice versa, en cas de forte baisse de débit. Des travaux ont parallèlement été entrepris touchant les quais qui sont plus haut depuis lors, les écluses ont été revues, des parapets ont été construits, le lit du fleuve a été creusé.

    Des structures mobiles ont  été mises au point mais le risque d’inondation ne peut pas être totalement écarté. Un Plan Prévention du Risque Inondation (PPRI) existe lui aussi, mis en œuvre depuis 1995 dans la perspective d’une éventuelle crue centennale. Ce plan approuvé par l’Etat en 2003 a été révisé en 2007. Des plans des zones à risque ont été établis par arrondissement. Il est possible de savoir quels sont les arrondissements à risque puisque sont distinguées par des couleurs différentes les parties véritablement inondables, celles où le risque ne porte que sur les sous-sols et les caves et celles où l’alimentation électrique peut être fragilisée.

     

    395cee2e-e08d-11dd-82a9-46a220c5dc60

     

    Pour le savoir il suffit de se rendre sur le site « les cartes des zones inondables Paris.fr ». Ainsi le Marais encourt surtout l’inondation en sous-sol et rencontrera des problèmes d’alimentation électrique, sauf si la crue est plus importante que celle de 1910. Les perturbations en matière de transport et d'approvisionnement le toucheront aussi, au même titre que les autres quartiers de Paris.

    Il est d’ailleurs conseillé dans le cadre de recommandations qui sont formulées aux habitants de vider les caves des substances qui pourraient provoquer une pollution (bidon d’essence, pots de peinture, …), d’équiper de clapets anti-retour le tout à l’égout des immeubles, de protéger par un cuvelage les sous-sols dans lesquels se trouvent des machineries d’ascenseurs, des chaudières, des tableaux électriques, des surpresseurs pour monter l’eau dans les étages et de ne pas oublier d’avoir à disposition des lampes électriques à piles et des bougies en cas de coupure d’électricité…

    Espérons qu’aucune crue aussi spectaculaire ne se produise car ses conséquences seraient fâcheuses.

    Dominique Feutry

     

     

  •  

    519461_un-camion-transportant-les-nouvelles-cloches-de-notre-dame-traverse-la-place-de-l-etoile-a-paris-le-31-janvier-2013Les camions transportant les nouvelles cloches de Notre-Dame

     

    Comme nous l’annoncions dans notre article du 21 novembre dernier, à l’occasion des festivités organisées pour le 850e anniversaire de Notre Dame, il a été décidé de changer une partie des cloches de la vénérable cathédrale afin de restituer l’ensemble, tel qui existait avant sa destruction, à la fin du XVIIIe siècle. Il faut savoir que 100 000 cloches ont été fondues à la Révolution pour fabriquer de la monnaie et des canons.

    Les 9 nouveaux carillons sont arrivés hier, 31 janvier à Paris, sur des camions escortés par des motards, de la Porte Maillot à Notre Dame où elles ont été accueillies par leurs « sœurs » en place sonnant à toute volée.

    L’ensemble pèse tout de même la bagatelle de plus de 23 tonnes. La plus grosse cloche (6 tonnes et 2 m de diamètre) fondue à Asten en Hollande sera installée à un endroit de la Tour Sud qu‘avait prévu Viollet-Le-Duc ! Elle rejoindra le Grand Bourdon, vieux de 330 ans, qui reste en service et que chacun s’accorde à dire qu’il est un des plus beaux d’Europe. Les 8 autres cloches ont été fabriquées en France, à Villedieu- Les-Poêles, l’ancienne capitale de la dinanderie dans le Manche, dans un four du XIXe siècle. Elles ont nécessité un an de travail. Elles sonneront dans la Tour Nord.

    Il est prévu qu’elles entrent en fonction en sonnant pour la première fois dans la Tour Nord où elles seront installées le dimanche des Rameaux. Rendez-vous donc le 23 mars prochain aux amateurs qui souhaiteront entendre pour la première fois l’ensemble campanaire tel qu’il tintait au XVIIIe siècle.

    Dominique Feutry

     

  •  

    500x500_Bq-de_Fr
    Entrée de la Banque de France, rue Radziwill (Ier)

    Récemment j’ai eu l’occasion de visiter les locaux historiques du siège de la Banque de France au 31, rue Croix des Petits Champs (Ier) à deux pas de la Place des Victoires. Il s'agit d'une  chance et je souhaite partager ce que j'ai pu apprendre au sujet de ce patrimoine assez exceptionnel dont l'accès est difficile pour des raisons évidentes de sécurité.  

    On ne sait pas toujours que l’ensemble est formé de bâtiments construits au fil du temps en fonction des besoins de l’Institut d’Emission et qu’il comprend une ancienne et grande demeure, celle de l’Hôtel de Toulouse, témoignage des fastes passés. L’immeuble s’appelait à l’origine l’Hôtel de le La Vrillière du nom du secrétaire d’Etat qui le fit construire en 1640 par François Mansart dont ce fut la première réalisation d’importance. L’idée du propriétaire était notamment de pouvoir y abriter sa riche collection de peintures essentiellement italiennes. Pour ce faire le célèbre architecte conçut une longue et large galerie (40 m de long, 6,5 m de large et 8 m de haut) sur le modèle de celle qui existait au Palais Farnèse et qui servit d’exemple pour la galerie des Glaces à Versailles ou celle d’Apollon au Louvre. Le plafond est peint à la fresque par François Perrier qui fut assistant de Simon Vouet et professeur de Charles Le Brun. On lui doit la décoration du Cabinet des Muses de l’Hôtel Lambert (IVe). Quant aux murs, ils sont recouverts de 10 toiles prestigieuses exécutées en autres par Pierre de Cortone, Le Guerchin et Nicolas Poussin.

     

    Bdf4
    La Galerie Dorée

    Passé aux mains d’un Fermier des Postes, l’Hôtel est acheté en 1713 par le Comte de Toulouse, un des fils naturel de Louis XIV et de Madame de Montespan. L’Hôtel prend alors son nom, toujours actuel, d’Hôtel de Toulouse et restera dans cette famille jusqu’à la Révolution. Il fait procéder à des aménagements par l’architecte Robert de Cotte. Sont installés des lambris dorés aux sculptures extrêmement abondantes de pur style Régence. Elles sont exécutées par François Antoine Vassé qui travailla pour le château de Rambouillet. Les travaux dureront 5 ans. Elles sont toujours en place et classées depuis 1926. Il faudrait des journées entières d’observation pour s’imprégner de l’ensemble des représentations sculptées représentées avec une minutie impressionnante et qui abondent sur les panneaux très vastes ouvragés sur toute leur surface. Les objets d’art et de nombreuses œuvres achetés par le duc de Penthièvre, fils du Comte de Toulouse, viennent compléter les collections. Lorsque ce dernier s’éteint en 1793, la propriété est saisie et les œuvres dispersées dans des musées notamment en province.

     Bdf5Détail des lambris

    La Banque de France déménage de la place des Victoires pour s’y installer en 1810, 7 ans après que Napoléon Bonaparte lui ait donné le monopole d’émission des billets. L’hôtel de Toulouse mal entretenu qui abrita un temps l’Imprimerie Nationale ne sera restauré qu’en 1865, année où est décidé un important programme de réhabilitation de la Galerie Dorée car la voûte est en passe de s’effondrer tant les désordres qu’elle présente sont importants. Il faudra 5 ans de travaux. La copie peinte sur une toile à l’identique de la fresque de Perrier sera appliquée sur la fausse voûte reconstituée et que l’on peut admirer aujourd’hui. De même les 10 grands tableaux transférés dans les grands musées de province seront copiés et remis dans leur emplacement dans les boiseries. Cette grande galerie sert désormais pour des réceptions, des grandes réunions internationales, elle fut aussi utilisée un temps pour faire passer les concours d’entrée des cadres de la Banque…

    Bdf20Meubles et tapisserie

    D'autres salons et bureaux renferment de belles pièces de mobilier français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles ainsi que des tapisseries, des porcelaines, des tapis et des peintures, certaines ont été exécutées par des artistes de renom comme Fragonard ou Boucher.

     

    Pt122119

    Jardin intérieur de la Banque de France

    Bien entendu la Banque de France est dépositaire de l’histoire et de la préservation des lieux qu’elle occupe, de sa propre histoire aussi puisqu’ elle a investi ce groupe d'immeubles (dont elle a augmenté la surface au XIXe siècle) depuis plus de 200 ans. Mais elle reste aussi une institution et un acteur importants dans le paysage économique français, une entreprise et un lieu de travail. Elle est à la fois institut d’émission, garant de la stabilité monétaire au sein de l’Euro système, garant de la sécurité des moyens de paiement, superviseur des établissements de crédit et d’assurance. Elle gère les réserves de change de la France (or et devises) et traite le surendettement des particuliers. Au–delà de ce rappel, pouvoir visiter la Banque de France est un "must". En y pénétrant, nous sommes plongés au sein même de l’un des prestigieux palais de la République si caractéristiques des lieux de pouvoir de notre pays. Il est possible de téléphoner longtemps à l’avance pour obtenir l’autorisation de visiter les lieux le samedi matin. Sinon, il reste les journées du patrimoine, mais la file d’attente est longue.

    Dominique Feutry

     

  • AnticStore-Medium-Ref-6527Magnifique éventail écaille et plumes de la Maison  Duvelleroy (vers 1900)

     

    A quelques encablures du Marais, au N° 2 du boulevard de Strasbourg, se trouve un rare atelier/ musée subventionné par la Ville de Paris connu le plus souvent des seuls connaisseurs et curieux. Il s’agit de la Maison Hoguet, dernier producteur spécialisé en France d’éventails haut de gamme. Les historiens s’accordent à penser que l’éventail est apparu sur les rives du Nil, il y a des milliers d’années. Les égyptiens s’en servaient pour éloigner les insectes et s’éventer. Sorte d’écran, cet accessoire est utilisé aussi en Chine, en Inde, en Mésopotamie et en Grèce puis à Rome où il devient un accessoire de mode féminine.

    L’éventail le plus ancien connu qui existe encore aujourd’hui se trouve en Chine, il date du VIIe siècle avant notre ère. Le Japon acquiert l’instrument dans les années 700. C’est dans ce pays qu’est inventé le « Sensu » c’est-à-dire l’éventail pliant. La légende voudrait que le fonctionnement des ailes de la chauve-souris ait inspiré l’artisan qui a mis au point le procédé. L’éventail arrivera en Europe au XVIe siècle par l’intermédiaire des portugais qui le ramenèrent du Japon et en firent commerce. Mis à l’honneur par les reines Elisabeth et Catherine de Médicis dans leur cour respective, c’est Colbert qui instituera la corporation des éventaillistes en 1678, au détriment des doreurs sur cuir et des merciers qui en assuraient la fabrication.

    Savoirfaire2
    Différentes étapes de fabrication  d'un éventail

    Pour être reçu maître, les étapes sont longues car produire un éventail est complexe, cela nécessite de nombreuses opérations et exige une solide expérience. L’éventail connaît un fort développement dans les grands pays européens mais reste un objet aristocratique reproduisant des tableaux connus sur ses feuilles montées sur écaille, ivoire, bois précieux ou nacre. Mais l’éventail se démocratise et devient accessible aux classes moyennes grâce à des procédés de fabrication plus « industriels » du fait de l’arrivée de nouvelles techniques (moule à plisser, pochoirs, impressions …). Si la Révolutions donne un coup d’arrêt, l’éventail réapparaît sous le règne de Louis Philippe où les productions du XVIIIe siècle sont copiées. 409_eventail

    Eventail français "Les saltimbanques "1760

    La période la plus faste sera celle du Second Empire qui voit réapparaître notamment les éventails à plumes et les éventails publicitaires (ils avaient servis de vecteur de propagande lors de la Révolution) qui sont produits en grande série. La France est alors le principal producteur en Europe avec l’Espagne. Deux maisons se détachent dans cette activité, Alexandre et Duvelleroy. Il faut signaler que des peintres connus ont exercé leur art sur des éventails, tels par exemple Renoir ou Maurice Denis. N’oublions pas aussi de mentionner dans ce rapide résumé l’invention du langage des éventails mis au point par des marchands pour accroître leur chiffre d’affaires. On apprend ainsi que le fait de faire tournoyer un éventail dans sa main gauche signifie « nous sommes surveillés », si on le place près du cœur alors cela veut dire « tu as gagné mon amour »…

    Epb0210a                                       Eventail publicitaire pour Cinzano

    Soyons donc très prudents si nous utilisons un éventail lors des chaleurs de l’été. Même si nous apercevons dans ces moments particuliers quelques éventails, ils ne sont plus à la mode et sont peu utilisés de nos jours. Seules l’Espagne, la Chine et l’Inde ont maintenu une production de masse. Nous ne saurions trop vous conseiller de vous rendre à l’atelier/musée Hauguet qui maintient cet artisanat en fabriquant, en réparant et en exposant des éventails exceptionnels, La collection comprend près de mille pièces. Les heures d’ouverture pour admirer les objets sont les lundis, mardis et mercredis de 14h00 à 18h00.

    Dominique Feutry