Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Histoire

  •   Francs-bourgeois lamoignon tagué 04 11 15
    Hôtel d’Angoulême Lamoignon, carrefour rue des Francs-Bourgeois/Pavée (IVe) avec son échauguette qui offre une visibilité sur les deux voies (photos VlM)

     

    C'est un des plus beaux hôtels-monuments historiques du IVe, avec l'Hôtel des Ambassadeurs de Hollande, l'Hôtel Lambert, ceux de Sully et de Sens…. Le nom de l'architecte se perd un peu dans les sables du XVIème siècle mais le bâtiment est de style renaissance. Philibert Delorme pourrait bien en être l'auteur car des indices convergents militent en sa faveur. On note en particulier la forme de la charpente en carène de bateau renversée, qu'on trouve aussi à l'Hôtel de Marle (rue Payenne – IIIe). Il n'y a pas de doute pour cet édifice qui porte la signature indiscutable du fameux architecte.

    Depuis 1928, l'Hôtel est la propriété de la Mairie de Paris qui en a fait le siège de sa Bibliothèque Historique,  logée jusque là dans le IIIe à l'Hôtel Le Peletier de Saint Fargeau.

    Hôtel lamoignonCour intérieure de l'Hôtel Lamoignon, 24 rue Pavée (IVe)

     

    En dépit de ses lettres de noblesse et de l'intérêt historique et architectural de ce monument, depuis la disparition en 2012 de son précédent directeur Jean Dérens que nous avons eu la plaisir de rencontrer, son mur côté rue des Francs-Bourgeois est régulièrement victime des tagueurs et des afficheurs sauvages. Ces vandales et les annonceurs qui les missionnent ont peu de respect pour le monument qu'ils n'hésitent pas à défigurer. Ils  ne voient que le bénéfice à tirer d'une exposition de leurs marques dans une rue prestigieuse et très passante.

    Nous intervenons régulièrement pour que les choses changent. Il arrive que les services spécialisés de la mairie se mobilisent pour un grand nettoyage et il est probable que Mao Péninou, Maire-Adjoint de Paris en charge de la propreté, dise vrai quand il affirme que des procédures judiciaires ont été lancées pour faire condamner sévèrement les donneurs d'ordre. Il est sans doute sincère aussi quand il nous dit qu'il milite pour un renforcement des sanctions pénales à leur égard.

    On est obligés de constater cependant que les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. C'est cette conclusion qui a motivé le dépôt d'un dossier en mairie du IVe par l'association amie "Marais-Quatre" pour qu'un aménagement du mur rende l'affichage virtuellement impossible. L'idée était de recréer l'habillage du mur qui a existé à une époque et qui a disparu depuis (notre article du 28 juillet).

     

    A0 A1

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    En réponse, Marais-Quatre a reçu une notification des services du budget participatif qui indique qu'en accord avec la mairie du IVe, ils renoncent à la protection du mur et proposent à titre de "dédommagement" un dispositif de consultation des activités de la bibliothèque que personne n'a demandé. On aurait préféré qu'au lieu de ce hochet on nous réponde que l'argent tout simplement ne serait pas dépensé….

    "Marais-Quatre" ne  s'avoue pas battue mais le combat s'annonce difficile. Pour ce qui nous concerne, nous constatons que ce mécanisme de "budget participatif", qui revient à déplacer ce qui est du ressort des élus vers des gens sans légitimité, est porteur de déceptions. Le projet de "Marais-Quatre", œuvre d'un architecte de renom, et son objet tout à fait respectable a valu à l'association une fin de non-recevoir et une double peine : celle d'avoir perdu son temps et de constater que la mairie est prête à dépenser inutilement l'argent des contribuables.

    GS

     

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    6154773_8c989d92-83d5-11e6-9e94-7df8fe484178-1_1000x625La façade restaurée de l'Hôtel Amelot de Bisseul, 47 rue Vieille du Temple (IVe)

     

      

    Nous en savons davantage sur la restauration de l’Hôtel Amelot de Bisseul dit Hôtel des Ambassadeurs de Hollande, 47 rue Vieille du Temple (IVe),  après l’affichage d’un panneau indiquant les aménagements qui vont être entrepris après qu'aient été terminés ceux concernant les parties extérieures.

    Nous avions précisé dans un précédent article (27 septembre 2016), d’après nos informations, qu’un hôtel allait sans doute être aménagé dans ces somptueux locaux du Marais. Ce point se trouve désormais bel et bien confirmé.  Ainsi est-il écrit sur le panneau cité supra « Restauration intérieure et restructuration pour la création d’un hôtel de 9 suites avec restaurant sur cour et 2 commerces rue Vieille du Temple. »  

    Le propriétaire mentionné est une SAS (société par actions simplifiée) dénommée la Compagnie immobilière Hôtel Amelot de Bisseul domiciliée dans le VIIIe arrondissement dont l’activité est celle de marchand de biens. Elle est contrôlée par la SARL Société de Gestion Financière et Immobilière belge (SOGEFIBEL) dont le siège est à Uccle (une des communes de Bruxelles) et dont les animateurs semblent être les familles Hibert et Kerchove de Denterghem (un nom illustre des Flandres ayant pour devise « Endurer pour durer » …).

    Amelot bisseuil escalier monumentalHôtel Amelot de Bisseuil. Escalier monumental (Photo VlM)

     

    Deux ans de travaux sont prévus sous la supervision de l’architecte en chef des monuments historiques Gabor Mester de Parajd.

    Nous apprenons en prenant connaissance de l’affichage cité plus haut que lors de l’édification de l’Hôtel en 1657, Cottart, l’architecte,  avait souhaité changer de place l’entrée du bâtiment qui se trouvait auparavant rue des Guillemites (ex rue des Singes), ce qui nous vaut aujourd’hui ce splendide portail sculpté sur ses deux faces par Thomas Regnaudin.  L’ensemble a été classé en 1924 à la demande de son propriétaire d’alors le colonel Paul Brenot. Puis est décrit l’historique du bâtiment où est rappelé que Paul Louis Weiller avait commencé en 1951 le sauvetage et la restauration des décors intérieurs de Corneille, Cotelle, Boulogne, Vien et Guiberg. « Ces décors ont fait l’objet d’une étude préalable de reconnaissance et restauration sous le contrôle de la Conservation Régionale et de l’Inspection Générale des Monuments Historiques et seront restaurés… ». C’est une des raisons aussi pour laquelle il n’y aura que 9 suites afin « de respecter l’intégralité des décors conservés (pour la plupart d’origine)… et … correspondre à l’organisation historique (des appartements) de l’Hôtel … »  

    « Le restaurant sera installé dans les anciennes écuries et remises à voitures sur la grande cour.»

    Autre élément intéressant, un sondage et des fouilles archéologiques ont été réalisés, des vestiges du XIVe siècle, en cours d’analyse,  ont été mis au jour.  

    Un élément important mérite d’être souligné. A l’issue des travaux «  la traversée historique de la parcelle… (c’est-à-dire des 2 cours)… sera ouverte au public. » Peut-être que la maison Chanel, installée de façon éphémère nous avait-on dit dans les 2 magasins du rez-de-chaussée, restera dans les lieux, la restauration terminée (voir notre article du 5 décembre 2016) ?

    Indéniablement nous sommes en présence d’aménagements très importants d’un monument d’exception,  nous sommes persuadés que tout sera mis en œuvre pour magnifier les lieux sans les dénaturer.

    Dominique Feutry

     

  •   1867b86d98fd782_5624_300x300  Façade de l'hôtel de Montescot 70 rue des Archives (IIIe)  

      

     

     
    Dans un article du 2 mars dernier intitulé « Des hôtels particuliers plutôt discrets sous le soleil de de février nous évoquions entre autres les deux hôtels  de  Montescot et de Villeflix  situés respectivement  au 70 et au 72 rue des Archives (IIIe).

    Bâtis ensemble au XIIe siècle (1647) pour l’intendant de la généralité de Paris François de Montescot, ils seront dissociés en 1690. Pourquoi le même propriétaire a-t-il  fait édifier deux hôtels côte à côte. En fait l’un était destiné à son habitation quand l’autre était voué à la location.

    Ils passent dans les mains de Louis de Bailleul, président au Parlement de Paris et en 1678, les descendants de ce dernier aux Jossier de La Jonchère qui vont les séparer en deux propriétés distinctes en 1691.

    L’Hôtel de Montescot

    En ce qui concerne l’Hôtel de Montescot seuls les bâtiments du 70 garderont le nom de Montescot, malgré les différents propriétaires (Legras et Gasq de Lalande) qui se sont succédé avant la Révolution. Une plaque apposée sur la façade rappelle que Lamennais est mort à cet endroit. Puis l’Hôtel, comme tous les autres, devint un immeuble de rapport destiné à la location de logements et de commerces. La restauration qui permet aujourd’hui d’admirer cette construction n’a été entreprise qu’en 1991-1992.

    Le portail sur rue attire le regard avec ses guirlandes de fleurs sculptées et le mascaron qui le chapeaute.

    Le logis au fond de la cour comporte trois niveaux. L’aile droite en retour est plus basse. A l’intérieur, si tout le décor a disparu, il subsiste néanmoins un magnifique escalier Louis XV avec sa rampe en fer forgé. Le jardin qui n’est pas visible de la rue a été reconstitué.

    Paul Smith a installé son siège dans ces bâtiments.

      SE927S5MvWR-lHpoXYaZOFLlLtg  Portail d'entrée de l'Hôtel de Villeflix, 72 rue des Archives

     

    L’Hôtel de Villeflix

    Au 72, l’Hôtel de Villeflix, lors de sa séparation de l’Hôtel de Montescot, fut cédé à Françoise Ricoult, épouse de François Vireau de Villeflix, à l’origine du nom qu’il porte encore aujourd’hui. Ses descendants qui conservèrent pendant plusieurs générations le bien portaient le nom Michau de Montaran. Puis l’immeuble subit les dégradations, notamment une surélévation, liée à son nouvel usage au XIXe et durant une partie du XXe siècle, en tant que local commercial, artisanal et d’habitation locative, avant l’importante restauration qui lui a redonné un certain éclat.

     

    Lpdp_24516-1Vieille photographie de la fontaine du jardin de l'Hôtel de Villeflix (Paris Musées Collection)

     

    « Le portail sur rue a été surélevé d’un petit étage sous Louis XV. Les vantaux de la porte sont sculptés de bas-reliefs représentant une allégorie de la Justice et Esculape… Le logis en fond de cour a été privé de ses décors intérieurs. »

    « Une exceptionnelle fontaine du XVIIIe siècle a été conservée dans l’ancien jardin... Elle représente un homme et une femme autour d’une urne. »

      

    Sources :

    1. Le Marais. Alexandre Gady. Le Passage. 2004.
    2. Le Dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet.
    3. Le Marais, évolution d’un paysage urbain, Danielle Chadych, Parigramme, 2010.

     

  •   Heritage-inespere-genizah-de-dambach-la-villeUne partie des documents découverts exposés au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme (IIIe)  

     

      

    Le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme propose, jusqu’au 28 janvier prochain, une exposition assez inhabituelle intitulée « Héritage inespéré. Une découverte archéologique en Alsace ».

    En effet à l’automne 2012, une genizah a été découverte dans les combles de la synagogue de Dambach-la-Ville dans le Bas-Rhin. Des milliers de documents et d’objets du XIVe au XIXe siècle ont été mis à jour par des chercheurs et des bénévoles. Cette genizah est d’une «  richesse exceptionnelle », tant par la variété que par l’ancienneté

    Une genizah est en fait « un dépôt d’écrits portant le nom de Dieu et, par extension, d’objets de culte usagés. Comme ils ne doivent pas être jetés, ils sont placés dans une cache à l’intérieur de la synagogue dans l’attente d’un enterrement. Ce type de dépôts était jugé de peu d’intérêt en France, contrairement à l’attention dont ils font l’objet dans d’autres pays … »

    C’est ainsi que peuvent être exposés aujourd’hui des « parchemins du XVe siècle, imprimés du XVIe siècle, mappots (langes de circoncision brodés) du début du XVIIe siècle, mezouzots (versets protecteurs), tefillin (phylactères) des XVIIIe et XIXe siècle, et de très nombreux autres objets. »

    Rappelons que les « communautés juives alsaciennes étaient parmi les plus importantes en France avant l’Émancipation, et ont aujourd’hui disparu en raison de l’exode rural et de la Shoah. »

    « L’exposition retrace l’origine des objets et leur donne la parole ; elle fait découvrir, en dépit de la modestie des pièces présentées, la richesse de ce type de fonds pour la connaissance de la vie quotidienne des communautés rurales, sous ses dimensions les plus variées, et leur évolution, sur plusieurs siècles, des débuts de l’ère moderne à la première moitié du XXe siècle. »

     

    Du mardi au vendredi de 11h à 18h, samedi et dimanche de 10h à 18h.

    Hôtel de Saint-Aignan, 71 rue du Temple, 75003 Paris

     

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       A0Vue du château de Grignan (Drôme)

     

     

    Imposant et somptueux, ainsi se présente le château de Grignan qui ne serait pas ce qu’il est devenu sans la marquise de Sévigné qui y séjourna à  trois reprises,  soit un total de quatre années,  et  qui y mourut en 1696. Il faut rappeler que la distance entre Paris et Grignan nécessitait,  à la fin du XVIIe siècle,  trois semaines de voyage.

    Ce ne sont pas moins de 764 lettres que Mme de Sévigné envoya à sa fille, la comtesse de Grignan. Elles furent publiées après sa mort par sa petite fille et rempotèrent un succès qui ne s’est jamais démenti. Profitant de cette aura, le Conseil général de la Drôme propriétaire des lieux a organisé une exposition intitulée « Sévigné , épistolaire du grand Siècle » jusqu’au 22 octobre. 

    Celle-ci « … met en lumière l'évolution de son écriture, l'art de vivre en Provence et le mythe sévignéen » Des objets d’art , des livres de la  correspondance bien sûr provenant de différentes institutions  sont exposés dans plusieurs salles rouges et or du 2ème étage dont  la tour du château où est reconstitué avec l’aide de la Fondation du patrimoine, le cabinet de travail de la femme de lettres.

     

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    On peut ainsi découvrir ou de redécouvrir l’ambiance de cette époque et  l’empreinte laissée par la plume de Madame de Sévigné qui a fait le lien entre ce château qu’elle a rendu célèbre et  le Marais où elle est née et a demeuré.

    Malgré les vicissitudes du château après la Révolution,  Grignan ne serait pas ce qu’il est sans la sollicitude de Marie Fontaine qui acheté le château en 1912 et lui a  redonné son lustre qui force l’admiration aujourd’hui encore.

    A voir si vous passez par Grignan au détour de vos vacances.

     

  • Gravilliers 61 façade tabac 18 07 1761 rue des Gravilliers (IIIe) (photos VlM/BP)

     

     

    C'est en raison de la réfection de la devanture du local commercial du 61 rue des Gravilliers (IIIe) qu'on a découvert l'enseigne d'un magasin ancien qui était un  bureau de tabac, "Le Balto".

    Ce nom nous renseigne sur la vie de ce commerce. A cette époque, la SEITA consentait une aide financière aux débits de tabac qui acceptaient de prendre pour enseigne une de ses marques. "Balto" comme "Gauloises" faisaient partie du catalogue des marques de la SEITA.

    On se souvient à cette occasion, éphémère car une nouvelle devanture pourrait être créée dans les jours qui viennent, que la "Balto" était dans les années 50 une cigarette blonde française, peut-être la seule à essayer de concurrencer les blondes américaines qui investirent la France après la libération. La "Balto" était douce, avec un goût de miel. Ses paquets avaient un cadre rouge sur fond blanc abritant une nef aux voiles déployées. Elle n'a pas résisté aux Marlboro et autres Philip Morris.

     

    Gravilliers 61 porte ancienne tabac 18 07 17Entrée du 65 rue des Gravilliers (IIIe) : porte en bois, piédroits, voute et imposte

     

    On ignore à ce stade qui est le commanditaire des travaux car aucun panneau n'est visible. Probablement un établissement de restauration légère. En attendant d'en savoir plus, nos lecteurs sont invités à regarder cette photo de l'immeuble voisin du 65 de la rue, dont la porte a été restaurée, et nous dire s'ils ont une idée sur la raison de cette maçonnerie étrange autour de la porte, a priori unique dans le Marais : le piédroit de droite est vertical mais celui de gauche comporte une surprenante ondulation. Une hypothèse : fermeture automatique de la porte avant l'invention des grooms ?

    Gérard Simonet

     

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    15473022529_2dd6995ffe_bLa place Baudoyer photographiée la nuit de la rue François Miron (photo Sébastien) 

     

      

    La place Baudoyer est située à l'emplacement d'un ancien cimetière fermé en 1772. Elle se dénomme alors place du Marché Saint-Jean. Jugée petite, elle est agrandie lors des travaux de percement de la rue de Rivoli et son nom devient celui qu'elle porte encore aujourd'hui. Selon Danielle Chadych auteur du Marais – Évolution d'un paysage urbain, "on ignore si la place doit son nom à la porte Baudoyer de l'enceinte du XIe siècle puis celle de Philippe Auguste ou si la porte le doit à la place."

    L'espace est bordé par la mairie du IVe arrondissement bâtie sous  le second empire par Nicolas Bailly (1819-1892), l'auteur du tribunal de commerce de Paris qui a aussi travaillé à la restauration de Notre-Dame et de l'Hôtel de Ville avant sa destruction. Après qu'un incendie l'ait sévèrement détruit en 187l, la restauration de la mairie du IVe a été engagée en 1884. Arcades, colonnes doriques, fronton aux armes de la Ville de Paris et horloge décorent la bâtisse qui a servi de modèles pour d'autres mairies. Son escalier monumental mène à la salle des mariages décorée par le peintre et sculpteur Léon Comerre (1850-1916) dont les œuvres sont présentes au Petit Palais, à l’École de Beaux-Arts et dans différents musées de province et étrangers.

    En face de la mairie, côté Ouest, se dresse la caserne Napoléon appelée aussi Lobau édifiée par le capitaine de génie Guillemant en 1852 après qu'aient été rasées plus de 70 maisons ! L'ensemble des immeubles de la caserne forme un polygone irrégulier bordé par les rues François Miron, de Lobau, de Rivoli et par la place Saint-Gervais, il comprend aussi le bâtiment dit " l'annexe" (2 rue de Lobau) datant de1861, construit  par Janvier.

    Le Marais dispose ainsi d'un bel exemple d'architecture militaire de style néoclassique, sobre et massif à la fois. Les différents frontons sculptés sont intéressants. Celui de la façade 4 rue de Lobau représente une allégorie de la République, alors qu'au n° 2 figure un aigle dressé sur une forteresse. Le fronton rue de Rivoli est orné d'un représentation d'Hercule vêtu d'une peau de lion et armé d'une massue. C'est seulement  en 2009 que la Garde républicaine a quitté les lieux. Après les révolutions de 1830 et 1848, cette installation prévue pour recevoir 2.200 militaires répondait comme d'autres au besoin de protéger le pouvoir en place.

     

    1972292-2717782Gravure représentant la caserne Napoléon

     

    Les immeubles, dits maisons de l'Orme, du 2 au 14 rue François Miron qui dominent la place sur une butte artificielle datent du début du XVIIIe siècle et sont l’œuvre de Jacques Vinage (1690-1735) . Les Couperin et Ledru-Rollin y ont habité. Leur destruction avait été décrétée pour insalubrité en 1941 mais n'a heureusement pas été mise en œuvre. 

    Signalons enfin que des fouilles préventives, au moment du creusement du parking de la place en 1993-1994, ont permis de mettre à jour une voie antique, des vestiges gallo-romains mais surtout de découvrir 163 sépultures mérovingiennes et plus anciennes assez exceptionnelles.

    Dominique Feutry

     

    Sources : -  L'ouvrage de Danielle Chadych cité plus haut

                      – Le dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet

                      - Wikipedia   

     

     

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    A11Façade du Syndicat de l’Épicerie française 12 rue du Renard (IVe) 

     

      

    Durant les vacances d'été, à la demande de lecteurs fidèles, nous consacrerons un certain nombre d'articles au patrimoine architectural du Marais.

    Nous débutons cette série par la rue du Renard (IVe)

    L’immeuble du Syndicat de l’Épicerie française, qui est situé juste à côté de l'école Saint-Merri 12, rue du Renard a été construit par Edouard Bauhain (1864-1930) et Raymond Barbaud (1860-1927) qui en édifièrent plusieurs autres, avenue Victor Hugo ou rue Edouard Lalo par exemple. Nous avions évoqué cette construction dans un article consacré aux immeubles art nouveau et art déco du Marais. Édouard Bauhain a aussi bâti à Paris des habitations bon marché dans le XIXe (square Bolivar et rue Bolivar), dans le XIIe (rue du Sergent Bauchat) et dans le XVe rue de la Convention, et avenue Félix Faure. quant à Raymond Barbaux , nous lui devons l'église d'Obézine à Angoulême. Plusieurs constructions, des deux architectes notamment à Bordeaux sont classés monuments historiques 

    Certains estiment que l'édifice de la rue du Renard présente en fait un caractère assez germanique par son décor, de grosses têtes superbes, de grands cartouches aux encadrements richement fleuris, de larges arches au rez-de-chaussée, évoquant les nombreuses gares alors construites dans tout l’empire, telle celle de Metz.

     

    A0Une des grosses têtes sculptées, très "Jugendstil" réalisée par le sculpteur Jean-Louis Rispal

     

    L’ornementation toute en sculptures est l’œuvre du bordelais Jules Louis Rispal (1871-1909) qui a collaboré avec les 2 architectes mentionnés plus haut. Ainsi les Quatre Saisons qui surmontent deux fenêtres du 1er étage sont remarquables. Les portes et les ferronneries sont particulièrement soignées et concourent elles aussi à ce « Jugendstil… cet art nouveau atypique » qui a fait peu d'émules dans la capitale mais fait de cette construction un immeuble rare qui malheureusement ne peut pas être admiré à cet endroit car le trafic routier ne permet pas de prendre du recul sinon de le faire à partir du trottoir opposé de la rue du Renard.

    Il est intéressant de noter que le syndicat n’occupait que les niveaux inférieurs, le reste étant un immeuble de rapport.Transformé en théâtre en 1994, ce dernier a évolué.

    Exploité par le groupe Pearl, le théâtre a été réaménagé, entièrement redécoré, pour être loué ou privatisé lors de manifestations diverses dont il arrive que le bruit incommode le voisinage.

    Dominique Feutry

     

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    A000Costumes espagnols traditionnels exposés au Musée Victor Hugo (IVe) (photo Le Figaro) 

     

     

    C'est une première, près de 80 vêtements, habits et accessoires traditionnels de l'Espagne du XIXe et du début du XXe siècle racontent, au musée Victor Hugo, les provinces espagnoles des Canaries à l'Andalousie en passant par la Catalogne, Majorque, l'Aragon et la Castille…Victor Hugo, rappelons le, a passé une partie de son enfance en Espagne. 

    « Ces costumes d’une extraordinaire richesse d’exécution ont inspiré les plus grands couturiers espagnols, comme Balenciaga. L’exercice de broderie, de plissé, l’éventail des couleurs, la fantaisie des rubans, l’extravagance des chapeaux et des bijoux conduisent à considérer ces costumes aujourd’hui avec les singularités contemporaines. » Ces costumes ne sont pas seulement folkloriques, ils représentent « le travail quotidien que des hommes et des femmes souvent modestes ont réalisé au fil du temps… Cette poésie de l’ordinaire est élevée au rang des métiers d’art. »

    Tous ces costumes sont issus des collections du Museo del Traje de Madrid et font partie de la Saison espagnole du Palis Galliera. Des photographies documentaires de José Ortiz Echague (1886-1980) illustrent cette histoire populaire de l’Espagne du XIXe et du début du XXe siècle. 

     

    Maison de Victor Hugo 6, place des Vosges (IVe) jusqu’au 24 septembre 2017

    Du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00. Fermé le lundi et certains jours fériés

     

  • St paul 1Inscription sur le deuxième pilier droite de la nef de l'église St Paul St Louis (Photos VlM. Clic gauche dans l'image pour agrandir)

     

    Ceux qui sont au courant des détails insolites du Marais connaissent bien celui-ci : il s'agit d'une inscription (on dirait un tag ou un graffiti aujourd'hui) sur la pierre du pilier n°2 à droite dans la nef. On le déchiffre aisément : "République Française ou la Mort". Les autorités ecclésiastiques ont tout essayé pour effacer l'inscription. Peine perdue, les pigments ont pénétré profondément dans la pierre poreuse. Le sacristain s'est résigné…

    St pau pilierDétail de l'inscription

     

    Selon toute vraisemblance, ce cri du cœur est celui d'un insurgé de la Commune de Paris pendant la "semaine sanglante" de mai 1871 qui a vu l'assaut des versaillais contre les communards et, pour finir, leur soumission.

    Manet._Barricade

    Ce secteur de la rue St Antoine a été témoin de combats violents autour de barricades. Édouard Manet nous en livre un dessin réaliste pris sur le vif.

     

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