Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Logement

  • Locations saisonnières st antoine valises roulettes floutée 12 03 12La location saisonnière, symbolisée par les fameuses "valises à roulettes" (Photos VlM)

     

     

    a Cour de Cassation a rendu ce jeudi un arrêt qui valide sa stratégie de lutte contre les plates-formes touristiques comme Airbnb, Abritel ou Leboncoin. Dans son arrêt la cour juge la réglementation nationale adaptée et proportionnée".

    Ian Brossat, Maire-adjoint communiste en charge du logement auprès d'Anne Hidalgo, s'en est immédiatement réjoui. Deux dispositions imposées par l'Hôtel de Ville étaient en cause : les 120 jours autorisés pour la résidence principale et l'obligation de convertir en  destination "commerciale" les résidences secondaires pour avoir le droit de les louer.

    Il existe en effet une typologie des locations saisonnières : On distingue le propriétaire, dont c'est la résidence principale, qui la loue pendant ses absences. S'agissant de son domicile personnel, il est improbable qu'il puisse s'en dessaisir longtemps. La réglementation à Paris en limite la durée à 120 jours par an. C'est considérable. Si le tribunal avait décidé d'étendre cette durée voire la supprimer, c'est à peine si on s'en serait rendu compte !

    L'autre cas de figure concerne les résidence secondaires. On en dénombre près de 130.000 à Paris, soit 9% des logements, avec une concentration plus forte dans les arrondissements du centre. La mairie de Paris, soucieuse de soutenir le marché de la location longue durée, n'a pas pu interdire la location touristique de courte durée mais a pris des mesures pour qu'elle ne soit possible qu'à la condition d'obtenir de la Ville un changement du statut "d'habitation" vers celui de "commercial", décision dont elle a la maitrise. Elle a rendu en pratique cette transformation difficile voire impossible en l’assujettissant d'obligations drastiques pour compenser la surface d'habitation perdue. 

    Pour cette catégorie de logements l'enjeu était fort pour la mairie de Paris et pour les plateformes de location. L'arrêt de la Cour de Cassation donne les coudées franches à Ian Brossat pour renforcer les contrôles et sévir en relançant les contentieux en cours. Il peut légitimement se réjouir d'avoir gagné une bataille.

    Il existe cependant un mode opératoire du "troisième type", très discret, mais qui se propage et prospère, et dont en apparence personne ne se soucie. Il s'agit des locaux nombreux, rez-de-chaussée, caves, étages même, qui abritaient une activité commerciale disparue ou déplacée hors de Paris. C'est le cas des grossistes-importateurs de maroquinerie et de bimbeloterie qui constituaient la mono activité de secteurs entiers des IIIe et IVe arrondissements.

     

    Gravilliers 20 cour vue de haut 09 02 12Cour d'immeuble dans le IIIe avant transformation

     

    Jusqu'à ce que la mairie de Paris cesse de diffuser par bulletin la liste des demandes de permis de construire et de demandes d'autorisations de travaux, on pouvait voir chaque quinzaine l'annonce de la transformation de nombreux locaux en "résidence hôtelières". S'agissant d'espaces ayant déjà le statut "commercial", aucune autorisation n'ést nécessaire si ce n'est celle de l'urbanisme.

    Certains s'en dispensent et sont rarement inquiétés. D'autres plus consciencieux déposent un dossier, soumis à l'avis conforme de l'ABF (architecte des bâtiments de France) qui n'a pas toujours les moyens de procéder aux contrôles du respect des règles du PSMV (devenu SPR). Ils procèdent tranquillement à la transformation de surfaces considérables en espaces pouvant accueillir les clients des plateformes de location.

    Par ce biais, la maitrise du phénomène de location saisonnière n'est plus vraiment l'affaire de Ian Brossat mais plus discrètement celle du Premier-adjoint à la Maire de Paris en charge de l'urbanisme, Emmanuel Grégoire, et de la technostructure dont il assure la tutelle. Ian Brossat peut se targuer d'avoir obtenu satisfaction en muselant les propriétaires de résidences secondaires à Paris, il reste démuni face à la déferlante des résidences hôtelières.

    Que doit-on en conclure ? Tout d'abord qu'il y aurait moins d'engouement pour la location meublée touristique si les lois en matière de location longue durée et la fiscalité n'étaient pas aussi pénalisantes pour les propriétaires-loueurs. Le Parlement devra un jour s'en préoccuper et M. Brossat l'admettre. Dans l'état actuel des choses, il faudrait que la mairie de Paris soit exigeante, protectrice du patrimoine et transparente vis à vis des transformations qui se déroulent autour de nous. Il faudra aussi que ces nouvelles résidences hôtelières soient soumises aux mêmes règles d'hygiène, d'accessibilité et de sécurité que l'hôtellerie traditionnelle pour éviter la concurrence déloyale.

    GS

     

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    Mairie 1er façade 13 11 20Façade majestueuse de l'ancienne mairie du 1er avec ses six pilastres d'ordre ionique et sa grande rosace

     

     

    Notre article du 26 octobre 2020, qui annonçait la création, dans l'ancienne mairie du 1er arrondissement tout près du Louvre, d'une "halte Humanitaire à destination de personnes migrantes, réfugiées ou demandeuses d’asile", et la rencontre qui a permis un échange verbal entre les riverains et le Maire de Paris-centre ArielWeil, ont été suivis d'un long courrier du Maire pour justifier et relativiser l'information et apaiser les craintes de la population à l'égard des risques liés au terrorisme de l'islamisme politique, qui vise et touche cruellement nos nations occidentales.

    Voici ce que dit M. Weil dans son introduction :

    "L’ouverture de la halte humanitaire au sein de l’ancienne mairie du 1er arrondissement suscite interrogation, indignation ou désarroi, chez certains habitants du quartier qui m’ont écrit à ce sujet la semaine dernière. Par ce courrier, dont vous me pardonnerez la longueur, j’ai à cœur d’apporter à chacun et chacune d’entre vous toutes les informations dont je dispose pour répondre à ces questionnements légitimes".

    Ceux qui ne l'ont pas reçu directement peuvent le télécharger ici dans son intégralité

     

    En même temps, pour ainsi dire, le collectif de riverains qui vient de se former pour contester cette initiative, nous prie de faire connaitre leur position dans une tribune intitulée "Qui veut gagner des migrants ?" Nous la reproduisons in extenso :

     

    "QUI VEUT GAGNER DES MIGRANTS"

    Soyons clairs : vous ne trouverez pas dans nos propos le procès de l'immigration, ni celui des migrants, et encore moins une apologie de la xénophobie, que nous combattons. Nous sommes simplement des habitants, des citoyens, qui se sentent lâchement abandonnés par leurs représentants. Certes l’équipe municipale a pour vocation d’appliquer la politique pour laquelle elle a été élue. Mais « ni de droite, ni de gauche, bien au contraire », nous sommes en droit d'attendre de la part de nos élus un minimum d'écoute et de soutien, ainsi que des décisions servant l'intérêt local.

    L'affaire qui nous fâche est celle de l'ouverture d'une "Halte Humanitaire" en plein cœur de notre ville, dans les locaux de l'ancienne Mairie du 1er arrondissement, jouxtant l’Église Saint-Germain l'Auxerrois, ancienne paroisse des Rois de France où Molière s'est marié en 1662, et dont Hittorff, sous l'égide du baron Haussmann, avait recopié le style de la façade afin de créer une harmonie d'ensemble de part et d'autre du beffroi. Et cela sous le regard bienveillant de la monumentale façade Est du Louvre. Si l'intention semble louable au premier abord, au-delà du symbole nous nous interrogeons sur le bien-fondé de cette décision défendue bec et ongle par Ian Brossat, Maire-adjoint auprès de Anne Hidalgo en charge du logement. En quoi cette "halte" servira-t-elle l’intérêt local ?

    Après le chaos de la Porte de la Chapelle et des campements sauvages de Saint-Denis et Aubervilliers, l'implantation d'un centre d'accueil pour migrants dans un des quartiers les plus touristiques de Paris améliorera-t-elle l'image et le rayonnement de notre ville ? Paris vit largement du tourisme ; nous ne sommes pas persuadés que cela aidera les touristes à revenir en toute confiance après le dé-confinement, alors que notre pays est officiellement entré en alerte terroriste maximale, moins de deux semaines après l'abominable attentat de Nice.

    Cette décision ne semble pas non plus de nature à favoriser le développement économique de notre ville. Lorsque la municipalité offre des services aux étrangers dans un lieu de proximité, pourtant apprécié, enlevé aux habitants quelques mois plus tôt, nous sommes encore moins convaincus qu'elle serve l'intérêt local. La Mairie de Paris est bien loin de représenter ses habitants. « Favoriser le développement économique » de la ville, « représenter les habitants » et servir « l'intérêt local » sont pourtant les missions essentielles de la Mairie telles que définies par Vie Publique. Au-delà du sentiment de trahison, les habitants constatent donc que le contrat est rompu, littéralement.

    Défendre ses habitants demande parfois beaucoup de courage. Le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah est là pour le rappeler, dans le recueillement, à tous les riverains du Marais. Le pays, la ville, gardent longtemps le souvenir de leurs héros. Ils condamnent impitoyablement et oublient bien vite ceux qui ont trahi leurs enfants.

    Image coripac

     

    Laissons de côté nos convictions pour prendre un peu de recul. L'accueil des réfugiés est une compétence de l’État, comme l’a rappelé fort justement Anne Hidalgo à maintes reprises. La Justice devrait être en mesure de se prononcer rapidement, afin d'une part de reconduire les migrants illégaux non éligibles à l'asile politique, et d'autre part d'assurer une vraie prise en charge de ceux qui fuient la guerre et les persécutions. Les campements insalubres aux portes de nos métropoles (voir photo), véritable honte humaine, résultent largement de l'incapacité de notre Justice à fournir cette réponse rapide. Par un raccourci (trop) simpliste, on voudrait en faire payer le prix aux riverains. Ian Brossat affirme sans sourciller « Quand on installe un centre d’accueil, il n’y a pas de droit de veto des riverains ». Les intéressés apprécieront. Pourtant l'accueil des migrants N'EST PAS une prérogative de la Mairie. Une équipe municipale n'a pas été élue pour cela, il nous semble donc qu'elle outrepasse son mandat.

    Les riverains de Paris Centre refusent l'installation d'une "halte humanitaire" imposée sans aucune concertation préalable, qui va à l'encontre des intérêts locaux, et pour laquelle aucune garantie ne leur a été apportée. Dans un contexte d'alerte terroriste maximale, les mamans sont inquiètes pour leurs enfants scolarisés ou en crèche à proximité. En dernier ressort, elles lancent donc un appel au secours au Maire de Paris Centre, Ariel Weil: "Avant la politique, pensez à nos enfants". Espérons qu'elles seront entendues.

    Hugues Mellanger

    Collectif de Riverains de Paris-centre (Coripac)

     

     

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    Image 3 jpgLes fenêtres aux étais du 25 boulevard du Temple (IIIe)

     

     

    Il n'est pas nécessaire de lever trop haut les yeux quand on parcourt le boulevard du Temple, pour s'étonner de ces fenêtres barricadées d'immeuble en péril. Evelyne Dress, écrivaine et comédienne vit là et nous en parle comme d'un phénomène assez naturel sur un sol meuble comme celui du Marais (qui signifiait au départ "mérécage") mais dont il convient cependant que la Ville intervienne pour lui éviter le sort des châteaux de cartes. G.S.

     

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    « On est de son enfance comme on est d’un pays ». Je suis du boulevard du Temple !

    C’est sur ce bout de bitume qui sépare le IIIe du XIe que, moi, fille d’émigrés, je me suis fabriqué des racines.

    Depuis avant ma naissance, grâce à mes parents qui s’étaient établis près du Cirque d’Hiver en arrivant de Pologne, j’ai coulé des jours heureux sur « le bord du Marais ». En 2017, je voulus changer de trottoir et je m’installai, non sans une certaine fierté, je l’avoue, dans « le haut Marais », non loin du théâtre Déjazet.

    Mais ce qui devait être le gage d’une ascension sociale s’avère être une véritable descente aux enfers et le boulevard du Temple de vouloir redevenir le "boulevard du Crime" !

     

    Image 1Le théâtre du boulevard du Temple (et du crime)

     

    Ce nom de « Boulevard du Crime » ne provient pas seulement de l'attentat perpétré, devant le n°50, par le tireur corse Fieschi contre le Roi Louis-Philippe qui avait fait du boulevard du Temple son lieu de promenade, pas seulement, non plus, du crime commis par le sous-officier Louis Anastay, qui assassina la baronne Dellard, mais de ce que le boulevard du Temple était depuis le début du XIXe un lieu de divertissements, concentrant tous les théâtres, baraques et tréteaux où, chaque soir, se jouaient des mélodrames terrifiants, des drames ruisselants de sang, pleins de coups de couteaux, d'enfants volés, d'orphelins persécutés, d’où le sobriquet de « Boulevard du Crime ».

    C’est ainsi que par une sorte de malédiction sans doute, le quartier fut maintes fois menacé : petite, j’ai vu mes parents militer pour la sauvegarde du Marais, puis contre la tentative d’abattre le Cirque d’Hiver, qui avait vu le jour sous Louis-Napoléon. En 1955 Hollywood posa ses caméras sur le rebord de nos fenêtres pour filmer « Trapèze » avec Gina Lollobrigida, Tony Curtis et Burt Lancaster. Plus tard, il fallut se battre, encore, pour préserver le mythique « Marché des Enfants Rouges », sauvé en 1989 par le nouveau Maire Pierre Aidenbaum qui en avait fait son arme de campagne.

    Faudra-t-il, aujourd’hui, reprendre les armes pour redonner ses lettres de noblesse au bout de trottoir qui m’a vu naître ?

    Image 2 jpg

    En végétalisant trois pieds d’arbres, j’espérais que la beauté de mes trois bacs attirerait tous les regards… et que les passants cesseraient de s’attarder sur les étais qui soutiennent notre immeuble, rappelant que nous sommes bien dans le Marais, un terrain meuble, sans craindre de défigurer ce quartier pour lequel nous nous sommes tant battus, ni de menacer la sécurité de ses habitants et des promeneurs.

    J’interrogeais, récemment, un jeune couple s’extasiant sur les pièces de charpente :

    – Que regardez-vous ?

    – On dirait un origami de l’architecte Kengo Kuma.

    On peut interpréter les choses comme ça ! Toutefois, voilà ce que, moi, je vois de ma fenêtre !

    Image 6

    Un expert judiciaire, diligenté par le Tribunal de Grande Instance de Paris, a conclu au terme de trois ans d’enquête que les désordres constatés étaient imputables aux fuites d’eau importantes et persistantes du réseau d’égout défectueux de la ville de Paris et a préconisé l’injection de micro-pieux en sous-œuvre des fondations de l’ensemble du 25 boulevard du Temple.

    Il serait complètement injuste que notre bâtiment, pris en tenaille entre l'immeuble mitoyen du 76 rue Charlot, frappé de trois arrêtés de péril, qui a causé nos dégâts, et le 23 boulevard du Temple, préempté par la Mairie de Paris pour faire des logements sociaux, ne soit pas aidé, au moins, pour l’injection de ces micro-pieux.

    Je veux croire qu’Ariel Weil, notre tout nouveau maire, usera de son pouvoir auprès de la mairie de Paris pour qu'elle prenne en charge l'injection de ces micro-pieux, intervention que nous n'aurions jamais dû subir si les égouts de la Ville avaient été entretenus !

    Évelyne Dress

     

     

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    Caserne minimes 26 02 20La caserne 12 rue du Béarn (IIIe) et sa place centrale (Photo VlM)

     

     

    L'inauguration de ce qu'on peut appeler désormais la "Résidence des Minimes" a eu lieu le 26 février 2020 en présence de la Maire de Paris Anne Hidalgo, des Maires des IIIe et  IVe arrts, Pierre Aidenbaum et Ariel Weil avec une invitée d'honneur en la personne de Nicolle Beltrame, la mère du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame qui a perdu la vie héroïquement le 24 mars 2018 sous les coups d'un djihadiste en se substituant à une otage dans un Super-U à Trèbes (Aude) au cours d'une attaque terroriste qui a fait deux autres victimes.

     

    Hidalgo anne et nicolle beltrame 26 02 20Nicolle Beltrame et Anne Hidalgo (Photo VlM)

     

    La mairie de Paris a pris la décision d'honorer sa mémoire en donnant son nom à cette nouvelle résidence.

    Située à deux pas de la place des Vosges, elle occupe tout l'espace de l'ancienne caserne des Minimes qui était dévolue à la gendarmerie nationale. Un budget de 12,3 millions d'€ a été affecté par la Ville à sa transformation. Confiée en gestion à ELOGIE-SIEMP, elle abritera 70 logements sociaux, une crèche, un restaurant associatif, des artisans, des bureaux et un cabinet médical. 

    Contrairement à la caserne dont l'entrée était interdite, le nouvel ensemble est ouvert sur le quartier avec sa place qui devient un jardin traversant et animé, et des accès sur les rues qui l'encadrent

    Pour Pierre Aidenbaum, qui met fin à quatre mandats successifs de Maire du IIIe, cette inauguration sonne comme un couronnement. Elle lui rappelle qu'à deux pas de là, rue Saint-Gilles, il a réhabilité aussi un vaste espace connu sous le nom de Cour de Venise, qui abrite depuis le début des années 2000 logements sociaux et activités dans une architecture rénovée qui s'accorde harmonieusement avec celle du Marais.

    Ariel Weil, Maire du IVe et candidat Paris-centre, indique pour sa part qu'il est heureux de savoir que des familles vont s'installer là avec des enfants pour repeupler des écoles qui ont tendandance à se vider et apporter leur écot à l'activité économique du secteur.

    GS

     

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    Commissariat du IIeL'ex- commissariat du IIe, 18 rue du Croissant

     

     

    Dans le cadre du regroupement des forces de police des quatre arrondissements centraux, cet immeuble dont le propriétaire est privé, a été libéré en septembre 2019 par le personnel du commissariat de police du IIe. Un permis de construire a été demandé à la Ville – et obtenu – selon des témoins locaux, pour sa réaffectation en résidence hôtelière.  

    L'immeuble est en période de latence. Nous avons reçu hier 6 janvier ce message en forme d'alerte de Laeticia Mougenot, avocate au barreau de Paris et habitante du IIe. Elle met en cause Jacques Boutault, Maire du IIe, qui aurait aidé des squatters, le DAL (Droit au Logement) et La France Insoumise à prendre possession des lieux sans autorisation :

    "Depuis des années nous savons que l'immeuble du commissariat du 2ème arrondissement va être libéré par la police. Depuis des années la mairie du 2ème pouvait réfléchir à quoi faire, en relation avec son propriétaire, de cet immeuble par ailleurs connu comme à la limite du salubre. Depuis plusieurs mois il y a un projet de création d'un hôtel pour lequel la Mairie a accordé des permis de construire. Depuis ce matin DAL, La France Insoumise et Jacques Boutault, notre Maire vert, ont réquisitionné l'immeuble et sont en train d'y installer des sans-logis. Est-ce raisonnable? Est- ce qu'il aurait pu être fait autrement ? Dans le respect du droit, de la propriété privée, de la sécurité des riverains (branchements électriques sauvages avec risques d'incendie, par ex). Je le crois. Mais ce n'est pas ce qui se passe actuellement et je ne remercie pas la Mairie du 2ème. A suivre…"

    Le Maire du IVe, Ariel Weil, candidat à la mairie de Paris-centre sous la bannière d'Anne Hidalgo, publie une information sur Twitter aujourd'hui 7 janvier : "Nous avons pris notre part en mobilisant notre patrimoine et celui des bailleurs sociaux en attente de travaux pour y mettre de l’hébergement temporaire. Le parc privé doit prendre sa part à l’approche du plan Grand Froid". 

    Au commissariat du IIIe, on confirme que les locaux étaient surveillés mais les occupants se seraient introduits sans effraction. Il s'agit désormais d'une occupation de fait. La police attend le jugement en référé que le propriétaire a sollicité du TGI (tribunal de grande instance). Il va statuer sur la situation. Une décision d'expulsion pourrait en découler.

    Chacun est sensible à la détresse des sans-abris. Mais tout le monde se souvient des dérives des squatts, qu'il s'agisse de "Marais-Publique" rue Charlot dans le IIIe au début des années 2000, de la rue de la Banque ou de Rivoli. Il est normal que les habitants aux alentours s'en préoccupent. Le commentaire de Laeticia Mougenot rappelle que nous sommes dans un Etat où les situations sensibles ont leur droit à un traitement humain en toute légalité. L'occupation par la force ou la ruse, et la réquisition, sont des mesures d'exception qui n'ont pas leur place dans notre société.

    GS

     

    Postscriptum du 7 janvier

    Candidat à la mairie de Paris-centre aux prochaines élections municipales, le Maire du IVe Ariel Weil s'est impliqué dans l'affaire et nous donne son analyse, qui "n'est pas très loin de la nôtre" selon lui. Voici ce qu'il en dit : 

     

    "Je fais suite à votre article sur le squat de la rue du Croissant.

    Le nombre de logements vacants dans le Centre de Paris est estimé à 25%. Compte tenu de la pénurie et de la cherté du logement, c’est bien trop.

    A sa manière, le DAL a le mérite depuis des décennies d’alerter sur ce sujet important pour tous les habitants et de mener des opérations qui sensibilisent le public à ce sujet majeur.

    En tant que Maire, ma préférence est d’une part de mobiliser et mettre à profit les vacances dans les bâtiments publics pour y proposer de l’hébergement, et d’autre part d’engager un dialogue coopératif avec des propriétaires privés en les convainquant de mettre à disposition des plus démunis leurs bâtiments inoccupés, pour des périodes transitoires comme celles d’attentes de travaux.

    Plusieurs centaines de personnes ont ainsi été logées, sur mon initiative, en coopération avec l’Etat, à l’hiver 2018 au sein de la tour Morland avant que les travaux ne commencent : d’abord lorsque l’immeuble était propriété de la ville, puis après transfert à son acquéreur privé, qui avait accepté de prolonger l’opération d’hébergement d’urgence avant d’engager la transformation en logements pérennes.

    Depuis cette opération, la Ville de Paris a créé une charte en faveur de l’occupation temporaire pour solliciter les propriétaires fonciers privés et engager une dynamique partenariale permettant notamment de remettre à disposition des m² pour des usages d’hébergement d’urgence. C’est une grande avancée.

    Et une démarche constructive, coopérative, rassurante et concrète que je souhaite voir adoptée par davantage encore de propriétaires privés.

    Ariel Weil

    Maire du 4ème arrondissement de Paris"

     

  • CompostelleHôtel "Le Compostelle", 31 rue du Roi de Sicile (IVe)

     

     

    Le gérant de cet hôtel coquet trois étoiles, membre de notre association, parle avec condescendance et dans un langage imagé du phénomène des locations saisonnières. Pour dire d'emblée qu'il lui est reconnaissant de lui fournir des bataillons de clients écœurés par une expérience décevante de ce mode d'hébergement, qui fait couler beaucoup d'encre par ailleurs.

    Sa progression selon lui n'est pas dû à son attractivité car il y beaucoup de déception chez ceux qui le pratiquent mais à la croissance très forte du tourisme en général. Quant aux loueurs, Bruno Bertez rappelle que le rendement de la location traditionnelle est de 1 % par an, avec les risques de non-paiement et les difficultés de récupération du bien, alors qu'il atteint 4 à 6% pour les locations meublées courte-durée, sans risques d'aliénation pour le bailleur…

    L'hôtel qu'il dirige ne craint pas leur concurrence. L'apparition de nouveaux venus qui se déclarent "résidences hôtelières ou résidences de tourisme" ne lui fait pas peur. Ils échapperont aux normes et contraintes de la profession tant qu'ils seront peu visibles mais dès qu'ils demanderont un "classement" ils subiront d'emblée le poids de la réglementation et des contrôles. Et les charges qui en découlent…

    Quant à lui, situé en plein cœur du Marais-sud, dans un immeuble "d'époque", au barycentre des Îles, du musée Pompidou, de l'Hôtel de Ville et de la place des Vosges, il ne cherche pas des clients, il les choisit ! les groupes par exemple sont pour lui "non grata". Il ne se dit pas riche pour autant. Les hôtels ne tirent pas bénéfice de la plus-value foncière constatée à Paris et particulièrement dans le Marais car le bâti n'est pas valorisé par le marché mais par la capitalisation de son rendement locatif, sous contrôle de fait car il est impossible en pratique de résilier un bail commercial ou d'en modifier radicalement le contenu.

    Cet entretien  nous convainc que l'hôtellerie traditionnelle, parce qu'elle ne souffre pas vraiment de la concurrence des locations saisonnières, ne sera pas l'allié objectif que la mairie de Paris pourrait attendre dans la lutte qu'elle conduit contre une évolution qui menace les grands équilibres sociaux en matière de logement. Il reste qu'il est nécessaire d'être vigilant sur le statut de ce qu'on nomme les "résidences hôtelières ou résidences de tourisme" et du contrôle de leur exploitation pour éviter qu'on ait un jour à affronter un drame résultant de leur défaillance en matière d'hygiène ou de sécurité.

    Gérard Simonet

     

  • Quartier horlogeAccès au Quartier de l'Horloge par la rue du Grenier St Lazare (IIIe) (photo VlM)

     

    Interpelé par notre article du 27 septembre, le Maire du IIIe par la bouche de son Premier Adjoint Gauthier Caron-Thibault a tenu à expliquer la situation et apaiser les inquiétude qui avaient pu se former autour d'un programme qui pouvait paraitre confus et porteur d'éléments anxiogènes pour la population du Quartier de l'Horloge, déjà éprouvée par la concentration excessive de débits de boissons dans la rue Saint Martin.

    M. Caron-Thibault s'exprime ainsi par écrit :

    "Je vous remercie de me donner l’occasion ici même de préciser ce qui vous aurait été très bientôt dit lors d’une réunion publique dont nous sommes en train de fixer la date.

    Les locaux de l’école Brantome, maintenant désaffectée, restent dans le patrimoine de la Ville. Notre ville a des besoins pour ses habitants, notamment des besoins sociaux.

    Un récent rapport du Défenseur des Droits a pointé du doigt le fait que 20% des jeunes mineurs pris en charge par l’Aide sociale départementale à l’enfance présentaient des handicaps, peu, mal ou pas pris en charge.

    Aussi, en lien avec l’Education Nationale, l’ARS (Agence Régionale de Santé) et la Maison départementale des personnes handicapées, prévoient d'installer dans ces locaux une plateforme d’accueil de jour, et de soins, comprenant 4-5 chambres pour permettre du répit et un meilleur accompagnement de ces jeunes mineurs. La localisation a été retenue au regard de sa centralité mais aussi de la présence déjà effective, paisible et ancienne du Centre médical pedo-psychologique présent au sein du Quartier de l’Horloge avec lequel des synergies seront trouvés.

    En attendant la mobilisation des fonds par l’Etat, co-financeur de ce projet, la Préfecture de région a réquisitionné dans le courant de l’été ces locaux pour y installer un centre d’hébergement d’urgence de 60 places pour l’accueil de familles avec enfants en bas âge et femmes enceintes ou sortant de la maternité en situation de vulnérabilité. Le lieu sera géré par Coalia qui a l’habitude de ce type de projets. 23.000 places sont ainsi créées dans la capitale pour répondre aux 300 demandes d’hébergement quotidiennes non pourvues. C’est un engagement tant de la Ville que de l’Etat. 

    Aussi, je précise que la délibération concernant ce projet a été votée à l’unanimité du Conseil d’arrondissement [du IIIe]. Ces centres ne posent aucun problème aux riverains : c’est bien plutôt quand ces centres n’existent pas que la cohabitation avec les riverains est difficile.

    S’il n’y a pas eu plus d’informations à l’heure actuelle, c’est que nous attendons la désignation du futur gestionnaire de la structure pour jeunes en situation de handicap à l’issue d’un long appel à projet. C’est mieux de présenter un projet avec son principal animateur. C’est toujours ainsi que nous avons fonctionné…"

     

    En résumé, nous avons affaire à un projet en deux temps : l'accueil des femmes en situation de maternité difficile, pendant un an ou maximum deux ans et la transformation du centre ensuite aux fins d'accueillir des jeunes mineurs en situation de handicap psychique ou moteur. Dès que ce projet aura trouvé son financement ainsi que l'opérateur chargé de sa conception et de sa conduite, des discussions seront ouvertes avec les riverains notamment ceux qui partagent une grande cour avec l'ancienne école, pour évaluer les risques éventuels et la meilleure manière de les neutraliser.

    La délibération concernant la première étape a été approuvée ce jour au conseil de Paris. Les riverains conduits par Ulla Claude, présidente de l'association ASSACTIVE de l'Horloge, ont contacté M. Caron-Thibault qui leur a donné l'assurance de les recevoir prochainement.

    GS

     

     

  • Qh géné

    Le quartier de l'Horloge (IIIe) qui a remplacé les immeubles anciens détruits dans les années 70 pour réurbaniser l'espace Beaubourg. Architecte-urbaniste Jean-Claude Bernard (Photos VlM)

     

     

    La Ville de Paris, Direction de l'Habitat et du Logement, publie un  "Projet de Délibération" pour le prochain Conseil de Paris, qui vise la mise en place d'un hébergement d'urgence (CHU) pour l'accueil de familles avec enfants en bas âge et de femmes enceintes ou de mères en état de vulnérabilité, dans les locaux du 5 rue Brantôme (IIIe) occupés précédemment par une école maternelle qui a fermé faute d'élèves.

     

    Qh écoleL'école maternelle, 5 rue Brantôme (IIIe), drapeaux en berne !

     

    Selon la présidente de l'association ASSACTIVE qui regroupe des riverains du Quartier de l'Horloge, le projet irait bien au-delà de cette délibération si on en croit un tweet du 16 septembre attribué au premier Adjoint à la mairie du IIIe Gauthier Caron-Thibault qui affirme qu'il s'agira in fine d'installer là un "centre de dépistage et de prise en charge de jeunes à trouble de comportement".

    Les immeubles des rues Rambuteau et Saint Martin se retrouveraient dès lors en relation directe avec les locaux en question au travers de ce qui était précédemment la cour de l'école.

    Pour ne rien arranger, un tract anonyme qui reprend les propos prêtés à M. Caron-Thibault a été largement distribué pour entretenir l'angoisse des riverains vis à vis d'une potentielle menace à leur tranquillité.

    Il nous parait indispensable à ce stade que le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum informe les habitants du quartier de la réalité de la situation. Leurs représentants pas plus que l'ASLQH (association syndicale libre du quartier de l'Horloge) affirment avoir été tenus à l'écart des réflexions.

    C'est important car si l'on s'en tient strictement au projet de délibération du conseil de Paris, on ne voit pas trace du "centre" dont la consonnance est anxiogène. Le tweet de M. Caron-Thibault est-il un faux d'une personne mal intentionnée ? Il est très facile au Maire et à son Premier Adjoint de lever l'ambiguïté en se prononçant clairement sur le sujet.

    GS

     

  • Paris le parisien 01 03 19

    Paris, photo du quotidien "Le Parisien", avant l'incendie de Notre-Dame le 15 avril 2019

     

     

    La course à la mairie de Paris est ouverte. Les partis fourbissent leurs armes, les états-major préparent les alliances et les médias commentent. Notre association ne prétend pas refléter l'opinion générale des parisiens et n'est pas non plus forcément le miroir de Paris-centre mais elle puise sa vision de Paris dans les échanges qu'elle entretient depuis 12 ans avec un nombre croissant d'habitants qui nous lisent et réagissent. A ce jour, 2.125.684 pages de notre blog ont été lues, chiffre très proche de la population parisienne (la comparaison n'a bien entendu aucun sens…)

    Nous ne faisons pas de prosélytisme car il serait trop ardu pour nous qui sommes tous bénévoles de gérer une population d'adhérents qui pourrait aisément atteindre les 10.000 ou plus. Nous pensons simplement que l'opinion de ceux qui nous suivent n'est pas circonscrite au groupe qu'ils constituent. A ce titre, il y a tout lieu de penser que nos attentes sont aussi celles d'un très grand nombre de parisiens.

    Nous avons décidé de les faire connaitre à ceux qui souhaitent garder le pouvoir pour poursuivre leur tâche et à ceux qui veulent le conquérir. Nous leur demanderons de prendre connaissance des sujets qui nous mobilisent et sur lesquels nous attendons une réaction, des réponses et des engagements.

     

    Ce qu'on veut pour Paris. Les grands thèmes sont en caractères gras :

    • Arrêt de la densification de Paris intra-muros. Des espaces de respiration et de la verdure
    • Priorité à la propreté des rues et du mobilier urbain. La fin de l'affichage sauvage, des flyers et des graffiti. Arrêt de l'ouverture des parcs publics la nuit.
    • Pollution de l'air : interdiction progressive des véhicules à moteurs thermiques. Mesures immédiates contre les deux-roues bruyants et polluants. Instauration du stationnement payant pour les motos et scooters et mise en oeuvre de leur contrôle technique
    • Evolution progressive vers des véhicules tout électriques
    • Circulation autos/motos limitée dans les arrondissements centraux. Non concernés : les riverains et les véhicules de livraisons et de services, publics et privés. Attention renforcée aux conditions de déplacements des personnes à mobilité réduite.
    • Pérennisation de l'accès réservé aux piétons et circulations douces sur les voies sur berges avec obligation du contrôle des dérives festives nocturnes
    • Maîtrise des dépenses et équilibre budgétaire. Amorce de remboursement de la dette. Arbitrage sur les 300 Millions d'€ de subventions versées aux associations fantaisistes pour en finir avec le clientélisme dans ce domaine. Report des économies sur le budget propreté
    • Une police, municipale ou non, qui soit visible et qui sanctionne les incivilités : code de la route et de la ville, jets de déchets et de mégots sur la voie publique, tapage, lutte contre les nuisances sonores et l'occupation illégale du domaine public  par des activités marchandes (bars, restaurants…)
    • Une direction de l'urbanisme et du paysage de la rue qui fasse respecter les règles d'urbanisme et le PSMV (qualifiés désormais de  SPR "Sites Patrimoniaux Remarquables")
    • Une politique financièrement raisonnable de création de logements sociaux. Priorité de leur attribution à ceux qui sont au service de la société (policiers, infirmières, pompiers etc…)

     

    Ce qu'on ne veut pas à Paris, la version en creux de ce qu'on veut et,

    • Des hausses d'impôts
    • Des mesures communautaristes
    • L'invasion du tourisme de masse
    • L'anarchie dans les locations saisonnières
    • Les JO de 2024 sans référendum des parisiens
    • la Tour Triangle
    • Les tours du XIIIe 

     

    Gérard Simonet

     

  • Mairie du IIIeMairie du IIIe et de… Paris-centre

     

     

    Nous ne faisons pas partie des associations zélées qui tressent avec ardeur des lauriers à leurs Maires en attendant d'eux ces fameuses subventions dont nous dénonçons régulièrement la pratique et les excès. Nous ne sommes pas non plus des opposants systématiques prêts à tout dénoncer. Le Maire du IIIe Pierre  Aidenbaum le sait, lui à qui nous avons déclaré que nous n'étions pas dans l'opposition mais "dans la résistance".

    C'est dans cette posture que nous nous sentons à notre place. Nous résistons à la manipulation et à l'enfumage, à la concertation "citoyenne" dont les résultats sont décidés d'avance et les débats orientés par des apparatchiks de service. Nous ne suivons pas non plus ceux qui font profession de dénigrer sans discernement.

    Notre jugement, de notre point de vue, n'en a que plus d'objectivité.

    S'agissant de cet arrondissement, il y a plusieurs facettes à son caractère. Celle qui nous a fortement mobilisés au début des années 2000, fut la mono activité des grossistes-importateurs de maroquinerie. Le temps a fait son œuvre mais le Maire a eu la sagesse d'accompagner le dossier par des mesures douces telles que le recours à la SEMAEST (société d'économie mixte liée à la mairie de Paris) pour une aide au lancement de commerces diversifiés.

    Grav 13 - 15
    Boutiques nouvelles aux 13 et 15 rue des Gravilliers

     

    Il a ainsi favorisé la mutation des grossistes et la réhabilitation d’immeubles vétustes vers des activités diversifiées. D'autres décisions, cosmétiques en apparence telle que l'inversion du sens de circulation de la rue des Gravilliers, ont eu un effet bénéfique qui n'est pas contesté aujourd'hui.

    Le réaménagement de voies stratégiques de nos quartiers a modifié la voirie et en conséquence le paysage de la rue. C'est vrai pour les rues Beaubourg, Bretagne, Archives, Turenne, ND de Nazareth, Béranger et plus récemment le carrefour des Arts & Métiers et la rue du Grenier St Lazare ainsi que les trois portions de la rue Rambuteau IIIe et IVe. Le cadre de vie s'est amélioré et avec lui la qualité des commerces qui ont bien saisi l'opportunité qui se présentait d’accroître leur chiffre d'affaires et leur valeur ajoutée.

    Archives poste 1Trottoir devant la poste, 63 rue des Archives, en 2007, complètement dégagé aujourd'hui (Photo VlM)

     

    Le Marché des Enfants Rouges valut à Pierre Aidenbaum en 1995 son élection à la mairie du IIIe, contre son adversaire Jacques Dominati, victime de l'usure du pouvoir et de son intention de fermer le marché pour y créer un parking. Son succès aujourd'hui est éclatant. Sa proximité avec le Carreau du Temple fait de ces deux sites exceptionnels avec au centre la mairie, un pôle d'attraction qui témoigne à lui seul du renouveau du quartier.

    Le contexte changea en 2001 avec l'élection de Bertrand Delanoë à la Mairie de Paris. Un vaste programme immobilier fut déclenché dans le IIIe avec quelques rénovations spectaculaires comme la "Gaîté Lyrique" et le "Carreau du Temple". On eut le sentiment à cette époque que les ressources de la Ville de Paris étaient sans limite. Il faut dire que la municipalité de droite, sous la houlette de Jacques Chirac puis de Jean Tibéri, avait rempli les caisses sans qu'il ait été nécessaire de recourir à l'impôt.

    Les premières décisions en matière d'immobilier furent l'achat par la Ville de deux immeubles "de rapport" aux 3 et 5 rue des Haudriettes, pour un montant de 104 Millions de Francs en 2001, la transformation de la Cour de Venise, 12 rue Saint Gilles, en 75 logements sociaux et locaux artisanaux et  l'acquisition d'un des immeubles de la résidence des Arquebusiers.

    Cour-de-veniseLa Cour de Venise, 10-14 rue Saint -Gilles (photo Gavroche Père et Fils)

     

    On pouvait alors craindre l'explosion des achats par la Ville, au détriment de l'équilibre de ses finances. C'est bien ce qu'on a observé généralement à Paris, pour cette raison mais aussi et surtout à cause de l’augmentation massive de l'effectif municipal qui est passé de 40 à 55.000 agents. La conséquence, en dépit des hausses successives et massives des taxes foncières et d'habitation en 2009 et 2010, est que la Ville se trouve en 2019 face à un déficit budgétaire récurrent qui a porté la dette de 1 à 7 Milliards d'€, chiffre prévu pour 2020 !

    Dans le IIIe, cependant, la politique immobilière s'est appuyée sur une coopération public-privé qui a évité de surcharger inutilement la Ville. La réhabilitation de l'îlot Charlot-Pastourelle, celle des anciens bâtiments "aux arcades" de France-Telecom au carrefour Temple-Pastourelle, l'Hôtel d'Equevilly rue de Turenne, le 108 rue Vieille du Temple, ont laissé la main aux investisseurs privés, la mairie se contentant d'une part minoritaire affectée au logement social plutôt haut de gamme.

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     L'immeuble Temple-Pastourelle avant rénovation  ( à gauche – 2008) et après (à droite). (Photos VlM)

     

    Il n'y avait en 2001, abstraction faite du square du Temple devant la mairie et de petits jardins comme Georges Cain, rue Payenne et Léopold-Achille rue du Parc-Royal, aucun lieu de respiration, de verdure et de repos. On a bénéficié depuis de l'ouverture au public des jardins de Soubise et de Rohan (Archives Nationales) et de la création du jardin Anne Frank derrière l'Hôtel Saint-Aignan. On doit l'accès aux jardins des Archives Nationales à Frédéric Mitterrand alors Ministre de la Culture, sur simple demande écrite de P. Aidenbaum faisant droit à la pression d'un certain nombre d'habitants et d'associations comme la nôtre.

    Dans cet ordre d'idée, il ne faut pas oublier la création d'une bibliothèque-médiathèque au 10 rue Portefoin et de l'opération du "passage Ste Avoye", handicapé par un hangar désaffecté dans les années 2000 et défiguré jusqu'en 2012 par des graffiti de la pire espèce .

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     Passage Ste Avoye, 8 rue Rambuteau – 62 rue du Temple. Avant et après (photo VlM)

     

    La mairie n'a pris aucune part à cette rénovation réussie mais c'est elle qui a initié le mouvement en faisant détruire le hangar SERNAM pour y construire une crèche.

    Au chapitre de l'esthétique, il convient d'ajouter au bilan le ravalement du gymnase Michel le Comte, guère plus beau depuis mais décidément moins laid, la création du jardinet Temple-Haudriettes qui gagnerait à s'appeler "jardin de l’Échelle du Temple" par référence à l'Histoire plutôt que porter le nom de Renée Vivien, une poétesse d'origine anglaise dont l’œuvre est plus que confidentielle .

    On ne peut pas clore ce bilan sans parler du musée Picasso, se réjouir de sa rénovation mais regretter qu'il se soit livré à des animations commerciales indignes de son rang et génératrices de nuisances pour les riverains ; de la restructuration du musée de la Chasse et de la Nature avec l'annexion de l'Hôtel de Mongelas; et des travaux en cours qui ont transformé les bâtiments des ex "Nouvelles Galeries" au 64-66 rue des Archives en locaux de bureaux modernes destinés à la location. L'intervention du Maire, au terme d'un chantage vertueux, a été de monnayer son permis de construire contre la création d'une crèche entre la rue Charlot et la ruelle Sourdis.

    Bourg l'abbé bains douche zoom 20 06 12Les "Bains Douches" avant travaux (Photo VlM)

     

    Autres opérations de prestige : la réhabilitation des "Bains Douches" rue du Bourg l'Abbé, devenus un hôtel cinq étoiles, avec tous les bénéfices que peut en tirer la rue du point de vue de son entretien ; et au terme d'une longue saga, l'affectation et les permis de modifier les Hôtels de Vigny et de Croisilles, 10 et 12 rue du Parc Royal. L'hôtel de Vigny devient le siège de MARIAGE Frères avec boutique et salon de thé, l'Hôtel de Croisille irait suivant nos sources à un industriel, l'Atelier Mériguet-Carrère, qui s'illustre depuis 45 ans dans des techniques ancestrales de peinture, de décoration et de dorure. Il ne méritait rien de moins que le Marais pour y établir son siège.

    L'immeuble au-dessus de la Poste rue de Saintonge était inoccupé. La Ville l'a racheté à travers le bailleur-social RIVP pour le transformer en logements PLAI (ressources 20 943 €/an pour 2 personnes), PLU (34 904 €) et PLS (45 375 €) à raison d'un tiers pour chaque catégorie.

    Il reste le plus gros pour la fin : l'inauguration de l'ensemble immobilier réhabilité du 25 rue Michel le Comte et le transfert à la Ville de la caserne des Minimes (rues du Béarn, des Minimes, St Gilles et des Tournelles) pour une vaste transformation débouchant sur la création de logements supplémentaires, d'une dizaine de boutiques d'artisans, d'un vaste jardin ouvert au public et d'une crèche. Situé à deux minutes de la place des Vosges, cette nouvelle résidence bénéficiant des conditions des logements sociaux n'aura pas trop de mal à trouver des amateurs. 

    MinimesLa caserne des Minimes (Wikipédia)

    D'un point de vue plus qualitatif, on constate que l'arrondissement est devenu le centre mondial de l'art contemporain avec 90 galeries d'art qui excellent dans cette discipline. Il abrite de nombreuses entreprises de co-working, des cabinets d'architecture et d'urbanisme et de design. Autre constatation : le nombre de places en crèches est tel désormais qu'il n'y a plus de liste d'attente !

    Il existe un sujet d'inquiétude cependant : les locaux très nombreux et très vastes qui servaient d'entrepôts aux grossistes-importateurs maroquiniers avant qu'ils migrent massivement vers Aubervilliers se convertissent en "résidences hôtelières". C'est une variante à Airbnb, préoccupante car ces locaux ont déjà une destination "commerciale" et n'ont pas besoin de déclaration de changement "d'habitation" vers "commercial" à la mairie de Paris. La règle des 120 jours, qui concerne la résidence principale, ne s'applique pas non plus. 

    Le rythme de ces transformations est de plusieurs locaux par mois. Des rez-de-chaussée mais aussi des étages, quelques fois des immeubles entiers. L'économie coopérative est en marche et on serait mal inspirés de s'en émouvoir outre mesure mais il y a là une problématique particulière qui vient du fait que l'activité de "résidences hôtelières" exerce une concurrence déloyale à l'hôtellerie traditionnelle. Il semble souhaitable qu'une action normative soit entreprise par les pouvoirs publics pour que ce marché continue à se développer en l'absence de distorsions administratives et fiscales préjudiciables à un secteur majeur de l'économie et au voisinage résidentiel.

    Un  voisinage résidentiel à qui il arrive de souffrir aussi du comportement d'établissements recevant du public qui pensent qu'on peut faire du clubbing dans des locaux dont l'insonorisation est impossible. Ou qu'il est admissible de laisser ses clients à des heures tardives consommer, fumer, s’interpeller bruyamment, se disputer et dealer sur l'espace public. Le IIIe a eu son lot de dérives de cette espèce. Une étroite coopération entre les collectifs de riverains que nous accueillons dans l'association, le Commissaire de police et le Maire, sous  le contrôle de la Préfecture de police, a généralement raison de ces nuisances en reconnaissant toutefois que rien n'est acquis dans ce domaine et que ces situations ont une fâcheuse tendance à apparaître et prospérer du fait de la forte attractivité de nos quartiers.

    Gérard Simonet