Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

  • St merri piscine école

    L'école St Merri et ses sinistres abords avant les travaux (Photo VlM)

     

     

    En réponse à notre article du 9 mars sur les "projets embellir Paris", Isabelle Knafou, directrice de cabinet du Maire du IVe Ariel Weil, nous envoie des précisions que nous publions avec plaisir car elles nous éclairent sur un dossier qui a été de tout temps délicat. Il induit en effet un combat entre fonctionnalités et esthétique mais aussi entre les tenants d'un certain conservatisme de bon aloi dans le Marais et l'ouverture à l'architecture contemporaine (de bon aloi si possible…) :

     

    "A la demande du Maire du 4e arrondissement, je me permets d’apporter un rectificatif à votre présentation des travaux du multi-équipement Saint-Merri, réalisé il y a quarante ans par les architectes Roux et Lombard, et emblématique d’une époque qui n’est pas manifestement pas du goût de tous…

    Le programme de cette opération d’envergure menée par la Ville de Paris consiste principalement en la restructuration complète de la piscine, des bains-douches et des vestiaires du gymnase et en la rénovation partielle du groupe scolaire Saint-Merri Renard (avec notamment le remplacement des menuiseries bois sur cour et au 4ème étage sur rue et la création d’un jardin pédagogique sur la toiture terrasse du 5ème étage).

    Démarrés en août 2017, les travaux touchent d’ailleurs bientôt à leur fin. La piscine et les bains-douches seront rouvertes au public dès cet été tandis que le gymnase accueillera à nouveau les sportifs à la fin septembre.

    L’opération n’a donc pas vocation à améliorer l'esthétique de ce bâtiment mais vise essentiellement à améliorer le confort d’usage des équipements, leurs performances énergétiques et l’accès pour tous les publics. Toutefois, certains aménagements iront bien dans le sens d’une amélioration esthétique de ses abords jusqu’ici sombres, étroits et sales.

    D’abord, les grandes parois vitrées ouvrant sur le hall du bâtiment associées à un nouveau traitement des arcades apporteront lumière et visibilité à l’ensemble de la façade. Surtout, le Maire du 4e, Ariel Weil, a souhaité que l’espace soit dégagé devant le bâtiment, au niveau de la sortie de la voie souterraine des Halles, grâce à l’aménagement d’un véritable parvis. Ces travaux démarreront cet été pour une durée de six mois.

    J’invite toutes celles et ceux qui souhaitent en savoir plus à assister à la réunion publique qui se tiendra à ce sujet à la mairie du 4e arrondissement le 11 avril à 18h30.

    Cet aménagement contribuera certainement à embellir Paris, comme la démarche du même nom initiée par Anne Hidalgo. N’hésitez pas à aller voir les différents projets sur le site embellir.paris et à voter pour vos préférés.

    Ne doutons pas que Vivre le Marais et son président, qu’Ariel Weil a convié à participer au jury qui choisira le projet lauréat du 4e arrondissement, saura lui-aussi peser en faveur du plus beau projet.

    A suivre !

    Isabelle Knafou"

     

  • Coeur façade

    La "maison de Jacques Coeur" au 38-40 rue des Archives (IVe), une façade désordonnée qui comporte en apparence de nombreux ajouts. Trois fenêtres à meneaux sont visibles sur la partie droite du bâtiment (Photos VlM)

     

     

    Jacques-Cœur est né à Bourges, y a vécu et prospéré dans les affaires. Un magnifique palais gothique construit au milieu du XVème siècle rappelle qu'il a été la personnalité marquante de la ville par l'immense richesse accumulée et l'influence qu'il a eu auprès du roi Charles VII dont il a été le "ministre des finances" (grand argentier) avant de connaitre le genre de disgrâce que subissent souvent les créanciers quand leurs débiteurs n'ont pas d'argent pour rembourser mais la capacité politique de leur nuire. Emprisonné par le roi Charles VII et dépouillé de ses biens puis banni, il illustre parfaitement le dicton qui nous enseigne et nous prévient que "La roche Tarpéïenne est proche du Capitole".

    Il n'y a pas de lien a priori avec le Marais sauf que Jacques-Cœur y fit construire cette maison au 38-40 rue des Archives. Elle abrite aujourd'hui prosaïquement une école primaire dont la façade est la première face du dièdre qu'elle forme avec l'immeuble décalé du 34, propriété du fameux architecte de Beaubourg, Renzo Piano, où il dispose de bureaux et d'un atelier de production de maquettes visible de la rue.

    C'est à sa petite fille, Marie Cœur, qu'elle fut offerte à la fin du XVème siècle. Ce bâtiment a ceci d’étrange qu'il mélange les éléments architecturaux au point d'en être déroutant : pierre de taille, motifs polychromes en briques rouges et briques noires, fenêtres à meneaux, caractéristiques du style renaissance et ouvertures traditionnelles percées semble-t-il au hasard sans aucun ménagement pour le nombre d'or…. Il en ressort une impression de pagaille où domine néanmoins le style Henri IV, caractéristique de la place des Vosges, qui fait en grande partie la valeur de ce monument.

    Coeur porchePortail en double voûte, arc brisé et "anse de panier", entouré de pilastres finement décorés

     

    L'autre face du dièdre est un mur-pignon qui fournit aux afficheurs-vandales l'opportunité d'y apposer des placards d'affiches sauvages. Nous en avons parlé ces jours-ci pour constater que la dernière vague consacrée à Sandro et Weston avait été elle-même vandalisée et saccagée avec hargne. La DPSP, pour constater et sévir, et les services spécialisés de Propreté de Paris sont intervenus pour effacer les traces du combat entre les afficheurs et ceux qui ont décidé de "résister à l'agression publicitaire".

    Coeur pignonLes deux faces du dièdre. Mur-pignon du 34 récuré dans l'attente de la prochaine incivilité. Il jouxte la façade de la maison Jacques-Cœur où une fenêtre à meneaux est visible au premier étage

     

    Nos quartiers où l'histoire et la culture affirment leur présence sont familiers de ce genre de contraste. Certains sont incités à en tirer un bénéfice marchand, les autres et nous sommes nombreux à en faire partie, prônent le respect de l'environnement, des sites et des monuments. Il a suffi d'un dièdre pour que ces deux attitudes se rencontrent et s'affrontent.

    Gérard Simonet

     

  • ABF-bourreau-guillotine duverdier 20 02 19

     

    C'est avec ce dessin humoristique et éminemment tragique de Jean Duverdier que Alain de la Bretesche, président de Patrimoine-Environnement, introduit une tribune sur les conséquence potentielles de la loi ELAN (Evolution du logement et aménagement numérique) sur la sauvegarde du patrimoine français.

    Patrimoine-Environnement est une association nationale d'utilité publique, agréée au titre du code de l'Environnement et de l'Education Nationale, qui oeuvre pour la mise en valeur de l’environnement, du patrimoine archéologique, architectural et touristique de la France. Elle fait autorité dans son domaine et à ce titre nous la respectons.

    Elle livre une analyse de la loi ELAN, promulguée le 23 novembre 2018 par le Président de la République, sous l'accroche :"Construire plus, mieux et moins cher !" Alain de la Bretsche considère qu'en l'état le texte de loi qui traite du permis de construire n'est pas suffisamment intelligible pour être applicable et formule le souhait que les décrets d'application viennent lever les ambiguïtés existantes.

    S'agissant des "Sites patrimoniaux remarquables" (la nouvelle appellation des "plans de sauvegarde et de mise en valeur"), il relève qu'il y a désormais deux procédures possibles : le Maire, saisi d'une demande de construction peut (1) proposer un projet et le soumettre à l'avis simplement consultatif de l'ABF (architecte des bâtiments de France), ou (2) soumettre le dossier à l'ABF pour l'obtention cette fois de son avis conforme. La décision est entre les mains de l'autorité locale, pour autant qu'elle dispose des moyens et de l'expertise nécessaires.

    Alain de la Bretesche en conclut : "Le danger est important : si le maire [……] n’a pas d’empathie particulière pour l’ABF, [……] l’avis conforme aura totalement disparu dans le site patrimonial remarquable de sa collectivité".

    La décentralisation a des vertus mais on ne peut pas attendre des 35.000 maires de France qu'ils aient tous, chevillé au corps, le désir de sauvegarder le patrimoine ainsi que la compétence requise pour prendre les bonnes décisions en matière d'architecture. Les ABF sont quelques fois critiqués pour leur attitude. Il reste que ce sont des fonctionnaires d'Etat d'encadrement supérieur, formés pour la fonction qu'ils exercent, membres du corps des architectes et urbanistes qui ont choisi l'option "patrimoine". Contrairement aux "Architectes en Chef des Monuments Historiques" dont les rémunérations sont les honoraires qu’ils perçoivent sur les montants de travaux définis par eux-mêmes, l'ABF est à l'abri des conflits d'intérêt. Il perçoit un salaire fixe qui découle d'une grille indiciaire de la fonction publique.

    Nos préoccupations rejoignent celles de M. de la Bretesche. Nous attendons avec intérêt les décrets d'application. Ils pourraient apporter des clarifications et espérons le des apaisements si le Ministre de la Culture prend d'ici là la mesure du péril. De notre  point de vue, il importe de préciser la nature de ces projets que la collectivité locale préparerait pour les soumettre à l'avis (simplement consultatif) de l'ABF et en réduire le champ de sorte que cette possibilité ne serve pas trop souvent d'échappatoire aux obligations de respect du cadre de vie et du patrimoine.

    Gérard Simonet

     

  • Capture d’écran (6)Immeubles de Paris

     

     

    Réunie en assemblée ordinaire ce 11 février par son président Claude Birenbaum, la "Plateforme des associations parisiennes", dont "Vivre le Marais !" fait partie, a débattu de la disparition des "demandes de permis de construire"  et des "déclarations préalables de travaux" du bulletin municipal officiel (BMO) de la Ville de Paris. Il s'agit de dossiers qui sont soumis à l'examen et à l'approbation de la direction de l'Urbanisme de la mairie de Paris et au "visa conforme", en secteur sauvegardé, de l'architecte des Bâtiments de France (ABF).

    Cette disparition s'est faite subrepticement et sans préavis. Elle jette un doute sur l'attachement à la transparence des dirigeants de l'Hôtel de Ville. Les associations parisiennes qui sont actives sur les dossiers d'urbanisme avec la volonté de protéger le patrimoine et l'environnement sont unanimes à regretter cette mesure qui manque d'élégance car elle donne le sentiment que la mairie de Paris cherche à rendre la tâche plus difficile encore aux associations qui voudraient se mobiliser pour exercer légitimement des recours. 

    La loi ELAN (évolution du logement, de l'aménagement et du numérique) du 1er juin 2018 avait donné le ton d'une restriction de la capacité pour les associations de contester les permis de construire. Dans un souci – louable – d’accélérer les processus de production de logements, elle comporte des dispositions qui restreignent la possibilité pour les association de défense du cadre de vie d'exprimer leur opposition aux projets qui portent atteinte au patrimoine et à l'environnement.

    Outre nous-mêmes qui avons été actifs sur des affaires où le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais n'était pas respecté, la Plateforme compte dans ses rangs des associations qui ont œuvré pour la sauvegarde du patrimoine parisien. Parmi elles : "XVIème Demain" (Serres d'Auteuil et fondation Louis Vuitton), "SOS Paris" (Tour Triangle et Samaritaine), ACCOMPLIR (rénovation du quartier des Halles), Monts 14 (Tours du XIIIe, Parc de Bercy)….

    La Plateforme compte en outre sur la solidarité des association nationales que sont "Sites & Monuments", "Vieilles Maisons de France" et "Patrimoine Environnement", actives sur tout le territoire et bien évidemment sur Paris. 

    Faute d'être averties en effet par le bulletin officiel, toutes ces associations devront surveiller les publications en mairies et suivre l'apparition in situ de panneaux d'affichage dont la date d'accrochage détermine le délai de recours. Il est clair que ces contraintes nouvelles auront pour effet de contrarier leurs actions et nous craignons que ce soit le but recherché par les stratèges de l'Hôtel de Ville. S'il n'en était rien, il serait souhaitable que nous en soyons rapidement informés afin que le doute soit levé et que nous prenions si nécessaire les dispositions qui conviennent pour continuer à exercer une vigilance bénévole qui est au service exclusif de la nation et de notre patrimoine collectif.

     

    Post-scriptum du 13 février :

    "Monts 14" nous signale le lancement d'une pétition en ligne…

     

     

     

  • Archives cloître billettes façade 19 01 19

    L'église (sur la droite) et la façade du cloître des Billettes, 22 rue des Archives (IVe) (Photos VlM)

     

     

    C'était une des préoccupations des habitants du quartier, l'état de la façade du cloître des Billettes entretient des inquiétudes car des éléments de la maçonnerie menacent à tout moment de se détacher et de blesser des passants en tombant sur le trottoir. Nous en parlions déjà en 2015. Le temps de la restauration est aussi long sinon plus que le temps judiciaire, en matière de sauvegarde du patrimoine !….

    Mais enfin la mairie du IVe a fait savoir au conseil de quartier Saint-Merri qui s'est tenu le 16 janvier, que la DAC (direction des affaires culturelles) a lancé fin 2018 la procédure de restauration, qu'un marché de maîtrise d'oeuvre a été attribué et que les études ont commencé. Des investigations sont conduites en même temps. qui pourraient éventuellement déboucher sur des compléments de travaux susceptibles de modifier le délai de réalisation et le budget consacré à l'opération.

     

    Archives cloître billettes intérieur 19 01 19Le cloître, qui a bénéficié en son temps des soins de Viollet le Duc, héberge régulièrement des expositions. En ce moment, du mobilier de l'Himalaya 

    L'Histoire de l'église et du cloître des Billettes est une des plus excitante du Marais. Une légende rapporte qu'en 1290 une hostie profanée, jetée par un homme dans une marmite d'eau bouillante, puis poignardée, aurait saigné… Le site porta le nom du "lieu où Dieu fut bouilli !" Il n'en fallut pas moins pour qu'un culte s'installe et se développe en cet endroit. Une église et un cloître furent construits au bénéfice de la communauté des frères de la "Charité Notre-Dame" au tout début du XVème siècle.

    Deux siècles plus tard, sous l'impulsion d'une nouvelle communauté, les Carmes-Billettes, l'église et le cloître sont reconstruits sur le modèle visible actuellement. Ils deviennent propriété de la Ville de Paris sous Napoléon 1er qui l'affecte en 1812 au culte chrétien protestant.

     

    Bibl. Alexandre Gady – Le Marais – Ed. Le Passage

     

  • Francs bourgeois rue encombrée dimanche
    Rue des Francs-Bourgeois le dimanche (IIIe-IVe) (Photo VlM)

     

     

    Le quotidien "Le Parisien"  publie le 5 janvier sous la signature des journalistes Eric Le Mitouard et  Nicolas Maviel une tribune intéressante sur la population parisienne et son déclin annoncé. Il s'ensuit une série de témoignages et d'explications qui épousent le ressenti général mais deux interrogations essentielles et légitimes sont passées sous silence : y a-t-il vraiment une baisse significative du nombre d'habitants à Paris et, si baisse il y a, est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

    Les données qu'on peut consulter sur Internet, font plutôt état d'une stabilité de la population, avec 2 176 243 habitants en 1982, 2 181 371 en 2006, 2 229 621 en 2013 et 2 190 327 en 2016. Le nombre est estimé à 2 209 517 pour 2018 et on table sur 2 206 785 habitants en 2019…

    Dire à partir de ces chiffres que Paris se dépeuple semble intempestif. Les statistiques, tout comme les cours de la bourse, évoluent en dents de scie. On peut toujours trouver deux années consécutives avec une baisse sans que ce soit significatif à moyen et long terme. Il est plus convenable de dire que la population est stable globalement à Paris avec une légère tendance à l'effritement ces dernières années.

    Démographie 20 minutes 02 01 18

    Démographie et services publics doivent être en harmonie…

     

    Autre statistique qui ne manque pas d'intérêt : on a noté 31 940 naissances à Paris en 2000 et 31 623 naissances en 2008 et 28 266 en 2018. Une légère baisse sur dix huit ans (0,6 % par an), qui témoigne là aussi d'une certaine stabilité.

    Localement, l'évolution peut être différente. La baisse touche plus franchement les arrondissements de Paris-centre. Mais dans ce secteur, la présence de visiteurs français et étrangers est particulièrement sensible. Le quotidien "Les Echos" publiait une étude le 16/12/2014 qui faisait état de 47 millions de visiteurs dans l'année à Paris (tous hébergements confondus). Actualisé, ce chiffre se situerait aujourd'hui aux alentours de 60 millions, avec 3,9 nuitées par personnes. Tout calcul fait, ce sont de ce fait 640.000 personnes de plus visibles chaque jour à Paris et le centre en absorbe une part majoritaire avec le Marais, Notre-Dame et les Îles, le musée Picasso, le centre Georges Pompidou…

    Tout ce qui est dit autour de ce phénomène est par ailleurs incontestable. Le prix du foncier a fortement augmenté entraînant un forme de gentrification qui pousse à la hausse des prix et à la montée en gamme des biens de consommation.  

    La location saisonnière y fleurit aussi plus qu'ailleurs du fait de l'attractivité du centre historique de la capitale, et ce n'est pas fini car les locaux d'entreposage des grossistes en maroquinerie et autres locaux a caractère commercial se transforment les uns après les autres en "résidences hôtelières".

    Dire qu'il n'y a plus de commerces de bouche ou de détail relève un peu du radotage. Les rues de Bretagne (IIIe) et Rambuteau (IIIe-IVe) en regorgent. Simplement, ce ne sont plus tout à fait les mêmes. Et il n'est pas sûr cependant qu'on ait perdu au change.

    Densité paris dessin sans légende

    Parisiens, est-ce là ce vous souhaitez ?

     

    Enfin devons-nous craindre que Paris perde des habitants alors que c'est la ville la plus dense d'Europe avec près de  22 000 habitants au km², que nous manquons d'espace pour respirer un air déjà trop pollué et que nos services publics, notamment les transport, sont saturés ? On a trop tendance dans les sphères politiques à être schizophrènes sur le sujet. Chacun sait que Paris est trop dense mais Anne Hidalgo s'est engagée à créer 10 000 logements par an et sa rivale de l'époque Nathalie Kosciusko-Morizet avait surenchéri à 11 000 !

    Pour désengorger Paris, il faut se réjouir que de nombreuses entreprises s'expatrient à la périphérie notamment dans la petit couronne et que les habitants les suivent en s'installant à proximité. A ce propos il est difficile de comprendre que la Maire de Paris ait soutenu le projet de "Tour Triangle" dans le XVe.

    En conclusion, les choses étant ce qu'elles sont, il n'y a pas lieu de céder au pessimisme ambiant mais deux recommandations s'imposent à la Ville et à l'Etat. La première : consolider le dispositif de contrôle des locations touristiques et de leurs plateformes. On se demande à ce propos si Ian Brossat, Maire-adjoint en charge du logement aura le temps de s'en occuper alors qu'il est devenu tête de liste du parti communiste aux élections européennes. La deuxième : le Parlement et la Ville doivent se demander s'il n'est pas temps de se doter de lois ou dispositions qui canalisent le tourisme de masse qui est un danger mortel pour les centres-villes comme le nôtre. 

    GS

     

    Notes :

    D'après l'INSEE, institut en charge du recensement de la population française :

    le nombre d'habitants à Paris intra-muros atteignait 2 229 621 personnes (population municipale) en 2013 (dernière étude réalisée). La densité moyenne d'habitants par km² était de 21 153,9. 

    Entre 2008 et 2013, la population parisienne a augmenté de 0,2 %. 
     
    Sur les dernières décennies, la population parisienne a augmenté par rapport à 1999 (2 125 851 habitants à l'époque). Mais elle reste toujours nettement inférieure en nombre à celle recensée en 1968 (2 590 771 habitants).

    Les plus forts accroissements de population se constatent dans les 9e12e13e18e19e et 20e arrondissements, tandis que les 4e7e8eet 16e arrondissements voient leur population continuer de diminuer14.

    Le nombre d'habitants de Paris en 2018 est de 2 209 517, la population sera de 2 206 785 habitants en 2019. Selon les derniers chiffres officiels il y aurait actuellement 1 147 991 ménages sur le département de Paris. Un total de 28 266 naissances l'an dernier, et un total de 13 982 décès sur l'année.

     

     

  • Arbalétriers

    Le passage des Arbalétriers, à hauteur du 38 de la rue des Francs-Bourgeois (IIIe)

     

     

    Marie, une riveraine du passage, nous écrit en qualifiant de "grotesque" ce qui se passe à propos de ce passage qui, on le rappelle est privé, mais constitue avec ses maisons à encorbellement et sa chaussée pavée un des rares vestiges que nous ayons dans le Marais et à Paris des 14ème et 15ème siècles. On se souvient que c'est dans ce cadre en 1407 que fut assassiné le duc d'Orléans, par les argousins du duc de Bourgogne Jean sans peur au retour d'un rendez-vous galant avec la reine de France Isabeau de Bavière.

    Nous avons publié un article au mois d'août pour regretter que la remise en état de la chaussée ait été faite "à la hussarde" par le Centre Culturel Suisse sans qu'ait été respectée la procédure de déclaration préalable à la direction de l'urbanisme de la mairie de Paris et à l'ABF (architecte des bâtiments de France). Il a été reproché à la confédération suisse d'avoir sacrifié les pavés d'origine en les sciant par le milieu.

    La mairie de Paris et l'ABF ont choisi de fermer les yeux, préférant ne voir que le bon côté des choses à savoir la remise en état d'une chaussée en fort mauvais état. Tous les riverains n'ont pas été de cet avis. Certains d'entre eux ont adressé une protestation écrite à la direction de l’urbanisme. Les recours en la matière sont du ressort du Préfet de Paris/Île de France. Ses services ont été saisis. En réponse, un courrier envoyé aux protestataires pour leur apprendre que le centre culturel suisse avait déposé auprès de la mairie le 21 septembre une demande de régularisation, dont on voit d'ailleurs le panneau d'affichage sur le vantail de la grille.

     

    Panneau

    Le panneau. (Cliquer gauche pour agrandir)

     

    Une demande d'autorisation préalable qui intervient après l'exécution des travaux ! Même la presse suisse ne s'en est pas remise ! (PRO FRIBOURG, 14/09/2018)

    La préfecture de Paris-Île de France (qu'il ne faut pas confondre avec la préfecture de police), sous la signature de Raphaël Hacquin, Directeur de l'équipement et de l'aménagement de Paris, admet implicitement qu'il y a eu manquement puisqu'il signale le dépôt de la demande de régularisation et précise qu'il se charge de l'instruction de l'affaire.

    On va voir si lui aussi passera l'éponge. A force de tolérer que la loi ne soit pas respectée on s'achemine vers une société sans règles de vie, sans ce ciment que sont les lois qui garantissent le "vivre ensemble". Paris, première destination mondiale des touristes, et le Marais avec ses trésors architecturaux, historiques et culturels, méritent mieux que l'attitude passive de ceux qui ont la charge de leur conservation.

     

    A la veille des fêtes de fin d'année, le bureau de l'association et moi-même vous souhaitons un joyeux Noël avec vos proches et une année 2019 pleine de satisfactions et de bonheur       ♥ ♥ ♥  

    Gérard Simonet  

    Président

     

     

  • Nd de nazareth 44 smartph 18 12 18

    Rue de Nazareth (IIIe) au numéro 44, bien visible au-dessus de la porte d'entrée, un immeuble en sandwich entre les deux immeubles voisins ?

     

     

    Entre ces deux immeubles qui portent les numéros 42 et 46, il existe un  espace qui ne fait pas plus de UN mètre de largeur. Une anfractuosité entre deux bâtiments d'habitation qui se prolonge jusqu'au fond d'un passage qui ressemble à un couloir étroit. 

    C'est pourtant un édifice de cinq étages qui apparaît là, au fond d'un boyau profond d'une dizaine de mètres.

     

    Nd de nazareth 44 couloir 18 12 18

    Notre ami Jean-Louis nous le signale comme "l'immeuble qui pourrait être le plus étroit de Paris, une maison de 5 étages encaissée au fond d'une courte impasse entre deux immeubles avec une fenêtre par étage". C'est ainsi en effet que le présente Jacques Hillairet dans son dictionnaire historique des rues de Paris édité en 1963,

    L'impression est vraisemblablement trompeuse . Le long boyau n'est en réalité qu'un couloir d'accès à un immeuble au fond qui s'étale de part et d'autre des 42 et 46. Le 44 n'aura pas droit au Guiness des records ! Et Jacques Hillairet est pris en flagrant délit d'imprécision !

    Il en est un autre cependant qui peut y prétendre. Il n'est pas très loin, dans le Xe, au 39 rue du Château d'Eau

     

    39_rue_du_Château-d'Eau _Paris_01

    Sa largeur est de 1,10 mètre et il n'a qu'un étage et 5 mètres de hauteur. En revanche, sa petitesse est incontestable et saute aux yeux car il donne lui directement sur la rue !

    Bastien en tout cas a vu juste dans son commentaire à notre article. Nous l'en remercions !

     

  • P1090117Immeuble du 14 rue des Gravilliers (IIIe), soutenu par des étais (Photo VlM)

     

     

    L'immeuble fait l'angle entre la rue des Gravilliers et la rue des Vertus. Une grande fissure est visible sur la façade côté 2 rue des Vertus. Le local du commerce de gros CAFREDY-SAC  a été renforcé à l'intérieur.

    Selon la gérante, l'immeuble est une copropriété privée qui a décidé de procéder aux travaux de renforcement des structures. Dans l'intervalle, la mairie du IIIe demande aux occupants d'évacuer. Il n'en est pas question, au moins pour ce magasin de maroquinerie "qui est là depuis 30 ans". La cohabitation avec les poutres de soutènement et les étais n'est pas confortable mais les gérants "n'ont pas le choix car les loyers ailleurs sont trop élevés".

    Il reste à espérer que la course de vitesse engagée pour la sauvegarde de cet immeuble ancien se conclue par des réparations qui donnent  à l'édifice une nouvelle espérance de vie de plusieurs décennies ou plus.

     

  • Hôtel d'aumontL'Hôtel d'Aumont côté Seine (Photo VlM)


    Peu d'édifices du Marais peuvent se prévaloir, comme l'Hôtel d'Aumont, d'autant de pères
    putatifs. On en attribue
    la paternité tantôt à François Mansart, tantôt à Louis Le Vau, mais
    Libéral Bruand est également cité. Les derniers travaux d'agrandissement et d'embellissement datent du milieu XVIIème siècle/début XVIIIème.
    Il est depuis 1936 la propriété de la Ville de Paris, loué en 1957 avec bail emphytéotique au Tribunal Administratif de Paris qui y a établi sa Cour d'Appel

     

    Isabelle Knafou, Directrice de cabinet du Maire Ariel Weil, nous adresse une information détaillée sur ce qui est prévu à un horizon assez proche :

    Le conseil d'arrondissement du IVe a voté, à l'unanimité, lundi 3 décembre, une délibération concernant la création un grand espace vert face à la Seine, comprenant le réaménagement et l’extension du Square Albert Schweitzer. Ce chantier doit débuter en septembre 2019 et se terminer en février 2020.

    Le programme qui a été soumis au vote prévoit l’aménagement d’un jardin public élargi
    dans la partie
    basse du site (près de la Cité Internationale des Arts) et l’ouverture au public
    du jardin haut fermé
    depuis 2015 (situé près de l’Hôtel d’Aumont).

    L’objectif de cet ambitieux projet vise à offrir aux habitants de notre arrondissement un très bel endroit de détente, de promenade et de loisirs sur une surface totale de 5080 m². Dans la partie basse, le programme propose de réaliser une ouverture qui réunira le square Albert Schweitzer et le jardin des Arts. Il composera un nouvel espace unitaire et cohérent aux multiples usages possibles.

    Le réaménagement de ces parcelles permet d’augmenter substantiellement la part de végétal de la partie basse (975 m² au lieu de 365 m² actuellement). Le programme prévoit :

    • la création de larges pelouses ensoleillées, agrémentées de fleurissements et de plantations variées,
    • l’organisation de deux espaces de jeux séparés à destination des jeunes enfants (petits jeux sur ressorts) et des adolescents (ping-pong et baby-foot),
    • un Théâtre des Petits, monté dans le cadre du Budget Participatif 2017, situé en retrait de la rue, à l’abri du bruit.

    Ces différents espaces permettront des usages et des ambiances diversifiés. Les principes
    d’aménagement retenus visent à préserver les ouvertures visuelles sur la façade de l’Hôtel
    d’Aumont et assurer la délimitation et la sécurité de la Cité Internationale des Arts.

     

     

    Le quotidien "Le Parisien" sous la signature de Philippe Baverel nous a fourni le 7 décembre un reportage documenté du projet. Nous savons le Maire Ariel Weil très attaché à cette réalisation qui arrivera à point nommé dans la compétition pour les municipales. Quel dommage qu'il n'y ait plus rien à faire pour corriger l'esthétique indigente de la Cité Internationale des Arts qui s'étend le long de la rue de l'Hôtel de Ville, face à l'Île St Louis !

     

    Cité des artsLa Cité Internationale des Arts (Photo VlM)

     

    Avec tout près de là les berges de la Seine qui offrent du pont de Sully au Pont Neuf une marche de plus de 3 kilomètres dans chaque sens et sans voitures dans un décor grandiose, le IVe arrondissement fait bien des envieux et se mesure avantageusement au IIIe qui dispose de son côté, avec les jardins du quadrilatère des Archives Nationales (temporairement et partiellement fermés pour travaux), d'un espace là-aussi paradisiaque.

    Les bonnes fées lui ont attribué Notre-Dame, la partie est de l'Île de la Cité (il suffit de traverser le boulevard pour accéder à la Sainte Chapelle), l'Hôtel Dieu, les trois-quarts de la place des Vosges, l'Hôtel de Sully, Beaubourg et le Centre Pompidou….  Il possède maintenant le Parc des Rives de Seine. Avec l'Hôtel de Sens tout proche de l'Hôtel d'Aumont, le futur jardin est un atout supplémentaire qui lui est donné. Il reste à chacun d'en faire le meilleur usage.

    GS