Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Société

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    Partial, partisan et tronqué, tels pourraient être les adjectifs qui caractérisent le contenu du rapport rédigé sur commande du Ministre des Affaires Étrangères, et intitulé « Pôle d’excellence touristique : 22 mesures pour faire de la vie nocturne un facteur d’attractivité à l’international ».

    Nous nous sommes en effet procuré ce pensum à la gloire des fêtes nocturnes en France mais surtout à Paris, rédigées par des experts dont nous avions révélé qu’ils comprenaient des industriels de la nuit et les représentants  de l ‘AMUON, cette association qui emploie les "Pierrots de la Nuit".

    Dès les premières lignes le décor est  posé,  « notre offre nocturne »  est-il écrit  « répond aux attentes du marché français … », « il faut opérer une véritable révolution dans les mentalités afin que l’offre nocturne ne soit plus seulement tolérée mais pleinement  considérée et valorisée par les élus nationaux et locaux… » ?  Et d’ajouter « Les actions des associations de riverains  à l’encontre des organisateurs d’évènements ou gérants d’établissements sont particulièrement dommageables, et ce alors que ces organismes ne représentent les intérêts que d’un faible nombre  d’usagers ».

    Ces propos totalement gratuits et non étayés amènent d’ailleurs la confusion car s’il est question dans le corps du rapport de développer une marque, un label  « Qualité Tourisme » (sous couvert du GIE Atout France, l'Agence de développement touristique de la France, opérateur de l'État dans le secteur), cela se ferait, est-il ajouté, « en bonne intelligence avec l’environnement immédiat »  des établissements ?

    Comme attendu les mêmes exemples de villes modèles, celles « qui ne dorment jamais », une comptine bien huilée et mille fois racontée,  sont citées. Vous avez deviné, il s’agit de  Barcelone et de Berlin dont on sait que les habitants intoxiqués des fêtes nocturnes  sont au comble du désespoir. En France, Bayonne a la réelle faveur des rédacteurs impressionnés de ce qui s’y passe…Quand aurons- nous une feria dans les rues de Paris ? A noter que relativement aux villes étrangères, seuls des représentants de Rotterdam et de Milan ont été auditionnés pour ce rapport mais leur fonction n’y est pas déclinée ?

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    Le jargon employé peut paraître bluffant avec les  « city breakers », le « cluster », le « good France » et autres, sans oublier la sempiternelle « intelligence artificielle » et le mélange confus entre « opéra, salles de concerts, clubs- bars, restaurants » etc .

    Viennent ensuite les 22 propositions qui vont de l’élargissement des horaires des promenades en bateau sur la Seine en passant par « l’ouverture des lieux publics au privé » (sans qu’un quelconque endroit soit cité), ou la « mise en place d’un site web multilingue pour la promotion de la vie nocturne », ou bien « la mise en lumière de l’espace public ». Autre singularité, afin « d’encourager l’internationalisation des dispositifs de prévention et de médiation dédiés à la vie nocturne »,  il faudra désormais être polyglotte pour intégrer le corps des pierrots de la nuit.

    L’aménagement urbain n’est  pas oublié dans la longue liste d’actions proposées,  « favoriser la prise en compte de la dimension nocturne dans l’emménagement urbain… »,  c’est-à-dire plus de bus, plus de métro avec des horaires élargis, plus  de navettes  privées et des plans de métro et de bus indiquant spécifiquement les quartiers réputés (traduire de fête) pour la vie  nocturne… Deux phrases résument ces demandes, « inclure l’activité nocturne dans le PLU » et « étendre les horaires de nuit des sites culturels et magasins en zone touristique » ?

    Cerise sur le gâteau, la demande « de mesures réglementaires plus favorables à la vie nocturne… »… pour «…rassurer les investisseurs » !  C’est-à-dire attribuer aux établissements  des autorisations  d’ouverture de nuit  plus longues et créer une clause d’antériorité pour protéger les établissements des recours abusifs ! Difficile de ne pas deviner qui serait ainsi  visé ?

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    Le permis à points est toutefois préconisé de même que l’occupation de l’espace devant les Grand et Petit Palais qui serait dédié à la nuit, préconisation de Christophe Girard, seul maire d’arrondissement auditionné,  l’endroit en effet ne comporte pas d’immeubles d’habitations.

    Les subventions versées ne sont pas abordées mais il est toutefois suggéré que le fonds de financement du tourisme  créé par la BPI (Banque Publique d’Investissement)  étende son champ d’action au tourisme nocturne.

    Ce rapport a de quoi inquiéter encore davantage les riverains. Instiller partout et par tous les  moyens (ce rapport en est un) l’idée que Paris ne pourrait plus être une capitale digne de ce nom  sans vie nocturne  est une notion totalement fallacieuse, une pression indigne auprès des élus et de ceux qui le croient, une  course en avant à marche forcée dont le seul but est de remplir le tiroir-caisse de quelques privilégiés.

    On a peine à imaginer que le Ministre des Affaires Étrangères, fort d’une longue expérience des affaires publiques, puisse cautionner ces travaux par trop parcellaires et orientés. En effet  les habitants sont passés à la trappe, les dégâts  collatéraux relatifs à la santé (nuisances sonores, insomnie, souffrance psychologique, montée de l’alcoolisme, drogue …), l'insécurité et la malpropreté sont tout simplement ignorés.

    La copie est à revoir !

     

  • BacchusBacchanales : c'étaient des fêtes de la mythologie célébrées dans l'Antiquité. Liées aux mystères dionysiaques, elles se tenaient en l'honneur de Bacchus, dieu du vin, de l'ivresse et des débordements en tout genre.
     

     

    Le week-end qui vient de s'écouler concentrait dans notre quartier une longue liste de manifestations attirant nombre de curieux qui repartent du Marais avec l'impression qu'il devient un immense champ de fêtes et non plus, comme il a été rabâché à tort, un quartier musées. 

    Mais parmi tout cela, que fait-on des habitants  qui subissent plus qu'ils ne participent à ces festivités dont ils vivent mal les conséquences imposées et maintes fois dénoncées dans nos colonnes ? Les élus paraissent bien insensibles à leur qualité de vie, même lorsque une échéance électorale est proche ?

    Parmi les nombreux messages qu'a reçus "Vivre le Marais !", l'un d'eux émanant d'une habitante de la rue de Bretagne résume à lui seul le ressenti, et disons le, le ras le bol des riverains qui ont dû supporter cette inflation de fêtes durant tout le week-end. Nous le reproduisons in extenso :

    "Aujourd'hui, nous avons vécu et vivons encore l'enfer, entre le carreau du Temple, ses camions et ses odeurs, la brocante de la rue Rambuteau et la journée sans voiture. Où est l'hygiène dans toutes ces manifestations ?

    Ce matin, il y avait un container qui débordait de sacs pleins derrière le Carreau du Temple, du verre cassé partout, rue de Bretagne, Dupetit-Thouars, Picardie, seulement balayé vers 11 h du matin. La Mairie ne peut ignorer qu'on voit des rats dans les rues…

    Un orchestre dans le jardin avec des musiques qui émettent des vibrations, raison pour laquelle nous avons refusé de conduire ma petite fille de 2 ans dans le square du Temple. Il est 18 h et je ne peux travailler intellectuellement par le bruit d'une musique ininterrompue, si on peut appeler cela musique !

    J'ai essayé de sortir mon chien, il est tout petit. Impossible de le poser par terre en raison de la foule, sans compter les planches, vélos…  Est-ce que les gens de la Mairie de Paris ont conscience des nuisances qu'ils infligent aux résidents ? Il faut arrêter de vivre dans l'utopie et de réaliser des rêves de show bizz parce qu'on a le pouvoir et qu'on veut gagner les élections, de l'argent ou vivre dans un fête perpétuelle.

    C'est inconvenant vu les évènements qui se passent dans le monde. Notre quartier n'est pas une esplanade pour faire la fête et je n'ai pas envie de déménager."

    Nous ne ferons aucun commentaire sur ce texte que se suffit à lui-même…et devrait nourrir les réflexions de nos élus !

     

  • 1--IMG-2280Magasin "Eataly" à Milan (Photo Lucca Massaro)

     

    La presse du 24 octobre 2015 confirme cette information qu'un mégastore « mi-épicerie mi-restaurant » "Eataly" ouvrirait bientôt dans le Marais, mais en 2018 avec une surface de vente de 4.000 m2. Un permis de construire vient d’être déposé après la signature d’un accord entre les deux groupes. L'entreprise turinoise a accepté que les Galeries Lafayette deviennent pour l’occasion son partenaire exclusif dans l’hexagone.

    Vente de produits frais, dégustations, différents  restaurants, cours de cuisine pour grands et petits  sous le même toit, le concept créé par la famille italienne Farenetti, qui voilà 10 ans était encore aux manettes d’un groupe d’électroménager, plait partout où il est implanté. Ce sont désormais 30 magasins qui sont ouverts dans le monde dont un tiers en Italie et le groupe ne compte pas s’arrêter là.

    Dès que les autorisations seront obtenues, les travaux pourront démarrer. Ils dureront deux ans.

    Décidément notre quartier n’arrête pas de se transformer. Mais avec ce mégastore c’est une forme de commerce de proximité d’un autre type qui fait son apparition.

    Rappelons que la rue Sainte Croix de la Bretonnerie a aussi  été retenue pour une autre implantation d’importance, celle du plus grand magasin « Nature et Découvertes » (notre article du 12 avril 2015). Les travaux ont démarré depuis plusieurs mois déjà.

    Dominique Feutry

     

  •    1024px-ParisPedestrianStreetCul-de-sac

    La rue du Trésor (IVe) peu après son réaménagement  

     

     

    Le collectif des riverains de la rue du Trésor (IVe) s’organise et agit face aux dégradations multiples que la habitants subissent (voir notre article du 16 septembre 2015 ).

    Un courrier rédigé par un collectif d'habitants, abondamment distribué dans  le quartier,  a été adressé aux élus (maire d’arrondissement, député, conseiller de l’opposition Vincent Roger, le commissaire central de police du IVe, le sous-directeur du permis de construire et du paysage de la rue de la Direction de l’Urbanisme).

    L’objet de cette missive est l'« Ouverture programmée d’un nouveau restaurant au 10, rue du Trésor »

    Le courrier rappelle combien les habitants de la rue du Trésor ont une longue expérience de la vie en collectivité avec les restaurants implantés dans le secteur, les riverains rappellent tout le travail accompli par le passé avec la Maire de l’époque, Dominique Bertinotti et tous les acteurs concernés, y compris les résidents pour aménager la rue.

    Mais hélàs aujourd'hui force est de constater que les nuisances ne cessent de progresser, au point que certains riverains ont préféré abandonner les lieux. L’extension des terrasses, les empêchements constatés en matière de circulation piétonne dans l’impasse et ses allées parallèles, les dégradations observées sur les espaces verts deviennent de véritables motifs d’inquiétude et de mécontentement pour les habitants. La majorité des accotements sont occupés par les chaises et les tables des restaurants. Le croisement de voitures, de camions de déchargement, de piétons et deux roues incompatibles avec les exigences de sécurité, y est incessant.

     

    20150923_120945Les véhicules stationnent à touche touche sur la seule voie de la chaussée de la rue du Trésor (IVe) (PhotoLM)

     

    Comme toujours dans ces situations, le déséquilibre, entre le temps imparti au sommeil et celui officiellement dévolu à la fête, est patent. Entre la fermeture des restaurants à 2 heures du matin et le passage des camions poubelles ou de nettoyage entre 6 et 7 heures, les résidents peuvent espérer se reposer … dès lors qu’ils ne sont pas dérangés en plein sommeil par des clients avinés.

    Les questions de propreté sont elles aussi soulignées,  plantations jonchées de serviettes en papier, de pots à glace, de notes de restaurant, de mégots de cigarettes qui restent ainsi à la vue des touristes et des résidents jusqu’à l’intervention des agents municipaux en charge des espaces verts.

    Le Marais, avec tous les investissements consentis par les pouvoirs publics et les riverains, d’abord pour le rénover puis pour le maintenir à niveau (mise en place de nouvelles poubelles, augmentation de la fréquence de passage des services de la propreté, ravalement des immeubles …) ne mérite t-il pas bien mieux ?

    Et dès le matin les nuisanecs reprennent de plus belle : symphonie de fûts de bière et de bonbonnes de gaz, dans la journée les odeurs de cuisine envahissent les cages d’escaliers, les musiciens et danseurs de rue prolifèrent. En stationnant, les véhicules de livraison ou de particuliers encombrent la voie qui constitue pourtant le seul moyen pour les pompiers d’accéder aux immeubles.

    Les habitants de la rue du Trésor réclament le droit de vivre en harmonie, comme les autres parisiens, dans un quartier sachant préserver les grands équilibres.

    La mono-activité au cœur de l’impasse est flagrante. L’idée que le phénomène puisse se poursuivre est objectivement absurde, et pour les habitants insupportable.

    Les habitants de la rue du Trésor demandent que les élus de l’arrondissement, de la mairie de Paris et autres personnes concernées prennent la mesure de la situation et agissent en conséquence afin de faire barrage à l’ouverture d’un nouveau restaurant dans la rue du Trésor.

    Ils attendent avce impatience leurs réactions  et ne comptent pas abandonner de si tôt le combat pour défendre leur rue.

     

  • Paris Marais rue du trésor 2 © Nicolas JacquetLa rue du Trésor (IVe) alors encore intacte (Photo Marais secret et insolite)

     

    La rue du Trésor (IVe) qui faisait la fierté de ses habitants, de la Maire d’arrondissement à l’origine de son aménagement actuel et de tout un quartier, subit peu à peu les dégradations constatées malheureusement  dans bien des endroits du Marais et de la capitale. 

    Non seulement l’entretien n’est plus à la hauteur du lieu et de son agencement si particuliers avec une végétation luxuriante qui demande quelques soins, mais les terrasses de la plupart des bars et restaurants qui la longent sont en débordement constant sur le périmètre alloué. Certaines allant jusqu'à empiéter sur les parties plantées. Le trottoir a été annexé purement et simplement. N’oublions pas non plus les nuisances sonores de jour comme de nuit accentuées  par les musiques de groupes non autorisés qui s’installent pour  distraire consommateurs et passants dans un brouhaha insupportable.

    Est-ce là la rançon d’avoir laissé croître une  mono activité au détriment d’activités diversifiées et plus équilibrées… ?

    Et que dire de la saleté qui s’installe. Une photographie que nous reproduisons ci-dessous illustre à elle seule le phénomène.

      20150913_182842L'entrée de la rue du Trésor aujourd'hui : un mini dépôt d'ordures, une partie de la végétation ayant disparu (Photo LM)

     

    N’ayons pas peur des mots, nos rues sont de plus en plus outragées et la passivité dont font preuve ceux dont la fonction est pourtant d’empêcher cette dérive est consternante. La rue Rambuteau, autre exemple, refaite à grands frais l’an passé est devenue « dégoûtante », certaines parties des trottoirs sont encrassées et « graisseuses »,  des pots non autorisés et inadaptés installés par des commerçants fleurissent ici ou là, des branches d’arbres sont cassées et plusieurs grilles en métal à leur pied défoncées quand certains potelets sont sectionnés … 

    N’y a-t-il pas lieu à concentrer une partie des dépenses de la ville à corriger ces évolutions  inquiétantes  qui vont crescendo plutôt que de les consacrer à l’opération dite « budget participatif » (notre article du 4 septembre), les  projets retenus risquant de subir le même sort que les aménagements mentionnés ci-dessus ? 

    Les habitants sont  inquiets, ils n’acceptent plus de subir cette montée des nuisances, une régression rampante. Ils  ne resteront certainement pas muets et inactifs.   

    Dominique Feutry  

     

  • AssocAvec l'aimable autorisation du dessinateur Alain Trez

     

    Dans un article du 15 juin 2015, nous avons qualifié de "tonneau des Danaïdes" les subventions dont la Mairie de Paris nourrit les associations ; celles qu'on peut qualifier "d'institutionnelles" car elles ont un rôle social indiscutable mais aussi celles, et elles sont nombreuses, dont l'utilité ne saute pas aux yeux car les raisons du privilège dont elles bénéficient, souvent d'ordre électoraliste, sont inconnues du grand public.

    Par souci louable de transparence, l’État publiait le 17 juillet 2006 un décret n° 2006-887 qui fait obligation aux villes de plus de 3.500 habitants de communiquer sur Internet la liste nominative des subventions versées chaque année aux associations. La Mairie de Paris s'y est pliée. Jusqu'à cette année 2015…. où l'information s'avère désormais introuvable.

    Notre association en a saisi le Préfet de Paris Île-de-France. Le Bureau des affaires juridiques nous informait le 28 août que Mme Hidalgo avait été rappelée à l'ordre, en ces termes :

    "Je vous informe qu'à la suite de votre saisine du 17 août dernier, j'ai saisi Madame la maire de Paris de la difficulté que vous rencontrez dans l'accès en ligne à la liste des associations ayant bénéficié d'une subvention de la part de la municipalité et lui ai demandé de se mettre en conformité avec la réglementation qui prévoit que cette liste doit être publiée.
    Cordialement.
    Préfecture de Paris et d'Ile-de-France
    Mission des affaires juridiques
    Bureau du contrôle de légalité et du contentieux".

    On attend de voir si la Maire obtempère.

    Indépendamment de cette obligation de publication, l'ordre du jour des conseils de Paris qui se tiennent chaque mois fournissait le détail des subventions dont l'attribution est soumise au vote. A plusieurs reprises nous avons signalé à nos lecteurs ces ordres du jour en dénonçant l'avalanche des subventions, qui pèsent sur nos impôts.

    Nous découvrons aujourd'hui une autre manipulation : les propositions de subventions sont maintenant regroupées et en somme traitées "à la pelle". Exemples extraits du conseil de Paris des 29-30 juin et 1er juillet 2015 DJS 19 : Subventions 35.900 euros à 14 associations sportives locales du 19e – ou bien  2015 DDEEES 126 : Subventions 2.000.000 d'euros et convention avec divers organismes pour la création d'espaces de coworking étudiants – entrepreneurs).

    Nous dénonçons ces tentatives d'enfumage qui ne font qu'accentuer notre suspicion et nous répétons que le chiffre estimé de 350 à 400 Millions d'€ de subventions par an aux associations doit être revu et sensiblement réduit. Nous attendons des candidats aux prochaines élections régionales qu'ils prennent des engagements écrits dans ce sens.

    Jean-Claude Théodart

     

  •   Spring
    Place de la République, vestiges de la manifestation "Charlie" (Photo "Spring in Paris – WordPress")

     

    Dans une lettre du 20 juillet dernier, le Maire du IIIe arrondissement Pierre Aidenbaum, fort des nombreuses plaintes qu’il a reçues de riverains et de commerçants, attire l’attention de la Maire de Paris sur  «… les nuisances sonores engendrées par la succession de concerts organisés place de la République… ».

    Dressant la liste des événements qui se sont déroulés sur la place depuis le printemps, y compris des manifestations, il souligne combien ceux-ci, de jour comme de nuit, sans oublier les nuisances dues aux montages et démontages des installations insupportent au plus haut point habitants et salariés concernés. Il demande à la Maire de Paris en associant les maires des autres arrondissements riverains de «…réétudier la politique sur la validation des concerts sur la place…» en ajoutant qu’il faut «… une occupation équilibrée de la place …».

    Il est vrai que la place de la République n’est plus que l’ombre de ce qui était pourtant attendu lors de sa restauration longue et coûteuse. Nous reprendrons les propos d’un riverain qui nous a écrit à son sujet et décrit la situation telle qu’elle est.  «… Cette place était un lieu de rencontre, de discussion, d'échange. La place de la palabre calme et enjouée. Un magnifique terrain de jeu pour tous les âges et dans la bonne humeur et  le respect mutuel. Les minorités pouvaient s'exprimer sans déranger les autres. Les événements étaient originaux et sans excès. Même le bistrot était réussi sympa, sans prétention et accessible à tous. Je trouve que cela tourne vinaigre. La saleté a fait son apparition, les dalles se dégradent déjà, la crasse, la graisse des vendeurs de merguez, les traces des boissons diverses, tessons de bouteille, emballages des kebab, mac do, et gobelets sont de retour. Les SDF se sont réapproprié les bancs. Les manifestations nocturnes qui génèrent de la pollution sonore et autres n'ont aucun sens …».

    N’oublions pas non plus les tags et dégradations qui ont envahi la statue à la gloire de la République, œuvre des frères Charles et Léopold Morice, restaurée elle aussi à grands frais lors des travaux d’aménagement de la place… 

    Au vu de l’état de la place de République et de ce qui s’y passe, faut-il vraiment que la Maire de Paris se lance dans de nouveaux aménagements des places de la Bastille et de la Nation pour finalement dupliquer l’exemple grandeur nature donné par l’évolution de la République ? 

    La Maire et son équipe doivent réagir, la place de la République montre de façon criante les limites du « tout festif » voulu, encouragé et développé sans mesure. Les nuisances de tous ordres, les dégradations, la pollution, le « ras le bol » des riverains et des  salariés constituent une  sérieuse alerte qui doit être prise rapidement en compte. Que ce soit "Vivre le Marais !" ou le réseau "Vivre Paris !" auquel adhère notre association, ce n’est pas faute pourtant d’avoir lancé aux autorités de multiples mises en garde, mais elles n’ont pas été prises au sérieux ou ont donné lieu à des « mesurettes » bien éloignées des enjeux. 

    Le temps du « n’importe quoi et du laisser-faire » doit céder la place à celui de « l’écoute et d’un certain sens de la mesure ». 

    Dominique Feutry

     

  •   Golden_Gate_Bridge_Yang_Ming_LineLe "Golden Gate Bridge", si caractéristique de San Francisco

     

    Plusieurs reportages et émissions de télévision ont été réalisées sur le pari pris en 2009 par la ville de San Francisco, et que s’apprêtent à prendre d’autres villes, sur l’élimination des déchets. L’objectif étant de parvenir à zéro déchet en 2020, c’est-à-dire demain.

    Ce plan, exigeant et lourd à mettre en œuvre, a commencé pour les habitants,  à  obligatoirement trier leurs déchets sous peine d’amende. Des puces ont été posées au fond des poubelles. Les sacs plastiques sont interdits (remplacés par des sacs papier payants recyclables). Des taxes sont perçues sur les débris non recyclables.

    Chaque maison, chaque  immeuble, dispose de 3 poubelles (verte, noire et bleue). Elles sont utilisées en fonction du type de déchet mis au rebut.  La ville peut déjà aujourd’hui se targuer d’éliminer elle-même 80 % des déchets produits (contre 40 % pour la plupart des autres grandes villes américaines), ce qui est énorme.

    Toute infraction due au non-respect du tri demandé est passible, selon son importance, d’une amende de 100 à 1.000 $.

    Sf_bins-650x433Alignement de containers dans une rue de San Francisco 

     

    Au fil des années les habitants ont appris et compris que ces déchets ne sont plus une charge mais constituent des ressources qu’il faut savoir gérer tout en acceptant que la collecte reste payante afin de financer le « système ». La nourriture constitue à l’évidence une part significative du tonnage de déchets ramassés quotidiennement ce qui a conduit les autorités à sensibiliser la population et les fabricants sur l’utilité de redistribuer vers les banques alimentaires, plutôt que de gaspiller et de jeter les aliments qui finiront brûlés.

    Afin de ne rien perdre, les textiles aussi sont récupérés (20 0000 tonnes étaient habituellement mis à la décharge chaque année). Ils sont maintenant déposés dans des containers en toute sécurité chez les commerçants (ce qui justifie une réduction sur les achats dans certaines enseignes) évitant ainsi qu’ils en soient pillés. Ils sont ensuite triés et recyclés (en matériau d’isolation par exemple).

    L'année 2016 verra l’application d’une nouvelle mesure du plan élaboré par la ville  portant sur l’interdiction de vendre et de distribuer des bouteilles d’eau à usage unique sur la voie publique (des fontaines à eau seront installées dans toute la ville et seuls des verres biodégradable pourront être distribués  lors d’événements publics), la récupération, le recyclage des bouteilles plastique et leur traitement étant particulièrement onéreux. Capture-d’écran-2014-05-29-à-10_19_07Ce plan, notablement critiqué pourtant lors de son lancement, est en passe de réussir. Ses résultats ont d’ailleurs convaincu ceux qui étaient les plus opposés à sa mise en place. Il a permis aux habitants d’adopter un comportement citoyen chacun ayant compris en l'appliquant tout l’intérêt qu’il présentait tant au plan économique qu’au plan environnemental.

    La ville, il faut le signaler, y gagne également en propreté, sujet lié à l'élimination des déchets.

    D’autres villes américaines, des villes étrangères et même des états de l’Union sont acquis à l’idée de mettre en œuvre un type de plan identique, tout n’étant finalement qu’une question de volonté. 

    Pourquoi alors Paris qui rêve d'être à la pointe dans bien des domaines ne suivrait-elle pas les traces de  San Francisco en mettant en place un plan pluri-annuel ambitieux de cette ampleur ? Elle en deviendrait le fer de lance en France et en Europe où des expériences commencent à être engagées. La ville et ses habitants en seraient les grands bénéficiaires avec comme corollaire une propreté, dont nous dénonçons les insuffisances (voir notre article du 17 août 2015), en nette amélioration, la capitale en a vraiment grand besoin !

    Dominique Feutry

     

  • Affiche-festival-les-Traversées-du-marais-parcours-musical-dans-les-plus-beaux-lieux-du-marais-11-12-13-septembre-2015-organisé-par-Marais-Culture-3e-et-4 Affiche du festival  "Les Traversées du Marais" qui aura lieu du 11 au 13 septembre

     

    On nous annonce pour les vendredi, samedi et dimanche 11, 12 et 13 septembre un nouveau festival dénommé « Les Traversées du Marais » avec cette mention « découvrir le quartier autrement en musique (balades musicales, installations, performances, siestes littéraires  et éclectisme ouvert à toutes les sensibilités) ».  En fait il s'agit de la réédition de la même manifestation qui s'est déroulée l'an passé du 11 au 21 septembre mais rebaptisée "festival" pour l'occasion.

    Les mairies des IIIe et IVe arrondissements, la Ville de Paris et le ministère de la Culture sont aux manettes et s’appuient pour ce faire sur  Marais et Culture (un réseau composé des principaux musées et institutions culturelles  du Marais)  et "… un collectif de 21 acteurs culturels".

    La publicité mentionne que ce festival se déroulera dans des lieux aussi prestigieux qu’insolites.

    "Vivre le Marais !" connait bien certains des lieux retenus pour avoir écrit nombre d’articles à ce sujet liés à certains abus puisqu’il s’agit notamment du Carreau du Temple et du musée Picasso ! D’autres lieux seront de la fête puisque la Maison Européenne de la Photographie, le Crédit Municipal, les  Archives Nationales, le musée de la Chasse et de la Nature et la maison de Victor Hugo entreront aussi dans la danse…

    Nous ne sommes pas naïfs et sous prétexte de culture, nous craignons une nouvelle fois que ce festival, en particulier pour les manifestations nocturnes, soit le prétexte à abus ce qui est malheureusement de mise presque chaque fois.  Les riverains seront exposés au bruit. Comme toute fête, ce festival va attirer un public nombreux et aura pour conséquences des rues sales, des épanchements d’urine, de l’abus d’alcool…

    Le  Marais a-t-il vraiment besoin de ce type de manifestation pour vivre et attirer le public ?

    Nous sommes dubitatifs et nous saurons apprécier en toute objectivité  si ce festival est vraiment «l’ héritier, même  lointain, de feu le festival du Marais» tel que le met en avant la publicité !   

     

    Au total pas moins de 25 manifestations sont au programme dont nous donnons quelques exemples :

    Vendredi 11 septembre :
    Musée national Picasso-Paris : concerts de Burning Peacocks (19h) et Tahiti 80 (20h) (entrée libre – réservation via le site du musée)
    Bal d’ouverture avec Faubourg Simone au  Carreau du Temple
    de 20h à 23h en entrée libre

    Samedi 12 septembre :
    Installation sonore d’Alain Français aux Archives Nationales de 14h à 20h
    Chorale dirigée par Coline Serrault au Jardin de l’hôtel de Sully à 17h

    Dimanche 13 septembre:
    Installation d’Erik Samakh au Musée de la Chasse et de la Nature de 14h à 20h
    Concerts de  Kyrie Kristmanson, Love, I Obey (avec Rosemary Standley) et  Simon Dalmais à la Mairie du IVe à 17h (entrée libre)
    Concert de Peter Von Poehl au Musée national Picasso-Paris à 20h  (entrée libre – réservation via le site du musée)

     

     

  •   IMG_1929Coiffeur de rue en action rue de la Verrerie (IVe) devant la Direction de l'administration pénitentiaire. A gauche, adossée à un potelet, la pancarte avec les prestations (Photo VlM)

     

     
    L'imagination peut être est sans limite en matière de services à la personne !

    Il est désormais possible de se faire coiffer debout en public sur le trottoir.

    Une simple pancarte en carton précise le niveau des prestations offertes  (avec des limites car il n’y a pas de shampoing) et les prix. Le piéton qui passe, intéressé, est revêtu alors d'une  blouse noire et l' "opération coupe" peut commencer sous les yeux médusés et amusés des passants qui s'arrêtent pour regarder ce spectacle insolite… La scène photographiée  se déroulait  le jeudi 20 août à 16h00, rue de la Verrerie à quelques mètres de la rue du Renard (IVe).

    Tout devient donc possible à Paris ! Verrons nous bientôt des machines à coudre sur le trottoir avec des retoucheurs ou bien des pédicures proposant d'arranger vos pieds ? 

    Nous revenons en fait à ce qui existait il y a quelques siècles, voire même plus récemment, tel les marchands et marchandes avec leurs charrettes le long des trottoirs ou les cireurs de chaussures qui ont totalement disparu !

    En ces temps de chômage important il ne faut pas s'étonner que la créativité pour gagner sa vie apporte son lot de surprises…

    Dominique Feutry