Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

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    Notre-dameNotre-Dame avec sa flèche et son toit, avant l'incendie du 15 avril 2019

     

     

    Au colloque national annuel des Journées juridiques du Patrimoine qui s’est tenu à la Maison des Avocats, le 19 novembre, nous étions présents Gérard Simonet et moi. Les participants, nombreux, ont affiché des points de vue différents selon leurs préoccupations prioritaires . Avocats, représentants des Administrations centrales, hommes politiques et Maires de villes au patrimoine remarquable, responsables d’associations et une importante représentation d’universitaires. Les thèmes abordés cette année étaient essentiellement axés sur le Droit et le Contentieux liés à la préservation du Patrimoine.

    La matinée a été principalement consacrée au droit et à la fiscalité des donations, relations entre particuliers, entreprises, collectivités locales et Etat.

    Courte pause-déjeuner au "Bouillon Racine", établissement populaire et bon marché, pur Art Déco, créé lors de la grande crise économique de l’Entre-deux guerres, parfaitement conservé et restauré.

    Bouillon racine

    Le Bouillon Racine, 3 rue Racine (VIe) (Photo VlM)

    L’après-midi, communications sur les contentieux assez nombreux tant devant la juridiction administrative que civile. L’ensemble des intervenants étaient des spécialistes de haut niveau réclamant de l’auditoire une attention soutenue et des connaissances sur les sujets, notamment en matière juridique, assez pointues.

    De ces études, nous avons privilégié trois thèmes qui intéressent tout particulièrement notre association :

    (1) La loi d’exception pour la restauration et la conservation de Notre Dame de Paris

    L’Assemblée Nationale a adopté le 16 juillet dernier une loi d’exception pour la restauration de Notre Dame, établie en dérogation du droit commun, en l’occurrence du Code du Patrimoine.
    Les justifications à cette décision prise par le Président de la République, sont de donner un cadre juridique à la souscription nationale lancée pour la reconstruction et d’achever les travaux dans un délai très court de cinq années. Dans les conditions prévues à l’article 8 de la Constitution, le Gouvernement est autorisé à prendre par ordonnances, dans un délai de deux ans, toutes dispositions nécessaires et par conséquent prévoir des adaptations ou dérogations, notamment aux règles en matière d’urbanisme, d’environnement, de construction et de préservation du patrimoine et aux règles en matière de commandes publiques.

    Cette démarche n’est pas sans soulever de nombreuses questions quant à la légalité des décisions à venir, qui laissent à penser que l’Exécutif veut conserver la haute main sur la reconstruction, y compris la possibilité de modifications architecturales de l’édifice. Ce malaise est accentué par l’exclusion volontaire de l’UNESCO dans le processus qui au titre de Patrimoine remarquable de l’Humanité aurait pu apporter des fonds substantiels et des compétences (nombreux précédents : Abou Simbel, Venise, Colisée, etc.) … mais avec un droit de regard.

    La mise entre parenthèses de la Convention de Venise dont la France est signataire, impliquant la reconstruction à l’identique d’un édifice Patrimoine remarquable de l’Humanité, convention respectée par exemple pour la Fenice, les Cathédrales Saint-Paul et de Trondheim. Ce type de conventions ne sont pas transcrites directement en droit national et appartiennent à ce que l’on appelle « le droit mou ». La création d’un EPIC dirigé par le Général Georgelin, alors que l’Administration de la Culture disposent d’architectes, conservateurs, spécialistes, et des structures idoines pour ce genre de mission d’envergure interpelle les consciences…

    (2) La revitalisation des centres villes par l’investissement dans le patrimoine historique

    Le programme national « Action Cœur de Ville », conçu par le Ministère de la cohésion des territoires, consiste en un plan interministériel et partenarial (Etat, Caisse des Dépôts, Action Logement) d’investissements de 5 milliards d'€ pour redonner vie aux centres villes en déshérence, particulièrement ceux des villes moyennes, mis en œuvre de manière totalement décentralisée, à rebours de trop de politiques publiques verticales et centralisées.

    Il s’agit d’appréhender une approche globale pour recréer un centre-ville attractif et en repeuplement par la réhabilitation de logements anciens, le maintien de commerces de proximité, le développement des transports publics, services et aménagements urbains, ainsi que d’assurer une transition écologique pérenne.

    Pendant des décennies, on n’a cessé d’éloigner les habitants des emplois, des services, des commerces et des équipements de culture et de loisirs, aboutissant à vider et à paupériser les centres villes par la création de cités dortoirs satellites, ou de zones pavillonnaires en milieu agricole, détruisant le lien économique et social entre noyau centrale et zones périphériques. La dissociation lieu de travail, lieu de résidence et l’isolement culturel de ces petites structures éclatées entraîne l’allongement des temps de transport néfaste au confort de la vie quotidienne et nuisible pour l’environnement.

    Ne plus faire des villes des musées à ciel ouvert, mais des lieux de vie rencontre de nombreux obstacles : insalubrité de certains bâtiments, habitabilité au regard du respect du code de santé publique, sécurité incendie, démolition des constructions parasites, reconstitution de volumes urbains homogènes, restitution de rues, passages et espaces publics.

    Un cadre législatif innovant avec la création de l’ORT (Opération de Revitalisation des Territoires) met en place des outils efficaces, entre autres : mesures de défiscalisation « Denormandie » pour les travaux d’acquisition – réhabilitation de logements anciens, intervention d’Etablissements Publics d’Aménagement et de Restructuration des Espaces Commerciaux et Artisanaux (EPARECA) sur fonds publics, encadrement de l’urbanisme en donnant aux Préfets un pouvoir suspensif pour l’instruction de projets périphériques.

    (3) Réanimer le Dispositif Malraux de 1962

    Malgré son nom, le dispositif de défiscalisation Malraux ne figure pas dans la loi du même nom de 1962 dont les objectifs sont purement patrimoniaux. Il s’agissait d’élargir à l’échelle de quartiers ou d’une ville la possibilité de contrôler, voire d’interdire les démolitions, et d’encourager les travaux de restauration tel qu’instauré depuis 1913 pour les monuments historiques, en 1942 pour leurs abords, et en 1962 avec la création des secteurs sauvegardés.

    C’est en 1977 que la loi élargit le dispositif et vient compenser les sujétions imposées sur les bâtiments non protégés dans ces périmètres. L’article 199 du code général des impôts offre la possibilité d’une réduction d’impôts sur l’ensemble des revenus et non les seuls revenus fonciers, aux contribuables investissant dans la rénovation d’un bien, sous condition d’un engagement de location de neuf ans.

    N’oublions pas que ces dispositifs ont sauvé le Marais de démolitions, de bétonnage et de déstructuration urbaine.

    Le « Malraux » a décliné au fil des ans, bénéficiant actuellement à 8 000 foyers fiscaux, pour environ 130 millions d'€ de travaux, engendrant 30 millions de dépenses fiscales.
    De nouvelles mesures de défiscalisation, nomment le « Pinel réhabilitation » sont entrés en concurrence avec ce dispositif. Celui-ci ayant donné d’excellents résultats dans le passé, un rapport sur l’évaluation et l’adaptation du « Malraux » a été remis au Gouvernement en décembre 2018. Il formule des recommandations pour rendre plus attractif et développer ce dispositif, en préconisant notamment une simplification des dispositions applicables, un élargissement de la défiscalisation, et la possibilité de son utilisation à certains secteurs d’intervention des ORT. Les pouvoirs publics semblent favorables à ces préconisations

    Claude Verrier

     

  • Griveaux rupin gérard 26 11 19De droite à gauche, Pacôme Rupin Député 7ème circonscription (inclut le IVe), Benjamin Griveaux Député 5ème circonscription (inclut le IIIe), ancien Ministre, et Gérard Simonet. Photo Marie-Pierre Lacoste IIe, candidate LReM liste Paris-centre

     

     

    Nous nous sommes retrouvés à l'invitation de Benjamin Griveaux dans un  restaurant proche de l'Hôtel de Ville. Au menu, en plat du jour, de la tête de veau sauce Gribiche. Une double évocation de Jacques Chirac, qui a été Maire de Paris de 1977 à 1995…

    Au menu de nos discussions, le contenu de notre manifeste du 16 juin en direction des candidats aux élections municipales de Paris en 2020. Avec une double intention : relever les réactions des candidats aux thèmes qu'il évoque et les éclairer en même temps sur les attentes des citoyens.

    Le premier échange a porté sur la circulation et sur la place de la voiture à Paris. Benjamin Griveaux annonce qu'il ne reviendra pas sur ce qui a été fait par Anne Hidalgo pour les berges. Il précise néanmoins qu'il définira plus précisément l'usage qu'on en fait. Lui et Pacôme Rupin, élu du IVe qui connait bien les bords de Seine, expliquent que le fleuve doit être une voie pour le transport des personnes et des marchandises, beaucoup plus utilisée qu'elle ne l'est aujourd'hui. Ils proposent par ailleurs qu'une véritable piste réservée aux vélos soit aménagée sur la rive…

    Pour la circulation le candidat pose comme principe qu'il ne faut pas s'opposer à la voiture mais s'attaquer à la pollution, qui fait selon lui 6.500 morts par an dans l'agglomération parisienne. Ce qui signifie que l'utilisation de voitures électriques en nombre serait acceptable ? On a dévié alors vers une autre pollution, celle qui est liée à la production du courant électrique nécessaire à la recharge des batteries.

    Nos interlocuteurs reconnaissent que la France a la chance de bénéficier d'un programme nucléaire et qu'elle ne doit pas se précipiter vers la fermeture des centrales "car la France doit assurer sa souveraineté et ne pas dépendre de la Russie ou de l'Iran pour ses approvisionnements énergétiques". Les énergies renouvelables montrent clairement leurs limites. "Notre pays doit miser sur les développements technologiques à venir qui nous feront découvrir de nouvelles sources d'énergies renouvelables et rendront le nucléaire moins risqué qu'il ne l'est aujourd'hui". Les Verts apprécieront !

    Incontestablement le personnage de Benjamin Griveaux a pris de l'épaisseur depuis notre premier contact en 2017 en prélude aux élections législatives. Il sait manifestement élever un débat. Il est probable aussi qu'il ait travaillé sa com' car le contact avec lui se révèle amical et sans aspérité.

    Ainsi sur la densification. Il y est opposé et milite pour la création d'espaces verts. Où ? En verdissant au maximum l'existant et "en valorisant les bois de Boulogne et de Vincennes". Ils reprochent tous deux à Anne Hidalgo "d'avoir bétonné Paris" en prenant pour exemple la reconversion qu'ils désapprouvent de l'ancien hôpital Saint Vincent de Paul dans le XIVe, libéré de ses activités hospitalières depuis 2012, sur les 3,4 hectares de l'enclos historique.

    Tous deux reconnaissent toutefois qu'il n'y a eu rien de tel dans Paris-centre… Rien à redire notamment sur le réaménagement du 17 boulevard Morland (IVe) suite au départ de services de la Ville et de la Préfecture de Paris Île-de-France.

    Benjamin Griveaux nie être intervenu (en avait-il d'ailleurs le pouvoir ?) pour que le Parlement refuse que Paris ait sa police municipale avant les élections de 2020. On veut bien le croire mais – qu'il nous pardonne d'avoir un doute – il ne serait pas surprenant, que par tactique électorale, il l'ait fait d'une manière ou d'une autre… Les enfants de chœur ne sont pas légion en politique !

    Lui attendra 2020 s'il est élu pour avoir sa police municipale à part entière et ses policiers seront armés, ce que déclinent ses concurrents. En attendant, à l'initiative de Sébastien Lecornu Ministre chargé des collectivités territoriales, le Parlement est saisi d'un projet de loi  qui contient d'autres dispositions qui renforcent potentiellement le pouvoir des maires notamment en matière d'amendes (qui pourraient aller jusqu'à 500 € !) et de fermetures administratives des établissements recevant du public. Nous nous sommes déjà exprimés sur ce sujet. Nous avons répété qu'il est difficile d'apprécier la mesure a priori. Les citoyens jugeront sur pièces…

    On a évoqué la dette de la Ville : près de 7 Milliard d'€ ! B. Griveaux l'attribue à la réticence "idéologique" de la Maire à faire appel à des partenariats public-privé. Il s'engage en tout cas lui aussi à ne pas augmenter les impôts mais il taillerait dans les dépenses. Il dénonce l'existence de 400 conseillers dans les différentes délégations. Il ramènerait ce nombre à 200 ! Il dénombre 417 personnes au service de la communication, alors que 30 contrôleurs seulement essaient de traquer Airbnb, ses pompes et ses œuvres….

    En même temps il se propose de donner plus de responsabilités aux maires d'arrondissements, de sorte que le Maire de Paris ne soit plus un homme-orchestre mais un chef-d'orchestre !

    Il a conscience que la mairie de Paris distribue 250 à 300 Millions d'€ à des associations non institutionnelles et qu'il y lieu de mettre de l'ordre dans ce maquis. Il pense en particulier aux "associations communautaristes anti-républicaines" qui reçoivent une aide financière inappropriée. B. Griveaux et P. Rupin rappellent à ce propos que s'ils respectent toutes les communautés ils n'admettent ni l'un ni l'autre le communautarisme. Dont acte !

    Gérard Simonet

     

     

  • Arbalétriers géné

    La rive ouest du passage des Arbalétriers, dont les riverains dénoncent l'état indigne et cherchent à protéger par des plots les dommages causés par des camions à l'immeuble ancien (Photo VlM/MT)

     

     

    Réunion le 6 novembre avec l’administratrice judiciaire récemment nommée pour gérer ce passage privé où le Centre Culturel Suisse (CCS), association loi de 1901 locataire gratuit de locaux appartenant à la Confédération Helvétique, dispose d'une salle qui reçoit du public.

    Selon des riverains concernés par l'état du passage, la situation est extrêmement tendue avec le CCS en raison de deux conflits majeurs que l’administratrice doit régler : le rétablissement de la circulation automobile dans le passage et le retrait des bornes de protection des façades que le CCS a décidé unilatéralement.

    L’enjeu de la réunion était pour les copropriétaires de faire réinstaller les plots que le CCS a supprimés pour permettre à ses camions de circuler plus aisément au risque de détériorer la partie fragile de l'immeuble en encorbellement .

     

    Arba camion

    Intrusion des camions du CCS dans le passage

     

    Au cours de la réunion, le CCS a exprimé son refus catégorique de les remettre en place car il veut élargir le passage pour laisser plus de place aux camions … de pompiers ! Les pompiers, n’ont rien demandé et de toute façon aucun camion de pompiers ne peut entrer dans ce passage à cause du portique et de son étroitesse ; ce qui n’effraie pas les pompiers car ils ont, d'après leurs dires, suffisamment de mètres de tuyaux et d’échelles pour atteindre les immeubles en cas de besoin.

    L'Architecte des Bâtiments de France du IIIe arrondissement, Samanta Deruvo, lors de sa visite un mois après l’achèvement des travaux (à la suite de l’article dans le Canard enchainé à propos des pavés sciés au laser) avait exigé de l’architecte Thierry Pasco qu’il protège l’encorbellement au milieu du Passage.

    Les riverains déplorent que le CCS ne pense qu'à favoriser ses activités d’ERP (établissement recevant du public) au dépend de la tranquillité des habitants et de la conservation d’un lieu emblématique du Marais. Le droit de propriété et la réglementation d’urbanisme des secteurs protégés sont négligés et le patrimoine parisien "adapté" aux nécessités marchandes. S'agissant de la Suisse, pays ami dont le sérieux n'est pas en doute, on aimerait que son Ambassadeur intervienne pour rappeler ses compatriotes au respect du patrimoine du pays d'accueil qui est le nôtre.

    Pour ce qui nous concerne, nous sommes guidés par le souci que le patrimoine historique et architectural du Marais soit préservé. Ce lieu est un des rares vestiges d'une période ancienne qui remonte au XVème siècle, à la reine Isabeau de Bavière, Charles VI et les ducs de Bourgogne et d'Orléans. Il est infiniment regrettable qu'il soit livré aux tags immondes qui tapissent les murs de la rive ouest et à une basse querelle autour de plots de protection qui semblent pourtant a priori bien nécessaires.

    GS/MT

     

     

  • L'étincelle 05 11 19

    Place (*) du Bourg Tibourg (IVe) : disparition de la contre-terrasse de "L'Etincelle" (Photo VlM)

     

     

    C'est un espace en mutation que nous avons aujourd'hui sous nos yeux ! Depuis quelques semaines, on assiste au retrait des contre-terrasses qui avaient transformé ce qui ressemble à une place en une sorte de bunker que tous les établissements présents avaient contribué à créer. 

    Tous sauf un, le "Feria Café", à l'angle Verrerie, qui avait admis il y a quelques mois que sa contre-terrasse n'était ni belle ni légale et l'avait spontanément retirée. En reconnaissant par la suite que ses affaires avaient été favorablement affectées par l'abandon de sa contre-terrasse disgracieuse…

    Les autres décidaient de faire de la résistance et certains comme "l'Etincelle" saisissaient le tribunal administratif pour forcer la main de l'autorité municipale. 

    Il y a eu alors une heureuse concomitance : l'arrivée du nouveau maire Ariel Weil et la reprise de "l'Etincelle" par un nouveau gérant, Pierre Long. Un dialogue s'est établi avec lui et l'ensemble des établissements de la place. Il a abouti à la reconnaissance par l'ensemble de la profession de la nécessité de respecter les règles d'urbanisme qui contribuent au charme du lieu, un bienfait dont tout le monde bénéficie.

    Les amoureux du Marais s'en félicitent tout en affirmant, pour certains, de façon circonspecte que les restaurants vont tout faire pour "regagner du terrain" en poussant au maximum leurs terrasses ouvertes sur l'espace public. Une méfiance qui s'explique par les nombreux précédents dont nos quartiers sont victimes mais qui ne doit pas nous empêcher de nous réjouir d'une évolution qui prend le bon chemin.

     

    (*) Ce lieu au sens strict n'est pas une place. C'est la rue du Bourg Tibourg qui s'élargit en débouchant sur la rue de Rivoli au point de ressembler effectivement à une place.

     

  • Grav 20

    Gravilliers 20

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Evacuation de gravats 20 rue des Gravilliers (IIIe). Parmi eux, de belles pierres des bâtiments existants, de la "pierre de taille jaune" très demandée sur le marché de la construction…

     

     

    Pendant que les élus et ceux qui rêvent de l'être à Paris dissertent sur la pertinence de porter de 120 à 90 (ou moins) le nombre de nuitées de location saisonnière autorisées pour les propriétaires de leur résidence principale, des acteurs plus sournois démolissent allègrement des locaux commerciaux, sans déclaration à la mairie, sans panneau d'affichage, nous disent des témoins.

    Il est un fait que depuis des mois, des propriétaires de locaux de statut "commercial" (souvent d'anciens entrepôts ou ateliers d'artisans) convertissent leurs biens en "résidences hôtelières" sans qu'il soit nécessaire de demander à la mairie de Paris le changement de statut qui s'impose à ceux qui sont propriétaires de locaux "d'habitation" et veulent en faire des logements type Airbnb, changement que la mairie a rendu difficile voire impossible dans le but de lutter efficacement contre les locations courte durée. 

    Pour ces propriétaires-là, la voie est étrangement libre. Ils doivent passer le cap de l'assemblée générale des copropriétaires. C'est aisé quand une majorité d'entre eux y a son intérêt. L'étape suivante est l'exécution des travaux de transformation. Ils sont souvent lancés sans demande d'autorisation. Si demande il y a auprès de la direction de l'Urbanisme de la Mairie de Paris, il nous semble que les services concernés ainsi que l'Architecte des Bâtiments de France, chargés de protéger l'architecture du Marais (Site Patrimonial Remarquable) font preuve d'une permissivité regrettable.

    Dans l'affaire qui nous concerne au 20 rue des Gravilliers, un groupe de propriétaires choqués par ce qu'ils constatent ont lancé une action judiciaire au civil devant le TGI contre l'entrepreneur concerné en mettant en cause la validité de l'assemblée générale. 

    Nous attirons sans tarder l'attention des autorités municipales et du Ministère de la Culture sur cet aspect symptomatique du phénomène des locations saisonnières. Nous les invitons du reste à aller plus loin et à se préoccuper du statut de ces "résidences hôtelières" qui sont devenues le Graal des entrepreneurs qui se convertissent. Il est probable qu'il faille légiférer pour que ces activités touristiques soient encadrées par des normes compatibles avec celles de l'hôtellerie traditionnelle. Faute de quoi, on assistera à une concurrence déloyale qui n'est acceptable par personne, et à la dégradation de l'habitat urbain.

    GS

     

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    Agence caractèreL'agence immobilière "Caractère", implantée dans l'Hôtel de Maintenon, 50 rue de Turenne (IIIe) (Photo VlM)

     

     

    Stupeur dans le Marais : l'agence immobilière "Caractère" qui se présente comme la première agence spécialisée sur les biens historiques des XVIIème et XVIIIème siècles, implantée dans un hôtel particulier monument historique, s'est livrée à une facétie qui défie le bon goût mais aussi et surtout les règles d'urbanisme du Marais, "Site Patrimonial Remarquable" suivant la définition qui a remplacé le concept de PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur).

    D'après une personne de l'agence à qui nous avons parlé, la direction a sollicité des "artistes" pour décorer la devanture et voilà ce qui en est résulté : une provocation envers les habitants du Marais, très attachés au respect de son esthétique, une provocation aussi envers la Ville et ses élus, un défi en direction du Ministère de la  Culture et de l'Architecte des Bâtiments de France qui ont la charge de veiller au respect des codes en vigueur en matière d'architecture et de patrimoine. 

    L'agence se défend en disant que cette œuvre est éphémère et que la devanture sera repeinte intégralement sous dix jours… Si c'est le cas, tant mieux mais qui supporte le coût de cette décoration aussi loufoque qu'inutile ? 

    L'affaire laissera en tout cas un mauvais souvenir et on se demande quelle mouche a piqué les propriétaires car il y a sans doute de meilleurs moyens de s'attirer la confiance de futurs clients.

    De notre côté, après avoir dénoncé ce qui ressemble à une mauvaise plaisanterie, nous demandons au Maire du IIIe et à l'Architecte des Bâtiments de France de prendre les disposition qui s'imposent en de telles circonstances.

    PhL/GS

     

    Post-scriptum du 19 octobre

    Est-ce dû à la parution de notre article critique, à l'intervention de la mairie ou des Bâtiments de France… ?      Toujours est-il que l'agence immobilière "Caractère" a retrouvé le sérieux qui sied à la nature de son activité et au marché qu'elle vise. On donnerait pourtant des tonnes de cacahuètes pour savoir ce qui les a poussés à cette facétie qui a choqué le quartier.

     

    Agence immo nett

     

  • Gare du nord projet valode & pistre architectes le monde 01 10 19

    Le projet d’entrée du nouveau bâtiment sur le côté est de la gare du Nord. Valode & Pistre, Architectes

     

     

    Le quotidien "Le Monde" publie aujourd'hui un article sur le projet de transformation de la Gare du Nord, que le Maire-Adjoint à l'Urbanisme à l'Hôtel de Ville Jean-Louis Missika décrit ainsi : 20.000 m² de commerces (contre moins de 5.000 m² aujourd’hui), presque 14.000 m²de bureaux et 12.000 m² d’équipements culturels et sportifs, logés dans un bâtiment aérien et flambant neuf de cinq niveaux, dont le rez-de-chaussée doit servir de nouveau terminal de départ pour les voyageurs et des toitures coiffées d’un « parc urbain » de plus d’un hectare.

    Nous ne pouvons que lui donner raison. L'étonnement pour nous c'est qu'il ait fait approuver ce même projet le 10 juillet 2019 en conseil de Paris, à l'issue de débats très vifs il faut le dire avec l'opposition. 

    Reconnaitre ses erreurs est le début de la sagesse. Réduire le coût du projet dans un rapport 4 est un pur objectif de bon sens quant on connait l'endettement de la Ville. Il est regrettable qu'on puisse difficilement revenir sur ce péché originel qu'est la candidature de Paris pour l'accueil des Jeux Olympiques en 2024. La transformation de la Gare du Nord est l'un de ses avatars. On peut s'attendre jusqu'à l'échéance, malheureusement, à d'autres constatations du même genre. 

    GS

     

     

  • Hôtel raoul portail avant dégradationsPortail de l'Hôtel Raoul 6 rue Beautreillis (IVe) avant les dégradations de mai 2019 

     

    Par courrier du 20 juin 2019 notre Député Pacôme Rupin  attirait l'attention de la DRAC (direction régionale des affaires culturelles d'Île-de-France) sur l'état de déshérence inacceptable du portail de l'Hôtel Raoul et lui suggérait d'en faire l'acquisition aux fins de le réhabiliter (article du 22 juin 2019). Le portail appartient toujours aux quelques propriétaires de l'immeuble original. Ils ont exprimé leur accord pour le céder à la Ville pour un euro symbolique.

    La réponse du Conservateur régional des monuments historiques de l'Île-de-France Antoine-Marie Préaut est une fin de non recevoir. Il renvoie le Député vers la Fondation du Patrimoine, dont chacun sait bien qu'elle n'a pas d'argent, et vers la mission Stéphane Bern dont l'action est louable et sympathique mais qui elle non plus n'a pas les poches profondes.

    Pacôme Rupin a donc changé son fusil d'épaule en décidant cette fois de s'adresser à la mairie de Paris et plus précisément à Karen Taïeb, Adjointe à la Maire de Paris en charge du patrimoine et à Christophe Girard, Adjoint à la Maire de Paris en charge de la culture. Les 150.000 € nécessaires aux travaux sont une goutte d'eau dans le budget de la Ville de Paris et il se trouve de surcroît que Mme Taïeb est conseillère du IVe et que M. Girard en a été le Maire de 2012 à 2017. Des personnalités qui devraient normalement se sentir motivées à régler le sort du portail délaissé.

    Il faut se rappeler que dans la même rue, au titre du "budget participatif", des travaux de voirie ont été entrepris pour laisser, selon certains, plus de place aux terrasses de bars sur les trottoirs, et ceci pour un coût de 250.000 € qui ne couvre qu'une première tranche…. Ce serait faire justice à la rue Beautreillis que de ré-équilibrer la dépense en s'occupant du patrimoine.

    Ce portail abandonné, les habitants du secteur et nous-mêmes avons décidé d'en défendre la cause dans nos rencontres avec les élus de Paris et ceux qui veulent accéder aux responsabilités à l'occasion des élections municipales de mars 2020. Nous unirons nos efforts pour que cet élément de notre patrimoine collectif ne soit pas le mistigri qu'on passe à d'autres pour s'en débarrasser….

    GS

     

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    Bt 2 générale

    La "place" du Bourg Tibourg (IVe). Au fond, la rue de Rivoli (Photo VlM/CV)

     

    Il ne s'agit pas d'une place mais elle en a les apparences. La rue du Bourg Tibourg  débouche sur la rue de Rivoli par un espace assez vaste pour qu'on le qualifie de place. Ce sentiment est renforcé par l'absence de voitures sur cette partie de la voie réservée aux piétons.

    La présence d'une dizaine d'arbres feuillus et la qualité du bâti qui la borde fait de cette simili-placette un endroit au charme indéniable qui, toute proportion gardée, fait penser à la place du Marché Ste Catherine. Les cafés-restaurants ne s'y sont pas trompés, ils se sont mis rapidement à compter le nombre supplémentaire de consommateurs qu'ils pourraient servir en empiétant un peu plus sur l'espace public.

    Une guerre se déclara en 2011 lorque la Maire de l'époque, Dominique Bertinotti, décida de canaliser leur désir d'expansion en imposant des jardinières pour figurer les limites de leur emprise. Ils s'y plièrent bon gré mal gré jusqu'à ce que l'un d'eux, l'Etincelle, décide de construire la contre-terrasse fermée qu'on voit sur la photo.

     

    Bt 6 étincelle

    Le mouvement s'étendit rapidement à la place tout entière, jusqu'à ce que le Maire de l'arrondissement décide de poursuivre l'un d'eux devant la justice du tribunal administratif, pour déplorer quelque deux ans après, avec amertume, l'enlisement du dossier dans les arcanes de la procédure. 

    Ariel Weil arrive alors aux responsabilités et opte pour la carotte de la persuasion sans lâcher pour autant le bâton. La méthode commence à porter ses fruits. Le premier établissement à obtempérer fut le "Féria Café". Il faut convenir qu'il y avait urgence car sa terrasse fermée aux couleurs vives jurait dans le décor ambiant. Depuis deux années maintenant, sa terrasse est ouverte et ses tables et ses chaises baignent dans le paysage charmant de la place. Selon ses gérants, la fréquentation loin de baisser a connu un réel essor.

    Bt 7 fériaRetour à la terrasse ouverte : le "Féria Café", 4 rue du Bourg Tibourg (IVe)

     

    Depuis peu on constate que d'autres ont emboité le pas et l'espace incriminé se dégarnit lentement de ses contre-terrasses disgracieuses. Si le mouvement se généralise, on assistera peut-être à la restauration de l'esthétique de la place. Avec un risque que la municipalité doit juguler à tout prix : que la disparition des contre-terrasses donne lieu à une extension exagérée et illicite des terrasses ouvertes, au regard du règlement de la Ville de Paris, mouvement qui limiterait l'espace vital des piétons et aggraverait les nuisances sonores nocturnes pour les résidents de la place.

    Cette dernière remarque vaut aussi pour la place du Marché Ste Catherine. Avec le retour des beaux jours, les exploitants ont remisé leurs terrasses fermées qui donnaient à l'endroit l'allure d'une casemate, et la place a retrouvé son charme. On sait qu'Ariel Weil s'appliquera à la maintenir en l'état mais là encore la vigilance s'imposera pour que les établissements restent dans leur limites réglementaires. 

    Bourg Tibourg et Marché Ste Catherine restent les deux grand défis environnementaux que le Maire s'est assigné. Les habitants du IVe et d'ailleurs y sont eux aussi très sensibles.

     

    Postscriptum du 19 septembre 2019

    Information recueillie ce jour au "Café du Maire" d'Ariel Weil par la déléguée de l'association : le café "L'Etincelle" devrait retirer sa plateforme contre-terrasse dans les 15 jours. Il s'est aperçu qu'il est illégal d'englober des arbres ! pour les autres c'est en cours mais terrasse et contre-terrasse vont se rejoindre, se rapprocher pour n'en former qu'une.

    La surface occupée restera toutefois la même. On ne passera plus dans les contre allées. Les établissements devront rentrer toutes leurs chaises le soir… Aucun matériel ne sera toléré à l'extérieur.

    En revanche, le problème des SDF est insoluble. La voirie enlève leur matériel, matelas, chaises, canapés etc… mais des gens compatissants reviennent dans la journée avec du mobilier de remplacement. Peut-on leur en vouloir ?

     

     

     

  • Gymn 1Le nouveau "look" des colonnes du 95 rue du Temple (IIIe) (Crédit photos Guillaume Bontemps, mairie de Paris)

     

     

    La Mairie de Paris a lancé il y a moins d’un an le projet « Embellir Paris ».

    L’association « Vivre Le Marais ! – Paris Centre » ne peut être qu’en faveur de telles initiatives, ayant à maintes reprises attiré l’attention de la Mairie de Paris et des Maires des IIIe et IVe arrondissements sur des endroits dans le Marais en état de déshérence, de saleté et d’occupation par un stationnement anarchique de vélos, motos, trottinettes, tel qu’à l’angle du 95 rue du Temple et de la rue Michel Le Comte dans le IIIe arrondissement.

    Gymn 2

    Vingt localisations dans Paris ont été retenues pour cette opération, dont celle citée précédemment.
    Des jurys ont été constitués pour choisir parmi différents projets celui qui serait retenu pour le lieu concerné. l’Association y a participé pour le projet du IVe "Le socle – Collectif 6m3" angle St-Martin/ Cloitre St Merri, représentée par son Président Gérard Simonet mais n'a pas été sollicitée pour le projet du IIIe.

    Le 29 août 2019, dix projets d’ores et déjà achevés ont été inaugurés, dont celui de la rue du Temple, en présence de la Maire de Paris Anne Hidalgo,  de Pierre Aïdenbaum Maire du IIIe et de Ariel Weil Maire du IVe arrondissements.

     

    Gymn 3

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    Vues rue Michel le Comte à gauche, rue du Temple à droite

     

    L’œuvre « Up/Side/Down/Town » réalisée par l’artiste Danois Daniel Van Der Noon et l’Agence The Street Society, est une fresque gigantesque, très colorée, palette de l’arc-en ciel, égayant le RDC d’un immeuble banal, béton gris, des années 70, gymnase, centre des impôts, commerces et habitations, propriété de la Régie Immobilière de la Ville de Paris (RIVP), incongru dans l’ensemble urbain ancien environnant qui est assez homogène. Il est à regretter que ce bâtiment n’ait pas été ravalé avant la mise en place de ce décor.

    Sur les colonnes et murs des façades de l’immeuble, des dessins au trait noir suggérant des bâtiments, entremêlés, juxtaposés, dégagent l’impression du foisonnement de l’architecture urbaine, en partie rêvée, avec néanmoins quelque sites identifiables, Moulin Rouge, Arc de Triomphe, etc… Même travail de fresque au plafond et sur le sol de ce préau. L’ensemble dégage une impression de fraîcheur et de gaité, expression picturale à la frontière entre figuration et expression onirique, invitant le passant à la rêverie.

    La question de la pérennité et de la préservation des peintures au sol va se poser très rapidement, l’endroit étant de grand passage.

    Une plaque explicative de la démarche créatrice de l’artiste, en résonance avec le mouvement LGBTQ+ (*), est apposée sur la façade.

    Une œuvre d’art existe par elle-même, pour l’émotion, les sentiments qu’elle éveille chez le spectateur, bien plus que par des explications intellectuelles, sociétales ou pseudo-philosophiques. La lecture de « Qu’est-ce que l’Art » de Tolstoî est particulièrement éclairante sur le sujet.

    Claude Verrier

     

    (*) LGBTQ+  =  Lesbiennes, gay, bi, trans, queer (ceux qui s'interrogent), et + englobe toutes les autres réalités… (définition Libération)