Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Société

  • 11866223_825249677594841_6700615179453634890_nCarte présentant le projet de ZTI à Paris (Le Monde de l’Économie)

     

    Plusieurs quotidiens nationaux viennent de publier, après la promulgation de la loi Macron des articles où il apparait que le Ministère de l’Économie souhaiterait accélérer le chapitre  du commerce et rédigerait le décret le plus important relatif aux Zones Touristiques Internationales (ZTI) qui permettront aux magasins concernés d’ouvrir les dimanches et le soir jusqu’à minuit. La volonté des pouvoirs publics est de mettre en œuvre ces évolutions le plus rapidement possible. Les élus comme les organisations professionnelles et les syndicats consultés, mais aucun représentant des habitants et riverains (?), doivent rendre un avis sur le projet.

    Pour Paris la donne a changé car de quatre ZTI prévues au départ, nous en sommes dorénavant à douze auxquelles il convient d’ajouter six gares. Le Marais bien entendu figure en bonne place dans ces zones nouvelles.

    Tous les protagonistes, loin s’en faut, ne sont pas d’accord sur cette extension non discutée préalablement. Le ministère de l’Économie se justifie en affirmant avoir réalisé une analyse très fine des parcours des  millions de touristes parisiens et insiste sur la part modeste de ces zones rapportée à la surface totale de la capitale, soit 6%. Mais 6% tout de même ! 

     

    Tourisme paris matchLe tourisme (Photo Paris Match)

     

    La Mairie est pour l’instant sur la réserve et se donne sans doute le temps pour réfléchir avec les intéressés.  Les syndicats de leur côté n’excluent pas d’éventuelles actions y compris judiciaires. 

    De toutes manières ce sujet est un brulot et si une grande part du Marais est englobée dans les ZTI, la fréquentation n’en sera que plus grande. Nous craignons surtout que sous prétexte de renforcer l’activité commerciale et se mettre au diapason des grandes villes internationales, cela renforce les tenants des festivités au détriment des riverains qui  subiront les conséquences que nous connaissons bien, notamment les nuisances sonores, l'invasion de l'espace public et la pollution.

    Ce dossier est donc à suivre de très près dans le contexte de la préparation des élections régionales de décembre et d'un nombre record de touristes en France qui, annonce faite par les médias, passerait de 65 à 85 millions de visiteurs dans l'année.

     Dominique Feutry

     

  • A2Affiche de la campagne de sensibilisation sur la sécurité routière menée par la Ville de Paris en 2008 

     

    Plusieurs quotidiens ont rapporté récemment le malheureux accident mortel d’une cycliste, survenu dans le IXe arrondissement, percutée par un camion qui roulait et n’a pas vu la victime alors dans l’angle mort du chauffeur. 

    Ce fait divers particulièrement triste montre qu’une bicyclette n’est pas un jouet et que rouler dans les rues des villes n’est pas sans risque bien au contraire (3 tués et plus de 700 blessés ont été recensés en 2014). Les accros à la petite reine ne tarissent pas d’éloges sur ce mode de locomotion et d’une certaine façon nous pouvons nous en réjouir, il n’empêche que tout le monde n’est pas à même de bien diriger son vélo, il suffit d’observer nombre de ceux qui enfourchent des Vélib’ et s’engagent sur la chaussée tout hésitants faisant mine d’être assurés et décrivant des sinusoïdes car ils sont mal à l’aise pour conserver leur équilibre et stabiliser le guidon !

    Le problème est qu’il n‘y a pas de règles en la matière et qu’aucun permis ou épreuve probatoire n’est exigé. Le permis cycliste existe pour les enfants, il est ludique sans être pour autant obligatoire. Or ces derniers sont-ils les plus concernés ? Ce n’est pas si sûr car le non-respect fréquent des règles pourtant évidentes lorsque l’on se déplace à vélo, contraire au sens de la responsabilité individuelle, émane des adultes qui n’hésitent pas à rouler sur les trottoirs, à user de la sonnette du guidon (c’est tellement drôle) pour faire déplacer les piétions surpris voire apeurés qui « gênent »… tels des conducteurs de chars débutants que rien n’effraie avec leur engin.  

    Aussi faut-il faire davantage de prévention et ne pas hésiter à verbaliser lorsque les règles de conduite sont enfreintes. Une bicyclette n’est pas une trottinette, elle n’est pas sans danger, nécessite de bien maitriser sa conduite et ne donne pas tous les droits à son conducteur.

    Dominique Feutry

     

  • Vieille du temple foule dimanche 28 06 10 zoom (2)Touristes dans une de nos rues du Marais (Photo VlM)

    Nous avons eu accès récemment aux premiers éléments concernant l’élaboration du « Schéma de développement touristique à l’horizon 2020 » souhaité par la Mairie de Paris dans le cadre du "Comité de la destination Paris". Rappelons les propos de la Maire de Paris à ce sujet « Notre ambition est de faire que Paris reste la ville qui accueille le plus au monde, mais aussi celle qui accueille le mieux. »

    A la suite de premières analyses, la mise en place d’instances ad hoc et l’organisation de la réflexion autour de groupes de travail à constituer, quelques éléments sont fournis pour nourrir la réflexion. Nous les résumons ci-après. Les chiffres et les prévisions à retenir concernant Paris mais aussi l’Ile de France montrent que la capitale a reçu en 2014, plus de 25 millions de touristes (35 millions selon certaines statistiques, dont 35 % de touristes d’affaires) et la région près de 46 millions. La durée moyenne de séjour à Paris est d’un peu plus de 4 nuits. Cette statistique conduit à 350.000 personnes visibles en permanence, qui s'ajoutent à la population parisienne (la plus dense d 'Europe) de 2.200.000 habitants.

    Les arrivées hôtelières donnent comme pays d’origine des touristes, pour le Grand Paris et par ordre d’importance, les États-Unis (1,8 million), le Royaume- Uni (1,2 millions), l’Allemagne (800 000) et l’Italie (750 000). La Chine n’arrive qu’en 7ème position (530 000). L’hôtellerie parisienne est considérée comme chère et la culture reste le premier motif de visites à Paris (Notre Dame, la Sacré Cœur, le Louvre et la Tour Eiffel étant en 2013 les 4 monuments les plus visités).

    Il est souligné combien l’Ile de France doit tout faire pour conserver sa position de leader du tourisme d’affaires. Les salons et congrès rapporteraient en effet en retombées économiques plus de 5 milliards € par an. L’évolution future se fonde sur les prévisions de l’Office Mondial du Tourisme qui prévoit à Paris d’ici 2030, une augmentation annuelle de 2,5% du nombre de touristes ! La forte croissance des compagnies aériennes à bas coût est par ailleurs prise en compte.

    Eiffel

    Une enquête menée auprès de 18 pays avec 7 000 observations collationnées fait ressortir les forces de Paris mais aussi ses faiblesses. Si la capitale est perçue comme une ville d’art et d’histoire, de mode et de shopping, de luxe, romantique, festive… elle est aussi considérée, par rapport à d’autres villes étrangères, comme insuffisamment propre, insuffisamment verte, avec trop d'affluence touristique, et qui pourrait mieux faire en termes d’accueil, de sûreté, de connaissance des langues étrangères, d’amabilité et de prix d'hébergement  (restauration notamment).

    Des freins existent donc quant à l’image de Paris du fait de constats négatifs dont les plus prégnants sont des prix élevés, une certaine insécurité, un afflux trop important de touristes et une insuffisante propreté. Une critique est soulevée celle d’une offre de loisirs alternative jugée « trop confidentielle…parfois anarchique à structurer et à valoriser». Voilà des pistes qui pourraient aboutir souhaitons-le à des propositions intéressantes mais elles devront être bien mûries.

    Il serait dommage en effet de ne pas profiter de ces informations pour prendre des décisions à l’aune des constats mais aussi des souhaits des habitants. Est-il judicieux de vouloir continuer à développer le nombre de touristes alors que les parisiens pointent déjà l’afflux trop important de touristes et que certains quartiers tels que le Marais sont saturés ? Il faut trouver les moyens pour encourager le développement de l’offre hôtelière à des prix raisonnables, car elle est jugée insuffisante et coûteuse, et offre ainsi la part belle aux locations saisonnières pour lesquelles nous émettons de nombreuses réserves.

    La propreté dont nous avons récemment parlé est devenu un véritable enjeu non seulement pour les parisiens mais aussi pour les touristes. Il faut en ce domaine mettre en place un véritable plan de bataille. Quant au côté insuffisamment festif de Paris, qualifié de faiblesse, nous sommes très opposés à cette interprétation qui ressortit plutôt du lobbying des professionnels de la boisson et de la nuit. Cela ne doit pas être le prétexte à plus de fête la nuit notamment, mais plutôt d’un développement raisonné et harmonieux du festif entre les « fêtards », les habitants, ceux qui l’organisent et/ou en font commerce et les élus.

    Les abus constatés ces derniers temps, cristallisés autour de deux lieux emblématiques qui ont fait la une de la presse, la rue Jean-Pierre Timbaud (XIe) et le Canal Saint-Martin sont à prendre comme des cas d’école qui ne doivent en aucun se reproduire ailleurs. La responsabilité des élus sur ce plan, au vu des décisions qui seront arrêtées, peut être lourde de conséquences… !

    Dominique Feutry

     

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    Sc10_ratp3976Le 29 était désespérément absent sur la ligne le 20 juillet au matin sans la moindre indication donnée aux usagers

     

     

    Ce 20 juillet, la circulation des bus notamment dans le Marais est à marquer d’une pierre noire. Certes il y a des travaux dans Paris, mais les usagers doivent–ils pour autant être pris en otage ?

    Aucune indication fiable dans les abribus qui affichent de délais d’arrivée à tout va, sans que le moindre bus arrive … Que fait-on des personnes qui travaillent ? Tout le monde n’est pas en vacances ? Que  pensent les touristes qui en plus, doivent se familiariser avec une organisation qui leur est étrangère, devenue une désorganisation.

    Lamentable ! Les vacances sont-elles devenues synonymes de désorganisation ?

    Des représentants de la RATP nous ont indiqué que les horaires des écrans des abribus étaient dorénavant gérés par le STIF (Syndicat de Transports d’Ile de France) et non plus directement par la RATP entraînant davantage de lourdeurs.

    Ainsi ce matin les responsables en charge de ce sujet étaient, toujours selon notre interlocuteur, injoignables, ce qui rendait impossible de trouver un intervenant pouvant programmer sur les écrans des abribus les modifications d’horaires, les retards, voire les changements d’itinéraires, laissant ainsi les usagers à leur triste sort.  

    Il faut remédier à ce genre de pagaille, ce n’est pas tolérable, la période estivale ne doit pas être celle de l’abandon !

     

    XKalV7uMosbDpMgn7zyCgD9UOnsUn nouvel abribus rue Rambuteau (IVe)

     

    Plusieurs articles de presse indiquaient récemment combien l’installation des nouveaux abris bus prenait du temps, nous citons le Figaro « Ainsi les Parisiens constatent-ils avec effarement qu'il faut souvent cinq à six mois pour installer les nouveaux Abribus que la ville de Paris a décidé de tous remplacer, soit 1850 unités au total… Ce sont les voyageurs de bus qui font actuellement les frais de désagréments inédits… durant des mois et des mois, le système d'information par lequel la RATP prévient les voyageurs des temps d'attente est HS (hors service)… JC Decaux et la RATP ayant manifestement des difficultés à se coordonner. » 

    Il est même souligné que le parisiens ne comprenaient pas la nécessité de changer les abribus, mais ils n’ont pas connaissance du contrat de concession d’une durée de 15 ans qui oblige, afin de maintenir des conditions égalitaires d’appels d’offres, de repartir « à zéro ».

    Une autre aberration et une perte d’argent bien inutile en ces temps de vaches maigres !

    Dominique Feutry

     

  • Archives francs-bougeois cycliste pied à terre 18 06 13Carrefour Archives/Francs-Bourgeois (IVe) : un cycliste peut désormais passer au rouge sans être sanctionné (Photo VlM)

     

    Développer les déplacements à  bicyclette est sans doute une des façons les plus simples pour combattre la pollution et en même temps elle permet aux cyclistes de faire d'une certaine manière du sport. Les moyens déployés pour développer le vélo sont à la hauteur  de l'enjeu (Vélib', pistes cyclables ou couloirs ad hoc…) "rien n'est de trop pour la petite reine".

    Nous sommes néanmoins dubitatifs, bien que l'on nous dise que les tests sont positifs, sur le fait d'autoriser désormais les cyclistes à "griller" les feux rouges. Il y a là danger évident comme l'est aussi le droit de rouler en sens contraire à celui de la circulation dans la plupart des rues. D'ailleurs même lorsque ce n'est pas autorisé, les cyclistes n'hésitent aucunement à s'engager à leurs risques et périls et si quelqu'un le leur fait remarquer, les noms d'oiseaux souvent fusent. C'est la cas aussi des trottoirs allègrement empruntés comme voies cyclables…

    Que dire aussi des piétons qui doivent laisser passer, alors qu'ils sont prioritaires sur les passages cloutés, les cyclistes qui refusent de s'arrêter et se permettent ainsi toutes les fantaisies ?

    A vouloir trop en faire, à vouloir ouvrir la boîte de pandore, ne risque t-on pas de laisser se développer les incivilités et le tout permis? Il y a des règles qui s’adressent à tous, cyclistes compris, le vélo ne donne pas tous les droits et s'il y a abus, il faut vraiment verbaliser. Rouler à bicyclette sur les trottoirs devient un vrai problème, les autorités doivent rapidement sévir avant que ce phénomène qui se double aussi de celui des motos ne prenne trop d'ampleur, les piétons ne se sentent plus en sécurité  ! 

    Dominique Feutry

     

  •   A2Ballon survolant le Parvis de l'Hôtel de Ville pour annoncer l'exposition Innov'Climat

     

     

     

    "Innov'Climat" est le thème de l'exposition organisée place de l'Hôtel de Ville pour présenter des innovations dont certaines sont déjà commercialisées, résultat des recherches en partie financées par l'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), un fonds qui depuis 2011 dispose de 3 milliards €.

    Voilà un avant goût de ce qui sera évoqué pendant la COP 21, la conférence internationale sur le climat qui s’ouvrira à Paris, le 30 novembre.

     

    A3L'affiche de l'exposition "Innov'Climat"

     

     

    Chacun peut ainsi se familiariser avec ces nouveautés. On peut découvrir des bateaux tractés par des cerf-volants, une application informatique anti bouchon dénommée Optimod qui donne le meilleur itinéraire en voiture ou le meilleur itinéraire tous modes de transports confondus (vélo, bus, métro…). Cette dernière gère près de 20 millions de données par jour et fournit l’information en temps réel. Vous pourrez découvrir ce qu'est un réseau électrique qui permet de gérer plus intelligemment nos consommations et bien d'autres innovations.

    Nous vous conseillons de vous rendre à cette exposition pour y découvrir ce que sera notre futur en matière d’énergies.

    Jusqu'au 8 juillet 2015

  • Passage désirLe "Passage du Désir", 23 rue Ste Croix de la Bretonnerie (IVe)

     

    C'était en 2008, il y donc sept ans, ce magasin ouvrait ses portes dans le IVe avec son pendant rue St Martin (IVe). Il suscita un article de notre part que nous vous invitons à redécouvrir car il décrit les prémisses de l'évolution dont nous constatons les effets sur nos quartiers aujourd'hui.

    Vous verrez que nous avons plutôt applaudi (sans frénésie cependant) à l'apparition de ce commerce plutôt insolite, car il n'avait et n'a toujours rien de vulgaire et qu'il respecte les codes du Marais en matière d'urbanisme. Mais nous avions à cette occasion alerté les élus, les deux Maires notamment, sur le risque que nous avions qualifié de "pigallisation" de nos quartiers. Allusion à leur spécialisation dans les commerces consacrés aux plaisirs en tous genres, dont on sait qu'ils ne font généralement pas bon ménage avec une certaine idée du paysage de la rue.

    Derrière ce néologisme, provocateur à dessein, se dissimulait deux visions différentes du Marais, alors que la révision de son PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) se profilait. Il y avait en effet deux façons d'interpréter le concept de "mise en valeur". L'une que nous avons toujours privilégiée qui est la réhabilitation et la restauration "pour l'amour de l'art" ; l'autre qui en faisait saliver déjà plus d'un, la possibilité d'exploiter extensivement notre cadre historique et son patrimoine sur des bases marchandes, dans la mesure où il faisait peu de doute que le succès commercial de masse serait au rendez-vous.

    Nos entretiens avec le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum nous avaient laissé penser que son option était a priori la deuxième. C'est pourquoi nous avions entrepris à l'époque de l'éclairer sur les conséquences prévisibles de cette orientation et son incidence sur la qualité de vie des habitants. Nous avions utilisé à cette occasion le terme de "pigallisation". Le mot avait rendu le Maire perplexe mais peut-être l'a-t-il incité à méditer. Il est vrai que les litiges que nous vivons aujourd'hui avec le musée Picasso et le Carreau du Temple semblent démentir qu'il ait infléchi son orientation mais on peut penser qu'il ait été dans les deux cas entrainé à son corps défendant dans des stratégies d'entreprises où seul le résultat financier compte. On espère toutefois qu'il s'en souviendra et que son entourage en tirera la leçon.

    On se souvient de sa déclaration au moment des élections municipales de 2014 d'où il ressortait que sa priorité serait désormais la qualité de vie et la tranquillité des habitants. Sans doute est-il prisonnier des opérations déjà lancées mais on peut espérer au minimum qu'il réfléchira à deux fois avant d'en lancer de nouvelles. Il est significatif, par exemple, que le Premier-Adjoint du IIIe, Gauthier Caron-Thibault, ait donné un avis défavorable à la demande de permis de construire du "restaurant sur le toit" du 2 rue des Quatre-Fils (nonobstant le fait que la mairie de Paris n'en ait tenu aucun compte…). Les mois qui viennent nous diront si notre analyse est pertinente ou candidement naïve.

    Dans le IVe Dominique Bertinotti était à la barre. Nous ne dirons jamais assez quelle a été sa détermination, quel a été son courage dans l'affaire de la grande boite de nuit de la rue Pierre au Lard, dont la réalisation aurait déstabilisé le secteur. Son successeur Christophe Girard a suivi la même voie, en se rendant ultérieurement compte que la solution du problème était contenue dans la révision du PSMV.

    Mme Bertinotti a aussi œuvré, mais sans succès, à résoudre le scandale de l'occupation de l'espace public par le COX-BAR. Elle a cru en 2010 que la signature par toutes les parties d'une "charte des bons usages de la rue des Archives" conduirait à la fin des conflits. On sait qu'il n'en a rien été.

    Bertinotti archives charteDominique Bertinotti présentant sa charte aux commerçants de la rue des Archives, le 25 mai 2010

     

    Christophe Girard a pris la suite en 2012. Le mieux qu'on puisse dire est qu'il subit aujourd'hui une situation qui le dépasse (notre article du 21 juin). Sauf pour lui à nous apporter la preuve du contraire dans les mois qui viennent.

    Les craintes que nous formulions en 2008 se sont vérifiées mais l'orientation prise ne débouche pas à l'évidence sur cette "pigallisation" que nous avions appréhendée. Les commerces douteux n'ont pas fleuri. A leur place c'est le luxe qui s'impose avec la gentrification  des quartiers. Au détriment il est vrai du commerce de proximité qu'on regrette comme un vieil ami qu'on aimait et qui disparait sans qu'on puisse réellement en vouloir à quiconque.

    Gérard Simonet

     

  • 95912_gay-pride-de-parisL'affiche de la gay pride 2015

     

    Rien de commun ou presque avec la fête de la musique une semaine plus tôt (voir notre article du 22 juin 2015), la gay pride qui a lieu samedi dernier 27 juin s’est déroulée  de l’avis de nos adhérents dans une ambiance un peu plus respectueuse des habitants que lors des éditions des années précédentes.

    Bien  sûr que certains excès notamment le bruit dû aux attroupements et à la musique  ont été constatés jusque tard dans la nuit et toujours dans les mêmes secteurs du fait notamment de quelques établissements bien connus que ce soit dans la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie ou la rue des Archives (IVe). L’alcoolisation aidant n’a fait que renforcer le phénomène.

    Ce qui est à déplorer aussi est l’avalanche de tracts, flyers et affiches de mauvais goût, le plus souvent en nombre et destinés à attirer le chaland. La Mairie  de Paris a eu connaissance des commanditaires en lisant ces publicités et a dû intervenir comme il se doit en verbalisant les fautifs. L’a-t-elle fait ?

    Une nouvelle fois nous devons saluer le travail accompli par les forces de police et les services de la propreté qui ont dû d’une part assurer la sécurité et d’autre  part effacer les nombreuses traces des excès commis, sachant qu’ils ont dû œuvrer ensuite à la suite du passage du carnaval tropical (voir notre article du 28 juin 2015).  

     

  • A5Le Musée Picasso éclairé par de puissants projecteurs pour le défilé, toutes les habitations alentour sont éclairées comme en plein jour (Photo JFLB)

     

    Nous publions ci-dessous un article de Jean-François Leguil Bayart concernant les animations non muséales qui se multiplient au musée Picasso à l'instar de ce qui existe dans d'autres lieux emblématiques du Marais et de Paris en totale contradiction avec la qualité de vie que sont en droit d'attendre les habitants qui se sentent de plus en plus marginalisés par leurs élus. 

     

    "Comme il était à craindre, le Musée Picasso, contraint par son business plan à autofinancer 61% de son budget de fonctionnement (Libération 17 juillet 2014) entend privatiser l’Hôtel Salé autant que nécessaire et exercera, pour ce faire, sa souveraineté sur le quartier, sans égard aucun pour ses habitants. C’est ainsi que les riverains du square Léonor-Fini, du jeudi 25 au vendredi 26 juin, ont vécu à l’heure d’un défilé de mode : invasion de la rue Vieille-du-Temple par une nuée de camions polluants qui ont squatté toutes les places de stationnement résidentiel entre la rue des Coutures-Saint-Gervais et la rue des Quatre-Fils, essais de sono tonitruants, illumination de la façade de l’Hôtel Salé mais aussi des immeubles avoisinants que balayaient des projecteurs éclairant l’intérieur des appartements comme en plein jour.

    Réponse benoite du musée à l’interpellation de Vivre le Marais : « dans le cadre de ses activités (il) accueille exceptionnellement un défilé de mode qui ne durera pas plus de trente minutes ». Sauf que la performance de trente minutes a été précédée de plus de vingt-quatre heures de préparatifs. Sauf que les riverains du square Léonor-Fini avaient eu droit à un spectacle d’acrobates tout aussi bruyants quelques semaines auparavant. Sauf que l’on a quelque peine à comprendre le rapport entre « les activités » du musée Picasso et un défilé de mode qui participe plus de la fashion week que de l’art du Maître.

    Tout comme au Carreau du Temple, un établissement culturel se transforme en lieu d’exposition marchand. Tout comme au Carreau du Temple, les riverains, les premiers concernés, en sont les premières victimes, et l’objet de l’indifférence, quand ils se taisent, du mépris, quand ils s’expriment, des pouvoirs publics. Tout comme au Carreau du Temple, ces derniers, directement impliqués dans la gestion de l’établissement culturel, par le biais de leur présence au sein du conseil d’administration, voire leur présidence de celui-ci, pratiquent le mélange des genres en faisant passer la tranquillité et la santé publiques, dont ils sont redevables en tant qu’élus, après l’intérêt marchand. Carreau du Temple et Musée Picasso, même combat des riverains ! Terrasse du Jules et restaurant-toit de La Perle, même combat des riverains !

     

    A2Camions stationnés tôt le matin rue Vieille du Temple afin de préparer la manifestation (Photo JFLB)

     

    Ces événements n’ont rien d’ « exceptionnel ». Ils institutionnalisent un état d’exception dont les habitants du Marais font les frais, et que consacrera le classement imminent de leur quartier en zone touristique internationale, à la faveur de la loi Macron. Comme dans tout état d’exception qui se respecte, les droits des citoyens ne sont plus garantis par les autorités publiques qui accordent des dérogations à qui mieux mieux, permettant aux prédateurs de la nuit de faire valoir qu’ils ont obtenu les « autorisations » nécessaires et leur prodiguant une indulgence sans limite quand ils s’affranchissent de ces dernières. Ce n’est pas parce que le Musée Picasso a obtenu l’autorisation administrative d’illuminer l’intérieur des appartements jouxtant le square Léonor-Fini, et la brasserie La Perle le permis de construire un restaurant sur le toit du 2 de la rue des Quatre-Fils, que leur accaparement de l’intimité des riverains et la violation de leur droit au sommeil sont pour autant légitimes et acceptables.

    Il n’empêche que, dans un état d’exception, le Cox et les Jules peuvent exploiter une terrasse sans autorisation administrative avec la complicité de fait de la municipalité, La Perle enfreindre la législation sur l’ivresse publique sans encourir de fermeture administrative comme l’a illustré le scandale Galliano… et le Musée Picasso faire passer du tapage nocturne pour de la culture, voire de l’art.

    Soumis à la pression du lobby puissant et plein d’entregent des entrepreneurs de la nuit, ayant transformé les établissements culturels en partenariats publics-privés et les ayant ainsi rendus tributaires de la loi du profit, en proie à l’hybris de l’industrialisation touristique de la capitale bien qu’elle soit déjà la ville la plus visitée au monde, fantasmant sur les euros des millions de voyageurs chinois annoncés et les retombées supposées des Jeux Olympiques, les édiles de Paris se jettent dans une fuite en avant qui piétine les droits élémentaires de ses habitants : droit au sommeil, droit au repos notamment dominical, droit de circuler librement sur les trottoirs, droit à un marché du logement résidentiel déconnecté de la bulle des locations saisonnières frauduleuses, droit à des commerces de bouche, droit à une ville sans publicité sauvage à vague prétexte culturel, droit à l’égalité devant la fiscalité ou la réglementation relatives aux engins à moteur, droit de ne pas voir ses impôts grevés par des investissements inconsidérés en faveur d’événements sportifs mondiaux qu’entachent la corruption, le dopage et la spéculation télévisuelle – en bref, droit à une vie normale et non dérogatoire.

     

    A6Préparatifs dans les jardins du musée, on aperçoit les colonnes d'amplificateurs … (Photo JFLB)

     

    Certes, la municipalité a pris des mesures utiles à la qualité de la vie depuis une décennie, en particulier en matière de transports publics, et s’efforce d’endiguer le phénomène des locations saisonnières. Mais sa politique débridée de marchandisation de la ville et son culte niais de la fête de masse la mettent en contradiction avec elle-même. Fascinés par la course à l’échalote de la nuit la plus in (et la plus bruyante) dans laquelle les a précipités le lobby des limonadiers "new age", les édiles ont pris le parti de snober leurs électeurs. Ils oublient que la victoire dans les urnes de la nouvelle équipe municipale de Barcelone doit beaucoup au ras le bol de ses habitants à l’encontre du tourisme de masse qui a dénaturé leur ville.

    Nous sommes de plus en plus nombreux, dans le Marais, à avoir retenu la leçon et à faire dépendre nos suffrages à venir des réponses qui seront apportées aux scandales du COX, des "Le Jules" et de "La Perle"– entre autres – et à la dérive marchande des établissements culturels tels que le Carreau du Temple ou le Musée Picasso."

    Jean-François Leguil-Bayart

    Directeur de recherches au CNRS – Journaliste

     

  • A3Décoration non sollicitée à l'aplomb du mur de côté de l'immeuble du 62, rue Chapon (IIIe) (Photo VlM)

     

    L'artiste Shepard Fairey, très connu pour son portrait de Barack Obama lors de la campagne présidentielle de 2008, est poursuivi malgré sa notoriété par la justice américaine pour avoir peint sans autorisation de nombreux bâtiments de la ville de Détroit en mai dernier. Accusé de dégradations malveillantes, il risque jusqu'à cinq ans de prison et 10 000 dollars d'amende (9 000 euros) !

     

    En lisant ces informations du Journal Le Monde reprises du New York Times, on se prend à rêver…

    Et si nos politiques pouvaient  être assez avisés pour s'en inspirer, les barbouilleurs de tout poil réfléchiraient à deux fois avant de défigurer lamentablement nos rues !

    A méditer…

    Dominique Feutry