Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Politique

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    Scoot libéScooters sur trottoirs (Photo "Libération")

     

     

    L'association nationale "Droit du piéton" dont nous sommes membre depuis des années, présente et active comme nous dans "Vivre Paris !", vient de changer de nom. Elle s'appelle désormais "60 Millions de piétons" pour rappeler sa cible, comme d'autres organismes de défense de consommateurs l'ont fait. A défaut d'être originale, cette appellation est sans doute plus porteuse du message que ses dirigeants cherchent à véhiculer : l'espace public doit être préservé contre ceux qui se l'accaparent ou s'y comporte avec incivisme. C'est le cas des trottoirs dans nos villes, envahis par les terrasses de bars-restaurants et les deux-roues en mouvement et en stationnement.

    Nous devons à "60 Millions de piétons" aujourd'hui une nouvelle que la presse parisienne a reprise : la création de "Ras le Scoot…", un collectif parisien d'associations qui s'élèvent précisément contre le comportement des scooters. Le quotidien "Le Parisien" du 22 avril lui consacre un long article et "Libération" lui emboite le pas.

     

    LoufLaurent Louf, porte-parole du collectif "Ras le Scoot" (Photo "Le Parisien"/G.P.)

     

    Le nom est un peu "trash" de notre point de vue car il exprime un fort sentiment de rejet, alors que le sujet mérite une analyse simplement objective. Nous en parlons régulièrement, en énumérant nos griefs : la gratuité du stationnement qui crée une distorsion très forte en faveur de ce mode de déplacement au détriment d'autres plus écologiques ; le refus de se plier au contrôle technique, qui laisse circuler des engins polluants et bruyants ; une tolérance coupable du stationnement sur les trottoirs et de l'utilisation de ces trottoirs, des sens interdits et des couloirs de bus. Les abus qui en découlent rassemblent dans un rejet sans discernement tout ce qui roule dans nos villes sur deux ou trois roues.

    La Maire de Paris et ses Adjoints ainsi que la Préfecture de police en ont conscience mais la "Fédération Française des Motards en Colère les font régulièrement plier car ils possèdent l'arme redoutable de créer des embouteillages monstres et extrêmement dérangeants.

    Les deux-roues motorisés sont près de 4 millions en France, dont un tiers seulement de scooters. Les autres sont des cyclomoteurs ou des motos. En stigmatisants le scooter, ne jette-t-on pas l'opprobre sur une classe d'utilisateurs dont tous ne méritent pas des reproches, en ignorant le comportement trop souvent discourtois, irrespectueux et toujours dangereux de ceux qui pilotent des gros cubes ?

    "Ras le Scoot" a le mérite toutefois de créer un choc médiatique salutaire à la cause des citadins. A ce titre, nous sommes prêts à nous y associer en considérant que le sobriquet s'applique à l'ensemble du parc, du cyclomoteur à la grosse cylindrée.

    GS

  • BarresCarrefour rue des Barres/rue François Miron (IVe)

     

     

    Plainte d'un riverain de la rue François Miron au Maire du IVe, le 15 avril :

    "Actuellement il y a 3 personnes imbibées d'alcool sur un matelas positionné sur la voie publique depuis 2 mois. Il y a une famille qui vit au RdC du bâtiment avec 2 enfants. Cette famille vit avec les volets extérieurs fermés et les fenêtres fermées 24h/24. Des affaires sont posées sur le rebord de ses fenêtres. Entre le bruit des injures régulières (souvent entre eux) et les odeurs, cette famille est confinée. Accepteriez-vous de vivre vous même dans ces conditions ?"

     
     Qui fait suite à cette mise au point du cabinet du Maire, le 12 avril :

    "Cela faisaient des semaines que les policiers essayaient de convaincre les deux jeunes propriétaires des tentes de rentrer chez eux (apparemment ils ont des logements) pour éviter de recourir à l’éviction (dont l’ordre préfectoral se faisait attendre).
    Nous avons fait nettoyer la rue et jeter les affaires abandonnées à l’exception d’un matelas appartenant à un SDF de la rue des Barres. Concernant ceux-ci, j’ai demandé à la police une extrême vigilance car en effet ils peuvent parfois se montrer agressifs mais ils ne peuvent faire l’objet d’une procédure. Les policiers et les maraudes passeront régulièrement pour éviter tout débordement.

     

    Et à cette intervention du riverain le 11 avril :

    Il a été signalé deux sites à la mairie. Le premier rue du Grenier sur l'Eau où effectivement les trois tentes sont parties et où la Ville nettoyait la rue ce matin.

    Le 2ème site qui se trouve devant la bouche d’aération en RdC à l’angle rues François Miron/des Barres est toujours d’actualité. Il s’agit d’un campement sauvage où les affaires sont déposées sur les rebords d’une fenêtre du RdC d’un appartement où réside une famille avec deux enfants. Ce matin, je suis moi-même passé avec mes 2 enfants et j’ai essuyé des invectives de personnes complètement alcoolisées à 8h00 du matin. Ce deuxième site ne présente donc aucune évolution favorable.

     

    Auparavant,  le 10 avril, la mairie expliquait :

    Les tentes de la rue du Grenier sur l'Eau ont disparu dans la matinée même si quelques affaires du campement perdurent sur les bancs (j’ai d’ailleurs demandé à les faire enlever).

    Restons toutefois vigilants afin de pouvoir réagir, en cas de réinstallation, dans les 48h imparties.

     

    Et le riverain de la rue des Barres, le 10 avril, répondait :

     
    Il est exact que les trois tentes ont disparu ce matin. Par contre l'autre bande de SDF d'Europe de l'est est toujours là. À 19h00 ce soir ils étaient 7 tous bien imbibés. Voilà la situation pour aujourd'hui.

     
    Ces échanges mis bout à bout peuvent paraitre confus. Mais la situation l'est tout autant. D'un côté des habitants qui exigent légitimement un minimum d'ordre et de salubrité. De l'autre, des membres du cabinet du Maire et le Maire lui-même qui ont la volonté sincère de donner satisfaction à leurs administrés mais sont attachés à la pensée humaniste qui interdit toute brutalité, dans le cadre d'un État de droit qui leur mesure les moyens d'agir notamment à travers sa police.
     
    C'est donc l'impasse. Quand bien même Ariel Weil, qui a fait beaucoup jusqu'à présent pour loger les sans-abris, trouvait d'autres hébergements en quantité il se heurterait d'abord à ceux qui n'en veulent pas ensuite à un afflux de demandeurs renseignés par le bouche à oreilles.
     
    Comme pour l'affichage sauvage dont on a parlé précédemment, nous sommes face à un problème de société qui s'étend à la planète entière et qui n'a pas aujourd'hui de solution radicale. On va donc continuer à s'invectiver, se justifier, se plaindre, s'accuser, râler, et voter en conséquence pour ceux qui auront su capitaliser le mécontentement. Avec trop souvent le choix facile de pousser la poussière sous le tapis ou de passer à d'autres les mistigris qui nous encombrent.
     
    GS
     
     

     

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    Barts

    Ateliers Beaux-Arts de Paris 48 rue de Sévigné (IIIe)

     

     

    En juillet dernier nous avions publié la lettre ouverte des professeurs des Ateliers Beaux-Arts de la rue de Sévigné contre la fermeture de ces ateliers par la mairie de Paris dans cadre du projet « Réinventons Paris 2 »

    Les différentes actions entreprises n’ont malheureusement pas porté leurs fruits et la mairie avance dans son projet de cession du bâtiment. Des visites sont actuellement en cours dans le cadre de l’appel à projets.

    Professeurs, modèles et élèves poursuivent néanmoins la mobilisation et organisent le mardi 8 mai à 13 heures place des Vosges un grand atelier de modèle vivant ouvert à tous.

    Un petit clip burlesque (1’48) a été tourné récemment pour dénoncer la situation et annoncer cette manifestation.

    Anne, élève des beaux-arts

     

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    AndréMur-pignon du 95 rue Vieille du Temple (IIIe), le 13 avril 2018 (photos VlM)

     

     

    Quand le droit se révèle impuissant, doit-on raisonner "en équité" ou en application du simple bon sens ?

    Le débat mérite être ouvert à propos de ce mur-pignon du 95 rue Vieille du Temple. Il forme un dièdre avec le bâtiment du 2 rue des Quatre-Fils (IIIe) qui, hasard plaisant, abrite la direction de la propreté de Paris pour les arrondissements centraux.

    Selon la loi, en l'espèce le Règlement Local de Publicité de la Ville de Paris (RLP), tout affichage sur ce mur est prohibé. Pendant des années, il a pourtant servi de dépotoir et d'exutoire à tous les songe-creux de la Terre qui ont déversé là ce qui les encombrait : rebuts en tout genre, insanités, gribouillages….

     

    Quatre-fils 2 mur pignon 31 12 14Le mur-pignon en 2014

    Un citoyen pas tout à fait ordinaire puisqu'il est propriétaire d'une brasserie proche du front, a pris les choses en mains sans s'encombrer de scrupules excessifs. Avec l'assentiment de la société propriétaire de l'immeuble il a décidé de faire appel à des "créatifs" pour le décorer.

    Il a inconsciemment ou non raisonné "en équité" en se disant que tout le monde y trouverait son compte : les artistes, les annonceurs, toujours aux aguets quand il s'agit de publicité, les habitants qui n'en pouvaient plus du caractère immonde des lieux, lui-même car ce mur participe à son propre décor, et…. les services de la mairie de Paris qui, nous nous permettons de le penser, se sont dit que c'était une aubaine que quelqu'un fasse "le boulot" à leur place.

    Regardez pour la dernière fois la photo du haut car la décoration qu'on doit à "André" (Saraiva, voir son press-book sur Google), cet adepte du street-art qui dessine des genres d'Oncle Sam sur les murs, s'est trouvée défigurée par les apports plus ou moins sollicités de barbouilleurs de seconde zone. Le mur va donc être repeint en blanc et on repart vers une nouvelle création, sous le contrôle personnel…. du contrevenant qui veille au respect de la qualité de l'œuvre. On rêve mais c'est ainsi !

    On se demande après cette analyse où se situe "le bon sens" ! Est-ce comme beaucoup le réclament l'application pure et dure de la loi ? Mais comme la loi actuelle est trop douce, il convient en même temps d'obtenir que le parlement en durcisse considérablement les sanctions. D'autres aussi nombreux diront qu'on tomberait de la sorte dans un régime autoritaire, voire pire… dont ils ne veulent pas.

    Quatre-fils 18 collages 25 03 17Il est des fois où le résultat fait une sorte d'unanimité… 25 mars 2017

     

    Faut-il "laisser courir" en enfonçant la tête dans le sable ? C'est à peu près ce qui s'est fait dans le passé. On hésite franchement à prétendre que c'était satisfaisant. Alors, que faire ? Accepter le fait accompli tel qu'il se déroule sous nos yeux ébahis, en cédant à une forme de "réalpolitik ?

    Je suis sûr que vous serez nombreux à me donner votre avis. Veillez à ce qu'il soit argumenté et politiquement neutre afin que ce débat contribue à éclairer ceux qui nous dirigent.

    Gérard Simonet

     

    Postscriptum du 14 avril

     

    Mur blanc

    Comme nous l'avions annoncé, l’œuvre a disparu et le mur est repeint en blanc aujourd'hui. Sic transit gloria mundi…

     

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    Bourg tibourg place 03 04 18La rue (qu'on appelle improprement "place") du Bourg Tibourg, dégagée dans sa partie évasée piétonne qui a de tout temps suscité l'avidité des établissements qui la bordent et l'occupent en la défigurant. (photos VlM, clic gauche pour agrandir)

     

     

    Le nouveau maire du IVe, Ariel Weil, est très déterminé quand on l'entend : l'espace public doit rester public et "aucune occupation, autres que celles admises par les règlements de la Ville, ne doit y être constatée".

    S'agissant de cette "place", outre les bars-restaurants qui en ont pris possession, de façon pas toujours licite puisque des actions en justice ont eu lieu, le cœur de l'espace attire les motos et des sans-domicile-fixe qui occupent les banc publics avec leur barda.

    A leur sujet, le maire a un discours cohérent, ferme et humaniste : il n'accepte pas l'occupation mais se prévaut d'avoir libéré dans l'arrondissement un maximum de places d'hébergement. Ainsi, la "Maison des Associations du IVe" boulevard Henri IV, qui n'en est plus une maintenant, leur a été affectée avec 70 places et une priorité aux familles. Il reste des points de fixation, notamment rue des Barres, mais il nous assure qu'un dialogue (pas forcément facile) a débuté avec les personnes concernées pour que l'occupation anarchique cesse enfin.

     

    Bourg tibourg sdf nettoyant 03 04 18

     

    Cette photo montre le banc d'entrée, côté Rivoli. Il y avait ce jour-là un homme en hardes qui y séjournait dans la bonne humeur en cassant la croute. Quelque aliment est tombé au sol. Il s'est mis devant nous en demeure de nettoyer la dalle. Nous n'avons pas hésité à filmer et publier cette scène car elle possède à nos yeux un certain pouvoir de réconciliation des uns à l'égard des autres.

    GS

     

  • Archives 40 pignon affiches lacérées 29 03 18
    Mur pignon du 40 rue des Archives (IVe), le 29 mars 2018 (Photo VlM)

     

     

    Lacérées, décollées, arrachées, elles subissent le triste sort de ce qui est livré à la vindicte populaire mais leur passage laisse des traces. Ce mur pignon à hauteur du 40 rue des Archives (IVe) était couvert d'affiches sauvages depuis deux semaines environ. Les services de la propreté de Paris ne sont pas intervenus, alors qu'il le faisaient par ailleurs. On constate aujourd'hui 29 mars qu'une main vengeresse s'est abattue sur cette infraction qu'on devait une fois encore à une grande marque de l'avenue Montaigne.

    Le résultat n'est pas des meilleurs du point de vue de l'esthétique mais ce qui faisait la raison d'être des affiches, leur pouvoir de communication, est bel et bien anéanti.

    L'inconnu qui a sévi, de ce point de vue, aurait dû le faire plus tôt… Évidemment, il n'est pas justifié de lui en vouloir car ce n'est ni son métier ni son rôle. Il est plus naturel de se retourner vers la mairie. Il ne serait pas surprenant qu'elle réponde qu'il n'y a pas eu de signalisation. Et c'est tout à fait possible car chacun est dans ses préoccupations et n'a pas forcément l'idée et le temps de le faire. 

     

    Archives 40 enrée école 29 03 18Le mur-pignon est l'un des volets du dièdre qui inclut cette façade d'une ancienne maison de Jacques Coeur dont certains éléments sont de style renaissance

     

    Mais enfin pourquoi faudrait-il dans notre ville que les anomalies soient signalées par la population pour être traitées ? Avec un effectif de 50.000 employés, qui a grossi de plus de 20 % dans les années 2000, avec un ratio d'employés municipaux par habitant qui atteint des niveaux record, il ne serait pas possible d'affecter un inspecteur par arrondissement pour effectuer ces contrôles… et quelques autres ?

    Nous disons bien UN par arrondissement, chez nous en tout cas car ils ne sont pas bien grands ! les placardages d'affiches se font sur un circuit connu, toujours le même. Une ronde chaque jour suffirait à détecter ces pratiques et à interpeler quelques fois les contrevenants en flagrant délit. Surtout, le blocage du processus à la source rendrait ce mode de publicité inopérant et en assècherait rapidement la rentabilité et par là l'existence.

    A deux ans des élections qui se présentent sous des auspices incertains pour Anne Hidalgo, la propreté de notre cadre de vie jouera un rôle important. Il n'est peut-être pas trop tard sur ce dossier pour montrer qu'elle sait réagir !

     

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    Contrescarpe terrasse scandaleuseTerrasse place de la Contrescarpe (Ve)

     

    Branle bas de combat hier 21 mars chez tout ce que Paris compte d'associations de défense de la qualité de vie des habitants et du droit à circuler librement sur les trottoirs ! Un vœu déposé devant le conseil de Paris qui siège actuellement, signé d'un groupe de maires d'arrondissements  "Les Républicains" et les "Indépendants" des  IXe, Ve, XVe, VIe et 1er arrondissements a mis le feu aux poudres.

    Le groupe, animé par Florence Berthout, Maire du Ve, propose "la dépénalisation des incivilités relatives à l'encombrement, les étalages et les terrasses" et demande au gouvernement de légiférer.

    La réaction a été telle que le Maire du VIe Jean-Pierre Lecoq annonçait dans la journée qu'il retirait sa signature…

    En ce qui nous concerne, notre stupéfaction nous a conduits à imaginer qu'il manquait au texte une page. Nous avons donc ingénument demandé le vœu intégral dans un message adressé à Mme Berthout. Elle nous a répondu sur le champ et notre perplexité s'est accrue en constatant que texte dont nous avions eu connaissance était bel et bien complet (voir le texte).

    Florence Berthout nous dit ceci : " Le vœu du groupe LRI fait en effet l’objet d’une incompréhension que j’ai souhaité dissiper. Vous l’avez bien compris la dépénalisation permettrait en réalité au maire de fixer le niveau de l’amende. Aujourd’hui, le montant de l’amende reste souvent très peu dissuasif au regard du chiffre d’affaires supplémentaire généré par un dépassement d’autorisation de terrasse ou d’étalage. Il s’agit donc de le rendre plus opérationnel.

    On voit donc où le groupe LRI veut en venir et nous ne sommes pas loin de partager son point de vue. Dans un article daté du 24 décembre 2015, nous dénoncions le fait que le Parquet, saisi d'infractions à l'urbanisme, classait systématiquement les procès-verbaux en provenance de la direction de l'urbanisme ou des Architectes des Bâtiments de France. Pourquoi l’État entretient-il des structures couteuses si leurs démarches se heurtent à l'attitude du Procureur de la République qui considère sans doute que ces dossiers ne sont pas prioritaires ?

    Notre conclusion, dont avions parlé avec nos députés de l'époque, était qu'il paraissait de simple bon sens de dépénaliser ces infractions et de les remplacer par des sanctions administratives dissuasives à l'initiative des autorités territoriales qui, à l'inverse des magistrats, possèdent les compétences et le savoir techniques ad hoc.

    Dans l'affaire qui nous occupe, l'intervention du groupe LRI aurait sans doute été comprise si la proposition était allée jusqu'au bout car chacun voit bien que la pénalisation telle qu'elle existe conduit à l'impuissance des services de maintien de l'ordre et à l'insolence des exploitants de cafés qui dressent leurs rangées de tables interdites au nez et à la barbe de responsables municipaux qui n'en peuvent mais !

    GS

     

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    Mairie 4 Mairie du IVe, place Baudoyer (Photos VlM)

     

     

    L'édifice a beaucoup d'allure, il est au cœur de Paris tout près de la Seine, il est vaste… Bref, il ne manque pas d'atouts pour abriter en 2020 la mairie du nouvel arrondissement qui résultera de la fusion des quatre arrondissements centraux de Paris.

    Il a aussi quelques inconvénients qui font dire que la lutte sera sévère avec la mairie du IIIe, dont certains disent qu'elle tient la corde car son éloignement de l'Hôtel de Ville pourrait servir sa cause.

    Les deux Maires en parlent avec détachement, un peu feint peut-être, mais ne sont manifestement pas dans une lutte acharnée pour emporter un choix qui n'a pas à leurs yeux une si grande importance.

    WeilAriel Weil, Maire du IVe

     

    Le portrait "de A à Z" qu'a dépeint le 15 mars le magazine "Le Point" du Maire du IVe dans son supplément sur le Marais est si complet qu'il n'est pas nécessaire d'en rajouter. Disons simplement pour éviter toute redite qu'Ariel Weil est quelqu'un avec qui d'emblée on se sent bien et dont on a envie de s'en faire un ami.

    Il n'était pas question dans notre entretien de nous limiter à évaluer sa personnalité. Il y a dans l'arrondissement assez peu de sujets sensibles mais ceux qu'on peut qualifier ainsi sont de vrais brulots.

    L'interdiction de circuler sur la berge rive droite est sans aucun doute un sujet sensible mais il a aussi la particularité d'être clivant. Dans nos arrondissements, il n'y a jamais eu d'enquête sérieuse mais les commentaires que nous lisons sur les réseau sociaux et sur notre blog font penser que les partisans et les opposants sont en nombre équivalent. Ariel Weil soutient Anne Hidalgo sur ce dossier, ce qui n'a rien de surprenant puisqu'il fait partie de la majorité municipale à ses côtés, et il mise sur le temps pour convaincre les opposants que ce choix correspond bien au "sens de l'Histoire".

      Ste cathRue Caron, vue de la place du Marché Ste Catherine

     

    Nous nous sommes longuement entretenus de la problématique de la place du marché Ste Catherine, défigurée et envahie par l'installation illégale de terrasses fermées. Nous avons compris qu'il ne resterait pas les bras croisés devant ce qui est pour nous tous une provocation qui doit être traitée avec la plus grande fermeté.

    Il est moins impliqué dans les lieux où sévit le tapage nocturne, domaine de la Préfecture de Police par excellence, mais il ne s'en désintéresse pas. Nous l'avons dit au magazine "Le Point" lors de notre interview, il y a peu  d'abcès de ce type dans le Marais mais lorsque abcès il y a nous sommes totalement engagés en tant qu'association dans la défense des riverains. Nous apprécions de bénéficier du soutien du Maire et de ses adjoints et de l'écoute qui est la leur auprès de la police.

    Enfin il est un dossier dont Ariel Weil à juste titre est particulièrement fier : à l'occasion de la période de froid intense que nous connaissons depuis plusieurs semaines, son arrondissement s'est placé en tête de la lutte contre la précarité, la faim et le froid en offrant un accueil d'une ampleur historique aux sans-abris de Paris.

    En conseil d'arrondissement le 12 mars, le Maire déclarait : "Avec la mairie, la cité Morland (80 places), l’Hôtel-Dieu où 40 places d’urgence s’ajoutent aux 90 places ouvertes depuis mai dernier pour les femmes et les nourrissons, le Village Saint-Paul où la RIVP (bailleur social) a mobilisé un local vacant qui accueille 40 personnes, ce sont 210 places d’hébergement qui ont été proposées durant la vague de froid et 300 en comptant les 90 places ouvertes à l’Hôtel-Dieu en mai 2017".

    Ainsi, ce sont 4.144 repas qui ont été servis en mairie depuis le 11 décembre 2017, et 795 nuitées organisées depuis la vague de froid qui a débuté le 5 février avec 300 lits mis à disposition dans l'arrondissement.

    Gérard Simonet

     

     

  • Locations saisonnières st antoine valises roulettes floutée 12 03 12Valises à roulettes symptomatiques de la location touristique, rue Saint Antoine (IVe)

     

     

    Les Maires des IIIe et IVe, Pierre Aidenbaum et Ariel Weil, ont rassemblé le 14 mars une quarantaine de personnes place Baudoyer pour les informer de la situation des locations saisonnières dans leurs arrondissements et faire le point des dispositions réglementaires et législatives qui visent à les maitriser. Jean-François Martins, Maire-Adjoint de Paris en charge du tourisme (et du sport, notamment des JO de 2024 !) était à leurs côtés, sans doute pour prendre la température d'un dossier qui ne peut le laisser indifférent au regard de sa mission.

    Pierre Aidenbaum a annoncé en préambule que les décisions en la matière ne sont pas du ressort des mairies mais du législateur. Encore faut-il que les décrets d'application soient publiés et on sait que c'est souvent très long ! On a compris par exemple que le principe de l'imposition directe des loueurs avait été voté mais que Bercy tardait à finaliser… C'est dans cette voie que se trouve pourtant la parade à l'évolution anarchique de cette activité caractéristique de l'économie numérique. Il a constitué jusqu'à présent une source d'évasion fiscale sur laquelle il semble pourtant aisé d'agir dans la mesure où les plateformes ont l'obligation de communiquer les données dont elles disposent, à savoir l'identité des loueurs et le montant des sommes réglées.

    Les Maires ont rappelé leur souhait de voir le nombre de nuitées autorisées alignées sur Barcelone et Amsterdam (60 nuitées) ou même New York qui n'en autorise que 30, alors que le chiffre est de 120 à Paris.

    Cependant, on l'a dit à plusieurs reprises, cette contrainte ne s'applique qu'à la location de la résidence principale. Il est vrai qu'on peut avoir des doutes sur la réalité d'une résidence principale qu'on est capable de louer quatre mois dans l'année… La dérive générale qui pousse le marché vers la location saisonnière et dépeuple nos quartiers de ses habitants n'est vraiment pas due à la location des résidences principales mais à la transformation du parc immobilier en locations hôtelières.

    Cette mutation a deux composantes. La première est le fait de propriétaires non résidents qui s'écartent de la location traditionnelle nue ou meublée pour louer aux touristes de passage. Si leur copropriété l'accepte et s'ils sont déclarés, ils contribuent au tourisme et alimentent la caisse de la mairie par la taxe de séjour et de l’État par leur imposition sur le revenu. Ce que nos  présumons, c'est que l'évasion est forte parmi eux car l'administration municipale et l’administration fiscale ont pour le moment des moyens de contrôle et de poursuite limités. P. Aidenbaum a cependant fait état d'une augmentation sensible du nombre de contrôleurs.

    Le Premier Adjoint du IIIe Gauthier Caron-Thibault a regretté une situation qui ne favorise pas la mixité sociale. Il a raison mais pourquoi ne pas reconnaitre qu'on s'est acharné depuis 1982, loi après loi, à rendre la location traditionnelle non attractive pour celui qui loue. La mixité sociale n'est  pas pour le propriétaire un but en soi. En convenir est un premier pas dans la bonne direction.

    L'autre composante est plus préoccupante. Nous en avons déjà parlé car nous suivons de près le Bulletin Municipal Officiel et nous voyons bien la progression du nombre de locaux commerciaux qui déposent une demande d'autorisation de travaux en vue de réaliser du logement hôtelier. Le maire du IIIe a révélé que 75 locaux se sont transformés ainsi dans le centre de Paris depuis le début de l'année.

    La location saisonnière est qualifiée d'activité à statut commercial. Si des investisseurs décident d'affecter les logements dont ils sont propriétaires à la location touristique, ils doivent obtenir de la mairie une autorisation de changement de statut d'habitation à "commercial". La mairie de Paris a tout fait pour rendre ce changement impossible et on ne peut pas lui en vouloir au nom de la préservation de l'habitat. Mais si les locaux sont déjà commerciaux, aucune demande autre que d'urbanisme n'est nécessaire et aucun contrôle ne peut s'appliquer au-delà de la déclaration d'exercer qui est maintenant obligatoire.

    Pierre Aidenbaum s'en est plaint en révélant des chiffres : 250 plateformes de location à Paris, 50.000 annonces rien que pour Airbnb, augmentation du pourcentage de résidences secondaires (de 17,8 % à 22,4 % dans le IVe), 1.500 logements transformés pour la location courte durée à Paris qui enregistre tout de même 15.000 déclarations d'entrée sur ce marché…

     

    Grossiste cartons temple

     

    L'exposé de la situation et les chiffres laissent un sentiment de grande confusion. Mais dans un désordre comme celui-là une forme de créativité peut se manifester. On s'est plaint longtemps dans le Marais de la surface affectée à l'entreposage de marchandises généralement inflammables, et du va-et-vient continu des camions de livraisons dans nos ruelles étroites. On entrevoit maintenant d'autres usages, qui n'ont pas tous les avantages mais peut-être moins d'inconvénients.

    Le nombre de ces locaux commerciaux n'est d'ailleurs pas illimité et la demande de logements "résidence principale" reste élevée chez nous si on en juge par les prix. Le chaos d'aujourd'hui pourrait être la voie vers un nouvel équilibre entre le résidentiel, les hôtels de tourisme, la location hôtelière, l'entreprise (y compris le co-working) et le commerce de détail et de gros. Il est probable que la population de nos quartiers continue de baisser mais dans des proportions qui n'ont rien de préoccupant étant donné la forte densité de notre habitat, la plus élevée d'Europe.

    GS – PM

     

     

  • Le service de la Garantie immeubleImmeuble du "Service de la Garantie", tout près de la mairie du IIIe (Photos VlM)

     

    Ce n'est pas pour tout de suite mais le transfert est programmé. Ce sera à partir de 2021 : la police des 1er, IIe, IIIe et IVe arrondissements va se regrouper dans l'immeuble construit en 1925 du 14 rue Perrée (IIIe), qui était celui du "Service de la Garantie".

    Le service de la Garantie frontonDétail du frontispice de l'immeuble

     

    Cette institution date de 1797 (brumaire an VI du calendrier révolutionnaire). Elle avait pour rôle le poinçonnage des métaux précieux et des produits issus de l'industrie et de l’artisanat de l'orfèvrerie. Que la police s'y installe est de bon augure car cet édifice dédié aux "services de la garantie" nous permet d'espérer une garantie des services (sous-entendez : "rendus à la population") !

    Ce choix nous semble en mesure de valoriser la fonction de nos policiers car le bâtiment méritera cette fois l'appellation "d'Hôtel de Police" qui pouvait difficilement être revendiquée à propos du boulevard Bourdon ou même de la rue aux Ours…

    Cependant, les habitants du IVe trouvait déjà leur commissariat excentré, au bord du bassin de l'Arsenal ; qu'en sera-t-il lorsqu'il se trouvera propulsé en bordure nord du IIIe ? Ceux des 1er et IIe ne vont-ils pas se sentir orphelins ?