Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Logement

  • Location coute durée charles V 05 04 14Le loueur touristique et son attribut-type : la valise à roulettes (photo VlM)

     

    A écouter Ian Brossat (Maire -Adjoint de Paris en charge du logement) ce matin à la radio et le journaliste qui l'interrogeait, à lire les articles de la presse quotidienne qui rapporte l'explosion des amendes ("Le Parisien" du 11 août Céline Carez) on croit comprendre que les parisiens dépassent allègrement le cap des 120 jours qui leur sont octroyés par la mairie pour louer leur logement principal sur une plateforme de location touristique.

    Sauf si nous-mêmes n'avons rien compris à la réglementation en la matière, la cible des pouvoirs publics n'est pas celui qui pendant ses vacances loue ainsi sa résidence parisienne pour "se faire un peu de blé". Celui-là ne fausse en rien le marché immobilier ! Non, celui "par qui le scandale arrive, le pelé, le galeux d'où provient tout le mal", pour parodier La Fontaine, c'est le propriétaire non résident qui au lieu de louer son bien nu ou meublé en contrat longue durée choisit la location touristique sur les plateformes du type AirBnB, car elle est plus lucrative et comporte moins de risques et de contraintes pour le loueur.

    Pour ceux-là, la loi est simple : ils ont le droit constitutionnel de louer comme ils le veulent, sans limitation de durée pour autant, dans les grandes agglomérations comme Paris, que leurs logements aient le statut de local "commercial" ET que le règlement de copropriété permette l'activité commerciale. Si le règlement le permet mais si le local ne possède pas ce statut, le propriétaire doit faire une demande de changement auprès de la mairie qui se fera un plaisir pour l'en dissuader, d'exiger de lui l'équivalent des douze travaux d'Hercule…

    Il est donc logique de penser que si les amendes se sont abattues depuis un an c'est qu'elles ont pénalisé ceux qui louent autre chose que leur résidence principale sans bénéficier pour autant d'un statut "commercial" et s'en soucient comme d'une cerise car ils entendent partout, y compris de la bouche électronique des plateformes, que l'administration sévit rarement.

    Nous ne comprenons pas que Ian Brossat ne décrive pas cette réalité au lieu de se perdre dans des discours sur les 120 jours. Il doit y avoir une subtilité politique qui nous échappe.

    Ceci étant, et nonobstant la pertinence de lutter contre ce qui est illégal en usant s'il le faut de la grosse Bertha, deux remarques s'imposent : (a) si les lois successives depuis 1982 et jusqu'à la loi ALUR de 2014 n'avaient pas sans cesse pénalisé les propriétaires-loueurs, ceux-là ne répugneraient pas comme aujourd'hui à jouer le jeu de la location traditionnelle et (b) si la municipalité de Paris ne faisait pas autant d'efforts pour accroitre son attractivité afin d'abriter plus d'activités et d'habitants alors que la ville, la plus dense d'Europe, suffoque d'un manque de respiration, le marché de l'immobilier pourrait enfin se détendre.

    GS

     

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    PassLe passage Molière entre les rues Saint-Martin et Quincampoix (IIIe) vidé de ses occupants et désert (photo VlM)

     

     

    Traverser aujourd'hui le passage Molière laisse une impression curieuse d'abandon. Si la Maison de la poésie est fermée jusqu'à la fin du mois d'août pour cause de vacances et le restaurant voisin semble lui aussi fermé, tous les autres commerces (une dizaine) sont inoccupés et vides, les vitrines étant opacifiées par un badigeon de blanc d'Espagne. Quant aux appartements, ils sont eux aussi vides. 

    Quelle en est la raison ? 

    Paris Habitat, l'OPH propriétaire des immeubles procède depuis l'an passé à d'importants travaux de rénovation qui ont nécessité de reloger tous les occupants des 34 appartements desservis par 4 cages d'escaliers dans d'autres logements.

    En effet l'étude préalable aux aménagements prévus dans la cadre du programme plan climat (économie d'énergie et isolation) mais surtout les 1ers travaux ont révélé des désordres importants des structures bois des différents bâtiments qui ont conduit à une rénovation plus lourde dont le coût avoisine 4 millions €. Il est aussi prévu de végétaliser le passage L'architecte chargé de conduire ces travaux est le cabinet WAO.

    À la fin des travaux en 2018, on ne sait pas quelle sera la destination des commerces. Seront-ils occupés à nouveau par leurs anciens locataires ? Est il prévu de réserver ces boutiques à des commerçants nouveaux tous spécialisés dans une même activité ou plutôt diversifiés ? 

    Nous espérons que de prochaines informations en provenance de la mairie apporteront une réponse à nos interrogations, ce passage devant garder son aspect pittoresque et conserver sa convivialité.

    Dominique Feutry

     

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    A0Ces valises à roulettes symbolisent un phénomène qui explose à Paris : la location de courte durée d'appartements meublés.

     

     

    Malgré quelques propositions et aménagements  récents  la question des locations saisonnières reste un sujet sensible et son impact est de plus en plus mal ressenti par les habitants et nombre de professionnels.  Un colloque, réunissant les différents acteurs concernés a été organisé le 18 mars dernier par "Aux 4 coins du 4", sur le thème "Les locations saisonnières dans le IVe arrondissement, une désertification invisible ?" Le rapport des interventions et propositions vient d'être publié. Plutôt que de vous en livrer des extraits,  nous reprenons  la synthèse très intéressante des interventions que nous publions in extenso ci-après. 

    Le développement des plateformes de location saisonnière à Paris avait été précédé par celui des résidences secondaires. La location touristique numérique a pris son essor en 2011. Dans le IVe arrondissement, 7% du parc de logement était touché en 2015. Le fait que des multipropriétaires (5% de l’offre), résidant fréquemment à l’étranger, en aient fait leur profession nous préoccupe en tant qu’habitants.

    Les moyens de contrôle sont bien en deçà de l’ampleur de ce marché souvent informel. Les conséquences sont nombreuses : nuisances sonores, saleté, augmentation des charges, fermeture de classes dans l’arrondissement, spéculation foncière, difficulté d’installation des jeunes familles et un impact négatif sur la démographie.

    Les professionnels de l’hôtellerie souffrent aussi de l’expansion de ce secteur qu’ils vivent comme une concurrence déloyale. Les hôteliers souhaitent que les plateformes bloquent les annonces des loueurs au bout des quatre mois au-delà desquels les logements devraient légalement adopter les mêmes normes et contraintes que dans l’hôtellerie. Cependant la location touristique de longue durée (un ou deux mois et parfois plus) peut aussi être vue positivement dans les quartiers les plus touristiques car elle fait vivre certains commerces de proximité, crée des emplois dans les conciergeries et peut se révéler moins néfaste pour la vie d’un quartier qu’un parc de résidences secondaires vides dix mois sur douze. Il faut savoir à ce sujet que certains propriétaires évitent de louer leur bien à des habitants car ils redoutent le cadre réglementaire de la location permanente et disent soit préférer une formule souple comme la location touristique, soit même laisser leur logement vide. 

    Reste que cette économie collaborative, idée généreuse de partage, est mal vécue par les habitants permanents des quartiers les plus touristiques en Europe comme aux États-Unis car, dévoyée, elle s’est éloignée de ses objectifs d’origine. Au fur et à mesure de son extension, les habitants se sont mobilisés (manifestations parfois violentes, affichage agressif vis-à-vis des touristes, délation, …), et des mesures ont été prises par les pouvoirs publics. L’évolution technologique de cette économie en perpétuelle transformation les amène à constamment modifier les modes de régulation. Selon le pays, les dispositifs sont mis en place au niveau du district, de la  municipalité, des régions ou de l’état. Ces différents modes de régulation reposent tantôt sur l’encadrement du logement, comme à Paris, ou sur des règles urbanistiques comme celle du zonage à Barcelone, voire de l’interdiction pure et simple de nouvelles offres de logement pour l’activité touristique comme à Berlin. 

    A Paris, la législation mise en place est peu respectée. Il faudrait un partenariat encore plus étroit entre les mairies d’arrondissement, la mairie centrale et l’état. De nouvelles mesures législatives (institution d’un n° d’enregistrement des appartements loués aux touristes) ont été prises en cette année 2017 qui permettront à la Ville de Paris de mieux réguler cette activité. 

    Les habitants du IVe arrondissement réunis en ateliers à la fin du colloque ont formulé leurs propres propositions :

    • Propositions relatives à l’information: Faire connaître aux usagers des plateformes de locations saisonnières les usages et les règles de vie, les afficher dans les parties communes et dans les logements en français et en anglais; obliger les syndics à informer les propriétaires des lois, règlements et sanctions possibles.
    • Propositions sur les dispositions à prendre au niveau de l’immeuble: Changer le règlement de copropriété pour obliger les propriétaires-loueurs à déclarer au syndic la commercialité de leur bien, imposer un cahier des charges pour chaque location suivant les règles de vie de l’immeuble (gestion des poubelles, nuisances sonores, respect des parties communes) et responsabiliser les copropriétaires en lien avec le syndic et le Conseil syndical. Définir un quota au sein des copropriétés pour limiter le nombre de logements offerts à la location touristique.
    • Propositions sur les dispositions réglementaires et le contrôle: Faire des zones dans la ville sur l’exemple de Barcelone, mettre en ligne les numéros d’enregistrement de locations touristiques, l’adresse exacte du logement et le nom du copropriétaire, harmoniser davantage les réglementations administratives entre Ministères, intensifier les contrôles et sanctions.
      Mais également rendre plus attractive la location annuelle traditionnelle, et aussi comprendre et accepter la nécessité pour certains de recourir à la location saisonnière pour dégager un revenu complémentaire indispensable.

    Voici l'URL pour prendre connaissance de l'ensemble du rapport :

     

     

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    A 12Le directeur général d'Airbnb, Brian Chesky exposant sa stratégie à Los Angeles (photo La Voix du Nord) 

     

     

    Dans un article de « l’Observateur du crédit immobilier du Crédit Foncier » de juin 2017, le Professeur Nicolas Tarnaud de l’Université de Bordeaux analyse ce qu’il appelle « la révolution Airbnb ».

    Après avoir rappelé la révolution digitale et l’existence antérieure de Homeway à l’étranger ou Abritel en France, il souligne qu’Airbnb qui compte 160 millions de clients a totalement profité de la mondialisation du tourisme, des prix élevés de l’immobilier dans les « villes mondiales » et a « changé la manière de communiquer et de consommer les logements meublés dans le monde… Les professionnels de l’immobilier et même les hôteliers passent par la plateforme pour diminuer la vacance de leurs chambres ou appartements. » Les entreprises (simplicité, tarifs avantageux) l’utilisent pour leurs salariés. Au final Airbnb a favorisé le développement de l’économie collaborative, c'est-à-dire la symbiose d’un changement culturel, d’un changement technologique, de l’envie d’un lien social plus fort, du rejet de l’économie classique et de ses grandes entreprises.   « Le tourisme collaboratif et participatif – créateur aussi de liens sociaux – est ainsi apparu. »

    D’après certaines études Airbnb génère en moyenne 2.100 € par an à ses hôtes et 1,6 milliards d'€ de retombées économiques à Paris (2016).

    Cela n’est pas sans incidence sur le prix des loyers comme dans les quatre premiers arrondissements de Paris, l’action d’Airbnb et consorts créant un phénomène de raréfaction des logements. Le rendement d’un logement meublé est de 30 à 50% supérieur à celui d’un logement nu. Dès lors précise t-il « plus le différentiel de rendement est important entre les 2 formules et plus le locations nues seront rares dans les zones touristiques recherchées. » (NDLR comme le centre de Paris et donc le Marais !). Selon lui « en se financiarisant, l'immobilier est devenu un actif de référence pour les institutionnels comme pour les privés » et ajoute que « la valeur totale du patrimoine immobilier dans le monde représente trois fois le PIB mondial » 

    Du côté statistique l'article mentionne que la France est de le 2ème marché d'Airbnb après les États-Unis , notre pays compte 300.000 hôtes, a enregistré 400.000 logements (78.000 pour Paris et l'Île de France) – à comparer aux 650.000 chambres d'hôtels – et 8 millions de voyageurs ont occupé ces logements en 2016 ! De quoi donner le tournis !

    Face à cette expansion, nombre de grandes villes ont pris des mesures restrictives, Paris semble s'y mettre (voir notre article du 05 juillet 2017). Amsterdam limite la location, à 60 jours pas an, New York interdit de louer plusieurs appartements simultanément ou pour une durée inférieure à 30 jours . Berlin interdit même de louer un apparentement entier pour des locations saisonnières, sinon l'amende est de 100 K € !

    Consciente de ces réactions en chaîne, Airbnb a commencé a réagir en offrant des services annexes d'activités complémentaires dites « Tripos » et en limitant un propriétaire à ne louer à Paris que 120 nuitées par an. La Société a même mis en place la collecte de la taxe de séjour de Paris auprès de ses utilisateurs.

    Le jugement de la cour d'appel de Paris de juin 2016 est cité sachant que dans les contrats de copropriété la « clause d'habitation bourgeoise » interdit dans les lots dédiés à l'habitation toute activité commerciale. (y compris les locations de courte durée). Aussi lorsqu’un propriétaire obtient les autorisations administratives requises, il ne peut pas louer en meublé touristique si la clause en question existe dans le règlement de l'immeuble

    Dernier point, et non des moindres, l'incidence des locations touristiques contribue à la pénurie de logements aggravée par le blocage des loyers édicté par la loi ALUR …

    Alors outre ces mesures , les contrôles opérés avec renfort de publicité sont il efficients ?

    En conclusion le professeur Tarnaud cite un directeur de start up pour qui le B2C et le B2N n’existent plus au profit de P2P, c'est-à-dire « People to people » et s’agissant d'un sujet planétaire Airbnb cherche à « devenir la plateforme incontournable du voyage en le rendant plus authentique plus locale avec plus de services… »

    Il importe donc que les municipalisés, en lien avec le législateur, mettent en place des textes pour réguler cette activité. Sinon il en risque d'en coûter cher au secteur de l'hôtellerie… et les centres villes deviendront invivables et se dépeupleront de leurs habitants.

     

     

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    AaLe Conseil de Parais en séance

      

     

    Nous avons évoqué à de nombreuses reprises les excès des locations touristiques et ses conséquences néfastes dans les copropriétés et sur le marché de l'immobilier.

    Le Maire du IIIe arrondissement Pierre Aidenbaum a fait une intervention à ce sujet au dernier Conseil de Paris, que nous reproduisons in extenso. A la suite de sa proposition le Conseil de Paris a voté la mise en application du décret dit Airbnb qui est issu de la loi sur le numérique de mai 2017. Il donne la possibilité aux communes de plus de 200.000 habitants et à celles de la petite couronne parisienne de contraindre les loueurs de logements meublés utilisant des plateformes internet de type Airbnb, Homeaway, Abritel… à se déclarer en mairie pour obtenir un numéro d’enregistrement. 

    La capitale est la première grande ville à mettre en œuvre le dispositif d’enregistrement obligatoire. A compter du 1er décembre 2017.

    Airbnb, pour laquelle Paris est le second marché du monde avec 65.000 logements revendiqués (devant New York et Londres), a proposé de mettre en place un système de blocage automatique dès lors que le maximum des 120 nuits est dépassé, puis de transmettre à la ville les coordonnées de ceux qui demandent à dépasser ce seuil. Ce système déjà en place à Londres et à Amsterdam permettait ainsi des contrôles ciblés et efficaces.

    Pierre Aidenbaum, comme Véronique Levieux conseillère de Paris élue du IIe, considère du reste que ce nombre de 120 nuits devrait être revu à la baisse avec l'interdiction de le considérer "par plateforme". Nous découvrons à ce propos que des propriétaires découperaient cette tolérance pour qu'elle s'applique pour chacun des sites de réservation…

    Espérons que ces  dispositions vont permettre de mieux réguler un marché devenu quasi incontrôlable. 

     

    Intervention de Pierre Aidenbaum
    Mairie du 3ème arrondissement
    Conseil de Paris : Séance des 4 et 5 juillet 2017

     

    Aidenbaum 19 02 14

    Madame la Maire,
    Mes chers collègues,

    c'est en effet avec une grande satisfaction que j'ai vu arriver à l'ordre du jour de notre Assemblée cette délibération actant la mise en place d'un service d'enregistrement préalable des locations touristiques saisonnières. En effet, comme vous le savez, ce phénomène en pleine expansion, surtout dans le Centre de Paris, constitue une offre intéressante pour les touristes qui veulent visiter la Capitale, mais non régulée, elle amène avec lui son lot de problématiques qui interpellent de plus en plus nos concitoyens : nuisances dans les copropriétés, captation de logements qui ne servent plus à héberger des foyers qui font la mixité du Centre de Paris, transformations non autorisées de logement en chambre d'hôtel au détriment de ces derniers. Il est grand temps d'apporter des solutions pour que cette économie du partage ne devienne pas une économie de l'éviction sociale.
    Vous avez d'ores et déjà réussi à obtenir de la principale plateforme de locations touristiques saisonnières la récolte de la taxe de séjour et son reversement à la Ville, ce dont je vous remercie.

    Depuis, vous avez toujours marqué votre attachement à ce dossier, notamment en augmentant le personnel enquêteur au nombre de 25 agents, ce qui est naturellement insuffisant, mais qui a déjà permis, depuis le début de cette année par exemple, la poursuite et la condamnation à des amendes pour 300.000 euros des propriétaires les plus récalcitrants.
    Cette vigilance a permis de régulariser ou de faire revenir à leur vocation initiale près de 900 logements qui sont autant de solutions pour les familles qui cherchent à se loger.

    Néanmoins, ce phénomène qui se déploie à la vitesse d'Internet ne pourra pas être régulé uniquement par des contrôles inopinés, des opérations coups de poing ou des signalements souvent difficilement exploitables.  J'ai déjà eu l'occasion de le dire ici même, il faut responsabiliser les plateformes, qui doivent elles-mêmes garantir le respect des règlements et des lois par les propriétaires qui les utilisent.  C'est justement d'éléments législatifs dont nous manquions et que la loi pour une République Numérique a en partie comblé.

    En effet, je voulais remercier le précédent Gouvernement pour avoir voté cette loi et je salue cette mesure qui nous permet de proposer aujourd'hui cette délibération : la possibilité pour les communes de mettre en place une sorte de permis de louer pour les propriétaires désireux de louer leur résidence principale, moins de 120 jours par an, ou pratiquant la location commerciale à titre habituel.
    Cette déclaration préalable permettra de délivrer un numéro d'enregistrement qui devra obligatoirement être mentionné sur chaque annonce. En outre, les plateformes de location devront stopper à 120 jours de location, ce qui est trop à mon avis et j'y reviendrai, les locations occasionnelles pour les résidences principales afin de faire respecter la loi en vigueur.
    Ce nouvel outil permettra de mieux localiser les appartements utilisés dans ce cadre et de mieux repérer ceux qui semblent ne pas respecter le règlement municipal.

    Ce travail d'exploitation des données préparera et facilitera le travail des agents enquêteurs, et donc, le retour à un usage autorisé. 

    Je me permettrai pour conclure, Madame la Maire, de préciser que j'appelle le nouveau Gouvernement à ne pas perdre le sens de l'action de leurs prédécesseurs. D'autres décrets doivent être pris pour finir de responsabiliser les plateformes comme la transmission aux services fiscaux des revenus issus de ces locations pour une imposition directe, disposition inscrite dans la dernière loi de finances, je le rappelle, ou le calcul des fameuses 120 nuits par appartement et non par plateforme. Madame la Maire, mes chers collègues, l'économie de partage est une belle idée, quand elle permet des progrès et que cela bénéficie à tous. Elle s'éloigne de son esprit initial quand elle vise à s'abstenir des lois et qu'elle prend le risque de défigurer nos quartiers.

    Ainsi, c'est avec satisfaction que je vois Paris ne pas attendre pour saisir ces dispositions intelligentes, ce qui va dans le bon sens pour réguler ce phénomène.
    Mais ce n’est pas suffisant, il faut aller plus loin et notamment envisager de réduire la durée de location des nuitées limitée aujourd’hui à quatre mois par an. A cet égard, je partage la proposition de Véronique Levieux pour demander à ce que ce délai soit réduit à deux mois; mais aussi prévoir des mesures spécifiques pour les quatre arrondissements du centre de Paris. D'autre part, ne serait-il pas également envisageable, dans une nouvelle loi, d'étudier la possibilité d'un quota maximum par secteur de manière à trouver des solutions à ce phénomène qui, si nous ne prenons pas le problème à bras le corps, va s'accentuer malgré tout ce que l'on pourrait faire ?

    Je vous remercie.

     

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    A000Façade du 13 square Sainte-Croix de la Bretonnerie (IVe)  (photo H. Abbadie)

     

    Au 13 Square Sainte-Croix de la Bretonnerie (IVe) se trouve un immeuble inscrit au PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais dans lequel ont été aménagés 11 logements sociaux (3 logements dits PLA-I et 8 logements dits PLUS) en 2011. A cette occasion la structure du bâtiment a été renforcée, la couverture et la charpente ont été révisées, les menuiseries remplacées et le bâtiment a été ravalé. Les 11 logements comme les parties communes et l'ensemble des réseaux (eau, électricité, etc.) ont été remis aux normes. La courette intérieure refaite a été végétalisée. Une opération de rénovation lourde en somme devenue courante !

    Or à peine 6 ans après ces transformations, parmi les demandes de permis de construire du BMO (bulletin municipal officiel de la Ville de Paris) du 27 juin 2017 figure à nouveau une demande pour des travaux non négligeables précisément sur ce même immeuble. Cette demande est ainsi libellée «  Recul partiel de la façade et de l’escalier sur passage pour alignement sur l’héberge du N° 39 rue Sainte-Croix de la Bretonnerie, changement de locaux à usage d’habitation en locaux sociaux pour les commerces, au 2ème étage du bâtiment d’angle avec le Square, et au 1er étage du bâtiment entre le passage et la cour N°3, déplacement de 2 gaines d’ascenseur, intégration de grilles de ventilation au local transformateur, dépose de 2 allèges au rez-de-chaussée en façade côté square, implantation d’un compteur EDF en façade principale…»

    Voilà qui montre combien l’entretien, l’évolution de la réglementation, les transformations induites par les usages réels des bâtiments ou la difficulté parfois de louer (cet immeuble est en effet située dans une rue très bruyante le soir et jusqu’à tard dans la nuit …) sont une charge pesante pour le propriétaire, à savoir la ville de Paris, donc les contribuables parisiens. Charge financière qui alourdit les déficits d'exploitation due à la modicité des loyers et aux impayés (17 % selon nos informations) et qui s’ajoute au service de la dette afin de rembourser les emprunts contractés pour réaliser ces opérations, souvent sur des durées très longues !

    La Ville n'a pas les moyens de multiplier à l’envi le nombre de logements sociaux, notamment dans les quartiers où l’immobilier est très cher, avec ses conséquences tant en matières de dépenses que d’endettement qui en découlent ? Ne serait-il pas temps de faire une pause alors qu’il semble, comme l‘illustre le cas repris ci-dessus, qu’il y ait fort à faire pour entretenir et maintenir à niveau le parc existant ?

    Dominique Feutry

     


  • 6a00d8341d8a0f53ef01b7c8f30e61970b-500wi
    Etat actuel du 26 de la rue de Montmorency (IIIe) dont la rénovation va démarrer (photo VlM)

     

     

    L'immeuble "abandonné " au no 26 de la rue de Montmorency (IIIe) qui abritait autrefois un restaurant réputé attend sa remise en état depuis au moins 8 ans (voir nos articles des 17 décembre 2012 et 27 octobre 2013). Un permis de construire délivré le 30 novembre 2016 est apposé sur la façade et précise la nature des travaux " Réhabilitation d'un immeuble d'habitation et de commerce, changement partiel de la destination d'un local commercial en habitation, déplacement de trémie d'ascenseur et d'escalier, couverture de courette à réalité de chaussée, remplacement des menuiseries extérieures, ravalement des façades."

    Voilà une excellente nouvelle annonçant la renaissance de cet édifice qui faisait tache depuis si longtemps dans la section de la rue de Montmorency entre les rues Beaubourg et du Temple. Nous avions publié plusieurs articles sur notre blog pour dénoncer cette situation tout en relatant les différentes péripéties qui ont émaillé ce dossier, l'immeuble ayant été convoité un moment par la mairie qui souhaitait y aménager des logements sociaux. 
     
     
     
    IMG_0629Situation actuelle du 69-71 rue Beaubourg (IIIe) (photo VlM)
     
     
     
     
    Autre immeuble "verrue" dans le quartier, le bâtiment de bureaux se trouvant aux 69-71 rue Beaubourg (IIIe), propriété d'un groupe financier. De facture très disgracieuse dans son environnement immédiat, il est depuis plusieurs mois totalement abandonné et offre un aspect "délabré". Des affiches, des tags masquent le niveau inférieur, la saleté s'accumule à ses pieds et des stores pendent aux fenêtres. Situation indigne et inadmissible qui fait des émules lorsque l'on considère les magasins fermés environnants dont les vitrines disparaissent derrière de véritables rideaux d'affiches collées, comme à l'angle des rues de Turenne et du Parc Royal (IIIe) !! Ces cas ne devraient pas se produire ni prospérer.
     
    Il appartient aux autorités, nos édiles responsables notamment, de s'impliquer dans ses dossiers en évitant pour les immeubles liés à des procédures longues qu'ils soient inutilement dégradés, squattés en attendant leur sort et en obligeant les propriétaires négligents à maintenir en état leur bien.
     
    Laisser faire est coupable et ne fait qu'aggraver l'image de malpropreté ambiante de Paris qui vient de conduire la Maire au lancement d'un 3ème plan de propreté depuis son élection à l'Hôtel de ville.
     
    Dominique Feutry
     
     
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    Dos punaises

     

    Sous le titre "Punaises de lit : un phénomène explosif à Paris !" le quotidien "Le Parisien" publie aujourd'hui un article angoissant que nous assortissons d'une illustration plus appétissante que la leur qui nous montre un paquet de ces odieux parasites. On y perçoit les ingrédients du canular du 1er avril mais la journaliste Céline Carez pousse l'art de la mystification à son comble, car l'information est plausible !

     

    PunaisePortrait de la bête

     

    Il y a  plusieurs mois en effet qu'on parle de leur présence à Paris, en stigmatisant les américains qui en seraient les principaux vecteurs. Ces parasites sont particulièrement résistants quand on cherche à les éradiquer. Et ceux qui en ont fait les frais une fois dans leur vie ne sont pas près de les oublier.

    Les punaises ont aussi la particularité de passer d'un logement à un autre. En étant prudent chez soi, on n'est pas assurés de ne pas en avoir.

    Une question s'élève ici et là : la pratique des échanges de domiciles, l'accueil massif d'inconnus, favorisent-ils la prolifération des parasites ? Aucune étude ne l'indique pour le moment. mais il ne serait pas inutile que les plateformes de locations saisonnières développent un argumentaire rassurant et réfléchissent s'il y a lieu aux précautions qu'elles pourraient conseiller.

     

  • Valises roulettes barcelone 2016Touristes-usagers des locations saisonnières à Barcelone (Boursorama)

     

    Dans la Mairie du IVe arrondissement, organisé par l’association « Aux Quatre Coins du Quatre », a eu lieu samedi 18 mars, de 9 à 13 heures, un passionnant et intense colloque concernant l’impact des locations saisonnières sur la vie du Marais.

    La salle des mariages était bondée. Les cinquante participants étaient des habitants du Marais, hôteliers, loueurs de chambres ou d’appartements, agents immobiliers, mais aussi démographes, cartographes, ingénieurs, urbanistes, architectes, chercheurs, élus et membres d’associations. Seuls manquaient les représentants des plate-formes numériques de location, pourtant invités.

    Durant les trois premières heures ont été exposés le succès de la location saisonnière, la modification très rapide du Marais, le besoin d’équilibre entre résidents et touristes pour vivre ensemble, l’impact des habitants éphémères sur la vie des Copropriétés et sur les commerces, la notion de « tourisme de proximité», l’évolution depuis 2015 du modèle hôtelier, les pourcentages dans chaque arrondissement des locations saisonnières Airbnb de résidences secondaires ou principales, leur très forte rentabilité, le signalement des infractions (délation ou résistance ?) la difficulté du contrôle, la faiblesse des amendes, le laxisme de l’État, mais aussi la volonté de la Mairie de Paris de réguler cette activité, devenue indispensable au tourisme parisien, et sa comparaison avec les régulations à Berlin, Amsterdam, Barcelone ou Milan.

    La quatrième heure a été consacrée à des tables rondes entre participants, pour formuler les questions et constatations à faire remonter aux élus.

    Les actes de ce colloque conséquent sont espérés prochainement.

    En attendant, il est temps de questionner sur les locations saisonnières les candidats aux prochaines élections.

    Patrice Roy

     

  • Vign-liste-bis_news_conf_haussmann-defsite_d1667Une des photographies exposées actuellement au Pavillon de l'Arsenal dans le cadre de "Paris-Haussmann, le pari d'Haussmann" 

     

     

    Nous vous avions annoncé dans un article du 30 janvier 2017  la trés intéressante exposition "Paris-Haussmann, le pari d'Haussmann qui se tient actuellement au Pavillon de l'Arsenal. Dans ce cadre une conférence particulièrement documentée et étayée "Paris Haussmann-Modèle de Ville" a été donnée le 8 mars par les deux architectes Umberto Napolitano et Franck Boutté, commissaires de l'exposition. Ils ont passé « au crible » devant une salle comble les réalisations d’Haussmann et de son équipe pour en tirer des grands principes pouvant être appliqués dans le contexte et les normes d'urbanisation et de construction  actuels.

    Il a tout d’abord été rappelé qu’en 60 ans (1853-1914), période sur laquelle s’est étendue la puissante dynamique haussmannienne, 60% du territoire parisien a été construit ou reconstruit de 60 000 immeubles nouveaux.

    Se fondant sur les tracés des enceintes anciennes qui entouraient Paris, sur des repères définis souvent pas les monuments existants, « la transformation de Paris par Haussmann peut se lire comme une manipulation des cinq éléments constitutifs du paysage urbain : les voies, les limites, les nœuds, les points de repère et les quartiers.

    L’idée de la ville selon Haussmann s’étend à tout l’environnement construit, depuis les percées et le mobilier urbain jusqu’aux façades des immeubles, à leurs éléments de langage et au vocabu­laire de leur ornementation qui marquent de leur identité tant l’espace public que la sphère privée. »

    L’étude présentée montre que malgré une densité du bâti de 66%, le maillage haussmannien en termes d’accessibilité donne “un périmètre  marchable » sur 400 m de 1er ordre comparé à d’autres villes et il en est  de même de l’accessibilité des services.

    La ville est qualifiée de résiliente en ce sens qu’elle est durable puisqu’elle peut absorber les changements tout en gardant sa struc­ture (avec une grande cohérence de la ville du dessus et de la ville du dessous) et un surdimensionnement initial qui facilite mutations et évolutions.

    « Le tissu parisien est constitué de 3385 îlots « … bâtiments uniques dans lesquels ont été évidées des cours qui sont très hétérogènes en forme et en taille  mais similaires dans leurs typologies du fait de constituants identiques. »

    “En planifiant la ville par le vide – rues, repères urbains et espaces publics –, Haussmann découpe des « plaques urbaines » de superficies et d’échelles variables… L’îlot est le véritable outil de la densité, de cette incroyable compacité qui place Paris parmi les villes les plus denses au monde et en fait la singularité.”

    Enfin il est rappelé que « les immeubles destinés à la location varient de cinq à sept étages avec un rez-de-chaussée pour les commerces s’il est sur un boulevard, la loge de gardien. Puis on trouve un entresol, le 2ème étage bénéficie d’une hauteur sous plafond plus importante et d’un balcon. Les 3ème et 4ème étages identiques ont une hauteur inférieure, le 5ème étage est pourvu d’un balcon, le 6ème  étage est plus bas de plafond et abrite en soupente les chambres des domestiques. » 

    En conclusion, il ressort que le Paris d’Haussmann apparait encore aujourd’hui, malgré bien des évolutions, comme une référence tant aux plans de la résilience, de la densité, de la connexité, que porteur d’identité, d’intensité de mixité et d’attractivité. Une belle leçon du passé.