Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

  • Aubriot 12 vue du cielLa rue Aubriot (IVe – photo ci-dessus) servit de cadre à une affaire que nous avons suivie de près. La Mairie de Paris avait dressé un procès-verbal d'infraction au code de l'urbanisme en 2006. Le prévenu a été traduit devant la Cour cinq ans après, en 2011. Il a plaidé l'ancienneté de l'affaire. Le tribunal a retenu la prescription des faits et prononcé, en conséquence, l'extinction de l'action publique et l'irrecevabilité des parties civiles. C'est un peu comme si la Justice, nonobstant un principe universel de droit, s'était prévalue de sa propre turpitude (*) …

     

    De nombreuses personnes travaillent pour la Mairie de Paris à la Direction de l'Urbanisme sous l'autorité de Claude Praliaud qui est au sommet de la technostructure. Lui-même est placé sous l'autorité d'un élu, Jean-Louis Missika, Maire-Adjoint de Paris en charge de l'Urbanisme, avec son cabinet.

    Une partie importante des effectifs est consacrée à l'étude des dépôts de permis de construire, aux demandes d'emprises pour chantiers et aux déclarations préalables de travaux (enseignes, devantures et autres) ainsi qu'aux demandes de changement de destination (commerciale vs habitation). Il reste qu'une activité importante est assumée par des agents qui exercent un contrôle : inspecteurs et contrôleurs de terrain, juristes et personnel administratif, avec leur encadrement. Au total, ce sont plusieurs dizaines de personnes qui veillent au respect des règlements.

    De quelle manière ?

    Lorsqu'ils constatent une infraction, forts de leur statut d'agents assermentés, ils dressent un PV (procès-verbal). Il arrive que les prévenus obtempèrent, en renonçant à l'infraction commise ou en déposant une demande de régularisation. Trop souvent, ils font la sourde oreille. Dans ce cas, le PV est envoyé au Parquet (Procureur de la République du tribunal compétent, le Tribunal de Grande Instance de Paris). Dans l'immense majorité des cas, le Parquet se comporte comme un "trou noir" (singularité de l'espace-temps, d'où rien ne ressort pas même la lumière).

    Palais justice 31ème chambreLa 31ème chambre correctionnelle du Palais de Justice de Paris (Photo VlM)

     

    On ne doit pas forcément en conclure que les affaires sont "classées". On en ferait le deuil et on passerait à autre chose. Non, l'affaire reste "active" mais elle est en hibernation pour une durée indéfinie.

    Ainsi, dans ce domaine qui  nous est familier mais il y en a sûrement d'autres, on admet que des dizaines de personnes, auxquelles il convient d'ajouter les Architectes des Bâtiments de France du Ministère de la Culture, travaillent et s'activent "pour des prunes". La Justice apparait comme le maillon faible d'un processus qui fonctionne à grands frais et qui ne débouche sur rien. Y a-t-il une solution ?

    On peut en imaginer plusieurs. Augmenter les moyens de la Justice est illusoire en cette période de déficit public qui tourne autour de 25 % des dépenses. Supprimer la totalité des effectifs dont l'action est inopérante serait la porte grande ouverte à des abus que les citoyens autres que les anarchistes ne peuvent accepter. Continuer de fermer les yeux sur une anomalie qui coûte cher et dévalorise le travail des personnes qui s'y consacrent ? C'est la politique de l'autruche et notre raison s'y résout difficilement.

    La question s'adresse aux élus de la nation. Pourquoi maintenir un monopole des sanctions au bénéfice d'une magistrature débordée ? Des experts – architectes/urbanistes  en l'espèce – assermentés, sont-ils moins qualifiés qu'un juge pour apprécier quelle doit être la sanction d'une infraction aux codes et règlements en vigueur en matière d'urbanisme ?

    En conclusion, il nous semble que la sagesse et le bon sens (quand aurons-nous en France un Ministère "du bon sens" ?) commandent que nous sortions de la situation ubuesque que nous vivons en mettant en œuvre des dispositions à caractère "administratif" avec des barèmes de sanctions. Si les défenseurs du monopole de la justice s'y opposent, qu'ils fassent en sorte alors que le maillon faible que nous dénonçons s'efface d'une manière ou d'une autre. Il est frappant de constater que d'autres chaînes, notamment celle qui conduit au Tribunal de Police, laissent beaucoup moins de place au "classement" de fait qu'on observe presque toujours sur les questions d'urbanisme avec le TGI.

    Nous nous tournons vers les Députés élus dans le Marais pour qu'ils nous donnent leur avis.

    Gérard Simonet

     

    (*) Les maîtres en droit enseignent au nombre de nombreux principes sacro-saints du droit universellement admis, un principe révélé en latin suivant lequel "nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude" (nemo auditur propriam turpitudinem allegans).

     

  • Serres auteuilLes serres d'Auteuil qu'on doit à l'architecte Jean-Camille Formigé, construites en 1897 et classées monument historique en 1998

     

    Le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris a ordonné aujourd'hui la suspension des travaux engagés par la Fédération Française de Tennis (FFT) avec le soutien de la Mairie de Paris pour son projet d'extension du stade Roland Garros, qui prévoit la destruction partielle des Serres d'Auteuil.

    L'action en justice pour dénaturation de l’œuvre a été introduite par les héritiers de Jean-Camille Formigé (1845-1926) et par des associations amies, soucieuses comme nous de sauvegarder notre patrimoine collectif et l'environnement.

     

    FoigiéJean-Camille Formigé

     

    Le TGI, saisi en référé, a ordonné la suspension des travaux pour une durée maximum de trois mois, sous astreinte de 10.000 € par infraction constatée. La FFT a en outre été condamnée à verser 2.000 € au titre des frais de justice à la famille Formigé. L'avocat des héritiers s'est réjoui de cette décision "extrêmement rare en matière de protection d'une œuvre d'architecte".

    La FFT va vraisemblablement faire appel.

    La partie n'est pas gagnée pour les défenseurs du patrimoine. La Maire de Paris Anne Hidalgo, vivrait ce contretemps comme une défaite personnelle et un obstacle à son ambition de concentrer tous les évènements importants sur le territoire de la ville qu'elle dirige. Cette attitude la pousse aussi à vouloir les JO de 2024 (après des JO Gays en 2018), l'exposition Universelle de 2025 et à tout faire pour conserver Roland Garros, alors que Versailles, sans contrainte d'espace, était candidate.

     Une démarche qui concourt à faire de Paris une ville toujours plus dense, bardée de tours, hyperactive, au bord de l'asphyxie, au détriment d'une région à laquelle elle porte ombrage. Il est indispensable que le "Grand Paris" prenne le relais d'une politique mieux répartie en matière d'activité, d'habitat et de logement.

     

    Texte intégral de la déclaration de l'auteur de la pétition "sauvons les serres d'Auteuil"

     

     

  •   Sans-titreSiège de la Direction  de l'Urbanisme, qui a quitté depuis plus d'un an le bâtiment du 17 boulevard Morland (IVe), 121 avenue de France/promenade Claude Lévi-Strauss (XIIIe) (Photo VlM)

     

    Dans le cadre d'un point annuel établi, "Vivre le Marais !" a rencontré Bertrand Lericollais, sous-directeur à la Direction de l’Urbanisme, en charge du Permis de Construire et du Paysage de la Rue, et deux cadres de sa direction, Élisabeth Morin et Sébastien Leparlier.

    Nous avons évoqué un à un les différents dossiers que nous avons signalés au cours des derniers mois desquels il ressort que des PV ont été dressés par les 24 inspecteurs et contrôleurs de terrain. Il s’agit soit de terrasses non conformes ou non autorisées, soit de pose d’enseignes non appropriées, soit de réaménagement de devantures, effectuées sans dépôt de permis de construire et souvent aussi sans avis de l’architecte des Bâtiments de France (ABF) pourtant nécessaire dans le secteur protégé du Marais.

    Malgré plusieurs PV, certains propriétaires n’obtempèrent pas. Dans ce cas,  la DU adresse une lettre de mise en demeure et sans résultat le dossier entre dans le voie judiciaire. Nous avons évoqué les 3 dossiers patents du IVe à savoir la place du Marché Sainte-Catherine, la place du Bourg Tibourg et la rue du Trésor, que connait bien la DU.

    La tension est au maximum avec la place du Bourg Tibourg puisque les quatre établissements qui y sont établis, dont "L’Étincelle" qui fait l'angle avec la rue de Rivoli, ont fait l'objet de procès-verbaux dirigés vers le Procureur de la République. Ils courent le risque d'être traduits en correctionnelle. "Vivre le Marais !" a rappelé à ce propos que l'association est prête à se porter partie civile et à le signifier au Procureur si la DU considère que son aide peut être utile, ce que nous croyons par référence à des expériences passées.

    Il a été rappelé que le relais de la DU était assuré le soir et le week-end par les agents de la Direction de la Prévention et de la Protection de la Ville de Paris (DPP).  Il nous a été signalé que suite à une  délibération récente du Conseil de Paris,  une  remise de 6 mois des droits de voirie avait été accordée aux établissements touchés par les attentats de novembre.

    Concernant les procédures appliquées, il nous est confirmé que pour les permis de construire, comme les rénovations, l’ABF est systématiquement saisi pour avis, d’autant que la DU est « au carrefour du code de l’urbanisme, du code de l’environnement et du code du patrimoine. » A ce titre il nous est spécifié que la DU est particulièrement vigilante sur les velux et autres fenêtres installées sur les toits car elles sont rarement visibles de la rue.  En matière de terrasses sur les toits, Bertrand Lericolais souligne toute l’importance de bien travailler en amont la prévention de ces difficultés au travers des règlements de copropriété, le meilleur rempart selon lui à des désagréments de ce type y compris les locations saisonnières.

    Cette rencontre utile et agréable nous conforte dans l’idée que la DU, avec les moyens dont elle dispose,  agit de façon à faire respecter le règlement en général ainsi que les règles propres au secteur sauvegardé du Marais (PSMV).

    Dominique Feutry

     

  • MontorgueilRassemblement, tracts et banderoles. Les riverains disent NON à McDonald's

     

    Comme les habitants du Marais l'ont fait il y a cinq ans à la "pointe Rivoli" (IVe), les riverains de la rue Montorgueil, et pour les mêmes raisons, ont dit NON à l'implantation  chez eux d'un grand MacDo. La Mairie de Paris et particulièrement le Maire "Vert" du IIe, Jacques Boutault, les ont suivi dans leur refus de voir une nuisance supplémentaire s'ajouter à celles qui foisonnent dans leur quartier.

    Une démarche judiciaire devant le Tribunal Administratif a été entreprise par McDonald's contre le deuxième refus signifié par la direction de l'urbanisme de la Mairie de Paris.

    Les riverains nous demandent de relayer leur protestation. Nous le faisons bien volontiers. Voici leur message :

     

    MC DONALD'S ATTAQUE UNE NOUVELLE FOIS LA VILLE DE PARIS EN JUSTICE
    Depuis samedi matin 5 décembre, la rue Montorgueil affiche en grand son opposition 
    au projet de fastfood géant que McDonald´s veut implanter au début de la rue piétonne
    Montorgueil. Grâce à l'amitié que nous fait le propriétaire d'un appartement bien situé,
    quatre affiches géantes ont pu être mises en place sur une façade donnant sur la rue pour
    appeler les riverains et les passants à dire non au projet de la multinationale de la
    malbouffe.
    Pourquoi ces affiches géantes? Parce que la menace McDo revient.
    En juin dernier, nous pensions avoir gagné. La Ville de Paris venait de refuser pour la
    2ème fois de suite le permis de construire demandé par McDo. Mais nous venons d'avoir
    la confirmation que McDonald´s a une nouvelle fois attaqué la Ville de Paris en justice. Dans un recours du 25 août dernier devant le tribunal administratif de Paris, la société
    McDonald´s France demande au juge de forcer la Ville à lui accorder le permis de
    construire sous peine d'une astreinte de 10 000 euros par jour de retard.
    La Ville de Paris doit rendre dans quelques semaines ses arguments aux juges. Ceux-ci
    rendront leur avis au premier semestre 2016. Bloqué depuis six ans par la mobilisation
    de tout un quartier et par une attitude courageuse de la mairie de Paris, soutenue par la
    quasi-totalité des tendances politiques parisiennes, McDonald´s veut forcer la main à
    la Ville.
    Notre mobilisation est donc plus que jamais nécessaire. Elle est essentielle pour
    encourager la Maire de Paris Anne Hidalgo et les élus parisiens à persévérer dans leur
    refus de ce projet néfaste. Quelles sont nos armes ? À la Ville de livrer la bataille
    juridique contre le roi de la malbouffe qui méprise l'avis des populations et n'a aucune
    éthique. C'est elle qui doit convaincre les juges qu'elle est dans son bon droit. Mais les
    habitants du 2ème arrondissement, les Parisiens et les amoureux de Paris ont eux aussi
    une arme, celle de la communication et de l'opinion publique.

    En disant, en écrivant, en twittant notre refus de nous voir imposer un projet scandaleux,
    nous faisons mal à l'image de McDo. Et McDo déteste ça. McDo déteste que son image
    soit écornée par la polémique. Surtout quand elle est relayée dans le monde entier.
    Surtout quand le géant de la malbouffe est fragilisé par des échecs commerciaux et des
    polémiques incessantes.
    McDo a déjà reculé plusieurs fois à Paris et dans plusieurs villes de France. Dans le
    4ème arrondissement, à Montparnasse, sur l'île d'Oléron, les mobilisations locales ont
    gagné parce que le coût d'image pour McDonald´s devenait trop lourd.
    Pour nous aider et forcer McDonalds à reculer, faites tourner ce mail, photographiez
    les banderoles, copiez nos photos, twittez les, envoyez-les à vos amis sur les réseaux
    sociaux, likez notre page Facebook, parlez de la bataille en cours à vos amis,
    à vos connaissances, à vos élus, écrivez à votre maire (anne.hidalgo@paris.fr et
    jacques.boutault@paris.fr).
    Notre combat n'est pas égoïste mais exemplaire. Nous pouvons le gagner en étant
    tous ensemble. Merci de votre aide. Sur Facebook : https://www.facebook.com/nomcdo/ Sur twitter : @No_Mcdo


  • P1080616Entrée de l'impasse de l'Hôtel d'Argenson (IVe), à hauteur du 18 rue Vieille du Temple (Photo VlM)

     

    Nous l'annoncions dans notre article du 1er janvier 2013, les riverains du passage étaient parvenus à un accord qui prévoyait l'installation d'une grille à l'entrée de l'impasse, dans le but d'éviter les dégradations et incivilités qu'elle subit depuis des années.

    La grille est désormais en place. Les dégradations sont toujours là mais la restauration des murs aura lieu dès que possible. Les habitués de la rue Vieille du Temple, une des plus attachantes du Marais, leur en sont reconnaissants. Le décor anxiogène que créait l'impasse dans l'environnement particulièrement accueillant de la rue, avait quelque chose de détestable.

    P1080613Impasse de l'Hôtel d'Argenson : état du passage (Photo VlM)

     

    Nous donnons rendez-vous aux riverains pour inaugurer la phase finale qui verra la restauration complète des lieux.

     

  •   Hôtel de mayenne vue générale avant travaux 07 11 09 Hôtel de mayenne 18 09 12

     

     

     

     

     

     

    L'affaire de l'Hôtel de Mayenne (École des Francs-Bourgeois), 21 rue Saint-Antoine (IVe), illustre bien la problématique que soulève la nouvelle loi de protection du patrimoine. Au moment des décisions, la Maire du IVe, Dominique Bertinotti, voulait conserver l'ajout central du XIXème siècle (photo de gauche) contre l'avis du Ministère de la Culture et des architectes des bâtiments de France. Ces derniers avaient le pouvoir, la restauration s'est faite (photo de droite). Chacun s'accorde à dire aujourd'hui qu'il aurait été dommage de renoncer aux travaux quand on voit l'élégance du bâtiment à qui on a restitué son architecture d'origine.

     

    Bien que le France bénéficie des meilleures lois de protection du patrimoine, celles-ci sont depuis des années progressivement attaquées. Ainsi les zones de protection et de mise en valeur existantes, désignées par des sigles complexes que nous éviterons de citer mais qui n’enlèvent rien à leur efficacité, sont petit à petit détricotées par les ministres de la culture successifs. Nous avions relevé les prémisses de cette évolution en 2008, au moment de l'annonce de la révision du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais

    Mais cette fois le projet de loi qui concocte le ministre de la Culture est ravageur en ce sens qu’il remet en cause l’équilibre actuel.

    Certes le nouveau texte propose de classer, y compris in situ (avec accord du propriétaire), des ensembles mobiliers, de créer la notion de « Domaines nationaux». Mais au sein du ministère du Budget « France Domaines », l’entité chargée de vendre des biens appartenant à l’État, n’a pas forcément les mêmes objectifs… Or ces quelques avancées ne sont rien face aux reculades proposées par le nouveau texte.

    Le plus discutable concerne la transformation des secteurs sauvegardés  (loi Malraux et loi Lang) – le Marais est en PSMV –  qui seraient dorénavant élaborés par les villes, avec « …l’assistance technique et financière… » de l’État. Les spécialistes sont formels, cette disposition transfèrera la maîtrise d’ouvrage des PSMV ou des « PLU patrimonial » (nouveau nom des zones protégées)  aux communes,  alors qu’actuellement l’élaboration est conjointe entre l’État et le maire. Le ministère de la Culture devient donc simple conseil actant ainsi le désengagement de l’État de sa fonction de garant du patrimoine. Toute commune pourra désormais refuser la protection d’un ensemble sous le régime du PSMV ou du « PLU patrimonial » sans que l’État puisse l’y contraindre !

    La protection de notre patrimoine, faut-il le souligner, deviendra locale avec ce texte. Tout au plus le ministère de la Culture pourrait-il imposer le titre de « Cité historique » sans conséquence autre pour les élus.

    Les abords des monuments historiques qui sont eux aussi protégés risquent de faire les frais de la réforme en cours. Le champ d’action  des architectes des bâtiments de France (ABF), validant permis et déclarations de travaux,  sera réduit seulement aux « …espaces les plus remarquables… ». Des constructions  pourront en conséquence être faites plus facilement sur les autres espaces… Ce qui revient à réduire les périmètres de protection. Et ces périmètres auront un caractère transitoire puisqu’ils devront être délimités à nouveau chaque fois qu’un PLU sera élaboré, modifié ou révisé !

    Canonica bastia poretta ca 2010Cette magnifique chapelle romane des XIIème/XIIIème siècles est préservée de toute construction dans un rayon de 500 mètres. La municipalité concernée aura-t-elle le pouvoir d'y autoriser, par exemple, la construction d'un lotissement tout autour ?
    (Photos VlM)

     

    Un autre élément soucie les spécialistes du patrimoine, le fait d’institutionnaliser dans ce texte, et c’est une dérogation toute particulière, la possibilité d’accroître la hauteur ou le gabarit d’une construction présentant «…un intérêt public du point de vue de la création de l’innovation et de la qualité architecturale ». Ainsi il sera autorisé de « modifier un PLU pour la seule emprise d’un  projet afin d’en augmenter la constructibilité.»

    En résumé chacun s’accorde à dire que le désengagement de l’État est dramatique pour la protection de notre patrimoine car les élus qui se débattent pour équilibrer le budget de leur commune, auront souvent bien du mal à assumer les coûts financiers induits par cette évolution !

    Sans parler de tous ceux qui, étant plus béotiens qu'esthètes, sont prêts à accepter n'importe quelle incongruité.

     

    Dominique Feutry

     

  •  EnceinteCharlesV2Photos des murs de l'enceinte de Charles V mis au jour (Photo La mesure)

     

    Lors du dernier Conseil d'arrondissement du IVe, le sujet de la découverte archéologique de la place du père Teilhard de Chardin IVe (voir notre article du 8 octobre 2015) a été largement évoqué par le Maire Christophe Girard.

    Nous résumons ci-dessous les principaux points de son intervention. Il rappelle tout d’abord que le lancement de la création d'un jardin a eu lieu en début d’année avec ensuite des réunions de concertation qui ont abouti à un projet de jardin établi par la Direction des espaces verts anticipant une possible valorisation de l'enceinte Charles V.

    La Direction des Espaces Verts et de l’Environnement (DEVE) via la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris (DAC) a demandé des fouilles préventives, l'ouvrage mis au jour révèle une partie du mur et sans doute les fondations d'une tour. La qualité de conservation des parements, a été qualifiée « d'exceptionnelle » par les archéologues de la DAC ayant réalisé le diagnostic. Le Maire du IVe et le 1er Adjoint à la Maire de Paris ont en conséquence souhaité qu'un projet de valorisation permettant de voir ces vestiges, soit pris en compte dans le projet de jardin qui devra par conséquent être revu. Dans cette attente, la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Ile de France (DRAC) et la Préfecture de Police ont demandé que les vestiges soient remblayés afin d’éviter tout risque d'intrusion, de chute et de dégradation.

     

    9-charlesV_previewCarte donnant le position des enceintes Charles V et Philippe Auguste (en marron)

     

    La Ville doit rencontrer prochainement la DRAC pour connaitre les intentions de l’État sur le sujet. Différents services doivent être consultés : le Service de recherche archéologique de la DRAC, les Monuments Historiques (SMH), afin de connaître leur position, sachant que de manière générale, la priorité pour l’État reste la conservation, et non la valorisation du site.

    Parallèlement, la Ville de Paris met en place un groupe de travail associant DAC et DEVE pour apporter des pistes de réflexion concrètes d'aménagement du jardin, en intégrant une mise en scène de la découverte archéologique, et définir un projet de valorisation permettant de garantir la conservation du site car nombreux sont les habitants qui ont manifesté un réel intérêt pour cette découverte.

    Nos suivrons avec attention l'évolution de ce dossier qui semble pris en mains comme il se doit.

     

  • Tours

     

    Par solidarité avec l'association "Monts 14", membre de la "Plateforme des associations parisiennes" dont nous partageons le combat pour la sauvegarde de Paris, et par conviction, nous publions un appel à pétition pour faire obstacle au programme de construction de tours qui vise à encercler progressivement Paris en s'invitant dans des panoramas qu'on croyait protégés par la notoriété internationale de "la plus belle ville du Monde", mais qui ne semblent pas résister à la boulimie de construction de la nouvelle Maire de Paris.

    Voici in extenso le message de Patrice Maire, Président de "Monts 14" :

    Les pages centrales de notre dernier journal Monts 14 titrent Peu à peu, Paris retrouve l'enceinte des fortifications du XIXe siècle. A la tour du Palais de justice et à la tour Triangle viendront s'ajouter, outre les Tours Duo, d'autres tours à Masséna et à Bercy, de l'autre côté de la Seine. A chaque fois, la capitale s'en retrouve rétrécie : depuis les hauteurs (Sacré-Cœur, Arc de Triomphe, etc…), elle semble s'arrêter à la place d'Italie, à la tour Montparnasse ou au Front de Seine. A l'heure où elle devrait s'ouvrir à sa métropole, son site s'atrophie sous l'effet de cette barrière. Aussi, je viens de lancer une pétition contre les tours dans Paris. Cliquer gauche ici : Hidalgo tu nous emmures !

    Nous rappelons sans cesse que Paris est la ville la plus dense d'Europe avec 22.400 hab./km². Elle est au bord de l'étouffement comme nous le rappellent les épisodes de plus en plus fréquents de pollution extrême. La sagesse recommande de construire au-delà de ses murs en mettant à profit une politique de Grand Paris qui soulage Paris intra-muros, pour le logement et l'activité économique. Anne Hidalgo n'en prend pas le chemin, et semble céder à l'éblouissement narcissique que lui procure sa charge et à la culture de son ego.

    Les parisiens vont le lui faire savoir par leur bulletin de vote des élections régionales. S'ils ont des doutes sur ce que ferait l'opposition si elle était aux affaires, ils constatent que d'autres courants, notamment les Verts, font entendre régulièrement des opinions qui sont plus responsables sur la densité et les tours, les deux-roues motorisés, l'occupation de l'espace public, voire les Jeux Olympiques. A défaut, il reste l'abstention et les extrêmes. La Maire de Paris risque de payer cher son égarement.

     

  • Roy-agence-livre-ret jpegHôtel de Sully, 62 rue saint-Antoine (IVe), façade arrière sur jardin, porte d'accès au vestibule donnant sur la cour (Paris Marais 43 – Patrice Roy)

     

    Patrice Roy est architecte. Il vit dans le Haut-Marais depuis longtemps. Il vient d'ajouter à la liste des ouvrages sur l'architecture et l'urbanisme du centre historique de Paris un livre qui vient de sortir avec comme titre :

    Paris Marais 43

    Patrice Roy – chez Créaphis Éditions

    Cet ouvrage ne ressemble à aucun autre. C'est la publication commentée de dizaines de photographies en noir et blanc, sauvées en 1980 d'une benne à ordures, que le conseil de Paris avait commandées pour conserver le souvenir de ce qu'il avait décidé de détruire en 1941, en pleine occupation allemande.

    L'auteur publie ces photographies en les disséquant sans pathos, plus attentif aux lambeaux de vie qu'elles expriment qu'à l'architecture des lieux, sensible qu'il est "à la mélancolie d'un présent d'il y a soixante dix ans pétrifié, en sursis, dans l'attente d'un verdict de destruction".

    Sa collection couvre les IIIe et IVe arrondissements. Beaucoup de ce qu'on y trouve, dans leur jus, a été heureusement sauvé de la folie destructrice des hommes. D'autres lieux ont eu moins de chance. Pour ceux-là, leur photo résonne comme un "memento mori (souviens toi que tu vas mourir – NDLR)".

    Pour tous ceux qui aiment le Marais ou veulent le faire connaitre sous un angle qui étonne et questionne, nous conseillons ce livre, qu'on peut trouver à la librairie de la rue de Bretagne "Comme un  roman" par exemple, ou sur  Internet. Son prix : 30,00 €, éditions Créaphis

     

  • Du pontVue sur la cour pavée et ses immeubles qui mélangent les styles (Photo Atelier Du Pont)

     

    Dans un long message très documenté, le Premier Adjoint Gauthier Caron-Thibault réagit à notre article du 2 novembre 2015 et revient sur les phases de cette réalisation d'envergure. 

    "C'est toujours avec plaisir que je lis vos articles… et que je me permets quelques […]correctifs quand ils sont nécessaires.

    Je ne peux que partager votre enthousiasme sur la réhabilitation du 25 rue Michel le Comte. C'est pour moi la plus belle du parc social ces 15 dernières années dans le Marais.

    [S'agissant du rôle des ABF (architectes des bâtiments de France)]j'ai eu l'occasion à l'époque de monter un comité de pilotage de ce chantier pour en maîtriser les nuisances, affiner le projet architectural avec l'architecte, définir la typologie des logements,… [NDLR : il s'agit de Mme Sophie Hyafil]

    Un des premiers points, et à raison, a été la remise en cause par l'ABF du premier projet proposé qui prévoyait une destruction plus importante du bâtiment datant du 19e. Nous étions en pleine révision du PSMV [NDLR : plan de sauvegarde et de mise en valeur], en train de redonner ses lettres de noblesse aux bâtiments du 19e et il n'était du coup pas envisageable d'accepter le projet en l'état. Cela a néanmoins eu pour conséquence de diminuer la surface et le nombre de logements créés ainsi que de devoir penser autrement la circulation des personnes à mobilité réduite. Ce qu'a fait avec brio l’Atelier Du Pont, en limitant les pertes concernant la production de logements.

    Du coup, cette réhabilitation est vraiment le fruit d'un long travail partenarial Eloge/ABF/Architecte/Mairie du IIIe pour aboutir sur un projet qui convienne à chacune des parties dans des délais raisonnables.

    Vous trouverez sur mon blog l'histoire retracée en 4 moments:

    http://www.ruedebretagne.eu/?p=1267

    http://www.ruedebretagne.eu/?p=1219

    http://www.ruedebretagne.eu/?p=959

    http://www.ruedebretagne.eu/?p=843

    Les exigences de l'ABF n'ont pas été déraisonnables, loin s'en faut quand on constate la qualité du résultat, mais il a fallu tout de même travailler en étroite collaboration".

    Sur la question financière :

    "Cette réhabilitation d'un coût de 26 millions d'€ a été financée par la Ville à hauteur de 7 millions, 1.5 millions  par des fonds propres du bailleur, 300 000 € par l’État, 240 000 € par le 1% patronal, le reste par des prêts (Caisse des dépôts, banque, 1%…). Le plan de financement (NDLR : compte de résultat) est défini pour que l'opération soit rentabilisée par les loyers des logements et des commerces dans un temps long. Le bailleur n'a pas le droit d'être en déficit et la Ville n'a pas le droit de renflouer les caisses d'un bailleur du type Elogie qui serait déficitaire. D'où une gestion locative au cordeau de ce type d'opération (suivi des impayés, fixation des loyers, choix des locataires commerçants…).

    Gauthier Caron-Thibault

    Premier Adjoint Mairie du IIIe"

    Caron-thibaultGauthier Caron-Thibault

     

    L'argumentaire financier ne nous satisfait que très partiellement. Nous  l'avons dit à M. Caron-Thibault en ces termes :


    "La rentabilité de l'opération reste notre souci. L'association assure un suivi attentif de certaines charges de l'Hôtel de Ville, notamment les subventions qu'il distribue, trop généreusement nous semble-t-il. Nous savons que les bailleurs sociaux en reçoivent. Selon notre enquête, c'est autour de 300 Millions d'€ par an et on mélange souvent investissements et subventions d'équilibre. C'est pour cette raison que nous disons que les contribuables risquent de mettre la main à la poche si l'équilibre entre les charges + amortissements + frais financiers d'une part et les recettes provenant des loyers (nets d'impayés) n'est pas assuré.

    Cet équilibre repose largement sur la qualité des locataires et leur solvabilité. Il me semble du reste que vous en êtes conscient.
    S'il apparaissait que ces doutes n'étaient pas justifiés, nous serions les premiers à nous en réjouir.
    Merci pour la peine que vous vous êtes donnée pour compléter notre information. Et bravo pour le travail !"

    Gérard Simonet