Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Religion

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    Notre dameNotre-Dame avec sa flèche ses arcs-boutants sa rosace et ses dentelles dans sa gloire retrouvée (Photo VlM. Clic gauche > deux fois pour agrandir)

     

     

    Demain samedi 7 décembre 2024, les plus hautes personnalités françaises et une cinquantaine de chefs d'Etat se retrouveront à Notre-Dame de Paris pour sa réouverture, cinq années après le tragique incendie du 15 avril 2019.

    Tous les regards, toutes les plumes et caméras sont tournés vers sa célébration. Il me semble présomptueux et pour tout dire hors de portée pour moi de contribuer utilement à sa couverture tant l'événement me dépasse.

    En revanche, il me parait judicieux que ceux parmi nous, habitants de Paris-centre et d'ailleurs, qui le souhaitent, expriment leur état d'âme. Je leur ouvre cette page en les invitant à m'envoyer un texte dans la rubrique "commentaires", de quelques lignes ou plus, en respectant la gravité du sujet. Il sera publié ici, à la suite de mon introduction et témoignera devant l'Histoire du comportement des parisiens à l'égard du drame et du sauvetage de leur cathédrale, avec des motivations aussi bien religieuses que culturelles.

    Gérard Simonet

     

    Du Roman au Gothique les cathédrales et églises sont le témoignage sublime d’une époque. Merci et bravo à leurs constructeurs et aux artisans. Je souhaiterais ajouter : mon fils Paul est né il y a 27 ans à la maternité de l’Hôtel Dieu, située à une centaine de mètres du portail de Notre Dame, maternité qui n’existe plus. Pour accueillir les visiteurs, rendez-vous devant la cathédrale. Prestigieux rendez-vous.

    Guillaume Ponsin.

     

    Notre joie de voir Notre-Dame reconstruite est à la hauteur de la détresse que nous avons vécue au moment de son incendie, quand la flèche s'est effondrée en flammes. Notre gratitude va à la providence, qui a épargné l'essentiel du bâti de la cathédrale, et aux artisans de son sauvetage et de sa restauration, les pompiers et les compagnons.

    Rolande C.

     

    On aimerait avoir connaissance des résultats de l'enquête sur les causes de l'incendie. Le silence à ce sujet est, comme on dit maintenant, assourdissant !

    David

     

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    Grande dépositionLa "Grande Déposition", ou descente de croix, en plâtre de Goix

     

     

    Le Maire de Paris-centre Ariel Weil annonce sur Twitter (X désormais…) la fin des travaux de restauration de l'église St Gervais-St Protais : "La fin de sa restauration approche, l'église Saint-Gervais dévoile peu à peu son nouveau visage ! Et bientôt surtout le grand dévoilement de son clocher dissimulé depuis tant d’années par un échafaudage. RdV à la rentrée."


    St gervais
    Chapelle des baptêmes
    Horloge monumentale du clocher et chapelle des baptêmes

     

    En France, au titre de la loi de séparation de l'église et de l’État (1905), les pouvoirs publics (ministère de la Culture) peuvent subventionner les travaux d'entretien et de restauration des édifices religieux déclarés monuments historiques. L'État ne finance pas les édifices parce qu'ils sont religieux mais parce qu'ils bénéficient d'une protection au titre des monuments historiques.

    On n'en fait jamais assez pour protéger le patrimoine dont nous sommes dépositaires mais il faut reconnaitre que Paris-centre a procédé ces dernières années à de nombreuses restaurations totales ou partielles d'églises : St Paul St Louis, St Gervais, St Merri, St Eustache, Billettes, St  Nicolas des Champs….

    GS

     

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    Notre dame chevetVue du chantier de restauration de Notre-Dame et des jardins du chevet, juin 2023 (Photo VlM)

     

     

    Un lecteur de notre blog a laissé ce commentaire : "Le silence de Vivre le Marais sur le projet néfaste de destruction des squares de Notre-Dame est ahurissant !"

    Nous n'avons pas pour attitude de répondre, encore moins de nous justifier, à des propos qui ne respectent pas la mesure. "Néfaste", "destruction" et "ahurissant" sont des mots qui n'ont pas leur place dans un débat où chacun doit garder son calme et échanger des arguments.

    La raison de notre silence est simplement la difficulté pour nous, avec les moyens d'analyse dont nous disposons, d'afficher une opinion intelligible et raisonnée.

    Bien sûr, comme c'est généralement le cas dans des situations de ce genre, le confort pousse au conservatisme. Nous sommes tentés, comme une majorité de gens qui se sont prononcés, de prôner une reconstruction "à l'identique".

    La mairie de Paris propose un choix différent dans lequel le "square Jean XXIII" est fusionné avec le "square de l'Île de France". Les grilles monumentales disparaissent, les bancs Davioud pourraient être remplacés et les parterres de fleurs cèdent la place à des pelouses ouvertes au public.

    Les craintes des opposants sont légitimes. On voit mal pourtant le Maire de Paris-centre Ariel Weil accepter de gaîté de cœur que le patrimoine prestigieux dont il a la charge soit maltraité. Il dit sur Twitter le 6 juin à ce propos qu'il "veille à la sobriété et à l’élégance du projet de réaménagement des abords de Notre Dame, et il donne l'assurance de la préservation des arbres existants et du mobilier patrimonial".

    On veut bien le croire mais on voudrait être assurés qu'il saura résister aux tentations de certains idéologues de l'Hôtel de Ville de livrer cet espace quasi sacré aux ébats de touristes en goguette !

    Pour ceux qui veulent comprendre et porter un jugement éclairé sur ce qui se prépare nous recommandons la lecture d'un excellent article de Sites & Monuments. Cette association a été longtemps présidée par Alexandre Gady, professeur à la Sorbonne et docteur en Histoire de l'art, auteur d'un guide du Marais qui fait autorité.

    Gérard Simonet

     

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    MaquetteLa maquette, exposée à la Médiathèque de Paris-centre sous la Canopée des Halles (1er)

     

     

    Cette maquette au 1/20ème est le fruit du travail de trois postulants à la prestigieuse distinction de "chef d’œuvre" des compagnons du Tour de France : Armand Dumesnil, Yann Férotin et Valentin Pontarolo, dirigés par le compagnon charpentier Jean-Michel Hourcade. Les jeunes ont présenté ce projet devant leurs pairs et ont été reçus à Anglet "Compagnons du Tour de France", une institution qui a huit siècles d'existence !

    Le Maire Ariel Weil, présent à la cérémonie d'inauguration de la maquette avec Dorine Bregman Adjointe au commerce et à l'artisanat, aux côtés de personnalités représentant l'association "Restaurons Notre-Dame" (à l'identique), la médiathèque et l’archevêché, a précisé que l'intention à l'origine était d'exposer cette maquette dans la mairie de Paris-Centre mais du fait de sa dimension, de la hauteur notamment de la flèche et du coq qui la surmonte, cette intention n'a pu se concrétiser. C'est donc la médiathèque de la Canopée avec ses larges ouvertures qui a été retenue.

    Autre précision intéressante de l'un des compagnons : le chêne que constitue la charpente en construction, loin de dépeupler la forêt française de cette essence, n'a consommé que "deux minutes de pousse de la forêt française dans son ensemble" ! On peut s'interroger sur l'intelligibilité de cette déclaration. Il en ressort néanmoins que l'impact du choix d'une charpente à l'identique parait loin de poser un problème écologique à la France !

    Médiat charpente Médiat charpente ND AW DB

     

     

     

     

     

     

     

    Salle d'exposition et personnalités présentes

     

  • St eustache vue générale sud ouest 31 03 21Église Saint-Eustache, à gauche tour sud inachevée, façade classique de 1754 avec fronton et colonnades sur deux étages, ordres dorique et corinthien (Photos VlM, clic gauche pour agrandir)

     

     

    L'extension de notre territoire aux quatre arrondissements du centre nous vaut quelques merveilles de plus. Il est presque injuste de les citer car ce faisant on prend le risque d'en oublier mais comment ne pas se réjouir de compter parmi les monuments de notre secteur le Louvre, la Sainte Chapelle et la Conciergerie, la Fontaine des Innocents, la Bourse…. et l'église Saint-Eustache ?

    La rénovation de l'église revient sur le devant de l'actualité. "Les Échos" du  29 mars 2021 sous la signature de Marion Kindermans, rappelle que "cet édifice religieux classé, l'un des plus visités de Paris, va bénéficier d'une restauration de 8,9 millions d'€. Le plan de relance pour le volet patrimoine conforte une aide de l’État à hauteur de 2,2 millions. Leur confrère Le Parisien lui avait consacré un long article très bien documenté de Philippe Baverel il y a un peu plus d'un an. Nous recommandons à nos lecteurs de le lire si ce n'est déjà fait ("Le Parisien", 10 novembre 2019).

     

    St eustache sud 31 03 21Face sud, arcs-boutants en soutien de la nef, ouvertures en plein-cintre façon art roman

     

    Le mieux est naturellement de s'y rendre. On a dit beaucoup de choses sur l'architecture de cet édifice dont la version actuelle date du XVIème siècle. Certains, et parmi eux Viollet le Duc, la trouvent incohérente car elle a recours aux styles gothique, roman et renaissance. D'autres estiment au contraire que ce mélange des genres en fait tout le charme. Il démontre par exemple que le gothique n'est pas forcément incompatible avec les voutes en plein-cintre qui caractérisent l'art roman…

    Ce qui surprend dès qu'on pénètre c'est la hauteur phénoménale de la nef. Il n'y a pas en France de voute de cette hauteur, pas même celle de Notre-Dame. Il n'y a pas non plus d'orgue aussi somptueux par sa taille et sa décoration (Ducrochet, buffet de Baltard, 1854). Il a la particularité de disposer de deux consoles, une en tribune et l'autre déplaçable dans la nef pour être près des fidèles.

     

    Piétà st eustache Rubens st eustache

     

     

     

     

     

     

    "Vierge de douleur" à gauche et "adoration de mages" d'après Rubens à droite

     

    Dans le double déambulatoire autour du chœur et le long de la nef, on découvre la sépulture de Colbert, dont la famille possédait l'une des 24 chapelles de l'église. La chapelle principale est dédiée à la vierge Marie. Elle abrite une sculpture de "la vierge et l'enfant" de Jean-Baptiste Pigalle. Plusieurs peintures décorent ces chapelles, notamment une "adoration des mages" qui est une copie de Rubens.


    TriptyqueLe triptyque de Keith Haring

     

    L'art contemporain a sa place. Dans l'une des chapelles on est surpris mais ravis de découvrir une œuvre de Keith Haring (1962-90), "La vie du Christ" (The radiant Child), un triptyque en bronze avec patine d'or blanc, qu'il faut décoder pour déceler tout ce que l’artiste a voulu dire (naissance, vie, mort et résurrection)…

    Cette église a reçu de nombreuses personnalités en dehors de Colbert. Marivaux, Scaramouche, Rameau… y ont eux aussi leur sépulture. Le roi Louis XIV y fit sa première communion et Anna Maria Pertl, mère de Mozart, y eut ses obsèques quand la mort vint la prendre durant son séjour à Paris en 1778.

    Gérard Simonet

     

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    St merri porche 02 03 21Façade gothique flamboyant de l'église Saint-Merri  (XVIème siècle)
     (Photos VlM, cliquer gauche pour agrandir)

     

     

    L'église est à la rencontre des rues St Martin et de la Verrerie (IVe). Son architecture et sa décoration s'inspirent largement de Notre-Dame au point d'apparaitre comme la "cathédrale bis" de Paris. Son nom vient de Médéric, mort en 700 et canonisé, contracté par la suite en St Merri (ou St Merry), dont les restes reposent dans la crypte.

    Elle abrite depuis 1975 le "Centre Pastoral St Merry" qui assure la promotion d'un "catholicisme de gauche", progressiste, à côté d'une activité pastorale ordinaire au bénéfice des fidèles du quartier. Chaque population a sa messe le dimanche : 10h00 pour les paroissiens ordinaires, 11h15 pour les progressistes qui "célèbrent l’Eucharistie dans un esprit de recherche, de liberté et de création liturgique" Le progrès n'est pas allé jusqu'à mélanger les ouailles !

     

    St merri nef

     

    Depuis le 1er mars, cette existence duale a cessé d'être. L'archevêque de Paris, Mgr Aupetit, "a mis fin à la mission confiée par le cardinal Marty en 1975" dans une lettre adressée aux paroissiens et aux personnes engagées dans le centre pastoral.

    On pouvait lire dans Le Parisien du 1er mars un article détaillé de Lola Dhers qui célèbre les activités hors norme de cette sorte de communauté dissidente et fait état de la surprise des catholiques des deux communautés à l'annonce de la décision.

    Tout le monde n'est pas surpris cependant par ce qui vient d'arriver. Ceux qui savent nous disent que la situation était ingérable. Deux curés se sont succédé à la tête de la paroisse pour essayer de s'entendre avec les animateurs du centre pastoral sans y parvenir. Dans le milieu ecclésiastique, on indique que ces curés ont cédé au burn out et remis leur démission à l'archevêque à cause du "climat violent et des attaques envers eux de la part d'une partie des membres".                                                                                                                                                                         

    St merri chaises tablesTables et chaises de jardin pour créer l'ambiance

     

    Un résident membre de notre association, Hugues Mellanger, qui habite tout près de l’église, nous envoie ce témoignage :

    "Habitant à 50 mètres de l’église St Merry, nous sommes particulièrement concernés. Et en effet, je constate de temps en temps des distributions matinales de café et sandwichs par des bénévoles, à l’extérieur rue de la Verrerie, à des personnes visiblement en errance. A part cela je n’ai rien remarqué de particulier. Il est possible que cela induise des troubles à l’intérieur, mais j’avoue que je la fréquente trop rarement pour en avoir connaissance.

    Le diocèse reste évidemment souverain de décider qu’une église ne doit pas se transformer en annexe de Beaubourg ou en lieu de libations ou d’agressions, en remerciement de ses bonnes œuvres ! J’ignore s’il y a des raisons politiques (cachées ou non), mais si les curés démissionnent à la pelle, j’aurais plutôt tendance à soutenir la position de l’Eglise plutôt que celle de Lola Dhers.

    Peut-être d'autres confessions accepteraient-elles de prendre la relève ? Ce serait un geste d’ouverture sympathique.

    En tous cas, St Merry mérite mieux que son état de délabrement autant intérieur qu’extérieur, et je salue d’ailleurs les travaux de rénovation en cours, tout en regrettant que les subventions douteuses allouées à certaines associations nous privent de budgets qui permettraient de faire mieux. Même chose pour Saint Leu-Saint Gilles, passer devant sur le boulevard Sébastopol est un vrai crève-cœur.

     

  •  SolsticeIllustration "icalendrier.fr"

     

     

    Nous devons l'existence de saisons au fait que l'axe de rotation de la terre est incliné de quelque 23 degrés sur le plan de l'écliptique dans lequel la terre se déplace autour du soleil.

    Dans l'hémisphère nord où nous nous trouvons, la terre "se penche" ainsi vers le soleil en été et "bascule en arrière" l'hiver. Les solstices sont les moments de l'année où ces phénomènes atteignent leur point culminant. La conséquence que nous percevons le mieux est une exposition plus forte aux rayons du soleil l'été, synonyme de chaleur, et plus faible l'hiver.

    Le schéma ci-dessus dit tout sur le phénomène. Les rayons du soleil sont parallèles entre eux car l'astre du jour est éloigné de nous. Ils forment un cylindre qui enveloppe la sphère terrestre. A gauche, c'est le jour, à droite c'est la nuit.

    A la latitude de Paris (49 degrés nord), la nuit est figurée par la partie dans l'ombre, le jour par la zone illuminée. On voit clairement la différence de durée. On constate aussi qu'au-delà du cercle polaire sud, il fait jour tout le temps. L'inverse est vrai pour le cercle polaire nord.

    C'est ce lundi 21 décembre à 10h02 temps universel (11h02 à Paris) que nous vivons cet évènement astronomique : le passage du solstice d'hiver en 2020. Il n'a certes rien d'original puisque l'humanité l'observe depuis que l'homme a pris conscience de l'univers mais il lui attribue un sens sacré. Le solstice marque le début du passage de l'ombre à la lumière. Pour les chrétiens, le choix du 25 décembre pour la naissance du Christ n'est pas un hasard. Pour les juifs, c'est Hanouka, dont la lumière éclaire les croyants dans l'attente de la venue du Messie.

    Autre événement plus exceptionnel encore : Jupiter et Saturne, les deux plus grosses planètes du système solaire, sont en conjonction ce qui veut dire alignées vues de la Terre. On se demande si ce n'est pas à cause d'un tel phénomène lumineux que la tradition chrétienne fait état d'une "étoile" très brillante qui serait apparue dans le ciel pour guider les rois mages vers Bethléem où serait né Jésus-Christ.

    Les musulmans sont dans une logique lunaire. Le renouveau est figuré par l'apparition d'un fin croissant de lune, qui est aussi une forme de passage de l'ombre à la lumière.


    StonehengeLe site mégalithique de Stonehenge en Angleterre : sur cet alignement de pierres, les druides célébraient le solstice d'hiver il y 5.000 ans !

    Deco

     

    Joyeuses fêtes, bon Noël et heureuse année 2021 à tous nos lecteurs  en dépit du COVID que nous finirons bien par vaincre !

    Gérard Simonet   

  • Synagogue nazareth intérieur le parisien 16 01 20Intérieur de la grande synagogue du 15 rue Notre-Dame de Nazareth (IIIe) (Photo Le Parisien)

     

     

    On lit dans Le Parisien du 15 janvier un article sous la signature d'Eric Le Mitouard qui présente les sept monuments qui sont entrés en 2019 dans la liste supplémentaire des monuments historiques. 

    Parmi eux la synagogue de la rue Notre-Dame de Nazareth (IIIe), classée pour la qualité de son intérieur qui offre des dimensions et des décors majestueux. C'est la plus ancienne des grandes synagogues de Paris. De rite Ashkénaze, elle est rattachée au Consistoire central israélite de France. 

    Sa reconstruction, sur les plans de Alexandre Thierry, financée par le baron James de Rothschild, date de 1852. Elle possède un orgue. Jacques Offenbach l'a fréquentée et y a dirigé un choeur (la Gaîté Lyrique qui a été son théâtre, n'est pas très loin…)

     

     

  • Notre dame grue upério 26 12 19Notre-Dame en travaux. Grue géante et arc-en-ciel de l'espoir ! (Photo Upério)

     

     

    François Douady, président de l'association XVIe Demain, membre comme nous de l'alliance "Vivre Paris !" et de la Plateforme des associations d'habitants, signe un article pour son journal sur la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame. Nous sommes en parfaite résonance avec son analyse. En voici le contenu :

     

    L'architecte doit fermer sa gueule !

    C’est l’ordre intimé par le général Georgelin, président de l’établissement public Notre-Dame de Paris, à Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques responsable de la cathédrale, devant la commission de la culture du Sénat le 13 novembre 2019. Franck Riester, ministre de la Culture, a regretté ces propos et défendu son architecte. Cet accrochage ne doit pas surprendre si l’on se souvient du souhait du Président de la République de « reconstruire Notre-Dame plus belle qu’avant, en cinq ans » pour coïncider avec les JO de 2024.

    La flèche a été érigée en 1250, puis démontée au XVIIIe siècle. Viollet-LeDuc l’a reconstruite en 1859 en harmonie avec l’ensemble de son travail sur la cathédrale. Mais depuis la signature en 1964 par la France et 42 autres pays du traité international sur la conservation et la restauration des monuments historiques dit "Charte de Venise", la règle est que « le monument doit être reconstruit dans le dernier état connu ».

    Cette première escarmouche entre l’État et la Culture pourrait être suivie par d’autres conflits. On se souvient de cette réponse à un imprudent appel à idées qui proposait une toiture en verre abritant un potager participatif, en oubliant que la cathédrale, appartenant à l’État, est avant tout un lieu de culte confié à l’église catholique par la loi de 1905. Aussi ressortent certaines idées, contestables, contenues dans le rapport de la Mission de la Cité de 2016 établi par Dominique Perrault concernant la cathédrale telle qu’un parvis de verre montrant le sous-sol archéologique et un centre commercial, ainsi qu’un accès par le quai de Seine.

    D’autres conflits sont en germe dans la loi du 30 juillet 2019, votée dans l’émotion de l’incendie, pour aller vite. L’établissement public Notre-Dame de Paris, créé le 28 novembre 2019, aura toute autorité pour déroger par ordonnances aux textes protégeant ce monument classé. Cependant, cette loi n’a pas pu écarter l’application des dispositions du code du travail quant aux mesures de dépollution au plomb qui ralentissent les actuels travaux de consolidation. Cette idée bien française qu’à un nouveau problème il faut une loi dérogatoire ad hoc permet de se demander à quoi peuvent bien servir les services du ministère de la Culture.

    En effet, il semble qu’une consultation citoyenne décidera du « geste contemporain » pour la restauration de la flèche, puis qu’une autre consultation décidera si les Français veulent une cathédrale restaurée à l’identique ou "plus belle". Un sondage Yougov du 29 avril 2019 réalisé pour le Huffington Post et CNews indique que 54 % des Français sont pour une restauration à l’identique, dont Anne Hidalgo, 21 % ne savent pas et 25 % sont pour un "geste architectural".

    François Douady

    Président

     

  • St merri face nord

    Façade nord du chevet de l'église St Merri (IVe) (Photos VlM)

     

     

    En présence du RP Alexandre Denis, Curé de la paroisse depuis septembre 2019, de l'Adjointe à la Maire de Paris pour le patrimoine, Karen Taïeb, de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques en charge de la restauration Vincent Brunelle  et du maire du IVe Ariel Weil, une description des travaux qui viennent de s'achever nous a été présentée. (détails dans le journal de la paroisse)

    Ils ont concerné la façade sud et les cinq vitraux du chevet :

     

    St merri face sud St merri vitraux

     

     

     

     

     

     

    La Direction des Affaires Culturelles de la mairie de Paris considère qu'il s'agissait "d'une petite opération en terme de coûts (budget 2 Millions d'€) mais il y avait beaucoup de choses à faire et avec finesse (statues de la tourelle en particulier)". Les chapelles, qui sont désormais hors d'eau ainsi que le grand orgue, vont désormais subir la restauration dont ils ont besoin eux aussi.

    Ces changements sont bienvenus mais ils restent encore peu visibles. L'église Saint-Merri qui date des XVIème/XVIIIème siècles est un chef-d'œuvre de l'art gothique flamboyant qu'on compare souvent à Notre-Dame mais elle a souffert jusqu'à nos jours d'offrir à la vue une façade nord très noircie qui bordait une place Igor-Stravinski dont le bassin était maltraité et la bordure ouest saccagé par des tags immondes.

    Place stravinski 18 12 19

    On se doit de reconnaitre que le Maire Ariel Weil s'en est sérieusement occupé. La fresque style "street art" d'Obey qui jouxte le "Chuttt de Jef Aérosol" est d'un heureux effet. Cette façon contrôlée d'inviter la peinture de rue dans notre décor, comme au carrefour Vieille du Temple/Quatre-Fils (IIIe), est une attitude réaliste face à la prolifération de tags informes qu'on voit fleurir un peu partout. Il faut simplement s'assurer que ce réalisme ne soit pas perçu comme l'apologie du pire en la matière.  

    Ceci pour conclure que si en 2023, comme l'envisage le Curé de la paroisse, la grande façade nord de l'église est ravalée et restaurée on aura avec cet ensemble un cadre dont le nouvel arrondissement Paris-centre pourra se prévaloir, avec un mélange intéressant de classicisme et d'art canaille dont le public actuel est assez friand, pour autant qu'il implique la Qualité.

    GS