Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Histoire

  • Fontaine haudriettes mosaïque La Fontaine des Haudriettes, carrefour Archives-Haudriettes (IIIe)
     

    Facile à déceler l'intrus ! Cette plaque sur fond bleu ciel tranche avec le blond vénitien de la pierre du monument. C'est une sorte de mosaïque, qui semble reproduire une affiche sauvage sur "l'égalité des droits" qui a fleuri récemment sur les murs du Marais. Peut-être y a-t-il une différence dans le fait que le doigt pointé au ciel est le majeur et non l'index ? Notre confrère lindependantdu4e en a fait un article il y a quelques jours.

    La Fontaine des Haudriettes date de 1765. On la doit à Pierre Moreau-Desproux, maître des bâtiments de la Ville. L'édifice néo-classique est décoré par un bas-relief de Philippe Mignot représentant une naïade qui s'appuie sur une urne. Comme bien des sites à Paris, il subit ces temps-ci les assauts d'une terrasse de bar qui enveloppe sur trois de ses côtés et qui n'en finit pas de s'étendre.

    La facétie que nous rapportons porte atteinte au monument. La Direction du Patrimoine et de l'architecture de la Ville de Paris en a été saisie et va lui réserver un sort. On est tenté de conseiller à l'auteur de ne pas dénoncer l'ingratitude de ses semblables mais de soigner à l'avenir deux critères pour être assuré de durer : choisir le site qui convient à son oeuvre et de veiller à la qualité de son travail. Voici des mosaïques qui ont résisté au temps qui passe et accessoirement au temps qu'il fait : les mosaïques romaines des parterres de la Villa Casale de Piazza Armerina en Sicile.

    Piazza armerina mosaïques gros plan 

    Voilà deux mille ans que ces jeunes dames, dont la morphologie et les dessous sont incroyablement contemporains, font l'admiration des visiteurs. Personne n'a jamais songé, celles-là, à les vouer aux gémonies.

    Post Scriptum du 17 mai 2011 :

    La mairie de Paris, Direction du Patrimoine, est intervenue avec la rapidité de l'éclair. La plaque a disparu. L'oeuvre aura "vécu ce que vivent les roses, l'espace d'un matin". 104.000 fois moins longtemps que les sportives romaines de la Villa Casale. Sa valeur artistique obéit sans doute au même ratio.

                                                                                                          

     

     

  •   Alchimie noir et blanc

     

    Le Paris secret des Alchimistes


    Rendez-vous le jeudi 5 mai à 14h15 devant la Fontaine Saint Michel


     Nous cotoyons quotidiennement sans les voir les nombreux symboles que nous ont laissés les alchimistes. Notre guide, Sylvain Solustri, nous propose de les découvrir au cours d'une promenade  mystérieuse et ésotérique…


    Dans son premier sens, le but de l'alchimie est la transmutation des métaux en or, la recherche de la pierre philosophale qui aurait soulagé l'homme de tous les maux. Nous tenterons bien sûr, d'éclaircir tous ces points tout en nous promenant, de la rive gauche à la rive droite, à la recherche de signes bien tangibles encore de nos jours, que nous ont laissés ces savants du temps passé et que nous essayerons de déchiffrer… Du symbolisme de la Fontaine Saint-Michel aux vitraux alchimiques de Saint-Etienne-du-Mont, des sculptures de Notre-Dame à la Tour Saint-Jacques, de l'étrange maison de Nicolas Flamel à la Fontaine du Vertbois, c'est à un énigmatique parcours que nous vous convions, afin de redécouvrir Paris sous un jour des plus dépaysants.

     

    Merci de réserver au plus vite. Modalités d'inscription auprès de Marie-Françoise Masféty-Klein par mail mfmk@free.fr ou par téléphone au 01 42 72 61 41

     

        Dans l'attente de vous revoir lors de cette nouvelle visite, nous vous adressons toutes nos fidèles amitiés.

                                                                                                                              

  • Chanoinesse 24

     Restaurant "Au Vieux Paris d'Arcole", dans l'Île de la Cité, Odette Fau et Georges de la Rochebrochard nous font aimer l'Aveyron. (cliquez dans la photo pour agrandir : c'est un ravissement) (Photo VlM)

                                                                                                             

    En remontant vers le nord la rue d'Arcole (IVe) où les marchands de souvenirs de Paris rivalisent avec les sandwicheries, on peut sortir rapidement de l'enfer des marchands du Temple en s'engageant à droite dans la rue Chanoinesse.

    La voici inondée d'un soleil vespéral qui met en valeur tous ses charmes. On est là face au 24 de la rue, une maison du XVIème siècle qui abrite un restaurant qui est l'un des plus romantiques de Paris.

    Le lieu est chargé d'histoire. Cette rue est l'ancienne artère du "cloître Notre-Dame". Elle date des carolingiens (XIIème siècle). Des personnages célèbres l'ont habitée mais, avec votre permission, on va  s'attarder sur deux amants maudits : Héloïse et Abélard.

    Dans la maison de gauche, rouge brique, qui porte aujourd'hui le numéro 28, l'abbé Fulbert décida autour de 1120 de confier au philosophe Abélard le soin d'éduquer sa nièce Héloïse. Il s'acquitta de sa tâche bien au-delà du cahier des charges et le couple devint amant et maitresse si bien que la jeune fille, destinée au couvent, connut des oeuvres d'Abélard le sort commun des mères de famille. Furieux, l'oncle Fulbert lui fit subir les outrages que l'on connait et que Villon a célébré dans son sonnet "les dames du temps jadis" :

    "Où est la très sage Helloïs,

    Pour qui fut châtré et puis moine,

    Pierre Esbaillard (1) à Saint Denis ?

    Pour son amour eut cette essoine (2) …."   (1) : Pierre Abélard  (2) : "peine" en vieux français

    Toujours dans cette maison du 26, dans un passage vers la rue des Ursins, on trouve des colonnes qui proviendraient du couvent des Jacobins de la rue Saint Jacques. Quant au sol, il est fait de dalles qui sont des restes de pierres tombales, le terrain ayant dit-on à l'origine servi de cimetière.

    Wikipédia fait dans le sordide. On y lit : " La rue est connue pour avoir abrité en 1387, les établissements voisins d'un barbier et d’un pâtissier, ce dernier vendant des pâtés en croute préparés avec des morceaux de chair humaine fournis par le barbier. Les deux criminels furent jugés et brûlés vifs à l'emplacement des deux échoppes. Cette histoire a fait l'objet d'une chronique en 1612". 

    Plus austère, en briques rouges, le 6 abrite l'Ecole nationale de la Magistrature.

    Quelques mots du restaurant "Au Vieux Paris". Il se distingue par son cadre romantique à souhait, son aménagement cosy et sa cuisine bien française et de terroir. Il s'agit ici du Rouergue. On appréciera les foies gras, les canards farcis, la viande de Salers agrémentée d'un sauce au cèpes, le tout arrosé d'un vin du Fel ou de Marcillac. Ou pourquoi pas d'un Sancerre rouge.

    Attention à la note. Il faut compter un peu plus de 100 € pour deux. Réservations au 01 40 46 06 81

     

    Intéressé par l'association : cliquer ICI

                                           

  • Carnavalet mai 2010

    Le musée Carnavalet, vu depuis la rue des Francs-Bourgeois (IIIe)

    (Cliquez dans l'image si vous désirez l'agrandir)

                                                              

    Une visite de l'Histoire de Paris

    Le musée Carnavalet

    Jeudi 10 mars 2011

    Rendez-vous à 14h15 devant l'entrée du musée

    au 23 rue de Sévigné 75003

     

    Vous croyez peut-être le connaître et pourtant il recèle tant d'histoires et d'Histoire que nous vous invitons à sa découverte, bien au chaud en ces temps de froidure, avec notre guide Sylvain Solustri.

    Carnavalet est l'un des plus beaux hôtels du Marais, tant en ce qui concerne sa décoration intérieure, que ses riches collections consacrées à la vie et aux aspects de Paris à travers les siècles. L’hôtel, bâti en 1544, fut remanié par le grand Mansart et devint, en 1677, la demeure de Madame de Sévigné, et en 1866, propriété de la Ville de Paris qui y fonda le musée consacré à l’histoire de Paris.

    Au hasard des salles ouvertes à la visite (certaines parties n’ouvrent qu’en alternance pour des raisons d’effectif…), nous découvrirons l’art de vivre des riches demeures aristocratiques aux XVIIe et XVIIIe siècles, les superbes boiseries d’hôtels parisiens aujourd’hui disparues et qui ont été remontées ici, le grand escalier décoré d’un gigantesque trompe-l’œil et le jardin bordé de deux galeries aux façades admirables.

    Le musée tend à recréer le visage de Paris depuis le règne d’Henri IV jusqu’au XXe siècle par l’exposition d’une iconographie (tableaux, gravures) et de collections exceptionnellement riches : souvenirs de la marquise de Sévigné, spectacle coloré de la Révolution Française, reliques de la prison du Temple, costumes, enseignes, plans de la ville en relief, donnent à l’ensemble un cachet d’authenticité tout particulier.

    Merci de réserver au plus vite car le nombre de personnes est strictement limité à 25 et de vous inscrire auprès de Marie-Françoise Masféty-Klein, par mail mfmk@free.fr ou par téléphone au 01 42 72 61 41.

    Nous vous précisons que la participation aux frais est de 10 € par personne.

                                                                                                                                                       

     

  •  Amelot bisseuil galerie psychée
    La galerie de Psyché (Michel 1er Corneille, ca 1660), un des joyaux du monument

                                                                                                   

    Rappel de son histoire et de ses propriétaires :

    1638 – Denis Amelot de Chaillou, intendant des Finances, déjà propriétaire de l'hôtel au 78 rue des Archives (IIIe) qui porte son nom, entreprend sa construction. Il est achevé sous les ordres de son fils, Jean-Baptiste Amelot de Bisseuil, autour de 1657-60. Architecte Piere Cottard. Le sculpteur Guibert est chargé de la décoration.

    Il doit le surnom d'hôtel des Ambassadeurs de Hollande, qui lui est donné au XVIIème siècle, à une légende autour de diplomates hollandais qui y auraient séjourné (hypothèse non vérifiée) et à chapelain hollandais qui y aurait célébré le culte, ce qui est plus vraisemblable.

    Il fut habité par Caron de Beaumarchais à partir de 1776. C'est là qu'il écrit "Le mariage de Figaro" en 1778, pièce interdite puis finalement autorisée en 1784 par le roi Louis XVI. Beaumarchais y vécut jusqu'en 1790.

    Il subit au XIXème siècle le sort commun des immeubles et monuments du Marais, envahis par le commerce et l'industrie qui lui firent subir des outrages. Il fut sauvé du désastre en 1924 par son classement "Monument Historique". Il est acheté par le colonel Paul Brenot qui entreprend sa restauration, sous la conduite de l'architecte en chef Robert Danis.

    Sa restauration se poursuivra sous l'égide du propriétaire suivant, le commandant Paul-Louis Weiller. Diplômé de l’École Centrale de Paris, héros de l'aviation pendant la première guerre mondiale et inventeur avec Georges Poivilliers, un autre centralien, de la photogrammétrie aérienne, il est aide de camp du chef des armées alliées à la signature du traité de Versailles. il crée la société de fabrication de moteurs d'avions qui deviendra par la suite la SNECMA. Quand Air France voit le jour, par fusion/nationalisation de compagnies aériennes en 1933, il devient membre du conseil d'administration.

    De famille juive alsacienne, il doit fuir la France en 1940 et sa mère mourra à Auschwitz.

    Il exerce après la guerre des activités industrielles qui font de lui un capitaine d'industrie et de la finance. Il a alors les moyens de s'intéresser à l'art et devient un mécène. Il mène dans son hôtel de la rue Vieille du Temple une vie mondaine qui lui vaudra la visite de personnes aussi célèbres que Richard Nixon, Aristote Onasis, Georges & Claude Pompidou et le Grand-Duc du Luxembourg.

    Né en 1893, il meurt à Genève en 1993 âgé de très exactement 100 ans.

    Aujourd'hui :

    L'hôtel est resté depuis la mort de Paul-Louis Weiller propriété de la fondation qui porte son nom. Il a bénéficié de quelques travaux de rénovation, notamment la façade qui donne rue des Guillemites, mais ni la façade sur la rue Vieille du Temple, ni le magnifique portail de bois qui est le plus ouvragé du Marais, n'ont été entretenus. Il en est de même des intérieurs.

    Peu de gens ont eu la chance d'y entrer. Nous avons eu ce privilège et nous pouvons attester de la magnificence des décors mais aussi de leur mauvais état, qui appelle une intervention urgente. Nous vous invitons à nous suivre dans la visite :

    Amelot de bisseuil romulus remus 

    Vue intérieure du portail, surmonté d'un arc en plein cintre qui figure Romulus et Rémus allaités par la louve. Décor sculpté de Thomas Regnaudin (1622-1706). Côté rue, on trouve un décor similaire qui représente deux "renommées" avec leurs trompettes. (Cliquer dans l'image pour voir les détails).

                                                          

    Amelot bisseuil cour int et fronton 
    Vue de la deuxième cour intérieure, richement ornée de statues dans leurs niches, qui représentent l'Aurore, le Crépuscule, et les vertus : la Force, la Vérité, la Prudence, la Justice, la Vigilance et la Sagesse. Terrasse à gauche et portail d'accès à l'aile ouest, avec colonnes ioniques et fronton.

                                                       

    Amelot bisseuil escalier monumental 
    L'escalier et sa rampe en fer forgé, qu'on doit à Le Tellier.

                               

    Amelot bisseuil chambre italienne 
    Plafond de la "chambre à l'italienne"

                                                          

    Son devenir

    Le sort de ce monument, depuis la mort de L.P. Weiller, est resté un mystère. Des bruits ont circulé par périodes. Rien ne s'est concrétisé jusqu'à  l'an passé où on a fini par apprendre que la Fondation avait vendu son bien. Le nouveau propriétaire est la société Acanthe Développement, filiale foncière du groupe Duménil-Leblé.

    Elle a acquis en octobre 2010 deux ensembles immobiliers dont l'un est l'hôtel des Ambassadeurs de Hollande, pour 1.718 m², l'autre un immeuble attenant d'habitation de 18 petits lots actuellement loués,  sis 7 rue des Guillemites pour 826 m² , et une quinzaine de parkings au 6 rue des Guillemites. Le tout pour la somme de 38 millions d'€. On peut estimer autour de 6 millions d'€ la valeur des immeubles et parkings, il reste 32 millions comme valeur estimée du monument historique.

    Depuis, les bruits les plus fous circulent. En ce moment, à constater la fièvre qui couve chez les journalistes des magazines et quotidiens, il doit se passer quelque chose. On assiste au syndrome du "riche dirigeant du Golfe ou d'ailleurs qui veut son pied-à-terre à Paris". Une version renouvelée de l'affaire "hôtel Lambert".

    Il est plus probable, c'est notre souhait en tous cas, et c'est l'écho que nous avons trouvé auprès d'Acanthe Développement, que la partie "monument historique" du bien, séparée des immeubles d'habitation, aille à une grande entreprise capable de poursuivre sa rénovation sous le contrôle de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques, pour en faire son siège social ou un lieu pour des réceptions de prestige. On évoque aussi telle ou telle "fondation" à vocation de mécène.

    En tout état de cause, le "bon peuple" ne sera pas convié à la fête, si ce n'est peut-être à l'occasion des journées du patrimoine et ce n'est pas rien. On pourra regretter que ni l’État (qui n'a plus d'argent) ni la mairie de Paris (qui a déjà été amenée à puiser abondamment dans nos poches) n'aient d'intérêt à la chose.

    Dans ce cas, il faut se résigner au jugement de Salomon qui donna l'enfant que deux mères se disputaient, à celle qui se déclarait prête à le céder à l'autre pourvu qu'il ait la vie sauve.

    Gérard Simonet

     

    Références : Le Marais, Alexandre Gady ; Le Marais, Danielle Chadych ; Wikipédia ; collection privée

    Intéressé par l'association : cliquer ICI 

                                                                                                                   

  • Hôtel de soubise occupé sept 2010

    L'hôtel de Soubise, carrefour Archives-Francs-Bourgeois (IIIe), flanqué de l'hôtel de Clisson avec ses tourelles et son portail qu'on peut admirer rue des Archives. Avec le "CARAN" (centre d'accueil et de recherches des archives nationales), il abrite une grande partie des archives nationales. (cliquez sur la photo pour l'agrandir)

                                                                                                                                                                                                                                                                                   

    L'annonce en a été faite cette semaine :  la Maison de l'Histoire de France (MHF) va s'installer sur ce site prestigieux, dont les oiseaux de mauvais augure murmuraient sotto voce début 2009 qu'il était condamné à l'abandon. La rumeur nous avait semblé si étrange que nous avions entrepris d'en savoir plus. Il est assez édifiant de revenir sur notre article du 25 mars 2009 car la crainte des personnels des Archives étaient à l'époque que cette fameuse Maison de l'Histoire, dont on parlait déjà, ne s'y installe pas !

    Aujourd'hui c'est décidé. Le président Sarkozy l'a annoncé à Lascaux. Que voit-on : des personnels qui protestent et décident l'occupation du musée.

    Nous avons rencontré leurs représentants. Le discours n'est pas clair. Au lieu, comme c'est souvent le cas, de dire qu'ils appréhendent tout changement, ce que chacun pourrait comprendre, ils mettent en avant les intérêts supérieurs de la recherche historique en France. En toute franchise, on a du mal au premier abord à comprendre pourquoi l'installation de cette autorité au coeur du Marais nuirait à la recherche. Il peut sembler que la décision prise a plutôt pour effet de préserver les emplois sur Paris, au moment où l'essentiel des documents d'archives sont décentralisés vers Pierrefite-sur-Seine.

    Pour en savoir plus, nous avons rencontré des personnes proches des instances dirigeantes. Le son de cloche n'est pas très éloigné de celui des syndicats. Il apparaît d'abord qu'elles n'ont pas été consultées sur ce projet. Leur grief principal est que  l'implantation de la Maison de l'Histoire de France compromet gravement deux pans fondamentaux de l'activité
    des Archives Nationales : la mise en valeur des archives par des expositions et des activités pédagogiques qui seraient désormais prises en charge par la MHF, et la collecte règlementaire des minutes des notaires parisiens, dont les sites de conservation envisagés sont convoités par la MHF. 

    En clair, la MHF est accusée de mettre en péril les activités des Archives Nationales en les dépossédant de  responsabilités valorisantes et en rendant leur tâche plus difficile.

    De façon un peu égoïste, reconnaissons le, nous avons retenu par ailleurs que les jardins, fermés au public depuis 2003 à cause de Vigipirate, seront ouverts à nouveau dès le printemps prochain.

                                                                                                                                                                                                                                                      

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  •  Vieille du temple amelot de bisseuil cour intérieure


    Hôtel Amelot de Bisseuil, dit "des Ambassadeurs de Hollande", 47 rue Vieille du Temple (IVe). Façades intérieures ouest et sud. Balcon à balustres, porte à colonnes ioniques et mini fronton.

                                                                                                                                            

    Nous lui avons consacré un article en décembre 2008 à l'occasion du départ du magasin Oliviers & Co, installé depuis au 34 de la rue des Francs-Bourgeois (IIIe), dans les murs de "l'hôtel Poussepin".

    Nous indiquions alors que l'hôtel était "prêt à reprendre du service". C'est l'un des derniers "monstres sacrés" du Marais, en mal d'affectation. Monument historique du XVIIème siècle, qu'on doit à l'architecte Pierre Cottard, il est plutôt compact mais son architecture et sa décoration intérieure et extérieure en font un site parmi les plus prestigieux du Marais.

    Il présente une façade sur la rue Vieille du Temple avec un portail surmonté d'un arc en plein cintre qui entoure un bas-relief représentant deux "renommées".

    Vieille du temple amelot de bisseuil fronton

    Tout en regrettant la noirceur des murs et du fronton, il faut s'arrêter devant ce bas-relief qu'on doit à Thomas Regnaudin. Il représente en effet deux divinités ailées, qui ne sont pas des anges mais l'avatar des "déesses aux cent yeux et aux cent bouches", filles de Gaia, qui dans la mythologie grecque inspiraient la terreur pour leur capacité à percer et à divulguer les secrets. A partir du moyen-âge, ayant perdu leurs attributs opérationnels chez les latins, il ne leur resta que les ailes mais on les voit, comme ici, armées de "divines trompettes", les fameuses trompettes de la renommée.

      

    Côté cour, le fronton est décoré de la même manière par une sculpture représentant les fondateurs de Rome, Romulus et Rémus en compagnie de leur louve nourricière. Il y a tant de merveilles sur le portail et autour des deux cours intérieures que nous devrons leur consacrer un jour une conférence ou une visite guidée.

    A titre d'exemple, la photo du haut concerne la seconde cour, dont les murs ouest et nord
    sont ornés de huit statues. On en voit deux ici seulement, dans leurs
    niches. Elles représentent les "vertus" (force, vérité, prudence,
    justice, vigilance, sagesse) ainsi que l'aurore et le crépuscule.

    L'hôtel offre une deuxième façade sur la rue des Guillemites. Cette portion a déjà bénéficié d'une rénovation, sous le contrôle de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques, Jean-François Lagneau.

                                                                                                                                                  

    Vieille du temple amelot de bisseuil
guillemites
(2)

    Vieille du temple amelot de bisseuil vue
générale

     

    A gauche, façade rue des Guillemites, à droite façade rue Vieille du Temple

                                                                                                                                

    L'hôtel fut la demeure de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais de 1776 à 1790. Il y écrivit son grand succès, le Mariage de Figaro, que Louis XVI, très prude, commença par bouder avant de l'autoriser du bout des lèvres. On n'est pas certain, en revanche, que des diplomates hollandais l'habitèrent. Son surnom pourrait n'être que le fruit d'une anecdote.

    Les intérieurs sont remarquables avec des pièces comme la galerie de Psyché, la chambre "à l'italienne" et le salon de Flore qui sont intacts ou bien restaurés.

    La SCI Amelot de Bisseuil, propriétaire de l'hôtel, est sur le point d'en conclure la vente. Plusieurs acheteurs sont en lice, avec des projets qui tous promettent la sauvegarde de ce patrimoine exceptionnel. Mais il faudra sans doute le rendre "exploitable". C'est là que les difficultés peuvent apparaitre, comme on l'a vu pour l'hôtel Lambert, dans l'Ïle Saint louis. Nous verrons s'il est possible sur ce dossier de faire l'économie d'une polémique.

                                                                                                  

    Bibli. : Danielle Chadych, Le Marais ; Alexandre Gady, Le Marais

                                                         

    Pour une visite à l'intérieur de l'hôtel avec l'agence immobilière (de collection) chargée de la vente Cliquez ICI. Pour une présentation en anglais du bien en vente Cliquez Là.

                                                                                                                                                       

    Nous défendons un art de vivre dans le Marais, fondé sur le respect des sites et des personnes. Si vous souhaitez nous rejoindre dans l'association,  cliquez ICI pour imprimer votre bulletin d'adhésion.

                                                                                                                                        

  • Louis XVII, tante soeur

    Représentation de la pièce de Dominique Sabourdin-Perrin :" Les Enfants du Temple". En scène, le dauphin, Louis-Charles Capet (Louis XVII), la Reine Marie Antoinette, la soeur du roi Louis XVI Madame Elisabeth, la fille du roi Marie Thérèse, et un garde municipal (photo Marais-Temple).

      

    Il y avait quelque chose de surréaliste à voir cette pièce donnée dans la salle des fêtes d'un haut-lieu de la république, une mairie d'arrondissement, en l'occurrence celle du IIIe, érigée sur l'emprise du donjon du Temple, pièce maîtresse de l'enclos de l'Ordre des Chevaliers du Temple, créé en 1118 et dissout en 1314 avec le supplice par le feu du  grand maître Jacques de Molay. C'était un bourg fortifié avec des murailles et des tours, le palais du Grand Prieur, une église et des habitations. Il s'étendait en gros de la rue du Temple à la rue de la Corderie, pour revenir en biais vers la rue de Bretagne en coupant la rue de Picardie, telles qu'on les connaît aujourd'hui (voir articles du  1er février 2009 et du 15 décembre 2009)

    L'histoire nous enseigne que la famille royale de Louis XVI y fut emprisonnée en 1792 et que le dauphin Louis-Charles y mourut en 1795 dans des conditions indignes. Un débat a longtemps agité les historiens et quelques contradicteurs sur l'identité de l'enfant mort au Temple (cf thèse de Jean-Claude Pilayrou) et sur l'appartenance du coeur déshydraté conservé par des fidèles puis admis avec réticence dans la crypte de Saint Denis, dans un quasi anonymat, pour être finalement validé comme étant celui du dauphin Louis XVII et reconnu comme tel, tout récemment, à la suite d'une analyse d'ADN (dont certains néanmoins contestent les conclusions).

    L'association Marais-Temple s'est intéressée à ce drame et en connaît tous les détails. Un de ses membres, Dominique Sabourdin-Perrin en a fait une pièce en cinq actes, qui met en scène le roi Louis XVI, la reine Marie-Antoinette, la soeur du roi Madame Elisabeth, la fille du roi, alors âgée de 17 ans et le dauphin Louis-Charles qui n'avait que 10 ans.

    La pièce est poignante. On vit successivement l'exécution de Louis XVI, de Marie Antoinette, de Madame Elisabeth (pourquoi ?) et la lente agonie du petit Louis XVII, reclus et abandonné sans soins. Seule sa soeur Marie-Thérèse en réchappera et fut libérée par la Commune.

    Il y avait dans la salle des sympathisants royalistes mais aussi des passionnés de l'Histoire de France et des français au grand coeur que les mauvais traitements infligés aux enfants quels qu'ils soient scandalisent. Nous vivons dans un quartier où des enfants ont payé un très lourd tribut à la barbarie des hommes pendant la seconde guerre mondiale, où des milliers d'écoliers juifs furent déportés et tués. Ils ont rejoint le petit roi au paradis des enfants martyrs où l'on ne connaît pas de barrières sociales ni d'aucune sorte.

    Le Maire du IIIe, dont on connaît l'engagement politique, doit être loué pour la générosité d'esprit dont il a fait preuve en acceptant que la salle des fêtes soit mise gracieusement à disposition des organisateurs, une façon très réaliste et apaisante de montrer qu'il a tiré un trait sur les querelles du passé entre royalistes, bonapartistes et républicains.

    Une nouvelle représentation de  la pièce sera donnée le 20 mars, à 20h00, salle Saint Léon, place du Cardinal Amette, Paris (XVe), M° La Motte Picquet Grenelle, réservations 06 50 62 33 11 ou par Internet, entrée 12 €, enfants et groupes 8 €.

     

     

    On trouve, par ailleurs, un excellent reportage sur l'énigme Louis XVII dans une  émission sur Dailymotion  de Jean-Louis Remilleux, présentée par Stéphane Bern, que nous vous recommandons vivement.

      

     

  • St antoine 17 visitation

    Le Temple de la Visitation Sainte Marie, 17 rue Saint Antoine (IVe), du nom de la congrégation des "Filles de Sainte Marie", ancienne église baroque Sainte-Marie-des-Anges, que l'on doit à François Mansart qui la conçut en 1632. Dévolue par décision de Napoléon en 1802 aux chrétiens réformés, elle accueille à présent plusieurs cultes protestants : classique, afro-antillais, japonais et arabe

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    Cette église, Jean-Etienne Chautard la connait bien. Depuis qu'il s'est installé en face, au 16 de la rue, il a assisté à sa restauration et au retour des pots à feu (*) de quatre mètres de haut qui ceinturent la coupole. Il s'est aussi passionné pour un lieu où "l'histoire pèse d'une densité particulière". Derrière l'église se cache l'ancien couvent des Filles de la Visitation, une institution qui s'apparentait au Carmel par la rigueur de sa règle.

    Les activités de notre association nous ont conduits vers lui. Nous nous sommes rencontrés. C'est un personnage captivant, passionné d'histoire et d'architecture au point d'avoir décidé, pour conduire ses recherches, de travailler à mi-temps, à la Coface où il est cadre commercial.

    Ses travaux tiennent dans une brochure de 120 pages intitulée  "16 rue Saint Antoine, 1608-2009 : 400 ans d'histoire". Ils ont bénéficié de l'intérêt et de l'aide des Archives Nationales. Ils sont consacrés à la vie patrimoniale de la congrégation qui a vécu autour de son immeuble du 16 de la rue Saint Antoine, au sein d'un périmètre délimité par l'impasse Guéménée, la place des Vosges, la rue des Tournelles et la rue Saint Antoine, celle des "Filles de la Croix". Des religieuses ouvertes sur le monde, contrairement à leur vis à vis, dont la charge était  "d'éduquer les jeunes filles".

    On avait donc face à face, de part et d'autre de la rue, avec la Bastille en toile de fond, deux couvents qui ont laissé leur empreinte sur le quartier d'aujourd'hui.

    Couvents ste croix et visitation

     Au contraire des Filles de la Croix, celles de la Visitation vivaient donc recluses. Cet engagement leur valut une rigueur plus élevée de la part des révolutionnaires de 1789, qui avait peu d'estime pour les excès de piété. On les éjecta très vite de leurs murs et de leur cloître qui reçurent ultérieurement des affectations profanes et subirent divers outrages architecturaux qui subsistent de nos jours.

    Cloitre visitation

    Cloître de la Visitation. Les arcades ont été fermées. La galerie est convertie en "show-rooms". Un atelier en briques (à droite) occupe le centre de la cour pavée.
     

    Ces ajouts doivent disparaître au titre du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais. Les instances chargées de sa révision verront-elles d'un meilleur oeil ce tribut payé par l'histoire et la culture au commerce et à l'industrie des XIXe et XXe siècles ? On devra attendre pour savoir.

    Allons ensemble de l'autre côté de la rue retrouver Jean-Etienne Chautard dans son appartement du XVIIe. On entre malheureusement par un garage (350 places de voitures), qui se prolonge loin derrière au coeur de ce qui a été le couvent des Filles de la Croix. On se dit qu'on ne pleurerait pas sa disparition mais on se demande comment, en pratique, plusieurs étages de béton pourraient être curetés sans parler de l'opposition que pourrait susciter un tel projet chez les clients utilisateurs du parking.

    L'immeuble du 16 a connu deux surélévations successives mais le deuxième étage où nous nous rendons est d'origine même si, bizarrement, les trois fenêtres sur rue ont été rétrécies par une reprise de maçonnerie. Le clou de la visite est l'escalier.

    St antoine 16 escalier

    Il vaut à lui seul le détour. C'est un bel escalier Louis XIII "à quatre noyaux et ballustre de bois carrés, du milieu du XVIIème siècle", qui dessert les quatre premiers étages.

    Avec l'hôtel de Sully, sompteusement restauré, l'hôtel de Mayenne qui fait pendant et attend sa propre restauration, ces anciens couvents où trône l'ouvrage remarquable qu'est l'église de la Visitation, on a envie de se retourner et voir par enchantement la porte Saint Antoine et la Bastille qui complétaient si richement la perspective. On se dit que les révolutionnaires auraient été bien inspirés, ayant pris la forteresse de la Bastille, de la conserver pour la transmettre à la postérité.

    St antoine perspective bastille gravure ancienne

    A gauche, les bâtiments du couvent des Filles de la Croix. A droite, l'église de la Visitation et l'hôtel de Mayenne. Au fond, la Bastille. (gravure d'époque)

     

    (*) Pot à feu : ornement représentant un vase d'où sortent des flammes

                                                                      

    Pour adhérer à notre association agréée, apolitique et culturelle, cliquer ICI

     

     

  • Bir el ater paysage et tentes 

    Bir el Ater, Algérie, au pied du Djebel Onk, 80 km au sud de Tébessa, près de la frontière tunisienne. Les tentes de nomades, la terre brûlée et les touffes d'alfa. (photo G. Simonet, FOCA Universel f = 50 mm, droits réservés)

     

    Depuis trois ans, je vous parle régulièrement du Marais. Plusieurs centaines de lecteurs se retrouvent chaque jour sur ce blog. Je les en remercie car ils me font l'honneur de partager ma passion pour l'énorme patrimoine dont nous sommes dépositaires.

    Notre blog est désormais référencé dans tous les moteurs de recherche, de sorte que nombre d'internautes atterrissent chez nous sur des mots-clés qui n'ont pas forcément de rapport avec le Marais. C'est ce qu'on appelle du "bruit" dans le jargon de la recherche documentaire. J'ai décidé, en faisant appel à votre bienveillance, d'en faire, l'espace d'une note, un moyen de retrouver des gens qui ont partagé 24 mois de ma vie, dont 12 en Algérie, entre 1961 et 1962.

    Dans ce but, avec un clin d’œil à Stefan Zweig, je publie  "24 mois de la vie d'un jeune officier du contingent en Algérie". C'est un modeste apport à l'histoire de cette période  et avant tout la description d'un territoire où les villas romaines et leurs puits dorment en paix loin de toute forme de tourisme, où les animaux du désert pullulent, où les pluies aussi rares que violentes sculptent un paysage saisissant de canyons et de ravins ocre jaune. C'est un hommage enfin à une population nomade qui vit en symbiose avec une nature ingrate dont ils savent tirer l'essentiel. Les haillons dont ils se vêtissent n'altèrent en rien leur dignité.

    J'aimerais retrouver Jouve et Carbonel que j'ai côtoyés à S7 (Djebel Djemijma). Qui sait ce qu'ils sont devenus ? Plus surement, la magie d'Internet mettra inévitablement des lecteurs face à des souvenirs que nous partageons. Puissent les pages et les photos que je leur propose provoquer un écho.

    Ce serait un bonheur pour moi d'échanger des informations avec eux sur cette période et sur une région qu'il est pratiquement impossible de visiter aujourd'hui.

    Gérard Simonet

     

    Bir el aterBir el Ater entre 1960 et 1962. Peinture de Claude Michel

     

    Résumé de cette période et mots-clés : formation I.M.O. incorporation sous-lieutenant école de spécialisation de l'artillerie anti aérienne à Nimes, départ de Port-Vendres cargo El Mansour pour Oran, arrivée camp d'Arzew, d'entrainement. Putsch des généraux d'Alger, Challe, Zeller, Jouhaud, Salan. Maintien de l'ordre à Alger au 411ème RAA, départ en avion Nord-Atlas pour Bir-el-Ater près du Djebel Onk, sur le barrage tunisien, au 59ème RA, affectations postes S1 en zone interdite, S7, S21 (Neptune), section radar canons. Relations avec la population, guitounes, chameaux, moutons, caméléons. Faune du désert : gerboises, tarentules, scorpions, vipères à cornes et grosses vipères, fennecs. Paysages typiques : villas et puits romains, huilerie romaine, oueds, canyons, dunes de sable, oasis. Mes collègues, capitaine Mathon, lieutenant Sade, s/lieutenants Jouve et Carbonel, capitaine Haure-Placé. Visite de Tébessa, de Négrine et son oasis, sur la route de El Oued. Négociation de paix avec le FLN, accords d'Evian, révolte de l'OAS. Rapatriement en France et affectation au 404 RAA à Valence. Ecole de tir de Biscarosse. Retour à la vie civile.

      Bir el Ater - Route RN202 - 1961

    Pour lire l'histoire de ces douze mois passés entre avril 1961 et avril 1962 d'Oran à Arzew puis d'Alger à Bir-el-Ater ("le dernier puits"), cliquez dans le lien ci-dessous :

    Téléchargement Douze_mois_de_la_vie_d'un_sous-lieutenant_en_Algérie