Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Histoire

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    A l’approche des journées du patrimoine des 15 et 16 septembre prochains, nous enjoignons les inconditionnels du Marais à aller découvrir les deux somptueuses restaurations de deux bâtiments emblématiques du Marais que sont l’Hôtel de Mayenne et l’église Saint Paul-Saint Louis.

    L’Hôtel de Mayenne

     

    Dans un article de Vivre le Marais du 19 février 2012 (voir aussi un article antérieur du 19 novembre 2011), nous indiquions que les travaux de restauration de l’Hôtel de Mayenne, annoncés en novembre 2009 (21, rue Saint Antoine), classé à l’IMH depuis 1974, étaient enfin lancés.

    Deux ans et demi se sont écoulés et nous retrouvons, alors que des bâches le recouvraient jusqu’à peu de temps, un bâtiment remarquable avec tout son lustre d’origine, ce qui en fait un digne pendant de l’Hôtel de Sully, son proche congénère. Pourtant la partie n’était pas gagnée entre les tenants du maintien du pastiche du XIXème siècle (dit parfois « le bouchon ») qui reliait les deux ailes (la Commission de Vieux Paris) et ceux qui souhaitaient sa suppression de façon à redonner à l’ensemble son aspect d’origine (le Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine).

    Le résultat admirable est à la hauteur des enjeux. En effet, nous découvrons, exception faite des constructions de la place de Vosges, un rare exemple d’un hôtel parisien construit en pierre et en brique, dans le style tout à fait caractéristique de la fin du règne d’Henri IV et du début de celui de Louis XIII. Outre la restitution des deux ailes, les opérations ont permis de mettre à jour les deux murs latéraux des avant corps, les deux fenêtres et les deux lucarnes avec toutes les moulures et les sculptures d’origine. Quant au portail, à son revers a été redécouvert le balconnet porté par des consoles sculptées de qualité exceptionnelle. Lorsque le visiteur pénètre à gauche dans la cour, il peut admirer l’ancienne galerie à arcade ouvrant sur l’escalier d’honneur montant à l’étage. A droite, il trouve une intéressante tourelle sur trompe (c’est-à-dire supportée par une portion de voûte tronquée) du début du XVIème siècle.

    Balconnet porté par des consoles sculptées

    Si nous faisons un bref rappel historique, nous apprenons que l’Hôtel a appartenu au petit fils de Saint Louis ainsi qu’à Charles VI (dès 1398). Suite à un duel, un des « mignons » d’Henri III mourut devant la façade principale. Alors dénommé Hôtel de Boissy, c’est de 1567 à 1569 que sont construits le logis et les ailes. Après avoir été la propriété des évêques de Langres, cet ensemble est acheté en 1605 par Charles de Lorraine, duc de Mayenne. Des transformations importantes sont opérées de 1613 à 1617, le nom actuel d’Hôtel de Mayenne date de cette époque, de même d’ailleurs que les croix de Lorraine qui ornent les ferronneries des balcons. Au début du XVIII ème siècle, des travaux d’embellissement sont confiés à Germain Boffrand un des principaux collaborateurs de Jean Hardouin-Mansart avec lequel il participe notamment à l’aménagement de la place Vendôme, du Palais Bourbon et de l’Orangerie du Palais de Versailles. Nous devons aussi à Boffrand l’introduction du style rocaille en France et l’important château de Lunéville. Durant la Révolution l’Hôtel est habité par Le Fèvre d’Ormesson qui commande une section de la Garde Nationale Après avoir été vendu, l’Hôtel de Mayenne est transformé en 1870 en maison d’éducation des Frères des Ecoles Chrétiennes, sa destination n’a pas changé depuis lors.

    La qualité des travaux de restauration effectués est remarquable et nous voyons sous un autre jour, dans son style originel, cette magnifique bâtisse, un atout certain pour notre quartier.

     

    L’église Saint Paul-Saint Louis

     

    Après 14 mois de travaux, le voile s’est progressivement levé sur la restauration très réussie de l’église Saint Paul-Saint Louis (99, rue Saint Antoine) dont l’imposante façade a été magnifiquement refaite, de même que les emmarchements et les retours latéraux. Les pierres abîmées ont été remplacées, ainsi que les statues et les décors sculptés qui, selon leur état, ont été consolidés ou ragrés. Le nettoyage, l’enlèvement des réparations anciennes en ciment et en béton, ont rendu sa splendeur à l’édifice dont l’éclat est rehaussé par la restauration du vitrail de la façade et de la grande horloge (elle provient de l’église saint Paul des Champs aujourd’hui détruite) éclatante en or et bleu. L’édifice dont le nom originel était  "Saint Louis de la maison professe des jésuites" a été construit par deux architectes jésuites sur ordre de Louis XIII, sur les deniers personnels de Richelieu qui posa la première pierre en 1634 et y célébra la première messe, 7 ans plus tard, le jour de l’Ascension.

    La grande horloge

    La construction est influencée par l’Italie et les traditions françaises. Ainsi la façade peut être qualifiée d’italienne dans son aspect mais sa verticalité montre aussi qu’elle est d’inspiration gothique. Toutefois chacun s’accorde à dire qu’elle est de « style jésuite » par son plan en croix latine et sa nef bordée de chapelles. Sa coupole dont l’aspect rappelle celles des Invalides et du Val de Grâce culmine à 55 mètres !

    En 1762, les jésuites sont remplacés par les chanoines d’un autre ordre par décision du Parlement de Paris qui supprime la Société de Jésus. Endommagée à la Révolution qui voit mourir dans ses murs 5 prêtres tués lors des massacres de septembre 1792, l’église est alors dédiée au culte de la Raison. Ce n’est qu’en 1802 que le culte catholique est rétabli sous l’appellation d’église Saint Paul-Saint Louis. Au cours du Second Empire, sous la direction de Baltard, la façade subit une restauration. L’ensemble est classé monument historique en 1887.

    Le mobilier de l’église est particulièrement riche. Les œuvres les plus rares sont la statue dite « La Vierge douloureuse » commandée par Catherine de Médicis à Germain Pilon dont on retrouve les principales œuvres au Louvre. Un très beau tableau intitulé « Le Christ en agonie au jardin des oliviers » est l’œuvre de Delacroix. Les 2 coquilles qui servent de bénitiers de chaque côté du portail principal de la façade sont un don de Victor Hugo à l’occasion du mariage de sa fille Léopoldine, en 1843. Le maître autel a été refait sous Louis Philippe et utilise du marbre blanc provenant de surplus de la galerie circulaire du tombeau de Napoléon. De riches reliquaires et mausolées contenant des cœurs embaumés, en particulier ceux de Louis XIII, de Louis XIV et du Grand Condé ont malheureusement disparu durant la Révolution. Quant au grand orgue, il remplace celui qui a été enlevé à la Révolution et sur lequel ont joué Marchand, Rameau et Corette. L’instrument actuel date de 1871 et son importance lui valut d’être reçu par deux grands maîtres, César Franck et Théodore Dubois. Sa dernière restauration date de 2005.

    N’oublions pas les autres personnages célèbres qui ont fréquenté ce lieu. Citons plus particulièrement Madame de Sévigné qui venait écouter assidument les sermons de Bourdaloue. Bossuet prononça aussi à cet endroit des oraisons. Enfin, il faut signaler que la crypte de l’église abrite de nombreuses sépultures de jésuites et laïcs dont celle de Bourdaloue.

    Vraiment la renaissance de ces deux lieux chargés d’histoire est un événement qui mérite le détour!

    Dominique Feutry

     

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    Façade de Saint Eloi des Barnabites devenue celle des Blancs-Mateaux

     

    Sur ordre de Saint Louis qui revenait de la première croisade, une église dans le style de la Sainte Chapelle et un couvent sont construits en 1258 sur le site actuel de l’église des Blancs Manteaux. Le lieu est destiné à l’ordre mendiant des Serfs ou servites de Marie dont les membres qui portent un manteau blanc suivent la règle de Saint Augustin. Quelques années plus tard, l’ordre, comme tous les ordres ermites, est supprimé par Grégoire X et les bénédictins de Saint Guillaume de Maleval dits aussi « guillemites » leur succèdent. Bien que portant une robe noire, ils continuèrent à s’appeler Blancs Manteaux. Une nouvelle église consacrée en 1397 remplace l’édifice existant. A la suite du Concile de Trente, les guillemites, resté un petit ordre, est réformé par les bénédictins de Saint Maur. Les nouveaux moines qui arrivent ensuite entreprennent en 1685 la construction d’une église plus grande et le couvent est rebâti. Le monastère devient alors un centre d’érudition qui comprenait des bâtiments importants et des jardins. L’église actuelle est le seul « vestige »  de l’ancien couvent. En effet en 1790, le couvent est fermé. La bibliothèque est saisie et devient un des fonds importants de la Bibliothèque Nationale (estimé à 20 000 volumes) et des Archives Nationales. Quant à l’église et au cloître, ils furent vendus en 1796 et 1797, le monastère a été détruit après avoir servi de garnison et l'annexion de certains bâtiments par le Crédit municipal (appelé alors Mont de Piété), nouvellement installé à cet endroit. Le presbytère reste un rare témoin des bâtiments conventuels.

    Le Concordat transforme l’église conventuelle en église paroissiale à partir de 1802.

    De l’extérieur, venant de la rue Aubriot, la façade est très sobre. Il est difficile d’imaginer qu’elle était celle d’une autre église détruite par Haussmann dans l’Ile de la Cité, Saint Eloi des Barnabites, datant du début du XVIIIème siècle. Démontée pierre par pierre, elle a été remontée par Baltard, une huitième travée étant alors adjointe à l’édifice. C’est seulement en 1929 que la fontaine du monastère datant de 1719 est remontée le long du mur de l’église donnant sur le square Charles Victor Langlois.


    Vue interieure de l'église

    A l’intérieur de l’édifice tout le mobilier a été acquis par la paroisse et les curés qui se sont succédé durant le XIXème siècle. Plusieurs pièces présentent un intérêt.

    Les stalles sont du XVIIème et proviennent de l’ancienne église Notre Dame de Lorette et de celle de Sceaux. Les piliers au-dessus de ces stalles et le mur à l’arrière de l’autel sont habillés de précieuses boiseries du XVIIIème magnifiquement sculptées. Les balustrades qui ferment le choeur sont somptueuses, elles sont décorées de rinceaux et de coquilles, elles ornaient autrefois le château de Bercy détruit en 1861 (quelques pavillons sont encore visibles à Charenton le Pont). La chaire est remarquable et unique, il s’agit d’un travail flamand, toute en marqueterie de bois d’ivoire et d’étain qui représente des scènes bibliques.


    La chaire flamande toute en marqueterie

    Le grand orgue a été construit en 1831. Il repose sur des piliers carrés ornés de panneaux sculptés XVIIéme ayant la même provenance que ceux du chœur. Après plusieurs agrandissements et restaurations, l’instrument est endommagé par des bombes allemandes en 1944. Ce n’est qu’en 1968 qu’il est rendu au culte après un premier relevage, un second ayant eu lieu en 1991. Paris dispose incontestablement avec cet orgue d’un grand instrument, souvent qualifié de « caractère nordique ».

     

    Dominique Feutry

     

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                                         Portail d'entrée de la synagoge

     

    Au 10 de la rue Pavée (IV ème arrondissement) qui tire son nom du fait qu’elle fut la première à être pavée, se dresse une haute et étroite façade qui tranche avec l’aspect des immeubles environnants. De longs pilastres (similaires à ceux que l’on trouve sur un immeuble situé au 10 rue de Bretagne (IIIème arrondisement)) et d’étroites fenêtres l’habillent. Nous sommes devant un bâtiment étonnant, de style art nouveau, de l’architecte Hector Guimard (voir notre reportage du 13 novembre 2011 sur les ouvrages de cet architecte hors du commun à Paris).

    L’ensemble est construit tout en longueur mais il est difficile de l’imaginer si l’on n’entre pas à l’intérieur. La largeur du monument est de 5 m et sa longueur de 23 m. Le célèbre architecte a donc dû ruser pour tenir compte de ces contraintes. Lorsque nous sommes face à l’entrée, l’architecture est plutôt sobre et « ondulante », un peu écrasée par l’enclavement dans la rue. C’est ce qui explique aussi sa hauteur (12 m).

     

      La  façade "ondulante" de la synagogue

     

    Elevée en 1913, au travers d’une association émanant de plusieurs sociétés israélites orthodoxes d’origine russe et présidée par Joseph Landau (courtier aux Halles), la synagogue de la rue Pavée est de rite ashkénaze. Sa construction devint nécessaire face à l’afflux d’immigrés juifs d’Europe de l’est qui fuyaient la révolution russe mais se trouvaient exclus des structures juives françaises. Elle a été entièrement financée sur fonds privés et par une souscription. Guimard a été choisi par la nièce du fondateur de l’association. Celle-ci deviendra d’ailleurs son épouse, quelques années plus tard. Plusieurs propositions de façades ont dues être faites car l’architecte de la Ville de Paris les rejetait les unes après les autres. Des matériaux modernes tels que la pierre agglomérée creuse et une armature en béton armé ont été utilisés.

     

                                            Intérieur de  la synagogue

    L’intérieur où l’espace culte est à l’arrière, l’avant étant occupé par des bureaux et des salles de cours, est formé de deux étages en mezzanines de chaque côté de la travée centrale. Quant à la nef, elle est illuminée par les lumières qui arrivent des verrières du plafond et de la baie vitrée du mur du fond de l’édifice. Guimard a aussi été chargé de dessiner le mobilier (bancs, chandeliers, luminaires, garde-corps en fonte), le dessin des bancs reprend le mouvement de la façade et ils sont ornés du même triangle que celui qui figurait à l’origine au-dessus du porche d’entrée. Il a été remplacé par l’étoile de David lors de la restauration qui a été entreprise après le dynamitage qui s’est produit en 1941 lors de la veillée du Yom Kippour.

     

    Détail d'une mezzanine et du garde-corps

    Ce monument classé, ainsi que le mobilier, depuis 1989 est le dernier lieu de culte construit dans le Marais, le seul conçu par Hector Guimard et le seul ne dépendant pas du Consistoire. Malheureusement, il n'est pas signalé devant le monument qu'il est l'oeuvre de ce grand architecte et les visites ne sont possibles que lors des Journées du Patrimoine. Le détour s’impose d'autant plus à cette date.

    Dominique Feutry

     

     

  • Au fil des siècles, le Marais a connu des heures glorieuses, il était alors habité par des personnages illustres, et des périodes plus tristes, notamment aussitôt après la Révolution devenant progressivement un quartier où les artisans remplaçaient les personnalités. Le grand renouveau est venu véritablement dans le sillage des rénovations lancées par André Malraux dans les années soixante.

    Marc Antoine Charpentier

    Si l’on se penche sur les résidents prestigieux du Marais , nous ne manquons pas d’être surpris. En effet si nombreux qu’ils soient, et notre recensement n’est pas exhaustif, ils peuvent être classés en trois grandes catégories, les écrivains, les comédiens, les musiciens. Une quatrième regroupe les courtisanes. Seul Mansart fait exception puisqu’il est le seul architecte de renom à s’être établi en ces lieux.

    Parmi les écrivains les plus connus se trouvent bien entendu Victor Hugo et Madame de Sévigné (qui a eu l’honneur de naître dans un immeuble de la place des Vosges) mais aussi Mademoiselle de Scudéry, Scarron qui tenait un salon très en vue, Bossuet, Honoré de Balzac, Théophile Gautier, Alphonse Daudet et plus récemment Georges Simenon.

    DaudetAlphonse Daudet

    Les comédiens sont en moindre nombre mais non moins illustres et divers, la grande Rachel, Francis Blanche et la regrettée Annie Girardot qui aimait particulièrement le quartier.

    Parmi les maîtres de la musique française de la fin du XVII ème siècle, Marc Antoine Charpentier et les frères Couperin ont occupé et égayé de leurs compositions ces lieux que nous connaissons bien. Ils étaient joués de leur vivant en l’église Saint Paul.

    Georges Simenon

    Reste la catégorie des courtisanes telles que Marion Delorme (que la Fronde aurait perdue si elle n’était décédée à ce moment- là) et son amie Ninon de Lenclos (dont le salon et la liste des amants sont restés célèbres) ainsi que la future Madame de Maintenon qui, outre sa liaison royale, était la petite fille d’Agrippa d’Aubigné et la veuve de Scarron.

    Le promeneur qui flâne dans les rues du Marais ne pense pas toujours à ces noms connus qui ont foulé les rues avant lui et occupé les immeubles qu’il longe. Pourtant il suffit d’un peu de curiosité et de lever le regard sur les façades où sont disposées ici ou là des plaques pour découvrir que ces bâtiments ont accueilli des grands noms qui ont fait l’histoire de France.

    Plaque située au 1 place des Vosges

    Dans une de ses poésies, Scarron a montré son attachement au Marais en écrivant ces quelques vers :

    Adieu beau quartier des Maret,

    C’est avec mille regrets

    Qu’une très présente besogne,

    Pour quelque temps de vous m’éloigne.

     Dominique Feutry

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    Façade du 5 rue Payenne

     

    En plein cœur du Marais, au 5 de la rue Payenne, à deux pas du musée Carnavalet, jouxtant le Centre Culturel Suédois, se trouve un immeuble du XVII ème siècle remanié au début du XXéme siècle dont la fonction est inattendue.

    La façade est sobre, quelques agréments attirent cependant l’œil,  un buste une inscription et deux laques constituant une sorte de rébus à l’adresse du passant. Le buste est celui d’Auguste Comte. L’inscription en grosses lettres est la suivante : « Religion de l’Humanité. L’amour pour principe et l’ordre pour base, le progrès pour base ». La première plaque rappelle que le célèbre François Mansart habita à cet emplacement durant les vingt dernières années de sa vie. La seconde près de l’entrée indique qu’il s’agit de la Chapelle de l’Humanité.

    Nous sommes effectivement en présence d’un édifice religieux, le seul en France et même en Europe dédié au positivisme dont le fondateur est Auguste Comte (1798-1857). Trois autres édifices ayant la même fonction existent, ils sont tous situés au Brésil.

    Buste d'Auguste Comte

    Très influencé par Saint Simon dont il fut un temps le secrétaire, Auguste Comte est le père du positivisme, une doctrine ou philosophie qui rejette tout ce qui tient du métaphysique ou du théologique, au profit de l’expérience la seule manière de vérifier ses connaissances, d’affirmer une vérité. Cela l’a conduit à vouloir réorganiser la société. Influencé par son égérie Clotilde de Vaux, il a ensuite érigé le positivisme en une religion sans dieu dont le culte est l’Humanité constituée uniquement de « l’ensemble des êtres passés, futurs, et présents qui concourent librement à perfectionner l’ordre universel ».

       

                Intérieur de la chapelle                     Arcs brisés et personnages illustres

    En fait la chapelle, aménagée en 1903 par des mécènes positivistes brésiliens, est située au premier étage. Elle respecte les plans de son inspirateur. Elle est toute à la gloire du philosophe. Très semblable à une église catholique, un autel imposant surmonté d’une fresque représentant une femme (l’humanité) avec un enfant (l’avenir) dans ses bras fait face à l’entrée. Sur le pourtour sont disposés des arcs brisés dans lesquels sont peints des personnages illustres (Homère, Descartes, Dante, Shakespeare et même Charlemagne). Ils représentent le calendrier élaboré par notre philosophe comportant 13 mois lunaires de 28 jours.

    Il importe de noter que la pensée d' Auguste Comte a trouvé écho au Brésil au point que sa devise « Ordre et progrès » figure sur le drapeau du pays!

    Cet endroit confidentiel est donc très particulier, inattendu. Il apparaît comme une véritable bonbonnière, résumé de toute la pensée d’un homme. Il est classé monument historique depuis 1982.

    Rarement ouvert au public, il est possible néanmoins de visiter le lieu lors des journées Nomade ou sur rendez-vous. Contacts tel : 01 43 26 08 56 ou augustecomte@wanadoo.fr

    Dominique Feutry

     

  • Jardin temple haudriettes nettoyage 22 02 12 (2)
    Le jardin Temple-Haudriettes (place dite Renée Vivien *), site historique de l'Echelle du Temple. Une sorte de  carcan ou de pilori, symbole du droit de Haute Justice dont disposait le Grand Prieur du Temple. Elle était installée au carrefour des rues du Temple et des Vieilles-Haudriettes.

     

    Ce jour est à marquer d'une croix blanche : le jardin a été nettoyé.

    C'est un des parents pauvres du patrimoine végétal de la Ville de Paris. Voulu par Yves Contassot, Maire-Adjoint de Paris pour l'Environnement au cours de la précédente mandature, il avait chargé ses équipes de concevoir un jardin répondant à un cahier des charges original. Il devait concilier sur une centaine de mètres carrés, une zone minérale et un peu de végétation, être ouvert mais délimité, garni de plantations robustes et rustiques hautes sur pieds pour qu'il n'en soit pas fait un usage qui est habituellement intime. Enfin, il fallait que les barrières soient telles qu'on n'y puisse pas accrocher des vélos.

    Ces contraintes ont été dans l'ensemble respectées. Les défauts sont venus de la qualité de l'exécution : les portes ne se ferment pas et les matériaux choisis ne sont visiblement pas faits pour que l'installation résiste à l'épreuve combinée du temps et de la rouille.

    Les deux panneaux qui interdisent l'accès aux chiens sont joyeusement ignorés. On voit là régulièrement s'ébattre des sortes de bergers allemands qui batifolent à travers les arbustes sous l'oeil émerveillé de leur maître et qui partent en laissant sur ce lieu de repos, des souvenirs dont on se passerait bien.

    La Mairie de Paris a créé une cellule d'inspecteurs connue sous le sigle DPP (Direction de la Prévention et de la Protection) qui a vocation à jouer les garde-champêtres. On aimerait bien qu'ils s'en préoccupent.

    Ce jardin est un dépotoir. Les chiens ne sont pas les seuls à lui faire subir des outrages et les fautifs sont avant tout ceux qui salissent. C'est la nuit en général qu'ils sévissent, si on en juge par les déchets qui sont majoritairement des canettes de bière et autres flacons pourvoyeurs d'ivresse ordinaire. Mais les choses étant ce qu'elles sont, la Direction des Espaces Verts de la Mairie de Paris devrait un peu plus se mobiliser. Nos interventions auprès de Philippe Raimbourg qui est le responsable du secteur, sont restées sans réponse. Puissent Fabienne Giboudeaux, Maire-Adjoint de Paris chargée des espaces verts, et la Directrice des espaces verts Régine Engström, réagir en invitant leurs services à une meilleure concertation avec leurs administrés.

    Nous lui avions suggéré de modifier le dispositif de fermeture automatique des portes. Basé sur la gravité, il est inopérant. Des portes grand ouvertes sont une invitation à entrer la nuit alors que le règlement l'interdit. Enfin, la fréquence des interventions de nettoyage doit être revue. Si M. Raimbourg veut bien sortir de son silence et de son isolement, il pourrait tirer partie de la vigilance des riverains que nous représentons, pour une meilleure adaptation de ses moyens à l'entretien des sites dont il a la charge.

     

    * Renée Vivien n'est pas tout à fait une illustre inconnue tirée des archives par un soin complaisant. C'est une poétesse, disciple de la grecque Sappho, qui vécut à la fin du XIXème siècle et mourut très jeune, victime de l'alcool et de la drogue, à l'âge de 32 ans. Elle eut le temps néanmoins de produire pas moins de 500 poèmes.

     

  • Basilique-saint-denis louis XII et anne de betagne
    Tombe de Louis XII, roi de France et de sa femme Anne de Bretagne

     

     Prochaine visite guidée : La basilique-cathédrale de Saint Denis

    Des tombeaux des rois et reines à l'architecture ogivale dite gothique

     Jeudi 8 mars 2012 

     Rendez-vous à 14h15 à la sortie du métro

    (ligne 13, direction Saint Denis Université, station Basilique de Saint Denis)

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    Nous vous convions à une superbe visite avec notre guide Sylvain SOLUSTRI. 

    La tradition attribue à Sainte Geneviève l'édification du premier sanctuaire vers 475. Saint Denis, très important lieu de pèlerinage au Moyen-âge puis église d'une abbaye bénédictine, accueille les sépultures des rois et reines de France dès le VIème siècle et devient cathédrale en 1966. Conçue au XIIème et achevée au XIIIème siècle, Saint-Denis voit la naissance de l'art ogival dit gothique.

    S'élevant sur l'emplacement d'un cimetière gallo-romain, Saint-Denis se visite à plusieurs niveaux : l'architecture et l'histoire de l'édifice, la nécropole des rois et reines de France  dont les mausolées présentent toute l'évolution de la statuaire française. De Dagobert à Pépin le Bref qui s'y fait sacrer roi en 754 puis à Charlemagne jusqu'aux travaux de restauration dirigés par Viollet-le-Duc en 1846, l'histoire de la basilique est riche en rebondissements avec, récemment, le cœur authentifié du jeune Louis XVII qui y fut déposé lors d'une grande cérémonie.

    Compte tenu d'un droit d'entrée important et afin de pouvoir rémunérer notre guide à sa juste valeur, nous vous demandons une participation tout à fait exceptionnelle de 15 euros par personne (ou 10 euros pour les personnes en attente de jours meilleurs). Couvrez-vous bien car nous serons à l'abri mais les cathédrales sont fraîches. N'hésitez pas à amener vos amis.

    Merci de prévenir de votre venue et du nombre de personnes qui vous accompagneront : Marie-Françoise Masféty-Klein par téléphone au 01 42 72 61 41 ou par mail  mfmk@free.fr.

    Nous vous attendons nombreuses et nombreux et vous adressons nos fidèles amitiés.

     

    En cliquant à deux reprises dans la photo, vous aurez l'impression "d'y être". Mais mieux vaut tout de même y aller "en vrai"

     

  • Cantal 1944-45Gérard 7 ans (à gauche) et André (Dédou) 5 ans et demi, sur une barrière du "Soutoul", à Cassaniouze – Département du Cantal

                                                                                                                              

    Quand on a été soi-même un "réfugié", c'est à dire un émigré qui fuit son pays pour une raison ou une autre, a fortiori quand on a vécu l'exode, poussé par la peur ou la contrainte, on garde au fond de soi une capacité plus vive de s'émouvoir des épreuves souvent plus rudes encore, que subissent de nombreuses populations dans le monde d'aujourd'hui.

    Les français du sud de la France, celle qu'on qualifiait de "zone libre", en 1943-44, au cœur de villes qui étaient devenues des cibles, ont vécu l'horreur des bombardements alliés. Des militaires qui venaient là pour nous libérer de l'occupant mais qui n'hésitaient pas à lâcher sur nous des tapis de bombes pour atteindre un objectif stratégique comme une gare, un pont ou un port, en prenant pour eux-mêmes un minimum de risques.

    Des milliers de personnes y ont laissé leur vie comme victimes collatérales d'interventions brutales.

    D'autres ont été évacués des zones à risque. Des enfants pour la plupart. Leurs parents sont restés chez eux, en ville, car ils n'avaient pas le choix, mais ils ont mis leurs enfants à l'abri. Une forme de solidarité s'est organisée entre citadins et gens de la campagne. Ceux-ci ont accueilli ceux-là. Des petits de la ville, qui sont devenus des "réfugiés".

    Il y a peu de témoignages sur ces évènements. Je m'autorise à me servir de ce blog pour publier le mien car j'ai vécu cette page d'histoire avec mon frère cadet. J'aimerais retrouver des compagnons de route. Ceux qui ont quitté Marseille pour le Cantal. Pourquoi pas ceux-là mêmes qui ont embarqué avec nous dans le car qui a parcouru le trajet d'Aurillac à Cassaniouze dans le Cantal pour nous larguer, par petits paquets, sur les marches des églises des villages traversés.

    Nous pourrions échanger des souvenirs sur ces évènements qui ont marqué notre enfance par leur intensité et se sont incrustés dans nos mémoires. Ils ne sont  plus ressentis comme une épreuve passée mais comme une aventure, qui nous a laissés amoureux des paysages où nous avons découvert la nature et profondément attachés aux gens que nous avons connus.

    La courte histoire que je relate est aussi une page d'Histoire, qui décrit un épisode de la guerre vu à travers des regards d'enfants, en même temps qu'un témoignage sur le mode de vie dans les campagnes avant le déferlement de la société de consommation.

    C'est aussi la narration poignante par nos parents, du bombardement de Marseille le 27 mai 1944, et par un témoin qui était comme nous un enfant mais qui n'avait pas eu la chance d'avoir été éloigné du danger. Qui n'avait pas eu la chance d'être devenu, comme nous, un "réfugié".

     

    Téléchargement Petits marseillais réfugiés en 1944

     

                                                                                                             

                                                                                                                                

  • Hôtel de sens 
    L'hôtel de Sens, 1 rue du Figuier (IVe) tél. 01 42 78 14 60, abrite la bibliothèque Forney.

    (Cliquez dans l'image pour accéder aux détails de la photo)                            

                                        

    Peu de monuments à Paris peuvent se targuer d"une histoire aussi longue et mouvementée que celle de l'hôtel de Sens.

    Tout remonte à 1366, quand les archevêques de Sens, dont dépendait l'évêché de Paris, font l'acquisition de l'hôtel d'Hestomesnil sur l'emplacement du monument actuel. Tristan de Salazar, qui devient archevêque en 1474, homme de goût et protecteur des arts, réalise qu'il ne sied pas au prestige de sa fonction et entreprend la transformation du bâtiment en 1498.

    Le monument fut achevé en 1507. Il est avec l'hôtel de Cluny le seul monument d'importance qui nous a été légué par l'époque médiévale. Il convient d'admettre, toutefois, qu'il n'a pas traversé le temps sans altération et que la version actuelle, aux yeux de beaucoup, n'est guère qu'un pastiche de l'ouvrage original. Ce jugement nous parait sévère cependant. Tel qu'il est et là où il se trouve, à deux pas de l'hôtel d'Aumont qui ne manque pas de magnificence, il honore Paris et fait oublier quelque peu ces réalisations récentes qui le défigurent, comme la Cité des Arts voisine, le long de la rue de l'Hôtel de Ville.

    Il fut le témoin de bien des drames et évènements par la suite. Le concile de Sens s'y tient en 1528 et fait condamner Luther. La reine Margot s'y installe en 1605 après son divorce (approuvé par le Pape) d'avec le roi Henri IV et son exil en province. Son amant y est assassiné en 1606 et le meurtrier décapité devant ses yeux pour l'expiation de son crime.

    Il perd de son prestige quand une messagerie de diligences s'y installe en 1622. Il vécut par la suite diverses fortunes et subira dès lors une série d'outrages et de mutilations qui le conduiront à n'être plus qu'un bâtiment délabré et défiguré lorsque la Ville de Paris l'achète en 1911. Sa restauration, confiée à Charles Halley, s'étalera de 1936 à 1962.

    La bibliothèque Forney s'y installe en 1961. Elle bénéficie d'un legs d'Aimé Samuel Forney, suisse (parisien, dit la plaque) et négociant en bois.

    Bibliothèque forney plaque 

    Désireuse d'exaucer le voeu du mécène, la bibliothèque se consacre d'abord aux métiers d'art et aux arts décoratifs. Elle accueille des ébénistes, des céramistes, des peintres …. Elle s'est diversifiée toutefois par la suite à l'art en général et a vu de ce fait son public s'étendre (étudiants en histoire de l'art, en architecture, professionnels de la mode, des arts graphiques et du design).

    Elle est gratuite et ouverte à tous. Des expositions s'y tiennent régulièrement. Elle prête des livres et des revues pour une somme modique.

    La société des amis de la Bibliothèque Forney particie à son rayonnement. Jean Maurin en a été nommé président récemment. Il est actif depuis des années dans le Marais, dans notre association et dans les conseils de quartiers. Nous sommes convaincus que par sa stature, sa culture et son expérience internationale, il sera digne de l'institution qu'il a la charge de promouvoir.

     

    Bibl. Le Marais, Danielle Chadych, Parigramme – Le Marais, Alexandre Gady, Le Passage, diffusion Seuil, Bibliothèque Forney et Société des Amis

     

    Intéressé par l'associationCliquez ICI

     

     

  • Archives église billettes

    Eglise et cloitre des "Billettes", en souvenir des hospitaliers de la charité Notre-Dame, qui portaient un scapulaire en forme de "billette".  

    L'édifice a été construit par couches successives : une chapelle en 1295, qui devint presque souterraine du fait du réhaussement de la chaussée, une église construite au-dessus en 1408, transformée en cimetière ; le cloitre, qui date de 1427, et pour finir l'église actuelle, construite en 1758 sur des dessins de frère Claude, sur les ruines de la précédente. A la révolution, elle devient propriété de la nation puis de la Ville de Paris, qui l'affecte au culte luthérien en 1808.

                                             

    Il n'est pas inutile, quand on traite les problèmes contemporains, de les observer à la lumière de l'Histoire. La rue des Archives a un long passé. Pour le seul IVe, elle est faite de tronçons qui avaient pour noms en allant vers le nord : rue des Billettes, rue de l'Homme Armé et rue du Chaume. Ces voies n'étaient pas rectilignes. On en trouve le contour de nos jours dans le profil de la rive droite (numéros pairs). La rive gauche, en revanche, a été frappé d'alignement.

    C'est ainsi qu'on trouve d'un côté des établissements, bars et restaurants, qui bénéficient de terrasses confortables tandis que leurs vis-à-vis se heurtent à la réglementation s'ils veulent pouvoir disposer d'un maximum de place pour exploiter commercialement le trottoir.

    La Maire du IVe, Dominique Bertinotti se préoccupe depuis longtemps de préserver le libre accès à l'espace public en essayant de satisfaire les aspirations des commerçants. Elle a cherché en vain des solutions de réaménagement du trottoir. Les riverains ont refusé un projet qui visait à l'élargir sélectivement sur quelques dizaines de mètres. Elle a suggéré ensuite des terrasses à parois rigides. Les exploitants s'y sont opposés ainsi que notre association car nous ne voulions pas, pour des raisons esthétiques et de confort des déplacements, d'une file continue de constructions légères en devanture des bars.

    De cet échec est née la décision de Mme Bertinotti de constituer un "conseil de la rue des Archives". Il est composé de riverains, de commerçants, d'associations d'habitants (Vivre le Marais !) et de commerçants, de représentants des conseils de quartiers et de conseillers de la mairie du IVe.

    Créé en juin 2010, il ne s'était réuni qu'une fois, pour constater qu'il n'existait aucun terrain d'entente sur la question essentielle de l'occupation de l'espace public. Selon le conseil de la rue des Archives, certains établissements ne sembleraient respecter ni le règlement de la Ville de Paris sur les terrasses, ni l'arrêté du Préfet de Police du 10 décembre 2009 qui interdit la consommation de boissons alcooliques sur le domaine public entre 16h00 et 07h00 ainsi que la vente de boissons à emporter de 21h00 à 07h00.

    Dominique Bertinotti a suscité une première réunion. Elle a eu lieu le 4 mai et la Maire a tenu à être présente. Elle a rappelé leurs devoirs aux débitants de boissons et souligné qu'aucun d'eux ne devait servir de prétexte  à d'autres établissements pour exercer leur activité dans des conditions contestables.

    Le conseil a dû se réunir à nouveau le 11 mai pour voter un règlement intérieur et élire un nouveau président en la personne de Gérard Grigaut. Il a délibéré sur la fête de la musique, pour souhaiter que la rue du Temple ait le même traitement cette année que la rue des Archives, sans pour autant demander, comme nous l'avons fait auprès du Préfet, que l'installation de sonos sur les trottoirs soit interdite pour éviter l'asphyxie par le volume de toute musique instrumentale.

    Un nouveau règlement des terrasses et étalages entre en vigueur le 1er juin. Bien qu'associés à travers "Vivre Paris !" à son élaboration, nous constatons qu'il ne répond pas pleinement à nos attentes. Nous avons retenu toutefois les déclarations d'Elisabeth Borne, Directrice de l'Urbanisme à la Mairie de Paris, qui nous a assurés avec détermination que ce nouveau règlement, contrairement au précédent, serait appliqué à la lettre (et au centimètre …).

    Si la Ville de Paris fait respecter le droit en matière d'occupation de l'espace public et si le Commissaire de Police de l'arrondissement veille à l'application de l'arrêté du Préfet, le problème de la rue des Archives est réglé. C'est tout aussi simple et c'est ce que nous demandons.

     

    Bibl. "Le Marais", Danielle Chadych, Parigramme