Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Religion

  • Paybyphone-issy-800x325Filets de protection des sculptures chancelantes de l'église Saint Merri (IVe)

     

    Nous relations dans un article récent (4 novembre 2013), en écho aux nombreuses tribunes sur le sujet, l’état de misère parfois même alarmant dans lequel se trouvaient plusieurs églises parisiennes qui, rappelons-le, appartiennent depuis plus d’un siècle à la Ville de Paris.

    Pour améliorer leur sort et promouvoir le soutien privé, la Fondation Avenir du Patrimoine (abritée par la Fondation Notre Dame) dont le comité de parrainage est prestigieux, vient d’être officiellement créée. Elle a présenté à cette occasion un projet de restauration des églises en péril parmi les 85 que compte Paris. L’adjointe au Maire de Paris chargée du Patrimoine qui participait à la manifestation consacrant la création de cette fondation a rappelé qu’en tant que propriétaire, la capitale n’est tenue qu’à l’entretien du clos et du couvert. Par conséquent, l’objet de ses interventions n’est pas d’ordre esthétique mais relève de la protection de première urgence afin d’éviter tous risques qu’encourrait le visiteur. D’où la nécessité de créer un fonds complémentaire permettant la poursuite des travaux urgents et la restauration des décors intérieurs et du mobilier.

    À cette occasion, il a été rappelé que de toute l’Europe, Paris était la ville qui détenait le plus grand nombre d’orgues. Raison de plus d’être vigilants. La Fondation va donc accompagner, renforcer l’action de la Ville et compléter les financements nécessaires au travers de la signature de conventions de mécénat.

     Eglise_de_la_madeleine-beziers Etais installés à l'intérieur de l'église de La Madeleine (VIIIe)

     

    La Fondation souhaite organiser des évènements autour des chantiers de restauration de façon à y associer les parisiens.

    Reste la question des moyens financiers eux-mêmes. Certains penchent pour la pose de bâches publicitaires (voir notre article du 10 février 2014) pendant que d’autres y sont opposés. L’accord pour les autoriser par dérogation dépendra au final de la mairie et du curé en tant qu’affectataire de l’édifice souvent classé ou inscrit par ailleurs. La fondation recourra a la fois au "crowdfunding" (finance participative) au mécénat et aux soutiens auprès des riverains (habitants, artisans, commerçants du quartier…).

    Trois églises ont été jugées prioritaires et c'est sur elles que va se concentrer l'action de la Fondation Avenir du Patrimoine. Ces 3 édifices sont les églises Saint Augustin, La Madeleine et pour notre quartier Saint Merri. Leur restauration nécessitera 7 millions d'€ sur trois ans.

    La réussite de cette entreprise contibuera à sauver et à mettre en valeur un patrimoine exceptionnel qui fait l'admiration des parisiens et des touristes qui nous envient.

    Dominique Feutry

     

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    Charlot_rue_6_Eglise_Ste_Croix_02_miniCathédrale Sainte-Croix-Saint-Jean, rue du Perche (IIIe)   

     

    En plein Marais, à l’écart des circuits habituels de promenade, à l’angle de la rue du Perche et de la rue Charlot, se trouve un lieu de recueillement inattendu et discret, la Cathédrale Sainte-Croix-Saint-Jean située 13-15 rue du Perche (IIIe). Seul son clocheton est visible de la rue des Quatre Fils.

    Elle s’appelait à l’origine église Saint-Jean-Saint-François. Elle a été construite en 1623 par Claude Charlot dont une rue toute proche porte son nom. Ce dernier fut en effet le lotisseur du quartier qui construisit l'église, en remplacement d’une salle de jeu de paume transformée en lieu de prière, ainsi que le couvent attenant où s’installèrent les pompiers volontaires d’alors, les frères capucins.

    Le lieu de culte est reconstruit en 1715 puis arrive la Révolution. Les capucins sont chassés. L’église abrite un temps la paroisse Saint Jean de Grève mais retrouve rapidement son nom d’origine Saint-Jean-Saint-François. L’édifice est agrandi de 1828 à 1832 par Etienne Hippolyte Godde. En 1855, le porche modifié par Baltard est agrémenté de pilastres doriques. Au-dessus, la façade est recouverte d’une mosaïque de marbres sur le modèle des églises toscanes. On rétablit aussi dans cette paroisse en 1867 la fête et l'association dites de la Réparation, qui avaient subsisté pendant plus d’un demi- siècle à Saint-Jean-en-Grève et aux Billettes pour commémorer le souvenir du miracle de 1290 (notre article du 8 février 2013).

    Fermée en 1965 faute de pratiquants, c’est en 1970 que la Ville de Paris affecte l'église à la communauté arménienne catholique, sous le nom de Cathédrale Sainte-Croix-Saint-Jean. Cet édifice, comme beaucoup d'autres lieux de culte appartenant à la Ville de Paris, mériterait une sérieuse restauration (notre article du 2 octobre 2013).

      Eglises-catholiques-75-paris-saintecroix2Statue dans une niche extérieure du mur de la cour devant la cathédrale  

     

    Le mobilier est à la hauteur de la qualité du monument. Tout d’abord il est assez rare qu’un lieu de culte possède deux orgues splendides construites par le même et célèbre facteur, Cavaillé-Coll mais hélàs en mauvais état (voir notre article du 27 novembre 2012). César Franck et Jules Massenet ont joué sur le grand orgue de la tribune.

    On trouve aussi des éléments qui rappellent que l’église portait à l’origine le nom de Saint François. Ainsi peut être admirée une rare statue de Germain Pilon provenant du Louvre et représentant le célèbre saint. Lui fait pendant celle de Saint Denis, œuvre de Sarrazin à qui l’on doit les anges du célèbre maître autel de l’église Saint Nicolas des Champs (notre article du 13 octobre 2012). Certains pensent que cette statue est l'oeuvre des frères Marsy qui ont travaillé pour le château de Versailles. La chaire est de Baltard.

    Le chœur dont les stalles du XVIIIe proviennent de l’église des Billettes (IVe) est dominé par 4 tableaux de facture modeste, du XVIIe, dus à Frère Luc. Ils représentent la création de l’ordre franciscain. A ce sujet il faut savoir aussi que l’un des autels latéraux renferme des reliques du saint. Autre relique inhabituelle, le presbytère a abrité une tunique de prière datant du XIIIe siècle ayant appartenu à la sœur de Louis IX, Sainte Isabelle qui date du XIIIe siècle.

     DocumentTableaux du choeur relatant la création de l'ordre franciscain

             

    La sacristie fut un temps détentrice de la chasuble qu’aurait porté l'abbé Edgewort de Firmont pour la dernière messe de Louis XVI au Temple, le 21 janvier 1793, avant son exécution. Ce vêtement comme les reliques de Sainte Isabelle sont aujoud'hui dans l'église Notre Dame de Bonne Nouvelle.  La cathédrale est ouverte en fin de semaine, la porte est en principe close les autres jours (sauf sur rendez-vous). De fréquents concerts y sont régulièrement organisés.

    Dominique Feutry

     

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    39908122Filets de protection contre les chutes de pierres  sur la façade de l' église Saint-Merri (IVe)

     

    A plusieurs reprises des articles documentés sont parus récemment au sujet de l'entretien du patrimoine religieux de Paris. Il est vrai que les élections municipales incitent à mettre cette question en lumière mais surtout deux associations, SOS Paris et l’Observatoire du Patrimoine Religieux  (OPR), ont tiré la sonnette d'alarme concernant les 96 lieux de culte (85 églises) dont la ville est propriétaire qui nécessiteraient selon leur estimation sur 15 ans, 500 millions € pour les restaurer.  

    Il ne faut pas être grand observateur pour se rendre compte que cet appel repose sur des faits tangibles ne serait-ce que dans notre quartier.

    Ainsi l'église Saint Nicolas des Champs (notre article du 13 octobre 2012) mériterait non seulement un sérieux ravalement mais de nombreuses fuites sont à colmater, l’ensemble des verrières qui ont souffert de la tempête de 1998, est à revoir, certaines parties du sol s'enfoncent et doivent être reconsolidées, l'orgue historique est à bout de souffle, une partie du cloitre extérieur subsistant tombe en ruines …La liste est longue. Certes à l’occasion de l'exposition du Musée Carnavalet « Les couleurs du ciel » des fresques du XVIIe ont été refaites mais d'autres attendent, couvertes de pansements, une restauration d'ampleur….

    La façade de l'église Saint Paul-Saint Louis a été magnifiquement refaite (notre article du 14 septembre 2012) de même que l'église Saint-Gervais Saint-Protais (notre article du 6 août 2013 ) mais cela n'est pas suffisant. Ainsi pas très loin du Centre Pompidou, l'église Saint-Merri (IVe) est dans un telle situation que l'organisation internationale non gouvernementale, World Monuments Fund, l'a classée, après avis d’experts éminents, dans sa dernière liste des 100 monuments les plus en danger au monde ! Cela ne grandit pas l’image de Paris qui est la capitale la plus visitée.

     

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    Des parties des restes de cloître s'écroulent sur le côté longeant la rue Cunin Gridel (IIIe) 

     

    Alors est-ce seulement une question de budget destiné à la restauration et à l’entretien des lieux de culte, si l'on sait que celui-ci a diminué des deux tiers en 10 ans? Est- ce un désintérêt pour notre histoire, notre passé ? A t-on le droit de traiter ainsi le travail des artistes de renom et moins connus qui ont donné le maximum d'eux mêmes pour réaliser ces chefs d’œuvre que nous envient bien des pays  ?

    Bien sûr qu'il est lourd d’entretenir un tel patrimoine qui comprend non seulement les bâtiments mais aussi le mobilier, les orgues, les installations électriques, les cloches, le chauffage….Le législateur n'imaginait pas en 1905 ce type de conséquence. Plusieurs communes d'ailleurs commencement à détruire des églises non classées trop lourdes à entretenir pour leur budget, gommant souvent aux yeux des habitants un passé récent, ce qui provoque des réactions négatives. D'autres localités se mobilisent pour sauver par tous les moyens ce qui est souvent indissociable du paysage, ne serait-ce que la sonnerie des cloches qui rythme les journées des habitants et donne une vie au village.

    A Paris les moyens financiers dont dipose la vlle sont d'une toute autre ampleur et lorsqu'il s'agit de monuments classés les financements ne proviennent pas uniquement de la Mairie. Aujourd'hui cependant l’État est exsangue et les financements ou les subventions sont distribuées avec parcimonie, raison pour laquelle nos élus doivent gérer le budget de la capitale au scalpel en évitant des dépenses somptuaires voire inutiles ou en subventionnant trop d'associations.
    Certains vont jusqu'à mettre en parallèle des 500 millions € nécessaires pour ces restaurations le coût de la Gaieté Lyrique, 85 millions € ou le surcoût du chantier des Halles !
    L'exercice n'est pas simple mais Paris ne peut délaisser ses lieux de culte, y compris dans le Marais, qui ont tous un intérêt architectural, tous un passé riche et célèbre, abritant tous des œuvres d'art connues et des orgues liturgiques remarquables (notre article du 27 novembre 2012) …

    Il sera intéressant de suivre les solutions que les candidats comptent apporter s'ils sont élus. Car à part une ré allocation budgétaire décidée par nos édiles et le recours au mécénat, il ne faudra pas attendre grand chose du ministère de la Culture qui a déjà fort à faire sur tout le territoire face à des moyens qui diminuent comme peau de chagrin. Pourtant un plan d'ensemble programmé sur plusieurs années devient urgent et indispensable si nous voulons éviter la misère des lieux de culte parisiens.

    Dominique Feutry

     

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    Intérieur de la Sainte Chapelle et ses immenses verrières

     

    A l’occasion des 800 ans de la naissance de Saint Louis qui seront célébrés l’an prochain, un vaste chantier de restauration des verrières de la Sainte Chapelle a été lancé en 2008. Il va se terminer le mois prochain. Il est le fruit d’un partenariat entre la société Velux et le Centre des Monuments Nationaux.

    Rappelons que cette chapelle est souvent qualifiée de « joyau de l’art gothique flamboyant » ou de « bible de lumière ». Ainsi va être restituée prochainement toute la luminosité d’origine de l’édifice construit à la demande du roi pour abriter les reliques de la passion qui se trouvent aujourd’hui à Notre-Dame.

    Il est intéressant de noter que les restaurateurs ont bénéficié d’une commande exceptionnelle et qu’ils ont dû opérer selon un protocole très précis édicté avec l’architecte en chef des monuments historiques. Ainsi la pollution laisse un dépôt qui doit être amolli avant d‘être éliminé. Le plomb du XIIIe siècle, sauf s’il est trop endommagé, est laissé seulement nettoyé, sans se soucier de l’aspect esthétique. Une verrière mesure 13 m de haut et 2 m de large, elle regroupe 128 panneaux. Chacun des panneaux est composé de 200 petits morceaux de verre teinté. Soit au total 25 600 pièces par verrière ! Dotés d’un double vitrage, les vitraux seront remontés en octobre prochain.

     

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     Détail d'un vitrail de la Sainte Chapelle 

    Il faudra donc aller admirer cette véritable renaissance des vitraux aux couleurs irrégulières en raison des techniques employées à l’époque de leur fabrication pour laquelle Louis IX avait investi d’énormes sommes d’agent, gage de qualité. Les 800 000 visiteurs se rendant chaque année dans ce monument sont loin d’imaginer que le plomb donne beaucoup de souplesse aux vitraux qui résistent aux intempéries, à des chaleurs de 80° et à des vents soufflant jusqu’à 250 km/h.

    Nous parlons souvent de métiers d’art, lors de journées Nomades, plus récemment encore, un salon leur était consacré au Louvre et un peu plus tôt à l’Espace de Blancs Manteaux (IVe). Le restaurateur de vitraux est à cet égard un véritable artiste, il doit, après bien des opérations, restituer les œuvres au plus près de leur aspect d’origine, ce qui n’est pas toujours simple en raison des dégradations subies par le temps ou de mauvaises restaurations antérieures.

    Dominique Feutry

     


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    Façade de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais, place Saint-Gervais (IVe)

     

    Gervais et Protais, deux frères martyrisés sous Néron ont connu un culte d’une grande ferveur au Moyen-Âge. Ils ont donné leur nom à de nombreuses églises dont celle, proche de l’Hôtel de Ville, bâtie sur une légère éminence, à l’emplacement d‘une basilique connue dès le IVème siècle. Commencée à la fin du XVème siècle (1494), la construction de l'église actuelle est achevée au cours la première moitié du XVIIème, soit 150 ans après le début des travaux.

    La façade classique mais assez lourde fut terminée dès 1621, elle est l’œuvre de Salomon de Brosse, l'architecte à qui l'on doit la réalisation du Palais du Luxembourg et de Clément Métezeau. Elle est exceptionnelle non seulement par sa taille, mais aussi parce que les 3 ordres, dorique, ionique et corinthien s’y superposent. Les statues de Saint-Gervais et de Saint-Protais ont été placées au XIXe siècle. Très élevée, la nef est de style gothique flamboyant et donne un peu de majesté à la construction qui aurait inspiré François Mansart. Une remarquable clef de voûte de 2,50 m de diamètre orne la chapelle de la Vierge.

     

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    Détail du vitrail "La sagesse de Salomon" de Jean Chastellain (XVIème)

      

    À l'intérieur, les nombreux vitraux impressionnent. Ceux du XVIe siècle sur la vie de la Vierge dus à Jean Chastellain figurent parmi les plus beaux. Mais d’autres ont été installés dans les chapelles au XVIIe, puis au XIXe et plus récemment au XXe siècle. Ces derniers sont de Sylvie Gaudin, artiste issue d'une grande famille de maitres-verriers. Ils traitent de la Nativité, de la Crucifixion ou la Résurrection. Parmi le mobilier, des belles stalles sculptées représentent des métiers. Des tableaux exceptionnels sont exposés notamment celui du "Martyre de Sainte Pétronille" signé du Guerchin. Dans une des chapelles, il est possible de voir le cénotaphe de Michel Le Tellier et les très belles statues de la famille du duc de Tresmes provenant du couvent des Célestins (couvent  qui se trouvait dans le quartier de l’Arsenal). Les orgues, construites en 1601 et tenues pendant près de 170 ans par les Couperin, figurent sans doute parmi les plus anciennes de Paris (voir notre article du 27 novembre 2012). Scarron et Philippe de Champaigne sont inhumés dans cette église.

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    La nef particulièrement élevée


    Entièrement restaurée au cours des dernières années, l’église présente aujourd’hui un aspect impeccable presque neuf lorsque l’on pénètre à l'intérieur. Pourtant elle a beaucoup souffert au cours de l’histoire. Dévastée à la Révolution puis remise en ordre au cours des décennies suivantes, elle a été le théâtre d’un drame à la fin de de la Première Guerre Mondiale. Un obus tiré par la fameuse et sinistre "grosse bertha" le Vendredi Saint de 1918, en plein office, tua 88 personnes et en blessa 68 autres. La restauration s’achévera 3 ans plus tard.   

    Paris_stgervaisprotais09Détail du tombeau du duc de Tresmes  


    Deux détails méritent intérêt. L'un concerne un orme qui était planté devant l'église place Saint-Gervais où, selon une coutume médiévale, l'on procédait à des assemblées et des jugements. L'autre a trait à Voltaire qui a habité un temps juste en face de l'église. 

    Dominique Feutry

     

     

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       La statue de la Vierge à l'angle des rues Aubriot et Sainte Croix de La Bretonnerie (IVe) 

     

    Un internaute a pris connaissance d'un article que nous avions écrit sur notre blog le 29 janvier 2013 à l'occasion de la "disparition" de la statue de la Vierge dans une niche à l'angle des rues de Turenne et de Villehardouin. Nous avions étendu notre article aux statues présentes dans d'autres niches d'immeubles du Marais. Nous avions alors évoqué la présence de la statue en terre cuite à l'angle des rues Aubriot et Sainte Croix de la Bretonnerie.

    Mémoire et documentation ont permis à notre internaute, que nous remercions vivement, de nous communiquer sur la statuette, des renseignements très précis datant de 75 ans! Celle-ci s'appelle "Notre Dame de toutes les Grâces" ou bien "Vierge d'Israël". Elle a été installée en 1938 à l'instigation de "l'Association Art et Louange" créée dans le cadre du récent mouvement artistique des Ateliers d'Art Sacré favorisant la production d'oeuvres d'art accessibles à tous. Cette commande avait été confiée à un jeune sculpteur polonais, Marek Szwarc, plutôt spécialisé dans les travaux sur cuivre repoussé, à l'occasion du Jubilé Marial. Cette manifestation avait été organisée pour le Tricentenaire du voeu de Louis XIII du 15 août 1638 qui plaçait son pays sous la protection de la Vierge Marie. Parmi les nombreux  dons faits par l'association, l'un d'eux concernait Notre Dame de Paris.

     

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    Photographie de Marek Szwarc sculptant

     

    Un article de journal de l'époque (Archives Marie Baranger) a été communiqué par notre internaute, on peut y lire le passage ci-après, à propos de l'installation de la statuette.

    "…elle (NDLR: la statue) n'a jamais été inaugurée dans ce Vieux Paris de Louis XIII, dans ce Marais grouillant de vie et d'histoire où les hôtels naguère somptueux aux grands noms de France voisinent avec des maisons obliques, tortueuses et sombres. Sur les façades de l'une de ces maisons, à l'angle de la rue Aubriot et de la rue Sainte Croix de la Bretonnerie, il y avait depuis toujours une niche, une niche de pierre creusée dans la façade et vide depuis des siècles. Eh bien! un de ces derniers jours une voiture s'arrête devant, quelques hommes en descendent … L'un d'eux…qui tenait dans ses bras une admirable statuette de la Vierge en terre cuite…la déposa dans la niche…après quoi, il …parut heureux parce que les badauds s'étaient rassemblés et disaient du bien de son oeuvre. Car l'auteur lui-même, Marek Szwark, un des plus jeunes sculpteurs d'art religieux…avait tenu à… la (NDLR)…mettre en place de ses mains. On m'a demandé, nous dit-il, une petite statue de la Vierge pour qu'elle soit placée dans la quartier du Vieux-Paris. Voyez, Elle n'a que 83 cm de haut et sur son socle on lit "N-D de toutes les Grâces" écrit à la fresque par Melle Baranger. En la modelant, j'ai cherché à exprimer la pureté, la chasteté, le don des Grâces…"

    Cet article de presse constitue non seulement un témoignage intéressant sur notre quartier mais aussi sur le style rédactionnel pratiqué par les journalistes de l'époque. Il est intéressant de noter que Marek Szwarc est le père de la femme de lettres franco-américaine Tereska Torrès disparue l'an passé.

    Dominique Feutry

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     Façade de l'église Sainte Elisabeth  195 rue du Temple (III°) 

     

    Les églises de Paris alignent souvent sur les murs de leur sacristie car c'était une tradition, les portraits peints des curés qui ont exercé leur ministère dans la paroisse. Certains sont peints par des peintres célèbres et leur portrait est classé, ils ne sont alors pas oubliés par artiste interposé. D'autres sont peints par des peintres inconnus et les prêtres qui n'ont pas laissé d'empreintes visibles, d'écrits remarquables ou de faits illustres sont purement et simplement oubliés.

    Tel aurait pu être considéré le cas du chanoine Albert Marcadé (1866-1951) qui fut curé de l'église Sainte Elisabeth (195, rue du temple IIIe) durant 25 ans, sans que des événements ne bouleversent la fin de son ministère. Fils d’un journalier, le père Marcadé est né le 28 août 1866 à Bordeaux et suit ses études au petit séminaire de la ville. Ordonné prêtre en 1892,  nommé vicaire à Cérons près de Langon, il devient vicaire de Montmartre, puis curé du Bourget.

    Pendant cette période éclate la guerre de 1914-1918, il assume la charge d'aumônier du camp retranché de Paris et des Services de l’Aviation. C'est en décembre 1923, qu'il est nommé curé de Sainte Elisabeth du Temple. Ce  chanoine est très actif durant son ministère puisque la sacristie détruite par les travaux d'Haussmann est reconstruite 78 ans plus tard, le campanile détruit pendant la Terreur est reconstruit selon le plan primitif et un calvaire est installé dans le chevet du chœur.

     

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    Grand orgue de Sainte Elisabeth 

     

    Qu'il s'agisse des Patronages de garçons et de filles, des Troupes de scouts, des Colonies de vacances, de la Conférence de Saint Vincent de Paul, des Dames de Charité, de la Ligue Féminine d’Action Catholique et de l'Institut Dupont des Loges, Albert Marcadé a su mettre en marche, relancer et dynamiser les mouvements, les œuvres et toutes les actions de la paroisse. Il entretient aussi de bonnes relations avec la famille Bouglione allant jusqu'à célébrer la messe sur la piste du cirque d’hiver.

    C'est enfin lui qui réussit à faire reconnaître officiellement, Sainte Elisabeth, comme église conventuelle de l’Ordre de Malte, en 1938. Son goût pour l’Histoire  et l’Art le conduit très tôt à constituer une collection de peintures anciennes, italiennes, flamandes, catalanes, rhénanes, de sculptures, de miniatures, d’ornements liturgiques qu'il expose dans la sacristie de Sainte Elisabeth. Cette collection connue, aujourd’hui, comme la collection Marcadé, se trouve à la Cathédrale de Bordeaux, sa ville natale, et fait régulièrement l’objet d’expositions. Intéressé par l'histoire du quartier, Il publie un revue bimestrielle intitulée "Le Temple".

     

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    Portrait d'Albert Marcadé

     

    Ayant eu une «carrière » réussie, lui le fils d'un simple journalier aurait pu couler des jours relativement paisibles malgré l'entrée en guerre de la France avec l'Allemagne. Il n'hésita pas pourtant à prendre d'énormes risques et faire partie de ces héros de l'ombre venus à l'aide des juifs persécutés par les nazis. Il établit de faux certificats de baptême en découpant les anciens registres paroissiaux, installe  diverses cachettes dans les alentours de l’église pour y loger des familles juives, des prisonniers évadés, participe à l’organisation d’une filière vers Nice.

    En 1943, il n’hésite pas à faire chanter la Marseillaise par les petits chanteurs à la Croix de Bois sur les marches de l’église. Après la guerre, son action courageuse lui vaut la reconnaissance du Grand Rabbin de Paris, Julien Weill, qui s'adressa à lui par ces mots : "Je tiens à vous exprimer, au nom du Consistoire Israélite de Paris, et en mon nom personnel, mes plus vifs remerciements pour les services signalés que vous avez rendus à nos frères persécutés et malheureux….et l’hommage de mes très respectueuses et religieuses sympathies".

    Le chanoine Marcadé sauva de nombreux juifs pendant la guerre et il devrait à ce titre figurer sur le mur des Justes. Nous disposons de témoignages mais il nous en faudrait davantage pour mener à bien une telle requête. Il a été élevé au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur en 1947, année où il acquit l'orgue de chœur et trouva les fonds pour faire restaurer les grandes orgues.

    Âgé, le curé demanda lui-même d'être relevé de sa charge et démissionna. Sa lettre d'adieu à ses paroissiens se termine ainsi : "Que cette paroisse devienne plus prospère en biens spirituels et temporels !" Plus de 60 ans après sa mort des personnes œuvrent pour que ne soit pas oubliée la mémoire de ce curé exceptionnel qui a redonné tout son lustre à l'église Sainte Élisabeth et, à sa manière, a résisté de façon héroïque, au péril de sa vie, face à l'occupant nazi, en sauvant de nombreux juifs.

    Dominique Sabourdin-Perrin

     

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    La synagogue du 21 bis, rue des Tournelles IVe

     

    C’est en 1872 que débutent les travaux de construction de la synagogue de la rue des Tournelles (IVe) au N° 21 bis. Ils s’achèveront 4 ans plus tard et la consécration aura lieu le 15 septembre 1876. Ce projet né en 1865, suite à une délibération du Conseil Municipal de Paris, répondait d’abord au souhait exprimé par Napoléon III de mieux intégrer les juifs à la Nation mais aussi au besoin de donner des lieux de culte (la Grande synagogue de la rue des Victoires IXe et celle de la rue des Tournelles ont été construites en même temps) aux nombreux « émigrés » juifs installés dans le Marais puis ceux venus de l’Alsace- Lorraine passée sous le joug prussien. Plus tard ce lieu sera aussi celui des émigrés de la communauté ashkénaze arrivés de différents pays d’Europe Centrale, de Pologne et de Russie.

    Le bâtiment est souvent qualifié de style « romano-byzantin », mais surtout il a été conçu comme s'il s'agissait d'une église. En effet, l’architecte retenu, Marcellin-Emmanuel Varcollier, un ancien élève de Baltard qui a construit la Mairie du XVIIIe, n’avait jamais édifié de synagogue avant celle-ci. Il n’a pas donc pas hésité à installer à l’intérieur de l’édifice deux éléments anachroniques dans une synagogue, une chaire et un orgue ! Il prit d’emblée le parti d’utiliser le fer très en vogue à l’époque comme élément du décor architectural, ce qui donne une allure très élancée à l’espace. Les matériaux ont été produits par les Ateliers de Normandie qui étaient en relation avec Gustave Eiffel.

    La façade principale située rue des Tournelles (car il existait une entrée 14 place des Vosges) est assez imposante car il s’agit de la deuxième plus grande synagogue de Paris avec plus de 1300 places, longue de 50 m et large de plus de 20 m. Elle comprend une partie centrale et deux côtés formant pendant. Elle est ornée d’une rosace et de 3 fenêtres entre lesquelles sont sculptées les armes de Paris, les rouleaux de la Loi et un texte en hébreu tiré des psaumes qui commence par « Ouvre moi les portes du salut….».

     

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    Intérieur de la synagogue et la struture en métal

     

    Après avoir franchi un péristyle, nous nous trouvons dans la nef qui se termine par une seconde nef semi circulaire. Des poutrelles et arcades ouvragées de métal reposent sur des piliers de chaque côté formant des tribunes sur deux étages. L’ensemble est très harmonieux, bien proportionné et agréable à l’œil. Il faut aussi souligner que l’édifice tourne le dos à Jérusalem, une façon de monter que l’on entre dans la Nation française et que l’on quitte la Nation juive.
    Le bâtiment a été endommagé lors de l’affaire Dreyfus à la fin du XIXe siècle. Réservé à la communauté ashkénaze décimée lors de la guerre, la synagogue de la rue des Tournelles accueille aujourd’hui les séfarades, les ashkénazes pratiquant leur culte de l’autre côté qui lui est accolé, place des Vosges.

    Le monument a été classé en 1987, il est un témoin très intéressant de l’architecture du XIXe siècle et de la volonté politique du Second Empire et de la IIIe République naissante
    de donner en France toute sa place au judaïsme.

    Dominique Feutry

     

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    La pietà de Delacroix. Eglise Saint-Denys du Saint-Sacrement, 68 rue de Turenne (IIIe)

     

    Beaucoup de ceux qui empruntent la rue de Turenne et passent devant l’église Saint Denys du Saint Sacrement au N° 68 sont attirés par son péristyle à colonnades orné d’un fronton triangulaire décoré par le sculpteur Jean-Jacques Feuchère qui est aussi l’auteur de la statue dite « la loi » place de Palais Bourbon. Nous sommes en présence d’une construction typique du XIXe siècle due aux talents d’Hyppolyte Godde (1781-1869) architecte de la Ville de Paris qui l’acheva en 1835. On doit aussi à ce dernier les églises Notre Dame de Bonne Nouvelle et Saint-Pierre du Gros Caillou. Mais peu nombreux sont les passants qui peuvent imaginer que c‘est une peinture de Delacroix qui constitue aujourd’hui, de l’avis de tous les spécialistes, la pièce maîtresse, le chef d’œuvre de cette église. Cette célèbre pietà est située dans la chapelle Sainte Geneviève où est installée une statue de la sainte, exécutée en 1868,  due au burin de Jean-Joseph Perraud (Prix de Rome dont les plus belles réalisations sont visibles au Musée d’Orsay).

    La superbe Pietà, dite aussi "Déposition de la Croix" d’Eugène Delacroix, fait suite à une commande du Préfet Rambuteau. La réalisation de ce tableau avait été d’abord demandée à un autre peintre Robert-Fleury (dont les œuvres principales sont notamment exposées aux musées du Louvre, de Chantilly, de Versailles et de Pau) qui a préféré solliciter Delacroix pour l’exécuter. Comme les rapports entre Delacroix et l’Administration d’alors ne sont pas très bons, ce dernier doit batailler avec la Préfecture et notamment le chef des Beaux-Arts pour se voir confirmer la commande.

    Les atermoiements et les obstacles furent nombreux entre ceux qui donnaient des avis et ceux qui ne se pressaient pas pour signer. Il est vrai que le tableau fut payé 6 000 francs. Ainsi la commission des Beaux-Arts interrogée sur les esquisses demanda d’enlever des anges, le curé de la paroisse soutenu par son Conseil de Fabrique s’opposa au thème de la pietà trop courant. Des problèmes d’enduit non posé à temps, car la peinture à l’huile est exécutée à même le mur, retardent encore l’exécution du travail et ce n’est que 5 ans après la passation de la première commande que la pietà est présentée au public. Les critiques sont partagées. Certains parlent de charlatanisme, « …cinq ans d’attente pour arriver à un résultat aussi lamentable… ». D’autres écrivent que c’est «…une chose incroyable… ». Le mot de la fin est de la plume de Baudelaire pour qui «ce chef d’œuvre laisse dans l’esprit un sillon de mélancolie ».

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    Portait d'Eugène Delacroix

    La gageure n’était pas simple pour Delacroix car outre les arcanes de l’Administration et l’opposition du curé, il a dû composer aussi avec l’emplacement sombre de la chapelle. Il a travaillé en hiver les jours où la luminosité est la plus forte. Or il constate que son assistant a utilisé des couleurs trop sombres et doit reprendre son travail (plusieurs dizaines de séances seront nécessaires) même s’il ne parvient pas finalement vraiment aux teintes souhaitées. Le tableau est donc sombre dans un lieu sombre. Néanmoins en l’observant, surtout en l'absence d'éclairage artificiel, nous nous rendons compte de l’intensité de l’exécution, des contrastes voulus entre le fond obscur et la lumière de personnages principaux, la Vierge, bras étendus et le Christ, sur les genoux de sa mère, avec une utilisation très étudiée du rouge. Petit détail, on distingue dans le fond du tableau, le peintre et son assistant!

    Dominique Feutry

     

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     Une scène d'un vitrail de l'église Saint-Etienne de Bar sur Seine illustrant le miracle des Billettes 

     

    Qui imaginerait aujourd’hui que l’existence dans notre quartier de l’église et du cloître des Billettes (IVe) est le fruit d’un miracle qui s’est produit au cours du XIIIe siècle ?

    L’histoire rapporte qu’une femme désargentée voulant absolument obtenir restitution de ses vêtements mis en gage, auprès d’un prêteur juif du nom de Jonathas pour la fête de Pâques, avait dû donner une hostie consacrée en échange à ce dernier. Dès qu’elle lui remet l’hostie, l’homme poignarde l’hostie qui se met aussitôt à saigner. La plongeant aussitôt dans l’eau bouillante, celle-ci rougit et le Christ serait alors apparu.

    Les thèses sont divergentes ensuite. D’aucuns prétendent que malgré sa conversion et celle de sa famille, le prêteur fut brûlé en place de Grève. D’autres prétendent qu’il fut gracié en raison de sa conversion. Il est dit qu’à la suite de cette affaire et avant que leurs relations ne deviennent conflictuelles, le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII autorisèrent la construction d’une chapelle expiatoire à l’endroit même où les faits s'étaient produits.

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    Le cloître des Billettes

     

    L’édifice religieux est confié aux Frères Hospitaliers de la Charité Notre Dame surnommés les Billettes, sans doute à cause de la forme rectangulaire de leur scapulaire qui ressemblait à celle des pièces plates de métal de certains vêtements d’armes appelées des billettes. La chapelle devint vite un lieu de pèlerinage très fréquenté et une nouvelle église doit la remplacer au début du XVe siècle financée par les nombreux dons des pèlerins. Le cloître lui fut adjoint en 1427. Il s’agit du seul de cette époque qui existe encore à Paris aujourd’hui. La rue qui le longeait s’appelait "la rue où Dieu fut bouillie". Les maisons que nous pouvons voir au-dessus du cloître sont des XVIIe et XIXe siècles.

     

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    La façade du temple des Billettes

     

    Des représentations du « Miracle de l’Hostie » ou « Miracle des Billettes » sont visibles sur des vitraux des XVIe et XVIIe siècles de Notre Dame du Mont, de l'église Saint-Etienne de Bar sur Seine, ainsi qu’au Musée des Antiquités de Rouen (les vitraux proviennent de l’église Saint Eloi de la ville) et sur une enluminure du XVIe siècle exposée au château de Saumur.
    Confié ensuite aux Carmes-Billettes au XVIIe siècle, la construction d’une nouvelle église est envisagée mais ce n’est qu’un siècle plus tard que les religieux font appel à Jacques Hardouin Mansart de Sagone, le petit fils de Jules. Il propose un projet et après bien des atermoiements liés à des querelles avec la paroisse voisine de Saint Jean de Grève qui voit d’un mauvais œil l’extension des Carmes, les travaux ne commencèrent qu’en 1754.

    Nous méconnaissons le nom de l’architecte qui a mené à bien les travaux, Mansart ayant abandonné entre temps, moyennant une indemnité.
    Le nom de Claude Navan un architecte dominicain est parfois avancé. A-t-il repris des idées de son illustre prédécesseur ? Certains détails nous le font penser car la façade est sobre et sur un plan rectangulaire classique prolongé d’une rotonde bien que de dimensions modestes. La présence de pots à feu et de fougères comme à Saint Louis de Versailles réalisé par le même Mansart est assez caractéristique de son style.

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    Intérieur du Temple des billettes

     

    Les Carmes sont chassés à la Révolution et les bâtiments vendus. Napoléon autorise l’achat de l’ensemble par la Ville de Paris afin de l’apporter à l’église luthérienne. Nous sommes en 1808. Des aménagements intérieurs sont entrepris à cette époque puis sous Louis-Philippe, après qu’une tribune supplémentaire ait été ajoutée en 1824. Mais le style est très dépouillé, nous sommes en effet dans un temple. L’église et le cloître ont été classés en 1862.

    A la fin du XIXe siècle les bâtiments conventuels ont été transformés en école.
    Tout en restant un lieu de culte, ce site attire les mélomanes qui assistent aux nombreux concerts qui sont organisés dans l’église. Elle dispose d’ailleurs d’un orgue Mülheisen qui a 30 ans (cf notre article du 27 novembre 2012) et présente la particularité, avec ses 29 jeux, de permettre de jouer tous les styles de musique. Quant au cloître, il est fréquenté par les passants surpris de le trouver derrière les deux petites portes qui ouvrent sur la rue des Archives et attirés aussi par les expositions fréquentes qui s’y tiennent.

    Une bien curieuse histoire tout de même !

    Dominique Feutry