Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Pollution

  •   5_10Radiateur chauffant la terrasse d'un bar restaurant

     

     

    Nous avions a plusieurs reprises éclairé nos lecteurs sur le débat relatif au chauffage des terrasses des bars et restaurants.

    Rappelons (voir article du 13 02 2013) que par un arrêté de 2011 la Ville de Paris avait interdit l’installation de ces chauffages lorsqu'ils étaient au gaz et préconisé l'usage de chauffages électriques Mais cette décision décriée par les professionnels a été annulée par le tribunal administratif en janvier 2013 à la suite de la plainte déposée par le Comité Français du Butane et du Propane (CFBP). La Mairie de Paris avait annoncé qu'elle ferait appel, mais il semble bien qu'il n'en a rien été, ce sujet n'ayant plus été évoqué.

    Depuis nous avons vu fleurir davantage de chauffages électriques et même des tables chauffantes (notre article du 17 juin 2013).

      IMG_2131Terrasse rue Rambuteau (IVe) offrant des couvertures aux clients (Photo VlM)

     

    Pourtant en pleine COP21, alors que nous sommes toujours dans une volonté marquée de réduction de notre consommation d'énergie, il est assez paradoxal d’utiliser ces chauffages extérieurs dont la chaleur se dissipe dans l'atmosphère.
    Certains commerçants proposent en plus à leurs clients des couvertures pour se protéger davantage du froid.

    Ne pourraient-ils pas prendre comme décision, en se fondant sur les pratiques de nos voisins étrangers, de ne plus utiliser que des couvertures en oubliant ces chauffages divers qui pour beaucoup polluent inutilement et occasionnent des dépenses énergétiques y compris pour être produits.
    Ce serait là un beau geste de la part de la profession qui montrerait ainsi son engagement dans la réduction des gaz à effet de serre et contribuerait à la réduction du déficit commercial de notre pays.

    Dominique Feutry

     

  •   3000725333_1_3_JpSRB4kbUn exemple de vélo électrique

     

    Le parvis de l’Hôtel de Ville où se déroulent tout au long de l’année moult expositions manifestations et se dressent souvent des installations éphémères, a été retenu volontairement durant la COP21 pour exposer mais aussi faire essayer aux cyclistes attirés par les évolutions technologiques des prototypes de Vélib’ à assistance électrique proposés par Decaux.

    Comme cela existe déjà puisque des commerces spécialisés proposent déjà de vélos à assistance électrique à la vente comme à la location.

    le principe est simple le vélo est équipé d'un moteur et d'une batterie, ce moteur aide le cycliste dans les efforts. Il peut produire jusqu'à 90% de l'énergie qui fera avancer le vélo, dès lors le conducteur ne fait qu'accompagner le mouvement de pédalage. Bien qu'il existe une dynamo, la plupart du temps la batterie est amovible et peut être rechargée chez soi. 

    Les téméraires pourront donc s’essayer à ces nouveaux cycles jusqu’au 11 décembre de 10h00 à 19h00, avant que le parvis ne retrouve la patinoire et le manège, tradition oblige, durant les fêtes de fin d’année.

    Dominique Feutry

     

  •  5816051Paris lors d'un pic de pollution

     

    En avril dernier le ministère de l’Écologie annonçait une baisse de 15 % des subventions accordées à l’association Airparif en charge, comme chacun sait, de la surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France. Le ministère avait alors argué que la baisse n’était pas de ce niveau mais seulement de – 2,7% aboutissant à une dotation annuelle légèrement inférieure à 1,5 millions €.

    Cette décision n’était pas anodine car elle s’ajoutait à celle de 2013 par laquelle le conseil départemental des Hauts-de-Seine ne souhaitait plus financer Airparif. Décision suivie cette année par le département de Seine-et-Marne et récemment par celui des Yvelines qui vient d’annoncer qu’il ne subventionnerait plus Airparif à compter de 2016 !

    Voilà qui commence à faire beaucoup, à quelques jours de la COP21, les projecteurs sont à nouveau braqués sur l’association qui se pose des questions sur son devenir et réfléchit déjà à la façon dont elle va répercuter l’arrêt de cette nouvelle réduction de son budget de fonctionnement sur son activité.

    Rappelons qu’Airparif est une association (loi de 1901) créée en 1979 et agréée par le ministère de l'Environnement pour la surveillance de la qualité de l'air sur l'ensemble de l'Ile-de-France. Ces missions réglementaires consistent à surveiller la qualité de l'air, à informer les citoyens, les médias, les autorités et les décideurs (mesures quotidiennes lancement d’alertes …) et à comprendre les phénomènes de pollution tout en proposant des stratégies pour lutter contre la pollution atmosphérique et le changement climatique

    Dans la présentation de ses activités Airparif indique que la surveillance est réalisée dans le cadre réglementaire défini par la Loi sur l'Air et l'Utilisation Rationnelle de l'Énergie du 30 décembre 1996 (LAURE). La LAURE fixe comme objectif «le droit à chacun de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé» et fonde les conditions de la surveillance de la qualité de l'air et de l'information du public en France.

    Les critères nationaux de qualité de l'air sont définis par décrets (objectifs de qualité, valeurs limites et seuils d'alerte, pour toute une gamme de polluants) qui reprennent les directives européennes et les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)».

    Une situation embarrassante qui mérite d’être suivie.

    Dominique Feutry

     

  • Poll

    Épisode de pollution à Paris

     

    Ce dimanche et demain lundi 2 novembre, la concentration des particules dites «PM10» émanant des moteurs et des des chauffages atteint une nouvelle fois un seuil inquiétant.

    La préfecture de police vient en effet de demander aux personnes sensibles (enfants et personnes âgées) de limiter leur activité physique et à chacun d'emprunter de préférence les transports en commun Des contrôles antipollution et des vérifications des contrôles techniques obligatoires des véhicules.sont aussi annoncés. Nous pourrions presque parler de routine si ce n'était les dangers sur la santé engendrés par ces phénomènes récurrents.

    Les vitesses autorisées sont donc réduites de 20 km/h par rapport à la normale pour ceux qui utilisent leur véhicule et le stationnement résidentiel sera gratuit. La Maire de Paris Anne Hidalgo et le Président de région Jean-Paul Huchon demandent l'application de la circulation alternée. Depuis la Chine, la Ministre de l’Écologie Ségolène Royal répond : attendons demain mardi pour voir …

    La multiplication des épisodes de forte de pollution continue donc et pendant ce temps, alors que le centre de la capitale est particulièrement concerné, les discussions enflamment les politiques quant à la taxation du diesel de manière à aligner son prix sur celui de l’essence. Pourtant un récent sondage publié dans Le Parisien révèle que les Français sont conscients des risques sur la santé du diesel mais plébiscitaient néanmoins ce carburant jugé «bon marché».

    Dans le même temps en plein scandale Volkswagen, l'Union Européenne vient de décider d'assouplir les règles relatives à ce carburant. En effet, «à partir de septembre 2017,  les constructeurs automobiles auront droit à une marge de tolérance pour les émissions d'oxyde d'azote de 110 % pour les nouveaux modèles mis en circulation soit deux fois plus que le seuil de 80mg/km précisé actuellement par la législation européenne.»  D'autres dispositions seront prises à partir de 2020.

    Enfin, on nous prédit un résultat de la COP21, la fameuse prochaine conférence mondiale sur le climat, bien en deçà ds attentes en matière de limitation des émissions de gaz à effet de serre.

    La Mairie de Paris au travers de sa première représentante a beau délivrer des messages visant à vouloir réduire la pollution,  adopter des mesures diverses et courageuses allant dans ce sens et annoncer l'éradication du diesel pou 2020, le fait est là, particulièrement têtu, l'industrie automobile emploie 12 millions de salariés en Europe …! Des centaines de millions d'usagers en sont donc devenus les « otages », avec pour corollaire de multiples risques en matière de santé publique et des coûts induits sans doute très élevés pour la collectivité.

    Dominique Feutry

     

  •    ECH21933020_1C'est le scénario 2 que retient la Maire de Paris  (Source Les Échos )

     

    C’est annoncé,  après la consultation publique, la Maire de Paris va proposer au prochain conseil municipal la piétonisation de la rive Droite de la Seine sur 3,3 km, au lieu d’un peu plus d’1 km arrêté  initialement tout en prévoyant la construction concomitante d’un tramway desservant la capitale d’Ouest en Est.    

    Dès mars 2015 (article du 6 mars) nous nous exprimions à ce sujet et  signalions que la diminution des émissions de CO2 était un progrès à condition que la circulation des véhicules se réduise et ne se porte pas sur d’autres axes. Rive Gauche, le trafic se serait régulé assez rapidement après des débuts chaotiques et le réduction des émissions de gaz à effet de serre aurait été réduite de 15%…Dont acte mais il y a aussi le devenir des berges…

    Nous écrivions à ce propos dans notre article de mars dernier « rendre les berges végétalisées aux piétons, aux sportifs, aux cyclistes et aux familles pour s’y promener, est une bonne idée. Mais prévoir des installations de type barges pour recevoir des débits de boissons où nombre de jeunes iront s’alcooliser au risque de se noyer dans la Seine nous sommes contre. Il faut éviter aussi l’accroissement de la saleté conséquence d’une sur fréquentation  Il suffit d’interroger les équipes de nettoyage qui s’activent Rive Gauche dès 6 heures du matin pour avoir un aperçu des monceaux  de détritus laissés sur les berges (bouteilles cassées, canettes de bière, mégots  et emballages, sans oublier les nombreux  épanchements d’urine…). Quant aux incivilités, il n‘en est fait que rarement état, mais elles existent bel et bien. Alors le projet d’aménagement des berges de la Rive Droite doit absolument intégrer la recherche de solutions et de moyens pour éviter de se retrouver face aux  mêmes constats…». L’idée certes non encore officielle, mais avancée ici et là, de créer une boîte de nuit dans le tunnel des Tuileries, est-elle finalement une si bonne chose ?

    Enfin la construction d’un tramway (proposition de campagne des Verts) soit sur les quais, soit passant notamment rue de Rivoli est une énorme entreprise, coûteuse, très perturbante durant les travaux (échéance prévue en 2020) pour les différents acteurs impliqués, notamment les salariés et les riverains des secteurs concernés, rues éventrées, accès coupés etc… Là encore le trafic automobile risque de diminuer mais il sera déporté sur d’autres axes avec les conséquences qui en découlent.  Il serait donc très intéressant de disposer d’une étude d’impact et, si le projet est mené à bien, de pouvoir mesurer objectivement ses effets et les écarts constatés par rapport aux prévisions sur une période de temps suffisante.    

    Dominique Feutry

     

  • Motards le parisien Manifestation de motards samedi 10 octobre à Paris (Photo "Le Parisien")

     

    A la Mairie de Paris, le leader des Verts, Christophe Najdovski, Maire-Adjoint en charge de la voirie et des déplacements, interviewé par "Vivre le Marais !", reconnait "la présence importante des deux roues motorisés à Paris et la quasi absence de régulation en terme de circulation et et de stationnement".

    Il persiste dans sa volonté d'interdire le stationnement des motos et scooters sur les trottoirs et de le rendre payant sur des espaces dédiés de la chaussée. Anne Hidalgo avait un temps adhéré à cette idée, pour se rétracter ensuite.

    La Maire de Paris s'en tiendra néanmoins à sa promesse de réaliser 20.000 places de parking en dehors des trottoirs où le stationnement est anarchique.

    Sur la question du stationnement payant, M. Najdovski admet que ses partenaires y sont pour le moment opposés mais il ne désespère pas de les faire changer d'avis par la persuasion. Nous l'avons toujours dit, le stationnement payant et l'application aux motos des règles environnementales en vigueur pour les voitures, en faisant disparaitre une distorsion artificielle, participerait à un rééquilibrage salutaire entre les deux modes de transport et un arbitrage plus sensible en faveur des transports en commun, du vélo et de la marche à pied.

    Les motards ont été informés qu'ils seront soumis comme les autres modes de transport aux mesures liées au plan anti-pollution de la Ville de Paris. A ce titre, les motos d'avant 2000 seront interdites de circulation dès le 1er juillet 2016. D'autres mesures suivront.  Christophe Najdovski n'ignore pas que ces mesures sont contestées par la "Fédération des Motards en Colère" (qui ne décolèrent jamais car c'est statutaire chez eux) mais, dit-il "la manifestation ne nous fera pas reculer".

    M. Najdovski conclut en affirmant : "Voilà quelques éléments sur la politique de la Ville de Paris, sachant que le plus gros désaccord entre la Maire de Paris et moi concerne la perspective du stationnement payant, dont je suis personnellement convaincu qu’elle est la meilleure (même si elle n’est pas la seule) pour réguler la circulation et juguler la présence des deux-roues motorisés.

    Il reste à l'opposition municipale LR/UDI à prendre position sur ce dossier sachant  que la population des parisiens y est extrêmement sensible et qu'il peut conditionner leur vote aux élections régionales toutes proches.

     Gérard Simonet

     

  • Carrousel_106 La Maire de Paris entourée des signataires de la charte "Paris action climat" (Photo Paris.fr)

     

    Grandes manœuvres à l’approche de la COP21 ou simplement volonté de s’engager contre le dérèglement climatique, il n’empêche que 19 entreprises et non des moindres viennent de s’engager à diminuer de 75% leurs émissions de gaz à effet de serre en 2050 en signant, à l’Hôtel de Ville de Paris, la charte « Paris action climat ». En effet les estimations indiquent que les immeubles du secteur tertiaire sont à l’origine de 11% du CO2 total émis. Ce qui n’est pas neutre, loin s’en faut. 

    Le BHV pour le Marais mais aussi LVMH, le groupe Casino, Vinci, TF1, le groupe La Poste et Guerlain sont parmi les signataires. Tous ont accepté de franchir une étape dès 2020 en réduisant de 25% leurs émissions de gaz tout en atteignant ce même pourcentage en  énergies renouvelables consommées. 

    Il s’agit d’une bonne nouvelle que devraient suivre d’autres entreprises car sans effort concerté rien ne sera possible pour améliorer le climat. 

    Dominique Feutry

     


  • AB Un aperçu du défilé de la "zombie walk" du 3 octobre à Paris

     

     

    Nous avons reçu cet article de Jean-François Bayart, directeur de recherches au CNRS et journaliste du site Médiapart, qui reflète un certain ras le bol que ressentent bien des habitants du Marais et des parisiens plus généralement. Nous avons souhaité le publier car il exprime ce que nous ne cessons de souligner dans nos articles : Paris mérite autre chose que de devenir une ville de fêtes !

     

    "Du Carreau du Temple au musée Picasso, de la place de la République à celle de l’Hôtel de Ville, de Nuits blanches en Fashion Weeks et autres Food Trucks et Zombie Walk, il se confirme que la municipalité a décidé de transformer Paris en nouveau parc d’attraction, avec le soutien résolu de Laurent Fabius, ministre du Tourisme (et des Affaires étrangères), et d’Emmanuel Macron, ministre des Zones touristiques internationales et des autocars libres. Certes, Anne Hidalgo prétend défendre ses prérogatives en la matière. Mais on voit mal en quoi sa politique diffère de celle que préconisent les chantres du tourisme de masse, décidés à lui livrer la capitale. Surtout maintenant que Airbnb se résigne à payer la taxe de séjour due par les hôteliers.

     

    ABPizzeria sauvage installée sur une place de stationnement résidentiel, « réquisitionnée » sans aucune autorisation, rue du Perche, le samedi 3 octobre, à 19h30 (Photo JFB)

     

    Ni les uns ni les autres, en tout cas, ne se soucient de l’avis des premiers concernés par (et des premières victimes de) la transformation de la Ville-Lumière en village du Club Med. A savoir les habitants, exposés au tapage nocturne et à la saleté, aux encombrements humains, à la flambée de l’immobilier sous la pression des locations saisonnières illicites et des investissements étrangers spéculatifs, mais jamais consultés, sinon par le truchement de conseils de quartier noyautés par les entrepreneurs de la nuit et sans pouvoirs réels, ou par le biais de médiations et autres consultations bidons organisées par de bien coûteux "Pierrots de la Nuit".

    Je ne peux m’empêcher, à ce propos, de relater la conversation surréaliste que j’ai eue avec une membre du conseil du quartier des Archives qui recueillait les opinions des habitants sur un certain nombre de projets. Personnellement opposé à la piétonisation, fût-elle partielle, de la rue des Coutures-Saint-Gervais – projet qui prépare naturellement sa piétonisation intégrale, conformément aux souhaits du Musée Picasso, ce qui consacrerait la suzeraineté de celui-ci sur l’îlot – je me suis entendu dire que je ne pouvais pas voter contre, mais seulement pour… Spécialiste des régimes autoritaires en Afrique, je n’avais jamais rencontré une conception aussi sublime de la démocratie, surtout à prétention participative. Et, comme je m’en étonnais et attirais l’attention de notre conseillère sur le ras-le-bol des riverains du musée Picasso, elle m’a rétorqué qu’elle n’était pas le bureau des plaintes. Passons…

    AC La rue des Coutures Saint-Gervais privatisée (Photo JFB)

     

    Le plus irritant est que la transformation de Paris en parc d’attraction et en shopping hall se targue de préoccupations écologiques, quitte à supprimer les transports publics, comme la ligne du 29 dans le Marais pendant sa piétonisation le dimanche.

    Voici, à titre d’exemple, ce qu’a donné la Journée sans voiture, dont s’auto-congratule la mairie, pour un Parisien lambda qui ne pouvait obéir à l’assignation aux loisirs. Devant, pour des raisons professionnelles, prendre le Thalys de 16h01 afin de me rendre à Liège, en ce bon dimanche du 27 septembre, et ayant observé que les autobus circulaient normalement, je suis allé chercher, à 15h, boulevard Beaumarchais, le 65 qui devait me conduire Gare du Nord. Boulevard désert, comme il se devait, emprunté par des bicyclettes, par des deux-roues motorisés (eh oui, Journée sans voiture, pas sans moteur !), et par des taxis. Mais, au bout de 15mn, force me fut d’admettre que d’autobus il n’y avait point, bien que la RATP n’eût apposé aucune affiche signalant une suspension du service.

    Je me suis donc résolu à héler un taxi. Parvenu place de la République, j’ai compris l’absence des bus : celle-ci était à nouveau occupée par un amusement public et, une fois de plus, interdite de circulation, y compris celle des nombreuses lignes de bus qui la traversent. Mon taxi a été dévié vers le boulevard Voltaire, d’où il s’est engagé dans le boulevard Henri IV afin de rejoindre la Gare du Nord en contournant République. Las ! Le quai de Valmy était lui aussi fermé à la circulation, sans avertissement préalable, et le flot des voitures était détourné vers l’Hôpital Saint-Louis – à vrai dire était bloqué dans les petites rues le jouxtant puisque le serpent se mordait la queue, les véhicules étant renvoyés vers… République !

    J’ai donc dû quitter le taxi (10 euros dépensés en pure perte, mais une petite contribution à la pollution) et partir en courant avec ma lourde valise. Il était 15h35. Escalade des escaliers du pont enjambant le canal au son d’un orchestre techno triomphant, course vers les Recollets en me frayant un passage à travers les attroupements de badauds, franchissement de la Gare de l’Est, arrivée en nage et le cœur battant (heureusement que je m’étais entraîné le matin en faisant mon jogging) à 15h50, pour découvrir que le Thalys de 16h01 ne verrait son quai affiché qu’à 16h, ce qui bien entendu lui a valu le retard désormais rituel d’un bon quart d’heure. Tel est l’ordinaire d’un Parisien.

     

    ADUne fête place de l'Hôtel de Ville

     

    Nos élus croient-ils que nous le supporterons longtemps ? Ne seraient-ils pas avisés, du strict point de vue de leurs intérêts personnels, de comparer Paris avec Barcelone non pas seulement sous l’angle de la vie nocturne, mais également sous celui des résultats électoraux qui ont consacré la victoire d’une candidature indépendante sur la base d’un programme d’endiguement de l’industrie touristique ? Les écologistes ne devraient-ils pas abandonner leurs querelles intestines le temps de nous expliquer par quel miracle la défense de l’environnement passe-t-elle par la suppression des transports publics ? Et M. Macron, qui s’est érigé en maire de Paris pour y dessiner les Zones touristiques internationales soumettant leurs habitants à un régime dérogatoire préjudiciable à leur tranquillité et à leur santé, peut-il nous dire pourquoi la libéralisation des autocars et du travail le dimanche suppose-t-elle la restriction de la circulation des autobus ?

    Loin de moi l’idée de mener une charge politicienne contre la majorité municipale, dont le bilan est loin d’être négligeable, en particulier en matière de transports publics et de logement. Mais celle-ci semble prise au piège d’une fuite en avant, à laquelle n’échappe nullement son opposition, et que dicte l’air du temps : travailler plus, s’amuser plus, gagner plus d’argent, et en dépenser moins, en tout cas quand il s’agit de l’argent public, c’est-à-dire du service public avec ses transports, ses équipements culturels, ses établissements de santé. Ce faisceau d’attentes (ou d’injonctions) contradictoires conduit inexorablement à la privatisation et à la marchandisation des biens communs : au premier chef, à la privatisation et à la marchandisation de l’espace public – voire de l’espace privé d’autrui, grâce à la magie des décibels –, du repos hebdomadaire et de la nuit, cette dernière dimension de la vie qui échappait au capitalisme1.

    Pour les habitants du Marais, la Nouvelle Frontière d’une capitale transformée en parc d’attraction au service du tourisme de masse, dans l’espoir de réduire le déficit du commerce extérieur, se traduit par leur sujétion à l’équation absurde d’Hidalgo-Macron : travailler le dimanche sans transports publics ni repos nocturne (ou diurne) tout en se conformant à la nouvelle obligation civique, celle de la fête, de jour comme de nuit. Cherchez l’erreur.

    NB : A l’heure où j’écris cet article, en ce samedi 3 octobre, et dans l’attente de la Nuit blanche, la rue des Francs-Bourgeois est fermée à la circulation pour cause de défilé festif et sans doute marchand, à grand renfort de décibels montés sur roue, et le trafic du 29, reliant le quartier à deux gares, est de nouveau suspendu."

    Jean-François Bayart

     

  • BacchusBacchanales : c'étaient des fêtes de la mythologie célébrées dans l'Antiquité. Liées aux mystères dionysiaques, elles se tenaient en l'honneur de Bacchus, dieu du vin, de l'ivresse et des débordements en tout genre.
     

     

    Le week-end qui vient de s'écouler concentrait dans notre quartier une longue liste de manifestations attirant nombre de curieux qui repartent du Marais avec l'impression qu'il devient un immense champ de fêtes et non plus, comme il a été rabâché à tort, un quartier musées. 

    Mais parmi tout cela, que fait-on des habitants  qui subissent plus qu'ils ne participent à ces festivités dont ils vivent mal les conséquences imposées et maintes fois dénoncées dans nos colonnes ? Les élus paraissent bien insensibles à leur qualité de vie, même lorsque une échéance électorale est proche ?

    Parmi les nombreux messages qu'a reçus "Vivre le Marais !", l'un d'eux émanant d'une habitante de la rue de Bretagne résume à lui seul le ressenti, et disons le, le ras le bol des riverains qui ont dû supporter cette inflation de fêtes durant tout le week-end. Nous le reproduisons in extenso :

    "Aujourd'hui, nous avons vécu et vivons encore l'enfer, entre le carreau du Temple, ses camions et ses odeurs, la brocante de la rue Rambuteau et la journée sans voiture. Où est l'hygiène dans toutes ces manifestations ?

    Ce matin, il y avait un container qui débordait de sacs pleins derrière le Carreau du Temple, du verre cassé partout, rue de Bretagne, Dupetit-Thouars, Picardie, seulement balayé vers 11 h du matin. La Mairie ne peut ignorer qu'on voit des rats dans les rues…

    Un orchestre dans le jardin avec des musiques qui émettent des vibrations, raison pour laquelle nous avons refusé de conduire ma petite fille de 2 ans dans le square du Temple. Il est 18 h et je ne peux travailler intellectuellement par le bruit d'une musique ininterrompue, si on peut appeler cela musique !

    J'ai essayé de sortir mon chien, il est tout petit. Impossible de le poser par terre en raison de la foule, sans compter les planches, vélos…  Est-ce que les gens de la Mairie de Paris ont conscience des nuisances qu'ils infligent aux résidents ? Il faut arrêter de vivre dans l'utopie et de réaliser des rêves de show bizz parce qu'on a le pouvoir et qu'on veut gagner les élections, de l'argent ou vivre dans un fête perpétuelle.

    C'est inconvenant vu les évènements qui se passent dans le monde. Notre quartier n'est pas une esplanade pour faire la fête et je n'ai pas envie de déménager."

    Nous ne ferons aucun commentaire sur ce texte que se suffit à lui-même…et devrait nourrir les réflexions de nos élus !

     

  • P1080526Agents de la Mairie de Paris chargés d'informer le public sur la "journée sans voiture" (Photo VlM)

     

    Tout véhicule à moteur était interdit ce 27 septembre 2015 dans Paris. Pas seulement les voitures mais aussi les motos dont on sait qu'elles sont aussi polluantes et affreusement bruyantes et dangereuses.

    Nous sommes d'accord avec la Maire de Paris Anne Hidalgo quand elle dit que c'est un signe donné en faveur de la lutte pour l'amélioration de la qualité de l'air. Un signe, car l'impact de cette journée isolée sur les indices de qualité de l'air est évidemment négligeable. Mais la société a besoin de "signes", comme elle besoin de repères pour guider sa conduite.

    Voici deux photos qui illustrent le calme qui régnait en fin de matinée dans le IVe, au voisinage de l'Hôtel de Ville.

    P1080519Rue de Rivoli (IVe), dimanche 27 septembre 2015 (Photo VlM)

    P1080518Rue des Archives (IVe), dimanche 27 septembre 2015 (Photo VlM)

     

    Sur le fond, que doit-on en conclure ?

    D'abord, éviter les extrêmes. Ces rues désertes ne sont pas un idéal pour une ville comme Paris. Nous avons toujours soutenu qu'il fallait réduire la circulation des véhicules à moteurs, en commençant par le centre historique, autant pour améliorer la qualité de l'air que pour faire bénéficier la population d'un cadre de vie plus favorable, mais il faut éviter cependant de le piétonniser.

    La vue de foules qui se bousculent dans des voies qui leur sont exclusivement réservées a toutes les raisons de nous inquiéter.

    Champs élyséesChristophe Najdovski, chargé de la Voirie auprès de la Maire de Paris, publie cette photo sur  Facebook comme un trophée. Elle n'a rien pourtant pour nous faire rêver….Veut-il nous faire tomber de Charybde en Scylla ?

     

    Dans le brouhaha de cette initiative d'Anne Hidalgo, il n'est pas simple de se forger une opinion éclairée. Pour ce qui nous concerne, au nom de notre objectivité qui n'a pas de raison de se démentir aujourd’hui, nous disons que le "signal" est bon, que l'image donnée d'un Paris "libéré" du flot de véhicules à moteurs est réjouissante MAIS que les débordements de foule et les comportements grégaires ne correspondent ni à la vocation de notre ville-capitale ni aux attentes des parisiens.

    Que faut-il alors pour Paris ?

    Nous rappelons notre "programme", en insistant sur sa cohérence : (1) désengorger Paris en facilitant le déplacement d'activités économiques et figer la densité d'habitants à Paris au profit des constituants du "Grand Paris". Veiller au rapprochement des emplois et de l'habitat pour réduire les besoins de transports ; (2) mettre sur un même plan voitures et deux-roues motorisés pour maitriser la progression anarchique des motos et scooters. Ceci implique l'application du contrôle technique et la tarification du stationnement sur les trottoirs, mesures éternellement différées sous la pression du lobby des "Motards en Colère" (qui ne décolèrent de toute façon jamais car c'est  leur état statutaire !) (3) réduire progressivement la présence du diésel en commençant par les véhicules les plus anciens et enfin (4) cesser de mettre tous les projecteurs sur Paris en oubliant sa banlieue (JO de 2018 et 2024, Expo Universelle de 2025, Roland Garros, tours monumentales Triangle et autres …)

    Aucune de ces mesures n'est mise en œuvre par la municipalité en place. A croire qu'elles sont insensées. Nous vous laissons juges sachant que des élections approchent…

    Gérard Simonet