Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Logement

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    Quincampoix 101 résid; hôtelière 25 04 18Rue Quincampoix au n° 101 (IIIe) : un local commercial qui se destine désormais à l'hébergement hôtelier

     

     

    Le propriétaire de ce local commercial qui comprend un rez-de-chaussée et un entresol sur rue se dispose, comme beaucoup d'autres, à le transformer en "résidence hôtelière". On va devoir s'habituer à ce concept qui s'inscrit aux côtés de la location saisonnière de la résidence principale. Celle dont on a beaucoup débattu à propos des 120 jours…

    En réalité, tandis que ce sujet occupait la scène, de nombreux propriétaires de locaux commerciaux dans nos quartiers, ceux-là dont on s'est beaucoup plaint dans les années 2000 car ils géraient des entrepôts d'articles inflammables et alimentaient un trafic de camions de livraisons préjudiciable à la tranquillité des résidents, se retrouvent aujourd'hui avec de larges espaces disponibles.

    Ils ont réalisé, avec l'explosion du tourisme de masse et la demande d'hébergement qui en résulte, qu'ils disposaient là d'une nouvelle source potentielle de revenus, pourvu qu'ils fassent les transformations nécessaires. A leur égard les contraintes municipales qui visent les propriétaires de leur résidence principale ou les investisseurs de logements locatifs meublés dont le statut "commercial" est quasiment impossible à obtenir, ne les concernent tout simplement pas.

    Car ils ont déjà le statut commercial.  Il n'est donc pas nécessaire pour eux de l'obtenir de la mairie de Paris, avec à la clé des compensations qui sont une course d'obstacles digne d'un steeple chase. Il n'y pas lieu non plus d'affronter le syndicat des copropriétaires qui peut s'opposer à l'exercice d'une activité de nature commerciale dans des logements dont la destination originelle est l'habitation.

    En clair pour eux la voie est libre, pour autant qu'ils respectent les dispositions nouvelles qui obligent le loueur à se déclarer en mairie et cela va de soi à déclarer ses revenus et payer ses impôts.

    Faut-il s'en alarmer ? A priori pas nécessairement. Les activités du passé, la vente en gros essentiellement, n'étaient pas propices à la qualité de vie et à l'environnement. Elles se sont largement déplacées vers des territoires qui, comme Aubervilliers, offrent un cadre beaucoup plus favorable à leur épanouissement qu'il s'agisse de la place disponible ou des facilités d'accès. L'accueil de touristes ne comporte pas que des avantages mais c'en est fini au moins de ces nuisances-là et on peut penser que d'autres destinations, la restauration par exemple, auraient aussi leurs inconvénients.

    Il faut rappeler que les résidents ont toujours leur mot à dire contre un comportement de nouveaux venus non respectueux de leur tranquillité. Ils peuvent le faire sur la base du règlement de copropriété qui généralement inclut des dispositions qui protègent les résidents et par référence au code de la santé publique avec intervention de la Préfecture de police si les niveaux de bruit constatés sont passibles de procès-verbaux.

     

  • Justice-balanceDura lex, sed lex…

     

     

    <Service-public.fr>, le site site officiel de l'administration française, a publié le 13 avril une information qui intéresse ceux qui, locataires, souffrent de troubles de jouissance du bien dont ils ont la disposition. Le propriétaire est responsable envers le locataire des troubles de voisinage causés par les autres locataires ou occupants de l'immeuble.

    C'est ce que rappelle la Cour de Cassation dans une décision du 8 mars 2018.

    La décision concerne, si nous comprenons bien, un bailleur social qui a la charge d'un immeuble dont un locataire se plaint de nuisances sonores causées par un autre locataire. Le cas ne doit pas être rare mais la jurisprudence ainsi créée devrait être applicable aux nuisances causées par un immeuble adjacent ou voisin dont le propriétaire est différent.

    La question n'est pas innocente car elle concerne la rue Pierre au Lard (IVe). Les nuisances proviennent d'une extension du bar-restaurant le Who's, 14 rue St Merri et elles affectent des résidents du 16 de la rue, dont l'immeuble est propriété du bailleur social Paris-Habitat, et des résidents du 12 rue St Merri et du 24 rue du Renard. Il y a dans ces adresses un immeuble adjacent et deux immeubles voisins mais séparés par le boyau que constitue la rue Pierre au Lard.

    Si l'on se fie à la décision de la Cour, Paris-Habitat peut être mis en demeure de conduire de son côté une procédure à l'encontre de l'exploitant visé par la plainte des riverains, pour autant que l'affaire entre dans le champ de l'affaire jugée.

    Le collectif  Pierre au Lard

     

     

  • BarresCarrefour rue des Barres/rue François Miron (IVe)

     

     

    Plainte d'un riverain de la rue François Miron au Maire du IVe, le 15 avril :

    "Actuellement il y a 3 personnes imbibées d'alcool sur un matelas positionné sur la voie publique depuis 2 mois. Il y a une famille qui vit au RdC du bâtiment avec 2 enfants. Cette famille vit avec les volets extérieurs fermés et les fenêtres fermées 24h/24. Des affaires sont posées sur le rebord de ses fenêtres. Entre le bruit des injures régulières (souvent entre eux) et les odeurs, cette famille est confinée. Accepteriez-vous de vivre vous même dans ces conditions ?"

     
     Qui fait suite à cette mise au point du cabinet du Maire, le 12 avril :

    "Cela faisaient des semaines que les policiers essayaient de convaincre les deux jeunes propriétaires des tentes de rentrer chez eux (apparemment ils ont des logements) pour éviter de recourir à l’éviction (dont l’ordre préfectoral se faisait attendre).
    Nous avons fait nettoyer la rue et jeter les affaires abandonnées à l’exception d’un matelas appartenant à un SDF de la rue des Barres. Concernant ceux-ci, j’ai demandé à la police une extrême vigilance car en effet ils peuvent parfois se montrer agressifs mais ils ne peuvent faire l’objet d’une procédure. Les policiers et les maraudes passeront régulièrement pour éviter tout débordement.

     

    Et à cette intervention du riverain le 11 avril :

    Il a été signalé deux sites à la mairie. Le premier rue du Grenier sur l'Eau où effectivement les trois tentes sont parties et où la Ville nettoyait la rue ce matin.

    Le 2ème site qui se trouve devant la bouche d’aération en RdC à l’angle rues François Miron/des Barres est toujours d’actualité. Il s’agit d’un campement sauvage où les affaires sont déposées sur les rebords d’une fenêtre du RdC d’un appartement où réside une famille avec deux enfants. Ce matin, je suis moi-même passé avec mes 2 enfants et j’ai essuyé des invectives de personnes complètement alcoolisées à 8h00 du matin. Ce deuxième site ne présente donc aucune évolution favorable.

     

    Auparavant,  le 10 avril, la mairie expliquait :

    Les tentes de la rue du Grenier sur l'Eau ont disparu dans la matinée même si quelques affaires du campement perdurent sur les bancs (j’ai d’ailleurs demandé à les faire enlever).

    Restons toutefois vigilants afin de pouvoir réagir, en cas de réinstallation, dans les 48h imparties.

     

    Et le riverain de la rue des Barres, le 10 avril, répondait :

     
    Il est exact que les trois tentes ont disparu ce matin. Par contre l'autre bande de SDF d'Europe de l'est est toujours là. À 19h00 ce soir ils étaient 7 tous bien imbibés. Voilà la situation pour aujourd'hui.

     
    Ces échanges mis bout à bout peuvent paraitre confus. Mais la situation l'est tout autant. D'un côté des habitants qui exigent légitimement un minimum d'ordre et de salubrité. De l'autre, des membres du cabinet du Maire et le Maire lui-même qui ont la volonté sincère de donner satisfaction à leurs administrés mais sont attachés à la pensée humaniste qui interdit toute brutalité, dans le cadre d'un État de droit qui leur mesure les moyens d'agir notamment à travers sa police.
     
    C'est donc l'impasse. Quand bien même Ariel Weil, qui a fait beaucoup jusqu'à présent pour loger les sans-abris, trouvait d'autres hébergements en quantité il se heurterait d'abord à ceux qui n'en veulent pas ensuite à un afflux de demandeurs renseignés par le bouche à oreilles.
     
    Comme pour l'affichage sauvage dont on a parlé précédemment, nous sommes face à un problème de société qui s'étend à la planète entière et qui n'a pas aujourd'hui de solution radicale. On va donc continuer à s'invectiver, se justifier, se plaindre, s'accuser, râler, et voter en conséquence pour ceux qui auront su capitaliser le mécontentement. Avec trop souvent le choix facile de pousser la poussière sous le tapis ou de passer à d'autres les mistigris qui nous encombrent.
     
    GS
     
     

     

  • Locations saisonnières st antoine valises roulettes floutée 12 03 12Valises à roulettes symptomatiques de la location touristique, rue Saint Antoine (IVe)

     

     

    Les Maires des IIIe et IVe, Pierre Aidenbaum et Ariel Weil, ont rassemblé le 14 mars une quarantaine de personnes place Baudoyer pour les informer de la situation des locations saisonnières dans leurs arrondissements et faire le point des dispositions réglementaires et législatives qui visent à les maitriser. Jean-François Martins, Maire-Adjoint de Paris en charge du tourisme (et du sport, notamment des JO de 2024 !) était à leurs côtés, sans doute pour prendre la température d'un dossier qui ne peut le laisser indifférent au regard de sa mission.

    Pierre Aidenbaum a annoncé en préambule que les décisions en la matière ne sont pas du ressort des mairies mais du législateur. Encore faut-il que les décrets d'application soient publiés et on sait que c'est souvent très long ! On a compris par exemple que le principe de l'imposition directe des loueurs avait été voté mais que Bercy tardait à finaliser… C'est dans cette voie que se trouve pourtant la parade à l'évolution anarchique de cette activité caractéristique de l'économie numérique. Il a constitué jusqu'à présent une source d'évasion fiscale sur laquelle il semble pourtant aisé d'agir dans la mesure où les plateformes ont l'obligation de communiquer les données dont elles disposent, à savoir l'identité des loueurs et le montant des sommes réglées.

    Les Maires ont rappelé leur souhait de voir le nombre de nuitées autorisées alignées sur Barcelone et Amsterdam (60 nuitées) ou même New York qui n'en autorise que 30, alors que le chiffre est de 120 à Paris.

    Cependant, on l'a dit à plusieurs reprises, cette contrainte ne s'applique qu'à la location de la résidence principale. Il est vrai qu'on peut avoir des doutes sur la réalité d'une résidence principale qu'on est capable de louer quatre mois dans l'année… La dérive générale qui pousse le marché vers la location saisonnière et dépeuple nos quartiers de ses habitants n'est vraiment pas due à la location des résidences principales mais à la transformation du parc immobilier en locations hôtelières.

    Cette mutation a deux composantes. La première est le fait de propriétaires non résidents qui s'écartent de la location traditionnelle nue ou meublée pour louer aux touristes de passage. Si leur copropriété l'accepte et s'ils sont déclarés, ils contribuent au tourisme et alimentent la caisse de la mairie par la taxe de séjour et de l’État par leur imposition sur le revenu. Ce que nos  présumons, c'est que l'évasion est forte parmi eux car l'administration municipale et l’administration fiscale ont pour le moment des moyens de contrôle et de poursuite limités. P. Aidenbaum a cependant fait état d'une augmentation sensible du nombre de contrôleurs.

    Le Premier Adjoint du IIIe Gauthier Caron-Thibault a regretté une situation qui ne favorise pas la mixité sociale. Il a raison mais pourquoi ne pas reconnaitre qu'on s'est acharné depuis 1982, loi après loi, à rendre la location traditionnelle non attractive pour celui qui loue. La mixité sociale n'est  pas pour le propriétaire un but en soi. En convenir est un premier pas dans la bonne direction.

    L'autre composante est plus préoccupante. Nous en avons déjà parlé car nous suivons de près le Bulletin Municipal Officiel et nous voyons bien la progression du nombre de locaux commerciaux qui déposent une demande d'autorisation de travaux en vue de réaliser du logement hôtelier. Le maire du IIIe a révélé que 75 locaux se sont transformés ainsi dans le centre de Paris depuis le début de l'année.

    La location saisonnière est qualifiée d'activité à statut commercial. Si des investisseurs décident d'affecter les logements dont ils sont propriétaires à la location touristique, ils doivent obtenir de la mairie une autorisation de changement de statut d'habitation à "commercial". La mairie de Paris a tout fait pour rendre ce changement impossible et on ne peut pas lui en vouloir au nom de la préservation de l'habitat. Mais si les locaux sont déjà commerciaux, aucune demande autre que d'urbanisme n'est nécessaire et aucun contrôle ne peut s'appliquer au-delà de la déclaration d'exercer qui est maintenant obligatoire.

    Pierre Aidenbaum s'en est plaint en révélant des chiffres : 250 plateformes de location à Paris, 50.000 annonces rien que pour Airbnb, augmentation du pourcentage de résidences secondaires (de 17,8 % à 22,4 % dans le IVe), 1.500 logements transformés pour la location courte durée à Paris qui enregistre tout de même 15.000 déclarations d'entrée sur ce marché…

     

    Grossiste cartons temple

     

    L'exposé de la situation et les chiffres laissent un sentiment de grande confusion. Mais dans un désordre comme celui-là une forme de créativité peut se manifester. On s'est plaint longtemps dans le Marais de la surface affectée à l'entreposage de marchandises généralement inflammables, et du va-et-vient continu des camions de livraisons dans nos ruelles étroites. On entrevoit maintenant d'autres usages, qui n'ont pas tous les avantages mais peut-être moins d'inconvénients.

    Le nombre de ces locaux commerciaux n'est d'ailleurs pas illimité et la demande de logements "résidence principale" reste élevée chez nous si on en juge par les prix. Le chaos d'aujourd'hui pourrait être la voie vers un nouvel équilibre entre le résidentiel, les hôtels de tourisme, la location hôtelière, l'entreprise (y compris le co-working) et le commerce de détail et de gros. Il est probable que la population de nos quartiers continue de baisser mais dans des proportions qui n'ont rien de préoccupant étant donné la forte densité de notre habitat, la plus élevée d'Europe.

    GS – PM

     

     

  • Vieille du temple foule dimanche 28 06 10 zoomLa rue Vieille du Temple (IVe) un dimanche en 2012. L'hôtel Amelot de Bisseuil (Ambassadeurs de Hollande) à droite au 47 n'était pas encore restauré (Photos VlM)

     

     

    On est souvent tentés, c'est une des caractéristiques de l'espèce humaine, d'idéaliser le temps passé. Georges Brassens lui a consacré une de ses chansons avec un refrain qui nous dit qu'il "est toujours joli le temps passé ". Il n'est donc pas inutile de rétablir une vérité quand manifestement le souvenir qu'on a des choses et des évènements est altéré par le temps.

    Ainsi en est-il de nos rues. Dans leur livre "Seize promenades historiques dans Paris", éditions Du Retour, Maurice Garden et Jean-Luc Pinol brossent un tableau sans complaisance de divers quartiers qui vont des Champs Elysées à la rue Vieille du Temple en passant par la rue Moufetard, la Butte aux Cailles ou la rue d'Oberkampf…

    Notre vieille rue du Temple y occupe une bonne place. Il est intéressant de revoir ce qu'elle était, avec toujours ce rôle important de lien entre le IIIe et le IVe, entre le nord et le sud, entre la Seine et les anciens marécages qui ont donné leur nom à notre Marais, entre Saint-Paul résidence des rois et l'enclos du Temple, siège des Templiers.

    La restauration du secteur sauvegardé touche à sa fin. Cet Hôtel des Ambassadeurs de Hollande qui en en est un des plus beaux fleurons n'a plus la mine triste que nous lui avons connue.

    Vieille du t 47 façade sur rue Façade sur rue de l'Hôtel des Ambassadeurs de Hollande en 2018, 43-45-47 rue Vieille du Temple (IVe)

     

    Au-delà de notre observation toute récente, que nous apprennent les auteurs des "16 promenades" ?

    Qu'au début du XXème siècle, tous les immeubles de la rue Vieille du Temple ont au moins une boutique sur rue avec souvent un  atelier sur cour, et un nombre considérable de commerces alimentaires et notamment celui qui peut paraitre extravagant : le débit de vin, associé à un autre produit comme le tabac ou le charbon.

    Sur 120 adresses ouvertes au public, 74 boutiques vendent du vin ce qui, compte tenu de la longueur de la voie (855 mètres) revient à un débit de vin tous les 12 mètres.

    Le vin n'est jamais vendu seul. Ces boutiques proposent les produits nécessaires à la vie quotidienne, ce qui nous fait dire aujourd'hui, par contraste, qu'on manque de commerces de proximité.

    Il y avait un revers à cette médaille : une forte densité de population vivant dans des immeubles insalubres fortement dégradés par la présence d'activités industrielles et commerciales. Elles ont quitté le Marais pour s'installer ailleurs ou disparaitre. La population on le sait a socialement changé. La moitié des habitants de la rue sont partis et la moitié restante s'effrite au profit de touristes qui ont recours aux locations saisonnières.

     


  • GARE-DU-NORD-2050
    Gare du Nord 2050 !

     

     

    C'est ainsi que des urbanistes voient Paris en 2050. Vision de cauchemar pour beaucoup d'entre nous même ceux que leur âge place en dehors de l'épure ! Un ancien élu du IIIe Yves Contassot, élu du XIIIe maintenant et conseiller de Paris, rejoint la foule des opposants à la construction de tours à Paris et veut même la conduire.

    Il milite pour un référendum sur le sujet. Il serait temps car le signal est déjà donné pour la Tour Triangle dans le XVe, et dans le XIIIe on comprend que M. Contassot ait une indigestion de tours. D'ici 2020 il verra fleurir : les tours "DUO" de Jean Nouvel, de 122 et 182 mètres de haut prévues pour héberger 96.000 m² de bureaux un hôtel 4 étoiles sur 12.000 m² et les incroyables  "Wood'up" ou "tours de bois", des constructions en bois de 50 mètres de haut avec 17 étages d’habitations

    Tour boisDuo
     

    Les "Wood'up" à gauche et les tours "Duo" à droite, qui ont trouvé à Pise leur inspiration

     

    Yves Contassot a donc décidé de lancer une pétition. Ce n'est pas faire allégeance à son parti ni à aucun autre de dire qu'on a de la sympathie pour cette initiative. On est d'ailleurs sensible à la lecture de son argumentaire : il comporte des "postulats" qui sont ni plus ni moins les nôtres depuis que nous communiquons sur les questions d'urbanisme à Paris. Qu'on en juge par ses déclarations (extraits) :

    • Parce que nous refusons de  densifier davantage Paris, une des villes les plus denses du monde. Ce dont nous avons besoin, ce sont de nouveaux espaces de respiration
    • Parce qu’il faut laisser davantage d’espaces « non construits » à Paris.
    • Parce qu’il n’y a pas assez d’espaces verts à Paris
    • Parce que  les objectifs mis en avant pour construire des tours à Paris ne sont pas pertinents, la hauteur …reflet d’une volonté de montrer son pouvoir plutôt que souci de modernité, que l’image d’une ville tient … à d’autres critères, que la spécificité de Paris c'est son bâti historique, son urbanisme, et son paysage longtemps homogène avec hauteur limitée. S’aligner sur les villes qui courent après les tours, c’est banaliser Paris, c’est l’enlaidir, c’est abîmer son image et prendre le risque de faire fuir une partie de la population …
    • Parce que les tours ne créent pas de logements supplémentaires
    • Parce qu’il est inutile de construire de tours de bureaux pour développer prioritairement l’emploi à Paris
    • etc …

    Le-13eme-2050Vision futuriste du XIIIe arrondissement

     

    Nous retrouvons dans cet argumentaire la colonne vertébrale de notre ligne éditoriale en la matière. Pour soutenir l'initiative de cet élu, dans une démarche qui n'est pas un engagement politique pour autant, il suffit de prendre contact avec lui en cliquant dans ce lien

    GS

     

  •   Hotel_yoomaLe "Yooma Lodge" un nouvel écosystème hôtelier à Paris

     

      

    La lecture des BMO (Bulletin Municipal officiel de la Ville de Paris) est toujours instructive et intéressante car au fil des pages nous découvrons des informations dont nous n’avons pas connaissance.

    C’est ainsi et il faut vraiment le souligner que les derniers numéros (décembre et début janvier plus spécifiquement)  font état  de déclarations préalables  de plus en plus nombreuses déposées à la DU (Direction de l’Urbanisme)  tant dans le IIIe que le IVe (mais aussi dans de nombreux autres arrondissements) précisant  le changement de destination de locaux commerciaux  ou de bureaux  en hébergement hôtelier. Il s’agit alors de logements présentant la particularité, selon la définition, de n'être "occupés que par une clientèle de passage dans le cadre d'un séjour dit « touristique », à  la journée, à la semaine  ou au mois."  Comme il ne s’agit pas d’un changement d'usage mais d'un changement de destination, les textes n’imposent aux propriétaires qu'une "Déclaration Préalable" d'urbanisme.

    Voilà pour Paris notamment, un autre trou dans la raquette, tout à fait légal, que l’on se garde bien de mettre en exergue  et qui pourtant  participe à  la raréfaction de l’offre de locaux d’habitation qui font défaut, renchérissent les prix de l’immobilier et favorisent les locations touristiques ou saisonnières même si elles portent dans ce cas un autre nom, « hébergement hôtelier ». Le législateur ferait bien de se pencher sur ce sujet.

    Parmi les autres informations, citons les demandes de la Direction de la voirie et des déplacements (DVD) de prolongation de la piste cyclable rue de Rivoli (de la rue des Archives à la place de la Concorde) avec « implantation de séparateurs » et celle relative à l’aménagement des abords du Carreau du Temple et de la mairie du IIIe.

    Enfin signalons dans le cadre des diverses augmentations du début de l’année (BMO du 5 janvier 2018), celles des droits de voirie concernant non seulement « les ouvrages et objet en saillie » mais surtout celles portant  sur « les étalages et terrasses ». Différentes désignations des ouvrages et objets sont répertoriés  selon 5 catégories qui occasionnent la perception de droits annuels. Mentionnons à titre d’exemples le cas des terrasses ouvertes dont la fourchette de prix annuel au mètre carré varie selon la catégorie entre 237,04  et 1.338,22 € et celui des terrasses fermées dont les montants respectifs sont entre 389,99  et  2.206,22 €, ce qui au demeurant n'est pas phénoménal face au chiffre d'affaires généré par ces extensions.

    Nous oublions… la hausse appliquée est de 1%.

    Dominique Feutry

     

     

  • Rupin 08 01 18Pacôme Rupin dans son bureau (à gauche) avec Dominique Feutry et Anne Lebreton, (à droite) élue LREM mairie du IVe. Derrière l'objectif, Gérard Simonet

     

     

    Après Élise Fajgeles, Députée de la 5ème circonscription, c'est  Pacôme Rupin, Député de la 7ème qui nous a reçus en compagnie d'Anne Lebreton, chargée des solidarités, la protection de l’enfance, les personnes âgées et autonomie, l’accueil des réfugiés et l’hébergement d’urgence, pour parler de notre arrondissement dans le cadre évidemment plus large des questions de stature nationale.

    L’occasion nous a été ainsi donnée de faire le point sur un certain nombre de dossiers. 

    En ce qui concerne les travaux à l’assemblée nationale, P. Rupin a indiqué qu’ils étaient denses et que ceux-ci allaient continuer sur la même tendance. Nous avons souligné combien nous avions apprécié  son implication avec  Élise Fajgeles,  députée de la 5ème circonscription, en organisant des réunions avec les parisiens sur la problématique des locations saisonnières.

    Concernant  spécifiquement les dossiers parisiens nos interlocuteurs  n’ont pas caché que les grands sujets devaient être abordés avec une vision « Grand Paris » et non Paris intramuros, une anomalie aujourd’hui dans la prise de décisions. Ainsi pour le logement social il a été clairement dit qu’il fallait stopper les acquisitions immobilières à prix élevé pour réaliser des logements sociaux devenus trop coûteux et s’intéresser par exemple à la petite couronne. Il y a 14% de logements sociaux dans le IVe et à ce sujet les élus se félicitent que leurs propositions aient été retenues dans le cadre de l’aménagement des bâtiments du boulevard Morland libérés par le départ notamment de la direction de l'urbanisme dans le XIIIe arrondissement.

    Il semble partager notre jugement sur ces questions pour dénoncer la politique dispendieuse de la municipalité actuelle qui fait du logement social à crédit sur l'accroissement de la dette de la Ville, en tortillant les règles de bonne gestion financière.

    Berge rive d pont LPh 25 03 17Promeneurs sur les berges au pont Louis-Philippe (Photo VlM)

     

    Concernant les transports Pacôme Rupin regrette que les quais aient été fermés avant que soient mis en place les moyens alternatifs en matière de transports en commun mais son avis comme celui d’Anne Lebreton est que cette fermeture est irréversible car très appréciée par les parisiens et les touristes.

    Pacôme Rupin nous explique qu'il n'y a pas lieu de s'attaquer à la voiture en tant que telle mais qu'il faut décourager ceux qui s'en servent sans en avoir strictement le besoin. Tant il est vrai que la mécanique des fluides nous enseigne qu'une baisse même légère du débit est susceptible de transformer un état turbulent en un écoulement laminaire, c'est à dire ordonné…

    Ste catherine 2 nov 17Rue Caron vue de la place du Marché Ste Catherine (IVe) (Photo VlM)

     

    Nous sommes revenus sur le sujet des terrasses en citant les cas de la place du marché Sainte-Catherine et celui de la rue Bourg Tibourg. La réponse  sur ces abus est qu’il faut davantage de sévérité et des amendes plus élevées… Peut-être que le nouveau maire du IVe se saisira de ce dossier pour son arrondissement. La rue du Trésor est citée, nous soulignons combien elle avait perdu de son lustre, l’aménagement végétal étant totalement délaissé ou presque. La propreté est lui aussi un sujet sensible et Pacôme Rupin estime que l’organisation et le traitement de cette question est à revoir de fond en comble… Nous soulignons de notre côté qu’il s’agit d’un point noir, un quasi échec de la municipalité actuellement en place.   

    Il en conclut qu'il est nécessaire par ailleurs d'aggraver les sanctions à l'encontre de ceux qui abusent de l'espace public dans une quasi impunité. Dès qu'il aura trouvé le bon véhicule législatif, il préconisera l'adoption d'une politique plus répressive en la matière. On va suivre avec attention…

    En ce qui concerne le regroupement des 4 premiers arrondissements nos interlocuteurs sont convaincus, persuadés qu’il s’agit d’une très bonne décision qui générera des économies des lors que les services seront regroupés et que les locaux vacants trouveront une destination appropriée. plus convaincus que nous qui savons que les grandes directions opérationnelles (propreté, voirie/déplacements, urbanisme) sont déjà structurées sur une logique qui ne doit rien aux arrondissements et que les gisements en économies de personnel sont à peu près limités aux maires et à leurs adjoints…

    Nous avons abordé les jeux olympiques et précisé que nous n’étions pas favorables car cela va beaucoup perturber la  vie des parisiens, sachant que la plupart des sites olympiques pour les épreuves et pour l'entrainement seront à Paris même.  Notre avis n’est pas partagé, les JO restent une opportunité pour l’attractivité de Paris et ne s’étaleront pas sur une période si longue nous a-t-il été rétorqué.

    S'agissant de Paris et des municipales de 2020, il fait peu de doute à ses yeux que son parti LREM présentera un candidat. Il n'est pas désigné encore, mais Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, qui est souvent cité pour concurrencer la maire sortante, est un candidat possible.

    Au-delà des sujets d'actualité qu'on a passés en revue car ils rappellent des souvenir au Député, la place du Marché Ste Catherine transformée en casemate, l'affaire de "L'Etincelle" dont l'issue est piteuse et les soubresauts de la boite de nuit de la rue Pierre au Lard, ce sont bel et bien de thèmes éligibles du parlement que nous avons parlé, en nous donnant rendez-vous pour la saison prochaine….

    Gérard Simonet

    Dominique Feutry

     

     

  • Démographie 20 minutesLa foule à Paris (Photo 20 minutes)

     

     

    Le "Maron Institute of Urban Management" – New York University – New York, NY 10011, a été attentif à notre article du 29 décembre 2017 qui traitait de la légère baisse de la population parisienne entre 2010 et 2015 et de nos commentaires sur la migration des entreprises et des habitants vers la petite couronne.

    Réaction d'Alain Bertaud, urbaniste international, du Maron Institute :

    "Au sujet des densités urbaines, dans la grande majorité des grandes villes du monde les densités résidentielles diminuent dans le centre (Paris intra muros peut être considéré comme le centre ville de l'Ile de France). Même dans les villes qui construisent encore des gratte-ciels dans leur centre ville la densité diminue si les villes restent prospères Shanghai, Séoul, etc. 

     

    De plus hauts revenus est synonyme de plus d'espace plancher, non seulement pour les logements mais pour les services, écoles, restaurants, salles de gym, etc. 

     

    Prenez connaissance de  l'article paru dans le Wall Street Journal sous la signature de Solly Angel du Maron Institute qui a étudié l'évolution des densités de 200 villes du monde (Télécharger l'article "In praise of urban sprawl" (Apologie de l'étalement urbain)

     

    Toujours friands de plaisanteries, comme le sont les anglo-saxons, l'auteur nous livre cette réflexion : "Dense urban living discourages child rearing. It is no surprise that there are 80,000 more dogs than children in San Francisco". (Un habitat trop dense décourage la natalité. Il n'est pas surprenant qu'il y ait 80.000 chiens de plus qu'il n'y a d'enfants à San Francisco).

     

    GS

     

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    Vue de la façade 106-108 rue du Temple (IIIe) de l'immeuble concerné par l'opération de logements sociaux et ayant abrité de 1920 à 1925 un central téléphonique 

      

     

    La mairie du IIIe, constatant la baisse du nombre des habitants de l'arrondissement  (l'article du Parisien du 02 janvier 2017 intitulé "Paris perd des habitants : Airbnb pointé du doigt" avance, s’appuyant sur les chiffres de l'INSEE, – 0,30% contre – 1,00% pour le IVe), estime sans doute détenir la solution miracle et pouvoir endiguer le phénomène qui touche aussi les autres quartiers du centre de Paris en augmentant de façon significative le parc de logements sociaux. Pourtant la loi SRU-renforcée par la loi ALUR- qui a instauré des quotas de logements sociaux, n'a jamais précisé que ceux-ci devaient l'être aussi par arrondissement.

    Après l'annonce de l'importante opération d'aménagement de 70 logements sociaux dans la caserne des Minimes (notre article du 28 novembre 2017), une nouvelle opération vient d'obtenir l'agrément de la Direction de l'Urbanisme (Bulletin municipal officiel  de la Ville de Paris du 12 décembre 2017) aux 106-118 rue du Temple (non loin de l'aménagement d'un hôtel de luxe, notre article du 04 septembre 2017), 61-67 rue des Archives et 23-35 rue Pastourelle (IIIe) dans des locaux "Art Déco" dus à l'architecte François Le Cœur, occupés par France Telecom, attenant à la Poste des Archives.

    Une partie des logements feront face aux Hôtels de Villeflix, de Montescot, de Tallement, Le Pelletier de Souzy (notre article du 24 juillet 2017) et, en diagonale, à l'Hôtel de Tallard (voir notre article du 19 août 2014). 

    En l'espèce l'annonce stipule (page 4591): " Restructuration avec changement de destination partielle d'un bâtiment de bureaux  de 3 étages sur 2 niveaux de sous-sols,  sur rue et cour, en habitation (29 logements sociaux créés), avec construction de mezzanines du rez-de-chaussée au dernier  étage, démolition partielle du bâtiment côté arrière pour agrandissement de la cour dédiée aux logements, modification des liaisons verticales, création de rampes d'accès aux sous-sol avec diminution de places de stationnement (14 au lieu de 21), modification  de la façade du rez-de-chaussée côté rue pour création d'accès aux logements , local poubelles et bureau avec habillage de la façade des  bureaux et dépose des équipements techniques  en toiture-terrasse avec implantation de souches de cheminées. Surface supprimée : 676 m2. Surface créée : 460 m2. Surface totale : 9 3712m2.- Date d'enregistrement 03-11-2017." 

     

    Vue des bâtiments concernés par l'aménagement prochain de logements sociaux 61-67 rue des Archives (IIIe)   

     

    Cette volonté de favoriser les logements à tout prix n'est-elle pas devenue une chimère compte tenu des coûts, donc de l'endettement (jusqu'à 60 ans pour certains emprunts) et de la charge de la dette ainsi générés que supporte la collectivité, sans oublier le coût futur des immanquables travaux périodiques d'entretien qui seront effectués ? Lire l'analyse qu'en fait RT France. Il s'agit même, alors que l'on en connait tous les désagréments pour notre pays, de faire porter une partie du remboursement de la dette aux générations futures !

    Nous l'écrivions il y a peu encore, cette situation ajoutée à  l'ambiance perpétuelle de fête nocturne encouragée par les élus parisiens, notamment dans nos quartiers, combinée à la mainmise des meublés touristiques sur un partie significative du parc immobilier génère la fuite des habitants traditionnels. Ces derniers sont excédés de subir les nuisances que l'on sait, ils ont du mal à se loger et sont tout à fait conscients de contribuer par leurs impôts à favoriser, bien malgré eux, cette évolution qui détériore leur qualité de vie. 

    Aussi, il est évident que nous ne croyons pas un seul instant que la multiplication des logements sociaux qui alimente la pénurie de l'offre de logements soit la panacée pour reconquérir les arrondissements en perte de vitesse en matière d'évolution démographique. Cela relève en fait d'une mauvaise stratégie et d'une vision à courte vue.

    Dominique Feutry