Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Logement

  •  Parc royal 12 hôtel de croisille 26 10 13Parc royal 10 hotel de vigny 26 10 13

     

    Les hôtels de Croisille (à gauche) et de Vigny (à droite) situés au 12 et 10 rue du Parc Royal (IIIe) se suivent mais ne se ressemblent pas.

    Nous avons déjà relaté une tranche de la saga de ces monuments, depuis 2007, date où l'Etat propriétaire décidait de les vendre :

    On en sait encore un peu plus aujourd'hui. L'information de 2013 est confirmée. La Mairie de Paris est d'accord pour accorder le permis de construire. Le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum a demandé et obtenu que le promoteur réserve à la location deux appartements de 70 m² chacun, à 16 € le mètre carré. Cet engagement porte sur neuf années. Au-delà de cette échéance, le propriétaire sera libre de les vendre ou de les louer au prix de marché.

    Rue du Parc Royal, face au square Léopold-Achille et à ce tarif-là, les candidats-locataires seront nombreux. C'est la mairie du IIIe qui les choisira.

    Rue de Montmorency, au numéro 26, la situation est tout autre mais l'issue pourrait être semblable.

    Montmorency 26 façade 26 10 13

    L'immeuble est en déshérence depuis plusieurs années. Il a d'abord été squatté puis en 2011 ses propriétaires concluaient un accord avec la mairie du IIIe au terme duquel ils s'engageaient à le réhabiliter pour le louer par appartements à un tarif social, sur la base d'une convention de neuf ans.

    Nous avons suivi l'histoire de cet immeuble. Notre article de mars 2010 faisait le point de la situation à cette époque. Elle a peu évolué depuis. Les travaux commencés en 2011 sont suspendus sine die faute d'argent. Aucune cession n'est annoncée. Que va-il se passer ?

    Première hypothèse : les propriétaires (privés) trouvent un financement pour sa réhabilitation et mettent en oeuvre la convention. Ils semblent reculer devant le modèle économique proposé par la mairie  et pourraient bien y renoncer. On touche ici du doigt la difficulé pour ne pas dire l'impossibilité de louer "social" en rénovant au prix de marché pour le foncier et pour les travaux.

    Deuxième hypothèse : la Ville de Paris offre un prix pour l'acquisition de l'immeuble. S'il est trop bas, les propriétaires déclineront et pourraient avoir les tribunaux pour eux s'ils allaient en justice. S'il est "acceptable", l'opération sera évidemment déficitaire et ce sont les contribuables parisiens qui paieront. Perspective devant laquelle les classes moyennes commencent sérieusement à renacler à Paris après les hausses vertigineuses d'impôts qu'elles ont subies ces dernières années.

    Troisième hypothèse qui a notre préférence : un promoteur achète l'immeuble à un prix qui satisfait les deux parties et fait son affaire de sa vente ou location par appartements. La mairie impose une part de social. Peut-être réussira-t-il à résoudre la péréquation qui consiste à augmenter le prix de la surface libre pour baisser celui de la partie encadrée, mais il faut que la Ville soit souple sur les contraintes qu'elle lui impose.

    Le pire serait évidemment que chacun campe sur ses positions, les uns par idéologie les autres par réalisme économique.

    Gérard Simonet

    (Photos VlM)

    Post-scriptum du 3 décembre 2013

    Deux permis de construire ont été accordés par la Mairie de Paris en date du 05/11/2013 :

    • sous la référence PC 075 103 13 V0019 au bénéfice de la SARL MANGROVE, pour un changement de destination partiel d'un bâtiment de bureaux en habitation (7 logements créés) avec ravalement des façades inscrites sur rue cour et jardins, remplacement des menuiseries et pose d'une grille sur porche et reconstruction d'un perron
    • sous la référence PC 075 103 13 V0020, même bénéficiaire ), pour une réhabilitation d'un immeuble de bureaux et changement de destination en habitation  (12 logements créés) avec ravalement des façades et démolition de murs porteurs

    Ces deux bâtiments sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques

                   

     

  • Paris-place-des-vosges
    Place des Vosges (IVe)

    Des publications récentes, notamment celles des notaires et de meilleursagents.com, font état d’une résistance des prix de l’immobilier dans Paris. Souvent pourtant nous pensons dans l’ambiance déprimée que nous vivons que partout la baisse l’emporte. En fait les prix se sont stabilisés en moyenne sur les derniers mois et semblent repartir un peu à la hausse (+ 0,2% en mai), le Marais fait cependant exception.

    En effet, cette hausse moyenne ne doit pas cacher qu'un certain nombre d’arrondissements sont sur un « trend » baissier, notamment les IIIe et IVe. Bien entendu il s’agit de moyennes et ce sont surtout les petites surfaces qui ont marqué un fléchissement des prix.

    Si les taux d’intérêt bas des prêts ont compensé la faiblesse des transactions (les notaires ont enregistré une diminution de 16 % des ventes durant le 1er trimestre) et permis cette résistance des prix, les professionnels restent lucides. Pour eux, dès lors que la demande de grands appartements (3 pièces et plus) chutera, les prix vont alors baisser et cela devrait se produire dans les tout prochains mois.

    La montée du chômage, l’attentisme d’investisseurs qui anticipent un fléchissement des prix, les dispositions fiscales et de « l’encadrement » des loyers favoriseront inexorablement ce mouvement.

    Dominique Feutry

  • Braque 4 portail 21 06 13Portail de l'immeuble, 4 rue de Braque (IIIe)

     

    Les deux immeubles symétriques des 4 et 6 rue de Braque datent de 1733 et sont l’œuvre du maître-maçon Pierre Caqué et de l'architecte  Victor-Thierry Dailly.

    Ils se distinguent par la beauté de leurs portails dont les vantaux sont finement sculptés, par la légèreté  de leurs balcons aux garde-corps en fer forgé élégamment galbés. Des consoles ornées de têtes de béliers et de vieillards barbus complètent l'ornementation des façades. La hauteur sous plafonds et la taille des ouvertures donnent un caractère majestueux à l'ensemble qui occupe plus de la moitié de la rive paire de la rue.

    Braque 4 et 6 façades 21 0 13La rue de Braque, en direction de la rue du Temple. A droite, les deux immeubles

    Le joyau de la résidence est l'escalier d'honneur dont seul celui du 4 a été conservé.

    Braque 4 escalier monumentalEscalier monumental qui dessert le 4

     

    Eu égard à la richesse architecturale des bâtiments, on se réjouit que la décision ait été prise par le propriétaire d'investir dans leur mise en valeur. Il y aura ravalement des façades, changements de menuiseries et rénovation de l'escalier monumental (qui ne se visite pas malheureusement)

    Ces deux immeubles sont une partie d'un ensemble immobilier qui a appartenu à la famille de Gallard Terraube, puis à ses héritiers. Il incluait deux autres immeubles situés aux 3 et 5 rue des Haudriettes.

    Haudriettes 3 cambriolage 05 12 12Les deux immeubles des 3 et 5 rue des Haudriettes, le 5 décembre 2012, jour du cambriolage avec meurtre de la fonderie d'or du 3 (Photo VlM)

     

    C'était à l'origine des "immeubles de rapport". En 2001, pour développer son parc de logements HLM, la Mairie de Paris faisait l'acquisition du tout auprès de la famille, pour l'ensemble résidentiel Braque/Haudriettes. Le montant de la transaction pourrait s'être situé entre 300 et 400 millions de Francs, dont 127.03 millions précisément pour la part "Haudriettes", de loin la plus modeste (délibération Conseil de Paris  – 2001).

    La gestion en était confiée au bailleur-social SAGI, qui d'emblée finança pour les 3 et 5 rue des Haudriettes, une vague de travaux qui s'imposaient, notamment l'installation d'ascenseurs. La cohabitation qui en est résultée entre locataires d'origine qui paient un prix de marché et locataires sociaux nouvellement arrivés n'a pas été sans heurts mais il serait exagéré de parler aujourd'hui de tensions graves. La gestion a été transférée depuis à un autre bailleur social, la RIVP (régie immobilière de la ville de Paris), dont le Maire du IIIe est Président.

    Nous perdons le fil en revanche pour la partie Braque. La SAGI n'en a pas conservé la gestion. En effet, la demande de travaux déposée à la Direction de l'Urbanisme est signée aujourd'hui par la SNI (Société Nationale Immobilière), filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations. C'est donc qu'il y a eu transfert de propriété depuis cette date. La SIN est le plus gros acteur en France dans le domaine du logement social avec 300.000 immeubles gérés.

    Peut-être s'est-on opportunément demandé s'il était décent de laisser la gestion de ces immeubles prestigieux à un bailleur-social ordinaire comme SAGI ou RIVP, connus à Paris pour gérer des HLM. On a affaire ici à de véritables monuments qui hébergent des personnalités ou des entreprises disposant de larges moyens financiers. SNI, en dépit de sa position de numéro 1 dans le logement social en France, est une enseigne beaucoup plus discrète à Paris. Il peut y avoir d'autres raisons. Nous saurons gré à quiconque nous apportera des éclaircissements à ce sujet.

    Ces commentaires n'affectent en rien l'immense satisfaction que nous éprouvons à savoir que des œuvres classées de cette qualité vont être réhabilitées. Une touche d'amertume cependant : que n'autorise-t-on le public à entrer pour admirer le vestibule et l'escalier d'honneur, surtout après leur restauration ? Juste retour des choses car Il ne serait pas étonnant que d'une manière ou d'une autre le contribuable parisien ait eu à mettre la main à la poche pour payer ces travaux !

     

  • Parc royal 12 hôtel de croisilleParc royal 10 hotel de vigny

     

    A gauche, l'hôtel de Vigny, 10 rue du Parc Royal ; à droite l'hôtel de Croisille au 12. Cliquez dans l'image pour l'agrandir

     

    L'affaire remonte à 2007. On apprenait que l'Etat avait vendu ces deux hôtels particuliers à un investisseur anglais qui projetait de les transformer en hôtels de tourisme cinq étoiles.

    Le projet a été abandonné et cet investisseur a revendu ses biens. On a de la peine à identifier le nouvel acquéreur. On sait cependant, puisqu'il s'en est ouvert au Maire du IIIe Pierre Aidenbaum, qu'il projette d'en faire des logements de luxe.

    Il faut dire que les bâtiments sont idéalement placés, face au parc Léopold Delisle, proches de la place des Vosges, entre les musées Picasso et Carnavalet. Si la restauration est de qualité, il se trouvera des acheteurs pour s'acquitter de 15 à 20.000 € le m². Des étrangers probablement puisqu'ils sont désormais les seuls à en avoir les moyens et à l'afficher, maintenant que nos riches à nous se réfugient à l'étranger.

    Ces deux hôtels ont valeur de symboles car ils ont apporté une pierre à la rénovation du Marais et participé à la genèse du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais (découverte de plafonds peints remarquables qui étaient voués à la destruction). Nous en avons porté témoignage dans un article daté du 14 février 2007.

    Les voir se dégrader et péricliter, réduits à abriter quelques évènements ou expositions pour couvrir les frais d'un entretien qui reste dérisoire au regard des nécessités de leur sauvegarde, rend tristes tous ceux qui s'intéressent au patrimoine du centre historique de Paris.

    Aussi, constatant que l'Etat n'a plus les moyens de financer la culture, nous sommes prêts à accepter que l'argent de nos créanciers (Etats du Golfe, Chine, Russie ….) s'investisse dans notre cadre de vie, pourvu que leurs interventions respectent les règles de l'art que nous avons fixées. Le PSMV en fait partie.

    Pour ce qui est des pouvoirs publics, il ressort que la Mairie de Paris, bon gré mal gré, accepte que des logements luxueux soient mis sur le marché pourvu que les promoteurs aient un geste de bonne volonté. En la circonstance, le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum nous affirme qu'il donnerait son accord (pas nécessaire au demeurant puisque le PSMV révisé n'est pas encore en vigueur) si 120 m² de logement social était prévu.

    L'exigence parait raisonnable en effet, d'autant plus que la qualification de "social" laisse la porte ouverte à une certaine souplesse. En d'autres termes, il y a social et social. Mais pour M. Aidenbaum, le prix du m² livré ne devrait pas dépasser 4.000 €. Le manque à gagner pour le promoteur se porterait alors sur  les logements vendus librement. Si on fait l'hypothèse qu'on est sur un marché inélastique au prix, du fait de la qualité exceptionnelle des biens, le coup peut être joué.

    Nous restons attentifs à ce qui va se passer.

    Gérard Simonet

     

    Post scriptum du 11 janvier 2013

    Deux permis de construire ont été déposés le 16 novembre 2012 par le marchand de biens MANGROVE SARL, pour deux réhabilitations :

    • transformation de bureaux en habitations et création de 13 logements pour le premier
    • idem et création de 7 logements pour le second

     

     

  • Montmorency 26 portail 15 12 12Une façade et un portail qui portent les stigmates d'un "Vaisseau Fantôme"

     

    C'est fin mars 2010 que nous avons commencé à vous raconter l'histoire de cet immeuble. Elle est intéressante car elle concentre un certain nombre de problématiques caractéristiques du Marais et de la politique logement de la Mairie de Paris. Et de celle du Maire du IIIe qui, pour être dans la ligne de l'Hôtel de Ville en la matière, n'en a pas pour autant ses propres singularités.

    En effet, jusqu'à ce jour où nous continuons à vivre sous le régime du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais de 1996, qui échappe totalement au PLU (plan local d'urbanisme) de Paris, il a exigé, non sans désinvolture car la loi n'était pas pour lui, mais avec élégance, que les candidats à la réhabilitation de biens immobiliers réservent le quart de la surfance rénovée au logement social.

    Cette contrainte, à laquelle les intéressés se sont pliés d'assez bonne grace, a été respectée (îlot Charlot/Pastourelle, immeuble "aux arcades" Temple/Pastourelle, immeuble 108 rue Vieille du Temple, Hôtel du Grand Veneur rue de Turenne …). On a relevé tout au plus quelques déconvenues dans des transactions relatives à l'immeuble de la rue Vieille du Temple.

    Dans le cas présent, il s'agit d'un immeuble entier, apparemment libéré de toute occupation ; même les squatters, nous disent les voisins, ont disparu. La loi qui s'applique en matière d'urbanisme, en attendant que le PSMV ait été dûment révisé et soit entré en vigueur, laisse virtuellement la liberté aux propriétaires du traitement et de la destination de l'immeuble. Mais Pierre Aidenbaum, qui détient l'arme du permis de construire, s'y est intéressé dès 2010 et semblait avoir trouvé sur la question du logement social, un  gentleman-agreement avec les propriétaires, empêtrés de surcroît à l'époque dans un conflit avec des occupants sans titres.

    Trois ans après, l'état d'abandon du chantier pourrait faire penser que l'accord a fait long feu. Et pourtant ….

    Pourtant la demande immobilière est forte dans nos quartiers, la rue est remarquablement calme et la vue des fenêtres de l'immeuble, sur la cour "à la romaine" de l'Hôtel d'Halwyll (Claude Nicolas Ledoux) est proprement remarquable.

    Michel le comte hallwyllVue sur l'Hôtel d'Hallwyll, entrée 28 rue Michel le Comte (IIIe). Cliquez jusqu'à deux fois pour agrandir. C'est magique !

     

    Contactés par nos soins, les propriétaires se veulent rassurants : les travaux se poursuivent, même s'ils ne sont pas visibles. Le rythme est lent car la crise rend leur financement difficile. Ils annoncent pourtant une livraison de l'immeuble rénové pour septembre 2013.

    On en sait un peu plus sur la convention qu'Ils ont signée avec la Mairie de Paris. Elle porte sur 9 ans pendant lesquels ils s'engagent à louer une part significative de la surface à des bénéficiaires sociaux type PLUS, PLS et PLI proposés par la mairie. En contrepartie de cet engagement, ils recevront à la livraison une subvention compensatoire unique de la Ville de Paris, dont le montant ne nous a pas été révélé.

    On découvre à cette occasion le caractère polymorphe – et pragmatique – de la politique de logement social de la Ville de Paris. Dans ce dossier, les bailleurs-sociaux traditionnels n'apparaissent pas. C'est le propriétaire privé qui joue ce rôle moyennant une contribution d'équilibre de la Ville, à la charge du contribuable. Il est juste de reconnaitre que dans cette affaire, le Maire du IIIe a  obtenu ce qu'il voulait sans donner aux propriétaires le sentiment que c'était le fait du prince et qu'ils étaient spolliés. C'est ce qu'on appelle un accord "gagnant-gagnant". Le contribuable, quant à lui, a le sentiment du devoir accompli en matière de solidarité.

    Il reste à vérifier si le chantier ne va pas trainer en longueur avec le risque, toujours présent, que l'immeuble se transforme de nouveau en squatt.

    Gérard Simonet

     

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  • Florian litière 26 09 12

    La couche de Florian, sous les arcades du gymnase Michel le Comte (IIIe)

     

    Il a vécu là ses derniers moments. C'est là aussi qu'il vivait depuis tantôt quatre ans. De manière épisodique. Entre deux expulsions, des séjours plus ou moins longs, seul ou en compagnie. On dit qu'il était originaire d'un pays "du côté de l'Ukraine, vers la Baltique" et qu'il avait été adopté par une famille aisée qui a cherché à le récupérer.

    Il a choisi de vivre comme il l'entendait, entouré de "potes" ne détestant pas la bouteille mais jamais agressifs. Son exutoire, c'était la musique et sa guitare. Ne soyons pas hypocrites : nous n'avons pas toujours apprécié leur présence car ils posaient un vrai problème sanitaire mais bon gré mal gré Florian et sa gentillesse ont conquis de nombreux riverains, qui pleurent aujourd'hui sa disparition.

    Nous avons la chance de posséder une photo de lui et d'un de ses amis. Nous la publions en hommage à un homme libre qui a totalement assumé son destin.

     

    Gymnase m le comte florian et ami zoom

    Florian à gauche, avec sa guitare

     
    Gérard Simonet

     

  • Au fil des siècles, le Marais a connu des heures glorieuses, il était alors habité par des personnages illustres, et des périodes plus tristes, notamment aussitôt après la Révolution devenant progressivement un quartier où les artisans remplaçaient les personnalités. Le grand renouveau est venu véritablement dans le sillage des rénovations lancées par André Malraux dans les années soixante.

    Marc Antoine Charpentier

    Si l’on se penche sur les résidents prestigieux du Marais , nous ne manquons pas d’être surpris. En effet si nombreux qu’ils soient, et notre recensement n’est pas exhaustif, ils peuvent être classés en trois grandes catégories, les écrivains, les comédiens, les musiciens. Une quatrième regroupe les courtisanes. Seul Mansart fait exception puisqu’il est le seul architecte de renom à s’être établi en ces lieux.

    Parmi les écrivains les plus connus se trouvent bien entendu Victor Hugo et Madame de Sévigné (qui a eu l’honneur de naître dans un immeuble de la place des Vosges) mais aussi Mademoiselle de Scudéry, Scarron qui tenait un salon très en vue, Bossuet, Honoré de Balzac, Théophile Gautier, Alphonse Daudet et plus récemment Georges Simenon.

    DaudetAlphonse Daudet

    Les comédiens sont en moindre nombre mais non moins illustres et divers, la grande Rachel, Francis Blanche et la regrettée Annie Girardot qui aimait particulièrement le quartier.

    Parmi les maîtres de la musique française de la fin du XVII ème siècle, Marc Antoine Charpentier et les frères Couperin ont occupé et égayé de leurs compositions ces lieux que nous connaissons bien. Ils étaient joués de leur vivant en l’église Saint Paul.

    Georges Simenon

    Reste la catégorie des courtisanes telles que Marion Delorme (que la Fronde aurait perdue si elle n’était décédée à ce moment- là) et son amie Ninon de Lenclos (dont le salon et la liste des amants sont restés célèbres) ainsi que la future Madame de Maintenon qui, outre sa liaison royale, était la petite fille d’Agrippa d’Aubigné et la veuve de Scarron.

    Le promeneur qui flâne dans les rues du Marais ne pense pas toujours à ces noms connus qui ont foulé les rues avant lui et occupé les immeubles qu’il longe. Pourtant il suffit d’un peu de curiosité et de lever le regard sur les façades où sont disposées ici ou là des plaques pour découvrir que ces bâtiments ont accueilli des grands noms qui ont fait l’histoire de France.

    Plaque située au 1 place des Vosges

    Dans une de ses poésies, Scarron a montré son attachement au Marais en écrivant ces quelques vers :

    Adieu beau quartier des Maret,

    C’est avec mille regrets

    Qu’une très présente besogne,

    Pour quelque temps de vous m’éloigne.

     Dominique Feutry

  • St antoine valises roulettes floutée 12 03 12
    Ces valises à roulettes symbolisent un phénomène qui explose à Paris : la location de courte durée d'appartements meublés.

                             

    Ils envahissent les résidences parisiennes, ces touristes qui trainent leur valise derrière eux. Ils vont et viennent dans les immeubles qui résonnent souvent, quand il n'y a pas d'ascenseur, du boum-boum des roulettes sur les marches d'escaliers. Ils viennent de tous les horizons. Paris est une tour de Babel où les langues entendues, dans le métro, dans la rue, n'évoquent plus rien de ce que nous connaissons.

    Grâce à Internet, ils ont trouvé le studio dont ils rêvaient dans le Marais : immeuble ancien, poutres et pans de bois, escaliers cirés. Ils passent leurs vacances dans le saint du saint, le cœur du Paris historique, dont ils savent qu'il est riche en animations en tout genre. La facture est plus douce qu'à l'hôtel. On peut davantage se serrer dans un studio ou un deux pièces et on peut faire sa cuisine soi-même ce qui évite la composante restauration qui pèse lourd dans les dépenses de séjour à l'hôtel.

    On comprend clairement qu'il y ait une "demande". D'où provient l'offre ?

    Elle ne peut être que diverse mais une typologie simplificatrice peut être dégagée : (1) les propriétaires d'un "pied-à-terre" à Paris qui cherchent à en réduire le coût voire gagner quelques sous et (2) les investisseurs avertis qui ont acquis le bien en vue de sa location meublée, sans intention de l'occuper, dans une vision productiviste.

    Il serait abusif de condamner moralement les premiers. Ou alors, il faudrait en vouloir à tous les parisiens qui ont leur résidence secondaire dans le Luberon ou en Corse et qui n'hésitent pas à la prêter, moyennant "contribution financière", à des gens qu'ils connaissent plus ou moins.

    On est tenté d'être moins tendre à l'égard de riches nationaux ou étrangers qui investissent en vue de louer à la petite semaine car la difficulté de se loger à Paris est due en partie à la faible motivation des propriétaires à louer leur bien vide ou meublé sur la base d'un bail ordinaire. Il ne faut pas se tromper toutefois, un rendement financier plus faible n'est pas la raison essentielle mais plutôt le risque de non-paiement des loyers et l'absence de liquidité du bien, dans les faits, le jour où on a envie de le vendre ou de l'occuper.

    Les commentateurs mettent en avant régulièrement le rendement des locations meublées courte durée. Il est exact que le loyer "brut" atteint deux ou trois fois celui d'un appartement en location longue durée mais, ramené à l'année, compte tenu d'un taux d'occupation qui n'est pas de 100%, la recette est moindre et le rendement obéré par des charges incontournables de gestion (entrées-sorties, nettoyage, publication sur Internet …).

    Il n'y a donc pas de justification morale à condamner la pratique. Quel est d'ailleurs le "code" qui le justifierait ? Il convient d'ajouter que ces locations pallient l'insuffisance ou la cherté excessive de l'hôtellerie traditionnelle. En ce sens, elles favorisent le tourisme et pèsent de leur poids dans les statistiques qui font de Paris la ville la plus visitée au monde avec  un chiffre de 35 Millions de personnes/an.

    En revanche, il n'est pas choquant que les pouvoirs publics réagissent. A l'Hôtel de Ville, on considère que la location meublée courte durée contrarie une politique du logement qui vise à développer l'offre locative traditionnelle. De ce point de vue, il existe une alliance objective avec les professionnels de l'hôtellerie qui y voient une concurrence jugée déloyale.

    Aussi la Mairie de Paris a-t-elle réactivé en 2009 l'article 631.7 du code de la construction  qui, pour les villes de plus de 200.000 habitants, interdit la location meublée dans des logements qui ont le statut d'habitation. Chargée du contrôle de la "destination" des logements, elle exige désormais que tout changement du statut "habitation" vers celui de "commercial" fasse l'objet d'une déclaration, et elle oppose généralement à ce changement des conditions qui sont dissuasives. Le propriétaire se trouve dès lors en infraction si un logement n'ayant pas le statut commercial est proposé par lui en location meublée courte durée.

    Les habitants propriétaires-résidents ne sont pas opposés par principe à ce que d'autres propriétaires, non résidents, se livrent à cette pratique pour autant que le règlement de copropriété autorise l'utilisation commerciale du logement. Dans le cas contraire, il appartient au syndic et au conseil syndical de faire en sorte que chacun en soit averti et que le règlement soit respecté.

    Si on en juge par des réactions recueillies auprès d'un certain nombre d'entre eux, tout est affaire de mesure. Si le phénomène est marginal, il n'est pas dérangeant. S'il prend des proportions excessives, des nuisances sont dénoncées : sonores (arrivées/départs tardifs, fêtes et vie nocturne bruyante), dangers de fuites d'eau ou de gaz dues à des robinets mal fermés, insécurité (large diffusion des codes d'accès), dégradation du standing de l'immeuble, allées et venues ou syndrome "hall d'hôtel", travaux fréquents de remise en état, etc … On reproche aussi aux visiteurs leur absence de soins à l'égard du cadre de vie et des parties communes.

    Au-delà des aspects fiscaux propres à l'activité et à ceux qui s'y livrent, des amendes  administratives lourdes sanctionnent le non-respect de l'obligation de déclaration de l'usage commercial. Pour autant, la procédure de verbalisation ne nous parait pas encore bien établie.

     

    Autre article qui date de novembre 2010 : Le marché de l'immobilier dans le Marais

     

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  • Pastourelle 35 nov 08 

    Carrefour Temple-Pastourelle, novembre 2008. L'immeuble appartient à France Telecom, comme les autres bâtiments qui bordent la rue Pastourelle côté impair, jusques et y compris l'immeuble de la Poste. Le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum veut préempter. Il se heurte au refus du vendeur. Procédure judiciaire en perspective. Le temps presse : les "arcades" sont occupées par de gens sans domicile, dans des conditions qui provoquent de nombreuses protestations et de multiples interventions de la police. Il y a toujours un risque aussi que cet immeuble vide soit squatté.

    Fin 2009, un investisseur se présente avec une offre intelligente : le quart de la surface sera réservée à un bailleur social de la Ville de Paris, le reste vendu sur le marché libre.  Les "arcades" (propriété privée) seront fermées et transformées en locaux d'activités. Condition mise à l'opération : que les logements soient livrés courant 2011.

    Pari tenu. Le paysage est transformé. Le quartier bénéficiera d'un apport de nouveaux habitants et de quelques commerces qui viendront contribuer à diversifier l'activité économique locale, trop marquée dans un passé récent par les grossistes-importateurs.

    On nous annonce déjà un "marchand de vélos électriques" (dixit Pierre Aidenbaum). 

    Temple pastourelle rénové 

                                                                                                                                         

  • Debeleyme 17 devanture
    La devanture sinistrée du café restaurant hôtel du 17 rue Debelleyme (IIIe) – Cliquez dans l'image pour savourer la vue.

     

    Si elle n'était pas défigurée par des tags hideux, cette devanture mériterait d'être classée. Peut-être, qui sait, l'architecte des Bâtiments de France l'a-t-elle sauvegardée dans la réhabilitation qui vient de faire l'objet d'un permis de construire. Pour ceux qui voudraient vérifier au 17 boulevard Morland (IVe), il est enregistré sous la référence PC-075-103-10-V-0020, date 23/12/2010.

    Le permis concerne l'ensemble de l'immeuble, qui apparait vide aujourd'hui. Il comporte 4 étages et un cinquième sous combles. C'était jadis un hôtel, il est transformé en habitation avec la création de 10 logements du parc privé. L'immeuble, bien que très sobre, est "à conserver" ou "à restaurer" au PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais. La cour sera nettoyée de ses constructions parasites.  Un ascenseur sera créé ; la devanture du commerce "modifiée". Ce décor sera bientôt à ranger dans l'armoire à souvenirs.

    Debeleyme 17 immeuble

    Immeuble XVIIIème siècle, 17 rue de Debelleyme (IIIe)

     

    On se dit chaque fois, "c'est surement le dernier !", en pensant à ces immeubles insalubres, vétustes, abandonnés, qui sont un anachronisme dans un quartier où le foncier est à ce point recherché que les prix n'en finissent pas de monter. Et puis, on en découvre un autre comme celui-là.

    Est-il le dernier cette fois ? Et bien, non. En voici un autre. Coïncidence étonnante : c'est aussi un ancien hôtel de tourisme, avec un débit de boisson en rez-de-chaussée. C'est au 16 rue de Beauce, toujours dans le IIIe.

       Beauce 16 hôtel bistrot du marais
    Il s'appelait "Café Bistrot du Marais", 16 rue de Beauce (IIIe)

     

    L'immeuble est apparemment vide. La Ville en a fait l'acquisition à travers le bailleur social RIVP (régie immobilière de la Ville de Paris).  Il comporte 5 étages et un niveau de sous-sol. 10 logements rénovés vont être re-créés, pour l'aide et l'accueil aux femmes isolées.  Au pied de l'immeuble, le "Marché des Enfants Rouges" qui fait le bonheur des gens du quartier. A signaler sa poissonnerie, ouverte quatre jours dans la semaine, son traiteur marocain qui fait un tabac et "l'Estaminet" qui, contrairement à la tradition, ne vend pas de tabac mais possède le charme suranné d'un endroit hors du temps.

     

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