Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

  • AteuilLes Serres d'Auteuil

     

    Dans un article de notre blog du 10 février 2011, nous écrivions à propos de l'éventualité de l'extension de Roland Garros sur les Serres d' Auteuil: "Parce que la FFT veut construire un court de tennis de 7.000 places et que pour cela une partie des serres historiques, les "serres chaudes", serait sacrifiée." et le 4 mars 2013 nous ajoutions: "Sacrifier ces magnifiques constructions de verre et de métal au ton bleuté qui s’élèvent majestueusement dans ce paysage protégé est, il est vrai, osé." …

    En effet un coup d'arrêt venait alors d'être donné par la justice. Nous pensions que celui-ci constituait un exemple à méditer pour nos élus qui ne pouvaient pas s'exempter de l'avis des riverains et des défenseurs de l'environnement en ce qui concerne notamment les espaces verts et les constructions remarquables qui émaillent nos quartiers.

    Malheureusement l'impensable s'est produit depuis lors puisque le Premier Ministre a tranché en faveur de l'extension de Roland Garros sur les Serres d'Auteuil au prétexte que "l'enquête publique achevée en novembre a conclu sans ambiguïté à un avis favorable au projet qui est en parfaite cohérence et complémentarité avec les activités du jardin botanique" !

    C'est aberrant mais le mercantilisme l'a emporté. Même la ministre de l’Écologie, pourtant prompte à se battre, a laissé faire. Quant à la Maire  de Paris favorable à cette solution son budget souffrira moins que si la solution de l'extension  au moyen d'une dalle recouvrant la bretelle d’accès à l'A13 avait été choisie.

    C'est un revers qui laissera des traces au sein de la majorité municipale, les Verts ne voulaient pas que soient sacrifiées les Serres  d'Auteuil  ! Si la partie semble finie et les recours difficiles cet exemple  nous éclaire en ce sens que nous ne devons jamais lâcher prise face à des décisions qui pour une question de "gros sous" avec comme alibi la candidature aux JO de 2024. Toutefois Alexandre Gady le président de la Société pour le Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF) a déclaré qu'il intenterait un recours auprès du tribunal administratif lorsque les demandes de permis de construire seraient déposées.

    il est navrant que de telles raisons mises en avant puissent conduire à détruire ces témoins de notre histoire alors que nous devons au contraire les protéger afin de pouvoir les transmettre dans les meilleures conditions possibles aux générations futures. Nous sommes montrés du doigt par l'Icomos, le conseil de l'Unesco qui œuvre à la conservation des monuments et sites historiques, qui a jugé que le site était "gravement menacé dans son intégrité paysagère et botanique" et a appelé la Mairie de Paris et la Fédération Française de Tennis à abandonner le projet.

    Il faut souligner à cette occasion l'égoïsme de Paris, une fois de plus, et sa voracité à attirer les projets, au détriment d'autres sites qui sont mieux adaptés et pour qui un catalyseur de développement économique est justifié. Rappelons que Paris est lauréate des gay-games de 2018, et qu'elle postule pour les Jeux Olympiques de 2024 et l'Exposition Universelle de 2025…

    En l’occurrence, Versailles était et reste candidate en offrant à Roland-Garros un cadre prestigieux sans que l'espace lui soit compté. Paris s'acharne à vouloir tout absorber dans un périmètre minuscule équivalent à un "cercle" de 5 kilomètres de rayon. Au risque d'exploser. Paris et ses dirigeants sont comme la grenouille de La Fontaine qui courait après la gloire en voulant se faire aussi grosse que le bœuf …

    Dominique Feutry

     


  • Sans-titre
    Une devanture en cours d'aménagement, 3 rue des Rosiers (IVe), en décalage avec le style de  de l'immeuble et la rue (Photo EP)

     

    Voilà une devanture en cours de création au 3 rue des Rosiers (IVe) qui, si elle semble de qualité, ne s’intègre pas dans le style architectural de l'immeuble dont elle fait partie ni dans la rue concernée dans un secteur régi par le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais.

    Il est important en effet de respecter une certaine unité, ce qui n'est pas le cas en l'occurrence.

    Aussi avons-nous saisi la Sous-Direction du permis de construire et du paysage de la rue de la Direction de l'Urbanisme afin de savoir si cet aménagement a bien été autorisé ?

    Le 3 juin, les travaux sont finis. Une camionnette immatriculée dans un pays d'Europe de l'Est s'affaire encore devant l'immeuble. Le résultat de ces travaux expédiés pendant le week-end est affligeant. L'esthétique de l'immeuble et par voie de conséquence celle de la rue sont tristement affectées par cet ouvrage.

    On peut en juger sur cette nouvelle photo qui focalise l'attention sur la jonction entre le pilastre de l'immeuble et la nouvelle devanture. Cette réalisation est d'autant plus choquante que de l'autre côté de la porte d'entrée de l'immeuble une devanture conforme aux exigences du Marais est en place depuis des années à l'enseigne du "Loir dans la théière".

     

    Rosiers 3 devanture 03 06 15Vue du rez-de-chaussée. (photo VlM. cliquez gauche pour agrandir).

     

    On peut dire sans hésiter beaucoup qu'on a affaire à un véritable sabotage du Marais, auquel la Ville ne devrait pas rester insensible.

     

    Postscriptum

    Un riverain vient gentiment de nous communiquer une photo de la devanture précédente. A chacun de juger … Qu'en pensent les habitants/copropriétaires de l'immeuble ?

    Mobalpa

     

  • PhotoVue des échafaudages récemment installés dans la cour d'honneur de l'Hôtel des Ambassadeurs de Hollande 47 rue Vieille du Temple (IVe) (Photo VlM)

     

    Enfin ! Après avoir subi les outrages du temps, avoir été souillé  par des affiches sauvages, des travaux sont engagés pour remettre  en état ce joyau du XVIIème siècle qu'est l’Hôtel Amelot de Bisseuil,  dit Hôtel des Ambassadeurs de Hollande. Nous l'annoncions il y a peu (notre article du 18 mars 2015), des échafaudages viennent d'être installés dans la cour d'honneur.

    Le panneau obligatoire apposé, qui annonce et décrit les travaux entrepris, fait état d'un ravalement qui devrait gommer l'aspect très noir et si triste des bâtiments, notamment la façade sur rue, la plus visible (voir nos articles des 17 mai et 18 décembre 2014). A l'occasion, les pierres dégradées seront remplacées, les huisseries seront restaurées et repeintes mais par une fine couche de peinture sans enduit comme le précise l'autorisation délivrée par le Préfet de Région (car il s'agit ici d'un bâtiment classé "monument historique"), cela afin de ne pas abîmer le portail exceptionnel de l'édifice.

    Les amoureux du Marais ne peuvent que se réjouir de voir cette campagne de travaux engagée.

    Dominique Feutry

     

  • B2Trémie végétalisée et aménagée de la rue Saint-Merri (IV') (Photo VlM!)

     

    Il aura fallu du temps pour parvenir à aménager cette trémie à l'angle des rues du Renard et Saint-Merri tout en inversant le sens de circulation (voir nos nombreux articles: 12 et 28 septembre, 2 et 28 octobre, 12 décembre 2014, 12 et 16 janvier 2015).

    Excepté encore une dernière barricade à enlever, la pointe recouverte de pavés dont les joints sont engazonnés, est agrémentée de plantes descendant le long du mur situé au fond, l'ensemble étant fermé par quelques grilles en forme de croix de Saint-André. Si cet aménagement est respecté il faut reconnaitre qu'il a une certaine allure.

    Les enfants se rendant à l'école devraient être plus en sécurité.

    Reste néanmoins le devenir du passage  le long de cet immeuble, toujours aussi sale, voire sordide et peu engageant notamment le soir.

    La ville et le Maire du IVe en particulier ne peuvent pas laisser cet endroit dans cet état,  car l'aménagement de la trémie, comparé à tout cet ensemble, n'est finalement qu'un cache misère.

    Dominique Feutry

     

  • Vdt99
    Immeuble 97 rue Vieille du Temple (IIIe) devant la façade du Musée Picasso

     

    La résistance au projet de création d'un bar-restaurant sur le toit de l'immeuble situé au 2 rue des Quatre-Fils s'est structurée autour de la protestation d'une vingtaine de riverains concernés des rues de la Perle, des Quatre-Fils, Charlot, du Perche et Vieille du Temple, contre le permis de construire accordé en décembre 2014 par la Mairie de Paris.

    Le Maire du IIIe et son Premier-Adjoint chargé de l'urbanisme, Gauthier Caron-Thibault, avaient pourtant émis un jugement défavorable en raison des nuisances qu'on pouvait craindre pour les habitants des immeubles voisins. Ceux-ci affirment aujourd'hui que ces craintes sont fondées et contestent le permis accordé par la Direction de l'Urbanisme de la Ville de Paris.

    Ils récusent notamment le dépassement du délai de deux mois après l'affichage du permis au motif qu'il n'a pas été fait de manière visible, comme l'exige le code de l'urbanisme.

    D'autres banderoles pourraient faire leur apparition et donner à ce quartier le même visage que celui du  pourtour du Carreau du Temple, qui affiche pas moins de 24 calicots contre les terrasses de bars.

    La création d'un établissement recevant du public sur le toit d'un immeuble pose d'ailleurs d'autres problèmes que celui du bruit. On pense en particulier à l'accessibilité, obligatoire maintenant pour assurer l'accès aux personnes handicapées et à la sécurité incendie.

    On est en droit de regretter aussi que le propriétaire de l'immeuble, le groupe Périal Asset Management juge intéressant d'investir dans de tels travaux pendant qu'il accepte que le mur pignon de son immeuble du 93 rue Vieille du Temple soit devenu le dépotoir visuel du quartier.

     

    Pignon

    Ce mur qui fait face en diagonale à la brasserie "La Perle" a été propre tant que la Mairie de Paris est intervenue pour retirer tags et affiches sauvages. Elle s'en est désintéressée quand le propriétaire le leur a interdit au prétexte que leurs opérations de nettoyage mettaient le mur en danger !

     

  • CasqueVolets en matière plastique marron au 46 rue Saint-Antoine (IVe) (Photo VlM)

     

    Des propriétaires ont dérogé bel et bien aux règles du PSMV du Marais, pour des raisons financières ou de confort certes mais en enlaidissant leur édifice, en installant des volets roulants en matière plastique qui jurent et laissent la porte ouverte à d'autres abus. Nous doutons qu'ils aient pu bénéficier d'une dérogation.

    C'est les cas de l'immeuble situé au n° 46 dont toutes les fenêtres, et elles sont nombreuses, sont équipées de volets roulants en matière plastique de couleur marron offrant un contraste disgracieux avec la façade blanche.  Verrons nous bientôt le portail d'entrée assorti ?

    Il est regrettable qu'une telle réalisation s'impose à nous comme un fait accompli …

    Que font les administrations  compétentes ?  A deux pas de l'Hôtel de Sully, non loin de l'Hôtel de Mayenne et bien d'autres monuments, beaucoup considèrent cette façade ainsi affublée comme une provocation.

    Il est fort probable que les textes en vigueur offrent peu ou pas de recours. Ou que face à la difficulté, les responsables optent courageusement pour la politique du moindre effort.

     

  • Braque iL'entrée de l'Hôtel du marquis de La Grange au N° 4 rue de Braque (IIIe)

     

    La rue de Braque (IIIe) relie la rue du Temple à l'Hôtel de Clisson, elle fut du XIIIe au XVIIe siècles la rue aux Boucheries de Braque car une  boucherie y fut installée par les Templiers au N° 12 et des terrains qui s'y trouvaient appartenaient à la famille de Braque. Cette voie calme est formée de beaux immeubles des XVIIe et XVIIIe siècles, des scènes du film "La Traviata" de Zeffirelli y furent tournées au début des années 80.

    Braque 2Vue de la cour de l'Hôtel du marquis de la Grange avec ses pilastres, ses arcades surmontées de mascarons

     

    Parmi les maisons intéressantes figure au numéros 4-6 un hôtel dû à l'architecte Thierry-Victor Dailly [à qui l'on doit des immeubles prés de l'église Saint-Germain des Prés (VIe), une annexe de l'Hôtel Dieu ou l'Hôtel de Beaune (VIe)…].

    Construit en 1673 pour Thomas le Lièvre seigneur de La Grange, il faut partagé par ses  petits enfants. Le N°6 devint  propriété de la marquise Marie-Madeleine Le Lièvre de la Grange à partir de 1740 épouse de Joly de Fleury, lequel a succédé à d'Aguesseau comme procureur-général au parlement. Le N° 4 revint à François-Joseph Le Lièvre, marquis de la Grange, maréchal-de-camp, gouverneur de Brie-Comte-Robert.

    Il s'agit de deux édifications pratiquement identiques, sinon qu'elles sont de largeur différente, avec le même nombre d'étages et une façade en pierre. Celles-ci sont remarquables car elles sont munies chacune d'un magnifique balcon en fer forgé prenant appui sur une console joliment sculptée. Des mascarons de belle facture (un vieillard et Cybèle) agrémentent les ventaux des portes de style rocaille.

    Dans la cour, des arcades sont elles aussi surmontées de mascarons figurant des divinités antiques. D'autres figures sculptées sont visibles au N°4, sur le voûte du porche et les côtés, représentant des animaux de différents continents. Un escalier assez majestueux avec sa ferronnerie se trouve dans le vestibule de style rocaille.

    On cite parmi les différents propriétaires qui se sont succédé, Blanche de Caulaincourt, veuve du duc de Vicence (en 1827). Signalons que les lambris d'un des salons ont été remontés dans le château de Nerville-La-Forêt dans le Val d'Oise. Quant aux plafonds peints dont un représentant la justice par Lebrun, ils ont disparu.

    Nous avons déjà parlé de ces immeubles dans un article du 23 juin 2013 en faisant le lien avec deux autres bâtiments situés aux 3 et 5 rue des Haudriettes (IIIe), l'ensemble ayant été  acquis en 2001 par la Mairie de Paris pour développer son  parc HLM. La gestion, confiée à la SAGI qui a fait d'importants travaux dans les bâtiments rue des Haudriettes, a été transférée ensuite à la RIVP (Régie Immobilière de la Ville de Paris), dont le Maire du IIIe était Président.

    Nous ne savons pas grand chose en ce qui concerne la rue de Braque. Il y a eu demande de travaux à la Direction de l'Urbanisme,  sans doute aussi transfert de propriété, a priori à la SIN  (Société Nationale Immobilière), filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations, qui gère près de 272 000 logements en France dont une majorité de logements sociaux.

    Depuis 2013 nous n'en savons pas davantage ? Quel sort sera réservé à ces immeubles de prestige ? La discrétion semble de mise, il serait intéressant pourtant pour les contribuables parisiens de savoir qui sont ou seront les heureux bénéficiaires de ces logements…

    On croit se souvenir que Patrice Chéreau, qui nous a quittés en 2013, a été l'un de ceux-là.

    Dominique Feutry

     

    Sources : "Le Marais évolution d'un paysage urbain" Danielle Chadych et "Dictionnaire historique des rues de Paris" Jacques Hillairet.

     

    Gauthier Caron-Thibault, Premier Adjoint au Maire du 3ème Arrondissement, nous apporte les précisions suivantes et nous l'en remercions :

    "La SNI en est bien le propriétaire.

    -          Il ne s’agit pas de logements sociaux à proprement parler avec loyer type SRU (PLAI, PLUS ou PLS) et réservataires, mais de logements à loyer libre.

    -          La vocation assumée de SNI est de produire sur Paris un parc de logement à loyer « intermédiaire », c'est-à-dire entre le PLS (environ 10 à 12 euros le m²) et le loyer du marché privé. Aussi à cette adresse, nous sommes à un loyer quittancé actuel de 22.02 euros/m².

    -          Il n’y a certes pas de réservataires, mais SNI nous signale les libérations et nous nous efforçons d’orienter vers eux les demandeurs de logement qui pourraient satisfaire au loyer."

    Par ailleurs, il nous est indiqué que des travaux significatifs étalés sur 9 mois viennent d'être engagés, depuis février dernier. Ils portent notamment sur la réfection des pavés et de certains enduits côté cour intérieure, la réfection du porche du hall et des paliers du N°4, le ravalement de la façade sur rue et la réfection des portes des N°4 et 6 avec remplacement des menuiseries sur rue. Enfin une  reprise de l'isolation de la toiture  est aussi prévue".

     

    Détails des travaux en pièce jointe

     

  • ViewmultimediadocumentLe kiosque du square du Temple (IIIe) (Photo JC. Noël) 

     

    Dans le cadre du "budget  participatif" 2014, la Mairie de Paris vient d'annoncer la rénovation des 34 kiosques que compte encore Paris. Parmi ceux-ci figurent deux kiosques de nos  deux arrondissements, ceux du Square du Temple (IIIe) et du Square Jean XXIII (IVe).

    C'est une bonne nouvelle car beaucoup de ces lieux utilisés pour donner des concerts de musique gratuits avaient perdu leur fonction traditionnelle quand ils n'avaient pas été détruits et cette évolution a touché la plupart des villes de notre pays. Quelques exceptions néanmoins comme à Marmande où la municipalité a eu l'idée de fermer entièrement le kiosque qui est occupé désormais par le syndicat d'initiative. Mais combien d'autres n'ont pas eu cette chance et ont disparu. 

    72_47157_37_04d8Le kiosque de Marmande occupé par les syndicat d'initiative

     

    Le projet à Paris, voulu par les habitants, va redonner vie aux kiosques qui ne sont plus ou que très rarement utilisés. L'idée étant qu'à la belle saison la musique mais aussi la danse, le théâtre , des sports puissent être pratiqués. Le début des travaux est proche, ils s'étendront sur  2015 et 2016. Certains kiosques notamment les plus anciens (ils datent de la fin du XIXe siècle) nécessiteront des restaurations d'importance et ils seront tous électrifiés. La Mairie indique  que le coût unitaire de ces réhabilitations oscillera entre 30 et 400 K€. 

    Ce chantier de remise en état permettra aussi d'étendre la programmation des festivals Kiosquorama et Kiosques en musique.

     

  • Passage_Vendôme_Paris_3e_001Façade Ier Empire marquant l'entrée du Passage Vendôme 16-18 rue Béranger (IIIe)

     

    Le passage Vendôme 3, place de la République et 16-18, rue Béranger (IIIe) a été édifié en 1827, sur des terrains appartenant à un général provenant de l'ancien couvent des Filles-du-Sauveur. une communauté fondée à Paris en 1701 pour les filles repentantes, et dissoute à la Révolution.

    L’architecte retenu pour ces travaux d’aménagement, Jean-Baptiste Labadye, lui a donné une allure agréable. Lors de son inauguration le passage donnant sur la place de la République comptait 40 boutiques et reliait le boulevard du Temple au marché du Carreau du Temple.

    Long de 57 m et large de 4 m en 1869 il a perdu 4 m le privant de sa façade originelle qui fut reconstruite plus en retrait (côté place) et d'une partie de sa verrière lors des travaux d'aménagement de la place de la République décidés par Haussmann. Une inscription côté boulevard du Temple rappelle l'endroit où débutait le passage.

    AHVue intérieure du passage Vendôme (Photo VlM)

     

    Parmi les passage parisiens (une trentaine existent encore à ce jour), le passage Vendôme (ancienne dénomination de la rue Béranger)  fut celui qui a été abandonné le plus rapidement, peu de temps après son ouverture, et pour des raisons qui échappent.

    On peut voir sur place les deux types de verrières, ancienne (à gauche)  et nouvelle (à droite), ce qui est assez intéressant au niveau architectural. Une rénovation partielle de ce monument historique classé en 1987 a déjà été entreprise mais il mérite mieux et la Mairie du IIIe semble y être attachée. Mais le passage est formé de plusieurs copropriétés, ce qui ne facilite pas la prise de décisions

     Passage_Vendôme_(Paris)_01Inscription, côté place de la République, indiquant l’emplacement du début du passage détruit en 1869

     

    Le passage Vendôme est assez peu fréquenté et excepté son aspect caractéristique des passages de cette époque, il ne présente pas un grand intérêt. Il dispose peu de commerces, les vitrines sont disparates, des tags défigurent ici ou là les murs. Moribond, l'endroit se meurt chaque jour davantage.

    Si une rénovation  complète est nécessaire, il faut d'abord savoir quelle destination réserver à ce lieu pour le rendre attractif car il ne l'est vraiment pas aujourd’hui.

    Dominique Feutry

     

    Sources : site internet mairie du IIIe arrondissement  et Dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet

     

  •   Densité paris dessin sans légende

     

    Dans un reportage sur la quantité impressionnante de bureaux vides à Paris, l'hebdomadaire "Le Point" sur Internet commente cette semaine des déclarations de Ian Brossat, président du groupe communiste à la Mairie de Paris et Maire-Adjoint auprès d'Anne Hidalgo, en charge du logement. Des déclarations qui se contredisent.

    La première est un constat que nous rappelons inlassablement depuis cinq ans au moins : Paris est la ville où la densité d'habitants est la plus élevée d'Europe (avec 24.000 habitants au km², hors bois). Quand on se prononce de la sorte, c'est évidemment pour s'en plaindre. Ce n'est pas le cas de M. Brossat qui parle au contraire de l'augmenter, en assurant la conversion de bureaux en habitations. 

     

    Solal SipaBureaux vides à Paris (Illustration Le Point Solal/Sipa)

     

    Sa réflexion repose sur la constatation qu'il existe une forte demande pour des logements sociaux à Paris, que l'offre actuelle ne peut satisfaire, et sur un impératif qui est celui de la "mixité sociale", postulat  dont on se dispense de faire la démonstration tant il s'impose comme une évidence à chacun.

    Les choses ne sont pourtant pas aussi simplistes et il n'est pas inutile de se départir de toute idéologie et regarder froidement le problème en face si on veut le résoudre.

    On comprendrait aisément qu'il y ait de nombreux candidats pour vivre à Paris (intramuros) si l'activité économique, les entreprises et leurs sièges, devaient s'y concentrer de façon durable. Éviter aux salariés de longues heures dans des transports en commun inconfortables pour aller de la banlieue au travail serait un objectif pertinent. Mais c'est une tout autre situation qu'on découvre : les entreprises et leurs sièges fuient Paris au profit de la proche banlieue, parce qu'elle est moins coûteuse. Doit-on dans ces conditions attirer à grands frais des habitants dans Paris pour qu'ils en soient réduits à reprendre le RER chaque jour mais en sens inverse ?

    A grands frais, c'est bien le cas. Car la transformation de bureaux en appartements, au sein d'immeubles dont beaucoup sont haussmanniens, est extrêmement onéreuse. Le prix de revient de ces logements, une fois transformés, atteindra des sommets tels qu'il sera strictement impossible de les rentabiliser par des loyers modérés ou même moyens. Si la Mairie de Paris s'engage dans cette voie, elle creusera le déficit annuel qui à son tour ira grossir la dette.

    C'est sur les contribuables parisiens, ceux en particulier qui se sont logés "à la force du poignet", sans bénéficier de faveurs, en empruntant, qu'un jour ou l'autre la charge de cette dette retombera. Anne Hidalgo s'est engagée à ne pas augmenter les impôts pendant la mandature. Dont acte. Mais si les comptes dérapent, elle ne pourra tenir son engagement qu'en augmentant la dette, quitte à maquiller des subventions d'équilibre en investissements. Une méthode qui s'apparente à la cavalerie. Un jour il faudra payer, en se rappelant que les taux d'intérêt sont dérisoires en ce moment mais qu'ils peuvent se redresser demain en rendant la charge de la dette insupportable.

    La sagesse serait donc aujourd'hui d'y regarder à deux fois avant de densifier Paris, en "étatisant" encore plus le logement puisque c'est bien de cela qu'il s'agit pour M. Brossat. S'il est vrai que des locaux commerciaux cherchent preneur actuellement, la loi de l'offre et de la demande devrait faire baisser les prix et finir par rendre ces bureaux attractifs. Si leur rendement financier chute, il en est de même de la valeur du capital, donc du prix de l'immobilier. On est peut-être à la veille pour cette raison d'une baisse du foncier à Paris plus significative que celle que nous avons connue ces deux dernières années.

    Dans cette hypothèse on serait bien avisé de laisser sa liberté au marché parisien pour éviter d'aggraver les déséquilibres financiers de la capitale.

    Si la tendance se confirme, l'activité économique et avec elle les besoins en logements se déplaceront progressivement hors de Paris accompagnant en cela le projet de "Paris Métropole" qui sera une réalité dès 2016, 

    Il n'est donc pas opportun, pour toutes ces raisons, de financer à perte du logement à Paris, à contre-courant de la nécessaire optimisation des déplacements en Île-de-France qui suppose de rapprocher les activités et le logement. Le mouvement centrifuge qu'on constate aujourd'hui a du bon. Il place les entreprise au sein d'une zone moins habitée où le logement peut s'épanouir sans recourir à des artifices qui ne peuvent que peser sur le pouvoir d'achat d'une catégorie sacrifiée de citoyens.

    Gérard Simonet

     

    Post scriptum du 24/04/2015

    Notre article a été lu et commenté par un éminent urbaniste d'origine française qui a fait sa carrière à la Banque Mondiale. Voici ce qu'il en dit :

    I agree completely with the author. The municipality of Paris seems to select the most expensive and the least efficient way of providing housing for low income households. Office buildings are becoming vacant in many cities because jobs are spreading in suburbs. This is happening in many cities of the world, and in particular in New York where many office buildings in Wall Street area are being transformed in apartments. However, the transformation is very expensive. It is therefore better to have the future users pay for the change than the local taxpayer. When some households are too poor to afford a decent apartment, it is better for the government to provide them with a voucher rather than giving them an apartment which might not be in the right location and might not be of the right size.

    Alain Bertaud

    Senior researcher at the New York University.