Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Logement

  • RatRémy, héros de "Ratatouille " de Disney

     

    En publiant notre article du 1er décembre sur la découverte de centaines de rats dans le jardin de la Tour Saint Jacques (IVe) nous ne savions pas que cette information aurait un retentissement qui dépasse maintenant nos frontières.

    La plupart des médias français s'en sont saisis et ont sollicité notre intervention en direct. Nos voisins d'outre-manche n'ont pas raté l'occasion de nous dénigrer un peu : BBC News en fait ses choux gras aujourd'hui (nous lui avons emprunté l'illustration).

    Ce nouveau déboire ne sert pas l'image de Paris. Il justifie cependant les réticences que nous avons exprimées contre l'ouverture des parcs la nuit. Ces espaces laissés sans surveillance dans l'obscurité complice servent de poubelle à ceux qui viennent y consommer. On ne pouvait pas faire de meilleur cadeau aux rongeurs.

    Au delà des rats, c'est la propreté en général qui est en cause à Paris. Cette municipalité n'écoute pas le message que nous véhiculons au nom des citoyens qui veulent un engagement plus fort en faveur de la propreté. Il ne s'agit pas d'augmenter les impôts mais de tailler dans certaines dépenses. 300 millions d'€ sont distribués aux associations dont beaucoup sont fantaisistes. On peut tailler dans ce chiffre qui fait la part belle au clientélisme.

    Les montants dépensés pour la transformation de bâtiments en vue d'y loger du monde alors que la densité d'habitants a dépassé les limites du raisonnable (*) ne font qu'accroitre l'impossibilité de gérer une ville surpeuplée. Notamment pour ce qui concerne la propreté. S'il n'est pas déjà trop tard, il faut revoir cette politique.

    On va nous répondre qu'il y a un moyen de redresser l'image de Paris : l'organisation des Jeux Olympiques en 2024.  Aura-t-on le temps d'ici là d'éliminer tous les rats …

    GS

     

    (*) Paris est on le sait la ville la plus dense d'Europe avec 24.000 habitants au Km². S'y ajoute le fait qu'elle accueille le plus de touristes : 50 millions par an avec des nuitées moyennes de 3,9 jours, ce qui entraine 534.000 personnes supplémentaires dans la ville chaque jour (Les Échos – données 2015)

     

  • BarcelBarcelone, l'église de la Sagrada Familia de Antoni Gaudi

     

    En 2010, à l'époque des "états généraux"de la nuit", Barcelone et Berlin étaient citées comme des modèles par les industriels de la nuit qui militaient pour que Paris leur ressemble. Leurs "nuits" étaient présentées comme la référence en la matière, tant la beuverie y régnait en maitre !

    De gros moyens ont été mis à disposition des nouveaux élus à la Mairie de Paris en 2014 : création d'une délégation à la nuit auprès du Premier Adjoint Bruno Julliard, mise en place d'un "conseil de la nuit" confié à l'élu du XXe Frédéric Hocquard, avec deux conseillers pour cette mission auprès de lui Thierry Charlois et Gilles Srédic…

    Pendant ce temps, les villes tant enviées se ravisaient que leur situation était devenue intenable et cédaient à la pression de la population pour qu'un combat soit déclenché contre les dérives d'un tourisme qui n'avait plus rien de culturel. Il en fut ainsi de Barcelone dont la Maire Ada Colau, à la tête d'une coalition de gauche, a fait de la maitrise du tourisme de masse dans tous ses états une de ses missions prioritaires.

     

    Ada colauAda Colau, Maire de Barcelone

     

    La location saisonnière, avec toutes ses dérives, est apparu comme une des composantes du problème avec en prime une évasion fiscale qui crée pour la ville un manque à gagner. La Maire a décidé de s'y attaquer aussi. Airbnb et Homeway ont été ciblés, avec des mesures qui paraissent assez dissuasives si elles sont appliquées. Boursorama en a fait un article aujourd'hui ; à lire.

     

  • Archives 32 élévation hauteUne des plus belles copropriétés du Marais, Art Nouveau, 32 rue des Archives (IVe) (Photo VlM)

     

     

    La loi ALUR du 24 mars 2014 fait obligation de mettre sur un même registre d’immatriculation, à partir du 31 décembre 2016,  l’ensemble des copropriétés afin " de faciliter la connaissance des pouvoirs publics sur l'état des copropriétés et la mise en œuvre des actions destinées à prévenir la survenance des dysfonctionnements."

    Les dernières modalités de mise en œuvre viennent d'être publiées. Ainsi ces dispositions seront applicables à compter du 31 décembre 2016, pour les syndicats de copropriétaires comportant plus de 200 lots, puis du 31 décembre 2017, pour les syndicats de copropriétaires comportant plus de 50 lots et enfin à partir du 31 décembre 2018, pour les autres syndicats de copropriétaires. C’est l’Agence national de l'habitat (ANHA) qui a été désignée pour tenir le registre.

    Figureront dans le registre «  le nom, l'adresse, la date de création du syndicat, le nombre et la nature des lots qui composent la copropriété ainsi que, le cas échéant, le nom du syndic, mais aussi si le syndicat fait l'objet d'une procédure relative aux copropriétés en difficulté, d'un arrêté ou d'une injonction. » Y seront portées aussi « à l'issue de chaque exercice comptable, les données essentielles relatives à la gestion et aux comptes du syndicat, issues notamment du budget prévisionnel, des comptes du syndicat et de leurs annexes (*)». Enfin devront être apparaitre « les données essentielles relatives au bâti issues, le cas échéant, du carnet d'entretien et du diagnostic technique global, dès lors que celles-ci ne sont pas déjà fournies par les services fiscaux au teneur du registre. »

    (*) Il s'agit des informations relatives à l'exercice comptable, le montant du budget prévisionnel, des provisions pour travaux, des dettes du syndicat à l'égard des fournisseurs et des  impayés, le nombre de copropriétaires débiteurs du syndicat dont la dette excède un seuil, qui doit être défini, la présence d'employés du syndicat s'il y en a. Les informations financières déclarées sont celles issues des comptes du dernier exercice comptable clos et approuvés par l'assemblée générale.

    Les copropriétés de moins de 10 lots  à usage de logements, de bureaux ou de commerces, ne sont pas tenus de fournir le nombre de copropriétaires débiteurs et le montant des impayés dès lors que le budget prévisionnel moyen sur une période de trois exercices consécutifs est inférieur à 15 000 €.

    Tampon-loi-alur

    A noter que les données déclarées seront conservées dans le système d'informations pendant une durée de 5 ans à compter de leur inscription au registre, à l'exception des informations générales et relatives au bâti, qui seront conservées sans limite de durée, sauf en cas de disparition du syndicat, le délai étant alors de 3 ans.

    Quelle sera l’utilisation des données du registre ?

    Le texte de loi est précis quant à l’utilisation qui sera faite de ces données. Il indique qu’elles serviront à la mise en œuvre des politiques de l'habitat et de lutte contre l'habitat indigne et les copropriétés dégradées. A cet effet, l'Etat, les collectivités territoriales et leurs groupements obtiennent, à leur demande, du teneur du registre communication des informations du registre relatives aux copropriétés situées sur leur territoire.

    Bien entendu les syndics et les administrateurs provisoires ont accès à l'ensemble des données portées au registre relatives aux syndicats de copropriétaires dont ils sont les représentants légaux et pour lesquels ils ont obtenu le rattachement de compte de même que les notaires pour l'ensemble des syndicats de copropriétaires. Les informations générales sur les copropriétés sont librement consultables ou téléchargeables sans formalités préalables par le public, à l'exception du nom du syndic et du nombre de lots de la copropriété. 

    Avec cette tendance à vouloir mettre toutes les informations nous concernant dans des fichiers uniques, ne risque t'on pas de perdre notre liberté ? Tout étant répertorié, il sera facile pour un hacker malfaisant ou dans des contextes spécifiques d'être mis totalement à nu, nos données personnelles seront alors livrées en pâture pour des utilisations indésirables. Une réglementation européenne en préparation devrait se substituer à terme aux réglementations nationales. Mais serons-nous pour autant davantage à l'abri ?  

    Dominique Feutry

     

  • Location coute durée charles V 05 04 14Les locataires saisonniers ont envahi le Marais avec leurs célèbres et bruyantes "valises à roulettes" (Photo VlM)

     

    A lire aujourd'hui :

    A New-York, une nouvelle loi menace l'avenir de la location saisonnière et de Airbnb ("Le Monde" 22 octobre 2016 – Jérôme Marin)

    Même sujet sur le site suisse d'information "Le Temps"

    New-York, San Francisco, Paris …. réalisent que le développement anarchique de la location meublée saisonnière est dangereuse pour l'équilibre de leur habitat. Parce qu'ils échappent à l'impôt, les loueurs et les plateformes privilégient cette pratique en lieu et place de la location classique, meublée ou non.

    Les plateformes Internet sont au cœur de cette activité économique. Une activité dite "numérique" qui en côtoie d'autres en nombre croissant telles que l'achat en ligne (Amazon), la vente aux enchères (eBay), le covoiturage (BlaBlaCar) ou le transport de particuliers (Uber).

    Les gouvernements ont en général la sagesse d'accompagner ce mouvement. En France, le Parlement a voté le 10 octobre 2016 une loi qui complète l'ébauche de 2014. Voici ce qu'il en dit : " La loi pour une République numérique prépare le pays aux enjeux de la transition numérique et va permettre de développer l'économie de demain…. Elle a pour ambition d'encourager l'innovation et le développement de l'économie numérique…. protectrice des droits des citoyens….

    Qu'on s'en réjouisse ou non, personne ne pourra s'y opposer car on peut résister un temps au "progrès", on ne peut pas durablement s'opposer à ce qui devient rapidement une vague qui déferle sur toutes les résistances, qu'il s'agisse d’ailleurs de l'économie ou de questions de société.

    En revanche, le législateur doit veiller à ce que cette nouvelle économie ne bénéficie pas de distorsions qui la rendent artificiellement hyper compétitive. Si la location meublée saisonnière a le succès que l'on sait, c'est qu'elle bénéficie d'avantages concurrentiels à caractère légal et fiscal.

    En voulant protéger le locataire, depuis 1982 avec la loi Quillot, les gouvernements qui se sont succédé ont alourdi la gestion des baux locatifs relatifs aux logements nus, avec une pression sur les loyers, la quasi impossibilité de lutter contre les impayés, l'extrême difficulté de récupérer le logement en cas de besoin, tandis que la fiscalité devenait de plus en plus lourde.

    A l'opposé, les locations meublées précaires (au mois, à la semaine, à la nuit), qui ne lient pas aussi indissociablement le locataire au propriétaire, ont bénéficié pendant longtemps d'un abattement sur les loyers de 72 % (!). Il est, depuis le passage au gouvernement de Cécile Duflot, de 50 % mais on sait que cet avantage fiscal a suscité des vocations qui ont prospéré et qui explosent depuis que les plateformes du type Airbnb ou Abritel sont apparues.

    Autre distorsion : la déclaration par le propriétaire de ses revenus au fisc. Personne n'a la naïveté de croire que ces revenus sont déclarés et taxés comme le sont les revenus du travail, des placements financiers ou de la location traditionnelle.

    Si on fait l'addition des conséquences de cette double distorsion, on comprend qu'il n'y ait plus de mise sur le marché de logements destinés à la location classique.

    Locations saisonnières 25 01 16Des résidences ont pris des mesures pour interdire les locations saisonnières (Photo VlM)

     

    Les municipalités, celle de Paris notamment, s'en émeuvent. Ian Brossat, l'Adjoint communiste en charge du logement à la Mairie de Paris, s'y attaque bec et ongles en durcissant les contraintes applicables à la location saisonnière. Il ne parle malheureusement pas de militer pour rendre plus souple la location traditionnelle ou d'en réduire la fiscalité. En cela, son combat est voué à l'échec. Il peut en revanche compenser partiellement le déséquilibre en obtenant que la loi fasse obligation aux plateformes de déclarer au fisc les loyers versés à leurs clients, comme le font désormais les employeurs, les banques et les caisses de retraite.

    En résumé, face au développement de l'économie numérique, il importe de donner à chacun sa chance d'occuper la place qui est la sienne en veillant à une application juste et équilibrée des contraintes fiscales et réglementaires.

    Pour le moment, on n'en est pas encore là !

    Gérard Simonet

     

  • Vue-paris-tour-eiffelVue de Paris et de la Tour Eiffel

     

    Après la récente publication de l'étude du cabinet américain Price Waterhouse Coopers réalisée tous les 2 ans et dévoilée ce mercredi, chacun y va de sa petite phrase. "ça  y est, Paris retrouve sa place en tête du classement des villes les plus admirées au monde", "Paris se classe à la 4ème place  des grandes villes les plus attractives au monde", "Paris est sur la bonne voie, nous n'avons aucune inquiétude pour la suite"… Chacun se réjouit donc avec toutefois un  bémol, en mai en effet Paris a été classée seulement 9ème capitale préférée des touristes mondiaux selon l'étude menée par les instituts  Ipsos et Stella.

    Dans ces classements à répétition donnés par des organismes différents, sur des critères et des échantillons différents, il est difficile d’y retrouver son latin !

    Ce que nous retenons est que Paris reprend quelques couleurs parmi les grandes capitales mondiales et commence à rattraper, sans l’atteindre encore, son rang passé dans le classement du cabinet Price Waterhouse Coopers.

    L’étude publiée ce 7 septembre « évalue la puissance et l’attrait de ces 30 villes en se référant à six critères : le statut et la réputation internationale de la ville ; le lieu (son aspect extérieur et ses modes de transport) ; la convivialité des habitants, leur diversité culturelle et le sentiment de sécurité qu’ils procurent ; la qualité des activités proposées ; les opportunités économiques et éducatives offertes. »

    Si Paris se classe en très bonne place sur l’aspect extérieur et la qualité des activités proposées, en revanche, sur les questions des logements abordables et la convivialité des habitants, la capitale n’apparait pas dans les cinq premières places. Les marges de progrès sont donc importantes. Il faut souligner aussi que le critère de la propreté n’est pas pris en compte, ce qui pénaliserait Paris. Enfin l'étude a été réalisée avant les derniers attentats qui indéniablement auraient influé sur le classement.

    Ajoutons surtout que Paris n’est plus que 3ème et non plus 1ère pour son "capital intellectuel et d'innovation" et est freinée « par son environnement entrepreneurial.», par le fait aussi qu' « il est toujours difficile de transformer les chercheurs en entrepreneurs »  ajoute l’étude.

    Ainsi notre capitale est pénalisée pas son manque d’attractivité économique où elle n’est plus que 8ème après avoir été en seconde position en 2012  !  Paris est même en queue de peloton pour les critères de croissance du PIB (25e) et la croissance de l'emploi (28e).  On sent là, outre les effets de la crise économique qui touche tout le pays,  les effets pernicieux de la politique municipale qui préfère privilégier la fête avant le développement économique.

    Dominique Feutry

     

  • Charlot 23Immeuble XVIIIème siècle à pans de bois, rue Charlot (IIIe) (Photo VlM)

     

    La Chambre des Notaires vient de publier ses chiffres pour l'immobilier. La stabilité observée ces dernières années et le niveau historiquement bas des taux d'intérêt incitent désormais les acquéreurs à passer à l'acte. Résultat : 13% de hausse du nombre de transactions sur un an en région parisienne !

    Dans ce contexte, le IIIe subit une hausse moyenne des prix entre 2015 et 2016 de 5,7 %, à 10.140 € le m². Dans le centre de Paris, seul le 1er affiche une progression supérieure avec un taux de 8,6 %. Le nombre réduit des transactions dans cet arrondissement peu peuplé invite cependant à considérer ce chiffre avec prudence.

     

    St merri 12 escalier monumentalImmeuble rue Saint-Merri (IVe), escalier monumental (Photo VlM)

     

    Dans le IVe, la variation est moins nette avec une hausse de 3,0 %. Le prix moyen au m² de 10.790 € reste plus élevé que celui du IIIe mais l'écart se resserre et les chiffres doivent être regardés à la lumière de la structure particulière du IVe arrondissement qui inclut les quais de la Seine et les Îles Saint-Louis et de la Cité, où l'immobilier est très cher, tandis que le prix moyen du IIIe bénéficie de l'effet modérateur des quartiers hors Marais, au nord et à l'ouest.

     

  • Studio Étudiante qui occupe un studio du IIIe en colocation (photo VlM)

     

    Si l'on en croit le quotidien "Le Monde" et son article du 28 août sur le logement étudiant,  le loyer moyen pour un studio de 11 m² dans le IIIe se situe autour de 800 € par mois. L'agence Century 21, qui vient de publier une enquête sur le dossier, affirme que c'est "le prix le plus cher de France".  Elle ajoute que le IVe est également très recherché et qu'il ne faut pas compter se loger pour moins de 600 € pour une surface identique.

    Il y a dans cette information une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise, c'est que nos jeunes étudiants, ainsi que ceux qui débutent dans la vie active, ne peuvent espérer se loger dans nos quartiers sauf à le faire en couple ou en colocation entre personnes qui disposent individuellement d'un revenu confortable ou d'une aide de la famille. Les difficultés commencent au moment de la recherche. Sur ce marché, c'est le monde à l'envers : le bailleur fait la loi et c'est lui qui choisit son client. Il exige systématiquement des garants dont la surface financière est l'élément déterminant du choix du locataire.

    La bonne nouvelle, c'est que ce résultat sanctionne le haut niveau d'attractivité du Haut-Marais. Il y a plusieurs raisons à cela. Faut-il le rappeler, le Marais a la chance d'être au centre de Paris. C'est le lieu privilégié, du fait de sa position et de la disponibilité des transports publics, pour ceux qui doivent se déplacer.

    C'est aussi le cœur historique de Paris où foisonnent des monuments et des bâtiments qui portent témoignage d'un patrimoine qui comprend des vestiges du moyen-âge, des traces de la renaissance et, surtout, de l'architecture des XVIIème et XVIIIème siècles avec un nombre impressionnant d'Hôtels particuliers comme Soubise et Rohan, Sully, Amelot de Bisseuil, Coulanges… Sans oublier cette perle de l'époque d'Henri IV qu'est la place des Vosges et quelques immeubles haussmanniens, art nouveau et art déco (mieux vaut éviter de parler de la période après-guerre qui nous a laissé hélas des horreurs comme le gymnase Michel le Comte ou l'école-piscine Saint Merri !)

    Il est clair que la décision des pouvoirs publics, dès 1962, de lancer le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, qui a fait d'un secteur délabré, massacré par les activités marchandes, insalubre, ce qu'il est aujourd'hui, n'est pas étranger à la flambée des prix. Fallait-il pour autant le laisser croupir ? Le détruire, comme le suggérait Le Corbusier ? La réponse est dans la question !

    Il est tout aussi évident que la politique conduite par les Maires d'arrondissements a eu son influence sur l'évolution du marché immobilier. Dans le IIIe, le réaménagement des rues Baubourg, de Bretagne, Turenne, du carrefour des Arts & Métiers, de la rue des Archives au niveau de la Poste, de la rue Rambuteau (commune avec le IVe) a induit un positionnement différent des commerces avec une montée en gamme. Les habitations ont suivi avec un nombre croissant de rénovations/réhabilitations qui en ont élevé la valeur foncière.

    La politique des Maires en matière de logements sociaux, dont on peut observer de notre point de vue qu'elle s'est faite  de manière intelligente en associant largement les intérêts privés, a pourtant pesé elle aussi sur les conditions du marché. En forçant la main des investisseurs privés à céder 25 ou 30 % des rénovations à des bailleurs sociaux à des prix inférieurs au marché, elle a poussé à la hausse, par effet de péréquation, le prix des logements non aidés. On en a des exemples avec le 108 rue Vieille du Temple ou l'Hôtel du Grand Veneur, 60 rue de Turenne (IIIe).

    On peut légitimement en conclure que la puissance publique est responsable, en partie, de l'envolée des prix. Il serait absurde pourtant de l'en rendre coupable car l'amélioration du cadre et des conditions de vie des citoyens doit être le souci permanent des élus. La gentrification d'un ensemble urbain à la suite de sa mise en valeur n'est certainement pas sans conséquences mais il faut savoir considérer tous les aspects du changement et dresser un véritable bilan. S'agissant du IIIe, et au risque d'être contredits, nous considérons que sur un quart de siècle maintenant, ce bilan est positif.

    Le IVe mérite une analyse spécifique bien que les conclusions applicables au IIIe puissent se décliner sur le "Marais-Sud" à des degré divers. On peut regretter toutefois que les Maires successifs aient laissé perdurer les dérives qui en font un quartier "agité" avec notamment des attroupements réguliers le soir sur l'espace public autour de certains débits de boissons, qui ont fait fuir ceux qui aspiraient à une existence paisible, notamment les familles (depuis 2009, la population du IVe a baissé de 4,75 %). En libérant des logements, ce mouvement a contribué à la mise sur le marché d'un nombre élevé d'appartements qui proposent désormais de la "location à la journée" à travers des plateformes bien connues comme AirBnB.

    Quand on sait que la location meublée d'une semaine équivaut à un mois de location traditionnelle, on comprend que cette pratique (sur laquelle on s'est plusieurs fois exprimés) exerce une poussée à la hausse sur le foncier en général et sur les loyers en particulier.

    Gérard Simonet

     

  •   800-immobilier-paris-ile-de-france-1Vue d'une partie du Marais

     

    Les professionnels sont formels, depuis le début de l’année le prix de l’immobilier neuf et ancien repart à la hausse, notamment en Ile-de-France et le Marais n’échappe pas à ce mouvement. Ce retournement s’explique selon les spécialistes par les frémissements de reprise économique, le chômage qui, s’il ne baisse pas vraiment, semble avoir atteint un plafond, la revalorisation du prêt à taux zéro, le dispositif Pinel  et surtout par la poursuite de la baisse historique des taux d’intérêts combinée à une légère remontée du pouvoir d’achat immobilier des ménages et donc la progression de  l’accession à la propriété.

    Nous mentionnerons aussi la multiplication des logements sociaux qui d’une certaine façon contribue à la raréfaction des biens. Nos arrondissements en effet se caractérisent par une offre limitée. Aussi lorsqu’un bien haut de gamme est mis à la vente, il ne tarde pas à trouver rapidement acquéreur.

     

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    Si le nombre de logements vendus durant le 1er trimestre progresse de 11% par rapport à la même période en 2015 (selon des statistiques publiées jeudi par la chambre des notaires de Paris-Ile-de-France), à Paris en revanche c’est une baisse de 7% qui est constatée.

    Cette dichotomie peut paraître curieuse. En fait, elle est la conséquence, selon les notaires de l’application depuis le 1er janvier dernier de l’augmentation des droits de mutation (les fameux frais de notaire) sur les transactions effectuées dans la capitale. Ainsi pour une transaction de 300.000 €, le supplément à payer à ce titre est de 2.100 €. Anticipant ce surcoût, nombre d’acheteurs ont concentré les ventes sur le dernier trimestre 2015, ce qui a eu pour effet de diminuer artificiellement le nombre de transactions sur le début de l’année 2016.

    Il n’est pas sûr que cette embellie soit pérenne. En effet les conséquences du Brexit, l’atonie probable de l’économie et l’entrée en période électorale sont de nature à générer un retournement, même si les taux devraient rester durablement bas.

    Dominique Feutry

     

     

  • Stephane-malka-paris-Terrasse "sur les toits"

     

    Stephane-malka-le-petit-paris-3Immeubles surélevés

     

    C'est bien de Paris qu'il s'agit, comme en témoigne la présence de la Tour Eiffel sur la photo du bas. Rêve d'utopiste ? Projets en cours à la mairie de Paris ? Cauchemar de parisien ?

    Rien de tout cela. Il s'agit de l'illustration d'un article du 22 juin 2016 de la chaine américaine CNN intitulé : "les constructions parasites envahissent le paysage XIXème siècle de Paris !" A lire absolument si on aime les émotions fortes ! Ceux qui ne maitrisent pas la langue de Shakespeare verront aisément de quoi il s'agit grâce aux photos que la journaliste nous propose.

    Bigre ! On connait les méthodes de la chaine qui fait dans le sensationnel ou le facétieux (un peu à la manière de Buster Keaton), avec le plus grand sérieux du monde mais on est là en droit de s'interroger et de creuser un peu plus l'information.

    On découvre qu'un architecte français, Stéphane Malka, publiait en janvier 2015 un livre iconoclaste sur Paris intitulé "Le Petit Pari(s)", et sous-titré "Le Kamasutra architectural", à cause des positions incongrues des constructions qu'il propose. "Le Moniteur" en fait le commentaire suivant : dans l’ouvrage paru aux Éditions Courtes et Longues, l’architecte adopte quatorze positions sur les façades, les toits et les ponts de la capitale pour "faire l’amour au patrimoine parisien".

    Un amour sadique quand on voit ce qu'il fait de Paris. "Le Moniteur" poursuit ainsi : Le livre décrit et illustre des stratégies urbaines alternatives conçues en temps de crise et réalisables avec peu de moyens.

    Et de nous livrer des exemples : "campements furtifs pour marginaux sur murs pignons à l'aide de tentes disposées en échafaudages ; création de logements pour étudiants en extension ou en surélévation d'immeubles dont les façades seraient constituées de palettes en bois formant volets mobiles ; implantation d'ateliers d'artistes dans des dents creuses, etc …"

    MalkaAteliers d'artistes et logements-containers pour étudiants…

     

    Ces élucubrations ne seraient pas dérangeantes si CNN n'avait pas jugé qu'elles sont désormais réalisables  grâce à la loi ALUR de Cécile Duflot, qui modifie les majorités requises en assemblée générale pour décider de travaux. Ainsi selon CNN il deviendrait possible qu'une majorité simple de copropriétaires décide de la surélévation d'un immeuble pour que la décision s'impose.

    On en a froid dans le dos.

    D'autant que nous savons que la Maire de Paris et son Adjoint communiste au logement Ian Brossat sont décidés à densifier Paris pour tenir leur engagement de construction de 10.000 logements sociaux par an pendant la mandature. S'agissant de Paris qui est la ville la plus dense d'Europe et une des plus polluées, il s'agit d'un engagement tragique pour une communauté urbaine qui étouffe déjà sous le nombre de ses habitants et d'un record mondial de touristes. 
     
    On se souvient que l'opposition avait agi à ce propos en véritable moutons de Panurge puisque Nathalie Kosciusko-Morizet avait pour sa part renchéri à 12.000 logements pas an. On est donc en droit de se demander qui peut désormais adopter la position de bon sens que nous défendons. Devrons-nous avoir recours à ces formation "attrape-tout" qu'on a vu fleurir en Grèce, en Espagne, en Grande-Bretagne et ailleurs ?
     
    Gérard Simonet
     
     
  •  Sans-titreDes touristes louant pour une grande part sur les plateformes de locations saisonnières (photo VlM)

     

    A la suite d’une plainte contre X pour non-respect de la réglementation déposée en novembre dernier par les professionnels du secteur de l’Hôtellerie (une soixantaine d’associations et d’organismes) contre les plates-formes de locations saisonnières de logements dont la plus connue est Airbnb, une enquête a été ouverte par le Parquet, a révélé récemment la presse. D’après les informations avérées ou non qui circulent,  alors que l’offre de locations proposée par les particuliers est devenue supérieure à celle  des professionnels,  il semblerait que les sites en question ne soient pas accrédités pour encaisser de l’argent et de surcroît ces sites exerceraient illégalement la profession d’agent immobilier ou d’agent touristique qui suppose l'inscription préalable sur un registre professionnel, or ils n’y figureraient pas.

    En réponse sans doute aux difficultés rencontrées par le secteur hôtelier qui subit de plein fouet cette concurrence, quatre amendements votés par la Sénat seront discutés en Commission mixte paritaire le 29 juin à l’occasion du projet de loi « Pour une République numérique ». Si ces propositions étaient acceptées, elles limiteraient fortement l’activité des plateformes visées. Ainsi pour figurer sur un site,  il faudra justifier de sa qualité de propriétaire  ou de l’autorisation du bailleur. Tout loueur devra s’enregistrer auprès des mairies quelle que soit la taille de la  commune considérée (et pas  seulement celles de plus de 200 000 habitants), avant de faire paraitre une offre de location.

    Les plateformes devront aussi transmettre au fisc les revenus perçus pas leurs utilisateurs afin de limiter la fraude fiscale. Enfin le 4ème amendement  est lié à la loi ALUR qui commande de louer  pour une durée maximale de 120 jours. Cette durée est déjà critiquée car des villes ont d’ores  et déjà imposé une durée plus courte  (New York, San Francisco..) voire même supprimé simplement toute location saisonnière comme à Berlin qui craint une raréfaction de l'offre locative pour ses habitants.  

    Pour ce qui concerne Paris, des contrôles ont été annoncés à grand renfort  de publicité.  Une liste des déclarations des loueurs par arrondissement a été rendue publique sur le site de la mairie, mais elle est bien pauvre au regard des locations existantes, notamment dans le Marais. Des règles ont été instituées, mais elles  restent bien molles. Fin mars en effet, un accord a été signé avec Airbnb afin que les loueurs  susceptibles de dépasser les quatre mois de location par an, reçoivent via Airbnb (!) un e-mail leur rappelant la réglementation. Il faut savoir que ce site perçoit  pour le compte de la Ville depuis octobre 2015 la taxe de séjour (4,6 millions € en 2015).  

    Rappelons incidemment que le dirigeant d’Airbnb avait été reçu en grandes pompes à l’Hôtel de Ville par le 1er Adjoint de la Maire en personne  (voir notre article du 28 février 2015). Enfin le tableau ne serait pas complet si nous ne parlions pas du nombre de nuitées réservées sur Airbnb qui a doublé en 2015,  passant à 23,8 millions dont 50% en Europe. Paris concentrant le un tiers des logements offerts à la location sur l’Hexagone.

    Nous espérons que les 4 amendements cités plus haut seront adoptés par les parlementaires car si souvent les retombées économiques de cet afflux de touristes sont mises en avant,  rien ne permet d’affirmer que sans Airbnb et autres plateformes, les touristes ne seraient pas venus néanmoins dans notre pays.

    Dominqiue Feutry