L'immeuble art déco du 8-10 rue de Renard (IVe) tel qu'il se présentera après sa restauration
Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris
L'immeuble art déco du 8-10 rue de Renard (IVe) tel qu'il se présentera après sa restauration
Le "Duomo" de Milan (Photo AFP)
Si l'on en croit Métrotime, le quotidien gratuit belge, et d'autres médias, il est désormais interdit à Milan de se promener dans les rues dès le soir tombé avec une bouteille en verre, quel que soit son contenu, ou une canette. Les "perches à selfies" sont également frappées d'interdiction. La mesure vise d'un côté l'alcoolisation nocturne et les dérives qui l'accompagnent et par ailleurs la prolifération des marchands à la sauvette qui étalent leur bric-à-brac au voisinage des sites et monuments historiques.
Autre mesure-phare : les food-trucks sont désormais non grata, interdits d'activité.
Milan a donc su écouter la plainte qui monte dans toutes les villes à vocation touristique contre le tourisme de masse et les nuisances qu'il fait subir à la population. Barcelone, Rome et Turin se sont déjà inscrits dans cette tendance. On sait que Venise, d'où les habitants ont fui, prépare de son côté des mesures draconiennes pour prévenir le désastre qui menace.
A Paris, où la municipalité persiste à vouloir attirer les foules en stimulant l'attractivité d'une ville qui est la plus visitée du monde, en maintenant dans cet esprit sa candidature aux JO de 2024, la population gronde et un nombre croissant d'associations "cadre de vie/environnement" rejoignent le réseau "Vivre Paris !" pour exprimer leur mécontentement contre les débordements en tout genre sur l'espace public et la consommation débridée d'alcool par les fêtards la nuit avec le bruit et les dégradations qui en découlent.
Nous attendons nous aussi à Paris que l'équipe municipale et le fameux "conseil de la nuit" cesse de raisonner et d'agir en fonction des intérêts de l'industrie de la nuit et de la boisson pour prendre enfin des mesures inspirées par la raison pure et le souci de préserver la santé des habitants.
Colleur d’affiches "clandestin" 56, rue Beaubourg (IIIe), le 13 juillet 2017 (photo VlM)
Nous avons écrit, dialogué, débattu et dénoncé à maintes reprises le scandale de l’affichage sauvage dans le Marais. Les différentes élections passées, le nombre d’affiches de candidats collées un peu partout est par exemple encore bien trop élevé faute d’une action volontariste de la Mairie ! Dans ces conditions l’anarchie règne, se développe et prospère allégrement en toute impunité, la période des vacances encourageant même les moins téméraires.
La multiplication de ces abus pratiqués en plein jour au vu et au su des passants est telle qu’il ne faut pas bien longtemps pour croiser un colleur d’affiches clandestin qui tartine allègrement murs et vitrines de commerces inoccupés, ajoutant son lot à la malpropreté ambiante.
Le véhicule utilisé par le colleur d’affiches (photo VlM)
Certains osent affirmer que Paris se délite et que tout va à vau-l'eau ! Lorsque que l’on constate ces actions illégales et leurs conséquences sur notre environnement quotidien, Il n’y a qu’un pas pour penser que ces augures vont finir par avoir raison !
Les panneaux du bas de la rue du Temple (IVe) (photo VlM)
Le bas de la rue du Temple, "zone de rencontre" à la circulation limitée à 20 km/h, est en travaux pour le déplacement des réseaux de téléphone.
Hank Pizza 18 rue des Gravilliers (IIIe) (photo VlM)
Nous avons évoqué à plusieurs reprises l’évolution rapide de la rue des Gravilliers (IIIe) du fait de l’installation, dans sa partie entre la rue du Temple et la rue Beaubourg, de nouveaux commerces qui changent son aspect, une sorte de renaissance depuis le maintien de la boucherie "Chez Manu " rénovée depuis et la création de "l’Hôtel Jules et Jim". Il y a peu nous avons publié un article sur la rénovation de la devanture d’un ancien bar-tabac au n° 61 (article du 18 juillet).
Nous avions aussi indiqué, à la place d’une ancienne boulangerie, l’arrivée d’une laverie « Lav Express » du Groupement des laveries françaises dont la devanture aurait mérité davantage de soins et l’ouverture d’un « escape game » sous le nom de « Victory » au n° 37, ainsi que celle du restaurant italien « Il Ristretto » au 21. Depuis, et les changements s’accélèrent, d’autres commerces, le plus souvent "végétaliens", se sont installés.
Café Ineko 13 rue des Gravilliers
Signalons en particulier au 18, « Hank Pizza » à la vitrine de couleur rouge, spécialisé dans les plats « vegan » (sans produits d’origine animale). Il en est de même d’ailleurs pour « Mon Épicerie Paris », au n° 31, qui se présente comme un magasin « végétalien » qui ne propose que des produits alimentaires sélectionnés notamment pour leurs qualités gustatives. La devanture est noire et s’insère bien dans le paysage de la rue.
Au n° 13, jouxtant "l’Hôtel Jules et Jim" a été ouvert, voilà quelques semaines, « Café Ineko » qui se définit comme « le nouveau repère végétalien » a investi les locaux qui étaient, il y a longtemps déjà, une boulangerie. Tout en longueur, ce café-salon de thé-restaurant propose des plats à l’esprit méditerranéen et un grand choix de desserts. L’aménagement est réussi, la façade tout de bois et habillée de plantes respecte l’environnement immédiat et la décoration intérieure est cosy et chaleureuse.
Mon Epicerie Paris 31 rue des Gravilliers
Signalons enfin au 46, le dernier arrivé, un magasin de produits italiens. Des commerces de grossistes sont à céder, des panneaux sont apposés sur les vitrines ici et là. La rue va donc continuer à évoluer à la satisfaction des habitants qui constatent un retour des magasins de bouche.
Seule ombre au tableau, l’état déplorable du passage privé des Gravilliers, tagué de toutes parts et dans lequel se trouvent des galeries d’art…. Souhaitons que cette « verrue », qui remise en état ne manquerait pas de charme, soit réhabilitée après accord des différents propriétaires concernés et avec peut-être l’aide et l’impulsion de la mairie.
Dominique Feutry
La grande roue de la Concorde (et de la discorde…) (Photo SPPEF)
La fusion programmée des quatre arrondissements du centre historique de Paris nous pousse à observer au-delà des limites du Marais. Il nous arrive même de nous projeter en Province, voire sur le monde avec de sujets de société ou d'économie, voire même sur l'univers quand nous parlons d'astronomie ou d'astrophysique !
Avec la place de la Concorde on est tout de même plus près de chez nous. On est même chez nous tout simplement quand on considère l'admirable perspective qui débute avec la cour du Louvre et l'arc de triomphe du carrousel et se perd au loin dans l'arche de La Défense en ayant traversé l'arc de triomphe de l’Étoile et "opposé les frontons de la chambre des députés et de l'église de la Madeleine".
C'est en substance ce que nous dit Pierre Bénard dans l'éditorial de "Sites & Monuments", le bulletin d'information de la SPPEF (société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France) que préside Alexandre Gady, à propos de la grande roue de Marcel Campion. Démontée en mai alors que son propriétaire était mis en examen, elle est toujours susceptible de revenir avec son cortège de baraques foraines.
La SPPEF demande le report sine die de l'installation de la roue dans une pétition documentée à laquelle nous nous associons bien volontiers. La place de la Concorde mérite autre chose que cette attraction qui convient mieux à la foire du Trône.
GS
Devanture bariolée d'une pharmacie de la rue Rambuteau (IIIe) (photo VlM)
Le mouvement semble vraiment s’amplifier, tous les quartiers, dont le Marais, sont concernés et chacun, médusé, constate la multiplication des transformations des devantures des pharmacies en panneaux publicitaires figées et mobiles puisque des écrans plaqués derrière les vitres font aussi défiler des publicités vantant tel ou tel médicament, tel produit de soins etc…
Cette évolution relativement rapide qui enlaidit nos rues est une des conséquences de la nécessité pour les pharmaciens d’évoluer et de changer de modèle face à la montée du numérique, la vente sur internet et, tôt ou tard, en grandes surfaces, sans oublier le déremboursement des médicaments et la montée des parapharmacies qui n’ont pas les mêmes contraintes réglementaires.
Devanture d'une pharmacie de la rue du Temple (IVe) (photo VlM)
En réponse à toutes ces mutations et pour essayer de maintenir des marges suffisantes, les pharmaciens adhérent à des groupements nationaux ou régionaux (il en existe des dizaines en France) qui leur permettent de mutualiser leurs achats, de bénéficier de promotions et d’obtenir des meilleurs prix tout en ayant aussi accès à du personnel qualifié. Ils se sont donc lancés dans la dynamique du marketing de la santé, du bien-être et de la cosmétique.
L’affichage non régulé que nous dénonçons en est une de résultante. Mais doit-on pour autant laisser chaque officine étaler sur ses vitrines ce qu’elle veut, au mépris de l’esthétique et surtout des règles existantes, telles celles relatives au PSMV.
Que se produirait–il si chaque commerçant, quelle que soit son activité, placardait sur ses vitrines, affiches, calicots et autres joyeusetés donnant à nos rues un aspect permanent de kermesse et de carnaval ?
Devanture d'une pharmacie rue Beaubourg (IVe) (photo VlM)
Il est temps que les autorités, la Direction de l’Urbanisme et les architectes des bâtiments de France en particulier, se saisissent de ce sujet. Si il n’y est pas pris garde, alors nous pouvons prédire que le phénomène va continuer à se développer de façon anarchique, fera école et tout retour en arrière deviendra compliqué.
Dominique Feutry
61 rue des Gravilliers (IIIe) (photos VlM/BP)
C'est en raison de la réfection de la devanture du local commercial du 61 rue des Gravilliers (IIIe) qu'on a découvert l'enseigne d'un magasin ancien qui était un bureau de tabac, "Le Balto".
Ce nom nous renseigne sur la vie de ce commerce. A cette époque, la SEITA consentait une aide financière aux débits de tabac qui acceptaient de prendre pour enseigne une de ses marques. "Balto" comme "Gauloises" faisaient partie du catalogue des marques de la SEITA.
On se souvient à cette occasion, éphémère car une nouvelle devanture pourrait être créée dans les jours qui viennent, que la "Balto" était dans les années 50 une cigarette blonde française, peut-être la seule à essayer de concurrencer les blondes américaines qui investirent la France après la libération. La "Balto" était douce, avec un goût de miel. Ses paquets avaient un cadre rouge sur fond blanc abritant une nef aux voiles déployées. Elle n'a pas résisté aux Marlboro et autres Philip Morris.
Entrée du 65 rue des Gravilliers (IIIe) : porte en bois, piédroits, voute et imposte
On ignore à ce stade qui est le commanditaire des travaux car aucun panneau n'est visible. Probablement un établissement de restauration légère. En attendant d'en savoir plus, nos lecteurs sont invités à regarder cette photo de l'immeuble voisin du 65 de la rue, dont la porte a été restaurée, et nous dire s'ils ont une idée sur la raison de cette maçonnerie étrange autour de la porte, a priori unique dans le Marais : le piédroit de droite est vertical mais celui de gauche comporte une surprenante ondulation. Une hypothèse : fermeture automatique de la porte avant l'invention des grooms ?
Gérard Simonet
La place Baudoyer photographiée la nuit de la rue François Miron (photo Sébastien)
La place Baudoyer est située à l'emplacement d'un ancien cimetière fermé en 1772. Elle se dénomme alors place du Marché Saint-Jean. Jugée petite, elle est agrandie lors des travaux de percement de la rue de Rivoli et son nom devient celui qu'elle porte encore aujourd'hui. Selon Danielle Chadych auteur du Marais – Évolution d'un paysage urbain, "on ignore si la place doit son nom à la porte Baudoyer de l'enceinte du XIe siècle puis celle de Philippe Auguste ou si la porte le doit à la place."
L'espace est bordé par la mairie du IVe arrondissement bâtie sous le second empire par Nicolas Bailly (1819-1892), l'auteur du tribunal de commerce de Paris qui a aussi travaillé à la restauration de Notre-Dame et de l'Hôtel de Ville avant sa destruction. Après qu'un incendie l'ait sévèrement détruit en 187l, la restauration de la mairie du IVe a été engagée en 1884. Arcades, colonnes doriques, fronton aux armes de la Ville de Paris et horloge décorent la bâtisse qui a servi de modèles pour d'autres mairies. Son escalier monumental mène à la salle des mariages décorée par le peintre et sculpteur Léon Comerre (1850-1916) dont les œuvres sont présentes au Petit Palais, à l’École de Beaux-Arts et dans différents musées de province et étrangers.
En face de la mairie, côté Ouest, se dresse la caserne Napoléon appelée aussi Lobau édifiée par le capitaine de génie Guillemant en 1852 après qu'aient été rasées plus de 70 maisons ! L'ensemble des immeubles de la caserne forme un polygone irrégulier bordé par les rues François Miron, de Lobau, de Rivoli et par la place Saint-Gervais, il comprend aussi le bâtiment dit " l'annexe" (2 rue de Lobau) datant de1861, construit par Janvier.
Le Marais dispose ainsi d'un bel exemple d'architecture militaire de style néoclassique, sobre et massif à la fois. Les différents frontons sculptés sont intéressants. Celui de la façade 4 rue de Lobau représente une allégorie de la République, alors qu'au n° 2 figure un aigle dressé sur une forteresse. Le fronton rue de Rivoli est orné d'un représentation d'Hercule vêtu d'une peau de lion et armé d'une massue. C'est seulement en 2009 que la Garde républicaine a quitté les lieux. Après les révolutions de 1830 et 1848, cette installation prévue pour recevoir 2.200 militaires répondait comme d'autres au besoin de protéger le pouvoir en place.
Gravure représentant la caserne Napoléon
Les immeubles, dits maisons de l'Orme, du 2 au 14 rue François Miron qui dominent la place sur une butte artificielle datent du début du XVIIIe siècle et sont l’œuvre de Jacques Vinage (1690-1735) . Les Couperin et Ledru-Rollin y ont habité. Leur destruction avait été décrétée pour insalubrité en 1941 mais n'a heureusement pas été mise en œuvre.
Signalons enfin que des fouilles préventives, au moment du creusement du parking de la place en 1993-1994, ont permis de mettre à jour une voie antique, des vestiges gallo-romains mais surtout de découvrir 163 sépultures mérovingiennes et plus anciennes assez exceptionnelles.
Dominique Feutry
Sources : - L'ouvrage de Danielle Chadych cité plus haut
– Le dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet
- Wikipedia
Saccages et vols ont eu raison des essais de plantations autour de certains arbres de la rue Beaubourg, leur pourtour est aujourd'hui en partie cimenté (Photo VlM)
De plus ne plus de riverains constatent médusés, mais cela est malheureusement dans l’air du temps et s’ajoute à la liste impressionnante des incivilités dont la montée est exponentielle, que les potiches, les pots et les plantes qu’ils essaient de faire pousser ici et là pour verdir leur quartier sont très souvent dérobés pour alimenter on ne sait quel marché parallèle ou tout simplement fleurir le balcon ou la fenêtre des « sauvageons » chapardeurs eux mêmes.
Que ce soit autour des arbres, sur les fenêtres ou dans les squares et jardins publics, les tentations ne manquent pas pour ces voleurs sans scrupule qui agissent en plein jour comme de nuit. Il semblerait d’ailleurs que le Marais soit particulièrement visé par ce type de pillage coûteux!
Comment de tels personnages, vils et au final irrespectueux, peuvent-ils agir de la sorte en s’accaparant ce qui ne leur appartient pas et en faire sans doute, tel un héros, un acte de gloire ayant permis d'obtenir le bien d'autrui sans débourser un liard ? C’est si facile amusant et jouissif…
La DPSP, la nouvelle brigade contre les incivilités, a de quoi faire car beaucoup d’individus ne respectent plus grand-chose, se servent comme bon leur semble, ne risquant rien voire pas grand-chose.
Drôle d’époque, illustration d'une société déboussolée où chacun fait ce qu’il veut, comme il veut, au détriment des autres mais peu leur importe…
Un habitant d'une commune du Nord de la France interrogé par un quotidien résumait récemment la situation suite à des vols répétés de plantes, fleurs et arbustes: "C’est la même chose dans d’autres domaines, on pourrait faire une liste à la Prévert de tous les biens volés quotidiennement. »
Dominique Feutry