Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Politique

  • Nd nazareth 40 terrasses cosmo coltrane 07 06 18

    Rue N.D. de Nazareth numéros 38 et 40, un café et un restaurant propriétés de la société LGA, le Coltrane et le Cosmos, en bordure de l'entrée de rue du Pont aux Biches (IIIe)

     

     

    On ne le dit pas assez aux commerçants, il n'est donc pas inutile de le rappeler, une autorisation de terrasse, en application du règlement des terrasses et étalages de la Ville de Paris du 6 mai 2011 (négocié avec nous dans le cadre de "Vivre Paris !" par l'actuelle ministre des transports Elisabeth Borne alors Directrice de l'Urbanisme), est accordée "à titre temporaire, précaire et révocable. Elles peuvent en conséquence, être supprimées, dans le cas de leur non-respect par leur bénéficiaire, ou pour des motifs d’intérêt général. Les autorisations sont délivrées à titre personnel pour les besoins du commerce exercé par le bénéficiaire".

    Dans le cas qui nous intéresse, les motifs invoqués par la Direction de l'Urbanisme de la mairie de Paris (DU) sont sérieux : non respect  à plusieurs reprises des limites de l'emprise accordée sur les trottoirs et dépôts de matériels sur la voie publique sans autorisation, le tout constaté pas des procès-verbaux établis par des agents assermentés.

    Par un arrêté du 23 décembre 2016, la Maire de Paris, Anne Hidalgo, sur demande du Maire du IIIe Pierre Aidenbaum sensible aux plaintes des riverains, décidait en conséquence de ne pas renouveler l'autorisation de terrasse dès le 1er janvier 2017. C'est cet arrêté que l'exploitant a contesté en exerçant un recours devant le Tribunal Administratif.

    On mesure ici les inconséquences de notre État de Droit. Celui qui bénéficie d'une faveur et ne s'en montre pas digne se sent autorisé à faire condamner l'autorité dont il détient cette faveur…. Il est heureux que le Tribunal Administratif n'ait pas fait droit à cette prétention.

     

    Copie du jugement du Tribunal Administratif de Paris

     

  • Justice femme balance et glaive

     

    Évènement important qui apporte son écot à la jurisprudence existante : la Cour de cassation, dans un arrêt du 8/03/2018 portant sur un jugement en appel de la Cour de Versailles, estime que la location de studios meublés, pour de courtes durées, "est susceptible de porter atteinte à la destination résidentielle d’un immeuble, et peut donc être interdite par une copropriété".

    La liberté pour chacun de disposer de son bien et de le louer à sa guise se trouve ainsi réduite dans la mesure où elle porte atteinte au caractère résidentiel d'une copropriété.

    Texte de l'arrêt de la Cour de cassation civile, Chambre civile 3, du 8 mars 2018

     

     

  • Pastourelle 20 façade 20 05 18Montmorency 37 façade 20 05 18

     

     

     

     

     

     

       

          A gauche, l'immeuble central sur une seule travée et trois étages au n°20 de la rue Pastourelle. A droite le n°37 de la rue de Montmorency (IIIe)

     

     

    On a du mal à l'imaginer mais c'est une réalité : ces deux adresses ont fait une demande de transformation en "hébergements hôteliers" auprès de la direction de l'urbanisme de Paris.

    Pour le 37 rue de Montmorency, il ne s'agit pas de la totalité de l'immeuble mais de deux appartements sur cour intérieure, au premier et au second étages, tous deux propriétés de la même personne. Rue Pastourelle c'est la totalité de l'immeuble qui est concernée, une construction étroite sur trois niveaux, qui ne fait pas particulièrement penser à un hôtel…

    Pour la quinzaine en cours, la Ville de Paris signale deux autres demandes : au 49 rue N.D. de Nazareth, rez-de-chaussée et premier étage et au 7 rue Ste Apolline pour un deuxième étage.

    A ce rythme, nos quartiers qui sont tous visés par le phénomène auront quelque peu changé de visage d'ici peu. Il est logique d'estimer que la quasi totalité des appartements à statut commercial et une part significative des rez-de-chaussée auront pris ce virage, contre lequel les autorité municipales ne peuvent rien au nom de la liberté du commerce. Tout au plus peuvent-elles imposer une démarche déclarative et l'obligation de s'acquitter des taxes et impôts en vigueur.

     

    Roi de sicile 31 hôtel le compostèle 22 05 18L'hôtel "Le Compostelle", 31 rue du Roi de Sicile (IVe)

     

    Nous avons interrogé un hôtelier traditionnel pour savoir ce qu'il en pense. Bruno Bertez est gérant de l'hôtel "Le Compostelle". Il nous livre d'abord un commentaire macro-économique :

    "Le développement de ce que l’on appelle l’économie du partage est lié à l’appauvrissement relatif de nos sociétés. Les uns ont un revenu insuffisant et ils ont besoin de le compléter, les autres ont un pouvoir d’achat qui ne permet pas de satisfaire leurs besoins, ils cherchent à dépenser moins d’argent et s’orientent vers des prestations dites économiques".

    Il relève que l'évolution constatée a des avantages et des inconvénients

    "Pour résumer, l’avantage consiste en ceci que l’on élargit des marchés en descendant en gamme, en touchant des clientèles de niveaux plus bas. Les inconvénients sont symétriques des avantages".

    "Les prestations bon marché élargissent la clientèle potentielle et beaucoup de gens qui commencent par un AirB&B finissent à l’hôtel".

    Il s'agit cependant d'une concurrence qui peut être déloyale car la location saisonnière n'est pas soumise comme les hôtels à des normes sévères d'hygiène, de sécurité, d'accessibilité, d'entretien et de maintenance. On constate par exemple la prolifération à Paris des punaises de lits. La location saisonnière n'y est pas étrangère.

    Bruno Bertez n'est pas pessimiste dans ses conclusions : "Finalement, tout cela se régularisera de soi-même par la concurrence, la réglementation et la transparence, mais demandera du temps. »

    Nous sommes aussi de cet avis. La mutation que nous vivons en ce moment est une révolution certes mais une révolution douce et pacifique. "L'homme connecté" (homo connecticus) qui est apparu avec les smartphones et Internet a rendu possible l'instauration d'une économie de partage avec une meilleure utilisation de nos investissements (résidence principale, résidence secondaire, voiture, bateau ou autres bien). Le partage peut même s'étendre à la consommation (cuisine, moyens de transports … ).

    Notre environnement en est forcément modifié. Il faut être capable d'en accepter les nouveaux contours, pour autant que le cadre législatif et administratif soit adapté au fil de l'eau et sans délais excessifs.

    GS

     

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    Coutures st gervais galeries 12 05 18Alignement des galeries d'art rue des Coutures St Gervais (IIIe) le long du musée Picasso (Photos VlM)

     

     

    Il est regrettable qu'il y ait cette ombre au tableau de Pierre Aidenbaum, un Maire dont le bilan est élogieux à deux années de la fin de son mandat, qui ne comptera pas moins de 25 années en 2020 date de renouvellement de l'équipe municipale parisienne.

    Pourquoi fallait-il qu'il cède à l'activisme d'un couple de parents de l'école des Quatre-Fils – siégeant dans deux conseils de quartiers différents – en quête d'une rue qui ne soit pas la leur pour accueillir les activités de plein-air de leur progéniture ?

    Nous en avons parlé le 21 août 2017 dans un article qui relatait la "générale" de cette privatisation de l'espace public. Elle a poussé les galeristes (on dénombre une dizaine de galeries d'art contemporain dans cette rue) contre le Maire dont la démarche crée un préjudice à leur activité commerciale. Quant aux habitants-riverains, certains dénoncent des risques que l'occupation de la rue fait peser sur leur état de santé si une intervention urgente était nécessaire. Depuis le projet baptisé "rue 'Golotte" est resté sous le boisseau mais nous savions qu'il referait surface en avril.

    Plus précisément le 4 mai. C’était un vendredi. L'évènement a reçu le soutien actif de la mairie du IIIe mais aussi de l'entourage de la Maire de Paris Anne Hidalgo car c'est un genre de modèle (à défaut de modèle du genre) de ce qu'elle propose aux parisiens pour s'approprier la rue…

    Entre temps, des barrières métalliques ont été installées aux deux extrémités de la voie pour signifier et mettre en œuvre l'interdiction de circuler les jours de "rue 'Golotte".

     

    Coutures st gervais barrières gs 12 05 18

     

    Les personnes lésées s'apprêtent à saisir la justice. Des accommodements pourtant ont été apportés, qui vont dans le sens de ce qu'elles attendent : l'évènement n'est plus programmé qu'un jour par semaine au lieu de deux et le nombre de mois dans l'année a été également réduit. Il reste une bévue qui peut être traitée : le jour choisi est le vendredi, jour où l'activité commerciale des galeries est la plus intense…

    Aussi nous suggérons deux pistes au Maire du IIIe pour éviter, comme il l'a malheureusement fait, de monter deux populations l'une contre l'autre : transférer la "rue 'Golotte" dans le jardin Leonor Fini adjacent, ou choisir le lundi, jour de fermeture des galeries, pour l'organisation dans la rue des divertissements dont on finira d'ailleurs rapidement par constater qu'ils correspondent peu aux besoins des enfants.

     

  • Ponts perspective 17 04 18L'enfilade des ponts de la Seine depuis le pont Notre-Dame (Photos VlM)

     

    Qu'on soit favorable ou non à la fermeture des berges à la circulation automobile, il est une réalité incontestable : sans cette décision une telle photo n'aurait pas été prise par un amateur. D'abord il aurait été suicidaire, au milieu du trafic, de jouer les piétons-photographes, ensuite le sens de circulation d'ouest en est n'offrait cette vision qu'à travers la lunette arrière de sa voiture et au prix de dangereuses torsions des vertèbres cervicales !

    Il faut s'arrêter sur cette vue car la perspective qu'elle révèle est un miracle. Auparavant, il convient d'effectuer un clic gauche pour agrandir la photo et lui donner du piqué. On peut même y aller d'un deuxième clic pour agrandir encore. On découvre alors successivement, au-delà du Pont Notre-Dame au premier plan, le Pont au Change, le Pont Neuf, la passerelle des Arts puis, au fin fond, le Pont du Carrousel et pour finir, en écarquillant les yeux, le Pont Royal, numéro 3 au podium de l'ancienneté après le Pont Neuf et le Pont Marie.

    Pont change tagsTribunal de Commerce de Paris, 1 quai de la Corse (IVe). Vue de la façade depuis la berge rive droite

     

    Anne Hidalgo a intelligemment changé de portage quand le Tribunal Administratif a condamné la délibération du conseil de Paris et l'arrêté de piétonnisation des berges. Elle a pris en réponse un nouvel arrêté sur un autre fondement qui n'est plus tributaire d'une décision du conseil de Paris et qui met en avant, non plus la santé des parisiens, mais l’intérêt patrimonial et touristique des rives de la Seine, inscrites depuis 1991 au patrimoine mondial de l'UNESCO.

    C'est adroit mais alors que n'a-t-elle vérifié avec son adjoint à la propreté Mao Péninou si ces rives méritent, par leur état de conservation, l'attention qui leur est portée et leur élévation au rang de merveilles du monde ? Le paysage des berges est malheureusement enlaidi au passage le long du quai de la Corse quand on longe le Tribunal de Commerce par des tags aussi énormes qu'inappropriés. Que dirait-on du Taj Mahal, autre haut-lieu distingué par l'UNESCO, si des vandales le recouvraient de ce genre de barbouillages sans que les autorités d'Agra bougent le petit doigt ?

     

    Quai de corseVue plongeante des dégradations sous le quai de la Corse

     

    Les services compétents ont été informés (DansMaRue). Nous allons faire un décompte du nombre de jours que met la mairie de Paris pour réparer cette avanie et mettre en cohérence sa stratégie et son comportement. Nous savons qu'elle peut agir vite à condition qu'elle le veuille…

     

    Postscriptum # 1 : réponse de la mairie du IVe le 20 avril 

    Les tags géants sur les quais sont un grand « classique » malheureusement bien connu de nos services.

    Si les tagueurs se mettent en danger pour réaliser leurs méfaits, nous devons bien évidemment de notre côté protéger les professionnels en charge du nettoyage.

    C’est une opération lourde qui demande l’utilisation d’une nacelle avec un blocage de la voie le temps de l’opération (voir les photos des interventions antérieures ci-après).


    Nacelle bis

    L’opération de nettoyage du Quai de Corse aura lieu dans les prochaines semaines. Nous attendons incessamment la communication de la date d’intervention.

    Bien cordialement,

    Isabelle Knafou

    Directrice de cabinet du Maire

     

    Postscriptum # 2 du 7 mai 2018 :

    Nouveau message d'Isabelle Knafou : "Je vous informe que l’opération de nettoyage des graffiti du quai de Corse devrait avoir lieu la 2e semaine du mois de juin (la réunion de lancement du chantier se tiendra le 17 mai et le plus souvent les travaux démarrent trois semaines après)".

     

    Saluons le fait que la mairie du IVe a réagi, a mobilisé les moyens et suit le dossier. C'est suffisamment nouveau pour être souligné …

     

    Postscriptum # 3 du 18 juin 2018

    Isabelle Knafou, directrice de cabinet du Maire du IVe Ariel Weil nous communique : l'opération "pourrait" avoir lieu le 27 juin. Nous restons attentifs….
     
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    Baguettes

     

    Tandis qu'on craignait à Paris samedi un échange de pains entre les black blocs et la police sur le parcours de "La fête à Macron" de Jean-Luc Mélenchon, on fêtait la baguette de pain avec un "Grand Prix de la Baguette de Tradition Française" qui sera décerné par la Ville de Paris.

     

    Tente

    Sous une vaste tente plantée sur le parvis de Notre-Dame, qui mérite mieux que cette verrue énorme qui surprend les visiteurs nombreux, des stands et une large tribune étaient installés.

     

    Salle

     

    La foule était dense à l'intérieur ce matin. On pouvait y acheter sa baguette, ses croissants, ses chouquettes et autres viennoiseries… et croiser le monde de la politique.

     

    Ah and co

    Anne Hidalgo se prépare à faire son discours. On reconnait Pierre Aidenbaum tout à fait à gauche et Ariel Weil plus au centre (pas de conclusion hâtive, c'est juste le fait du hasard).

     

    Pa et aw

     Échange de salutations avec "Vivre le Marais !". Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, et celui du IVe Ariel Weil, réunis pour l'occasion…. de manifester leur attachement à la Maire de Paris (dont on dit qu'elle conduit son monde "à la baguette").

     

    Nota Bene :

    Nous signalons que nos messages d'alerte adressés aux abonnés "club-internet", "neuf" et "sfr" font l'objet de messages de non-remise pour cause de refus du serveur de messagerie correspondant. Nous le regrettons pour nos lecteurs habituels mais nous n'avons aucun moyen d'intervenir. Il faut s'ils veulent nous lire qu'ils aillent directement sur notre site "Vivre le Marais !"

     

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    Lfi

     

    Le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum nous fait savoir qu'il a demandé et obtenu une modification du trajet de la manifestation "La fête à Macron", organisée le samedi 5 mai par "La France Insoumise" de Jean-Luc Mélanchon sur le thème de la "convergence des luttes", avec la participation auprès de son mouvement du Parti Communiste Français, du NPA (nouveau parti anticapitaliste). d'EELV (Europe écologie les Verts), d'ATTAC…

    Le parcours ira de la place du Carrousel du Louvre à la Bastille mais au lieu d'emprunter la rue Réaumur, puis la rue de Bretagne et le boulevard Beaumarchais, il tournera dans la rue du Temple (nord) vers la place de la République et  descendra vers la Bastille par le boulevard Beaumarchais.

    Pierre Aidenbaum a accédé à la demande pressante des riverains et des nombreux commerçants de la rue de Bretagne pour qu'on leur épargne les exactions qu'on a fait subir à leurs biens lors de manifestations nationales précédentes. Dans son intervention dans ce sens auprès du Préfet de police, il a souligné le caractère commercial et hautement touristique de cette artère du IIIe et la nécessité de préserver son intégrité.

     

    Postscriptum du 4 mai

    On apprend ce matin que la Préfecture de police interdit le rassemblement initial au Louvre, trop évocateur de la prise de pouvoir d'Emmanuel Macron qui avait débuté son mandat avec une déclaration depuis l'esplanade de la pyramide du Louvre. La manifestation se tiendra à 12h00 à l'Opéra et s'ébranlera vers 14h00 en direction de la République puis de la Bastille.

     

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    Barres Ce sont des ressortissants d'Europe de l'Est, dont deux d'entre eux se sont établis à l'angle des rues des Barres et François Miron (IVe) et se livrent en réunion à la boisson.

     

     

    Un des riverains les plus proches s'exprime ainsi dans un message adressé au maire de l'arrondissement. Extraits :

     

    J'habite là avec une partie de mon appartement et mon activité professionnelle qui donnent sur la rue des Barres, au dessus de SDF. Je me permets de vous faire part de la situation invivable que nous subissons depuis quelques temps et qui ne fait malheureusement qu'empirer.
     
    Leur campement qui se trouve au niveau du 17 rue des Barres favorise le rassemblement de nombreux marginaux à heures aléatoires qui viennent consommer de grandes quantités d'alcool. Ils peuvent être jusqu'à 7-8 personnes régulièrement (plus parfois) installées rue des Barres, écoutant de la musique forte, criant dans la rue qui résonne, se battant parfois, agressant verbalement les passants.
     
    Les horaires sont aléatoires : cela peut être en pleine journée ce qui ne favorise pas le passage de gens du quartier, touristes, clients, mais cela peut également se produire la nuit. Nous sommes réveillés plusieurs fois par semaine en pleine nuit et obligés de prévenir la police pour faire cesser l'agitation.
     
    Il y a quelques jours j'ai même dû aller au commissariat déposer une main-courante. En effet, j'ai été agressé verbalement par un d'eux qui m'a suivi jusque devant chez moi.
     
    Comme vous le voyez, cela n'évolue pas dans le bons sens. J'espère vivement que vous trouverez une solution rapide pour apporter un peu de calme et sérénité dans cette partie du Marais qui était si paisible.
     
     
     
    La police est attentive à la situation mais considère que "les faits dénoncés ne sont pas constitutifs d'une infraction pénale. Il n'y a donc pas d'interpellation et de placement en garde à vue possibles".

    Les manifestations du 1er mai ont été frappées du même syndrome. L’État de droit qui est le nôtre et l'humanisme qui guide la pensée de notre société ne fournissent pas toutes les réponses aux difficultés que nous affrontons du fait des bouleversements politiques, climatiques, des guerres et des persécutions qui sévissent sur la planète.

    Nous pouvons rester fidèles à l’État de Droit si nous adaptons l'état du droit aux circonstances dans nos démocraties. Qu'en sera-t-il de l'humanisme ? Personne n'a envie de s'en éloigner mais peut-être faudra-t-il qu'il soit plus exigeant pour ne pas sombrer dans un angélisme suicidaire.

    GS

     

  • Fiscalité int'le

     

     

    Je me propose de quitter un instant le Marais pour revenir sur un sujet sur lequel je me suis exprimé dans un article sur ce blog en date du 29 février 2016 : l'évasion fiscale des multinationales. Pour dire d'entrée de jeu qu'il s'agit bien d'évasion du point de vue du pays qui en fait les frais mais qu'aux yeux des entreprises et même aux yeux de la Loi universelle c'est d'optimisation qu'il s'agit.

    L'analyse que j'en faisais il y a deux ans n'a pas vieilli. Ce qui a changé ce sont les propositions qu'on voit fleurir ça et là, notamment en France où le gouvernement vient de proposer une mesure à ses partenaires européens où il serait question que les GAFA (Google, Amazone, Facebook, Apple) soient taxés à hauteur de 3% du chiffre d'affaires par pays.

    Cette suggestion manifestement ne fait pas l'unanimité. On peut comprendre que les États qui sont les moins-disants fiscaux n'aient pas très envie de voir une manne dont ils profitent s’envoler…  Mais il y a plus grave : comment des technocrates peuvent-ils proposer une mesure qui n'est pas applicable ?

    Ils devraient savoir que ces sociétés multinationales localisent le chiffre d'affaires où elles le veulent, au même titre que leurs bénéfices ! Elles-mêmes peuvent évidemment savoir dans quels pays leur chiffre d'affaires est généré mais il s'agit du secret des affaires et ce chiffre ne figure pas obligatoirement dans les comptes là où ils sont déclarés. Qui aura la candeur de communiquer ces données à des pays comme la France si l'on sait qu'il y a une lourde taxe à la clé ?

    Il faut donc trouver une autre voie. Voici ce que j'écrivais sur le sujet. Il revient dans l'actualité. Certains qui ont zappé à l'époque pourraient s'y intéresser cette fois. Sachant aussi que le problème n'est pas limité aux GAFA mais à toutes les entreprises de taille internationale qui opèrent sur des modèles similaires.

     

    Extraits de l'article du 29 février 2016

     

    Nous vivons depuis quelques années une révolution mondiale qui est celle de l'information, de son traitement, de son transport et de son stockage. La capacité de traitement des microprocesseurs double tous les 18 mois, la fibre optique véhicule 100 Millions (bientôt 1.000 Millions) de bits par seconde (100 fois, 1.000 fois plus que l'ADSL d'il y a dix ans), les capacités de stockage de l'information évoluent aux même rythme dans d'immenses mémoires domiciliées dans des « clouds » capables de conserver la masse vertigineuse des données du monde et des gens qui le peuplent… 

    Face à cette transformation radicale de notre environnement industriel, qui coïncide avec la sortie du sous-développement de continents entiers, avec une émancipation des plus pauvres qui implique fatalement un transfert de bien-être du nord vers le sud et de l’occident vers l’orient, les dirigeants des nations, les économistes, les penseurs et surtout les médias s’obstinent à commenter les affaires du monde comme si rien ne changeait.

    L’impact de cette myopie est considérable chez les élus où des pans entiers de la classe politique s’accrochent à des visions passéistes qui doivent plus à Karl Marx qu'aux courants de pensée novateurs. En se raccrochant à des chimères, en refusant de voir des réalités comme le poids insoutenable de la dette, ils nous acheminent tout droit vers l'apocalypse.

    N’étant pas un commentateur politique, je laisse à d’autres le soin de développer ce thème pour me concentrer sur un sujet sur lequel je possède une expérience que je dois à mon activité professionnelle passée. Il s’agit des accusations d’évasion fiscale dont sont l’objet les entreprises multinationales, en particulier celles qui se sont développées ces quinze dernières années sur les nouvelles technologies de l'information.

    CharbDessin de Charb

    Il n’est pas inutile de définir ce qu’on entend par « entreprise multinationale » : c’est généralement une société qui est née dans un pays, s’y est développée et a créé des filiales dans d’autres pays. Il est courant que ces filiales soient pour commencer des sociétés commerciales qui ont la charge de vendre localement et d’y rendre un service après-vente (formation, installation, maintenance….). Le moment arrive où le développement d’un réseau international de filiales conduit les dirigeants à repenser l’organisation et la répartition de l’ensemble des taches, en terme de management, recherche, développement et production.

    Naturellement, ceux qui ont la charge de gérer ces groupes sont guidés par un souci d’optimisation, qui se traduit par la recherche de résultats financiers satisfaisants et de la "création de valeur" pour l’entreprise, avec comme finalité d’assurer sa pérennité dans son univers concurrentiel. La morale parait ne pas y trouver son compte car les résultats semblent ne concerner que les actionnaires. En réalité, le socle sur lequel une entreprise a toute chance de prospérer est un trépied : les actionnaires, les clients et le personnel. Que l’une de ces composantes soit négligée et c’est l’entreprise qui bascule. C’est donc par la force des choses, si ce n’est par philanthropie, que l’entreprise est dans l’obligation de soigner ses employés au même titre que ses propriétaires.

     

     

    Laddict dot comToujours plus haut afin de survivre !

    Dans l’environnement qui a prévalu jusqu’aux années 80, où peu ou prou régnait le contrôle des changes et des transferts financiers, on pouvait décomposer l’entreprise en "centres de profits" et "centres de coûts", avec un "siège" où se concentraient des entités fonctionnelles. Chaque pays générait son chiffre d’affaires local, enregistrait ses coûts de fonctionnement et achetait ses produits chez lui ou les importait. Il était logique dans ces conditions de construire un compte de résultat à partir de revenus et charges locaux affectés de "frais de siège" (management fees). Sur cette base, la filiale était en mesure de présenter au fisc de son pays une comptabilité sincère sur laquelle la fiscalité locale avait tout le loisir de s’appliquer.

    Vaille que vaille, ce modèle a tenu la route pendant des décennies. Il avait pourtant ses faiblesses : rien ne garantissait la sincérité des coûts de production en cas d’importation (variabilité des prix de transfert), pas plus que celle des frais de siège qui ont toujours eu mauvaise presse car ils ont souvent permis de majorer ou minorer un résultat pour le déplacer vers les pays à fiscalité favorable.

     

     

    ParadisImage du paradis fiscal dans la conscience collective

     

    Ce sentiment d’arbitraire a explosé  à partir des années 90. On a assisté alors à l’abolition quasi générale du contrôle des changes dans les pays de l’OCDE et la disparition progressive des devises non convertibles qui traçaient de fait une frontière physique autour des pays concernés.  La nature des filiales est passée de centres de profit à centres de coûts (cost centers) fonctionnant en mode « cost plus ». Les anglo-saxons, États-Unis en tête, ont été influents dans le choix de cette approche qui leur laissait les coudées franches pour structurer leur organisation internationale et jouer sur les flux financiers.

    Son principe repose sur l’existence d’une ou plusieurs plateformes de facturation, domiciliées dans des pays choisis. Elles ont pour effet de retirer aux autres pays leur autonomie de gestion. Ainsi, un client français d’une filiale française reçoit une facture d’un centre de facturation à l’étranger et procède à son règlement par transfert financier sur le pays concerné. Aucun chiffre d’affaires n’apparait dans la filiale française. Cette société n’enregistre que des charges et par voie de conséquence ne dégage aucun bénéfice.

    Le mécanisme du « cost plus » implique enfin sur une subvention d’équilibre du siège à la filiale à hauteur de ses charges, majorée d’un montant qui devient du bénéfice (le "plus" au-dessus du "cost") et constitue de fait l’assiette imposable.

    On voit bien comment s’est installé le chantage : on argue que la filiale serait en perte dans une comptabilité d’exploitation classique. On donne le choix au fisc de n'avoir rien à taxer ou de lui assurer une perception faible mais garantie. Ce modèle de tractation, qui laisse de plus aux agents du fisc des prérogatives en matière de négociation, s’est généralisé dans le monde.

     

    Contr

    Cette situation a prévalu pendant environ deux décennies sans faire trop de vagues alors qu’elle était fiscalement imparfaite puisque fondée sur l’arbitraire des prix de transfert, des frais de siège et du mécanisme de « cost plus ». Bien entendu, on savait déjà comment utiliser ces paramètres pour déplacer le profit vers des paradis fiscaux. Ceux qui font mine de découvrir le phénomène aujourd’hui en le dénonçant bruyamment manquent à l’évidence de culture dans ce domaine.

    Depuis le début des années 2000 nous vivons un phénomène nouveau. Les produits que nous consommons sont pour l’essentiel ou pour partie dématérialisés, s’agissant de ces géants que sont devenus Microsoft, Google, Yahoo, Facebook, Twitter, Amazone, Airbnb, eBay, Uber et autres… A la différence des multinationales des années 80, comme IBM, elles n’ont plus nécessairement besoin de filiales, en France comme ailleurs. Si elles s’en sont doté, (Google et Amazon notamment), c’est pour héberger et légaliser une part de leur activité qui est visible localement. Il en est ainsi de la démarche commerciale de Google qui vend le "positionnement" sur ses pages à des entreprises françaises, et d’Amazon ou eBay qui vendent, entreposent et livrent des produits matériels.

    AmazonEntrepôts d'Amazon

    A côté de ces géants on dénombre une multitude d’entreprises qui vendent des services immatériels et qui se font payer par carte bancaire sur Internet. La plupart des sociétés informatiques qui hébergent des sites Internet ou des blogs, qui vendent des logiciels, des antivirus, des applications… n’ont aucune présence « de droit » en France. Leur chiffre d’affaires n’apparait nulle part et le bénéfice que l’administration française pourrait essayer de taxer n’est pas matérialisé en France. Y a-t-il évasion fiscale ? Certainement. Est-ce nouveau ? Non ! En croissance : Oui. Peut-on imaginer une parade ? Difficilement.

    Il faut préciser toutefois que si la société prestataire de services invisibles se trouve dans l’obligation pour des raisons d’efficacité commerciale, de service après-vente de proximité (autre qu’une « hot-line »), d’exercer une présence même légère en France, elle est repérable et peut être suspectée de disposer chez nous d’un "établissement stable de fait" passible de l’impôt sur le bénéfice des sociétés. Elle peut sur ce fondement être recherchée et taxée d'office mais, en l’absence de livres comptables, le calcul d’un tel impôt et sa justification sont un casse-tête que les inspecteurs du fisc répugnent à affronter.

    Dans le paysage actuel on note que Google déclare en France un chiffre d’affaires 2014 de 225,4 Millions d’€ et un résultat net (imposable) de 12,2 Millions d’€ (5% du CA). Son chiffre d’affaires mondial est de 60 Milliards d’€ et son bénéfice de 14,4 Milliards d’€ (24% du CA). Est-il logique que la France pèse 4 pour mille du business mondial de Google alors que son PIB est de 4 pour cent du PIB mondial ; et que le bénéfice ne soit que de 5% du chiffre d’affaires contre 24% dans le monde ?

    Amazon affiche une situation encore plus douteuse. La société n’a déclaré aucun revenu en France, et s’apprête seulement à le faire en Allemagne à hauteur d’un modeste 11 Millions d’€. Jusqu’à ce jour, tout passait par le Luxembourg. Elle vient seulement d’accepter timidement de modifier son mode de facturation sur les instances de la Commission européenne.

    Facebook a une petite implantation en France avec 37 personnes. Elle affiche un chiffre d’affaires de 19,9 Millions d’€ en 2014 et un résultat net très modeste de 638.100 €. A comparer aux 35 Milliards d’€ de chiffre d’affaires mondial (0,6 pour mille seulement déclarés en France !).

    A l’évidence, on peut avoir légitimement des doutes sur la sincérité des comptes que Google et les autres affichent en France et considérer avec suspicion leur comportement de "tax payers". Ensuite que faire, quand on a connaissance de la multitude de paramètres dont dispose l’entreprise pour optimiser ses impôts en toute légalité. Comment les contraindre à payer un impôt dont elles peuvent parfaitement dire qu’il ne les concerne pas ? Qui est capable d’étreindre des fantômes ?

     

    Fantomes

    Je me rappelle ce séminaire dans les années 80 autour de Dominique Strauss Kahn où nous parlions de la taxe professionnelle. Pour la critiquer bien sûr car elle constituait disait-on un frein à l’investissement et à l’embauche. En réfléchissant il apparaissait que pour décider qu’une société verse de l’argent à une commune où elle possède une forme d’implantation (bureaux, usines….), parce que le hasard a fait qu’elle se trouve là, il fallait bien définir des critères. Le chiffre d’affaire, le résultat n’ont de sens qu’au niveau national. D’où l’idée de taxer la "visibilité" de la présence locale ce qui conduit inévitablement au nombre de salariés et à la taille des investissements (machines, bâtiments…). Rien de stupide par conséquent en dépit des apparences.

    Je m’étais risqué à dire alors à DSK qu’il serait peut-être préférable de supprimer la taxe professionnelle et de majorer en conséquence l’impôt sur les sociétés au niveau national (là où on sait le calculer) en réservant le résultat ainsi dégagé aux communes où la société est implantée, sur la base d’un montant proportionnel au nombre d’habitants. Que n’ai-je dit ! J’ai eu droit à cette réplique : "vous êtes un affreux jacobin !" Car cette approche aurait privé les dirigeants politiques locaux de leur prérogative de décider de cette taxe.

    La référence aux jacobins à vrai dire me souciait peu mais être qualifié d’affreux à propos d’une idée qui aujourd’hui encore ne me parait pas stupide m’avait rendu le personnage peu sympathique et suscité en moi des doutes sur la compétence dont il était auréolé.

    Si je parle de cet épisode c’est qu’à bien des égards il se rapproche de la problématique actuelle. On ne réussira pas à contraindre Google et les autres à payer un impôt sur les bénéfices en France très différent de celui qu’ils affichent. En revanche, et l’OMC (organisation mondiale du commerce) peut prendre en charge ce genre de dossier, on pourrait convenir que sur la base du bénéfice mondial, qui est connu, audité, observé, on admette que chaque pays où la société est active se voie affecter une part de ce bénéfice correspondant à sa part dans le PIB mondial.

    Ce chiffre servirait d’assiette au calcul d’un impôt du type "impôt sur les sociétés" avec un taux d’imposition unique dans le monde et situé au bas de l’échelle des taux (5 ou 10% par exemple), de manière à rendre inutile la recherche d'un paradis fiscal.

    Dsk"Vous êtes un affreux jacobin ! (DSK)"

     DSK peut dire que je suis encore plus jacobin qu’il ne le pensait. S’il a une solution meilleure à nous proposer, il est temps de nous le dire car la planète est noyée sous les pleurs de ceux qui voient des Milliards échapper au fisc. Chaque année en France notre conservatisme nous coûte la bagatelle de 70 Milliards d'€, à cause de toutes les brèches dans la fiscalité, bien sûr, mais à cause il faut bien le dire du caractère hautement confiscatoire des prélèvements chez nous.

    Baisser indistinctement la fiscalité en France n’est pas possible à cause de nos déficits cumulés et de la dette colossale qui en résulte. Renoncer à une partie de notre souveraineté fiscale, n’en déplaise à M. Strauss-Kahn, pour faire revenir vers nous des ressources considérables plutôt que s’y attaquer en partant à la chasse aux feux follets avec un filet à papillons, est à mon sens une piste que notre pays et la communauté internationale doivent étudier.

    Gérard Simonet

     

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    Quincampoix 101 résid; hôtelière 25 04 18Rue Quincampoix au n° 101 (IIIe) : un local commercial qui se destine désormais à l'hébergement hôtelier

     

     

    Le propriétaire de ce local commercial qui comprend un rez-de-chaussée et un entresol sur rue se dispose, comme beaucoup d'autres, à le transformer en "résidence hôtelière". On va devoir s'habituer à ce concept qui s'inscrit aux côtés de la location saisonnière de la résidence principale. Celle dont on a beaucoup débattu à propos des 120 jours…

    En réalité, tandis que ce sujet occupait la scène, de nombreux propriétaires de locaux commerciaux dans nos quartiers, ceux-là dont on s'est beaucoup plaint dans les années 2000 car ils géraient des entrepôts d'articles inflammables et alimentaient un trafic de camions de livraisons préjudiciable à la tranquillité des résidents, se retrouvent aujourd'hui avec de larges espaces disponibles.

    Ils ont réalisé, avec l'explosion du tourisme de masse et la demande d'hébergement qui en résulte, qu'ils disposaient là d'une nouvelle source potentielle de revenus, pourvu qu'ils fassent les transformations nécessaires. A leur égard les contraintes municipales qui visent les propriétaires de leur résidence principale ou les investisseurs de logements locatifs meublés dont le statut "commercial" est quasiment impossible à obtenir, ne les concernent tout simplement pas.

    Car ils ont déjà le statut commercial.  Il n'est donc pas nécessaire pour eux de l'obtenir de la mairie de Paris, avec à la clé des compensations qui sont une course d'obstacles digne d'un steeple chase. Il n'y pas lieu non plus d'affronter le syndicat des copropriétaires qui peut s'opposer à l'exercice d'une activité de nature commerciale dans des logements dont la destination originelle est l'habitation.

    En clair pour eux la voie est libre, pour autant qu'ils respectent les dispositions nouvelles qui obligent le loueur à se déclarer en mairie et cela va de soi à déclarer ses revenus et payer ses impôts.

    Faut-il s'en alarmer ? A priori pas nécessairement. Les activités du passé, la vente en gros essentiellement, n'étaient pas propices à la qualité de vie et à l'environnement. Elles se sont largement déplacées vers des territoires qui, comme Aubervilliers, offrent un cadre beaucoup plus favorable à leur épanouissement qu'il s'agisse de la place disponible ou des facilités d'accès. L'accueil de touristes ne comporte pas que des avantages mais c'en est fini au moins de ces nuisances-là et on peut penser que d'autres destinations, la restauration par exemple, auraient aussi leurs inconvénients.

    Il faut rappeler que les résidents ont toujours leur mot à dire contre un comportement de nouveaux venus non respectueux de leur tranquillité. Ils peuvent le faire sur la base du règlement de copropriété qui généralement inclut des dispositions qui protègent les résidents et par référence au code de la santé publique avec intervention de la Préfecture de police si les niveaux de bruit constatés sont passibles de procès-verbaux.