Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Lutte contre le bruit

  • Terrasse espacée le parisien 30 05 20Terrasse étendue sur l'espace public (Photo Le Parisien)

     

    On peut lire aujourd'hui 31 mai dans "Le Parisien" une interview de la Maire de Paris Anne Hidalgo par Nicolas Maviel sur les mesures d'aide aux bars-restaurants au titre de la sortie du confinement.

    Aucune association de la nébuleuse "Vivre Paris !" à notre connaissance n'a été consultée sur ces mesures. C'est regrettable car nous n'y sommes pas forcément opposés. Nous compatissons avec les bars et les restaurants qui ont baissé le rideau depuis le 17 mars et nous souhaitons que la solidarité avec eux se manifeste. Dans les deux arrondissements du Marais la relation exploitants/riverains a connu des orages mais l'engagement des Maires et de la Police aux côtés des habitants et de leurs associations de défense a eu raison jusque là des conflits.

    Ces jours deniers encore, on a vécu place du Marché Ste Catherine une situation intolérable pour les riverains mais le Maire est intervenu pour rendre l'espoir à une population en désarroi. Un seul dossier a résisté et constitue depuis dix ans l'exception à la règle : le WHO's de la rue St Merri/Pierre au Lard dans le IVe. Il approche du terme d'une procédure judiciaire au civil alors même qu'il a cessé de nuire du fait de l'épidémie. Partout ailleurs, au Carreau du Temple, rue de Braque, St Martin ou rue Quincampoix les moyens mis en œuvre ont conduit à l'apaisement.

    Il en est autrement pour d'autres secteurs à Paris. Nos amis du XIe dont nous parlons régulièrement, ou ceux du canal St Martin, de la butte Montmartre, des Halles et de la Butte aux Cailles, voient avec méfiance le dispositif annoncé. Nous publions ci-dessous un Manifeste des Riverains du XIe (l'arrondissement où Anne hidalgo a choisi de se représenter). Sa tonalité diffère de la nôtre mais on les comprend quand on est sait l'enfer qui est le leur dans les rues de la soif du secteur Jean-Pierre Timbaud/Oberkampf.

    Pour en revenir au Marais, si comme l'annonce Anne Hidalgo les exploitants devront signer une charte d'engagement stipulant que les codes du déconfinement seront appliqués aux consommateurs, les conditions d'accessibilité des piétons seront respectées, les terrasses provisoires fermeront le soir à 22h00, toute musique diffusée à l'extérieur sera interdite ainsi que tout dispositif de brumisation, de chauffage, de climatisation ou publicitaire, l'espace concédé sera maintenu propre de tous déchets notamment des mégots dans un rayon de 25 mètres…. nous pouvons accueillir les mesures de manière prudente, mais favorable. On note qu'elles n'iront pas au-delà de fin septembre 2020 et qu'à cette échéance les espaces devront être remis dans leur état d'origine.

    Nous comprenons que l'ordre sera maintenu par les agents de la DPSP (direction de la prévention, de la sécurité et de la protection) de la Ville de Paris. Nous serons très attentifs avec les riverains concernés à la manière dont ces engagements seront respectés et plus encore à la façon dont les agents de la Ville réagiront. Quel sera d’ailleurs le rôle dévolu à la Police Nationale ?

    Cet épisode peut laisser dans les mémoires le bon souvenir d'une solidarité réussie ou en cas d'échec d'un engagement de la Maire dévoyé.

    Gérard Simonet

     

     

    Manifeste de l'Association des Riverains du XIe :

     

    Anne Hidalgo offre les clefs de la ville aux bars et restaurants
    sans la moindre concertation avec les habitants

     

    Sans aucune justification rationnelle, les bars et restaurants avaient déjà obtenu du gouvernement que la distanciation physique soit réduite de moitié en France par rapport à l’Italie, l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Japon, etc. : un mètre ici contre deux mètres ailleurs. La norme de 4 mètres carrés par personne est en vigueur chez nos voisins, respectée sans contestation, mais pas chez nous…

    Mais cela ne leur suffisait pas : à Paris, les bars et restaurants ont obtenu le jackpot, bien au-delà de leurs espérances. N’importe quel bar ou restaurant va pouvoir s’installer sur le trottoir et geler les places de stationnement devant son établissement. On en connaît le résultat car la pratique s’est déjà développée, en toute illégalité et sans réaction des autorités, dans certains quartiers de Paris (par exemple, rue des Martyrs, la bien nommée).

     

    (suite…)

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    Vidéo filmée par un habitant dans la nuit du 27 au 28 mai 2020

     

     

    Appel au secours d'un riverain au Maire du IVe,

    Monsieur le Maire,

    Il est 1h49, la police n'est toujours pas intervenue. Elle ne viendra surement pas ce soir malgré les multiples appels des riverains, malgré les promesses de leurs opérateurs téléphoniques. Il serait de toute façon trop tard pour les habitants, certains ont choisi de s'assommer de somnifères, pour les autres, leur nuit est perdue… Ils se demandent surement pourquoi ils ont choisi de vivre ici et comment ils vont continuer de le faire…

    Ils étaient plusieurs dizaines et sont encore une vingtaine à parler fort et hurler sur la place. Les "Joyeux anniversaires" sont terminés depuis une heure maintenant, il ne reste que les cris… Les gestes barrières ne sont pas respectés et les masques quasiment absents, contrairement aux bises et des embrassades.

    Il est 2h00, le restaurant "Joséphine" est encore ouvert et va stopper sa vente de boissons alcoolisées. Les consommateurs vont rentrer chez eux, bien fatigués après avoir passé une "sacrée bonne soirée" et vont pouvoir profiter d'une grasse matinée bien méritée. D'autres choisiront de rester sur place jusqu'à 4/5 heurs du matin ! Les discussions se poursuivent de manière animée sur les bancs, avec l'appui d'enceintes mobiles. L’acoustique de la place est telles que tout sommeil est impossible…  

    Pour nous, les riverains, c'est l'enfer car nous travaillons demain.

    "L'avenir de Paris Centre, c'est la qualité de vie de ses habitants"

    D'autres joyeux drilles, frais et dispos, reviendront  demain passer une "sacrée bonne soirée" et pourrir à nouveau la nôtre. Les marchands de boissons écouleront leur marchandise en se frottant les mains. Ils ont vécu deux mois et demi de vaches maigres, l'argent est à portée de leur main, ils ne vont pas se soucier de nous…

    Leurs clients  boiront jusqu'à plus soif et iront se soulager impasse de la Poissonnerie ou rue Necker, sur la place même, en fin de soirée. Alors, que ferons-nous quand nous les croiserons ? Il y aura des échanges plus ou moins polis, plus ou moins musclés. Et la violence comblera le vide que la force publique n'a pas su occuper…

    "L'avenir de Paris Centre, c'est plus de proximité et de sécurité"  

    Il est 2h20, la police n'est pas passée, les buveurs continuent à hurler. D'ici un moment, la place devrait progressivement retrouver son calme. C'est la fin d'une journée comme les autres sur la Place du Marché Sainte Catherine. 

    En ce moment avancé de la nuit, j'en viens à me demander, moi qui ne suis pas un professionnel de la politique, quel est l'avenir de Paris Centre. Difficile question à laquelle je n'ai, bien sûr, pas la réponse. Pourtant, je vois nettement celui que je souhaiterais éviter : celui du départ des résidents, des familles, excédées par l'impossibilité de dormir, inquiètes de ne pas être en sécurité dans un quartier pourtant peu enclin à la délinquance, écœurées de se sentir abandonnées par la puissance publique. 

    Je souhaite à tous une bonne nuit, en espérant avoir contribué à vous convaincre, par cet infime témoignage, de la réalité de la situation et de l'urgence de l'action. 

     

    Ce jour 28 mai 19h00 : le Maire du IVe Ariel Weil répond…

    Sa Directrice de cabinet nous demande de publier ce message :

    "Que tout le monde se rassure, le message des riverains est bien entendu.

    Nous sommes en lien permanent avec les riverains depuis leurs premières alertes et travaillons en étroite collaboration avec le Commissariat de Paris et la Préfecture de Police pour lutter contre ces nuisances inacceptables et ces débordements irresponsables".

     

    Dont acte. Mais nous sommes un peu comme Saint-Thomas, nous voulons voir et toucher du doigt !

     

  • Motos polizei

     

     

    Réagissant au nombre de voix qui s'élèvent contre le bruit des motos, le Bundesrat allemand (conseil fédéral des länder) réclame "des mesures pour réduire les émissions extrêmement dérangeantes de bruit par les deux-roues motorisés".

    Vendredi 15 mai, le Bundesrat a soumis une demande en ce sens au Bundestag. La décision sera soumise au gouvernement fédéral. Rien ne va changer dans l'immédiat mais le rendez-vous est pris et les réactions se manifestent déjà.

    Les demandes du Bundesrat portent sur :

    • la limitation du bruit à 80 décibels dans toutes les conditions d'utilisation (elle est de 90 décibels chez nous à ce jour avec des exceptions jusqu'à 100 décibels. NB : le bruit double en intensité à chaque 3 décibels de plus…)
    • le dossier doit être porté et défendu au niveau de l'Union Européenne
    • des campagnes d'information doivent être lancées sur le thème de la conduite silencieuse
    • le renforcement des sanctions contre les pots d'échappement frelatés avec possibilité de saisie du véhicule sur place
    • la promotion des deux-roues électriques
    • l'accroissement du nombre de points de contrôles au bord des voies de circulation
    • des dispositions diverses aptes à faciliter l'identification et les poursuites des contrevenants

    Il s'agit certes de l'Allemagne et on peut imaginer que les motards là-bas feront valoir leurs arguments et montreront les dents comme le fait régulièrement chez nous la FFMC (fédération française des motards en colère) quand on exige d'eux plus de respect de la société et de ses lois. Certains ont réagi en parlant de "chasse aux sorcières…!). Il reste qu'un mouvement est bel et bien lancé, qu'il sera monté au niveau des instances européennes et qu'on ne peut pas éternellement refuser des mesures qui vont dans le sens de la lutte contre le bruit et en faveur de la sécurité.

    Le bruit est une nuisance dont souffrent durement les français : 86% d’entre-eux se déclarent gênés par le bruit et le placent en tête des nuisances qu'ils subissent. Au-delà de la gêne, l’excès de bruit a des effets sur la santé. Problèmes auditifs (surdité, acouphènes…) et de santé générale (états dépressifs, pathologies cardiovasculaires…).

    La place de la moto à Paris sera l'un des thèmes du deuxième tour des élections municipales chez nous comme ailleurs. Il faut régler la question du bruit mais aussi celle du contrôle technique dont l'application est repoussé aux calendes, et celle du stationnement payant. Pour les deux premiers sujets, un vote au Parlement est nécessaire. Comme en Allemagne !

    GS

     

  • Rue de la soif paris 2"Rue de la soif" parisienne…

     

    Au moment où des décisions cruciales vont être prises avec des conséquences potentielles lourdes dans un contexte où les pressions pour rouvrir rapidement et sans précautions sont formulées de façon souvent irresponsable par les médias, des élus clientélistes, des professionnels peu scrupuleux ou des amuseurs publics sans retenue, nous publions en nous y associant un manifeste de nos amis des Xe et du XIe, un secteur qui a beaucoup souffert, adressé à la Maire Anne Hidalgo et à Jean Castex, Délégué Interministériel auprès du Premier Ministre pour administrer le déconfinement sur les lieux publics et lieux recevant du public à Paris 

     

    Madame la Maire, Monsieur le Délégué Interministériel,

    Les mesures de confinement ont atteint leur but : ralentir la progression de la propagation du virus. Cependant, la menace est toujours réelle, comme le montrent l’apparition de nouveaux foyers en « zones vertes » en France et les exemples de re-confinement observés à l’étranger. Les décisions sur la poursuite de la levée des mesures de restrictions dépendent de contraintes peu conciliables : les incertitudes sur la situation épidémiologique ; les pressions, souvent irresponsables, exercées par les milieux professionnels, les politiques, les médias et l’opinion publique ; l’acceptabilité sociale du calendrier de retour à la normale.

    La gestion des lieux publics et des lieux recevant du public présente une difficulté particulière, notamment à Paris, en raison des risques avérés d’activation de chaînes de contamination au sein d’espaces ouverts non régulés et d’espaces clos de dimension restreinte. Dans les deux cas, il est illusoire de penser que les mesures sanitaires pourraient être respectées sans une régulation forte des autorités administratives.

    Les associations d’habitants défendant leur qualité de vie dans des quartiers stigmatisés comme « festifs » savent d’expérience que les publics indisciplinés ne sont pas spontanément capables de maintenir des pratiques contraignantes (gestes barrières, distanciation sociale) directement opposées aux conduites recherchées de détente, plaisir et désinhibition. Les comportements collectifs antisociaux sont favorisés par de nombreux facteurs de risques : l’action inadaptée des élus municipaux, la complexité du mille-feuille administratif régissant la capitale, le manque de moyens de la Préfecture de police de Paris face à ses nombreuses missions, l’individualisme de trop nombreux exploitants d’abord préoccupés par leurs intérêts particuliers au détriment de la prise en compte de tout impératif de santé publique.

    Dans ce contexte, seule une orientation volontariste des autorités serait à même de réduire les risques considérables de propagation qu’entraînerait l’ouverture précipitée des lieux publics et des lieux recevant du public. Qu’il s’agisse des lieux ouverts ou des lieux fermés, des prescriptions formalisées (et pas de simples recommandations) doivent être fournies pour organiser rigoureusement les interactions du public, pour inciter de façon appropriée celui-ci à respecter les comportements indispensables, pour mettre en œuvre un contrôle préventif de proximité, pour sanctionner les attitudes déviantes incompatibles avec le risque épidémiologique.  

    Pour ces raisons nous considérons qu'il est urgent que soit défini un cadre de régulation inédit adapté a cette situation inédite. Nous souhaitons être entendus par la Maire de Paris car nous avons des propositions constructives à exposer.

    Association des Riverains du XIe arrondissement

     

  • Terrasse sage mairieUne terrasse comme on en rêve, triée sur le volet pour illustrer les mesures que la Maire de Paris se propose d'apporter aux acteurs de la vie économique parisienne (Photo mairie de Paris)

     

     

    Une fois encore, Anne Hidalgo s'adresse aux "forces vives" pour faire connaitre son "plan de soutien à la sortie du confinement".

    Nous nous faisons un plaisir de le relayer en invitant chacun d'entre nous à en évaluer les conséquences sur le terrain. Elles sont prévisibles. Nous en avons constaté les effets inquiétants dès les premiers jours : Canal St Martin,  Berges de la Seine, Butte aux Cailles (XIIIe), Montmartre…

    Sont-elles insurmontables ? On peut le craindre mais baisser la garde conduirait à un désastre social et sanitaire. On peut tolérer et comprendre tel ou tel rassemblement "bon enfant". On ne peut pas en accepter les abus. Les associations "Vivre Paris !" soucieuses du respect de l'espace public et de la tranquillité des habitants demandent aux services d'ordre de la mairie (DPSP) et de la Police Nationale de faire en sorte que les règles sanitaires soient respectées et que la limite du raisonnable dans les aménagements provisoires autorisés ne soit en aucun cas dépassée. Un dialogue en ce sens est établi avec Jean Castex, chargé de mission déconfinement auprès du Premier Ministre. 

    Nous sommes attentifs également aux dépenses annoncées : 200 millions d'€ sans contrepartie de recettes, avec le doute que les recettes courantes souffrent elles-mêmes des conséquences de l'épidémie (arrêt des transactions immobilières notamment et chute des droits de mutation qui rapportent 2 Milliards d'€ normalement à la Ville…). Étonnement de constater qu'on annonce 25 Millions d'€ de plus aux acteurs associatifs et culturels dont le montant des subventions donne déjà le vertige !

    Nous ne serions pas étonnés dans ces conditions que le déficit 2020 dépasse les 500 Millions d'€, alors que par la loi les municipalités doivent être à l'équilibre. Va-t-on déclarer ces dépenses en investissements pour échapper à cette contrainte ?

    Il n'est pas nécessaire d'être expert en économie pour conclure que la Ville va devoir emprunter encore pour couvrir le différentiel, dans la mesure où la Maire et ses concurrents confirment ne pas vouloir augmenter les impôts. 

    Une question se pose alors : il y a un consensus des économistes pour dire que l'endettement des États ne déclenchera ni la hausse des taux (d'ailleurs, si hausse il y avait, on la compenserait par un recours supplémentaire à l'emprunt !) ni la dépréciation des monnaies car elle se mesure par rapport à d'autres monnaies et toutes sont logées à la même enseigne. Enfin il n'y aura pas d'inflation car le contexte offre/demande et la hausse de la productivité due aux nouvelles technologies y font obstacle.

    Si cette analyse se confirme, tout se passerait comme si l'institution mairie de Paris à l'image de l'Etat disposaient de la planche à billets, qui est en principe le monopole de la BCE (banque centrale européenne). Et si une municipalité y a accès, pourquoi pas les grandes entreprises, puis les moins grandes etc… Je crains qu'on s'achemine en réaction vers une défiance générale à l'égard des monnaies souveraines et un retournement vers d'autres actifs, les actions d'entreprises (certaines d'entre elles) et pourquoi pas les crypto-monnaies comme le bit-coin.

    Je me garderai bien d'aller plus loin dans ces prédictions. C'est déjà assez difficile de se poser les bonnes questions. Une chose me parait sure : nous entrons dans un monde nouveau dont il est difficile de dire s'il sera bon ou mauvais et pour qui.

    Gérard Simonet

     

  • Préfecture de police vue aérienneLa Préfecture de police de Paris, vue des tours de Notre-Dame

     

     

    Reprenant le cycle de nos entretiens avec les autorités parisiennes, nos associations de défense de la qualité de vie des parisiens  ont demandé à être entendues par la Sous-préfète Frédérique Camilleri, Directrice-adjointe du cabinet du Préfet de police de Paris. Nous l'avions précédemment rencontrée le 22 octobre 2019. L'entretien avait fait l'objet d'un article qui se réjouissait de l'engagement de la police en faveur de la sécurité et de la  tranquillité des parisiens.

    Les événements récents, le confinement et sa sortie nous incitaient à la revoir pour lui faire part de nos analyses et nous assurer de la présence de la police aux côtés des habitants dans la phase sensible du déconfinement.

    Des porte-paroles de nos associations ont parlé longuement avec elle. Voici ce que nous retenons de ses propos :

     

    Comme à son habitude, Frédérique Camilleri se montre à l’écoute des habitants représentés par nos associations, attentive aux principaux thèmes sur lesquels nous échangeons. Commentant la récente actualité, nous lui avons fait part de notre soulagement face à la rapidité et à la fermeté des mesures prises par la Préfecture de police, le jour même du début de déconfinement, avec les débordements observés le long du canal Saint-Martin.

    Mme Camilleri semble avoir été sensible aux commentaires favorables des associations d’habitants. Les opinions que nous rapportons relativisent beaucoup les conseils et les critiques des donneurs de leçons qui s'expriment dans les médias. Notre attitude contribue probablement à renforcer la Préfecture dans sa détermination de ne tolérer aucun débordement quelle qu’en soit la nature (non-respect des gestes barrières et de la distanciation sociale, alcoolisation massive, nuisances sonores, etc…).

    Les arrêtés préfectoraux interdisant la vente et la consommation d’alcool, ou limitant certaines attitudes de promeneurs, ont été pris sans délais dès que les images de dérives spectaculaires autour du canal Saint-Martin ont été diffusées. La préfecture y était heureusement préparée. Les instructions du Ministère de l’Intérieur et de l’ensemble du gouvernement paraissent sans équivoque : être ferme pour ne pas mettre en cause les résultats positifs de la longue période de confinement qui s’est achevée le 11 mai.

    Néanmoins, la Préfecture nous semble à juste titre convaincue que le déconfinement ne doit pas être l'affaire exclusive de la police ; s’agissant de la préservation de vies humaines, ce sont les individus eux-mêmes qui doivent adopter des comportements appropriés, à titre individuel et collectif. Si une majorité des parisiens ont montré un esprit civique à la hauteur de la situation, une minorité de comportements déviants ont été malheureusement observés.

    La Préfecture n’a pas hésité à prendre des mesures appropriées contre des établissements qui ne respectaient pas les nouvelles règles du jeu : plusieurs commerces ont fait l’objet de fermetures administratives dès les premiers jours du confinement, et ceci pour toute la durée de la période. C’est la politique que continuera d’appliquer la Préfecture de police dans les semaines qui viennent, pendant l’état d’urgence sanitaire.

    Nous pensons donc que les entorses aux restrictions sanitaires, ainsi que les nuisances sonores éventuelles, seront sanctionnées, à la fois pour les restaurants, à partir de leur réouverture (aucune indication de date à l’heure actuelle), mais également pour les bars, cafés, discothèques (ouverture probablement plus lointaine encore).

    S'agissant des projets d’élargissement de terrasses sur la voie publique évoqués par la mairie de Paris, nos associations savent bien que depuis 2017 la mairie de Paris a récupéré des pouvoirs qui étaient précédemment de la responsabilité de la Préfecture de police, ce qui rend l’action de celle-ci plus délicate. En tout état de cause, nous savons aussi que nous pouvons compter sur la Préfecture de police, toujours attentive aux nuisances, actuelles… et futures.

    Cette différence de vues donne probablement lieu à des discussions, qui doivent avoir cours actuellement. La Préfecture n’est pas là pour compenser les nuisances créées à son corps défendant. Ainsi, a-t-elle donné plusieurs avis défavorables à la fermeture de l’axe majeur que constitue la rue de Rivoli. La mairie est passée outre, ce qui est son droit aujourd’hui, et c'est logiquement aux effectifs municipaux d’assurer désormais la protection et la fermeture de la rue… Or, cette surveillance nécessite beaucoup de moyens…

    L’état du mille-feuilles institutionnel parisien n’est qu’à moitié rassurant pour les citoyens car, si la Préfecture de police a moins de moyens pour protéger les habitants, nous pourrions être abandonnés à nous-mêmes si la mairie de Paris poursuivait dans ses déclarations de piétonisation de certaines rues en vue d’y développer l’offre des bars et restaurants.

    Dans le contexte de crise actuelle, le moment est opportun pour redessiner les quartiers parisiens jusqu’à présent frappés par la mono activité de l’alcool et de la fête. De nombreux établissements ne satisferont probablement pas les conditions requises s’ils voulaient continuer sur la base de leur ancien modèle, aujourd’hui complètement dépassé (dumping sur les prix et la qualité favorisant le "binge drinking" et les foules circulantes, etc…).

    A cet égard, la Préfecture de police pourrait nous aider en appliquant de façon restrictive les dispositions de l’arrêté préfectoral d’octobre 2016 qui va dans le sens que nous souhaitons puisqu’il permet notamment de limiter les translations de licences IV dans certains quartiers. Elle semble prête à continuer dans cette voie, qui pourrait conduire à la baisse du nombre de licences IV dans ces quartiers saturés en établissements de nuit.

     

  •  

    Fête

     

     

    Tandis que la Maire de Paris se préoccupe en apparence de garantir la santé de ses administrés en s'assurant que le déconfinement se déroule dans le respect des mesures sanitaires recommandées par le gouvernement et la direction de la santé publique, son Adjoint à la vie nocturne Frédéric Hocquard propose de transformer des rues en espaces accueillant des concerts. 

    Une "webradio" Tsugi RADIO  reproduit ainsi ses propos :

    "On n’a pas non plus envie que les rues se transforment simplement avec une grande table, une tireuse à bière et un comptoir. On voudrait qu’il puisse aussi y avoir des activités festives, musicales. Ces rues pourront servir à ce qu’il puisse y avoir des représentations artistiques. Pas forcément des concerts, ça peut être plein de choses, mais le concert n’est pas exclu."

    Il évoque aussi les parcs et jardins, que la Maire veut rouvrir dès que possible. "Ce qui ne va plus se passer en salle pendant un certain temps, on va le faire en extérieur". 

    Le Premier adjoint de la Maire, Emmanuel Grégoire, lors d’une conférence de presse sur le déconfinement tempère en déclarant : « En août, il y aura une vie parisienne beaucoup plus dense que traditionnellement. Si nécessaire, on demandera au Préfet de prendre des arrêtés pour interdire la vente d’alcool dans certaines zones et éviter une trop grande concentration, avec une attention sur les voies sur berge, le canal Saint-Martin et le bassin de la Villette".

    On le voit, la mairie de Paris souffle le chaud et le froid. Il faudra d'ici les élections que la Maire sortante candidate à sa réélection choisisse à quel régime elle entend désormais soumettre les parisiens pour qu'ils oublient dans leur nouvelle vie les semaines vécues dans l'épreuve du coronavirus. En se souvenant que leur pire crainte est désormais de tomber dans l'enfer que leur réserverait des fêtards débridés entrainés par les professionnels de la nuit et les débits de boissons alcooliques. 

    GS

     

  • Archives 51 la terrasse tentaculaire

    Est-ce là ce qui nous attend ?

    Archives 43 piéton à la canne

    Halte ! On ne veut pas du retour à ces excès !!!

     

    Voilà dix ans maintenant les citoyens parisiens se mobilisaient dans le mouvement "Vivre Paris !", avec des associations dans tous les arrondissements, pour dénoncer l'invasion de l'espace public par les terrasses de cafés-restaurants et les nuisances sonores qui en résultent de jour et hélas la nuit. La Maire de Paris, en annonçant qu'elle allait donner plus d'emprise encore à ces établissements, sur les trottoirs et sur des rues entières, gratuitement, envoie un signal à l'opposé de ce que les parisiens attendent à la fin d'une crise sanitaire dont ils ont beaucoup souffert.

    Anne Hidalgo affirme que la mesure prendra fin en septembre. Qui peut croire que les débits de boissons, soutenus par les lobbies de l'alcool et les professionnels de la nuit, se résigneront à abandonner un privilège qu'ils réclament depuis toujours : la maitrise à leur avantage de l'espace public et sa marchandisation.

    Le  Dr Bertrand Lukacs, président d'Habiter Paris et de l'association des Riverains du canal St Martin (Xe), soutenu par d'autres forces vives, dans le XIe arrondissement très éprouvé, et partout ailleurs dans Paris-centre et dans Paris, s'exprime à propos de cette déclaration d'Anne Hidalgo qui a fait l'effet d'une bombe.

    GS

     

    Le nécessaire redémarrage de l’activité des bars et des restaurants doit bien évidement tenir compte des contraintes des gestes barrière, pour autant il ne doit certainement pas se faire sur le dos de la santé des riverains.

    Les parisiennes et les parisiens ont pris pleinement conscience de l’ampleur de la pollution sonore qu’ils subissaient au quotidien. Et ce sont dans les quartiers festifs que les parisiens souffrent le plus comme le montrent très bien les mesures de Bruitparif.

    La baisse de la pollution sonore, largement perçue comme un des rare bénéfices du confinement par les habitants doit absolument perdurer. Pour la santé des parisiens, cette lutte contre la pollution sonore, passablement oubliée jusqu’à présent, doit devenir une des priorités de la prochaine équipe municipale, à l’instar de la lutte contre la pollution atmosphérique.

    Les annonces d'Anne Hidalgo au quotidien "Le Parisien" hier matin sont de très mauvais augure : sans aucune concertation préalable avec les associations de riverains concernés, il est annoncé : "Pour les bars, cafés et restaurants : élargir l’emprise des cafés et bars sur l’espace public. Des rues entières pourraient leur être réservées à titre gratuit".

    Nous comprenons les enjeux mais nous ne pourrions comprendre et nous n’accepterons pas que le redémarrage de l’activité des bars et des restaurants ait pour conséquence directe une aggravation de la pollution sonore subie par les riverains.

    La situation que nous traversons, inimaginable il y a encore quelques mois, nous oblige à changer profondément et durablement nos comportements car nous devrons cohabiter un long temps avec le virus. Saisissons cette opportunité pour construite ensemble un lendemain meilleur, moins pollué, plus écoresponsable. Et ce qui est vrai pour tous est aussi vrai pour les bars, cafés, restaurants et établissements de nuit. Et c’est possible si nous avons cette ambition partagée. Le chemin n’est évidemment pas simple mais la première des conditions, essentielle au succès, c’est la concertation entre tous, et donc avec les riverains.

    Nous demandons une fois de plus à faire partie intégrante des discussions préparatoires avec les services de la mairie de Paris et de la préfecture de police de Paris. Nous avons des propositions à formuler pour minimiser au maximum le risque sanitaire qui reste prioritaire pour tous et ne pas aggraver la situation des riverains.

    Dr Bertrand Lukacs

     

  • Castex jean FR3Jean Castex (Photo France 3 Occitanie)

     

     

    Jean Castex est Maire de Prades (Pyrénées Orientales), la ville du Maître catalan du violoncelle Pablo Casals. Issu de la droite, il a été réélu aux dernières municipales avec le score élogieux de près de 76 %. Le gouvernement par la voix du Premier Ministre Edouard Philippe, a annoncé le jeudi 2 avril sur TF1 qu'il sera chargé de la "coordination d’un groupe de travail interministériel pour réfléchir à la stratégie de déconfinement". Haut fonctionnaire, élu local, énarque… L'homme semble avoir toutes les caractéristiques requises pour mener à bien cette tâche. Il connait nos institutions, notamment celles qui touchent à la Santé.

    Des associations parisiennes militent depuis 2010 sous l'étiquette "Vivre Paris !" pour le respect de l'espace public, la maitrise du tourisme festif, le contrôle de la consommation nocturne de boisssons alcooliques, la régulation du cadre de vie des espaces ouverts, le droit à la tranquillité et au sommeil des habitants. Ces associations souhaitent partager avec ce haut fonctionnaire leur analyse de la situation et leurs recommandations pour l'avenir.

    Cox attoupement square ste croix 29 03 14 à 20h45

    Jean pierre timbaud soirée privée sept 2012

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Rassemblements nocturnes et alcoolisation dans les IVe et  XIe arrts….

     

    Il n'est pas question de s'acharner sur des établissements à terre aujourd'hui, condamnés avec le confinement à fermer leurs portes, et d'exploiter dans notre rhétorique les aberrations constatées et dénoncées hier, notamment les rassemblements de foules de consommateurs à l'intérieur, sur les trottoirs et sous les fenêtres des habitants qui ont vécu l'enfer de nuits sans sommeil. Peut-être fallait-il que ces excès se produisent et se révèlent pour que les yeux se décillent ?

    Nos amis du XIe arrondissement très affectés par les méfaits des activités festives nocturnes et de l'alcool s'expriment en ces termes sur le sujet :

    "Citoyens engagés, responsables associatifs, nous sommes des observateurs avisés et modérés, constants (nous travaillons dans la durée, depuis plus de dix ans), raisonnablement objectifs (sensibles à ce qui relève de l'intérêt général qui est notre unique boussole), nous représentons la fameuse "société civile" qui ne s'exprime que très rarement, et trop souvent dans des sondages d'opinion aux questions généralement biaisées. Nous sommes reconnus en tant que tels par un grand nombre des décideurs."

    A ce titre, nous les rejoignons pour nous exprimer auprès de Jean Castex sur les enjeux des modes de déconfinement dans nos quartiers caractérisés par une surpopulation, l'indiscipline des exploitants et des consommateurs, une certaine discordance dans l'attitude des autorités : préfecture de police et mairie de Paris. Nous craignons un encouragement au laxisme, un manque d'effectifs de contrôle, le rejet social des mesures de déconfinement, leur mauvais décodage par les populations, la difficulté de leur mise en œuvre réelle, et pour finir les résistances à l’application d'une politique efficace de déconfinement avec un risque d'échec et de rebond dévastateur.

    Il est conseillé à ce propos de s'inspirer des expériences de pays voisins qui travaillent sur des modes de sortie du confinement qu'ils ont eux-mêmes instaurés (Italie, Autriche, Allemagne, Espagne, Danemark …)

    Nous voulons quant à nous que la sortie du confinement réussisse. Nous sommes demandeurs d'une visio-conférence entre des représentants de nos associations de notre mouvance "Vivre Paris !" et Jean Castex, pour nous en entretenir.

    Vivre le Marais ! Vivre Paris-centre !

     

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    Place ste catherine 22 04 19Place du Marché Ste Catherine (IVe) : un havre de paix qui entend le rester (Photo VlM)

     

     

    Le combat des riverains soutenus par leur Maire Ariel Weil a porté ses fruits : un arrêté du 18 février 2020 signé de la Maire de Paris Anne Hidalgo édite des règles complémentaires d'urbanisme pour cette place "construite en 1783 par l'architecte Caron avec une composition urbaine spécifique pour les devantures des rez-de-chaussées….. qui induit une approche paysagère de type SPR" (Site Patrimonial Remarquable, nouvelle appellation du PSMV).

    L'arrêté précise notamment les conditions d'application du règlement  des terrasses et étalages de 2011 au travers d'une "charte" qui fait partie intégrante du règlement. Au titre de cette charte : les terrasses fermées sont interdites ainsi que les planchers, la hauteur des écrans parallèles, qui doivent être transparents, est limitée à 1,30 mètre, la hauteur des écrans perpendiculaires, transparents eux aussi, n'excèdera pas 2,50 mètres, les stores bannes sont codifiés et les joues latérales interdites. Les couleurs doivent  être agréées par l'ABF.

     

    Marché ste catherine casemate 09 12 19

    Publié au "bulletin officiel de la ville de Paris" (BMO), l'arrêté est entré en vigueur le jour de sa signature le 18 février 2020. Nous attendons de ces nouvelles dispositions dont nous nous réjouissons, qu'elles nous délivrent de cette "casemate" des années écoulées qui longtemps a défiguré la place et porté atteinte à son charme.

    Gérard Simonet