Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

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    La place des Vosges

     

     

    Jour après jour nous constatons que le Marais évolue.  La plupart d’entre nous voit cette  « gentrification », cette  « boboïsation », ainsi que la montée en gamme des commerces (mode, prêt-à-porter) au détriment de ce qui reste encore  des activités traditionnelles  (artisans, commerces  spécialisés…),  tuant petit à petit le côté convivial,  voire traditionnel du quartier attaqué aussi pas le développement sans précédent des locations saisonnières.

    Si l’on procède par étape pour expliquer ce processus, revenons en arrière dans un temps pas si lointain. Le premier des changements a de toute évidence été la prise de conscience forte dans les années 60 de la richesse patrimoniale du Marais, intérêt qui avait permis quelques décennies plus tôt d’éviter son éradication pourtant souhaitée par des personnalités telles que le Corbusier  (voir notre article du 13 août 2015). Le quartier est depuis lors devenu progressivement un quartier prisé, à la mode, comme il l’était au XVIIème siècle.

    Il partait de loin et les nombreuses restaurations entreprises au fil des ans lui ont redonné ses lettres de noblesse, le visage qu’il méritait. Mais cette transformation a eu des effets pervers, l’augmentation significative du prix de l’immobilier dans un contexte de montée des prix dans  la capitale accélérant le départ d’artisans, de petites entreprises,  de commerçants  traditionnels ne parvenant plus à assumer le coût de la location ou bien cédant  leurs locaux pour encaisser de belles plus-values.  Dans le même temps une vague de grossistes asiatiques a investi certaines rues en se spécialisant (bijoux fantaisie, articles en cuir…). Parallèlement  la communauté gay a plébiscité une  partie du IVe arrondissement,  et l’attractivité du Marais pour les touristes a grandi. 

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     Un des magasins de luxe installé rue des Archives IVe (Photo BHV)  

     

    Soulignons aussi l’effet «  locomotive » de l’arrivée des 2 grands musées que sont le Centre Pompidou tout proche du Marais et le musée Picasso, et dans une moindre mesure le musée de la Chasse et de la Nature puis le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme  qui ont participé au renforcement de  l’offre culturelle, sans oublier  la réhabilitation réussie du marché des Enfants Rouges connu aujourd’hui au-delà des frontières.  

    Après une pause assez courte dans sa transformation, des aménagements emblématiques (Carreau du Temple, réaménagement du musée Picasso) combinés au départ de grossistes,  à la multiplication des magasins de prêt-à-porter, des galeries d’art, des hôtels chics, des marques de luxe (y compris de bouche),  la montée en gamme de certains commerces  en particulier du  BHV qui a accolé Marais à son enseigne historique,  ont constitué une nouvelle étape de la mutation du quartier. Ce que nous avons appelé l’étape clone de la Rive Gauche.  

    Des épiceries traditionnelles, des boucheries, des poissonneries,  quelques boulangeries ont disparu mais le constat est le même au plan national. D’ailleurs si les magasins de type « Félix Potin » ont disparu, les supermarchés et les supérettes les ont finalement remplacés et la guerre est dure entre les enseignes alors que le maillage des meilleurs emplacements est mature, chaque groupe (y compris le secteur du bio) essayant d’attirer sous sa marque les franchisés concurrents !

    Bien entendu dans ces mouvements d’ordre économique, nous pouvons ne pas comprendre l’intérêt de cette montée en gamme des commerces. C’est oublier que le Marais, où des étrangers aisés disposent d’un pied à terre, est devenu une sorte d’aimant pour les touristes. Le label « Marais » est synonyme de nec plus ultra pour nombre de touristes, ce qui les conduit à procéder à leurs achats in situ comme le font les clients asiatiques de Vuitton qui font la queue sur les Champs Élysées, alors que la marque est implantée dans  leur pays d’origine !

     

    Sans-titre"A la Ville de Rodez", le magasin-institution  qui résiste 22 rue Vieille du Temple (IVe)

     

    Il faut être réaliste, le Marais va continuer à évoluer. La Fondation d’art des Galeries Lafayette qui ouvrira rue au Plâtre (IVe) l’an prochain, suivie de celle d’Eataly rue Sainte Croix de la Bretonnerie (IVe), l’aménagement entre la rue des Archives (64-66) et la rue Charlot de l’important ilot appartenant à l'américain Blackstone, l’arrivée probable de nouvelles grandes marques (H & M est annoncée rue Vieille  du Temple IIIe ) continueront à accroitre l’attractivité de nos deux arrondissements, à accroitre  le prix de l’immobilier résidentiel et commercial,  provoquant la probable disparition des derniers artisans resté sur place.

    La tranquillité des riverains quant à elle restera perturbée alors que beaucoup d’entre eux n’ont pas souhaité ces changements, mais nous dira-t-on,  il faut vivre avec son temps et accepter les changements inéluctables comme l’ouverture des commerces le dimanche, la multiplication des bars …

     N’est-ce pas aussi tout simplement un des effets de la mondialisation qui alimente le débat actuel !

    Dominique Feutry 

     

  • IMG_3097Échafaudage installé à côté de la porte d'entrée de l'église des Blancs Manteaux au 53 de la rue des Francs Bourgeois (IVe) (photo VlM)  

     

     

    Nous avons tiré la sonnette d’alarme sur l’état des lieux de culte de Paris pour lesquels la Mairie avait alloué un budget insuffisant face à l’ampleur des travaux à mener (notre article du 31 mars 2015). Depuis lors quelques efforts ont été entrepris notamment dans notre quartier ou plusieurs édifices ont bénéficié de travaux importants (l’église Saint-Merri, Saint-Paul Saint-Louis, Saint Gervais-Saint Protais). Pour les autres des travaux d’urgence sont menés au fil de l’eau (Saint Louis en l’Ile, Saint Nicolas des Champs, Saint-Denys du Saint Sacrement…).

    Actuellement ce sont des travaux de toiture qui sont entrepris sur le toit de l’église des Blancs Manteaux, côté rue des Francs Bourgeois au 53. Un échafaudage a été installé voilà 2 semaines, sans doute pour colmater des fuites d’eau qui nuisent toujours à ces édifices.

    Le patrimoine religieux de Paris est parmi le plus riche au monde, riche de ses bâtiments, riche de son mobilier et des œuvres d’art qui s’y trouvent sans oublier le patrimoine organistique de tout premier ordre. Nous estimons que ce patrimoine unique est un atout et pas seulement une charge pour la Ville qui pendant des années a baissé le budget alloué aux réparations et à l’entretien. Il semble que l’équipe aujourd’hui en place ait pris conscience de l’enjeu.

    Quant à l’église des Blancs Manteaux rappelons que dans un article du 1er octobre 2013 nous dénoncions déjà la malpropreté du parvis côté rue des Blancs Manteaux là où se trouve la façade qui est celle de l’ancienne église Saint Éloi des Bernardins, aujourd’hui détruite, qui s’élevait sur l’Ile de la Cité (voir notre article du 1er septembre 2012). Cette malpropreté perdure encore certains jours sur les escaliers devenus un lieu de rassemblement de jour comme de nuit ! Nous avons signalé au service de la propreté du secteur que cet endroit devait faire l’objet d’une attention particulière des équipes de nettoyage.

    Dominique Feutry

     

  • 6178797_1-0-655937018_1000x625Vue d’architecte de la halle sportive en cours d'aménagement 5-7, rue Neuve-Saint-Pierre (IVe) (Photo DR) 

     

    Des membres du Collectif Collectif "Beautreillis – Charles V – Saint Paul – Neuve Saint-Pierre" ont rencontré récemment le Maire du IVe Christophe Girard, entouré de trois collaborateurs, au sujet de l’aménagement d’une halle sportive couverte en PVC sur le terrain de sport au sein de l’ilot formé par les rues Beautreillis – Charles V -Saint Paul- Neuve Saint-Pierre (voir nos articles des 9 juin, 27 juillet, 23 septembre, 2 et 20 octobre 2016).

    Le Collectif a demandé qu’une couverture végétalisée soit préférée à celle d’une toile enduite de PVC, mais plutôt une couverture végétalisée, que l’effort d'esthétique, végétal surtout, soit privilégié autour de ce nouvel équipement sportif.

    Il a insisté sur la sécurité des personnes en ce lieu qui sera très fréquenté et relativement ouvert au public. Dans un souci du confort des immeubles environnants le collectif souhaite la mise en place d’une organisation stricte du terrain de sport extérieur qui se trouvera directement sous les fenêtres de trois immeubles. Il a fait part de ses réserves quant à la gestion des eaux pluviales notamment l'évacuation de l'excédent d'eau par l'égout, car il craint que le puits d'infiltration des eaux dans le sous-sol accentue l'humidité des caves des immeubles mitoyens si les eaux ne sont pas en quantité évacuées par l'égout.

    Enfin un point important a été aussi évoqué avec le Maire, celui de pouvoir garder le côté paisible, village, végétal, de cet endroit afin qu’il ne devienne pas un leu sans grâce et ne soit pas dégradé par les usagers qui s’y presseront vraisemblablement en nombre.

    Christophe Girard s’est montré rassurant sur tous ces points et a conseillé au Collectif d'écrire au Maître d'Ouvrage pour obtenir des garanties en ce qui concerne la gestion des eaux pluviales. Le Collectif reste néanmoins attentif et attend un retour du médiateur de la Ville de Paris qui a été sollicité sur l’ensemble du dossier dès le 30 septembre.

     

  • St martin 280 conservatoire a&m 01 10 16Portail monumental d'accès au CNAM (conservatoire national des arts & métiers qui s'est installé sur le site du prieuré dans les bâtiments disponibles, 280 rue St Martin (IIIe)

                  

     

    Nous sommes ici dans une partie du IIIe dont on parle peu mais qui est probablement l'une des plus fascinantes du Haut-Marais (*), celle en tout cas qui porte la marque la plus forte du passé et de notre Histoire. Elle s'étend du Prieuré Saint Martin des Champs, jusqu'à l'Enclos du Temple, qui était tout proche.

    En partant du Square du Temple, où s'élevait le palais du Grand Prieur de l'ordre des Templiers, on se rappelle que c'est Napoléon III qui le fit démolir, parachevant ainsi l'action préventive de son oncle Napoléon Ier qui avait décrété l'éradication des vestiges de la tour du Temple, prison de la famille de Louis XVI, devenus lieu de pèlerinage pour les royalistes.

    On atteint rapidement l'église du prieuré de Saint Martin des Champs, qui héberge aujourd'hui une partie du musée des Arts & Métiers. Le trajet n'est que de 200 mètres environ le long de la rue Réaumur. Une promenade assez plaisante, d'ailleurs, car elle permet de voir, dans un alignement d'immeubles post haussmanniens, côté impair, quelques bâtiments dans le style "Art Nouveau" (du n° 35 au n° 41), caractéristique des constructions parisiennes du début du XXème siècle.

    Ce prieuré, dont les origines remontent au XIème siècle, est doté d'une enceinte du XIIIème siècle dont il nous reste aujourd'hui des murs et une tour à l'angle de la rue du Vertbois (IIIe). Une deuxième tour se cache non loin de là à l'intérieur d'un immeuble privé situé 7 rue Bailly (IIIe). Elle abrite un escalier hélicoïdal qui a réussi à se lover dans son diamètre.

    Vertbois tour prieuré st martin 24 11 11 Bailly escalier tour prieuré st martin

    Tour d'enceinte rue du Vertbois                          Intérieur de la tour rue Bailly – photo JPD

     

    Dans cet ensemble de bâtiments prestigieux, qui abritent actuellement le CNAM (conservatoire national des arts & métiers), tour d'enceinte, église, cloître, réfectoire, qui virent se succéder pas moins de 65 prieurs dont quelques cardinaux, les époques se superposent et les styles se mélangent. On trouve du roman, du gothique, des signes de la renaissance sur les ouvertures de l'église et pour finir des bâtiments de la fin du XIXème siècle.

    St martin prieuré réfectoire et entrée monumentale musée 26 11 11 St martin prieuré cloitre 26 11 11

    A gauche, réfectoire du XIIIème siècle d'un gothique épuré (qui devient bibliothèque du CNAM en 1845) et entrée monumentale du musée. A droite, le cloitre (encombré de nombreuses constructions parasites)

     

    Plus au sud, mais toute proche dans la rue Saint Martin, se dresse l'église dans le style gothique flamboyant de Saint Nicolas des Champs (voir notre article du 13 octobre 2012). Louis Braille, l'inventeur de l'écriture tactile pour aveugles et mal-voyants, y a tenu l'orgue autour de 1850.

    On voit que le secteur est riche en monuments, riche par son histoire. Le musée des Arts & Métiers à lui seul, qui constitue un pôle d'attraction, ravira ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la science et à l'industrie. Une curiosité y est présentée plusieurs fois par jour, dans l'abside de la chapelle, l'expérience du fameux "pendule de Foucault", qui met en évidence la rotation de la terre sur son axe.

      Réaumur prieuré st martin chevet chapelle 24 11 11 St martin église prieuré st martin façade
      Église (chapelle) du prieuré de St Martin des Champs. A gauche le chevet roman (rue Réaumur) et à droite la façade gothique (rue St Martin)

     

    C'est aussi dans ce cadre d'une grande richesse intellectuelle, architecturale et historique, à hauteur du CNAM rue St Martin, mais de l'autre côté de la rue, que s'élève le théâtre de la Gaîté Lyrique.

    Il borde le square qui s'étale entre les rues Denis Papin et Salomon de Caus (IIIe). L'édifice, dans sa version actuelle date de 1861. Il devient en 1873 le "temple de l'opérette" sous la direction de Jacques Offenbach. Les œuvres d'Offenbach sont légères, bouffes même, mais sa musique et les livrets qui l'accompagnent en font l'émule de Rossini et même de Mozart. La Gaîté Lyrique garde aujourd'hui la mémoire de son génie. Serge Diaghilev et ses "ballets russes" prirent la suite à la fin de la guerre de 14-18 en imprimant eux aussi au monument la marque de leur prestige.

    Gaïté lyrique 22 11 11La Gaîté Lyrique et son square

     

    Le théâtre connut ensuite une série de déboires et de faillites. Il végète jusqu'en 2001, date à laquelle le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum et Bertrand Delanoë, devenu Maire de Paris ont procédé à sa reconversion et décidé d'en faire un centre culturel dédié aux arts numériques et aux musiques actuelles.

      Bailly 7 gédimat tour endos 19 11 16Bailly 7 gédimat tour endos 19 11 16

     Rue Bailly (IIIe) : extrados de la tour et restes de poutres anciennes, magasin Gédimat

     

    La tour de la rue du Vertbois n'est pas le seul vestige du mur d'enceinte comme il est dit plus haut. L'autre tour, de cinq à six mètres de diamètre, est dissimulée à l'intérieur des constructions qui bordent la rue Bailly, au cœur du magasin de fournitures pour le bâtiment "Gédimat" qui va du 5 au 9 de la rue. Un point de vente qui a fait peau neuve récemment et a dû se préoccuper de "sa tour", sous le contrôle des Bâtiments de France. On y est bien accueillis et la direction ne répugne pas à laisser les visiteurs observer le site et prendre des photos. On y voit l'intrados et l'extrados de la tour. Une ouverture en forme de porte permet de passer de l'un à l'autre.

    L'aménagement du magasin comporte un faux-plafond qui masque la partie haute de la tour. On peut estimer sa hauteur à une dizaine de mètres néanmoins.

    Bailly 7 gédimat tour & wc 19 11 16

    Détail croustillant qu'on ne va pas reprocher au gérant de ce magasin fort bien tenu : un angle de prise de vue un peu pervers montre côte à côte l'extrados de la tour, les marchandises en vente et la cuvette du WC attenant …! (Photos VlM, cliquer gauche dans l'image pour agrandir)

     

    Gérard Simonet

     

    (*) On n'est plus ici stricto sensu dans le Marais tel que les documents administratifs le définissent mais le patrimoine existant, l'architecture des constructions et leur Histoire militent pour que cette partie de Paris soit assimilée au Marais. On peut relever en revanche que la rue Bailly, elle,  est bel et bien dans le Marais.
     
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    Les berges de la Seine, inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO : quelle protection en découle ? (Photo VlM)

     

    Juridiquement parlant, la réponse est : aucune. C'est l'un des sujets qui ont été débattus ce jeudi 27 octobre au cours des "Journées Juridiques du Patrimoine" organisées par  "Patrimoine-Environnement", au siège d'AXA avenue Matignon dans le VIIIe, sous la présidence d'Alain de la Bretesche.

    A la tribune, se sont succédé Françoise Férat, sénatrice de la Marne, membre de la commission Culture-Éducation-Communication, et des personnages éminents qui font autorité dans ce domaine. On a eu le plaisir notamment de retrouver Dominique Masson, qui nous a conseillés dans les années 2000 alors qu'il était directeur au Ministère de la Culture de  postuler pour la commission locale du secteur sauvegardé du Marais dans la perspective de sa révision. Également Yves Dauge, ancien sénateur-maire PS de Chinon et président de la commission nationale des secteurs sauvegardés, que nous avons rencontré par deux fois au palais du Luxembourg pour parler du Marais.

    Réduire cette journée en un article serait une entreprise vaine. Nous avons retenu pour nos amis du Marais deux thèmes qui nous paraissent essentiels.

    Tout d'abord, la loi "Création, Architecture et Patrimoine", dite "loi CAP". Le projet de loi a été adopté. On a compris des exposés que le projet initial, déposé à l'Assemblée Nationale était très préjudiciable à la protection du patrimoine car les dispositifs actuels, secteurs sauvegardés PSMV, comme celui du Marais  (NB  : il y en a 100 en France), ZPPAUP (zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager)  et AVAP (aire de valorisation de l’architecture et du patrimoine) disparaissaient purement et simplement sans que d'autres protections pertinentes assurent la relève.

    Le Sénat avait pris la mesure du danger pour la France d'un texte qui aurait à terme sacrifié, en tout cas endommagé, l'un des atouts majeurs que possède la France avec des monuments, des sites et des paysages exceptionnels qui fascinent les touristes. Sa représentante a souligné que l'assemblée nationale a été d'emblée sensible à cet argument et les deux chambres, en commission mixte, sont parvenues à un accord sur un texte sensiblement amélioré.

    FératFrançoise Férat, sénatrice UDI de la Marne, secrétaire de la commission culture éducation et communication

     

    Il en résulte un projet qui a été approuvé en deuxième lecture par les Députés avec l'accord du Sénat. L'évènement est suffisamment exceptionnel quand les deux chambres sont de couleur différente pour qu'on le signale et qu'on s'en réjouisse. Le Député PS du IVe, Patrick Bloche, qui est en même temps président de la commission des affaires culturelles et de l'éducation à l'Assemblée Nationale, nous avait préparés à cette issue heureuse, par ses déclarations rassurantes lors de notre rencontre à la Chambre des Députés le 19 février 2016.

    BlochePatrick Bloche, Député PS de la 7ème circonscription et conseiller de Paris élu du XIe

     

    Les nouvelles dispositions peuvent se résumer ainsi : inscription des dispositions relatives à la protection du patrimoine dans un "règlement" annexé à chaque PLU (plan local d'urbanisme), co-responsabilité État-collectivité territoriale pour l'établissement des PSMV, création obligatoire d'une commission locale pour veiller à la médiation et à la participation, lorsqu'il y a ou non intercommunalité.

    La commission nationale, quant à elle, sera consultée chaque fois que l’État décidera "l'aliénation de monuments historiques" c'est à dire la vente à des tiers (souvent étrangers).

    Autre thème, l'inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO. Cette distinction est considérée comme précieuse pour ses bénéficiaires mais dans l'état actuel des choses il n'en découle légalement aucune contrainte ou obligation. Vincent Berjot, directeur général des patrimoines, nous a appris qu'un décret est en cours d'élaboration pour corriger cette aberration en précisant les conséquences juridiques de l'inscription.

    Gérard Simonet

     

  • Galerie_origin_coulangefinale_addaa_a3608L'Hôtel de Coulanges 35-37 rue des Francs Bourgeois (IVe) où l'aménagement futur prévoit des percements et agrandissements qui interrogent la Commission du Vieux Paris

     

    Le Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris (BMO) a publié dans son édition du 14 octobre un extrait de la séance plénière de la  commission du Vieux Paris qui s’est réunie le 14 septembre dernier. Cette institution  dont on avait craint un moment qu’elle ne disparaisse (voir nos articles des 23 septembre et 22 août 2014)  «  a été créée en 1897. Elle comprend 55 membres représentant la société civile (issus du monde associatif, des universitaires, des experts et des journalistes), les élus (15 membres) et l’Administration. » Il s’agit d’un comité consultatif qui se réunit chaque mois sous la présidence du Maire de Paris ou de son représentant afin d’examiner les demandes de permis (démolitions, restructurations, transformations … déposées auprès de la Direction de l’Urbanisme et émet alors de avis (appelés « vœux »)»

     Parmi les vœux émis en cette séance relatée dans le BMO, 3 dossiers concernent le Marais.

    Le premier porte sur l'Hôtel de Coulanges 35-37 rue des Francs  Bourgeois (IVe) dans le cadre de l'opération " Réinventer Paris" . La Commission s'étonne. "… des percements et agrandissements prévus… qui ne sont étayés par aucune archive ancienne...". Il est donc préconisé de mener "…une analyse historique plus fine…afin d'éviter tout risque patrimonial… des façades protégées…"

     

    Fontaine rue de veniseLa fontaine Maubuée qui a besoin d'une sérieuse restauration à l'angle des rues Saint-Martin et de Venise (IVe) (Photo VlM)

     

    La Commission s'est penchée sur le mauvais état de la Fontaine Maubuée datant du XVIIIe siècle et se trouvant à l'angle des rues Saint-Martin et de Venise face au Centre Pompidou. Elle recommande que la Ville de Paris lors de la restauration procède "… à un nettoyage délicat et à une consolidation de surface… du fait notamment de la prolifération de mousses."  Voilà bien longtemps qu'il est question de restaurer "cette petite architecture", espérons que la mise en état est pour bientôt. 

    Les bâtiments du musée Carnavalet fermé pour 3 ans pour travaux ont fait l'objet d'un examen d' évolutions proposées sur les circulations verticales. Après un satisfecit délivré sur la prolongation d’un escalier qui ne " …modifie pas la volumétrie du lieu." En revanche elle n'est pas favorable au "…remplacement de 2 escaliers de liaison construits dans les années 80..." (l'un d'eux est situé au rez de chaussée dans la salle dite des enseignes). En effet elle trouve "…intrusif…" ce projet d' "…escaliers panoramiques à double ou simple révolution dotés de garde-corps pleins conçus principalement pour guider le parcours." Elle propose plutôt la mise en place d' "… une signalétique claire pour une visite chronologique des collections."

    Nous saurons dans les prochains mois si ces vœux apparemment de bon sens ont été pris en compte.

     

  • IMG_0608Marteau piqueur en action détruisant des soubassements anciens (photo SF)

     

    A plusieurs reprises (articles des 09 juin et 02 octobre 2016), nous avons relaté le mécontentement de nombreux riverains concernant le projet d’aménagement d’un gymnase recouvert d’une toile en PVC de 9 m de haut sur un terrain de sports enchâssé au cœur d’un quadrilatère formé par des immeubles bordant les rues Beautreillis, Charles V, Saint-Paul, Neuve-Saint-Pierre (IVe).

    Un collectif de riverains non consultés s’est constitué afin de revisiter ce projet.

    Un recours auprès du tribunal administratif n’a pas abouti et les interventions auprès de l’administration et de diverses instances pourtant concernées sont restées lettre morte. Aussi la mairie de Paris a-t-elle démarré les travaux dès le mois dernier et ceux-ci, comme il fallait s’y attendre, posent aujourd'hui question. Les excavatrices en action destinées à préparer le terrain pour y planter de longs pieux ont mis au jour,  le 18 octobre, des  vestiges archéologiques sans doute en lien avec une ancienne église médiévale détruite à la Révolution et dans le cimetière de laquelle ont été inhumés des personnages importants.

    Il nous est rapporté que ces vestiges ont été détruits au marteau piqueur dès l’aube et rapidement chargés dans la benne d’un camion pour être évacués. Notre confrère "L'indépendant du 4e" publie lui aussi l'information avec de nombreux détails.

    IMG_0596Béton coulé à la va-vite dans les excavations où reposaient les soubassements anciens (photo SF)

     

    Il est difficile d’imaginer que la Direction du Patrimoine et de l'Architecture qui dépend directement de la Ville ait pu laisser faire, d’autant que l’existence de ces vestiges était connue et faisait partie des arguments avancés par le collectif d'habitants pour revoir le projet de gymnase  sur la foi de documents officiels !

    Que signifie une telle passivité de la part des autorités alors que nous sommes au cœur même du Marais historique. Nous connaissons pourtant  l’ardeur débordante de ces mêmes autorités  pour développer le Paris de la fête ! Le Maire du IVe, souvent présenté comme passionné par l’art, peut-il lui aussi, ainsi que son équipe d’ailleurs, rester indifférent face à ce type de saccage en catimini. L’Architecte des Bâtiments de France a-t-elle été informée de ce dernier épisode ?

    Finalement qui est responsable ? Sans doute personne, à l’image des trois petits singes asiatiques connus par tout un chacun.

    A la suite de la parution de notre article nous avons reçu une communication de Christophe Girard, Maire du 4e, sur les travaux de la Halle sportive Neuve Saint-Pierre que nous publions ci-dessous.

    Les travaux de construction d’une Halle sportive sur le Terrain d’Éducation Physique (TEP) Neuve Saint-Pierre suscitent de nombreuses interrogations auxquelles je souhaite ici apporter des réponses.

    Je rappelle que la construction de cette Halle répond à une demande formulée depuis plusieurs années, avant même l’arrivée de la majorité actuelle, par les associations sportives et la communauté scolaire qui utilisent l’équipement. Nous déplorions en effet un trop grand nombre d’annulations de cours et d’activités tout au long de l’année en raison des conditions climatiques, qui rendaient la pratique du sport impossible sinon dangereuse sur un revêtement obsolète et en mauvais état.

    J’ai donc fait du projet de couverture du TEP un des engagements forts de ma mandature. Projet sur lequel j’ai avec mon équipe plusieurs fois communiqué à ce conseil, dans les publications municipales et lors d’une réunion publique de présentation.

     

    Récemment, des observations formulées par certains riverains relatives aux travaux de terrassement sur la parcelle ont fait craindre que les sous-sols abritant un cimetière mérovingien aient pu être altérés. Plus grave la Ville est accusée par certains de laisser des "vestiges [être] détruits au marteau piqueur dès l’aube et rapidement chargés dans la benne d’un camion pour être évacués ».

    Non seulement nous démentons formellement de tels agissements mais nous regrettons les surenchères et propos mensongers, entourant ces opérations suivies quotidiennement par la Mairie, la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris et la Direction du Patrimoine et de l’Architecture qui pilote le chantier.

    En effet, dans un avis du 11 avril 2016, le Conservateur régional de l’archéologie d’Ile-de-France, informé de la réalisation de ce projet, ne l’a pas considéré comme étant de nature à compromettre la conservation de vestiges compte tenu de son impact limité. Saisi par le Maire suite à la diffusion de photographies trompeuses la semaine dernière, le Chef du pôle archéologique de la Direction des Affaires Culturelles Département d'Histoire de l'Architecture et d'Archéologie de Paris (DHAAP) a confirmé avec certitude qu’il ne s’agit en aucun cas de vestiges.

    Je vous lis des extraits de son rapport :

    « Les terrassements ont concerné principalement les matériaux servant comme base du terrain de sport. Sous ces matériaux, les terrassements ont entamé sur une vingtaine de centimètres d’épaisseur des remblais composés de terre de jardin et fragments de plâtre de démolition. Aucun vestige attribuable à l’ancien cimetière n’a été révélé. »

    « Les fondations dégagées au moment des terrassements sont du 20e siècle et sont constituées de pierres meulières noyées dans du béton. Elles délimitent l’angle d’une structure comblée par des gravats récents. »

    « Ces fondations ne constituent aucunement un élément de l’ancienne église paroissiale qui, par ailleurs,  se situait  bien plus à l’ouest à l’emplacement de l’école élémentaire. »

    En ce qui concerne la question des fondations de la Halle et du nombre de micropieux qui vont permettre de soutenir la structure de couverture, je précise que la Mairie a toujours souhaité communiquer de manière transparente sur l’ensemble des aspects du projet. Lors de la réunion publique du 16 février dernier puis lors du Conseil d’arrondissement du mois de mai, les études techniques relatives aux fondations n’avaient pas encore été réalisées, puisqu’elles ont eu lieu au mois de juin. Le Maître d’œuvre nous avait donc indiqué qu’en fonction des nécessités de charge de l’ouvrage à l’étude, le nombre de pieux pouvait être de 4 sans que ce chiffre soit définitif.

    Le nombre de micropieux nécessaires est effectivement passé à 25 micropieux afin que les fondations puissent supporter la charge de la Halle mais le risque d’altération des sous-sols a toujours été pris en compte aussi bien par le Maître d’ouvre que par le contrôle régulier de la Direction des Affaires Culturelles, sur site.

    Comme moi et mon équipe l’avons déjà dit, la Mairie du 4e se tient à la disposition des habitants souhaitant obtenir des éclairages sur le chantier du TEP, les informations leur seront communiquées en toute transparence.

     

     

     

     

  • Thorigny jardin hôtel aubert de fontenayLe jardin Thorigny, ses cinq érables, et l'Hôtel Aubert de Fontenay, dit "Hôtel Salé" (Musée Picasso) (Photo VlM)

     

    Rappelons que la mairie du IIIe, en liaison avec la DEVE (direction des espaces verts et de l'environnement de la Mairie de Paris) avait décidé l'abattage de cinq érables à moitié centenaires, dans le jardin situé entre la maison de retraite de La Perle et le Musée Picasso.

    Regroupés en "collectif" dans notre association, les riverains de la rue de Thorigny, appuyés par les pensionnaires de la maison de retraite, s'étaient manifestés pour affirmer leur opposition à l'abattage de ces arbres que le conseil de quartier Archives avait maladroitement défendu sans en référer, comme c'est souvent le cas, aux intéressés eux-mêmes.

    Alors que les dés paraissaient jetés en juin, on apprenait que l'ABF (architecte des bâtiments de France) Sophie Hyafil, dont le "visa conforme" est obligatoire en secteur sauvegardé, ne souhaitait pas statuer en l'état et demandait la tenue d'une réunion préalable de concertation avec les riverains.

    Cette réunion s'est tenue le 6 octobre en présence du Maire Pierre Aidenbaum qui a affiché son ouverture à une solution plus respectueuse d'un environnement auquel les habitants sont attachés. L'ABF a indiqué de son côté qu'elle n’était pas opposée à la conservation de certains de ces arbres.

    Le Maire a conclu en demandant à la DEVE de travailler sur un nouveau projet qui préserve un nombre d'arbres compatible avec les contraintes techniques. Le dossier, qui pourrait comporter des variantes, sera présenté aux riverains sous quelques semaines.

     

  • Soud

    Accès à la ruelle Sourdis, côté rue Pastourelle : bornes, pavés, poternes et encorbellements (Photo VlM/PR)

      

    Cette ruelle privée de 213 mètres est unique dans le Marais.

    En 1626, elle fut aménagée avec bornes latérales et pavage à caniveau central. Préservée durant quatre siècles, elle sépare encore les jardins des hôtels particuliers rues des Archives, Charlot et des Quatre-Fils. 

      SOU

    Accès à la ruelle Sourdis, côté rue Charlot : poternes, bornes et pavés (Photo VlM/PR)

     

    Le tronçon nord a été mis en valeur il y a deux ans par les riverains, notamment ceux du 17 rue Pastourelle, mais depuis le début des travaux de ré-aménagement de l'immeuble des "Nouvelles Galeries", un îlot de 24.000 m², par le fond d’investissement américain Blackstone, elle ne fait que se dégrader et "Vivre le Marais !" a peu d'information sur son devenir …

    Patrice Roy

     

     

  •   ParkAccès du parking 14 rue de Bretagne (IIIe) (Photo VlM/PR)

     

    Le bruit est parvenu à "Vivre le Marais !" d’une opération immobilière concernant le parking 14 rue de Bretagne. Celui-ci comporte environ 200 places, réparties sur 7 niveaux.

    Si ce stationnement disparaît, les rues du quartier déjà saturées seront incapables d’accueillir les centaines de véhicules supplémentaires des riverains.

    Patrice Roy