Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Religion

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    519461_un-camion-transportant-les-nouvelles-cloches-de-notre-dame-traverse-la-place-de-l-etoile-a-paris-le-31-janvier-2013Les camions transportant les nouvelles cloches de Notre-Dame

     

    Comme nous l’annoncions dans notre article du 21 novembre dernier, à l’occasion des festivités organisées pour le 850e anniversaire de Notre Dame, il a été décidé de changer une partie des cloches de la vénérable cathédrale afin de restituer l’ensemble, tel qui existait avant sa destruction, à la fin du XVIIIe siècle. Il faut savoir que 100 000 cloches ont été fondues à la Révolution pour fabriquer de la monnaie et des canons.

    Les 9 nouveaux carillons sont arrivés hier, 31 janvier à Paris, sur des camions escortés par des motards, de la Porte Maillot à Notre Dame où elles ont été accueillies par leurs « sœurs » en place sonnant à toute volée.

    L’ensemble pèse tout de même la bagatelle de plus de 23 tonnes. La plus grosse cloche (6 tonnes et 2 m de diamètre) fondue à Asten en Hollande sera installée à un endroit de la Tour Sud qu‘avait prévu Viollet-Le-Duc ! Elle rejoindra le Grand Bourdon, vieux de 330 ans, qui reste en service et que chacun s’accorde à dire qu’il est un des plus beaux d’Europe. Les 8 autres cloches ont été fabriquées en France, à Villedieu- Les-Poêles, l’ancienne capitale de la dinanderie dans le Manche, dans un four du XIXe siècle. Elles ont nécessité un an de travail. Elles sonneront dans la Tour Nord.

    Il est prévu qu’elles entrent en fonction en sonnant pour la première fois dans la Tour Nord où elles seront installées le dimanche des Rameaux. Rendez-vous donc le 23 mars prochain aux amateurs qui souhaiteront entendre pour la première fois l’ensemble campanaire tel qu’il tintait au XVIIIe siècle.

    Dominique Feutry

     

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    400px-Rue_de_Turenne_ancien_emplacement_statue_de_la_viergeNiche sans sa Vierge depuis juin 2011 à l'angle des rues de Turenne et Villehardouin (IIIe)

    Lorsque nous avons rédigé un article sur Marseille devenue en 2013 la capitale européenne de la culture (article du 5 janvier 2013), nous avons donné certaines caractéristiques concernant la ville sans citer parmi bien d’autres celle qui attire rapidement l’œil du touriste que parcourt les rues, à savoir la présence de nombreuses statues religieuses, le plus souvent représentant la Vierge dans des niches aménagées à cet effet dans les immeubles. Une sorte de multiplication à l’infini de la grande statue de Notre Dame de la Garde honorée par tous les habitants et les marseillais de cœur de toutes les religions. J’ai d’ailleurs eu le privilège de pénétrer à l’intérieur même de la Bonne Mère par l’escalier que cache sa robe et admirer, au travers de ses yeux, l’immense et unique panorama de Marseille et de ses environs.

    Si je parle de cette particularité de Marseille, c’est parce que nous la retrouvons de façon moins marquée dans d’autres villes, notamment à Paris. La seule différence est qu’à Paris les niches sont très souvent vides, la Révolution est passée par là, alors qu’à Marseille les statues sont toujours dans leur habitacle, même si elle a pu être remplacée au cours du temps. Sur la Rive Droite de la Seine les plus nombreuses sont dans le IIe arrondissement. On en trouve en effet face à Notre Dame des Victoires en face de l’église du même nom, rue Notre Dame de la Recouvrance, les femmes enceintes venaient la prier, ou rue Saint Sauveur à l’emplacement d’une église du même nom disparue.

    450px-Rue_Turenne-_Virgin_Statue           La même niche avec sa statue de la Vierge

    Le Marais a aussi ses statues de la Vierge. L’une d’elles, assez récente, est située au coin de la rue Aubriot et de la rue Sainte Croix de la Bretonnerie, on peut y lire d’ailleurs une mention inscrite « Ecce Mater Tua », ce qui veut dire Voici la Mère. Elle a été placée à cet endroit en 1936 par les Amis du Vieux Paris.

    Nous voudrions par contre attitrer l’attention sur une Vierge qui, jusqu’en juin 2011, trônait dans une jolie niche du XVIIIe, à l’angle des rues de Turenne et de Villehardouin. Malheureusement depuis le ravalement de l’immeuble durant l’été 2011, le logement de « Notre Dame de la rue de Turenne » reste désespérément vide. D’après le peu de renseignements que nous possédons, il s’avère que la copropriété a profité de ces travaux pour faire restaurer la statue, semble t-il  en plâtre, classée à l’ISMH et dont ce n’était pas la première remise en état.

    143907Statue en terre cuite à l'angle des rues Aubriot et Sainte Croix de la Bretonnerie (IVe)

    Mais qu’est –elle devenue ? Il est triste de ne plus voir « la jeune fille rieuse et couronnée qui saluait les passants » depuis son pied d’estale. Est –il prévu de la remettre ou d’en mettre une autre moins fragile ? Elle manque véritablement dans le paysage du quartier.

    Il est important que ces maigres témoignages du passé subsistent et que chacun s’emploie, lorsqu’il le peut, à ne pas les laisser disparaître trop facilement. Il est possible que l’un de nos lecteurs ait une réponse pour expliquer les raisons soit d’une attente qui nous apparaît longue, soit d’une véritable disparition. Mais alors qu’est devenue la Vierge de la rue de Turenne et où se trouve-t-elle ?

    Dominique Feutry

     

  •   St nicolas des champs autelSaint Nicolas des Champs, le maître-autel  

     

    "Marais-Quatre" et "Vivre le Marais !" s'associent pour vous proposer la visite superbe d'une église encore méconnue. Vous trouverez toutes les informations utiles ci-dessous. Dans l’attente de vous revoir, nous vous souhaitons à toutes et tous un très joyeux Noël et d’excellentes fêtes de fin d’année.

     

     Visite de l’église Saint Nicolas  des Champs

    jeudi 17 janvier  2013  à 14h00

     

    Rendez-vous devant le porche de l'église  au 254 rue Saint-Martin dans le IIIe arrondissement  (M° Arts & Métiers)

     

     "Marais-Quatre" et "Vivre le Marais !" vous proposent de commencer notre programme de visites de l’année 2013 par celle de l’église Saint Nicolas des Champs, abondamment citée dans le cadre de l’exposition « les Couleurs du Ciel » consacrée au XVIIe siècle qui se tient au musée Carnavalet  jusqu’au 24 février prochain, où il est recommandé « d’appréhender les œuvres dans le contexte architectural pour lequel elles ont été créées ».

    Cette église trop peu connue témoigne de son riche passé par sa taille imposante, les nombreux tableaux qu’elle renferme, ses chapelles peintes  dont certaines viennent d’être restaurées, ses orgues dues à Clicquot et surtout son maître autel, un chef d’œuvre unique peint par Simon Vouet qui a été sauvé des destructions de la Révolution.

    Merci de prévenir de votre venue Marie-Françoise Masféty-Klein par mail mfmk@free.fr ou par téléphone 01 42 72 61 41  et de prévoir une participation de 10 euros par personne.

    Nous aurons la chance d’être accompagnés dans  notre parcours par la conférencière :

    France de Saint Albin  

     

                        

    Nous vous attendons nombreuses et nombreux pour cette magnifique visite et vous adressons toutes nos fidèles amitiés.

     

  • Notre dame parvis vue du pont

      Parvis de Notre-Dame vu du pont (IVe)

    A l’occasion des 850 ans de Notre Dame (cf notre article du 5 octobre 2012), le parvis de la cathédrale sera transformé en « Chemin du Jubilé » et des espaces vont bientôt « sortir de terre ». Ainsi un beffroi (haut de 13 mètres) sera construit dans lequel pourront être admirés des vitraux du maître verrier Jacques Le Chevallier (1896-1987) qui a travaillé pour Notre Dame et aussi construit sa renommée sur la production de luminaires épurés.

    Des photographies et des documents historiques guideront les visiteurs sur un plan incliné qui les conduira sur une esplanade placée à 5 mètres du sol afin de pouvoir scruter de près les multiples éléments sculptés des trois portails d’entrée du célèbre monument. Des projections sont programmées et pourront être regardées des 800 places en gradin qu’il est prévu d’installer.

    Enfin plusieurs maisons seront dressées pour abriter des tailleurs de pierre, des facteurs d’orgue, des verriers ainsi que des associations caritatives. Une redevance sera versée à la Ville de Paris pour cette occupation de l’espace public durant une année. Elle est comprise dans le coût des différents travaux et événements prévus (estimés à 6 millions d’€). Les principaux étant la restauration des grandes orgues, la réfection de l’éclairage intérieurde l'édifice, l’amélioration de la muséographie des collections du Trésor de la cathédrale, des concerts avec la maîtrise de la cathédrale, des publications, des expositions, un congrès et surtout le remplacement des cloches.

    Conf061020122Le grand bourdon de Notre-Dame

    A ce sujet d’ailleurs selon certaines sources journalistiques, une polémique pitoyable se serait malheureusement déclarée entre une communauté religieuse désireuse de racheter les illustres cloches  pour les conserver et le recteur archiprêtre de Notre Dame partisan de les faire fondre, pour en faire des minicloches vendues comme souvenirs … Il est vrai que le remplacement des cloches dont le son n'est plus très bon nous dit-on, par des cloches fraîchement fondues, coutera fort cher.

    Le lancement du 850e anniversaire de la cathédrale est prévu le 12 décembre prochain et durera jusqu’au 24 novembre 2013. L’œuvre choisie pour le concert d'ouverture est celle des Vêpres de Monteverdi. Avis aux amateurs intéressés et peut-être que ces manifestations permettront de dépasser les 14 millions de visiteurs recensés chaque année en ce lieu. Ce qui n’est pas sans poser des problèmes de circulation, de stationnement, de propreté et de sécurité….

    Dominique Feutry

     

  • L'église de Saint Nicolas des Champs

     

    Située dans le IIIe arrondissement, dans un quadrilatère délimité par les rues Saint Martin, Cunin-Gridaine, Turbigo et Réaumur, l’église Saint Nicolas des Champs est toute proche dd la chapelle du Prieuré Saint Martin avec laquelle elle est souvent confondue. Ce dernier faisait partie du Prieuré Saint-Martin devenu aujourd’hui le Musée des Arts et Métiers.

    Bâtie au VIIIe siècle, la chapelle Saint Nicolas des Champs était destinée aux domestiques de l’abbaye.
    Reconstruite au XIe siècle, elle fut érigée en église paroissiale en 1184. Devenue trop petite, elle est reconstruite entre 1420 et 1480 dans le style gothique flamboyant que nous lui connaissons aujourd’hui.

    Agrandie au XVIe siècle, c’est de cette époque que date le splendide et rare portail qui se trouve rue Cunin-Gridaine. Il a été achevé en 1587 à partir de dessins de Philibert Delorme à qui l’on doit notamment la réalisation d’une partie du Louvre et du château d’Anet.
    L’édifice n’attire pas l’œil du fait de sa situation, il est malheureusement enchâssé derrière des immeubles Haussmanniens et très peu visible de la rue Réaumur de même que de la rue Turbigo les plus passantes. Pourtant sa taille est imposante, 90 m de long et 36 m de large contre 128 m et 40 m respectivement pour Notre Dame.

    Détail d'une peinture murale, Georges Lallemant (XVIIe siècle)

    Le clocher culmine à 32 m et l’église comporte un double déambulatoire intérieur bordé de 12 chapelles et hérissé de 100 colonnes ! Bien qu’exécutées à des périodes différentes, elles ont d’ailleurs toutes été cannelées afin de donner une unité à l’ensemble.
    Les marguilliers de l’époque entreprenaient des travaux au gré des finances plus ou moins florissantes dont disposait la Fabrique.
    Une importante restauration a eu lieu de 1823 à 1829. La maison qui lui est attenante du côté sud, datant de 1541, a été préservée.
    Fermée à la Révolution (1791), l’église est transformée en temple de l’hymen et de la fidélité dès 1793.

    Si beaucoup d’objets d’art qu’elle contenait ont alors été dispersés, l’œuvre majeure qui s’y trouve, le retable de l’Assomption de la Vierge peint par Simon Vouet en 1629, haut de 12 mètres, et orné de sculptures dues au célèbre Jacques Sarazin (qui a travaillé en autres pour Le Louvre et les châteaux de Versailles et de Chantilly) est restée en place. Il est un des rares vestiges de ce type à Paris toujours à son emplacement d’origine. Certains témoins de l‘époque ont affirmé que lors de la venue du Commissaire de la République chargé de faire saisir les biens de l'église, l’organiste Antoine Desprez qui veillait sur son instrument a eu l’idée de jouer la Marseillaise, ce qui a eu pour effet d’annihiler toute velléité de destruction.

         Le retable de l'Assomption de la Vierge de Simon Vouet et Jacques Sarazin          

    Lorsque le visiteur pénètre dans l’église, il comprend, face à la richesse exceptionnelle du patrimoine qui s’y trouve, certains n'hésitent pas à dire qu'elle regorge d'oeuvres d'art, que ce lieu a pleinement bénéficié du renouveau spirituel du XVIIe siècle. D'importantes et très rares fresques datant de cette époque ornent des chapelles, certaines ont été restaurées récemment. Les peintures sur toile ou panneaux très nombreux sont accrochés dans les chapelles et sont dues aux peintres célèbres d’alors comme Jacques Stella, Claude Vignon, Georges Lallement ou Nicolas Coypel auteur d’une magnifique Adoration des Bergers. Mais les XV, XVI, XVIII et XIXèmes siècles sont eux aussi bien représentés. Citons deux oeuvres italiennes de premier ordre, le panneau peint de la Sainte Conversation réalisée en 1520 par Amico Aspertini ou la Circoncision de Batistta Trotti exécutée à la fin du XVIe siècle.

        Le baptême de Jésus de Gaudenzio Ferrari (XVIème siècle)

    La statuaire est aussi de grande qualité, la "Vierge présentant l'Enfant Jésus" en marbre de François Nicolas Delaistre fut commandée par Louis XVIII et exécutée en 1817. Elle fait partie des plus belles pièces exposées, de même que les atlantes en bois qui ornent le dessous de la tribune de l'orgue.
    Les orgues sont présentes à Saint Nicolas des Champs depuis 1418 et ont été plusieurs fois reconstruites. L'instrument actuel est dû au célèbre facteur Clicquot. Il comporte des parties des XVII, XVIII et du début du XXe siècles. Son buffet est un des plus beaux de Paris. Louis Braille fut un des titulaires.

    Les grandes orgues vues du choeur

     Parmi les personnages célèbres qui ont fréquenté l'église, citons Louise de Marillac qui a trouvé en ce lieu sa vocation (1623) et fonda la Congrégation des Filles de la Charité.
    Nombre de célébrités comme le mathématicien, philosophe et astronome Gassendi, Guillaume Budé à l'origne de la création du Collège de France, Mademoiselle de Scudéry et des représentants de familles connues comme les Ormesson, La Bruyère, Rochechouart sont inhumés dans l'édifice.

    Il existe tant d'oeuvres rares à admirer que nous ne pouvons pas toutes les citer. Nous vous annoncerons prochainement les dates de la visite guidée qui sera organisée à cet effet et vous permettra de découvrir ce lieu trop souvent oublié des touristes et de parisiens. Enfin, fait exceptionnel, Saint Nicolas des Champs est abondamment citée dans le cadre de l'exposition qui vient de débuter au Musée Carnavalet: "Les couleurs du ciel. Peintures des églises de Paris au XVIIe siècle".
    Gageons aussi que des travaux significatifs pourront être entrepris afin de restaurer et mettre en valeur ce monument chargé d'histoire au patrimoine unique.

     Dominique Feutry

     Intéressé par l'association : Cliquer ICI

     

  • Notre-dameNotre-Dame vue du chevet, et un bras de la Seine sous un ciel façon Eugène Boudin

                          

    Le IVe n'est pas seulement, tant s'en faut, la fête débridée que le Maire de Paris Bertrand Delanoë est venu célébrer le 2 octobre à la mairie d'arrondissement et qu'il semble parfois appeler de ses voeux, afin  d'exaucer ceux des marchands de bière.

    Le IVe, c'est la cathédrale Notre-Dame de Paris, l'Hôtel-Dieu, l'Hôtel de Ville, le Centre Georges Pompidou, l'Ïle Saint-Louis, la place des Vosges et bien d'autres sites qui lui valent d'afficher le record prestigieux de 10 milions de visiteurs par an.

    Demain samedi 6 octobre, journée exceptionnelle. A partir de 14h30, on célèbre les 850 ans de notre cathédrale avec l'annonce d'un livre exceptionnel : "Notre-Dame de Paris, la grâce d'une cathédrale". Un livre qui va faire référence pour tous les amateurs d'art et d'histoire. Cinquante auteurs ont contribué. Ils seront présents pour la dédicace, ainsi que le cardinal André VINGT-TROIS.

    Gérard Simonet

    Détails de cet évènement : cliquer iCI

    Intéressé par l'association

     

     

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    Façade de Saint Eloi des Barnabites devenue celle des Blancs-Mateaux

     

    Sur ordre de Saint Louis qui revenait de la première croisade, une église dans le style de la Sainte Chapelle et un couvent sont construits en 1258 sur le site actuel de l’église des Blancs Manteaux. Le lieu est destiné à l’ordre mendiant des Serfs ou servites de Marie dont les membres qui portent un manteau blanc suivent la règle de Saint Augustin. Quelques années plus tard, l’ordre, comme tous les ordres ermites, est supprimé par Grégoire X et les bénédictins de Saint Guillaume de Maleval dits aussi « guillemites » leur succèdent. Bien que portant une robe noire, ils continuèrent à s’appeler Blancs Manteaux. Une nouvelle église consacrée en 1397 remplace l’édifice existant. A la suite du Concile de Trente, les guillemites, resté un petit ordre, est réformé par les bénédictins de Saint Maur. Les nouveaux moines qui arrivent ensuite entreprennent en 1685 la construction d’une église plus grande et le couvent est rebâti. Le monastère devient alors un centre d’érudition qui comprenait des bâtiments importants et des jardins. L’église actuelle est le seul « vestige »  de l’ancien couvent. En effet en 1790, le couvent est fermé. La bibliothèque est saisie et devient un des fonds importants de la Bibliothèque Nationale (estimé à 20 000 volumes) et des Archives Nationales. Quant à l’église et au cloître, ils furent vendus en 1796 et 1797, le monastère a été détruit après avoir servi de garnison et l'annexion de certains bâtiments par le Crédit municipal (appelé alors Mont de Piété), nouvellement installé à cet endroit. Le presbytère reste un rare témoin des bâtiments conventuels.

    Le Concordat transforme l’église conventuelle en église paroissiale à partir de 1802.

    De l’extérieur, venant de la rue Aubriot, la façade est très sobre. Il est difficile d’imaginer qu’elle était celle d’une autre église détruite par Haussmann dans l’Ile de la Cité, Saint Eloi des Barnabites, datant du début du XVIIIème siècle. Démontée pierre par pierre, elle a été remontée par Baltard, une huitième travée étant alors adjointe à l’édifice. C’est seulement en 1929 que la fontaine du monastère datant de 1719 est remontée le long du mur de l’église donnant sur le square Charles Victor Langlois.


    Vue interieure de l'église

    A l’intérieur de l’édifice tout le mobilier a été acquis par la paroisse et les curés qui se sont succédé durant le XIXème siècle. Plusieurs pièces présentent un intérêt.

    Les stalles sont du XVIIème et proviennent de l’ancienne église Notre Dame de Lorette et de celle de Sceaux. Les piliers au-dessus de ces stalles et le mur à l’arrière de l’autel sont habillés de précieuses boiseries du XVIIIème magnifiquement sculptées. Les balustrades qui ferment le choeur sont somptueuses, elles sont décorées de rinceaux et de coquilles, elles ornaient autrefois le château de Bercy détruit en 1861 (quelques pavillons sont encore visibles à Charenton le Pont). La chaire est remarquable et unique, il s’agit d’un travail flamand, toute en marqueterie de bois d’ivoire et d’étain qui représente des scènes bibliques.


    La chaire flamande toute en marqueterie

    Le grand orgue a été construit en 1831. Il repose sur des piliers carrés ornés de panneaux sculptés XVIIéme ayant la même provenance que ceux du chœur. Après plusieurs agrandissements et restaurations, l’instrument est endommagé par des bombes allemandes en 1944. Ce n’est qu’en 1968 qu’il est rendu au culte après un premier relevage, un second ayant eu lieu en 1991. Paris dispose incontestablement avec cet orgue d’un grand instrument, souvent qualifié de « caractère nordique ».

     

    Dominique Feutry

     

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                                         Portail d'entrée de la synagoge

     

    Au 10 de la rue Pavée (IV ème arrondissement) qui tire son nom du fait qu’elle fut la première à être pavée, se dresse une haute et étroite façade qui tranche avec l’aspect des immeubles environnants. De longs pilastres (similaires à ceux que l’on trouve sur un immeuble situé au 10 rue de Bretagne (IIIème arrondisement)) et d’étroites fenêtres l’habillent. Nous sommes devant un bâtiment étonnant, de style art nouveau, de l’architecte Hector Guimard (voir notre reportage du 13 novembre 2011 sur les ouvrages de cet architecte hors du commun à Paris).

    L’ensemble est construit tout en longueur mais il est difficile de l’imaginer si l’on n’entre pas à l’intérieur. La largeur du monument est de 5 m et sa longueur de 23 m. Le célèbre architecte a donc dû ruser pour tenir compte de ces contraintes. Lorsque nous sommes face à l’entrée, l’architecture est plutôt sobre et « ondulante », un peu écrasée par l’enclavement dans la rue. C’est ce qui explique aussi sa hauteur (12 m).

     

      La  façade "ondulante" de la synagogue

     

    Elevée en 1913, au travers d’une association émanant de plusieurs sociétés israélites orthodoxes d’origine russe et présidée par Joseph Landau (courtier aux Halles), la synagogue de la rue Pavée est de rite ashkénaze. Sa construction devint nécessaire face à l’afflux d’immigrés juifs d’Europe de l’est qui fuyaient la révolution russe mais se trouvaient exclus des structures juives françaises. Elle a été entièrement financée sur fonds privés et par une souscription. Guimard a été choisi par la nièce du fondateur de l’association. Celle-ci deviendra d’ailleurs son épouse, quelques années plus tard. Plusieurs propositions de façades ont dues être faites car l’architecte de la Ville de Paris les rejetait les unes après les autres. Des matériaux modernes tels que la pierre agglomérée creuse et une armature en béton armé ont été utilisés.

     

                                            Intérieur de  la synagogue

    L’intérieur où l’espace culte est à l’arrière, l’avant étant occupé par des bureaux et des salles de cours, est formé de deux étages en mezzanines de chaque côté de la travée centrale. Quant à la nef, elle est illuminée par les lumières qui arrivent des verrières du plafond et de la baie vitrée du mur du fond de l’édifice. Guimard a aussi été chargé de dessiner le mobilier (bancs, chandeliers, luminaires, garde-corps en fonte), le dessin des bancs reprend le mouvement de la façade et ils sont ornés du même triangle que celui qui figurait à l’origine au-dessus du porche d’entrée. Il a été remplacé par l’étoile de David lors de la restauration qui a été entreprise après le dynamitage qui s’est produit en 1941 lors de la veillée du Yom Kippour.

     

    Détail d'une mezzanine et du garde-corps

    Ce monument classé, ainsi que le mobilier, depuis 1989 est le dernier lieu de culte construit dans le Marais, le seul conçu par Hector Guimard et le seul ne dépendant pas du Consistoire. Malheureusement, il n'est pas signalé devant le monument qu'il est l'oeuvre de ce grand architecte et les visites ne sont possibles que lors des Journées du Patrimoine. Le détour s’impose d'autant plus à cette date.

    Dominique Feutry

     

     

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    Façade du 5 rue Payenne

     

    En plein cœur du Marais, au 5 de la rue Payenne, à deux pas du musée Carnavalet, jouxtant le Centre Culturel Suédois, se trouve un immeuble du XVII ème siècle remanié au début du XXéme siècle dont la fonction est inattendue.

    La façade est sobre, quelques agréments attirent cependant l’œil,  un buste une inscription et deux laques constituant une sorte de rébus à l’adresse du passant. Le buste est celui d’Auguste Comte. L’inscription en grosses lettres est la suivante : « Religion de l’Humanité. L’amour pour principe et l’ordre pour base, le progrès pour base ». La première plaque rappelle que le célèbre François Mansart habita à cet emplacement durant les vingt dernières années de sa vie. La seconde près de l’entrée indique qu’il s’agit de la Chapelle de l’Humanité.

    Nous sommes effectivement en présence d’un édifice religieux, le seul en France et même en Europe dédié au positivisme dont le fondateur est Auguste Comte (1798-1857). Trois autres édifices ayant la même fonction existent, ils sont tous situés au Brésil.

    Buste d'Auguste Comte

    Très influencé par Saint Simon dont il fut un temps le secrétaire, Auguste Comte est le père du positivisme, une doctrine ou philosophie qui rejette tout ce qui tient du métaphysique ou du théologique, au profit de l’expérience la seule manière de vérifier ses connaissances, d’affirmer une vérité. Cela l’a conduit à vouloir réorganiser la société. Influencé par son égérie Clotilde de Vaux, il a ensuite érigé le positivisme en une religion sans dieu dont le culte est l’Humanité constituée uniquement de « l’ensemble des êtres passés, futurs, et présents qui concourent librement à perfectionner l’ordre universel ».

       

                Intérieur de la chapelle                     Arcs brisés et personnages illustres

    En fait la chapelle, aménagée en 1903 par des mécènes positivistes brésiliens, est située au premier étage. Elle respecte les plans de son inspirateur. Elle est toute à la gloire du philosophe. Très semblable à une église catholique, un autel imposant surmonté d’une fresque représentant une femme (l’humanité) avec un enfant (l’avenir) dans ses bras fait face à l’entrée. Sur le pourtour sont disposés des arcs brisés dans lesquels sont peints des personnages illustres (Homère, Descartes, Dante, Shakespeare et même Charlemagne). Ils représentent le calendrier élaboré par notre philosophe comportant 13 mois lunaires de 28 jours.

    Il importe de noter que la pensée d' Auguste Comte a trouvé écho au Brésil au point que sa devise « Ordre et progrès » figure sur le drapeau du pays!

    Cet endroit confidentiel est donc très particulier, inattendu. Il apparaît comme une véritable bonbonnière, résumé de toute la pensée d’un homme. Il est classé monument historique depuis 1982.

    Rarement ouvert au public, il est possible néanmoins de visiter le lieu lors des journées Nomade ou sur rendez-vous. Contacts tel : 01 43 26 08 56 ou augustecomte@wanadoo.fr

    Dominique Feutry

     

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      Jean baptiste face
    Jean le Baptiste, "l'homme qui crie dans le désert". Selon Marc, l'évangéliste, "Jean portait un vêtement fait de poils de chameau et une ceinture autour de la taille. Il mangeait des sauterelles et du miel sauvage"

     

    L'actualité dans le IIIe est en ce moment dominée par l'affaire John Galliano et l'inauguration de la Gaîté Lyrique. Ces évènements étant largement couverts par la presse papier et audio-visuelle, nous avons choisi de consacrer cet article à un sujet plus intime, relevant de l'art et du sacré : les vitraux anglais de Sainte Elisabeth.

    Le vitrail ci-dessus est l'une des trois verrières de Williams Collins, qui datent du début du XIXème siècle. A côté de deux autre verrières de même facture, qui représentent Joseph, l'époux de Marie et Jean l'évangéliste, elle est l'un des trésors de Sainte Elisabeth. 

    On peut admirer le réalisme du personnage, son regard qui châtie et le ciel chargé où perce une lumière divine qui annonce l'apparition prochaine de celui qu'il attend comme le sauveur.

    On trouve dans cette église, qui se situe 195 rue du Temple (IIIe), en plus de ces vitraux, une "pietà" du XIV siècle en bois, de magnifiques stalles qui représentent, sur une série de bas-reliefs, des scènes caractéristiques de l'ancien et du nouveau testament de la tradition chrétienne, un orgue monumental et, détail intéressant, deux peintures émouvantes de l'enclos du Temple, pour ceux qui regrettent sa disparition, la porte et l'église.          

    Temple porte tableau Temple église tableau

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Deux témoignages du Temple, à deux cents ans d'intervalle : la Porte et l'Eglise (pour agrandir, cliquez dans les images).

                                                                                                                                      

    Trois autre verrières avaient été commandées et exécutées dans un premier temps. Elles représentaient la Foi, l'Espérance et la Charité. On les a "égarées" autour de 1895 et personne ne sait aujourd'hui où elles sont. C'est devenu un grand défi de retrouver leurs traces.

    Dominique Sabourdin-Perrin vit dans le IIIe. Elle milite pour la restauration des trois vitraux de l'église et s'efforce de lever des fonds dans ce but. Elle en parle mieux que personne. Les amateurs d'art et d'histoire liront avec intérêt son texte de présentation.