Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Politique

  • A1Le château Monte-Cristo à Port-Marly sauvé grâce à la Fondation du Patrimoine (Photo Tourisme en France) 

     

    Beaucoup ont entendu parlé de la Fondation du Patrimoine. Il s'agit d'un dispositif, prévu par la loi du 2 juillet 1996, qui permet à un propriétaire privé de bénéficier de déductions fiscales et de subventions à l'occasion de travaux sur un bien immobilier particulièrement représentatif en matière de patrimoine non protégé au titre des monuments historiques (ni classé, ni inscrit).

    Le but essentiel ainsi que l'indique le site de la Fondation, est de « sauvegarder et de valoriser le patrimoine rural non protégé. Maisons, églises, ponts, lavoirs, moulins, patrimoine industriel, mobilier, naturel… tous les types de patrimoine de proximité sont éligibles à l'action de la Fondation. Aux côtés de L’État et des principaux acteurs du secteur, elle aide les propriétaires publics et associatifs à financer leurs projets, permet aux propriétaires privés de défiscaliser tout ou partie de leurs travaux, et mobilise le mécénat d'entreprise »
    Les travaux doivent concerner les parties des bâtiments visibles de la voie publique (toitures, façades, pignons, etc.). C'est le délégué départemental de la fondation qui instruit les demandes d'attribution de label et les soumet au Service Territorial de l’architecture et du patrimoine dirigé par l'architecte des bâtiments de France.

    A l'heure où l’État, faute de ressources suffisantes se désengage et où la nécessité de préserver notre patrimoine plébiscitée par les français, a de plus en plus de mal à être convenablement entretenu (voir notre article du 04 novembre 2014), la Fondation joue un rôle très important pour la mise en valeur ou le sauvetage de biens en péril comme récemment le château de Monte-Cristo construit par Alexandre Dumas à Port-Marly. Elle agit souvent en partenariat avec les collectivités territoriales et l'enseignement supérieur, elle abrite d'autres fondations qui ont le même souci de protéger notre héritage. La Fondation a ainsi soutenu en 2014 plus de 2200 projets comprenant aussi bien du bâti que des vieux gréements et des véhicules anciens, ce qui a représenté un volume de 203 millions € de travaux et 6 000 emplois créés ou maintenus. En 2015, la Fondation a récolté 13,7 millions € de dons !

    A0

    Opinion Way- Caisse d’Épargne a procédé à un récent sondage (largement commenté dans Le Figaro du 25 février) qui démontre si besoin était que les Français ont conscience de l'urgence à protéger, entretenir et valoriser notre patrimoine. Nombre d'entre eux d'ailleurs souhaitent s'investir dans la restauration de ces témoins du passé qui constituent notre patrimoine culturel et industriel surtout lorsqu'il est à proximité de leur résidence.

    Nous devons donc rester optimistes concernant le devenir de notre patrimoine y compris le petit patrimoine car la prise de conscience des Français est bien réelle y compris notamment chez les jeunes. Les moyens à notre disposition,  dons, mécénats, bénévolat sur les chantiers et l'action de passionnés ouvrent des possibilités qui s'enrichissent aussi des nouvelles technologies tel le « crowdfunding » qui permet de réunir des fonds pour un projet donné via internet.

    A l'instar de ce qui s'est passé pour la protection et la rénovation du Marais, la Fondation du Patrimoine est un maillon essentiel pour la sauvegarde de notre patrimoine. Le projet de loi actuellement en discussion au Parlement et qui nous inquiète car un certain nombre de prérogatives jusqu'alors dévolues à L’État seraient transférées aux collectivités locales (voir notre article du 17 novembre 2015) ne remettrait heureusement pas en cause la Fondation du Patrimoine.

    Dominique Feutry

     

  • P1080682De droite à gauche : Seybah Dagoma, Députée du IIIe et du Xe, Patrick Bloche, Député des IVe, XIe et XIIe, Dominique Feutry et Gérard Simonet. En présence des assistants parlementaires, dans le fond Samia Adgharouamane, et le preneur de vue Lucas Tidadini (photo VlM)

     

    Le découpage des circonscriptions législatives en 2012 a attribué le Marais, qui n'est pas en soi un secteur administratif, à deux députés qui cumulent pour l'un le IIIe arrondissement et le Xe et pour l'autre les IVe, XIe et une partie du XIIe. Ce sont deux élus du PS, Seybah Dagoma et Patrick Bloche.

    Le scrutin uninominal à deux tours (par opposition au scrutin de listes) établit une proximité étroite entre les élus et les citoyens. C'est à ce titre que nous avons souhaité procéder à un échange avec nos députés sur les sujets qui font l'actualité et mobilisent l'attention dans nos quartiers. Nous ne sommes qu'à 16 mois des prochaines législatives, il n'était pas inutile que cette démarche ait lieu pour contribuer, avec nos moyens de communication, à une meilleure connaissance des élus potentiels par les citoyens que nous sommes, et une  remontée vers eux des opinions de terrain.

    Seyba Dagoma, à ce propos partage notre analyse mais rappelle que le député, même s'il est élu localement, est l'élu de la nation et qu'à ce titre il doit se consacrer à sa tâche qui est le vote des lois de la République. On en convient évidemment mais nous faisons l'observation à Mme Dagoma que les citoyens sont désireux de savoir ce que pensent leurs députés de sujets qui ont localement de l'importance. Il en est ainsi en ce moment du projet de la Mairie de Paris de restructurer les arrondissements et de revoir la répartition des tâches entre préfecture de police et municipalité.

    Une question s'imposait dans le contexte actuel : comment se positionnent nos élus dans le clivage de leur groupe politique, entre "frondeurs" et "socio-libéraux". Nous sommes restés un peu sur notre faim : Patrick Bloche se déclare attaché à la majorité à laquelle il appartient et déclare ne pas faire défaut à son groupe quand il s'agit de voter, notamment la prolongation de l'état d'urgence. On en conclut qu'il est légitimiste mais il corrige en se prévalant de ne pas avoir voté l'article 2 de la loi (déchéance de nationalité) car cette disposition heurte son humanisme de gauche. A la question : l'action du Premier Ministre est-elle à vos yeux sans reproches, sa réponse est NON. Seybah Dagoma a semblé partager sa posture.

     La discussion a porté ensuite sur la transformation de Paris voulue par la Maire Anne Hidalgo. Nos Députés nous ont quelque peu déçus en reprenant l'argumentaire de la mairie : meilleure représentation, efficacité, économies, justice…. Une rhétorique que nous connaissons bien mais dont aucune des composantes n'est démontrée. Nous nous sommes ouverts de la perplexité qui est la nôtre sur les vraies raisons qui poussent notre Maire à vouloir ces changements. Nous témoignons qu'aux yeux des parisiens ils n'apparaissent en aucune manière comme une priorité eu égard aux problèmes auxquels la Ville de Paris est confrontée, à savoir la pollution, la sécurité et la propreté.

    Mme Dagoma a tenu à ajouter : le chômage. Nous avons répondu qu'il y a certes du chômage à Paris mais moins qu'ailleurs et il n'a aucune chance de disparaitre tant que la France dans son ensemble n'aura pas repris le chemin du plein emploi, à l'image d'autres pays de l'OCDE.

    Nous sommes convenus de renouveler l'entretien au moment de l'examen du texte de loi qui sera soumis à l'Assemblée Nationale et nous nous réjouissons de leur décision de nous consulter, contrairement à notre Maire qui n'a pas encore estimé nécessaire de le faire (à l'instar des J.O. de 2024 !). Dans cet échange, les commentaires de nos lecteurs seront plus que jamais appréciés.

    Le débat s'est poursuivi avec l'arsenal juridique qui permet – on ne permet pas – de lutter contre les incivilités qui affectent la qualité de vie des citoyens : occupation abusive de l'espace public, tapage nocturne, tags, flyers et affichage sauvage. Le montant des amendes étant dérisoire (68 €) nos élus sont convaincus qu'il faut faire évoluer la loi vers des sanctions dissuasives. Il n’était pas inutile que nous le leur rappelions car il faut de l'opiniâtreté de la part des représentants des grandes villes pour convaincre le milieu rural et semi-rural d'augmenter ces montants. Il s'y sont jusqu'à présent refusés ….

    Propylée de la VilletteLa "Rotonde" de La Villette, "Propylée" de Claude-Nicolas Ledoux (1788)

     

    Enfin, M. Patrick Bloche s'est exprimé en tant que président de la commission des affaires culturelles et de l'éducation pour nous remettre son rapport de septembre 2015 "Liberté de la création, architecture et patrimoine", 500 pages de textes qui relatent les travaux et les auditions de cette commission qui a eu la lourde tâche de réviser les modes de protection du patrimoine qui ont fait florès depuis 80 ans au moins avec les sites protégés loi de 1930, les ZPPAUP, les PSMV (*), les "monuments historiques" et "l'inventaire supplémentaire des monuments historiques" … sans compter la protection "Ville de Paris" introduite par Bertrand Delanoë en 2001.

    Nous avions craint un moment que le pouvoir de décision en matière patrimoniale passe en totalité dans les mains des communes et de leurs maires. Ce n'est pas leur faire injure car leur immense majorité est digne de notre confiance, que d'appréhender le risque pour certains de dérapages dus à leur incompétence ou à la prise illégale d'intérêt. L'actualité nous en fournit trop souvent la démonstration. Patrick Bloche nous a affirmé qu'il était prévu que l’État conserve la main. Un contrôle et une harmonisation des politiques patrimoniales seront maintenus par le pouvoir régalien (Ministère de la Culture ?). Nous en acceptons l'augure et applaudissons à cette nouvelle !

    Gérard Simonet

     

    (*) ZPPAUP : Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager

          PSMV : plan de sauvegarde et de mise en valeur

     

  • Roger vincent 24 02 14Vincent Roger campagne 2014 (Photo VlM)

     

    Échange de bons procédés entre le Maire du IVe et le chef de son opposition Vincent Roger à propos de la circulation et du stationnement dans l'Île Saint-Louis (IVe).

    A l'origine, des débats houleux au sein du conseil de quartier de Îles et en mairie où une réunion appelée par Christophe Girard le 28 janvier  attira autour de deux cents personnes (notre article du 16 février).

    Nous avons publié le 16 février la lettre ouverte de M. Girard à l'opposition municipale représentée pas Nathalie Kosciusko-Morizet et Vincent Roger. Nous recevons aujourd'hui, sous forme de "droit de réponse" la lettre que M. Roger nous demande de publier.

    Accéder à la lettre de Vincent Roger

     

  • Sans-titre Appartement avec son panneau "vendu" (Photo 20 Minutes)

     

    Qualifié de record historique par la presse, les droits de mutation à titre onéreux ou « frais de notaire » ou « recettes immobilières » pour lesquels la Ville de Paris (et le département) prévoyait 1,1 milliard € dans son budget ont finalement atteint 1,257 Milliards €. Ce montant est exceptionnel puisqu’au-delà des prévisions jugées optimistes. L’année 2014 avait à peine dépassé 1 milliard €.

    Ces montants (15% du budget de la collectivité) traduisent la reprise du marché de l’immobilier et du nombre de transactions malgré la hausse des taxes et les nouvelles règles introduites par la loi SRU. Une bonne nouvelle tout à fait inattendue qui permet de pallier pour partie la hausse de dépenses dont le RSA décriée par l’équipe municipale concomitamment à la baisse des dotations de l’État.

    Peut-être est-il hâtif de parier sur la continuité de la hausse de ces recettes immobilières mais le budget de la Ville pour 2016 va bénéficier d’un autre effet, celui de la hausse du taux de la taxe qui passe ainsi de 3,8 % à 4,5 % (comme pour tous les autres départements) soit 110 millions € supplémentaires inscrits au budget, ce qui va renchérir encore le coût de l'immobilier  pour ceux qui souhaitent investir pour se loger et notamment les jeunes dont le budget est serré .

    L’opposition reste très critique à ce sujet et parle de « budget sous perfusion immobilière » quand la Maire assume son choix de construction massive de logements.

    Une affaire à suivre car cette boulimie immobilière de la mairie trouvera nécessairement ses limites sauf à déséquilibrer le fonctionnement normal du marché au risque de tuer la poule aux œufs d'or !

    Dominique Feutry

     

  • St louisLa brasserie de l'Îsle Saint Louis quai de Bourbon/ rue St Louis en L'Île (Photo Claude Charensol)

     

    Nos amis de l'association de défense du site de Notre-Dame et de ses alentours a rendu compte sur son blog de la réunion qui s'est tenue le 28 janvier 2016 à la mairie du IVe sur de nouvelles dispositions en matière de circulation et de stationnement dans l'Île Saint-Louis.

    Sourire jaune des participants à la réunion en constatant que le magazine "Centre Ville", disponible à l'accueil de la mairie, rendait compte de cette réunion qui n'avait pas encore eu lieu ! On attendait vingt personnes. Il en vint  deux cents ce qui témoigne de l'importance accordée par les habitants de l'Île à ce dossier.

    La réunion n'a pas convaincu les participants que le maire avait du reste apostrophés en introduction sur un regard en disant "l'assistance n'est pas jeune…." (propos rapporté par un participant). Les déclarations des pompiers n'ont pas été persuasives et le Commissaire Central qui était là en civil s'est soustrait sans avoir dit un mot.

    BerthiScène typique de l'Île Saint-Louis : les queues devant les vendeurs de glaces Berthillon

     

    Il y avait donc un parfum de fiasco à la mairie ce soir-là. Il n'est pas étonnant dans ces conditions que le conflit ait prospéré et que l'opposition s'en soit emparée. Le Conseiller LR du IVe, Vincent Roger, devait par la suite réunir les habitants à son tour pour les assurer de son soutien et de celui de la Présidente LR à la Mairie de Paris.

    Dans l'espoir de calmer le jeu et de reprendre l'initiative, le Maire Christophe Girard adressait le 15 février une lettre ouverte (dont nous avons été destinataires) à M. Vincent Roger et à Mme Nathalie Kosciusko-Morizet. Elle s'efforce de remettre les choses à leur juste place mais il n'est pas sûr du tout qu'elle apaise la tension qui touche en ce moment la population de l'Île. Nous publions cette lettre in extenso. Cliquer ICI pour la télécharger

     

  • Conseil paris 15 02 16Conseil de Paris le 15 février 2016, dans les rangs de l'opposition (Photo LR)

     

    L'opposition donne le sentiment d'avoir été prise de vitesse et la majorité d'Anne Hidalgo d'avoir bâclé le travail. Aucune des raisons objectives que nous avons relevées dans notre article du 30 janvier  n'a empêché que ce projet voie le jour et qu'il le fasse dans la précipitation.

    La dispersion des arrondissements en matière de population est conservée. Le centre aura 101.764 habitants, très loin des 237.120 du XVe et des 199.519 du XVIIIe mais très au-dessus du VIIIe avec ses 39.175 habitants et du VIe avec 43.479. L'incohérence se poursuit avec les VIIe et IXe qui n'atteignent pas les 60.000 habitants.

    On l'a dit aussi : les unités opérationnelles de la Ville de Paris (Urbanisme, Propreté, Voirie, Pars & Jardins …) sont déjà organisées suivant une logique qui ignore les arrondissements. Aucune amélioration de la productivité ne doit être attendue de cette restructuration.

    Alors pourquoi cette réforme qui s'est déroulée dans la discrétion et la précipitation ?

    L'opposition dans une tribune de Nathalie Kosciusko-Morizet dénonce un calcul électoraliste. Il est vrai que le centre avec le 1er arrondissement envoie un élu de Paris à l'Hôtel de Ville dans la configuration actuelle et dispose d'un Maire, mais il n'a pratiquement pas de pouvoir. En vérité c'est peu de chose et rien ne dit que les nouvelles règles de calcul du nombre d'élus de Paris seront défavorables à l'opposition actuelle….

    Pour finir, nous citoyens concernés ne comprenons rien aux buts de cette réforme. Et comme toujours, dans ce genre de situation, on flaire la manœuvre et on n'apprécie pas.

    Autre volet des réformes souhaitées par la Maire : obtenir plus de responsabilités en matière de maintien de l'ordre. On pense inévitablement à l'occupation de l'espace public, au tapage nocturne, au respect des règles d'urbanisme. Il est vrai que le partage actuel entre mairie et police ne garantit pas un niveau d'efficacité optimal. La question est de savoir dans quelle direction il doit bouger. En toute franchise, nous observons aujourd'hui une réactivité et une disponibilité insuffisantes du côté des forces de l'ordre municipales. On doit en tirer d'abord la leçon avant d'envisager d'accroitre leur domaine d'action, faute de quoi le jugement des citoyens sera sévère.

     

  • Jo expressCampagne de communication hier soir 9 février avec projection de logo sur l'Arc de Triomphe (Photo L'Express)

     

    Quel est le coût pour les parisiens de cette fanfaronnade de Mme Hidalgo qui a décidé que la méthode Coué était la bonne façon pour que Paris ait les J.O. de 2024 ?

    Nous disons depuis le début, et nous le ferons savoir au Comité International Olympique, que les parisiens, instruits des déboires de trop de villes qui en ont fait les frais, ne veulent pas de ces Jeux et demandent un référendum réservé aux habitants de Paris inscrits sur les listes électorales.

    Boston et plus récemment Hambourg y ont prudemment renoncé. Leurs habitants ont la réputation d'avoir les pieds sur terre et ils ont la chance (et le discernement) d'avoir élu un Maire qui tient compte de leur avis. D'ailleurs au rythme actuel des désistements, nous risquons de rester seuls en lice et d'être choisis par défaut ….

     

  • Carreau du temple rénové 02 05 14Le Carreau du Temple, rue Eugène Spüller (IIIe) (Photo VlM)

    Le "Carreau du Temple" est une SPL (société publique locale) de droit privé, dont le capital social est détenu par la  Ville de Paris à hauteur de 70 % et le Département de Paris pour 30 %.

    La SPL a pour mission la gestion et l'exploitation du Carreau du Temple avec toutes les activités qui s'y attachent.

    Les deux premières années d'exploitation se sont traduites par une perte cumulée de 554.000 €. Autant dire qu'il ne reste rien du capital social initial (300.000 €) et de la "subvention d'investissement" destinée à gonfler ses fonds propres.

    En conséquence, dans le but d'éviter  la cessation d'activité, les actionnaires publics sont appelés à procéder à une augmentation de capital qui ressemble à un sauvetage : ils sont invités à verser 300.000 € pour reconstituer le capital social. C'est une manière de subventionner la société pour effacer ses pertes antérieures. Le conseil de Paris va en délibérer prochainement.

    Il reste, cette opération faite, à savoir s'il existe une chance que l'exploitation du Carreau trouve un équilibre pour son exploitation. Son chiffre d'affaires annuel tourne autour de 2 Millions d'€, ses coûts de fonctionnement excèdent ce chiffre de 250 à 300.000 €. Il y a deux approches possibles : augmenter les recettes ou/et diminuer les charges.

    L'accroissement de l'activité se heurte à l'opposition des riverains à toute forme d'agression et de pollution de leur environnement. La SPL peut essayer toutefois d'imaginer des activités dont l'impact sur l'environnement serait maitrisé. Sinon, c'est sur les charges qu'il faudra jouer.

    Deux nouvelles directrices ont été nommées il y a un an. Nous avons prévu de les rencontrer prochainement. Ce sujet doit être à l'évidence en bonne place sur leur agenda.

    Il est encore tôt pour tirer la morale de l'affaire. Mais on risque peu de se tromper en affirmant qu'il faut tempérer les enthousiasmes chaque fois qu'un projet à caractère public est annoncé. La Fontaine pourrait en faire une fable. Le chantier des Halles et sa fameuse "canopée", avec le "carreau du Temple", lui en fourniraient la matière.  Soyons également attentifs aux "22 projets qui vont réinventer Paris" (article du 5 février).  Quant à la chute, elle pourrait être celle-ci : "en toute chose, il faut considérer la fin" (Le renard et le bouc – Jean de la Fontaine).

    Gérard Simonet

     

  • Agent nettoiement 27 02 12Celui qu'il faut célébrer pour le travail ingrat mais indispensable qu'il accomplit ; celui qu'il faut respecter aussi en se gardant de gestes inciviques, jets de déchets, flyers, chiens qu'on laisse chier sans ramasser, affiches et affichettes sauvages : l'agent de la propreté de Paris (Photo VlM)

     

    Lors du Conseil de Paris du 15 au 17 février, sera proposé un projet de plan de propreté dont nous avait déjà entretenu, pour partie, Mao Péninou Maire-adjoint de Paris, en charge de la propreté lors de notre dernière entrevue (article du 25 novembre 2015). Ce plan qui s’ajoute aux précédents est plus qu’attendu car le classement de Paris comparé aux autres grandes métropoles n’est pas bon dans ce domaine. Il faut vraiment agir vite et fort d’autant que la Maire en avait fait un thème de campagne lors des élections municipales.

    Papiers, affiches sauvages, tags, flyers, déjections canines, épanchements d’urine, corbeilles débordantes et autres joyeusetés ne font que se multiplier au fil des mois. Certes des actions ont été menées (campagne anti mégots, nouvelles corbeilles installées, site pour l'enlèvement des affiches et des graffiti "DansMaRue", majoration du prix des amendes, …) mais les résultats restent maigres alors que les incivilités sont en hausse et que le nombre de touristes augmente, sans oublier l’afflux de fêtards la nuit dans un certain nombre de quartiers.

    Le plan envisagé est estimé à 25 millions d'€. Il prévoit le recrutement de 100 éboueurs et conducteurs de bennes (l’effectif dédié à la propreté passera alors à 5 700 personnes), davantage d’équipements dont des souffleuses et plus de sanisettes (450 contre 400 actuellement). Par ailleurs 10 nouvelles déchetteries seront installées à échéance 2020.

    Enfin une brigade anti incivilités sera constituée avec la volonté non dissimulée d’impliquer les habitants dans la perspective d’un objectif « zéro déchet ».

    Il y a sur le plan de la propreté une véritable bataille à mener, le combat est rude. Il faut mettre tous les moyens pour la gagner,« éduquer » et « sanctionner » tout à la fois ceux qui salissent car au final les habitants respectueux en souffrent et paient pour ceux qui s’en moquent.

    Dominique Feutry

     

  • A4 Photo montage du 17 boulevard Morland après son aménagement

     

    Toute la presse en parle, certains déclarent même et c’est le cas des élus de la majorité municipale qu’il s’agit d’un « moment historique », les qualificatifs ne sont pas assez nombreux pour magnifier l’instant.

    Plus simplement la Maire de Paris vient d'annoncer au pavillon de l'Arsenal les 22 idées retenues pour « réinventer Paris » à la suite d’un appel à projets. « La capitale n’est pas une ville vitrifiée par la nostalgie » a-t-elle  affirmé dans son discours. Certes mais Paris doit garder son unité, son harmonie ce qui n’est pas  une question de nostalgie mais de cohérence. Or par exemple l’idée des tours ceinturant la capitale dont nous avons suffisamment parlé  nous parait l’illustration même de la fausse bonne idée.

    L’écologie est mise en avant dans les choix qui ont été retenus comme le projet dénommé " mille arbres" qui reliera Neuilly à la porte Maillot. Mais entre « la rue gourmande »,  « la tour de Babel écologique » et  le « philanthro-lab » …l’inventivité ne manque pas.

    En ce qui concerne nos arrondissements, comme nous l’écrivions dans notre article du 15 novembre 2014 annonçant cet appel à projets, "Parmi les sites retenus qui appartiennent à la Ville, deux figurent dans le IVe : l¹Hôtel de Coulanges (la Maison de l¹Europe) au 35 rue des Francs-Bourgeois, et surtout l¹immeuble Morland, connu pour avoir abrité des services de la Préfecture de Paris Île-de-France ainsi que les services de l'Urbanisme de la Ville de Paris".

     

    A3Photo montage d'un défilé de mode dans la cour de l'Hôtel de Coulanges

     

    Le projet attaché à l'Hôtel de Coulanges porté par le « Collectif Coulanges» souhaite "offrir aux jeunes créateurs un endroit de référence, innovant… créatif, culturel axé sur une vision entrepreneuriale et sociale.,. qui les accompagne et leur permette de faire leurs premiers pas… Le projet repose sur la combinaison de trois business models et l’appui de deux partenaires : l’École supérieure des arts appliqués Duperré et le leader mondial du coworking, WeWork.
    Ensemble, ils élaboreront et administreront un lieu au service de la mode, de la création et du design… Plus d’un tiers de la programmation et des moyens seront accessibles gratuitement. Sur 1.500 m2, on trouvera le collaboratif et l’entrepreneuriat, des espaces professionnels partagés et hyper connectés, ouverts 24
    heures/24, accessibles aux entrepreneurs et créateurs."

      MorlandPhoto-montage du nouveau "Morland" vu de la Seine

     

    Le nouveau visage de l'immeuble Morland, 17 boulevard Morland (IVe) intitulé "Mixité Sociale", est un projet qui comporte."… une crèche de 66 berceaux… un hôtel, une auberge de jeunesse,… une piscine  et 5.000 m2 de logement social… Il … ouvre le bâtiment aux parisiens et créé un nouveau flux, tout en proposant de nouveaux équipements pour le quartier…. L’ancien hall d’accueil, complété de constructions neuves, sera repensé sous la forme d’un espace ouvert à tous qui abritera un marché alimentaire avec une offre diversifiée. Le sommet de la tour… accueillera… sur les deux derniers étages, un concept artistique… au sein du bar panoramique et du restaurant."

    PalaisLe  palais de Ceaucescu, à Bucarest, construit en 1980, architecte Anca Petrescu

     

    Le hasard est cruel. Nous disions de l'immeuble actuel qu'il est "stalinien". Celui qu'on nous propose a la mauvaise grâce de rappeler le palais démentiel que s'est fait construire le dictateur Ceaucescu à Bucarest, sur les ruines de la vieille ville dont la démolition barbare n'a pas épargné des chapelles anciennes. Qu'on en juge par la photo ! Les nouveaux promoteurs n'en sont naturellement pas responsables car ils se sont efforcés tout de même d'atténuer la lourdeur du bâtiment existant et la finalité de leur ouvrage est Dieu merci beaucoup plus humaniste. Nous ne résistons pas cependant à sourire de cette similitude et dire qu'on retrouve dans les deux cas un corps de bâtiment central avec deux ailes et des façades dont la structure alvéolaire recourt à la même combinaison de lignes verticales et horizontales.

    Certains points de Paris vont donc subir de lourds travaux. Nous comprenons que si certains projets sont destinés à une meilleure qualité de vie des habitants d'autres feront hélas la part belle au festif (Hôtel de Coulanges ouvert 24h sur 24, des membres d'équipes "lauréates" sont connus comme promoteurs de la fête la nuit, ainsi en est-il du projet de la Sous station Voltaire 14 avenue Parmentier XIe…) ce qui risque  d'accroître les nuisances notamment sonores et renforcer l’antipathie entre fêtards et riverains.

    S'agissant du Marais, nous disions comme une boutade que le meilleur traitement à faire subir au bâtiment de Morland était de le détruire et de créer un parc, car Paris a besoin d'alléger sa densité d'habitants et d'activités et donner de la respiration au milieu urbain mais nous devons reconnaitre que le projet retenu, par la diversité de ses objectifs, est à défaut ce qu'il y avait de mieux à faire.

    Quant à Coulanges, le projet  dont nous avons eu connaissance prévoyait la création  d'un lieu de rencontre de grands chefs, une sorte de Villa Medicis de la gastronomie, avec commerces et table d'hôte sur la cour centrale ; le choix qui a été fait n'est pas fondamentalement différent et pourrait s'avérer moins perturbant pour les habitants du quartier.

    Dominique Feutry