Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Paysage de la rue

  • Ste catherine place tables chaisesLa place du Marché Ste Catherine à 10h00 du matin, prête à accueillir la vague des clients de midi et du soir. On a compté 400 couverts pour un seul service ! (Photos VlM/PBClic gauche dans les photos pour agrandir)

     

     

    En donnant licence aux restaurateurs parisiens de se libérer des dispositions du Règlement des Étalages et Terrasses de 2011, négocié par nos associations "Vivre Paris !" avec Élisabeth Borne alors Directrice de l'urbanisme à la mairie de Paris, Anne Hidalgo par générosité a joué avec le feu. En annonçant qu'elle envisageait de pérenniser les dispositions annoncées, au cas par cas, au-delà du 30 septembre 2020, pour les mêmes raisons, elle court cette fois le risque de jeter de l'huile sur ce feu.

    L'incendie a bien pris sur la place du Marché Ste Catherine dans le IVe. Alors que tout se passait bien sur ce site qui est un petit bout de campagne à Paris, propice au repos et à la méditation, une place dont le Maire Ariel Weil s'est beaucoup occupé pour contenir le tropisme expansionniste des détenteurs de terrasse, l'épidémie est arrivée.

    Les trois mois de confinement ont mis les commerces à mal. Ceux de la place, une demi-douzaine de bars-restaurants, ont souffert comme les autres. Mais depuis la sonnerie de l’hallali les invitant à se servir sur l'espace disponible autour d'eux, ils se sont rués sur la place pour user et abuser de l'aubaine.

     

    Ste catherine occupation  Ste catherine decoudun

     

     

     

     

     

    Contraste frappant entre l'occupation anarchique de la place en ce moment et la vision bucolique de l'aquarelliste Jean-Charles Decoudun à droite (2005)

     

    Tables et chaises ont foisonné et occupent désormais les rives et le centre de la place. Elle sont rangées le soir mais des consommateurs restent là jusqu'à tard dans la nuit. Le bruit de leurs voix et les vociférations de ceux qui ont trop bu est particulièrement dérangeant pour les habitants dont c'est l'heure de dormir.

    Les riverains de la place s'interrogent. La Maire de Paris a-t-elle outrepassé ses droits en laissant les commerçants occuper l'espace public à leur gré. Elle les a invités à signer et à respecter une charte ad hoc. Ce document a-t-il une assise juridique et est-il réellement appliqué ? Que va-t-il se passer le 30 septembre 2020 ? La Maire a déclaré vouloir pérenniser les mesures "au cas par cas". Qui aura autorité pour décider du sort de cette place ?

    Il ne serait pas étonnant face à ces questions et incertitudes que les riverains s'en remettent à la justice.

    GS

     

     

  • Oberkampf red

    Rue Oberkampf le soir… Les méfaits d'un déconfinement débridé. (Photo riverain)

     

     

    Le propos de la Maire de Paris était louable : permettre aux bars-restaurants de refaire leurs marges perdues lors du confinement en leur offrant de l'espace public ad libitum jusqu'au 30 septembre. A une condition cependant : que ces commerçants s'engagent sur une charte et la respectent. Trop souvent, ils ne le font pas.

    Le XIe arrondissement est particulièrement concerné. Le collectif de riverains du quartier Belleville/Saint-Maur, s'exprimant par la voix de son porte-parole, attendait que le sujet soit discuté en conseil de Paris. Il a été déçu et s'adresse en ces termes à Nour Durand-Raucher, Conseiller de Paris, en charge de la sécurité dans le XIe :

    "Alors que deux sujets majeurs pour notre quartier étaient à l’ordre du jour du conseil de Paris des 23 et 24 juillet à savoir l’extension des terrasses éphémères et leur possible pérennisation d'une part, la gestion des mineurs étrangers d'autre part, vous n’avez pas jugé utile d’intervenir.

    Personne ne l’ignore, l’extension des terrasses et la création de terrasses supplémentaires ont des conséquences dramatiques pour la santé des riverains du quartier, pour le cheminement des piétons, notamment les personnes à mobilité réduite et les malvoyants. Olivia Polski, adjointe à la Maire de Paris, elle-même, a reconnu, lors des débats en conseil de Paris, que c’était logiquement dans les quartiers où la situation était la plus difficile que la Charte était la moins respectée.

    Par votre abstention, vous avez fait la démonstration d’une totale indifférence à la souffrance des habitants de notre quartier et n’avez même pas envisagé de solliciter un renforcement des contrôles ou de la médiation, ni sollicité le respect du Règlement des Terrasses et Étalages".

    L'arrondissement héberge par ailleurs rue du Moulin Joly un centre d'accueil et d'évaluation des mineurs étrangers, où se déroulent plusieurs fois par semaine des scènes de refoulement des jeunes et des bagarres. Les habitants regrettent que la mairie ait décidé d'implanter ce centre dans l'arrondissement : "Ce sujet relève au premier chef de votre portefeuille et devrait retenir votre attention, a fortiori parce qu’il a pour unique origine la décision de la ville d’installer ce centre en plein cœur d’un quartier prioritaire de la politique de la ville, qui est par ailleurs le plus dense de Paris (40.000 hab/km² NDLR) et situé à proximité immédiate de logements sociaux".

    Le porte-parole conclut ainsi : "Pour notre part, nous n’accepterons pas que, sous cette mandature, la descente aux enfers de notre quartier se poursuive, qu’il s’agisse des nuisances, des terrasses, du trafic de drogue ou de la prostitution qui gangrènent notre quartier et son espace public".

     

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    Birague terrasse chauffée 28 01 16Terrasse chauffée rue de Birague (IVe) (Photo VlM)

     

     

    Rendons grâce au Verts, leurs initiatives épousent quelques fois l'opinion majoritaire des français. Nous avons signalé dans un article du 12 décembre 2019 leur demande au conseil de Paris d'interdire les terrasses chauffées. Il est probable qu'ils l'auraient présentée à nouveau devant le conseil renouvelé mais le gouvernement prend les devants : le Conseil de défense écologique par la voix de la Ministre de la transition écologique Barbara     Pompili retient deux des mesures proposées par le Convention citoyenne pour le climat, la fin des "passoires" thermiques pour les bâtiments et l'interdiction des terrasses chauffées pour les bars-restaurants.

    Franceinfo rapporte ces déclarations de la Ministre : "Nous allons interdire le chauffage extérieur sur l'espace public, les terrasses" et obliger à "fermer les portes pour tous les bâtiments chauffés ou climatisés ouverts au public". Ces mesures ne seront pas mises en œuvre toutefois avant le printemps 2021,  pour aider les exploitants à sortir de la crise du Covid-19.

    "On ne peut pas chauffer à plein régime une terrasse en plein hiver pour le simple plaisir de boire son café en ayant chaud", a martelé la Ministre, évoquant une "aberration écologique".

    On rencontre deux types d'ombrelles chauffantes actuellement : au gaz avec dégagement de CO² à effet de serre, et électriques, très "propres" localement mais servies par une électricité d'origine essentiellement nucléaire.

     

  • Charlot arméniens Charlot bretagne

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Rue Charlot, croisements rues du Perche  et de Bretagne (IIIe)

     

     

    Les protestations pleuvent. On trouve ces plots jaunes rue Charlot, mais aussi rue Charles-François Dupuis et rue Vieille du Temple. Un autre dispositif est signalé rue de Saintonge….

    Nous avons demandé au Maire du nouvel arrondissement Ariel Weil quelle est la logique de cet aménagement. Nous n'avons pas encore de réponse. Il est vrai que les nouveaux élus à la mairie de Paris sont en phase d'organisation et de constitution de leurs structures exécutives, ils ont droit à notre compréhension…

    A défaut nous ne pouvons que nous livrer à des conjectures. Voici donc ce que nous en pensons : Anne Hidalgo a déclaré vouloir réduire la place de la voiture dans certaines rues de Paris. Ce sont généralement les places de parking qui sont sacrifiées, au profit des trottoirs et de l'occupation de l'espace public par les bars-restaurants jusqu'au 30 septembre 2020.

    Dans le cas présent, nous gageons (car nous croyons que la mairie n'est pas insensible à l'esthétique et au bon goût) que ces plots jaunes vifs (ils doivent donner des boutons à l'ABF !) sont provisoires, le temps de repousser les véhicules stationnés et de construire les trottoirs….

    Au bout du compte, c'est-à-dire le 30 septembre 2020, les riverains bénéficieront de trottoirs plus larges mais perdront la possibilité de garer leur voiture. Il y aura vraisemblablement moins de circulation donc moins de pollution et moins de bruit.

    Les bars-restaurants, en revanche, vont faire le forcing pour pérenniser leurs terrasses conquises sur les trottoirs élargis mais, si les habitants ont accepté par solidarité que l'anarchie soit de mise jusqu'à l'échéance de la  tolérance municipale, ils verront comme un casus belli l'instauration d'un fait accompli qui n'est pas pour eux acceptable. La gestion de la crise par la mairie est juridiquement contestable.

    Les parisiens comprennent ce qui a été fait dans l'urgence pour secourir les exploitants mais exigeront, devant la justice s'il le faut, le retour d'un État de droit à Paris, notamment l'application du Règlement des Étalages et Terrasses de 2011, que nous avons négocié à  l'époque dans le cadre "Vivre Paris !" avec Élisabeth Borne alors Directrice de l'Urbanisme à la mairie de Paris. Ce règlement est toujours en vigueur.

    Gérard Simonet

     

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    Fresque bretagneGraffeur en action rue Charlot, carrefour Bretagne (IIIe)

     

     

    Depuis toujours, ce mur subit les pires avanies : affiches sauvages, campagnes publicitaires, tags, souillures….  Quand la mairie intervient pour le remettre en état, les vandales s'y ruent derechef pour assouvir leur soif de saccage.

    Ce lieu, un pan de mur de la rue Charlot au croisement de la rue de Bretagne n'est pas unique dans le sort qui lui est réservé. Il y en a d'autres à Paris et dans le Marais en dépit des règles strictes qui régissent l'esthétique du centre historique de Paris sous le contrôle de l'Architecte des Bâtiments de France, de la Délégation à la Culture (Christophe Girard)  et de la Direction Patrimoine et Architecture de la mairie de Paris. Il s'y ajoute un "Règlement Local de Publicité"  associé au "Plan Local d'Urbanisme" qui est censé régir l'affichage publicitaire dans le respect de l'environnement.

     

    Quatre-fils vieille du t décor 07 11 17Mur-pignon du 95 rue Vieille du Temple (IIIe). Fresque éphémère 2017

     

    Il apparait à l'usage que ce cadre institutionnel particulièrement élaboré est mis en défaut sur un certain nombre de sites. Le plus étonnant est celui du 95 rue Vieille du Temple (carrefour rue des Quatre-Fils) où la mairie n'est jamais parvenue à faire régner l'ordre – malgré la présence à cette adresse de la circonscription Paris-centre de Propreté de Paris – et a, bon gré mal gré, accepté de céder au principe de subsidiarité en transférant sa responsabilité à un intervenant privé qui gère le mur avec une efficacité que la municipalité doit lui envier car le décor en est préservé et plus aucune campagne d'affichage ne vient le défigurer depuis plus de trois ans.

    On peut évidemment ne pas apprécier ses choix artistiques et les messages qu'ils véhiculent. Sont-ils conformes à l'esprit du Marais ? Sans doute pas si on se réfère à l'art et l'architecture des XVIIème et XVIIIème siècles mais le musée Picasso qui est tout près nous rappelle que le génie a diverses façons de s'exprimer et qu'il s'arroge le droit de bousculer les courants existants. On a affaire ici au street-art qui a ses codes et qui mérite de s'exposer. Pour autant qu'il agisse avec les autorisations requises….

    Les opinions sont évidemment partagées à ce propos. Ainsi en est-il de Pascal Fonquernie, créateur de PARISMARAIS.COM et éditeur de son guide touristique, qui déclare à propos de la fresque en cours de fabrication rue Charlot :

    Une nouvelle création de 2Shy dans la rue Charlot, sur le "mur du Marais". Sympa de voir l'artiste en pleine action… 2Shy est le street-artiste qui a déjà réalisé la fresque "All you need is love", face au café café-brasserie "La Perle ".

    Dialogue : "Bonjour, vous avez le droit de peindre ici en secteur classé sauvegardé ?" – "oui j'ai la permission de la mairie, c'est une association qui gère ce mur et reçoit de l'argent de la mairie du 3ème et je suis payé par l'association… Pas très bien payé, mais c'est correct" nous dit le peintre. Belle idée en effet que de soutenir les artistes dans des espaces d'expression cadrés et réglementés plutôt que n' importe où… Hélas quant à la pérennisation des œuvres par principe éphémères, la mairie ne suit plus pour protéger le travail de l'artiste.

    En pratique, on observe une forme de solidarité des graffeurs. Une "œuvre" signée est  rarement recouverte. C'est ce qu'on observe en face de La Perle. Le comportement de la mairie de Paris tel que M. Fonquernie le rapporte n'est peut-être pas tout à fait licite ou orthodoxe mais pourrait se montrer efficace. A chacun de nous de décider si en la circonstance "la fin justifie les moyens" ! Le débat est ouvert.

    GS

     

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    Ste cath bisUne guinguette à Nogent ? Pas du tout c'est la place du Marché Ste Catherine (IVe) et ses "terrasses COVID" envahies de tables, de chaises et de consommateurs… On est loin du havre de paix propice à la méditation qu'elle a vocation à offrir au cœur du "SPR" (site patrimonial remarquable) du Marais !

     

     

    La place du Marché Ste Catherine est l'illustration des dérapages nombreux qui suivent la décision généreuse de la Maire de Paris de permettre au bars-restaurants de se refaire une santé, gravement affectée par le confinement, en s'étendant à leur gré sur les espaces publics avoisinants. On dénombre une demi-douzaine d'établissements sur la place. Tous n'ont pas le même comportement de "course à l'aubaine" mais certains se distinguent brillamment dans cette discipline…
     
    Le Président fondateur du comité d’aménagement de la place, Patrick Broders, adresse un nouveau cri d'alarme à Ariel Weil, Maire du nouvel arrondissement Paris-centre en lui rappelant que les mesures décidées par Anne Hidalgo pour aider au redémarrage de l'économie ont leur contrepartie dans une charte de bonne conduite qui ne parait pas respectée dans le cas présent. Voici sa lettre :
     
     
    Monsieur le Maire,
     
    Cet accaparement de l’espace public est totalement démesuré et hors tout accord avec les autorités sauf à ce que l’on nous le dissimule ! Le brouhaha  ambiant est épouvantable dans les appartements et les 300 fenêtres des riverains sont condamnées à rester totalement fermées. C’est un véritable scandale aussi bien sanitaire (au sens large du terme) que écologique : que fait-on vraiment ici pour préserver les (propriétaires) riverains : espèces déjà en voie de disparition !
     
    Et je ne vous parle pas encore de la gestion sanitaire des cuisines et des nuisances engendrées dans les parties communes des immeubles de la place: c’est une véritable catastrophe et le manque de réaction VERITABLE des services publics n’a d’égal que l’outrecuidance des restaurateurs qui se croient ABSOLUMENT TOUT PERMIS !
     
    Peut-on encore espérer quelque chose d’efficace de la part de la Mairie ( en dehors de la préservation des accès des secours qui ne sont eux-mêmes absolument pas respectés ). Permettez-nous de commencer à en douter a la vue de tous ces échanges épistolaires dont les restaurateurs se moquent éperdument !
     
    Entendez ici un cri de désespoir largement partagé par l’ensemble des habitants de la Place du Marché Sainte Catherine et des rues avoisinantes (Jarente en particulier) 
     
    Avec tout le respect que nous aimerions continuer à vous devoir, soyez assuré de nos meilleurs sentiments.
     
    Patrick Broders
    Président fondateur du comité d’aménagement de la place du marché Sainte Catherine
     
    PS : Je vous remercie de partager cela avec Madame Hidalgo et avec le Préfet de Police
     
     
     
  • Archives bouquetRue des Archives (IVe) : terrasse implantée sur des places de livraisons (Photo VlM)

     

    Extensions de terrasses pratiquées sans discernement, date limite du 30 septembre transformée en autorisation permanente, fête de la musique et autres rassemblements autorisés sans précautions sanitaires (des milliers de fêtards rapportés par Le Parisien et BFM/TV), fermeture de rues au profits des débits de boissons, grogne populaire du côté d'Oberkampf, de la Butte aux Cailles, des Archives, de la place du Marché Ste Catherine…

    Anne Hidalgo doit reprendre le contrôle des événements pour que ses décisions en  faveur des commerces en péril, plutôt bien comprises a priori, ne finissent pas honnies et ne fassent pas la litière d'une reprise de l'épidémie chez nous.

    JptFête de la musique 2020 rue Oberkampf (XIe). De l'avis de nombreux observateurs, la fête cette année aurait dû être interdite

     

    Dans le XIe, arrondissement où la Maire se représente, la requête des habitants auprès du Tribunal Administratif a été rejetée (notre article du 9 juin 2020) mais ils reprennent  les armes contre tous ces comportements qui vont au-delà du raisonnable et rendent leur vie impossible. Leur conseil Me Aurélie Gillet-Marta, s'appuyant sur une décision récente du Conseil d’État, adresse à la Maire de Paris une lettre de demande en forme de mise en demeure (téléchargeable en cliquant ici).  

    Elle s'appuie sur le fait que le Tribunal considère dans son rendu du jugement que les commerçants sont tenus par le respect d'une charte de bonne conduite avec la mairie. Le bons sens commande dès lors que la mairie assure la surveillance et les contrôles des obligations qui sont mentionnés dans la charte à laquelle les commerces ont souscrit pour bénéficier des concessions exceptionnelles qui leur sont accordées. De l'avis des habitants, ces conditions sont loin d'être remplies.

    Qu'il s'agisse de piétonisation de Paris-centre, de certains axes comme le canal St Martin et de mesures transitoires pour éviter le désastre financier des bars et des restaurants, Anne Hidalgo que les augures désignent comme la prochaine Maire de Paris – ou l'une de ses concurrentes si le scrutin réservait une surprise – doivent agir avec mesure et prudence. La santé des parisiens et leur qualité de vie sont en jeu et une récidive du COVID est à craindre. Le respect de l'espace public et la lutte contre les rassemblements et le bruit doivent rester une priorité.

    GS

     

  • Attroupement archives 13 06 20
    Attroupement et occupation rue des Archives et square Ste Croix de la Bretonnerie (IVe)

     

     

    On jurerait à voir cette photo que l'état d'urgence sanitaire et les mesures de distanciation sont une abstraction pour certains.

    Il faut savoir qu'on se trouve là de surcroît sur un secteur visé par un arrêté préfectoral qui interdit la consommation de boissons alcooliques sur l'espace public et la vente à emporter. Il fait peu de doutes pourtant que les consommateurs s'y procurent de grandes pintes de bière et qu'ils les consomment sur l'espace public…

    La police laisse faire. Comment doit-on comprendre son attitude ?

    De façon pragmatique. Tout comme place de la République elle n'a pas réprimé une manifestation non autorisée car les conséquences n'étaient pas maitrisables, elle considère sans doute qu'intervenir pour interdire les attroupements de la rue des Archives par des mesures de fermeture administrative soulèverait une vague de protestations qu'elle n'a simplement pas envie de gérer.

    La police ne signifie pas de la sorte que la pratique est permise, ni qu'elle est tolérée, mais simplement qu'elle ne juge pas opportun d'agir.

    Objectivement, pour les riverains que nous sommes, la situation est surprenante car on est tenté de croire ingénument que la loi s'applique à tous. Il ne vient par exemple à l'idée de personne qu'on pourrait ne pas payer ses impôts, car  la loi nous y contraint. Elle est aussi choquante, car on constate que ces marchands de boissons privent les citoyens du droit inaliénable d'accéder à l'espace public en les obligeant à traverser la rue ou aller sur la chaussée pour se déplacer.

    A la décharge de ces exploitants peu respectueux, leur activité s'exerce entre 19h00 et 23h00 seulement, il maitrisent assez bien le bruit et leurs clients ont une attitude généralement amicale à l'égard de ceux qui essayent de se frayer un chemin parmi eux…

    Il ne s'agit pas de les excuser mais de dire honnêtement ce qu'il en est…

     


  • Terrasse XIe
    Une terrasse du XIe sur un espace livraisons. Les citoyens comprennent que la municipalité offre aux bars-restaurants, en contre-partie d'engagements,  la possibilité pour survivre de s'étendre provisoirement sur des espaces publics ou réservés mais les habitants n'acceptent pas qu'il en résulte des désordres, du bruit la nuit et de la violence. Le récit et les réflexions que nous publions montrent qu'il est souhaitable qu'on sorte très vite de la situation actuelle pour retrouver des conditions normales de fonctionnement.
     
     
     

    Le mardi 2 juin 2020, premier jour de l'étape II du déconfinement, deux nouveaux exploitants d'un bar de l’une des rues du quartier Oberkampf croisent un membre de l'association locale de défense de la qualité et du cadre de vie des habitants. Ils le prennent à partie en lui reprochant de nuire aux bars de la rue. Rejoints par un troisième individu, ils le suivent en hurlant des menaces du genre : "Ça ne vas pas se passer comme ça, tu vas voir ce que tu vas voir, on te prévient, te voilà prévenu…"

    Le samedi 6 juin, à minuit, au carrefour de deux autres rues riches en établissements vendant de l’alcool, notre défenseur de la tranquillité et de la santé publiques est approché par un barbu fortement éméché qui lui crie ces propos : "Moi, je sais qui tu es et je te préviens, ça ne va pas se passer comme ça, tu vas voir ce que tu vas voir, tu es prévenu, hic !" L’importun tente de lui barrer la route jusqu'à ce que deux passants interviennent et repoussent l’ivrogne.

    Mardi 9 juin, à 20h00, alors que notre victime rentre à son domicile, le gérant d'un bar voisin s'en prend verbalement à lui pour crier à la cantonade :"C'est lui, c'est ce connard de …., c'est lui qui s'occupe des bars, il croit qu'il peut passer inaperçu, mais il va bientôt faire la une des journaux, oui monsieur, vous allez être en première page des journaux, vous voilà prévenu"

    Mercredi 10 juin, en compagnie d'exploitants du quartier, le même barbu renouvelle ses menaces. La séquence a été filmée. On y entend à nouveau cette menace : "Samedi dernier, je t'avais prévenu". Ce même jour, sur un ton exalté, le gérant d'une sandwicherie se plaint des contrôles de police systématiques qui le visent. Il conclut par le désormais traditionnel "Vous êtes prévenu". Il ne s'est pas interrogé sur les raisons des contrôles et sur la façon légère dont il jongle avec les engagements qu’il a signés dans le formulaire de la charte de la mairie !

    Si un homme averti en vaut deux, après cinq invectives de ce genre à son endroit, c'est un surhomme qui défend désormais la tranquillité des habitants du secteur !

    Rentrant chez lui un peu plus tard, il rencontre des exploitants qui participent à un attroupement bruyant dans la rue. Ils le poursuivent dans l’espace public, accompagnés de plusieurs individus. Étant à nouveau la cible de propos violents, il sort son smartphone pour filmer la séquence. Ces individus au comportement peu sympathique s'approchent alors de lui en vociférant et l'un d'eux porte un coup violent sur son téléphone, projeté dans le caniveau d'où il le récupère hors d'état de fonctionner.

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    Mais que se passe-t-il dans cet arrondissement populaire de Paris, où se présentent aux prochaines élections municipales la Maire sortante Anne Hidalgo aux côtés du chef de file des écologistes parisiens David Belliard ?

    Vilnius s’est récemment rendue célèbre en se transformant en une grande rue bordée de quelques bars de plein air. Si le modèle fonctionne à peu près dans la capitale de la Lituanie, c’est que la densité de la population y est de 1432 habitants/ km². En revanche, transposer cette idée pour les 1500 bars présents dans les 3,7 / km² du minuscule 11e arrondissement de Paris, c’était s’exposer à une catastrophe prévisible. Avec une densité de 40.000 habitants/km², les conflits d’usage étaient assurés.

    Les terrasses autorisées avant le Covid étaient très peu nombreuses, car l’espace manque et les demandes n’étaient pas souvent accordées, ni par la Mairie du XIe ni par la Préfecture de police de Paris. Or, comme il fallait s’y attendre, le nombre des terrasses sauvages a explosé partout dans l’arrondissement avec la dérégulation offerte par la Maire de Paris sans le moindre échange avec les habitants.

    Ces derniers se sont immédiatement retrouvés dans un cauchemar terrifiant. Les terrasses jetées n’importe comment sur les trottoirs et sur la chaussée génèrent des nuisances sonores insupportables. Les bars ont confisqué l’espace public et les places de stationnement dont ont cruellement besoin les automobilistes résidents ou visiteurs, tous furieux car incapables d’utiliser les emplacements autrefois disponibles. A Paris, tout le monde ne fait pas la fête en permanence. Ceux qui viennent travailler dans l’arrondissement, ceux qui y vivent, tous se sont heurtés au chaos organisé par la Ville.

    La « charte des engagements », comme toutes les chartes, n’a pas servi à grand-chose. Les vrais professionnels n’en ont pas besoin pour savoir comment bien se comporter. Les « petits indépendants » qui « gèrent » l’immense majorité des bars locaux ne prennent pas au sérieux des engagements qu’ils considèrent comme largement fictifs. Il n’est que de voir comment est résolue la problématique de la « distanciation sociale » dans les nouvelles terrasses sauvages… bonjour, les clusters…

    L’image de la profession est écornée par ces comportements peu rigoureux… On se demande du reste pourquoi les syndicats professionnels (UMIH, SNEG, SYNHORCAT,) ne s’investissent pas davantage pour redresser une situation rapidement devenue déplorable, et pas seulement dans le XIe.

    Dans cet arrondissement, cependant, l’association locale représentant les habitants a saisi le Tribunal administratif (voir l’article précédent). Suite à la décision du tribunal, les contrôles, auparavant inexistants, sont devenus à la fois plus réguliers et plus efficaces. Si quelques exploitants professionnels se réjouissent de cette présence qui rassure leur clientèle, plus nombreux sont les gérants qui s’en indignent… Désormais, obligés par la police à remiser leurs installations devenues réellement éphémères, ils cessent leur activité à 22h00, comme le prévoit la charte de la mairie.

    Sidération : il faudrait que les exploitants respectent les « engagements » de la charte de la Mairie de Paris ? Voilà qui est bien désagréable et « ça ne va pas se passer comme ça ! ».

    Nous voilà prévenus… 

     

  • Jpt retouché
    Café rue Saint-Maur (XIe)
     
     
     
    A l'initiative de nos confrères et amis de l'Association des Riverains du XIe, une audience en référé s'est tenue vendredi 5 juin devant le Tribunal Administratif de Paris pour dénoncer les nuisances et atteintes aux droits des habitants résultant des mesures annoncées par la Maire de Paris et sur le caractère jugé illégal de ces mesures.
     
    La requête de l'association a été rejetée eu égard au contexte exceptionnel et à l'intérêt général s'attachant à la reprise de l'activité économique d'un secteur particulièrement touché par les effets de la pandémie, alors même que l'annulation du dispositif contesté ne permettrait pas d'exclure totalement des nuisances similaires couramment  endurées par les riverains du secteur concerné.
     
    La liberté du commerce a donc prévalu sur celles de la santé, de la tranquillité, du droit de propriété… Cette décision, si elle a le mérite d'exonérer les plaignants des frais de justice demandés par la Ville de Paris, est décevante en ce qu'elle légitime le manque d'attention de la Ville pour ses administrés, en faisant prévaloir l'économie sur la santé.
     
    Le Tribunal relève cependant que la mairie de Paris a dû s'engager à l'audience à se montrer particulièrement attentive à la situation de la zone concernée, et à y faire procéder aux contrôles et rectificatifs nécessaires. De fait, de nombreuses installations éphémères devenues fixes après 22h00 ont commencé à être démantelées, vraisemblablement sous l’effet de contrôles inexistants jusque là. Nul doute que cela contribuera à apaiser les vives tensions qui s’étaient manifestées entre des exploitants et les habitants de l’arrondissement.
     
    Les plaignants réfléchissent avec leur conseil Me Aurélie Gillet-Marta à la suite qu'ils peuvent maintenant donner. En tout état de cause, l'action a eu le mérite d'attirer l'attention de l'opinion publique, des médias et de la mairie elle-même sur une situation qui comporte un risque de dérapage redouté de la part des exploitants de débits de boissons qui sont au cœur du sujet. D'ores et déjà un rendez-vous est pris avec les journalistes de BFM/TV.