Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Parcs & jardins

  •   85061Des plants de framboisiers sur le toit aménagé d'un bâtiment de bureaux de la mairie du IVe (photo C. Rose)

     

     

    Inauguré ce mardi 18 octobre, un jardin potager de 300 m² été installé sur le toit de bureaux de la mairie du IVe, rue de Lobau.

    Des plants de fraises, des framboisiers, du basilic, des salades et des capucines ont été plantés et semés. Des pieds de vigne (110)  devraient bientôt les rejoindre ainsi que des ruches.  

    La Ville de Paris souhaite que ces projets se multiplient de manière à satisfaire la charte intitulée « Objectif 100 hectares » (de végétalisation NDLR).

    Qui dit installation d’un jardin (nécessairement réalisée par des spécialistes, les problèmes techniques étant nombreux) dit entretien, une tâche confiée à Urbagri, une petite SAS de création récente installée dans le XVIIIe arrondissement récompensée pour sa créativité en matière de végétalisation urbaine.

    L’intérêt de cette installation est la création d’une nappe phréatique alimentée par l’eau de pluie qui permet d’arroser les végétaux. Si les précipitations sont insuffisantes alors l’eau de la ville sera utilisée. Bien entendu le compostage est de règle, les pulvérisations chimiques sont bannies.

    Cette expérience est intéressante et des visites seront possibles par petits groupe. En revanche rien n’est mentionné, y compris sur le site de la mairie, quant au coût de cette installation ni sur les heureux bénéficiaires qui auront le privilège de déguster les précieuses et délicieuses productions bio du potager sur toit de la Mairie de Paris ?

     

     

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                                Vestige de la Bastille, la tour de la Liberté réinstallée square Henri Galli (IVe)


    Le conseil de quartier de l’Arsenal qui s’est tenu le 21 septembre a souligné combien
    l’état du square Henri Galli était désolant. Poubelles éventrées, bouteilles cassées…
    sont le lot quotidien de cet espace vert. Le conseil en appelle donc aux autorités municipales
    pour un profond nettoyage. Il demande à la Mairie du IVe de le renforcer notamment les
    samedis et dimanches matin, lendemains de soirées « arrosées » et moments où les enfants
    utilisent davantage le square.
    Voilà encore l’illustration des conséquences de la fête permanente encouragée par la
    municipalité. Pourtant ce square qui fait face à l’Ile Saint-Louis mérite mieux. Il a la particularité
    en effet  de contenir la base d’une des huit tours de la Bastille, la Tour de la Liberté, retrouvée
    en 1899, 1 rue Saint-Antoine, à 7m50 de profondeur, lors du percement de la ligne 1 du Métro.
    Déplacée pierre à pierre elle a été reconstruite dans ce parc.
    Au carrefour du boulevard Henri IV et des quais Henri IV et des Célestins, le square de forme
    triangulaire a été créé en 1925. Il porte le nom d’un député, écrivain et journaliste de la 
    IIIe République. Jusqu’en 1942, une statue de guerrier d’Ernest–Eugène Chrétien, dont les œuvres
    sont surtout visibles en province (Douai, Bernay, Bordeaux...), faisait pendant à la tour de la Bastille,
    mais elle a été fondue.
    A découvrir ou redécouvrir…   D. Feutry
  •    P1000069Vue du Square du Temple (IIIe)  

     

    Le dernier bulletin municipal de la mairie du IIIe arrondissement fait état du possible changement de nom du square du Temple (une proposition a été faite en ce sens au Conseil de Paris), pour le dédier à Élie Wiesel, écrivain et philosophe américain, respecté, honoré mais aussi contesté et controversé à la fois. Si l'intention de ceux qui veulent procéder à ce changement peut se comprendre afin de rendre hommage à un passé plus récent que l'histoire de l'Enclos des Templiers, vieille de plus de 800 ans, est-il bien opportun de gommer le nom de ce lieu  où  s'est déroulé et forgé un épisode marquant de l'Histoire de France ?

      Panneau-le-donjon-du-temple-rue-eugène-spuller-square-du-temple-temple-de-parisUn panneau rappelle que l'emplacement du square du Temple est chargé d'histoire  

     

    De grands penseurs apportent la réponse. Ainsi Nietzsche affirme que " l'homme de l'avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue" quand Marc Bloch précise "l'ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent, elle compromet dans le présent l'action même" ! Quant à Élie Wiesel nous relevons cette phrase qui sonne comme une évidence " un homme sans passé est plus pauvre qu'un homme sans avenir." Nous pourrions multiplier à l'infini toutes ces citations, elles montrent simplement combien il est hasardeux et lourd de conséquences de vouloir débaptiser un endroit si chargé d'histoire alors que rien ne l'oblige.

    Le faire pour le square du Temple sera considéré pour beaucoup comme un renoncement à notre histoire, un étiolement de la connaissance de notre passé déjà bien indigente !

    Dominique Feutry

     

  • Serres auteuil géoLes Serres d'Auteuil, inscrites à l'inventaire des monuments historiques, dont une partie a été sacrifiée à l'autel de l'extension de Roland Garros (Photo Géo)

     

    Douche froide pour les tenants du projet.

    Le 3 octobre, on apprenait que la décision en appel du Tribunal Administratif de suspendre l'exécution  du permis de construire était annulée par le Conseil d’État statuant en cassation. Une fois de plus, pour des raisons qui mériteraient une analyse approfondie, la juridiction suprême décide en faveur de la mairie de Paris. La Fédération Française de Tennis (FFT) boit du petit lait. Les défenseurs du patrimoine pleurent devant le spectacle des bulldozers qui reprennent possession du terrain.

    Puis patatras! On découvre hier soir 6 octobre que le Tribunal de Grande Instance de Paris (TGI), statuant au civil en référé à la demande des héritiers de l'architecte des Serres, Jean-Camille Formigé, ordonne "la suspension des travaux engagés ou à engager".

    Les associations qui défendent l’intégrité des Serres d'Auteuil, dont la SPPEF (société pour la protection des paysages et l'esthétique de la France), le collectif Auteuil-Les Princes, France Nature Environnement, SOS-Paris… se réjouissent de cette péripétie qui contredit le Conseil d’État tandis que la FFT dénonce le jugement et parle d'une "décision prise dans des conditions douteuses et s'interroge sur une possible manipulation". Bigre !

    Pour notre part, nous avons dés le début regretté l’acharnement de Paris  et de ses dirigeants à maintenir le tournoi de Roland-Garros dans le cadre étriqué d'Auteuil. Il fallait de la place à la FFT. Versailles, qui n'est qu'à 25 kilomètres de Paris, proposait sa candidature et l'étendue infinie de ses espaces. C'était une occasion pour décongestionner Paris. Égoïstement et soucieux de leur ego, Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo (alors Première-Adjointe en charge de l'urbanisme) décidaient de faire l'arbre droit pour conserver le prestige d'organiser ce tournoi du Grand Chelem.

    Il fallait dans ce but sacrifier une partie des Serres d'Auteuil : qu'à cela ne tienne ! Ce fut fait.

    Nous suivons attentivement cette affaire car elle est significative d'une attitude que nous dénonçons : défendre à tout prix le "pré carré" de la capitale en y développant l'activité et l'habitat au détriment de la périphérie dont les habitants souffrent de devoir converger en permanence vers un Paris surpeuplé, avec les difficultés de logement et de transport que nous connaissons, et que la fermeture des berges à la circulation met singulièrement en lumière.

    Gérard Simonet

     

  • Hôtel soubise décoration 23 09 16Décoration florale dans la cour d'honneur de l'Hôtel de Soubise. Au fond en arrière plan le Couvent de la Merci. (photo VlM)

     

    Les travaux portent en réalité sur le "Dépôt Braibant" qui jouxte l'Hôtel de Soubise. Construit en 1957, il abrite onze niveaux de documents d'archives. Malgré son caractère récent, la totalité du clos et sa couverture en ardoise crochetée est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. 

    Dans le fond du parc, l'Hôtel de Rohan fermé au public, réaffirme par une série de panneaux d'information son destin d'héberger les décors de stuc et de boiseries restaurés de l'Hôtel dit de "la Chancellerie d'Orléans", pieusement conservés depuis 1923 par la Banque de France. L'ouverture au public aura lieu en 2018.

    Les décors originaux de l'Hôtel de Rohan sont perdus en grande partie mais les salles du rez-de-chaussée sont en voie de restauration pour l'accueil des trésors de la Chancellerie d'Orléans. Ils ont attendu dans des caisses pendant 93 années la consécration qui les attend (notre article du 2 avril 2014). Pour cette occasion, les façades de l'Hôtel de Rohan seront elles aussi restaurées et ravalées.

    GS

     

  • Jardin temple haudriettes nettoyage 22 02 12 (2)Le jardin et son personnel d'entretien. Aucun signe ne rappelle que c'est là que se trouvait "l’Échelle du Temple" , le pilori de justice de l'Ordre des Templiers. Au lieu de cette référence certes sinistre mais historique, on lui a  préféré le nom d'une poétesse à la renommée bien confidentielle (Photo VlM)

     

    On l'a dit et répété au Maire Pierre Aidenbaum : ce dont ce jardin du IIIe a besoin, c'est d'un entretien plus fréquent et quelques réparations. Il est désormais régulièrement fréquenté par des gens du quartier qui profitent de cet espace de repos près de chez eux et d'un peu de végétation et des visiteurs qui se déplacent du centre Beaubourg au musée Picasso et qui usent de ses bancs pour une halte repas.

    Depuis plusieurs mois, il bénéficie de la sollicitude du conseil de quartier Ste Avoye qui a imaginé diverses façons d'en perturber la quiétude. Il y a eu la marelle, on a parlé de tables de ping-pong … Pour finir, les membres du conseil de quartier, qui vivent assez loin de ce jardin, ont décidé d'installer des nichoirs à oiseaux.

    Les personnes qui se sentent concernées sont invitées à se rendre sur place ce mercredi 21 septembre 2016 entre 13h30 et 15h30 pour assister à l'accrochage des nichoirs. Ils pourront essayer de savoir des organisateurs de l'opération quel a été le rationnel de cette décision qui n'a jamais été soumise aux riverains de la place et qui, pour tout dire, les laisse perplexes.

    Une information a été diffusée par la mairie du IIIe  – Voir l'annonce "Nichoirs

     

    Ajout du 21 septembre, qui fait référence à notre "commentaire"  du même jour : un rat sur la placette !

    Jardin temple haudriettes rat 23 01 13

     

  • Gaïté lyrique 22 11 11
    La "Gaîté Lyrique" vue depuis le parc, rues Papin et Salomon de Caus, dans le IIIe

                  

    Nous sommes ici dans une partie du IIIe dont on parle peu mais qui est probablement l'une des plus fascinantes du Haut-Marais (*), celle en tout cas qui porte la marque la plus forte du passé et de notre Histoire. Elle s'étend du Prieuré Saint Martin des Champs, jusqu'à l'Enclos du Temple, qui était tout proche.

    En partant du Square du Temple, où s'élevait le palais du Grand Prieur de l'ordre des Templiers, on se rappelle que c'est Napoléon III qui le fit démolir, parachevant ainsi l'action préventive de son oncle Napoléon Ier qui avait décrété l'éradication des vestiges de la tour du Temple, prison de la famille de Louis XVI, devenus lieu de pélerinage pour les royalistes.

    On atteint rapidement l'église du prieuré de Saint Martin des Champs, qui héberge aujourd'hui une partie du musée des Arts & Métiers. Le trajet n'est que de 200 mètres environ le long de la rue Réaumur. Une promenade assez plaisante, d'ailleurs, car elle permet de voir, dans un alignement d'immeubles post haussmanniens, côté impair, quelques bâtiments dans le style "Art Nouveau" (du n° 35 au n° 41), caractéristique des constructions parisiennes du début du XXème siècle.

    Ce prieuré, dont les origines remontent au XIème siècle, est doté d'une enceinte du XIIIème siècle dont il nous reste aujourd'hui des murs et une tour à l'angle de la rue du Vertbois (IIIe). Une deuxième tour se cache non loin de là à l'intérieur d'un immeuble privé situé 7 rue Bailly (IIIe). Elle abrite un escalier hélicoïdal qui a réussi à se lover dans son diamètre.

    Vertbois tour prieuré st martin 24 11 11 Bailly escalier tour prieuré st martin

    Tour d'enceinte rue du Vertbois                      Intérieur de la tour rue Bailly – photo JPD

     

    Dans cet ensemble de bâtiments prestigieux, qui abritent actuellement le CNAM (conservatoire national des arts & métiers), tour d'enceinte, église, cloitre, réfectoire, qui virent se succéder pas moins de 65 prieurs dont quelques cardinaux, les époques se superposent et les styles se mélangent. On trouve du roman, du gothique, des signes de la renaissance sur les ouvertures de l'église et pour finir des bâtiments de la fin du XIXème siècle.

    St martin prieuré réfectoire et entrée monumentale musée 26 11 11 St martin prieuré cloitre 26 11 11

    A gauche, réfectoire du XIIIème siècle d'un gothique épuré (qui devient bibliothèque du CNAM en 1845) et entrée monumentale du musée. A droite, le cloitre (encombré de nombreuses constructions parasites)

     

    Plus au sud, mais toute proche dans la rue Saint Martin, se dresse l'église dans le style gothique flamboyant de Saint Nicolas des Champs. Louis Braille, l'inventeur de l'écriture tactile pour aveugles et mal-voyants, y a tenu l'orgue autour de 1850.

    On voit que le secteur est riche en monuments, riche par son histoire. Le musée des Arts & Métiers à lui seul, qui constitue un pôle d'attraction, ravira ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la science et à l'industrie. Une curiosité y est présentée plusieurs fois par jour, dans l'abside de la chapelle, l'expérience du fameux "pendule de Foucault", qui met en évidence la rotation de la terre sur son axe.

      Réaumur prieuré st martin chevet chapelle 24 11 11 St martin église prieuré st martin façade
      Église(chapelle) du prieuré de St Martin des Champs. A gauche le chevet roman (rue Réaumur) et à droite la façade gothique (rue St Martin)

     

    C'est dans ce cadre d'une grande richesse intellectuelle, architecturale et historique, à hauteur du CNAM rue St Martin, mais de l'autre côté de la rue, que s'élève le théâtre de la Gaîté Lyrique.

    Il borde le square qui s'étale entre les rues Denis Papin et Salomon de Caus (IIIe). L'édifice, dans sa version actuelle date de 1861. Il devient en 1873 le "temple de l'opérette" sous la direction de Jacques Offenbach. Les œuvres d'Offenbach sont légères, bouffes même, mais sa musique et les livrets qui l'accompagnent en font l'émule de Rossini et même de Mozart. La Gaîté Lyrique garde aujourd'hui la mémoire de son génie. Serge Diaghilev et ses "ballets russes" prirent la suite à la fin de la guerre de 14-18 en imprimant eux aussi au monument la marque de leur prestige.

    Le théâtre connut ensuite une série de déboires et de faillites. Il végète jusqu'en 2001, date à laquelle le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum et Bertrand Delanoë, devenu Maire de Paris réfléchissent à sa reconversion et décident d'en faire un centre culturel dédié aux arts numériques et aux musiques actuelles.

    Dans cet esprit, les organisateurs des "états généraux de la nuit" qui se sont tenus en 2010, proposent que le square et son jardin soient ouverts toute la nuit pour accueillir des festivités musicales.

    On imagine aisément les dégâts, le bruit et la difficulté d'en assurer la sécurité.

    Gaïté lyrique jardin hôtel golden tulip
    Les abords du square : dans cet alignement d'immeubles haussmanniens, l'hôtel trois étoiles "Golden Tulip", qui se sent responsable de la tranquillité de ses clients, et un centre de détention de la préfecture de police destiné aux jeunes délinquants, dont la gestion est particulièrement difficile.

     

    Face à cette perspective, une association de défense des riverains de la Gaîté Lyrique s'est constituée et s'oppose au projet d'ouverture du parc la nuit. A l'Hôtel de Ville, Mao Péninou, Maire-Adjoint chargé du suivi des "états généraux" et instigateur de cette initiative, que nous avons rencontré le 22 novembre, reconnait qu'elle pose de sérieux problèmes pratiques et qu'elle pourrait bien ne jamais voir le jour (ni la nuit !). Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, donne l'impression de se hâter lentement vers cette nouvelle exubérance de la Mairie de Paris. On dit même qu'il serait carrément contre et qu'il l'aurait fait savoir.

    Inutile de dire que nous le soutenons dans cette attitude.

    Gérard Simonet

     

    (*) On n'est pas ici strictement dans les limites administratives du Marais, telles que les fixe le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais mais on en est proche et par leur caractère d'anciennes villes fortifiées dans la ville, les deux communautés du prieuré St Martin et de l'enclos du Temple font partie intégrante de l'histoire du Marais.

     

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