Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Histoire

  •                                    4523441086_771dff33c5_z Maison des Compagnons du Devoir – Place Saint Gervais Paris (IVe)

                    

    Le Marais présente la singularité d’abriter dans son périmètre la "Maison des compagnons de Paris", que nous avons visitée ensemble en novembre 2011, un centre de formation de 200 apprentis (place Saint- Gervais), le siège social de l’Association (rue de l’Hôtel de Ville), la Librairie du Campagnonnage (2, rue de Brosse) et nombre de monuments, de bâtiments et de lieux où les compagnons se sont exprimés en magnifiant leur tour de main et leur art. La Place de Grève n’abritait-elle pas le « marché aux maçons » où compagnis et apprentis trouvaient du travail ? L’Hôtel Sully n’a t’il pas aussi abrité en 1973 une grande exposition sur le campagnonnage vivant où nombre de chefs d’oeuvre époustouflants se côtoyaient ? Beaucoup s’en souviennent encore !

     

    ImagesCAYGFLEN Librairie du Campagnonnage – rue de Brosse (IVe)

     

    Les Compagnons d’une façon ou d’une autre sont donc très présents dans notre quartier. Sait-on que le vocable « compagnonnage » n’est usité que depuis le XVIIIe siècle et correspondait à la période d’expérimentation professionnelle qui devait être faite par le compagnon chez un maître ? Divers mythes et légendes règnent sur l’origine du campagnonnage. Celle-ci est sans doute très ancienne et remonte à l’Antiquité où des organisations de métiers se transmettaient vraisemblablement des connaissances par voie orale. Il est un fait qu’il était important au Moyen Age lorsque furent construites les cathédrales, les compagnons étaient des hommes libres face aux serfs. Les métiers sont alors organisés en corporation mais comme il est extrêmement difficile de passer de l’état d’apprenti ou de compagnon à celui de maître, des sociétés de compagnons séparées des corporations se créent. 

       ImagesCAYGFLEN

    Un chef d'oeuvre (Musée de Tours)

    Elles sont interdites par le pouvoir politique puis par le pouvoir religieux sous prétexte de pratiques non contrôlées. Le campagnonnage n’en devient pas moins important et puissant au fil du temps puisqu’au XVIIIe siècle, il contrôle les embauches, organise des grèves tout en étant divisé notamment entre protestants et catholiques. Si la Révolution supprime les Corporations, les associations ouvrières inquiètent et se renforcent jusqu’à compter 200 000 membres au début du XIXe siècle.

    La révolution industrielle qui mécanise les fabrications, le chemin de fer qui vient bousculer le tour de France mettent à mal le campagnonnage, l’autorisation des syndicats accentuant son déclin. Il survit néanmoins et se réorganise sous l’impulsion de compagnons partisans, dans le modernisme d’un certain traditionnalisme, notamment après la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, le compagnonnage attire des jeunes (hommes et femmes).

    ImagesCAYGFLEN Compagnon charpentier

    Le Tour de France ne se pratique plus forcément à l’intérieur de l’hexagone. Le nombre de métiers enseignés est très large (une trentaine). Plusieurs musées dont ceux de Paris (rue Mabillon), Nantes, Toulouse ou Tours constituent des témoignages importants qui lient passé et présent. Les valeurs du campagnonnage (le travail bien fait, la richesse d l’expérience pratique, la transmission du savoir) ont permis sa pérennisation au travers des trois grandes organisations existant actuellement. Cela lui a même valu d’être inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2010.

    Quelques vers pris au hasard d’une des chansons entonnée lors du départ pour le Tour de France résume bien l’esprit qui animent les compagnons :

    " Ne rechignant jamais aux pénibles travaux,

    Sublimes chefs d’œuvre, vous portez témoignage

    De leur ténacité, de leur amour du beau."

    Dominique Feutry

     


  • ImagesCA9ZP3GH Statue de Louis XIII, place des Vosges

    Le Marais a ce privilège de présenter deux rois, le père et le fils, à quelque cent mètres l’un de l’autre. Il s’agit vous l’aurez deviné des statues de Louis XIII qui magnifie les jardins de la place des Vosges et celle de Louis XIV qui orne la cour principale du musée Carnavalet.

    La statue équestre de Louis XIII, en empereur romain, est posée sur un imposant piédestal entouré de grilles. Cuirassé sous son manteau avec une couronne de lauriers sur la tête, le roi qui monte sans étriers porte un glaive et tient les rênes à la main gauche. Le cheval lève la patte avant gauche ce qui a nécessité pour équilibrer la statue, de placer un arbre sous le ventre de l’animal. Œuvre en marbre de Dupaty et Cortot, ce monument érigé sous le Restauration en 1829 a remplacé une statue en bronze du même roi commandée par le cardinal de Richelieu, datant de 1639 et exécutée par le sculpteur Pierre II Biard. Malheureusement celle-ci n’a pas résisté aux fontes entreprises pendant la Révolution. Certains ont pu dire que la statue actuelle était un peu lourde, elle s’insère néanmoins harmonieusement dans son environnement, sans doute par la force de l’habitude de la côtoyer à cet endroit.

            Images

    Statue de Louis XIV. Musée Carnavalet

                 

    Si nous nous rendons devant la statue du fils,lui aussi figuré en empereur romain, nous avons la chance d’admirer un œuvre en bronze épargnée, ce qui est rare, par la Révolution et exécutée 100 ans plus tôt par la grand sculpteur Coysevox à qui l'on doit de nombreuses oeuvres, en particulier les sculptures de château de Marly. Louis XIV, en majesté et en pied, a été placé à cet endroit en 1890 après avoir été déplacé de l'Hôtel de Ville où il se trouvait. Cette magnifique statue avait été commandée par les édiles de Paris. En effet, alors que le Roi Soleil, invité à l'Hôtel de Ville trouvait qu'une statue en marbre de Guérin le représentant lors de la Fronde "n'était plus de saison", la municipalité s'empressa aussitôt de la changer…

    ImagesCAG2X2AD Le surintendant Fouquet 

     

    Ironie de l'histoire, non loin de Louis XIV, c'est dans l'église réformée du 17, rue Saint Antoine, ancienne église du couvent de la Visitation Sainte Marie qu'a été inhumé, quasiment anonymement, Fouquet. Le temps les a finalement en quelque sorte rapprochés géographiquement!

    Dominique Feutry

     

  • Cirque d'hiver 25 03 12Le cirque d'hiver (photo VlM)

    A la lisière du Marais, rue Amelot, se trouve une incontournable du paysage parisien, le Cirque d’Hiver inscrit à ISMH (inventaire supplémentaire des monuments historiques) en 1975.

    Qui pourrait aujourd’hui imaginer qu’il était le pendant du Cirque d’Eté, détruit en 1900, édifié lui aussi par le célèbre architecte Hittorff (à qui l’on doit la Gare du Nord, les fontaines de la place de la Concorde…) en 1841 au Carré Marigny ? La rue actuelle du Cirque fait référence à cet édifice dans lequel Hector Berlioz se plaisait à donner des concerts. Sans la volonté du demi-frère du futur Napoléon III, le duc de Morny, le Cirque d’Hiver n’aurait pas vu le jour.

    Le bâtiment inauguré par le prince Louis-Napoléon fin 1852, après 8 mois de travaux, est un polygone de vingt côtés ornés de bas-reliefs polychromes en frise et percés de 40 fenêtres. La charpente est en bois. L’entrée est encadrée de deux statues équestres, le Guerrier et l’Amazone tels deux gardiens. La salle qui comporte un magnifique décor antique a été conçue pour recevoir jusqu’à 5900 spectateurs. Les normes de sécurité édictées depuis lors ont ramené sa capacité à 1650 places.

    A l’origine le cirque, appelé Cirque Napoléon durant le Second Empire, était destiné presqu’exclusivement à l’art équestre, ce que ne renie pas la famille Bouglione qui est aujourd’hui aux manettes. Mais rapidement les clowns et les trapèzes volants sont au programme et des concerts populaires y sont organisés par la fameuse Société des Concerts Pasdeloup. Face à la défection du public attiré par les cirques ambulants dotés de grandes ménageries, le Cirque d’Hiver survit grâce à des rencontres de catch ou des conférences. Il est même transformé en 1907 en cinéma Pathé puis, après la 1ère Guerre Mondiale, en théâtre populaire.

    Scene-cirque-bouglione                                                      La scène

    Ce n'est qu’à partir de 1923 qu’il redevient un cirque avec un spectacle imaginé par les frères Fratellini. En 1934, les frères Bouglione achètent le Cirque, restaurent le bâtiment et donnent des spectacles devenus célèbres souvent conçus dans la tradition de la « pantomime » quelque peu oubliée. Les grands clowns tels les Fratellini ou Zavatta se produisent dans ce lieu devenu mythique. Des scènes du célèbre film «Trapèze» y ont été tournées. Un trapéziste devenu l’acteur Yul Brynner y fit ses débuts et les premières retransmissions de la « Piste aux Etoiles » ont été diffusées en direct du Cirque d’Hiver.

    Désormais, sans oublier sa destination première et traditionnelle de cirque, la salle sert aussi bien pour des spectacles aussi divers que des galas , des concerts symphoniques, des récitals, des comédies musicales, du théâtre, des meetings politiques ou des réceptions depuis que l’écurie et la ménagerie ont été restaurées à cet effet.

    Henry Miller a écrit à propos du cirque: "Le cirque est un petit bout d'arène close, propre à l'oubli. Un temps plus ou moins bref, il nous permet de ne plus penser à nous, de nous dissoudre dans l'émerveillement et la félicité, d'être transportés de mystère". N'est ce pas ce que tous les spectateurs qui se sont succédé rue Amelot ont ressenti en assistant à un spectacle dans cette salle plus que centenaire !

    Dominique Feutry

     

  •                          Les Ruchers du crédit Municipal                       

     

    Depuis 2010, 4 ruches ont été installées sur le toit du Crédit Municipal rue des Archives, mais elles ne sont pas déposées contre un prêt sur gage, elles participent simplement au développement des ruches dans les villes, les abeilles étant moins exposées aux pesticides.

    Connaissons-nous bien d'ailleurs l'histoire de cette vieille institution ? 

    C'est en Italie à Pérouse, en 1462 qu'est né le premier Mont de Piété destiné à combattre les pratiques de l'usure qui sévissaient alors, en proposant des prêts à faible taux. Le premier établissement est apparu en France à Avignon à la fin du XVIème siècle et à Paris en 1637. On doit son arrivée dans la capitale à Théophraste Renaudot, médecin, gazetier, créateur de l'ancêtre de "Pôle Emploi" mais aussi Commissaire Général des Pauvres du Royaume.

    L' Hexagone compta alors jusqu'à 58 établissements mais à la disparition de Richelieu et de Louis XIII, ses protecteurs, ils seront fermés. Ils ne réapparaîteront qu'en 1778, car les usuriers régnaient à nouveau en maître et pratiquaient des taux prohibitifs de 120 % l'an !  Le Mont de Piété de Paris ouvre rue des Blancs Manteaux dans un des bâtiments qu'il occupe encore aujourd'hui. Après une interruption de 2 ans pendant la Révolution, l'institution rouvre ses portes en 1797 pour ne plus jamais fermer et acquiert le monopole du prêt sur gage en 1804 par décision de Napoléon Bonaparte.

     

    Entrée historique rue des Blancs Manteaux

    Le développement est contrasté au gré des événements économiques et politiques durant le XIXe siècle, plusieurs succursales ouvrent nénamoins dans Paris. Avant la première guerre mondiale, l'activité est en déclin et l'établissement doit évoluer. Ainsi en 1918, il devient Crédit Municipal de Paris et s'oriente vers les activités bancaires. Durant la guerre de 39-45, l'établissement marche au ralenti. Ce n'est qu'en 1984 qu'il devient une banque à part entière et en 1992 qu'il est rattaché à la Ville de Paris qui en devient l' actionnaire unique.

     Entrée actuelle, 55 rue des Francs-Bourgeois (IVe)

                   

    Sur le plan architectural, les bâtiments imposants sont de style classique. Ils comprennent d'anciennes parties du couvent des Servites de Marie (cf notre article du 01/09/2012 consacré à l'église des Blancs Manteaux). Lors des journées du patrimoine, il est possible de découvrir certaines parties de l'ensemble immobilier: la tour Philippe Auguste de la fin du XIIe, la façade de l'ancien hôtel de Nouvion construit en 1680 et démoli en 1880, les cours Théophraste Renaudot et Framboisier de Beaunay construites par les architectes Charles-François Viel  et Emile Blanchard à la fin du XVIIIe. Le grand escalier avec ses quatre imposants faisceaux licteurs mérite le détour. On remarquera aussi les vantaux de la  porte d'entrée principale qui sont XVIIIème et classés à l'ISMH (inventaire supplémentaire des monuments historiques) depuis 1926. 

     

    CRÉDIT MUNICIPAL DE PARIS

     L'escalier avec ses quatre faisceaux de licteurs  

     

    Une rareté à ne pas manquer lors de ces visites, la machine à étuver les matelas … En effet au XIXème siècle les matelas, très nombreux, étaient acceptés en dépôt mais passaient dans cette machine avant d'être remisés. Les bicyclettes ont eu aussi un certain succès par la passé ainsi que les armes qui ne sont plus acceptées depuis la Révolution de 1848 où les émeutiers se sont emparés des armes gagées!

    Vue de la tour de l'enceinte de Philippe Auguste (IVe)

     

    Depuis quelques années le vin est pris en dépôt. Il faut aussi souligner que depuis le début de la crise que nous traversons, le nombre de visiteurs fréquentant chaque jour le Crédit Municipal est passé de 400 à près de 800. Ils bénéficient d'un prêt d'un an égal à la moitié de la valeur du bien confié (bijoux, argenterie, fourrures, porcelaines, tableaux, pièces de monnaie, bronzes, instruments de musique…entreposés sur des kilomètres de rayons). 90% des objets sont récupérés par leurs propriétaires, les autres sont vendus aux enchères sur place tel ce pastel de Renoir vendu en 2008.

    Lors des périodes de grande pauvreté, les biens sont rendus gratuitement et donnent lieu à ce qui est appelé un dégagement gratuit. 30 ont ainsi eu lieu entre 1777 et 1914. Quelques personnages célèbres ont eu recours au  prêt sur gage. Le prince de Joinville le fils de Louis Philippe qui a déposé sa montre pour honorer des dettes de jeux. Honteux, alors que sa mère s'étonnait de sa disparition, il lui répondit "je l'ai laissé chez ma tante" d'où l' appellation célèbre. Victor Hugo, Degas, Monet, Nadar ou Verlaine ont eu besoin des services du Mont de Piété. 

    Méditons enfin sur cette phrase de Théophraste Renaudot qui affirmait que "l'expérience a appris que, dans les affaires de la vie, un secours venu à propos avait toute l'importance d'un trésor".

    Mieux vaut être toutefois abeille que cigale.

    Dominique Feutry

     

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    Dsc01736-1

    Petit passage, long de 160 mètres et large d'un peu moins de 3 mètres, traversant les immeubles situés dans le IIIe entre la rue Saint-Martin (au N° 139) et la rue Quincampoix (au N° 82), cette voie par laquelle accédaient les artistes a été percée
    par Jean-François Boursault qui ouvrit, rue Quincampoix le théâtre Mo
    ière. Boursault a exercé des professions aussi diverses que celles d'avocat, d'auteur dramatique ou de comédien, il était surtout un incroyable homme d'affaires. Après avoir dirigé les théâtres de Marseille et de Palerme, il profita d'un décret facilitant la création de théâtre pour créer cette salle qui fut construite en 2 mois! L'inauguration, sous le haut  patronnage de Molière, eu lieu début juin 1791 et on joua le Misanthrope. Très luxueuse la salle comptait trois rangs de loges, un paterre et tout un poutour tapissé de glaces. Malheureusement la période était très mouvementée et malgré une succession de directeurs, l'insuccés était au rendez-vous. Après s'être appelé de différents noms dont Théâtre des Sans-Culottes puis de la Rue Saint-Martin, c'est sous la dénomination de Théâtre des Variétés Nationales et Etrangéres qu'il fut fermé en 1807 après la parution d'un décret de Napoléon ordonnant la fermeture des petits théâtres. 

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    La grande salle 

    Le théâtre est alors vendu et le lieu est divisé en deux sur sa hauteur. Il est transformé en salle d'armes, en salle de bal et en salle de culture physique. Puis un magasin de papier s'y installe. Des travaux sont engagés en 1831 afin de permettre la réouverture mais il ne parvient pas à se relancer. Il fermera définitivement un an plus tard. Différents commerçants s'y installèrent et au fil du temps l'ensemble fut démantelé.

    Maison_poesie_1 Entrée du Théâtre
     

    Inscrit à l'ISMH (inventaire supplémentaire des monuments historiques) en 1974 à la suite de la mobilisation de passionnés voulant faire revivre cette salle, la Ville de Paris en devint propriétaire et engagea de très importants travaux pour y installer la Maison de la Poésie qui compte deux salles. L'une de 180 places présente un aspect  XVIIIème siècle, l'autre de 30 places est instalée dans de magnifiques caves voûtées. Depuis son ouverture en 1995, la Maison de la Poésie propose au public des oeuvres et des textes très variés d'auteurs classiques mais aussi récents.

    Indiscutablement le passage connaît un certain dynamisme depuis la "réouverture" du théâtre. Les commerces colorés, les pavés de guingois donnent cet aspect village au coeur de Paris qui plait aux touristes. L'endroit invite à flâner devant les boutiques d'artisans dont un atelier de moulages des mains et des pieds ou celle d'un atelier de souliers. il est aussi possible de se restaurer au calme, ce qui contraste avec la foule pourtant toute proche qui se presse autour du Centre Pompidou. 

    Dominique Feutry

             

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    Ile saint louis guideapolis
    Île Saint Louis, photo guideapolis.fr

     

    L’île Saint Louis et l’île de la Cité sont les deux seules îles naturelles de Paris. L’ile Saint Louis a appartenu dès le IXe siècle aux chanoines de Notre-Dame. L’île de 11 ha (environ 500 m de long et 250 m de large) est alors reliée par une simple passerelle à la rive gauche et sert de pâturages et de terrain d’entreposage. Elle a même été coupée en deux par un chenal au moment de la construction de l’enceinte de Philippe Auguste au cours du XIIIe siècle. Si l’île porte le nom de Saint Louis, c’est en mémoire de Louis IX qui venait y prier, notamment avant de partir pour la dernière croisade où il trouva la mort.

    Plan de paris vers 1550 les îlesParis vers 1550 (cliquer gauche jusqu'à deux fois pour agrandir)

     

    L’Ouest de l’île est dénommée Île Notre-Dame ; l’Est, l’île aux Vaches. En discussion déjà au moment du règne d’Henri IV, le projet d’urbanisation prend corps avec Marie de Médicis qui, à ses frais, fait renforcer les quais (suffisamment hauts pour protéger des crues), construire des ponts (Marie, de la Tournelle) et combler le chenal afin de lotir le terrain. Les chanoines sont contre ce projet, mais l’île est dès le milieu du XVIIe siècle entièrement urbanisée.

    Trente ans de travaux auront suffi pour y parvenir. Il convient de noter que le quadrillage de l’île se fait à partir de la voie principale qui traverse toute l’île (rue Saint Louis en l’Île), les autres rues la coupant à 90°.

    ImagesCABA2NVW Détail de l'escalier de l'Hôtel de Lauzun

     
    Tous les hôtels particuliers que l’on peut admirer datent de cette époque. Plusieurs d’entre eux sont réalisés par Le Vau et son frère qui a dessiné les plans de l’église. L’île était d’ailleurs appelée "l’île des palais".

    Parmi ceux-ci citons les plus remarquables. L’hôtel Lambert, le plus connu et le plus important car il a été annexé à son voisin, l’Hôtel Le Vau, du nom de son célèbre propriétaire. Plusieurs pièces sont décorées par Le Brun et Lesueur dont la galerie d’Hercule que l’on présente comme la préfiguration de la Galerie des Glaces de Versailles. De grandes fêtes ont été données dans ce lieu où se sont croisés les plus grands artistes du XIXe siècle. Vendu en 2007 à l’Emir du Qatar, les travaux d’aménagement ont donné lieu à diverses polémiques dont la presse s'est fait l'écho.


    Hotel lambert vue de la seineL'hôtel Lambert

    L’Hôtel de Chenizot a été transformé extérieurement au XVIIIe siècle, son balcon et les décors, ainsi que la cour intérieure avec le cadran solaire qui s’y trouve sont de premier ordre. Après avoir abrité, au milieu du XIXe siècle, l’Archevêque de Paris, l’édifice a été transformé en caserne. L’Hôtel de Lauzun, propriété de la Ville de Paris, a le privilège d’être aussi décoré par Le Brun et par Lesueur. Des pièces magnifiques ont gardé leur éclatant décor d’origine, la cage d’escalier somptueuse, le boudoir dit « Cabinet des Glaces » et les riches boiseries méritent la visite. Baudelaire et Théophile Gautier ont habité ce lieu.

    L’île abrite aussi un petit théâtre à l’italienne. Elle a été habitée par des personnalités aussi diverses que Georges Pompidou, Camille Claudel, Léon Blum, Marie Curie ou Jean-Claude Brialy. Aujourd’hui 2.500 habitants sont recensés; en 1856, ils étaient plus de 9.700 !

    Dominique Feutry

     

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    Mairie-de-paris-15eme-arrondissement-paris-1311154941

    La première mairie du IIIe arrondissement était installée au 11, rue Béranger. Il a été décidé d’en construire une nouvelle en 1862. Elle ne fut terminée qu’en 1867 après presque 4 années de travaux. Les travaux ont été dirigés par les architectes Victor Calliat (à qui l’on doit les locaux de la préfecture de Police) puis par Eugène Alexandre Chat qui a pris le relai (à qui a été confiée l’édification du lycée Turgot). Néo renaissance, comme la plupart des mairies bâties à cette époque sur un modèle inspiré par la mairie du 4° imaginée par l’architecte Antoine Nicolas Bailly à la demande du Préfet Haussmann, le bâtiment face au square du Temple, rue Eugène Spüller (du nom d’un proche de Gambetta plusieurs fois ministres) est en forme de H. Les ordres dorique, corinthien et ionique sont abondamment utilisés. On remarquera sur la façade principale un portique qui permettait le passage des voitures à chevaux et donnait un accès direct au vestibule.

    1mair6                                              La lucarne centrale 

    La lucarne ou est installée l’horloge est surmontée de deux figures allégoriques intéressantes qui représentent l’industrie et le commerce. L’escalier d’honneur à l’intérieur du bâtiment est imposant, il se divise en deux volées qui lui donnent son caractère magistral. Les salons du 1er étage sont dans la même veine. Le salon d’accueil dit « Le Péristyle » dispose d’un plafond à caissons avec des bas- reliefs peints en 1860 par Jean Lagrange (1831-1908) illustrant notamment les arts, les métiers le mariage et le vote. Un vitrail occupe le centre du plafond.

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     La salle des mariages 

    Les fresques du salon « d’Attente » ont été exécutées en 1882 par Diogène Maillart (1840-1926), élève de Delacroix et Grand Prix de Rome. Plusieurs musées dont le Petit Palais exposent certaines de ses toiles. Dans la salle « des mariages », le plafond est décoré de motifs floraux et de réhauts à la feuille d’or. Une cheminée en pierre de grande taille est agrémentée d’une horloge et du buste de Marianne.

    Document                                     Détail d'une peinture des plafonds

    Lorsque Napoléon III fut déchu, son portrait peint fut enlevé et remplacé ensuite par une figure antique «l’allégorie du mariage» tenant le code civil dans une main et la justice dans l’autre réalisée par Achille Sirouy (1834-1904) qui a réalisé les fameux décors de l’Hôtel de Salm. La salle des fêtes décorée de peintures représentant la peinture et la danse qui se trouve dans l’autre aile tient lieu de pendant à la salle « des mariages ». Elle est de taille plus modeste et présente moins d’intérêt. Elle est appelée Odette Pilpoul, en hommage à une grande résistante qui fut secrétaire générale adjointe de la mairie. Une mairie classique, bien représentative du style qui fleurissait à la fin du Second Empire et au début de la Troisième république et qui mérite d’être admirée tant au plan architectural que pour ses décors et la qualité des matériaux qui ont alors été utilisés pour son édification.

    Dominique Feutry

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                             Vue du marché et de l'Estaminet ds Enfants Rrouges (IIIe)

     

    Situé au 39 rue Bretagne (IIIe) et bénéficiant de deux autres entrées, rue de Beauce et rue Charlot en plein quartier du Marais dit "Bobo", le Marché des Enfants Rouges, enchâssé, voire presque caché, entre des immeubles, est une véritable institution. Près de son emplacement actuel existait depuis 1536 et jusqu'en 1772, l'Hôpital-Orphelinat des Enfants Rouges créé par la soeur de François Ier. Cet établissement recueillait des orphelins de l'Hôtel Dieu. Ces derniers, vêtus de Rouge en signe de charité chrétienne, ont finalement donné leur nom au marché.

    Le Marché des Enfants Rouges est né en 1615 par lettres patentes de Louis XIII. En effet, le quartier prend alors de l'importance et il est nécessaire d'installer un marché. Le Petit marché du Marais était au départ une halle en bois reposant sur 16 piliers de chêne. Il est équipé d'un puits,  puis d'une étable dite "vacherie" comprenant 12 vaches qui donneront leur lait au quartier jusqu'en 1914. Devenu Marché du Marais du Temple. Passant entre les mains de différents propriétaires dont l'astronome de Louis XIV  Jean-Dominique Cassini, objet de spéculations qui n'ont jamais pu se réaliser, le marché qui entre temps a pris le nom de Marché de Beauce puis de Marché des Enfants Rouges, sera cédé à la Ville de Paris en 1912. Son classement à l'ISMH (inventaire supplémentaire des monuments historiques) est intervenu en 1982.

     

                     

                        (Vers 1900)     Entrée rue de Bretagne     (Actuellement)

     

    Aujourd'hui la polémique des années 90 née de la fermeture du marché pour le transformer en parking, crèche et biblothèque est oubliée. Sans la volonté des habitants du quartier et du maire actuel du IIIe arrondissement, ce lieu aurait disparu. Le plus ancien marché de Paris entièrement rénové par l'architecte Florence Bougnoux a rouvert ses portes en 2000, il était fermé depuis 6 ans. Quelques camelots s'étaient installés en attendant, rue de Bretagne, le long du square du Temple.

    Après un début difficile le marché est aujourd'hui extrêment dynamique et un lieu de rassemblement prisé, notamment le dimanche à l'heure du déjeuner où les allées bordant la vingtaine de stands sont souvent bondées. Chacun a le choix entre les plats exotiques (japonais, marocains, libanais, italiens, grecs, antillais), les produits bio et provençaux, le fromager, les fleuristes, les maraîchers, le poissonnier, le charcutier du terroir, les pâtisseries artisanales, la vente de vins, le boulanger et même un commerce de vieilles photographies qui a remplacé un torréfacteur.  

     

    Le potager des oiseaux

     

    Bien entendu le marché compte aussi un restaurant bien connu des habitants du quartier, l' Estaminet des Enfants Rouges où il est possible de se restaurer, comme le propose aussi un certain nombre de stands où sont installés des tables, des chaises et des bancs. Enfin, il ne faut pas oublier de jeter un oeil du côté de la sortie rue de Beauce. Le passage qui relie le marché à cette rue est agrémenté d'un petit square et du Potager des oiseaux, un jardin de 120 m2 de parcelles gérées collectivement par l'Association des Jardiniers du IIIe, chacun des adhérents (environ une soixantaine) pouvant s'exercer ainsi au difficile métier ou passe- temps de jardinier.

    Sans cet ensemble, le quartier des Enfants Rouges ne serait pas tout à fait ce qu'il est aujourd'hui.

    Dominique Feutry

     

  • L'église de Saint Nicolas des Champs

     

    Située dans le IIIe arrondissement, dans un quadrilatère délimité par les rues Saint Martin, Cunin-Gridaine, Turbigo et Réaumur, l’église Saint Nicolas des Champs est toute proche dd la chapelle du Prieuré Saint Martin avec laquelle elle est souvent confondue. Ce dernier faisait partie du Prieuré Saint-Martin devenu aujourd’hui le Musée des Arts et Métiers.

    Bâtie au VIIIe siècle, la chapelle Saint Nicolas des Champs était destinée aux domestiques de l’abbaye.
    Reconstruite au XIe siècle, elle fut érigée en église paroissiale en 1184. Devenue trop petite, elle est reconstruite entre 1420 et 1480 dans le style gothique flamboyant que nous lui connaissons aujourd’hui.

    Agrandie au XVIe siècle, c’est de cette époque que date le splendide et rare portail qui se trouve rue Cunin-Gridaine. Il a été achevé en 1587 à partir de dessins de Philibert Delorme à qui l’on doit notamment la réalisation d’une partie du Louvre et du château d’Anet.
    L’édifice n’attire pas l’œil du fait de sa situation, il est malheureusement enchâssé derrière des immeubles Haussmanniens et très peu visible de la rue Réaumur de même que de la rue Turbigo les plus passantes. Pourtant sa taille est imposante, 90 m de long et 36 m de large contre 128 m et 40 m respectivement pour Notre Dame.

    Détail d'une peinture murale, Georges Lallemant (XVIIe siècle)

    Le clocher culmine à 32 m et l’église comporte un double déambulatoire intérieur bordé de 12 chapelles et hérissé de 100 colonnes ! Bien qu’exécutées à des périodes différentes, elles ont d’ailleurs toutes été cannelées afin de donner une unité à l’ensemble.
    Les marguilliers de l’époque entreprenaient des travaux au gré des finances plus ou moins florissantes dont disposait la Fabrique.
    Une importante restauration a eu lieu de 1823 à 1829. La maison qui lui est attenante du côté sud, datant de 1541, a été préservée.
    Fermée à la Révolution (1791), l’église est transformée en temple de l’hymen et de la fidélité dès 1793.

    Si beaucoup d’objets d’art qu’elle contenait ont alors été dispersés, l’œuvre majeure qui s’y trouve, le retable de l’Assomption de la Vierge peint par Simon Vouet en 1629, haut de 12 mètres, et orné de sculptures dues au célèbre Jacques Sarazin (qui a travaillé en autres pour Le Louvre et les châteaux de Versailles et de Chantilly) est restée en place. Il est un des rares vestiges de ce type à Paris toujours à son emplacement d’origine. Certains témoins de l‘époque ont affirmé que lors de la venue du Commissaire de la République chargé de faire saisir les biens de l'église, l’organiste Antoine Desprez qui veillait sur son instrument a eu l’idée de jouer la Marseillaise, ce qui a eu pour effet d’annihiler toute velléité de destruction.

         Le retable de l'Assomption de la Vierge de Simon Vouet et Jacques Sarazin          

    Lorsque le visiteur pénètre dans l’église, il comprend, face à la richesse exceptionnelle du patrimoine qui s’y trouve, certains n'hésitent pas à dire qu'elle regorge d'oeuvres d'art, que ce lieu a pleinement bénéficié du renouveau spirituel du XVIIe siècle. D'importantes et très rares fresques datant de cette époque ornent des chapelles, certaines ont été restaurées récemment. Les peintures sur toile ou panneaux très nombreux sont accrochés dans les chapelles et sont dues aux peintres célèbres d’alors comme Jacques Stella, Claude Vignon, Georges Lallement ou Nicolas Coypel auteur d’une magnifique Adoration des Bergers. Mais les XV, XVI, XVIII et XIXèmes siècles sont eux aussi bien représentés. Citons deux oeuvres italiennes de premier ordre, le panneau peint de la Sainte Conversation réalisée en 1520 par Amico Aspertini ou la Circoncision de Batistta Trotti exécutée à la fin du XVIe siècle.

        Le baptême de Jésus de Gaudenzio Ferrari (XVIème siècle)

    La statuaire est aussi de grande qualité, la "Vierge présentant l'Enfant Jésus" en marbre de François Nicolas Delaistre fut commandée par Louis XVIII et exécutée en 1817. Elle fait partie des plus belles pièces exposées, de même que les atlantes en bois qui ornent le dessous de la tribune de l'orgue.
    Les orgues sont présentes à Saint Nicolas des Champs depuis 1418 et ont été plusieurs fois reconstruites. L'instrument actuel est dû au célèbre facteur Clicquot. Il comporte des parties des XVII, XVIII et du début du XXe siècles. Son buffet est un des plus beaux de Paris. Louis Braille fut un des titulaires.

    Les grandes orgues vues du choeur

     Parmi les personnages célèbres qui ont fréquenté l'église, citons Louise de Marillac qui a trouvé en ce lieu sa vocation (1623) et fonda la Congrégation des Filles de la Charité.
    Nombre de célébrités comme le mathématicien, philosophe et astronome Gassendi, Guillaume Budé à l'origne de la création du Collège de France, Mademoiselle de Scudéry et des représentants de familles connues comme les Ormesson, La Bruyère, Rochechouart sont inhumés dans l'édifice.

    Il existe tant d'oeuvres rares à admirer que nous ne pouvons pas toutes les citer. Nous vous annoncerons prochainement les dates de la visite guidée qui sera organisée à cet effet et vous permettra de découvrir ce lieu trop souvent oublié des touristes et de parisiens. Enfin, fait exceptionnel, Saint Nicolas des Champs est abondamment citée dans le cadre de l'exposition qui vient de débuter au Musée Carnavalet: "Les couleurs du ciel. Peintures des églises de Paris au XVIIe siècle".
    Gageons aussi que des travaux significatifs pourront être entrepris afin de restaurer et mettre en valeur ce monument chargé d'histoire au patrimoine unique.

     Dominique Feutry

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  • Notre-dameNotre-Dame vue du chevet, et un bras de la Seine sous un ciel façon Eugène Boudin

                          

    Le IVe n'est pas seulement, tant s'en faut, la fête débridée que le Maire de Paris Bertrand Delanoë est venu célébrer le 2 octobre à la mairie d'arrondissement et qu'il semble parfois appeler de ses voeux, afin  d'exaucer ceux des marchands de bière.

    Le IVe, c'est la cathédrale Notre-Dame de Paris, l'Hôtel-Dieu, l'Hôtel de Ville, le Centre Georges Pompidou, l'Ïle Saint-Louis, la place des Vosges et bien d'autres sites qui lui valent d'afficher le record prestigieux de 10 milions de visiteurs par an.

    Demain samedi 6 octobre, journée exceptionnelle. A partir de 14h30, on célèbre les 850 ans de notre cathédrale avec l'annonce d'un livre exceptionnel : "Notre-Dame de Paris, la grâce d'une cathédrale". Un livre qui va faire référence pour tous les amateurs d'art et d'histoire. Cinquante auteurs ont contribué. Ils seront présents pour la dédicace, ainsi que le cardinal André VINGT-TROIS.

    Gérard Simonet

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