Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

  •   IMG_2557 Vue du terrain d'éducation physique qui pourrait être recouvert d'une énorme bâche en PVC. Photo prise de la rue Beautreillis, en arrière plan l'école de la rue Neuve Saint-Pierre (IVe)  avec la cour et ses arbres (photo VlM)

     

    Le collectif "Beautreillis – Charles V – Saint-Paul – Neuve St-Pierre" qui défend le patrimoine, l'environnement et la qualité de vie autour du Terrain d’Éducation Physique (TEP) de  la rue Neuve St-Pierre vient de nous informer qu’il avait écrit à la Maire de Paris.

    Nous avions relaté cette affaire dans un article daté du 9 juin 2016 dans lequel nous expliquions que des travaux allaient être engagés sur cet ilot et qu’il était « prévu de recouvrir le terrain de sport d'une sorte de bâche en matière plastique aux proportions impressionnantes, 30 m par 20 m et 7 m de  hauteur minimum…. » ! Depuis nous avons appris que la hauteur serait même de 9,22 m ! Les riverains et des parents d'élèves reprochent à la mairie du IVe d’avoir mené ce dossier sans véritable concertation.

    Dans son courrier de recours gracieux le collectif demande l'annulation du permis de construire d'un grand gymnase pérenne sur le TEP,  Une copie de cette demande  a été envoyée à le Direction de l’Urbanisme, une autre à la Direction du Patrimoine et de l'Architecture bénéficiaire du permis de construire et une troisième copie à destination du Maire du IVe arrondissement accompagnée de la pétition le concernant qui a circulé dans le quartier.

    Les élus parisiens mettent souvent en avant la concertation avec les habitants dans leur mode d’action. Cet exemple montre que celle-ci ne s’entend pas toujours au sens littéral du terme et qu’il peut exister des entorses pour passer en force. A ce titre, le projet ainsi biaisé provoque la colère des riverains bien déterminés à être entendus.

     

  • A1Les arbres du jardin Thorigny (angle rues de la Perle et de Thorigny) – IIIe – que les riverains  souhaitent conserver (photo Google)

     

    En 2015 la Mairie du IIIe envisage d’ouvrir au public le petit jardin rue de Thorigny, affecté à la maison de retraite de la Perle (dite résidence Madeleine Béjart) qui l’entretient peu. Sans concertation avec les riverains, le programme est élaboré par les élus, fondé sur la biodiversité végétale et l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, il prévoit l’abattage des cinq érables actuels.

    Le 21 mars 2016 ce projet est soumis au Conseil de Quartier Archives, qui l’accepte sans réserve.

    Aussitôt l'information se diffuse, un collectif est créé, qui pétitionne contre l’abattage des arbres et recueille en 2 semaines plus de 250 signatures, ce qui est considérable.

    Le 8 juin 2016 "Vivre le Marais !" publie un article concernant cette destruction d’arbres hauts de douze mètres, âgés de cinquante ans.

    Le 16 juin 2016 une réunion sur place permet à chacun d’exprimer son avis : l'élue en charge à la Mairie défend son projet ; les représentants de la Direction des Espaces Verts et de l'Environnement (DEVE) expliquent que l'ombre actuelle empêche toute plantation en sol ; le collectif exprime son opposition à l’abattage et "Vivre le Marais !" tente d'élaborer une solution au conflit.

    On apprend le bon état sanitaire des arbres, le bien-fondé de leur plantation et leur incompatibilité avec la diversité botanique et l’accessibilité demandées par la Mairie et votée par le Conseil de Quartier. En fin de réunion, un compromis est envisagé, qui conserve deux des arbres côté place et réaménage "en jardin d’ombre" le reste de la parcelle.

    Mais le 15 juillet à la déception des habitants, les nouveaux documents communiqués par la DEVE ne font que finaliser le projet précédent. Sur la perspective (demandée par  "Vivre le Marais !" et enfin fournie) on peut déplorer :

    • la petitesse hors d'échelle des arbres
    • l'emprise excessive des allées minérales
    • la forte présence des grilles
    • les plantations hétéroclites et bariolées
    • la disparition de l’intimité de la résidence.

    Les riverains et les pensionnaires de la maison de retraite n’ont pas demandé la modification de l’état actuel et s'opposent au projet municipal.

    L'espoir « administratif » de conserver ces arbres réside dans l’Architecte des Bâtiments de France qui doit donner son "avis conforme" sur le projet présenté…

    Patrice Roy

     

    Voyez et jugez :

    Jardin thorignyJardin thorigny bis.png

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    A gauche le projet de la mairie

    A droite la proposition des riverains de conservation des érables (cliquez gauche dans la photo pour agrandir)

     

     

     

     

     

  • Gravilliers 77 le médina 08 07 16Restaurant oriental/Pizzéria La Médina, 77 rue des Gravilliers (IIIe), avant transformation (Photo VlM/DL)

     

    Des travaux sans autorisation affichée ont fait l'objet d'une signalisation d'un riverain, transmise à la Sous/Direction du permis de construire et du paysage de la rue de la mairie de Paris.

    Le service compétent confirme en ces termes qu'il n'y pas eu de demande déposée : "l'agent en charge du secteur va procéder à une mise en demeure en invitant le contrevenant à régulariser cette situation sous un délai de quinze jours".

    Voici à quoi ressemble la devanture en travaux :

     

    Medina travaux(Photo VlM/DL)

    Le résultat ne serait pas nécessairement inapproprié. Mais pourquoi alors ne pas respecter les procédures d'urbanisme qui assurent la sauvegarde et la mise en valeur de nos quartiers dans l'intérêt de tous ?

    Au-delà de ce rappel citoyen, il est utile de préciser que ces comportements sont passibles de poursuites au pénal. Les contrevenants s'exposent à être traduits en correctionnelle et condamnés à des amendes, dommages-intérêts aux parties civiles et inscription au casier judiciaire.

     

  • A1Immeuble incriminé par le projet de bar-restaurant sur le toit, 2 rue des Quatre Fils (IIIe) (Photo VlM)

     

    Nous avions relaté dans plusieurs articles (19 juillet 2014, 14 avril et 22 mai 2015) le projet d'installation d'un restaurant-bar sur la terrasse d'un immeuble 2 rue des Quatre Fils à l'angle de la rue Vieille du Temple (IIIe). Alors que la Mairie du IIIIe arrondissement avait donné un avis défavorable, la mairie de Paris avait avalisé le projet et délivré un permis. 

    Déjà incommodés par les fêtes fréquentes dans les jardins du Musée Picasso et gravement impactés par ce projet, plusieurs riverains ont réagi en déposant directement un recours auprès du tribunal administratif de Paris. Le recours contestait le permis de construire obtenu par la société Holding JPN Investissement  (exploitant du Café de La Perle) le 24 décembre 2014.

     

    A3

    Le tribunal, dans son jugement du 2 juin 2016 a entendu les riverains ! Il a relevé 3 illégalités au permis de construire délivré et a retenu les moyens suivants :

    -       le  caractère incomplet du dossier de permis de construire en ce qui concerne la notice et les documents graphiques au titre de l'appréciation de l'insertion du projet dans son environnement ;

    -       l’insuffisance de la demande de permis de construire au titre du respect des règles relatives à la sécurité́ de l'établissement contre les risques d’incendie ;

    -       l’erreur manifeste d'appréciation du maire au titre des articles R. 111-2 du Code de l'urbanisme et US 7.1 du Plan de Sauvegarde du Marais en autorisant le projet sans assortir cette autorisation de prescriptions spéciales visant à limiter les nuisances sonores qui résulteront de l'exploitation du restaurant en plein air.

    A0Banderole contre le projet sur une fenêtre d'un immeuble rue Vieille du Temple (IIIe)  (photo VlM)

     

    Toutefois, faisant application de l'article L. 600-5-1 du Code de l'urbanisme, le tribunal a considéré que les illégalités relevées étaient susceptibles d'être régularisées par la délivrance d'un permis de construire modificatif. A ce titre, il a sursis à statuer " afin de permettre cette éventuelle régularisation par la délivrance d'un tel permis, qui devra être communiqué au tribunal dans un délai de six mois à compter de la notification du présent jugement. »

     JPN Investissement doit donc obtenir de la Mairie un permis modificatif et ne manquera sans doute pas de la tenter.

    Cette affaire pose question sur les véritables intentions de la Mairie de Paris,  qui a agi contre l'avis défavorable de la  mairie du IIIe, quant au respect d'une part de notre patrimoine, le dossier ne permet pas en effet de se faire une véritable idée de l’insertion du projet dans son environnement  et d'autre part vis à vis des habitants puisqu'il n'y a aucune prescription en matière de limitation des nuisances pour les riverains !

    Affaire à suivre donc et emblématique pour les parisiens qui subissent dans nos arrondissements et bien d'autres les inconséquences  de la fête permanente voulue et encouragée par une équipe municipale plus préoccupée par les noctambules que par ses électeurs.

     

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    A9Cour intérieure de l'Hôtel-Dieu, fondé en 651 par l’évêque de Paris saint Landry, totalement reconstruit au XIXème siècle, architectes Émile Jacques Gilbert et Arthur-Stanislas Diet (source Wikipédia)

     

    En commission interne l’Assistance publique hôpitaux de Paris (AP-HP) a rappelé récemment que l'Hôtel-Dieu, actuellement hôpital universitaire de proximité et de spécialités,  assurait "des prises en charge médicales, urgentes ou non, dans un large champ disciplinaire : urgences, au sein d’un service bi-site complémentaire de celui de l’hôpital Cochin, plateau de consultations, avec ou sans rendez-vous, hôpitaux de jours, psychiatrie, imagerie (IRM et scanner)..."

    Le service d’ophtalmologie sera transféré à partir de mi 2017 à l’hôpital Cochin. Il a été rappelé que l'Hôtel-Dieu c'était aussi "un centre du sommeil et de la vigilance, un service de médecine du sport incluant la prise en charge de sportifs de tous niveaux en partenariat avec l’Institut National du Sport..."

    Chaque jour sont accueillies des personnes vulnérables et victimes, dans des structures dédiées (7.000 consultations par an pour la Permanence d’Accès aux Soins de Santé – PASS – et 6.000 pour l’Espace Santé Jeunes). La prise en charge des victimes est assurée par la plus grande unité médico-judiciaire de France.

    Le projet médical de l'Hôtel Dieu à échéance 2020 s'inscrit au travers de 4 axes. Les urgences légères, en complémentarité avec le site de Cochin, dont l’accueil de patients non résidents visiteurs de Paris avec des personnels parlant plusieurs langues étrangères… Des activités de médecine ambulatoire et d’hospitalisation de courte durée (prévention et dépistage, santé sexuelle, médecine du sport, sommeil, précarité, urgences médico-judiciaires… notamment). La création d’un service unique hospitalo-universitaire de psychiatrie qui regroupera les activités des hôpitaux Cochin, Tarnier et Hôtel-Dieu. La recherche en santé publique et épidémiologie, les équipes actuelles vont être rejointes notamment par d’autres équipes Inserm aujourd’hui localisées à l’hôpital Tenon et à l’hôpital Paul-Brousse.

    L’Hôtel-Dieu recevra le Département de la recherche clinique et du développement, ou encore des espaces communs à l’Hôtel-Dieu et au siège de l’AP-HP ( espaces de conférences et de réunion, crèche, self…)

    Il a été ajouté que les travaux seront entièrement financés par les cessions et ne pèseront pas sur l’équilibre d’exploitation de l’AP-HP. La fin de réalisation des travaux est programmée pour fin 2020.

    Pour les locaux cédés ou qui n'ont pas encore de destination ou qui seront cédés à la Ville aucune information n'a été véritablement divulguée.

    L'hôtel Dieu est devenue filialement une annexe de l'Hôpital Cochin avec les conséquences que l'on sait pour les patients du centre de Paris qui devront s'éloigner pour être soignées.

     

  • Stephane-malka-paris-Terrasse "sur les toits"

     

    Stephane-malka-le-petit-paris-3Immeubles surélevés

     

    C'est bien de Paris qu'il s'agit, comme en témoigne la présence de la Tour Eiffel sur la photo du bas. Rêve d'utopiste ? Projets en cours à la mairie de Paris ? Cauchemar de parisien ?

    Rien de tout cela. Il s'agit de l'illustration d'un article du 22 juin 2016 de la chaine américaine CNN intitulé : "les constructions parasites envahissent le paysage XIXème siècle de Paris !" A lire absolument si on aime les émotions fortes ! Ceux qui ne maitrisent pas la langue de Shakespeare verront aisément de quoi il s'agit grâce aux photos que la journaliste nous propose.

    Bigre ! On connait les méthodes de la chaine qui fait dans le sensationnel ou le facétieux (un peu à la manière de Buster Keaton), avec le plus grand sérieux du monde mais on est là en droit de s'interroger et de creuser un peu plus l'information.

    On découvre qu'un architecte français, Stéphane Malka, publiait en janvier 2015 un livre iconoclaste sur Paris intitulé "Le Petit Pari(s)", et sous-titré "Le Kamasutra architectural", à cause des positions incongrues des constructions qu'il propose. "Le Moniteur" en fait le commentaire suivant : dans l’ouvrage paru aux Éditions Courtes et Longues, l’architecte adopte quatorze positions sur les façades, les toits et les ponts de la capitale pour "faire l’amour au patrimoine parisien".

    Un amour sadique quand on voit ce qu'il fait de Paris. "Le Moniteur" poursuit ainsi : Le livre décrit et illustre des stratégies urbaines alternatives conçues en temps de crise et réalisables avec peu de moyens.

    Et de nous livrer des exemples : "campements furtifs pour marginaux sur murs pignons à l'aide de tentes disposées en échafaudages ; création de logements pour étudiants en extension ou en surélévation d'immeubles dont les façades seraient constituées de palettes en bois formant volets mobiles ; implantation d'ateliers d'artistes dans des dents creuses, etc …"

    MalkaAteliers d'artistes et logements-containers pour étudiants…

     

    Ces élucubrations ne seraient pas dérangeantes si CNN n'avait pas jugé qu'elles sont désormais réalisables  grâce à la loi ALUR de Cécile Duflot, qui modifie les majorités requises en assemblée générale pour décider de travaux. Ainsi selon CNN il deviendrait possible qu'une majorité simple de copropriétaires décide de la surélévation d'un immeuble pour que la décision s'impose.

    On en a froid dans le dos.

    D'autant que nous savons que la Maire de Paris et son Adjoint communiste au logement Ian Brossat sont décidés à densifier Paris pour tenir leur engagement de construction de 10.000 logements sociaux par an pendant la mandature. S'agissant de Paris qui est la ville la plus dense d'Europe et une des plus polluées, il s'agit d'un engagement tragique pour une communauté urbaine qui étouffe déjà sous le nombre de ses habitants et d'un record mondial de touristes. 
     
    On se souvient que l'opposition avait agi à ce propos en véritable moutons de Panurge puisque Nathalie Kosciusko-Morizet avait pour sa part renchéri à 12.000 logements pas an. On est donc en droit de se demander qui peut désormais adopter la position de bon sens que nous défendons. Devrons-nous avoir recours à ces formation "attrape-tout" qu'on a vu fleurir en Grèce, en Espagne, en Grande-Bretagne et ailleurs ?
     
    Gérard Simonet
     
     
  • Mairie IVe face 06 03 16La Mairie du IVe arrondissement place Baudoyer (Photo VlM)

     

    Nous souhaitons vous communiquer et commenter quelques points relevés lors du Conseil d’arrondissement du IVe qui s’est tenu le 20 juin.

    Les 2 projets « Réinventer Paris » concernant le IVe arrondissement ont fait l’objet d’une délibération. L’un portait sur le quartier Morland qui devrait apporter une vitalité nouvelle à un morceau de l’arrondissement considéré parfois comme un peu oublié. Il a été approuvé avec enthousiasme sauf de la part les représentants d’EELV qui ont indiqué qu’il y avait des projets plus intéressants pour les habitants. Il a été annoncé que 241 logements (39% de logements sociaux et 41 % de logements intermédiaires) seraient aménagés et que des équipements sportifs, une auberge de jeunesse, un hôtel, de l’agriculture urbaine étaient prévus ainsi qu’une œuvre d’art installée postée sur le toit …

    L’autre dossier portait sur l’Hôtel de Coulanges qui va devenir "Cité de la mode et espace de coworking" (soit 1 500 m2 des 2 170 m2 de surface totale), les avis sont plus réservés voire carrément hostiles au projet. Le Maire du IVe s’est efforcé d’en limiter les aspects négatifs (éviter de pénaliser la rue des Francs Bourgeois lors qu’il y aura des défilés de mode, impliquer les riverains dans la programmation, maintenir une servitude de passage vers le jardin des Rosiers-Joseph Migneret). Ce projet de transformation risque de devenir sensible. Les espaces seront modulables pour organiser des événements (prix jeunes talents, showroom, ateliers, salle de presse, bureau de création, etc…). Plus inquiétant, des espaces professionnels partagés et hyper connectés accessibles aux entrepreneurs et créateurs seraient ouverts 24 heures/24.

    Enfin parmi les divers points traités ont été rappelées deux enquêtes publiques en cours,  la " reconquête des berges de Seine" (jusqu'au 08 juillet) (voir notre article du 11 juin 2016) et "le prolongement de la ligne 11" (jusqu'au 13 juillet). Quant à Paris plage 2016, l'ouverture est fixée au 18 juillet.

     

  • P1020340Michel Autheman, architecte à l'origine de la maison de retraite de la Perle (dite Madeleine Béjart) et du jardin attenant rue de Thorigny (Photo AMF)

     

    Rappelons que la mairie du IIIe a le projet d’ouvrir au public le jardin de la maison de retraite Madeleine Béjart, 2 rue de la Perle (IIIe). La transformation qui en découle entraînerait l’abattage des cinq grands érables qui jouxtent le musée Picasso et leur remplacement par des arbustes. Des habitants du quartier, regroupés dans "le collectif Thorigny" (LCT), lié à "Vivre le Marais !", ont lancé une pétition sur http://www.petitionpublique.fr/ pour manifester leur opposition à l’abattage brutal de ces grands arbres en bonne santé du Marais…

    Pour enrichir le débat, les riverains ont rencontré Michel Autheman, concepteur de la maison de retraite et du jardin actuel, qui n'a cependant pas été consulté pour ce projet de jardin. 

    Michel Autheman est familier du Marais. Il a d’abord été l’architecte du 1er secteur central, couvrant 9 hectares dans sa partie la plus historique, qui a mis en évidence entre 1963 et 1965 les bâtiments à conserver, les jardins à restituer, les voies de circulation piétonnes et les parkings. Il fut ensuite, au début des années 70, architecte du secteur opérationnel de l’ilot du IIIe délimité par les rues des Francs Bourgeois, Payenne, Parc Royal et Elzévir. Il eut en charge l’extension de ce secteur avec la Place de Thorigny, la rue de la Perle et la réalisation de la maison de retraite.

    Compte-rendu de son interview :

    LCT : Michel Autheman, vous avez participé pendant de nombreuses années à la rénovation du Marais et vous avez laissé dans le quartier de nombreux témoignages de vos interventions. Parmi celles-ci, la résidence de la Perle, rebaptisée Madeleine Béjart, est parfois critiquée à cause du décrochement du bâtiment sur la rue de la Perle. Pourquoi ne pas avoir suivi l’alignement de la rue de la Perle ?

    MA : C’est le point qui a été le plus débattu, et ceci dès l’origine. Nous avons rétréci la rue de la Perle au droit de l'hôtel Libéral Bruant (ex musée Bricard, musée de la serrurerie – NDLR), dans un double but, identité de largeur entre la rue de la Perle et celle du Parc Royal, et création de la place de Thorigny. Si, en sortant de la rue du Parc Royal, on avait débouché sur la large rue de la Perle, cela aurait moins bien fonctionné.

    Perle 1 hôtel musée bricardL'ex musée Bricard, œuvre de Libéral Bruant. Vue depuis la maison de retraite (Photo VlM)

     

    LCT : Quelles sont les autres options qui ont été prises pour cette maison de retraite ?

    MH : Ce qui était essentiel c’était d’obtenir une conformité des volumes, des hauteurs et des alignements de la résidence avec ceux de l'hôtel Libéral Bruant. Il fallait absolument aussi affirmer l’alignement du nouveau bâtiment sur l’hôtel Salé. C’est la raison pour laquelle nous avons planté des arbres d’alignement le long de la rue de Thorigny.

    LCT : Vous voulez dire que l’alignement d’arbres a été décidé avant le jardin ?

    MH : L’alignement d’arbres et le jardin font partie du projet architectural d’ensemble.

    LCT : Quelles ont été vos idées pour ce jardin, pourquoi l’avoir un peu encaissé ?

    MH : Le caractère de ce jardin se voulait proche du béguinage, petit jardin urbain et historique installé au pied de grands arbres dont le rôle majeur était, outre la valeur d'ombrage, très importante pour des personnes âgées, la nécessité d'affirmer une nouvelle trame verte dans la rénovation du Marais.  Elle s’est poursuivie rue de la Perle. D'une façon générale, ce petit jardin, lien entre deux architectures, devient lui-même ainsi un paysage architecturé conforme à l'histoire du quartier.

    Les différents alignements de murettes qui le composent, toutes parallèles au grand mur de l'hôtel Salé, assurent le lien et une continuité visuelle entre le bâti ancien – immeubles classés de la rue de Thorigny et de la rue de la Perle -  et le nouveau.

    J’ajouterai que les trois jardins du quartier, Thorigny, George Cain et Louis Achille ont chacun leur marque propre :

    • le premier est un jardin architecturé s'appuyant sur le grand mur de l'hôtel Salé le long de la rue de Thorigny
    • le second s'inscrit autour d'un centre en creux avec une fontaine
    • le troisième est une surélévation sur la rue du Parc Royal.

    Georges cain vue généraleLe jardin Georges Cain, rue Payenne (photo VlM)

     

    Ces trois jardins urbains sont complémentaires car ils sont construits chacun en fonction du ou des monuments dont ils dépendent. Ils offrent charme et romantisme.

    LCT : Alors, il ne faut rien changer au jardin de la rue de Thorigny ?

    MH : Pas du tout ! On peut toujours améliorer les choses ! Et l’ouverture au public du jardin est probablement l’occasion de le faire.

    LCT : Vous voulez faire un contre-projet ? 

    MH : Il n’en est pas question. Ce serait faire injure aux architectes talentueux d’aujourd’hui et aux services de la Ville de Paris. Mais quand on entreprend ce genre de modification, il est important de bien s’imprégner de l’historique des choses. En l’occurrence, il ne faut pas perdre de vue qu’on est rue de Thorigny,  ne pas ignorer la présence et l'orientation du grand mur de l'hôtel Salé perpendiculaire à la rue, et rechercher les raisons qui ont amenés les intervenants précédents à faire telle ou telle chose.

    Musée picasso et jardin thorigny 07 06 16Le jardin Thorigny, sur le flanc de l'Hôtel Salé, musée Picasso (Photo PR)

    Il est certain que les jardins de Paris, petits ou grands, s’inscrivent chacun dans des situations qui leur sont propres et qu’ils ont un rôle d'accompagnement de l'architecture. J’ai été frappé de constater, à cet égard, qu’il n’y avait aucune vue en perspective du futur jardin dans le projet de la Ville de Paris. On ne peut pas visualiser l’impact sur le paysage urbain de cette transformation, ce qui est regrettable pour un endroit si sensible.

    Je me permettrais aussi de suggérer, de façon plus accessoire, que pour une meilleure conformité avec l'esprit du Marais, il serait nécessaire de remplacer le « bouquet végétal » au croisement des rues de la Perle et de Thorigny. Il y a là une profusion inconsidérée d'arbres de sapin et de taillis qui n'assurent en rien une quelconque complémentarité avec la présence des érables, d'autant qu'ils brouillent la vue sur la perspective des érables et du grand mur de l'hôtel.

    LCT : La ville de Paris dit que c’est l’obligation de rendre accessible le jardin aux personnes à mobilité réduite qui condamne les arbres. Qu’en pensez-vous ?

    MH : Les réponses données à cette obligation sont éminemment politiques, dans le sens noble du terme. Ouvrir le jardin n’impose pas nécessairement de couper les arbres. Si la ville souhaite les garder, il ne manquera pas, j’en suis sûr, d’hommes de l’art capables d’imaginer les solutions techniques répondant à cette contrainte.

    LCT : Merci beaucoup pour toutes ces informations intéressantes et utiles. En conclusion, si c’était à refaire, modifieriez-vous quelque chose à votre projet initial ?

    MA : La seule chose que je regrette, c’est de ne pas avoir pu faire une architecture plus contemporaine. A l’époque, les conditions n’étaient pas réunies pour oser cela. Mais, en matière d’architecture,  comme dans la vie, il faut souvent trouver des compromis.

    Le collectif Thorigny

     

     

  • A4Vue du terrain de sports jouxtant l'école Neuve Saint-Pierre (IVe) que l'on aperçoit sur la droite (Photo VlM)

     

    Derrière les murs de l'école Neuve Saint-Pierre au 15 de la rue éponyme (IVe) , jouxtant la cour de récréation, se trouve un terrain d'éducation physique et sportive de plein air où les jeunes du quartier viennent s'entraîner. Outre l'école, il est encadré par des immeubles donnant sur les rues Neuve Saint-Pierre, Beautreillis, Saint-Paul et même Charles V.

    Dans cette dernière, à la hauteur du terrain de sports, des travaux de réhabilitation vont être engagés au N° 8-10 afin d'y établir le Centre de Recherche Interdisciplinaire (CRI) comprenant des laboratoires de recherche, des salles de cours, des bureaux et une résidence pour étudiants doctorants (55 logements). Soit plus de 5.000 m² avec la démolition d'un bâtiment d'un étage, son remplacement par un nouveau de 5 étages, et la surélévation d'un autre immeuble qui passera de trois à cinq étages et sera même surmonté d'un sixème étage à caractère technique. Le financement, 17,8 millions d'€, est assuré par la Ville de Paris, la fondation Bettancourt-Schüller et la Région.

     

    Ces travaux ne rassurent pas les habitants voisins. Faut il en effet densifier davantage encore un quartier qui pêche justement par une trop forte densification, de surcroît dans un secteur où les immeubles sont classés et protégés ?  Le "remodelage" des fondations du CRI sera -t-il réellement sans conséquences pour les immeubles alentour ?  Quels types de recherches scientifiques seront menées alors que 6 extracteurs de vapeur sont prévus ? Quelle intensité de bruit, quelle nocivité cela va t-il entraîner ? De plus, en bordure du terrain de sport, à la place du mur plein que présente le bâtiment voué à la démolition, le nouveau bâtiment ultramoderne de 5 étages offrira une façade percée de 26 fenêtres : comment atténuer la gêne que cela présente pour les autres riverains,  privés accessoirement de quelques heures d'ensoleillement,  et qui eux bien sûr restent soumis aux strictes règles de préservation du patrimoine ? Enfin, est-il opportun de créer un campus universitaire en plein Marais ? Beaucoup de questions qui restent sans réponse…

    A3Vue des bâtiments à droite qui vont être remplacés ou restaurés pour installer le CRI (Photo VlM)

     

    Cerise sur le gâteau, il est aussi prévu de recouvrir le terrain de sport d'une sorte de bâche en matière plastique aux proportions impressionnantes, 30 m par 20 m et 7 m de  hauteur minimum…. A l'automne dernier, lors d'un conseil d'arrondissement, le Maire du IVe avait dit envisager cette installation. Le quartier manque de salles de sport il est vrai, il est d'ailleurs question d'en installer dans le cadre de la réhabilitation du boulevard Morland. Une réunion publique a bien eu lieu en février dernier pour la présentation de cette installation atypique mais les riverains ont compris que le projet était déjà décidé.

    IMG_2561Porche d'entrée de l'ancien Hôtel de Maillé 10 rue Charles V où sera installée une partie des locaux du CRI (Photo VlM)

     

    Organisés en collectif, ils dénoncent aujourd'hui un manque de concertation manifeste des habitants, ils s'insurgent contre ce projet qui ne s'inscrit pas du tout dans le Marais et son PSMV du fait de son emprise considérable qui va tuer le dégagement et étouffer l'espace de respiration qui existaient tout en confinant la cour de l'école Neuve Saint-Pierre. Les habitants craignent aussi le bruit car la portion dédiée aux sports de plein air, football-urbain, basket-ball et hand-ball se trouvera juste sous les fenêtres des 15 et 17 rue Beautreillis. 

    Enfin ils s’étonnent que l'on puisse réaliser des installations de cet ordre à un endroit où se trouvent les vestiges d'une nécropole mérovingienne et d'un cloître. Il n'ont pas connaissance d'accord qui aurait été donné par les autorités compétentes en l'espèce. On note enfin que le permis de construire n'est pas affiché  alors que celui du CRI l'est et que les travaux seraient imminents.

    Ils demandent à Christophe Girard que ces deux projets soient revus en tenant compte de leur avis et sont décidés à agir pour être entendus.

     

    Le collectif Beautreillis – Charles V – Saint-Paul – Neuve Saint-Pierre

     

  • Musée picasso et jardin thorigny 07 06 16Vue du jardin et d'un de ses cinq érables de la rue de Thorigny et de la façade du musée Picasso (Hôtel Salé) – (Photo PR)

     
     

    A propos du petit jardin rue de Thorigny, les habitants du IIIe ont découvert avec stupéfaction et révolte que le projet d’aménagement de la DEVE (direction de l’environnement et des espaces verts – mairie de Paris) prévoyait l’abattage des 5 arbres !

    Vers 1976, ces arbres ont été plantés âgés de 10 ans, sous la direction de l’architecte Michel Autheman, dans l’intention urbaine de créer un alignement avec le porche de l’hôtel Salé et un aménagement de jardin d’ombre avec fontaine, à 80 cm en contrebas de la chaussée.

    En 2016, ces érables ont cinquante ans, ne sont pas malades, mesurent environ 10 mètres de haut, procurent une ombre agréable en été et habillent la vue sur la façade rigide de la Maison  de Retraite rue de la Perle. Comme prévu, ils constituent, d’un côté le fond végétal sur lequel se détache le porche de l’hôtel Salé, de l’autre la transition avec l’îlot planté (30 m²) place de Thorigny.

    Récemment, en le retirant du bail de la maison de retraite, la mairie qui en est propriétaire a récupéré ce petit jardin ; elle a chargé la DEVE de son aménagement pour une ouverture au public. Curieusement, l’élue écologiste responsable, Laurence Hugues, n’aurait pas inscrit au cahier des charges la conservation des arbres.

    Le projet prévoit la mise à niveau avec le trottoir de la liaison à la parcelle de 358 m2 et sa division en 4 types d’espaces : jardin d’agrément, jardin haut, salon de lecture et allée de circulation. Deux jeunes arbres seront plantés, à des emplacements proches d’érables actuels.

    Ce projet a été présenté aux habitants le 21 mars 2016 lors d’une réunion en mairie, dont l’invitation ne précisait pas qu’elle serait décisionnelle et dont aucun compte-rendu n’aurait été rendu public.

    Les habitants ont appris la décision par des tracts collés sur les murs du Marais par les riverains. Consultés par eux, l’ABF (architecte des bâtiments de France), qui a pourtant donné son "avis conforme", ainsi que des pensionnaires de la maison de retraite auraient déclaré qu'ils n'avaient pas été clairement informés du sort des arbres.

    Les résidents du IIIe comprennent que ces arbres, qui n’ont jamais été taillés, projettent actuellement une ombre telle, que la plantation à leur pied paraît impossible.

    En revanche plusieurs possibilités de conservation existent comme la taille, la création de réservation aérée et drainée, l’enlèvement avec motte et remise en place au niveau du trottoir, ou le remplacement par des sujets âgés.

    À la réunion du 7 juin au soir, il était évident que les habitants du IIIe tiennent à leurs arbres et parlent de s’y enchaîner !

    Avant d’en arriver là, appuyés par l’association « Vivre le Marais ! » ils demandent à la mairie de mettre en attente le dépôt du « permis d’aménager » prévu cet été. Nous espérons vivement que lors de la réunion du 16 juin, la DEVE expliquera le fondement de ses propositions, prendra en compte les demandes des électeurs et répondra à leurs nombreuses interrogations.

    Patrice Roy

     

    Ci-dessous, à gauche le plan de l'état actuel et à droite le plan projeté par la DEVE avec l'implantation des arbres actuels s'ils étaient tous conservés (clic gauche dans l'image pour agrandir)

     
    Thorigny jardin plan 07 06 16