Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV


  • Blancs manteaux façade
    Etat désolant de la façade de l'espace des Blancs-Manteaux  (IVe)(Photos VlM/YDM)

     

     

    Ce vendredi 16 août, BFM Paris nous conviait à une émission où il était question de propreté à Paris pendant les mois d'été. Deux secteurs ont fait l'objet d'un reportage : la butte Montmartre, envahie par les touristes et …. le Marais. Les témoins n'ont pas été tendres pour Montmartre. Nous avons quant à nous parlé des berges de la Seine en signalant qu'il s'agit d'un domaine sensible pour la mairie de Paris car elle est au cœur d'un débat entre tenants et adversaires de cette initiative de la Maire Anne Hidalgo et de ses Adjoints Europe Ecologie les Verts. Un débat que la justice a tranché mais dont les cicatrices restent ouvertes.

    Il est important pour cette raison que la mairie de Paris se montre capable d'entretenir le site en dépit d'une fréquentation importante de jour comme de nuit. C'est un défi de taille. Reconnaissons que la mairie s'en acquitte assez bien, au prix il est vrai de moyens exceptionnels voire déraisonnables affectés à son entretien.

    Qu'en est-il ailleurs ? Nous avons constaté par le passé que le paysage urbain à la rentrée de septembre est plutôt bien soigné : moins de tags, moins d'affiches sauvages et de salissures. C'est assez normal dans la mesure où les vandales partent eux aussi en vacances, qu'il n'y a pas de manifestations de rues et d'événements festifs comme la fête de la musique, voire de période festive comme la quinzaine des fiertés. Les parisiens sont de plus peu nombreux, même s'ils sont en partie remplacés par des touristes.

    Il nous serait agréable de faire cette fois encore ce constat. A notre grand regret, les nouvelles que nous recevons au fil de l'eau nous font craindre au contraire une dégradation estivale. Deux sites patrimoniaux remarquables nous sont signalés pour l'état inacceptable dans lequel ils se trouvent. Il s'agit de la halle des Blancs-Manteaux, un édifice de 1813 qu'on doit à Napoléon 1er et qui abrite désormais diverses activités culturelles et sportives. 

    Sa façade en pierre, les vitres, et le trottoir de l'entrée principale sont souillés quotidiennement depuis trop longtemps. Abandonnée comme une vulgaire palissade de chantier, la façade de ce lieu historique est transformée en atelier sauvage, dans l'indifférence apparente de la mairie de Paris.

     

    Les Blancs Manteaux

    Espace des Blancs Manteaux

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pire encore, car il s'agit d'un crime de lèse-majesté, l'Hôtel particulier le plus prestigieux du Marais, l'Hôtel Amelot de Bisseuil dit des Ambassadeurs de Hollande, qui a bénéficié il y a peu d'une restauration prometteuse semble laissé sans soins aujourd'hui, livré à l'affichage sauvage (vue de la façade et détail ci-dessous)

     

    Amelot géné

    Amelot dét

     

    Il se trouve que  les deux anomalies signalées se situent dans un mouchoir de poche ce qui les rend plus choquantes encore. Nous attirons l'attention du Maire du IVe Ariel Weil sur une situation qui n'a pas pu lui échapper, lui qui réside tout près et nourrit, nous semble-t-il, l'ambition légitime en 2020 de gouverner les arrondissements du centre historique de Paris.

    GS-YDM

     

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    Kiosque
    Projet : "redonner vie aux 33 kiosques à musique parisiens, en les rénovant et en les ouvrant, dès les premiers beaux jours, à toutes les pratiques : musique, danse, théâtre, marionnettes, jeux, démonstrations et pratiques sportives…" Budget 3.700.000 €

     

     

    La Maire de Paris Anne Hidalgo fait le point sur l'état d'avancement des projets éligibles du "budget participatif", arrondissement par arrondissement. Son credo : "Je fais confiance aux parisiens et parisiennes (*). Cette ville qu’ils connaissent mieux que quiconque, je veux qu’ils nous aident à la façonner, à la faire grandir". 

    Le "budget participatif" propose aux citoyens de décider de "l'utilisation de 5% du budget d'investissement de la Ville de Paris entre 2014 et 2020, soit un demi-milliard d'€" (mairie de Paris).

    Il est probable que cette décision de la Maire de confier une partie du pouvoir aux citoyens soit portée au crédit de la municipalité en place car elle est une manière de mettre en oeuvre le principe de "démocratie participative" qui sonne de façon plutôt positive dans le discours politique ambiant. Nous n'avons pas les moyens de financer un sondage à ce propos mais il nous semble que le simple bon sens nous invite à le croire.

    Il n'est pas interdit cependant de s'interroger sur le sujet. Démocratie participative : de quoi s'agit-il ?

    Le concept suggère que la démocratie tout court ne satisfait pas les aspirations des citoyens, que l'expression et la sanction du bulletin de vote n'est pas suffisante. Il faudrait que les électeurs restent impliqués au jour le jour dans les décisions et les activités de ceux qu'ils ont élus, précisément pour décider et agir… 

    Soit ! mais comment alors exercer cette surveillance ?

    Les conseils de quartiers ? Ils ne sont pas élus et ne représentent que les habitants, très rares au demeurant, qui sont disponibles et les plus remuants. On en voit le résultat : la "rue 'Golotte" (IIIe) et l'aménagement des trottoirs de la rue Beautreillis (IVe). Des réalisations clivantes qui font des mécontents. Les associations ? Elles n'ont pas non plus de mandat électif et ne représentent que ceux qui s'expriment en leur nom, même s'il arrive qu'elles aient acquis notoriété, visibilité, influence et expertise dans leur domaine. 

    Il est à craindre qu'il n'y ait pas de bonne réponse. On est en droit de se demander s'il est démocratique de retirer à des élus la charge de décider d'une partie des budgets de la Ville pour la transférer à des quidams qui n'ont aucun mandat et ne doivent leur influence qu'à leur activisme, quelques fois intéressé.

     

    (*) en novlangue dans le texte original : "parisien.ne.s"

    Gérard Simonet

     

  • Gymnase

    Le projet UP/SIDE/DOWN/TOWN (centre-ville sens dessus-dessous)

     

     

    Le comité de sélection mis en place par Jean-louis Missika, Maire-adjoint en  charge de l'urbanisme à l'Hôtel de Ville, promoteur du projet "Embellir Paris", a fait ses choix pour "sublimer un peu le quotidien, inviter l’art dans ces pans de l’espace public qu’on désigne par le terme de délaissés urbains" : c’est l’esprit de l’appel à projets « Embellir Paris », dont la liste des lauréats a été rendue publique le 22 mars

    Parmi ces projets, l'amélioration de l'esthétique des abords du gymnase Michel le Comte a été confiée à l'agence d’innovation urbaine parisienne "The Street Society". Sa réalisation débutera le 15 juillet 2019. Le projet s'intitule UP/SIDE/DOWN/TOWN. Il est porté par l'artiste Daniel van der Noon.

    Voici comment l'agence le décrit : "Ce projet collaboratif laissera la parole aux communautés LGBTQ+ (Lesbiennes, Gay, Bi, Trans, Queer qui signifie ceux qui s'interrogent et + qui élargit à toutes les réalités – NDLR) afin qu’elles soient au cœur de sa conception. Ainsi, une consultation en ligne et une série d’entretiens individuels permettra à toutes et tous de suggérer des lieux et de raconter leurs histoires. Daniel van der Noon représentera sur la totalité du site ces espaces urbains importants aux communautés LGBTQ+ à travers le monde, des plus emblématiques aux plus intimes.

    Gymnase détailsDétail d'exécution

     

    Il semble que l'Architecte des Bâtiments de France n'ait pas fait d'objection à ce nouveau décor. Le vrai défi sera évidemment de le garder propre…

     

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    Le service de la Garantie immeuble

    L’ancien hôtel de ''La Garantie", 14 rue Pérée (IIIe) (photo VlM)

     

     

    On dit que la Commission du Vieux Paris que dirige Bernard Gaudillère (PS) n'a pas l'oreille de la Maire Anne Hidalgo. Elle est de fait une sorte d'anachorète qui prêche dans le désert en disant des choses que personne n'a envie d'entendre.

    Il en est ainsi de l'immeuble de "La Garantie", près de la mairie du IIIe (notre article du 13 mars 2018) qui va devenir la mairie de Paris-centre. Y loger les effectifs de police des quatre arrondissements regroupés n'est pas déraisonnable. C'est reporté en 2023, le temps de faire les travaux d'aménagement nécessaires. D'ores et déjà, dès ce mois de septembre 2019, les forces de police seront placées sous commandement unique, confié à un commissaire du grade le plus élevé dans la hiérarchie : un Commissaire général.

    Que dit la Commission du Vieux Paris ?

    Dans un vœu à l'issue de sa réunion le 6 juin 2019 à l'Hôtel de Ville, adressé au Conseil de Paris, elle "rappelle que l’immeuble est protégé au titre du  PLU (plan local d'urbanisme) de Paris. Elle condamne le choix d’un programme incompatible avec la préservation de cet ensemble bâti remarquable dont les dispositions intérieures et extérieures n’ont été jusqu’ici que peu modifiées. Elle s’oppose en conséquence au remplissage des parties hautes par des constructions neuves, ce qui modifierait la volumétrie du bâtiment, et s’insurge contre la démolition de l’escalier d’honneur qui aurait pour effet de disloquer la séquence d’entrée du bâtiment, calquée sur la distribution des anciens hôtels particuliers. 

    Elle critique également "le grand nombre de démolitions et percements intérieurs et extérieurs (façade principale) ainsi que la perte de la majeure partie du second œuvre d’origine encore présent (mosaïque de sol et dalles de verre en particulier). Elle juge également irrecevable les transformations apportées aux grands espaces sous verrière, qui dénatureraient gravement le cœur du bâtiment (traitement acoustique et thermique de l’ancienne salle des guichets et perte de la transparence au fond de la cour d’honneur)". 

    Voilà le projet habillé pour l'hiver… Il est peu probable que ce vœu soit exaucé compte tenu de l'impact qu'il  aurait sur le programme d'implantation des effectifs de police du nouvel arrondissement. On n'a pas non plus à notre niveau les éléments qui nous permettraient d'avoir un avis sur le sujet. On se dit pourtant que les membres de la Commission ont toutes les raisons de porter sur ce projet un regard objectif et compétent. Dans ce cas c'est une fois encore le patrimoine qui fera les frais du changement. Espérons que le jugement de la Commission du Vieux Paris soit sévère et que les aménagements envisagés n'aient pas les conséquences aussi néfastes que celles qu'elle nous laisse entrevoir…

    Gérard Simonet

     

    Post-scriptum du 2 juillet 2019

    En conseil d’arrondissement du IIIe arrondissement, le 1er juillet 2019 le Maire Pierre Aidenbaum a fait voter à l'unanimité un vœu relatif  au projet de reconversion de l’ancien hôtel de la Garantie en commissariat de Paris Centre – 14 rue Perrée, 2-4, rue Paul-Dubois et 1-3, rue Gabriel-Vicaire.

    Ce vœu qui commence par une série d'attendus, notamment la compétence de la Commission du Vieux Paris, la protection PLU de l'immeuble concerné et l'émotion suscitée par le projet auprès des riverains et défenseurs du patrimoine parisien conclut ainsi : 

    "Le Maire du 3ème et les élus de la majorité du conseil d’arrondissement demandent au Préfet de police d’informer le conseil d’arrondissement de ses intentions de reconsidérer la nature et les opérations menées dans le cadre des travaux de reconversion de l’hôtel de la Garantie, face aux réserves et recommandations émises par la Commission du Vieux Paris.

    Le cas échéant, que puissent être examinées différentes options pour que les travaux initialement prévus soient reconsidérés pour préserver, autant que faire se peut, les parties historiques et patrimoniales de l’hôtel de la Garantie".

     

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    Raoul gs géné 22 06 19

    Portail de l'Hôtel de Raoul nettoyé, 6 rue Beautreillis (IVe) (Photo VlM)

     

     

    La diffusion de notre article du 6 mai 2019 "Saccage du portail de l'Hôtel Raoul : SOS à la Mairie de Paris" a été suivie d'une réaction qui a probablement bénéficié de l'intervention du Maire Ariel Weil que nous avons eu le plaisir de rencontrer à ce moment-là. Les graffitis abjects qui défiguraient les deux vantaux de la porte en bois ont été recouverts par les services de la Propreté de Paris d'un badigeon qui pare au plus pressé et joue les cache-misère. Le résultat n'est pas idéal mais il n'était pas possible de faire mieux à ce stade et nous en remercions les acteurs.

    Une information supplémentaire nous est parvenue ce jour : le Député de la 7ème circonscription (XIe, XIIe et IVe) Pacôme Rupin s'intéresse au dossier de la restauration de ce portail. Dans un courrier du 20 juin 2019, il s'adresse à  Karine Duquesnoy, Directrice régionale des affaires culturelles  (DRAC) d'Île-de-France, pour lui demander de prendre en charge la restauration du portail et "redonner une auguste place à ce bâtiment".

    Les personnes proches du dossier estiment que la restauration du portail et des vantaux en bois coûterait aux alentours de 150.000 €. Sa remise en état avait été suggérée par un riverain dans le cadre du "projet participatif" 2017 de la Mairie de Paris. Il évaluait la dépense à 4.000 €  ! Un optimiste…. Il a essuyé un refus, la mairie estimant que le dépense serait plutôt de 350.000 €… Elle a préféré faire droit à une autre demande, très appuyée par les bars-restaurants, d'élargir les trottoirs de la rue et de ses affluentes pour un coût qui se situe entre 250 et 300.000 €. Les travaux ont commencé sur le tronçon qui encadre le restaurant "Le Dindon en Laisse". 

    Les deux projets ne sont donc pas très différents en matière budgétaire. Il est dommage qu'on n'ait pas poussé plus loin l'analyse de celui qui valorisait notre patrimoine collectif, mais ceux qui s'en plaignent ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes : il fallait être présents aux réunions…

    Il y a désormais une perspective que le quartier bénéficie doublement des travaux de rénovation : c'est acquis pour les trottoirs, une porte s'ouvre pour la restauration du portail de l'Hôtel de Raoul. Nous nous en réjouissons !

     

  • Paris le parisien 01 03 19

    Paris, photo du quotidien "Le Parisien", avant l'incendie de Notre-Dame le 15 avril 2019

     

     

    La course à la mairie de Paris est ouverte. Les partis fourbissent leurs armes, les états-major préparent les alliances et les médias commentent. Notre association ne prétend pas refléter l'opinion générale des parisiens et n'est pas non plus forcément le miroir de Paris-centre mais elle puise sa vision de Paris dans les échanges qu'elle entretient depuis 12 ans avec un nombre croissant d'habitants qui nous lisent et réagissent. A ce jour, 2.125.684 pages de notre blog ont été lues, chiffre très proche de la population parisienne (la comparaison n'a bien entendu aucun sens…)

    Nous ne faisons pas de prosélytisme car il serait trop ardu pour nous qui sommes tous bénévoles de gérer une population d'adhérents qui pourrait aisément atteindre les 10.000 ou plus. Nous pensons simplement que l'opinion de ceux qui nous suivent n'est pas circonscrite au groupe qu'ils constituent. A ce titre, il y a tout lieu de penser que nos attentes sont aussi celles d'un très grand nombre de parisiens.

    Nous avons décidé de les faire connaitre à ceux qui souhaitent garder le pouvoir pour poursuivre leur tâche et à ceux qui veulent le conquérir. Nous leur demanderons de prendre connaissance des sujets qui nous mobilisent et sur lesquels nous attendons une réaction, des réponses et des engagements.

     

    Ce qu'on veut pour Paris. Les grands thèmes sont en caractères gras :

    • Arrêt de la densification de Paris intra-muros. Des espaces de respiration et de la verdure
    • Priorité à la propreté des rues et du mobilier urbain. La fin de l'affichage sauvage, des flyers et des graffiti. Arrêt de l'ouverture des parcs publics la nuit.
    • Pollution de l'air : interdiction progressive des véhicules à moteurs thermiques. Mesures immédiates contre les deux-roues bruyants et polluants. Instauration du stationnement payant pour les motos et scooters et mise en oeuvre de leur contrôle technique
    • Evolution progressive vers des véhicules tout électriques
    • Circulation autos/motos limitée dans les arrondissements centraux. Non concernés : les riverains et les véhicules de livraisons et de services, publics et privés. Attention renforcée aux conditions de déplacements des personnes à mobilité réduite.
    • Pérennisation de l'accès réservé aux piétons et circulations douces sur les voies sur berges avec obligation du contrôle des dérives festives nocturnes
    • Maîtrise des dépenses et équilibre budgétaire. Amorce de remboursement de la dette. Arbitrage sur les 300 Millions d'€ de subventions versées aux associations fantaisistes pour en finir avec le clientélisme dans ce domaine. Report des économies sur le budget propreté
    • Une police, municipale ou non, qui soit visible et qui sanctionne les incivilités : code de la route et de la ville, jets de déchets et de mégots sur la voie publique, tapage, lutte contre les nuisances sonores et l'occupation illégale du domaine public  par des activités marchandes (bars, restaurants…)
    • Une direction de l'urbanisme et du paysage de la rue qui fasse respecter les règles d'urbanisme et le PSMV (qualifiés désormais de  SPR "Sites Patrimoniaux Remarquables")
    • Une politique financièrement raisonnable de création de logements sociaux. Priorité de leur attribution à ceux qui sont au service de la société (policiers, infirmières, pompiers etc…)

     

    Ce qu'on ne veut pas à Paris, la version en creux de ce qu'on veut et,

    • Des hausses d'impôts
    • Des mesures communautaristes
    • L'invasion du tourisme de masse
    • L'anarchie dans les locations saisonnières
    • Les JO de 2024 sans référendum des parisiens
    • la Tour Triangle
    • Les tours du XIIIe 

     

    Gérard Simonet

     

  • Francs-bourgeois 34 cour pavée travaux 08 06 19

    Cour pavée de l'Hôtel Poussepin en réfection, 34 rue des Francs-Bourgeois (IIIe) (Photo VlM/YdM)

     

     

    Le Centre Culturel Suisse est propriétaire du rez-de-chaussée à cette adresse. Il est aussi l'un des copropriétaires du passage des Arbalétriers dont on a regretté l'an passé que ses pavés aient été sciés par le milieu pour que la chaussée soit plus lisse. De là à penser qu'il en sera de même avec la cour, il n'y a qu'un pas que nous ne voulons pas franchir.

    Si notre ami Albert Mandil était toujours des nôtres, lui qui jouait les gardes-champêtres de ce lieu historique, nous saurions précisément ce qu'il en est. Nous avons une pensée pour ce fidèle disciple de notre association, disparu il y deux ans. 

     

    Mandil voltigeur

    En son absence, nous ne pouvons que faire confiance à l'ensemble des copropriétaires du bâtiment et à l'Architecte des Bâtiments de France pour que le caractère exceptionnel de cet hôtel du tout début du XVIIème siècle soit préservé. Il remplaça à cette époque une "maison d'aumône" qui datait de 1350, construite pour abriter dans 24 chambres, 48 pauvres gens dispensés de toute imposition et qualifiés pour cette raison de "francs bourgeois". 

    Nous formons l'espoir également que les plafonds peints du 1er étage n'aient pas été sacrifiés à un quelconque réaménagement de l'espace habitable. Rappelons qu'au titre du PSMV du Marais (devenu SPR = sites patrimoniaux remarquables) les intérieurs des immeubles  sont protégés au même titre que leur architecture extérieure.

    GS

     

  • Beautreilllis 7 Hôtel raoul

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Deux monuments caractéristiques de cette rue du quartier St Paul dans le IVe : un maison style Henri IV très ancienne (XVIème-XVIIème siècles) au n° 7 et le portail de l'Hôtel Raoul, en déshérence et atrocement défiguré par des songe-creux

     

     

    L'expression "démocratie représentative" peut être considérée comme un pléonasme, si on range parmi les utopies la définition que donnait Jean-Jacques Rousseau de la démocratie tout court (*)Le genre de démocratie qui s'est imposé dans les mentalités est de fait le mode de gouvernement des pays de l'OCDE. Cette démocratie-là s'exerce par les mécanismes de la représentation, nationale ou locale.

    Il arrive qu'elle butte sur des difficultés comme celles que nous avons connues avec le mouvement des "gilets jaunes". Les gouvernants un temps déstabilisés en viennent alors à se demander s'il n'y a pas lieu de composer avec ceux qui apparaissent comme des leaders de la protestation. Jusqu'à ce que les réalités, notamment les dissensions internes aux mouvements protestataires leur montrent qu'il faut revenir aux bases de la démocratie.

    Dans les grandes villes, et à Paris singulièrement, s'est développé depuis vingt ans un courant de démocratie "participative". Les mots sonnent bien. Il a été difficile en revanche d'en tracer intelligemment ses contours. Renonçant au principe de l'agora, périlleux du fait du nombre élevé de citoyens, on a assisté à Paris à la mise en place de "conseils de quartiers". Si leur création résulte de la loi, leur gestion n'obéit à aucun texte officiel. En pratique, chaque arrondissement a conçu pour eux une charte "maison". 

    A l'approche des élections municipales, il ne serait sans doute pas inutile d'en dresser le bilan et de s'interroger sur leur maintien. Un vécu récent dans le IIIe nous montre que la réunion de ces conseils ne rassemble que quelques personnes et tourne souvent au pugilat entre des individualités marquantes qui ne représentent en réalité qu'elles-mêmes.

    Le réaménagement de la rue Beautreillis étend le questionnement au dossier des "budgets participatifs". L'idée est généreuse : elle prévoit d'affecter 5% du budget d'investissement de Paris jusqu'en 2020 au financement de projets proposés localement par les habitants. Mais dit autrement, on ampute de 5 % le budget d'investissement dont les choix sont faits par des élus et on en transfère l'utilisation à un groupe non défini de citoyens sans mandat électif.

    Les Maires d'arrondissements ont privilégié assez naturellement les conseils de  quartiers pour infuser ce mécanisme. C'est ainsi qu'un projet de réaménagement d'une partie de la rue Beautreillis a vu le jour dans le IVe, porté par une génération spontanée de quelques citoyens, habitants et commerçants. Il s'agit d'une piétonisation partielle avec élargissement de certains trottoirs, à hauteur notamment des bars-restaurants de la rue.

    La mairie du IVe et son Maire Ariel Weil ont agi de façon irréprochable. Le projet a fait l'objet d'une présentation publique en mairie dont le "Powerpoint" est accessible à tous. Il reste que l'annonce de début de travaux a réveillé les consciences de nombreux riverains qui n'avaient pas prêté attention à ce qui se déroulait au pied de chez eux et aux conséquences qu'on peut légitimement redouter.

    Ils ne s'y opposent pas mais ils viennent massivement vers notre association dans l'espoir de peser sur les relations si elles devenaient conflictuelles avec les commerçants qui ne vivent pas là forcément mais attendent beaucoup des perspectives économiques qui s'ouvrent à eux avec la création de terrasses.

    Plusieurs copropriétés viennent d'adhérer à "Vivre le Marais !" Elles savent que nous ne sommes pas opposés à des restrictions de circulation automobiles dans les quartiers de Paris-centre sous certaines conditions de respect des intérêts moraux et matériels des habitants. Nous nous inscrivons une fois encore dans cette attitude et nous élargissons le débat en revenant sur le sort du portail de l'Hôtel Raoul. 

     

    Raoul horlogeL'horloge de l'Hôtel Raoul, arrêtée à 10h30. Elle ne demande qu'à repartir…

     

    Ce monument délaissé est encore la propriété de ceux qui ont vendu les ruines de l'Hôtel pour construire du neuf mais il sont prêts à le céder à la Ville de Paris pour 1 € symbolique. On dit que la réhabilitation coûterait 150.000 €… Nous ajoutons pour ce qui nous concerne qu'on peut le protéger des assauts d'autres imbéciles en l'éclairant par des spots et en installant une caméra de surveillance. Il n'y a là rien qui soit hors de portée de la mairie de Paris. Nous souhaitons qu'Ariel Weil s'y emploie et que la Maire Anne Hidalgo s'en saisisse.

    Gérard Simonet

     

    (*) Jean-Jacques Rousseau, considère que la démocratie ne peut être que directe : « La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale et la volonté générale ne se représente point" – Wikipédia –

     

    Histoire de la rue Beautreillis : un blog remarquable lui est consacré

     

  • St antoine 40Rue Saint-Antoine 40 (IVe)

     

     

    L'immeuble est à l'état d'abandon apparent depuis plusieurs années.  Nous l'avions qualifié de "Maison la plus étroite du Marais" . C'était en avril 2014. Elle est toujours aussi étroite, enchâssée qu'elle est entre ses deux voisines du 38 et du 42 pour une surface au sol de 44 m², ses étais aux ouvertures sont toujours là, mais un permis de modifier est affiché. Il est daté du 30 mai 2018 et annonce sa transformation prochaine. En lieu et place de commerces et d'un hôtel meublé qui constituaient sa destination originelle, il y aura désormais sur  ses 5 étages, 5 logements et 4 bureaux.

    Il n'est pas fait état curieusement du commerce de vêtements qui existe pourtant au rez-de-chaussée. Sera-t-il lui aussi transformé, sacrifié ? 

    Qui pourra satisfaire notre curiosité en révélant la façon dont se fait la circulation verticale. Escalier hélicoïdal, escalier droit, ascenseur ou pas ?

     

    ValenciaEn dépit de sa minceur, l'immeuble n'a pas droit au Guinness Book des records. Cette maison de Valencia en Espagne dite "La Estrecha" mesure 107 cm de largeur seulement… (Photos VlM – cliquer gauche sur l'image pour l'agrandir)

     

    Post-scriptum du 31 mai

    Comme nous le pressentions, un lecteur éclairé nous renseigne sur les circulations verticales. Voici ce que nous dit Gaspard : "J’ignore par quel moyen aujourd’hui on gravit les étages de cette maison si étroite, mais au milieu du XIXe siècle, il existait bien un escalier, apparemment droit, comme le montre sa représentation sur cet extrait du plan parcellaire Vasserot et Bellanger (Archives de Paris, lien)".

    St antoine 40 plan

    "L’escalier de ladite maison, qui portait alors le numéro 169 (la numérotation de la rue Saint-Antoine a été modifiée en 1900) devait sans doute plus s’apparenter à une échelle de meunier. On notera également la présence d’une courette qui a sans doute disparu aujourd’hui si on se réfère au plan parcellaire municipal de la fin du XIXe siècle (lien)".

     

  • Quatre fils 18 tags 27 05 19Mur-pignon du 18 rue des Quatre-Fils (IIIe) (Photo VlM)

     

     

    Qui se hasardera à prétendre que ces barbouilleurs ont un sens de l'esthétique ?

    Ce mur, comme bien d'autres, est régulièrement nettoyé des sévices qu'il subit. Depuis des années, la Ville paye des sociétés qui dans le cadre de l'application "DansMaRue" sont chargées de nettoyer les tags. Elles le font plus ou moins bien et sous un délai qui a été court (3-4 jours) il y a deux ans à peine mais qui, devenu aujourd'hui très long, trop long (4-6 semaines), quand il n'atteint pas l'éternité, laisse leurs auteurs parfaitement satisfaits de la  durée d'exposition qui est ainsi consentie à leurs "œuvres".

    Il est étonnant que les responsables de la Ville et de l'Etat n'aient pas tenté ces dernières 20/30 années que sévit le phénomène, de résoudre le problème. Il aurait fallu d'abord vaincre le déni d'incivilité qui veut que certains penseurs considèrent ce fléau comme une expression artistique, associée au concept d'art de la rue ou street art. 

    Le street art est une réalité qui a suscité de vrais talents mais il se dévoie dans les dérapages qu'on connait quand il s'exerce sans encadrement. Il est vrai qu'il y a antinomie entre cet art qui est l'expression d'une inspiration débridée et le respect de règlements donc de contraintes qui auraient la volonté de le domestiquer. Mais c'est la responsabilité des gestionnaire de la Cité de gérer au mieux ce paradoxe. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il ne l'est pas aujourd'hui à Paris.

    Quelles sont les mesures qu'il faudrait prendre ? Décider d'abord de s'attaquer au mal par une propagande intelligente. On a prétendu longtemps qu'on ne viendrait pas à bout à Paris des crottes de chiens abandonnées sur les trottoirs. La communication, initiée au début des années 2000 par le Vert Yves Contassot, en est pourtant venue à bout si on veut bien pardonner ceux et celles qu'un lumbago tenace et douloureux interdit encore de se plier vers le sol pour ramasser la déjection de leur animal préféré !

    Une action auprès des fabricants de bombes de peinture ne serait peut-être pas inutile. Certaines villes l'exercent. Paris n'a jamais voulu le faire depuis que la mesure lui a été suggérée en 1992. Certains d'ailleurs se demandent ingénument si ces bombes servent à autre chose qu'à armer les tagueurs…

    Enfin c'est vers nos Députés qu'il faut se tourner. Un commissaire central nous racontait récemment qu'ils leur arrive de pincer des tagueurs en flagrant délit. Amenés au poste quelques fois, ils subissent un douloureux rappel à la loi, tellement pénible qu'ils s'en flattent ensuite auprès de leurs congénères et postent l'aventure comme un trophée sur leur site Internet. 

    Nous adressons un message à nos députés : "Mesdames, Messieurs les Députés, qui nous faites l'honneur de lire nos chroniques, rédigez un texte et trouvez le véhicule législatif qui convient pour faire voter par l'Assemblée Nationale une infraction ou un délit de "taguage" et d'incitation à la  pratique de cette manie désastreuse, punie d'une amende dissuasive qui en fera réfléchir plus d'un. Rappelez vous que le respect des personnes et des biens (les murs ont un propriétaire…) est inscrit dans la déclaration des Droits de l'Homme de 1789, article 2 !"

    La Ville de son côté et les prétendants à sa gestion pour 2020 doivent revoir la copie actuelle… et la rendre plus efficace. Une réduction sensible du délai d'intervention, combinée avec une pratique du mode LIFO (last in, first out) aurait de bonnes chances déjà d'affaiblir significativement cette manie détestable.