Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Politique

  • Paris-1Vue de Paris (Photo Hitheroad)

     

    Le classement effectué tous les 2 ans par Anholt-GfK, un institut international reconnu pour ses enquêtes de notoriété concernant aussi bien le tourisme que les marques, vient de placer Paris au 1er rang des 50 villes les plus admirées du monde, alors que cette place avait dû être cédée par notre capitale en 2011.  L’étude est fondée sur un échantillon de 5.000 personnes et sur plusieurs critères d’attractivité tels que les transports, le standing international, les conditions de logement et la qualité des équipements publics, la sécurité, la diversité culturelle…

    Nous nous réjouissons de ce beau résultat pour Paris mais cette fierté est émoussée lorsque l’on songe aux nombreux nuages qui pèsent sur notre ville et le risque qu’elle a de perdre à nouveau ce titre dans les prochaines années.

    Récapitulons les éléments contraires à la pérennité de la place de leader.

    Tout d’abord, et nous avons beaucoup écrit à ce sujet, la ville de Paris est la plus dense d’Europe, or nos élus veulent encore l’intensifier (voir notre article du 15 janvier 2016). Au plan architectural, l’unité de Paris qui force l’admiration est menacée par des projets que nous avons dénoncés, les tours, les appels à projet dans lesquels il n’est pas exclu de proposer la construction d’immeubles sur les ponts comme au Moyen Age (voir note article du 24 juin 2014). La loi permet de rehausser une partie des immeubles de la capitale. Qu’adviendra-t-il lors du prochain classement annoncé des toits de Paris au patrimoine mondial de l’UNESCO ? L’exposition actuellement présentée au musée Carnavalet sur les 50 ans du PSMV montre ô combien la préservation du Marais ne s’est pas faite sans embuche.

    Est-ce que Paris sera encore la plus admirée si jamais les compétitions olympiques de 2018 (Gay Games) et 2024 (notre article 7 novembre 2014) et l’exposition universelle en 2025, tant voulues par les édiles, lui font perdre son charme et une certaine qualité de vie, même si celle-ci est déjà de plus en plus bousculée ?  

    Vouloir promouvoir à tous crins et développer au-delà du raisonnable la fête à Paris, notamment la nuit avec toutes les nuisances induites largement exposées dans notre blog, constituera à n’en pas douter un élément très négatif, contrairement à ce qui est souvent avancé par ceux qui y voient un avantage. En fait le trop plein de fêtes sera plus une source de désintérêt que d’intérêt dans le palmarès d’Anholt-GfK. Le tort serait de confondre fête et culture, le meilleur moyen de tuer notre principale richesse, l’art sous toutes ses formes, l’art véritable qui fait de Paris une des premières villes de culture au monde.

    Ce commentaire serait incomplet si nous ne parlions pas aussi de la propreté qui doit être encore améliorée, ni  de la pollution atmosphérique qui doit régresser fortement, afin, au-delà de la santé des habitants, de ne pas être distancé par d'autres villes concurrentes qui, elles, prennent et prendront les dispositions nécessaires.

    Sauf à revoir certains choix, il va être difficile de maintenir Paris au 1er rang des villes les plus admirées au monde.

    Dominique Feutry

     

  • Locations saisonnièresCette plaque apparait désormais dans les résidences. Elle prévient les touristes qu'ils peuvent être dans l'illégalité (Photo VlM)

     

    Tandis que la Mairie de Paris et son Adjoint au logement Ian Brossat font feu de tout bois pour contenir la pratique souvent illégale de la location meublée saisonnière, les copropriétés  s'organisent de leur côté pour que la qualité de vie des résidents n'ait pas à souffrir du développement anarchique de cette forme d'accueil des touristes dans leur ville.

    Rappelons que le dossier doit être vu sous plusieurs angles. A la base, le règlement de copropriété. Pour que la location saisonnière puisse être proposée, il faut que ce règlement autorise la présence de logements sous statut "commercial" (par opposition à "habitation") car la location meublée saisonnière est une activité de nature commerciale. A Paris, cependant, un habitant RÉSIDENT peut mettre son propre logement à disposition de locataires payants dans la limite de quatre mois par an d’hébergement cumulé, sans en changer le statut.

    En matière d'urbanisme et de politique logement des municipalités (Paris en ce qui nous concerne), les propriétaires NON RÉSIDENTS ne peuvent louer en meublé qu'avec des baux de durée supérieure à un an (six mois pour un étudiant). S'il entendent pratiquer la location coute durée, le logement doit bénéficier du statut "commercial". Si ce n'est pas le cas, le propriétaire doit déposer devant la mairie une demande de changement de destination. Elle est accordée sous certaines conditions, plutôt contraignantes.

    En cas d'infraction constatée par l'autorité publique, l'amende peut atteindre 25.000 € ! Attention, on y échappera de moins en moins car chez nous la Mairie de Paris déploie ses limiers et active sa communication (dernière en date BFM/TV le 23 janvier).

    AaaCe logement de 40 m² sera loué 1.000 € par semaine au moment de l'Euro de football

    Reste la question fiscale. Les revenus de la location saisonnière sont évidemment imposables, même si les abattements consentis restent très favorables (ils sont passés de 72 à 50 %). Le mode de commercialisation à travers Internet peut donner le sentiment qu'on échappe à l'impôt. L'impression est trompeuse : les sites qui proposent les logements offrent aussi une grande visibilité aux agents du fisc…. Mieux vaut là aussi être en règle.

    L'enjeu du combat pour l'Hôtel de Ville est de conserver pour Paris ses habitants traditionnels en évitant que la ville devienne majoritairement peuplée de touristes, et de lui éviter les nuisances qui découlent inévitablement d'une hyper densité du tissu urbain.

    Le dossier nous inspire de surcroît une réflexion de nature politique. Pour avoir trop voulu favoriser les locataires au détriment des propriétaires, les gouvernants, depuis Paul Quilès en 1983 jusqu'à la loi ALUR de Cécile Duflot, ont détruit l'attractivité financière de la location traditionnelle et installé une grande méfiance dans les rapports entre bailleurs et candidats au logement.

    Il n'est pas surprenant dans ces conditions que les investisseurs se tournent vers des pratiques qui garantissent mieux la disponibilité de leurs biens immobiliers, l'absence de risque de non-paiement des loyers et accessoirement une rentabilité que des années de contraintes sur les bailleurs ont fini par sérieusement écorner. Sans pour autant entrainer la baisse du foncier car, dans une ville attractive comme Paris, des étrangers fortunés suppléent la rareté des acheteurs français et se transforment à leur tour en loueurs en meublés touristiques….

    Gérard Simonet

     

  • HocquFrédéric Hocquard, élu PS du XXe, Conseiller Délégué auprès de Bruno Julliard, Premier Adjoint de la Maire de Paris, chargé des questions relatives à "la Nuit" à l'Hôtel de Ville. En réunion dans son bureau avec des représentants de "Vivre Paris !" (photo VlM)

     

    Face au tollé soulevé par l'annonce de l'ouverture de la moitié des parcs parisiens la nuit et de notre intervention auprès du Préfet de Police de Paris, Frédéric Hocquard tente d'apaiser le débat. Voici ce qu'il nous écrit :

     

    Tout d’abord si la Maire de Paris a souhaité reconduire l’ouverture de certains parcs et jardins de la Ville pour 2016, c’est pour offrir aux Parisiens des lieux de promenades, de repos et de détente nocturne, dans une ville dense qui dispose déjà de nombreux espaces d’activités de loisirs, de lieux de fêtes et d’animation. Il n’est pas envisagé dans les parcs et jardins qui seront concernés d'animations bruyantes et sonores mais au contraire de faire de ces espaces des havres de respiration et de tranquillité.

    On pourra donc s’y reposer, y pratiquer des sports comme la course à pieds ou la gymnastique douce, en groupe ou en individuel, ou tout simplement y regarder les étoiles et pourquoi pas y dormir. Fort de l’expérimentation que nous avons réalisée durant l’été 2015 dans quatre parcs de la Ville, je suis confiant sur le fait que lorsqu’on propose de nouveaux espaces de vie nocturne aux Parisiens, ils ne s’en saisissent pas immédiatement pour les dégrader ni pour les transformer en zones de non-droit. Nous resterons cependant vigilants, comme nous l’avons été en 2015, afin que la sécurité des usagers de ces ouvertures nocturnes soit assurée. Les moyens adaptés de surveillance des parcs et jardins la nuit seront donc mis en place.

    Seuls 50% des parcs et jardins de la ville seront ouverts 24h/24, de plus, je tiens à vous préciser que d’ores et déjà un tiers d’entre eux sont déjà ouverts en permanence, en particulier ceux qui ne sont pas clôturés (Champ de Mars par exemple). La priorité sera donnée aux grands parcs comme Montsouris, les Buttes Chaumont, André Citroën ou Monceau. Ces ouvertures nocturnes ne concerneront donc pas l’ensemble des parcs et jardins de la Ville.

    Cette décision a été prise sur la base du bilan de l’expérimentation menée cet été sur les quatre grands parcs précédemment cités. Ces parcs ont été ouverts 24h/24 du jeudi matin au dimanche soir, du 12 juillet au 30 août 2015. La fréquentation y a été importante, surtout en juillet et plus particulièrement sur la tranche horaire 22h00/00h00. L’ambiance y était conviviale et apaisée, des groupes d’amis ou des familles venant pique-niquer tranquillement, d’autres en profitant pour faire du sport, sans oublier les touristes ravis de se promener dans des espaces verts loin du tumulte des rues. Quelques-uns sont même restés dormir à la belle étoile.

    En termes de sécurité, aucun incident majeur n’a été constaté, un dispositif spécifique de surveillance ayant été mis en place par la Ville. Concernant les nuisances sonores, quelques signalements constatés dans certains parcs, de manière très épisodique, ont fait l’objet d’intervention des agents de surveillance de la Ville ou de la Police Nationale. Nous avons par ailleurs estimé que l’éclairage et la signalétique, ainsi que la propreté devraient être renforcés si ces ouvertures étaient pérennisées.

    C’est donc sur la base de cette expérimentation et de son bilan que nous ouvrirons de nouveaux parcs et jardins cet été, en renforçant nos  dispositifs en matière d’éclairage, de signalétique et de propreté. Les moyens de prévention et de surveillance seront également renforcés.

    Les ouvertures seront décidées en concertation avec les mairies d’arrondissements.

    Les services de la Ville de Paris en charge des parcs et jardins sont très soucieux de la faune vivant dans ces espaces, il n’est donc pas envisagé d’ouvrir les espaces ou nichent des espèces vulnérables.

    Enfin, cette initiative s’inscrit dans la dynamique de développer d’ouvrir de nouveaux espaces, afin de diversifier les points de fixation sur l’espace public (comme le long du Canal Saint Martin). C’est en multipliant l’offre que nous réussirons à varier les usages de la nuit parisienne et d’obtenir une occupation nocturne de l’espace public plus apaisée.

    En souhaitant que ces informations soient de nature à lever vos inquiétudes, je reste à votre disposition pour tout échange.

    Bien cordialement

    Frédéric Hocquard

     

    Nous avons exprimé les raisons de nos préventions à M. Hocquard : ni la mairie, ni la police ne disposera des moyens suffisants pour faire régner dans ces parcs l'ordre, la propreté, le silence et la sécurité, quoiqu'on en die.

    Nous invitons nos lecteurs, par leurs commentaires, à répondre à sa rhétorique, afin qu'il sache ce que nous en pensons.

     

  • Sénat escLe Sénat, palais du Luxembourg, escalier d'honneur

     

    Alors que nous attendons toujours la réaction à notre article du 24 décembre 2015 de nos députés de Paris Seybah Dagoma et Patrick Bloche, c'est un sénateur qui s'exprime sur le sujet à travers un projet de loi visant la préservation patrimoniale, architecturale et visuelle de nos communes de France.

    Il s'agit de François Commeinhes, sénateur "Les Républicains" de l'Hérault. Nous publions  ci-dessous des extraits de son "exposé des motifs" qui est un plaidoyer qui reprend les thèmes qui nous sont chers (en caractères gras), suivis du projet de loi proprement dit :

     

    CITATION

    Exposé des motifs

    Une série de lois qui trouvent leur origine en 1792, avec pour la première fois l’utilisation de l’expression « monument historique » a permis à la France de sauvegarder et valoriser un héritage exceptionnel qui en fait la première destination touristique mondiale. La valeur de ce patrimoine fait que la ville historique est toujours le vrai centre des agglomérations modernes, car bien que n’en représentant qu'une part toujours plus infime, elle demeure le lien privilégié de la vie sociale …

    Ainsi la France dispose-t-elle des législations les plus adaptées …. en matière de protection du patrimoine. Mais la disparition de cette culture partagée qui donnait à la société une cohésion …, fait que les règles ne sont plus qu’un vague repère dont la transgression est d’autant plus naturelle, qu’elle n’est jamais sanctionnée. Nos villes … sont de ce fait en butte à un processus de destruction physique et symbolique. Prolifération de tags, des enseignes, …, remplacement de menuiseries et fermeture des ouvrages en matériaux de synthèse, incivilités multiples, constituent autant de dénaturations qu’elles modifient au jour le jour le paysage urbain de façon irréversible car toujours renouvelée.

    Le caractère …. de ces dégradations rend inopérant le système de répression prévu par les différentes réglementations. Il suppose un passage par la police nationale et les instances judiciaires notoirement débordées, qui ne permettent pas un traitement approprié de ces infractions. C’est pourquoi, il est proposé d’élargir les délits passibles de contraventions et d’amendes immédiatement exigibles par les polices municipales et des agents dûment formés pour des dégradations et faits d’incivilités dont il convient de dresser la liste exhaustive par décret.

    Ainsi les maires [ceux en tout cas qui ne sont pas des béotiens – NDLR] auront-ils les moyens de lutter efficacement contre ce qui est en train de devenir l’un des principaux marqueurs d’une société fragmentée et individualiste…

     

    Proposition de Loi

    Article 1er

    1° Les agents de police municipale, les gardes champêtres, les agents de surveillance de Paris … ainsi que les agents de la ville de Paris chargés d’un service de police peuvent, en application des dispositions … du code général des collectivités territoriales, constater par procès-verbaux les contraventions constituées par des destructions, dégradations et détériorations légères, prévues par l’article R. 635-1 du code pénal, ainsi que les atteintes visuelles et physiques, lorsqu’elles concernent des biens patrimoniaux et architecturaux relevant d’une aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine, lorsqu’elles sont commises sur le territoire communal, sur le territoire de la commune de Paris ou sur le territoire pour lesquels ils sont assermentés et qu’elles ne nécessitent pas de leur part d’actes d’enquête ;

    2° Les modalités d’application du 1° relatives aux atteintes visuelles et physiques sont fixées par décret.

      FIN de CITATION

     

    Nous ne pouvons pas  anticiper ce que sera le sort de ce projet. Le Sénat, puis la Chambre des Députés doivent passer par là. Nous retenons toutefois que des voix s'élèvent, et pas des moindres, pour mettre en lumière les menaces qui pèsent sur le patrimoine de notre pays, conscientes qu'il est une carte maîtresse pour la France dans la concurrence mondiale qu'elle affronte.

    Gérard Simonet

     

     

  •   Location coute durée charles V 05 04 14Client d'un loueur saisonnier (Photo VlM)

     

    A nouveau la Ville de Paris fait savoir qu’elle engage des contrôles sur la légalité des locations saisonnières en annonçant une opération de ses agents contrôleurs dans les Ier et VIe arrondissements (après un contrôle cet été dans les arrondissements du Marais, notre article du 21 mai 2015).

    Elle souhaite s’assurer que les locations proposées via des plateformes qui ont pour noms Air Bnb, Homelidays, Housetrip, 9flats, BedyCasa, Sejourning ou MorningCroissant et bien d’autres, démontrant au passage combien ce business est juteux, sont en règle et ont fait l’objet des démarches administratives et des autorisations nécessaires. En effet, dès lors que les 120 jours de location par an d’un bien sont atteints, il faut le déclarer et proposer une surface équivalente dans le même secteur sur le marché de la location classique.

    Certaines études avancent pour Paris un nombre qui oscille entre 15 000 et 20 000 meublés touristiques dits «professionnels», soit un tiers des 50 000 à 60 000 qui sont proposés par les plateformes internet. De son côté la Ville ne recense que 700 meublés déclarés ! L’anomalie est flagrante!

     Airbnb-avis-paris

    Les risques commencent enfin à être bien perçus pas les élus. Indisposition grandissante des riverains gênés par les touristes arrivant à la chaîne dans ces locations pour y faire la fête, manque à gagner en matière de recettes fiscales malgré le rôle de percepteur d’Air Bnb suite à un accord passé avec la mairie de Paris et diminution conséquente du nombre de locations classiques au profit des touristes. L'épisode de la location des catacombes pour une nuité Air Bnb dans le cadre d'une opération commerciale 

    La Mairie de Paris doit se montrer sévère à l’égard de ceux qui ont fait de cette activité leur commerce et le faire savoir au-delà des opérations coup de poing qui peuvent être menées ! Elle doit davantage verbaliser et surtout, comme elle l’annonce intervenir après du gouvernement afin qu’il mène à bien une réforme qui dissuade les propriétaires qui agissent dans l’illégalité en portant l’amende encourue de 25 000 € actuellement à 100 000 € par logement concerné.

    Sans ces dispositions la bataille serait perdue au détriment des habitants qui ont le malheur de se trouver dans les zones visées par ces locations.

    Dominique Feutry

     

  • Soubise jardin anglaisHôtel de Soubise : va-t-on le livrer la nuit aux vandales et trafiquants de tout poil ? (photo VlM)

     

    A l’occasion des vœux, la Maire de Paris vient d'annoncer un flot de mesures dont deux d’entre elles font peu de cas comme souvent de l'opinion des habitants.

    Si la piétonisation de l’avenue des Champs-Élysées un dimanche par mois et la « Journée sans voitures » durant le dernier week-end de septembre étendue à tout Paris ont un sens à condition de peaufiner l'organisation, celle qui consiste à ouvrir à partir d’avril, la moitié des parcs parisiens tous les jours, 24 heures sur 24 suite à un vague test réalisé l’an passé en période de canicule, apparait comme une véritable provocation frappée au sceau de la légèreté.

    Cette dernière mesure occasionnera à n’en pas douter des débordements nombreux : bruit, dégradations, saleté, agressions, alcoolisation, à des heures où la surveillance policière est réduite voire inexistante. En un mot ouvrir parcs et jardins la nuit favorisera ce que nous ne cessons de dénoncer : de l'insécurité et des incivilités supplémentaires. De surcroît, faire une telle annonce en période d'état d'urgence trahit l'extrême légèreté de la Maire de Paris et de ceux qui s'emploient autour d'elle à faire la part belle aux débitants de boissons et aux professionnels de la nuit. Nous allons intervenir auprès du Préfet de Police de Paris garant de notre sécurité qui, avec l'appui du Ministre de l'Intérieur, devra s'opposer à cette mesure irresponsable.

     

    Gaïté lyrique jardin hôtel golden tulip Square de la Gaîté Lyrique : va-t-il servir de cadre aux bacchanales nocturnes de bandes de boit-sans-soif ? (photo VlM)

     

    La Maire a confirmé la piétonisation à la fin de l’été 2016, juste près Paris Plages, des berges de la Seine entre le pont des Tuileries et le Pont Henri IV, sujet sur lequel nous nous sommes exprimés récemment (voir notre article du 30 décembre 2015).

    Les Parisiens seront invités à « discuter toute la nuit dans les cafés, les places (…) pour partager leurs visions du monde et échanger dans le cadre d’une « nuit du débat démocratique » le 2 avril. Curieuse initiative quant aux choix des bars pour organiser ces discussions. Ces derniers comme les noctambules sont à nouveau favorisés par la mairie. N’y avait-il pas d’autres lieux pour le faire et à un autre moment de la journée que la nuit. Il y a fort à parier qu’une nouvelle fois encore les insomnies seront de mise pour les riverains proches des établissements concernés !

    En matière de logements, seront ouverts de nouveaux centres d’hébergement d’urgence pour les migrants et 20 studios du parc du logement municipal seront dédiés à des journalistes réfugiés à Paris. Par ailleurs 10.000 nouveaux logements seront construits et de nouvelles places de crèches seront créées (620).

    Au plan économique des « Points Paris emploi » seront installés à destination des chômeurs et des pieds d’immeubles (6 000) de la Ville seront commercialisés pour développer le commerce de proximité.

    Le lancement du Cargo dans le 19e, qui rassemblera, « incubation d’entreprises innovantes… autour des thématiques des industries créatives et aux contenus numériques » est décidé. Parallèlement sera ouverte Paris Code, une « Grande école du numérique parisienne » afin de « former et de mettre ou remettre en emploi plusieurs milliers de développeurs et de codeurs informatiques, en ciblant en priorité les décrocheurs et personnes en reconversion ». ces efforts doivent être salués.

    La Maire a souligné qu’enfin les travaux des Halles avec ses équipements dédiés au hip-hop et au théâtre amateur seront terminés au printemps. Une dépense supérieure à 1 milliard € pour un résultat discutable !

    Dominique Feutry

     

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  •   Mairie_du_4meLa Mairie du IVe place Baudoyer

     

    En réponse à une interview d'un quotidien, le Maire du IVe, Christophe Girard, annonce des travaux pour l’arrondissement. 

    Le gymnase de la rue Neuve Saint Pierre attendu depuis plusieurs années, et promis dès l'an passé, devrait voir le jour cette année, son coût est estimé à 2 millions €, sa mise en service est annoncée pour 2017.  La rue  des Hospitalières Saint-Gervais à l'arrière de l'Espace des Blancs Manteaux sera transformée en voie piétonne. Il es vrai que l'ancienne halle de la boucherie du Marché des Blancs Manteaux est devenue une école, ce qui permettrait de renforcer la sécurisation des enfants.

    Parmi les nouveautés Christophe Girard fait part de son souhait de créer  en 2017,  un  salon du livre sur les berges réaménagées et devenues piétonnes de la rive droite de la Seine.  Nous espérons que cette manifestation ne donnera pas lieu à la pose d'imposants auto collants sur les trottoirs comme ce fut le cas l'an passé pour un salon identique, certains étant toujours en place 6 mois après !

    Au passage le Maire du IVe promet des rénovations d'écoles et de crèches pour un montrant de 1 million €,  l'installation d'un relais pour enfants en bas âge et assistantes maternelles dans les locaux de le mairie. La place Baudoyer quant à elle sera agrémentée de bancs et de tables pour pique-niquer et des plants de fleurs sont prévus dans le passage devant l'école Saint-Merri.

    Ces mesures sont les bienvenues et il est temps de donner à l'arrondissement l'impulsion nécessaire pour qu'il cesse de perdre des habitants contrairement aux autres arrondissements du centre de la capitale qui continuent eux à en gagner. La densification n'est pas une fin en soi dans une ville comme Paris qui est la plus dense d'Europe mais la fuite des habitants en dit long sur sa sociologie et sur le ressenti des habitants.

    Il faut des projets d'importance et éviter de transformer une partie de l'arrondissement en quartier de fêtes qui ne peut que dissuader les familles à venir s'y installer.

    Dominique Feutry

     

  •   3046160039_1_3_pN0d55If

     

    Plusieurs grands quotidiens ont fait état dans leurs colonnes de l’étude menée par la très respectée Chambre de Commerce américaine en France en 2015 au sujet de l’attractivité de notre pays.

    Menée auprès de dirigeants de filiales de sociétés américaines établies en France, l’enquête montre que 18% seulement de ceux-ci pensent que leur maison-mère a  une perception positive de l’Hexagone. Un pourcentage très en deçà de celui de 2011 qui atteignait 56% ! Les décisions du gouvernement (Crédit d’impôt compétitivité emploi, loi Macron…) les laissent sur leur faim face à ce qu’ils considèrent comme les « rigidités du marché du travail » et les « instabilités réglementaires » que d’autres pays ont pourtant su faire évoluer.

    Point positif néanmoins, le numérique favorisé par les pouvoirs publics fait naître nombre de start-up, un mouvement qui impressionne Outre Atlantique.

    Bien sûr il faut toujours rester prudent en matière de classements internationaux, fruit souvent de sondages, et peut-être faire davantage de lobbying.

    Or ce qui n’est pas bon pour la France ne l’est pas non plus pour Paris et nous pâtissons de ces résultats non seulement en termes d’image, mais à coup sûr aussi en termes d’emplois, ce qui est plus inquiétant.

    Puisse ces données éclairer nos décideurs.

    Dominique Feutry

     

  •  B1Motard circulant entre deux voitures (Photo Ouest France) 

     

    Admise à Paris au titre de la charte "scélérate" (car refusée par la Préfecture de Police) signée avec les motards par Denis Baupin au nom du Maire de Paris en 2007, la circulation des deux-roues motorisés entre les files de voitures est désormais autorisée en Ile de France ainsi qu'en Gironde dans le Rhône et les Bouches de Rhône, depuis la parution le 26 décembre 2015 d'un décret au journal officiel.  

    Le décret est ainsi libellé «…à titre expérimental et par dérogation à certaines règles…, la circulation inter-files de certains véhicules à deux ou trois roues motorisés et d'une largeur maximum d'un mètre...» sera autorisée pour «une période de quatre ans, prorogeable dans la limite d'un an… lorsque la circulation s'est, en raison de sa densité, établie en file ininterrompue sur toutes les voies, jusqu'à une vitesse maximale de 50 km/h». Elle ne pourra avoir lieu «que sur les autoroutes et les routes, dont la vitesse maximale autorisée est supérieure ou égale à 70 km/h, à deux chaussées séparées par un terre-plein central et dotée d'au moins deux voies chacune». Bien sûr comme souvent lorsque de telles décisions sont discutables il est précisé que ce sera à titre expérimental et seulement à partir du 1er février prochain, après signature de l'arrêté et bien entendu avec force promesse de bilans annuels d'évaluation.

    Les motards n'ont pourtant pas attendu une quelconque autorisation et il y a bien longtemps que ce sport qui consiste à se faufiler entre les voitures est en fonction, y compris en pleine agglomération et hors des conditions qu'impose en trompe l’œil ce décret. Pourquoi alors ne pas avoir carrément écrit dans ce décret qu'il s'agissait d'entériner une pratique devenue commune sans adjoindre des dispositions qui ne seront pas respectées ?

    Motard-periphIllustration de la pratique (Photo Le Parisien)

     

    Les responsables à l'origine de cette autorisation parlent de communiquer fortement auprès des motards et des automobilistes… afin de leur enseigner cette pratique. Que tout cela est bien langue de bois. Tout automobiliste sait déjà quels sont les dangers que représente ce type de pratique laissée aux motards. Impossibilité de changer de file, vigilance redoublée, obligation de se serrer soit très à droite soit très à gauche pour laisser passer les motards toujours pressés qui klaxonnent à tue-tête à l'approche de ceux qui n'obtempèrent pas, voire tapent avec le poing ou le pied sur la carrosserie du véhicule récalcitrant façon d'effrayer le conducteur et ses passagers !

    Non ; répondre de la sorte et trop facilement à "la Fédération Française des Motards en Colère", groupe de pression statutairement en colère, qui tétanise les pouvoirs publics avec ses manifestations violentes et polluantes, est une très mauvaise décision pour les automobilistes et source d'insécurité et d'accidents.  Après cette nouvelle avancée pour les motards qui s'ajoute à celle de pouvoir rouler sur les trottoirs, au non paiement du stationnement et à la non obligation de soumettre leur véhicule au contrôle technique, comme tout le monde, nous nous demandons quelle va être la nouvelle et prochaine revendication à laquelle les pouvoirs publics céderont piteusement afin d'éviter leurs foudres.

    Une triste façon de satisfaire des intérêts catégoriels que les français et les parisiens supportent de moins en moins bien.

    Dominique Feutry

     

  • Aubriot 12 vue du cielLa rue Aubriot (IVe – photo ci-dessus) servit de cadre à une affaire que nous avons suivie de près. La Mairie de Paris avait dressé un procès-verbal d'infraction au code de l'urbanisme en 2006. Le prévenu a été traduit devant la Cour cinq ans après, en 2011. Il a plaidé l'ancienneté de l'affaire. Le tribunal a retenu la prescription des faits et prononcé, en conséquence, l'extinction de l'action publique et l'irrecevabilité des parties civiles. C'est un peu comme si la Justice, nonobstant un principe universel de droit, s'était prévalue de sa propre turpitude (*) …

     

    De nombreuses personnes travaillent pour la Mairie de Paris à la Direction de l'Urbanisme sous l'autorité de Claude Praliaud qui est au sommet de la technostructure. Lui-même est placé sous l'autorité d'un élu, Jean-Louis Missika, Maire-Adjoint de Paris en charge de l'Urbanisme, avec son cabinet.

    Une partie importante des effectifs est consacrée à l'étude des dépôts de permis de construire, aux demandes d'emprises pour chantiers et aux déclarations préalables de travaux (enseignes, devantures et autres) ainsi qu'aux demandes de changement de destination (commerciale vs habitation). Il reste qu'une activité importante est assumée par des agents qui exercent un contrôle : inspecteurs et contrôleurs de terrain, juristes et personnel administratif, avec leur encadrement. Au total, ce sont plusieurs dizaines de personnes qui veillent au respect des règlements.

    De quelle manière ?

    Lorsqu'ils constatent une infraction, forts de leur statut d'agents assermentés, ils dressent un PV (procès-verbal). Il arrive que les prévenus obtempèrent, en renonçant à l'infraction commise ou en déposant une demande de régularisation. Trop souvent, ils font la sourde oreille. Dans ce cas, le PV est envoyé au Parquet (Procureur de la République du tribunal compétent, le Tribunal de Grande Instance de Paris). Dans l'immense majorité des cas, le Parquet se comporte comme un "trou noir" (singularité de l'espace-temps, d'où rien ne ressort pas même la lumière).

    Palais justice 31ème chambreLa 31ème chambre correctionnelle du Palais de Justice de Paris (Photo VlM)

     

    On ne doit pas forcément en conclure que les affaires sont "classées". On en ferait le deuil et on passerait à autre chose. Non, l'affaire reste "active" mais elle est en hibernation pour une durée indéfinie.

    Ainsi, dans ce domaine qui  nous est familier mais il y en a sûrement d'autres, on admet que des dizaines de personnes, auxquelles il convient d'ajouter les Architectes des Bâtiments de France du Ministère de la Culture, travaillent et s'activent "pour des prunes". La Justice apparait comme le maillon faible d'un processus qui fonctionne à grands frais et qui ne débouche sur rien. Y a-t-il une solution ?

    On peut en imaginer plusieurs. Augmenter les moyens de la Justice est illusoire en cette période de déficit public qui tourne autour de 25 % des dépenses. Supprimer la totalité des effectifs dont l'action est inopérante serait la porte grande ouverte à des abus que les citoyens autres que les anarchistes ne peuvent accepter. Continuer de fermer les yeux sur une anomalie qui coûte cher et dévalorise le travail des personnes qui s'y consacrent ? C'est la politique de l'autruche et notre raison s'y résout difficilement.

    La question s'adresse aux élus de la nation. Pourquoi maintenir un monopole des sanctions au bénéfice d'une magistrature débordée ? Des experts – architectes/urbanistes  en l'espèce – assermentés, sont-ils moins qualifiés qu'un juge pour apprécier quelle doit être la sanction d'une infraction aux codes et règlements en vigueur en matière d'urbanisme ?

    En conclusion, il nous semble que la sagesse et le bon sens (quand aurons-nous en France un Ministère "du bon sens" ?) commandent que nous sortions de la situation ubuesque que nous vivons en mettant en œuvre des dispositions à caractère "administratif" avec des barèmes de sanctions. Si les défenseurs du monopole de la justice s'y opposent, qu'ils fassent en sorte alors que le maillon faible que nous dénonçons s'efface d'une manière ou d'une autre. Il est frappant de constater que d'autres chaînes, notamment celle qui conduit au Tribunal de Police, laissent beaucoup moins de place au "classement" de fait qu'on observe presque toujours sur les questions d'urbanisme avec le TGI.

    Nous nous tournons vers les Députés élus dans le Marais pour qu'ils nous donnent leur avis.

    Gérard Simonet

     

    (*) Les maîtres en droit enseignent au nombre de nombreux principes sacro-saints du droit universellement admis, un principe révélé en latin suivant lequel "nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude" (nemo auditur propriam turpitudinem allegans).