Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

  • Photo 3Le Jardin des Rosiers-Joseph Migneret (IVe), pelouse, arbres, square pour les enfants  et vue sur la cheminée de l'ancienne "Société des Cendres" (photo VlM)  

     

    Dans un article du 29 avril lors de l’aménagement du jardin des Rosiers-Joseph Migneret (résistant, ancien directeur de l'école communale proche au 8-10 rue des Hospitalières-Saint-Gervais), un espace blotti entre la rue des Francs Bourgeois (N° 35-37) et la rue des Rosiers (N°10), nous évoquions les difficultés de faire restaurer dans son entier une tour faisant partie de l’enceinte Philippe Auguste. Le bon sens l'a emporté puisque le tour a été entièrement remise en état (seule une ultime partie est en cours de réfection), suite à la mobilisation des habitants qu'ont relayé notamment "Vivre le Marais !" et la presse.

    Photo 2Terrasse aménagée sous un arbre avec des bancs de bois (Photo VlM!)

     

    Les travaux, aujourd’hui terminés, ont permis de doubler la surface existante du jardin qui couvre une superficie de plus de 2100 m². Formé par la réunion d’anciens jardins privés qui se succèdent et font son originalité, l’ensemble, invisible de la rue, dégage une atmosphère particulière de sérénité et de calme parmi les hôtels du XVIIe siècle (Hôtel de Coulanges, d’Albret et Barbes) qui l’encadrent.

       Photo 1Plantation de poiriers en espalier le long d'un mur (Photo VlM!)

    Des pelouses, des arbres (marronnier, oranger du Mexique, cornouillers, bouleaux, un magnifique figuier rampant), de nombreuses plantes et fleurs, un square aménagé pour les enfants, des alignements de pieds de vigne, du lierre, uen rocaille et un jardin partagé constituent un havre d’une grande cohérence fort réussi. Des sièges en bois sont savamment disposés sur des espaces choisis comme une terrasse sous un arbre ou l’intérieur de la tour qui est devenue un mini studio photos pour les passants.

     

    Photo 3Intérieur de la tour restaurée de l'enceinte Philippe Auguste avec ses fauteuils en bois servant de décor aux photographes (Photo VlM)

     

    Alors que nous sommes au cœur du Marais et de Paris, la quiétude est sans doute ce qui surprend le plus en ce lieu où il est possible aussi d’admirer, outre la tour restaurée du XIIe, l’imposante cheminée de l’ancienne "Société des Cendres" devenue "Uniqlo" (notre article du 25 avril 2014).

    Il est étonnant en revanche de constater qu’une partie extérieure de la tour a été enduite d'un enduit cachant les pierres qui auraient mérité d’être davantage mises à nu… ? Face à ce monument, le mur arrière du magasin jouxtant l’entrée de la rue des Rosiers est mal entretenu, il laisse apparaitre de grossiers parpaings et une mauvaise et récente fenêtre, son propriétaire devrait entreprendre sa réfection à l’unisson des murs alentours donnant sur le jardin.

    Si vous n’avez pas eu la curiosité de visiter ce nouvel espace, alors il faut vous y rendre, effet garanti.

    Dominique Feutry

     

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  •  220px-Paris_9e_9,_11_rue_Cadet_55L'Hôtel de Courmont 9-11 rue Cadet (IXe), siège de la Commission du Vieux Paris

     

     
    Plusieurs journaux ont rapporté récemment que la Maire de Paris aurait l’intention de réformer la Commission du Vieux Paris » (à ne pas confondre avec « La Commission Locale du Secteur Sauvegardé du Marais ») alors qu’elle devrait nommer en septembre les personnalités qui la composeront.

    Rappelons que cette « institution » a été créée en 1897. Elle comprend 55 membres représentant la société civile (issus du monde associatif, des universitaires, des experts et des journalistes), les élus (15 membres) et l’Administration. Comme le rappelle le site internet de la Mairie de Paris, la Commission  est un comité consultatif qui se réunit chaque mois sous la présidence du Maire de paris ou de son représentant. Elle examine les demandes de permis (démolitions, restructurations, ,transformations …) déposées auprès de la Direction de l’Urbanisme et émet alors de avis (appelés « vœux »).

    Depuis 2003, le service regroupant l’équipe d’experts qui appuient la Commission a été transformé en département, au sein de la Direction des Affaires Culturelles, rattaché directement au Cabinet du Maire et dénommé « Département Histoire de l’Architecture et Archéologie de Paris » (DHAAP) . La Commission  contribue donc, tout en exerçant une activité scientifique de recherche sur l’histoire de la capitale, à la protection du patrimoine fondée sur de solides expertises. C’est ainsi qu’a pu être sauvé le quartier de Saint Germain des Prés. Plus récemment elle est intervenue sur les Serres d’Auteuil (nos articles des 10 février 2011 et 04 mars 2013), la Halle Freyssinet, la piscine Molitor, la Poste du Louvre (notre article du 16 janvier 2014) et le dossier de la Samaritaine qui fait polémique puisqu’une action en justice est toujours en cours.

     

    2_(Large)_(Custom)La Rotonde de la Vilette où se réunissait la Comisison du Vieux Paris jusqu'en 2004 (Photo JPD)

     

    Que peut-il être reproché à la Commission ?

    Donne-t-elle des avis par trop conservateurs ? Contrarie- t-elle des opérations immobilières juteuses pour leurs promoteurs ? Les associations du patrimoine sont-elles devenues trop gênantes en pointant du doigt certaines incuries ou situations comme l’état dégradé de certains lieux de culte (notre article du 04 novembre 2013) ?

    En fait la Commission a acquis au fil des années une autorité telle qu’il est périlleux pour les élus d’outrepasser ses avis. Adjointe à l’urbanisme durant plusieurs années, Anne Hidalgo a pu mesurer cet état de fait. Son successeur dans ces fonctions, Jean-Louis Missika, ne cache pas qu’il « faut redéfinir les missions de la Commission… » et même « … sélectionner les affaires qui lui seraient soumises … »!

    Le rôle de la Commission serait alors dévoyé et laisserait les mains libres à l’équipe municipale en matière d’aménagement, de démolition … faisant fi de tout avis, sous couvert de modernisme ou de pénurie dans l’immobilier compte tenu par exemple des objectifs ambitieux fixés en matière de logement.

    Ce serait une erreur que de passer outre ou même restreindre le rôle de la Commission du Vieux Paris dont la longévité, l'expérience et le bilan sont à l’honneur de ceux qui ont participé à sa destinée. Il serait préjudiciable que cela change car la concertation avec tous les acteurs concernés est une forme de démocratie qui reste le meilleur moyen de mener à bien des projets.

    Denis Bourque écrivait en 2011 dans son livre « Concentration et partenariat » : « La concertation et le partenariat tirent leurs origines de la transformation de la gestion publique du développement social, et aussi de l’évolution des formes de réponse collective des communautés aux problèmes qu’elles rencontrent. Ils se conjuguent sous deux registres qui se métissent sur le terrain : celui de l’instrumentalisation qui utilise les communautés comme terreau pour l’implantation de programmes publics ou privés ; celui de la co-construction à l’échelle des communautés d’une appropriation du développement où la contribution des programmes publics est négociée et intégrée. »

    Espérons que nos élus sauront s’inspirer de cette analyse ô combien pertinente.

    Dominique Feutry

     

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  • St antoine 21 hôtel de mayenne façade actuelle St antoine 21 hôtel de mayenne façade e delarue 22 06 13
    Dans un article du 19 novembre 2009, nous révélions que la "Commission du Vieux Paris" s'opposait à la restauration de l'Hôtel de Mayenne (Ecole des Francs-Bourgeois, 21 rue St Antoine – IVe), dont on voit ici l'état avant travaux à gauche (Photo VlM) et son aspect actuel à droite (Photo Emmanuel Delarue, "L'Indépendant du 4e")

     

    Dans cette affaire qui nous a tous motivés (on a relevé pas moins de 24 commentaires sur notre site), la commission – dont l'avis n'est que consultatif – s'était opposée à la suppression de l'ajout central du XIXème siècle, sur la base d'arguments inspirés par la charte de Venise. Personne n'a envie de lui donner raison aujourd'hui, quand on réalise l'élégance des formes de l'architecture originale ressuscitée !

    C'est dire qu'elle n'a pas toujours eu la main heureuse.

    Cependant, elle a souvent fait preuve de pertinence et de courage. Notamment sur la démolition des serres d'Auteuil, où elle n'a pas hésisté à aller au clash.

    Aujourd'hui, Anne Hidalgo Maire de Paris nous inquiète. Elle a déclaré au cours de la précédente mandature, où elle assumait la fonction de Maire-Adjointe chargé de l'urbanisme, qu'elle voulait pour Paris "un urbanisme déjanté". La Commission du Vieux-Paris n'avait pas de pouvoir mais elle était "une voix qui parle dans le désert", à l'image de ces anachorètes qui ont façonné l'humanité. Il arrivait que ses prises de position, reprises par les associations et amplifiées par les médias, finissent par peser de façon décisive.

    Paris et ses trésors historiques et architecturaux s'accomodent mal d'une politique qui voudrait à tout prix surprendre et provoquer. Au prix de destructions irrémédiables. Si Madame Hidalgo veut le faire, elle doit postuler pour prendre la tête du "Grand Paris" et choisir des espaces où la fantaisie et l'audace ne risquent pas de détruire le caractère et l'harmonie des sites. La petitesse et l'extrême densité de notre capitale ne le permettent pas sans que soit mis en péril tout ce qui fait de Paris la plus belle ville du monde et la plus recherchée.

    Dans ce contexte, la décision de supprimer une structure même imparfaite capable de statuer sur des projets comme Roland Garros, la Samaritaine, la Halle Freyssinet ou la Poste du Louvre et, qui sait, bientôt sur l'avenue Foch, nous fait craindre une volonté à l'Hôtel de Ville de prendre des décisions sur des sujets sensibles, sans s'exposer au risque d'une contestation structurée.

    Gérard Simonet

     

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    Hotel_Tallard 4Vue de l'Hôtel de Tallard, 78 rue des Archives (IIIe). En médaillon, le tympan sculpté du porche d'entrée     (Photo Serge Jodra) 

     

    C’est à l’architecte Pierre Bullet (1639-1716), oncle de Marivaux, architecte de la Ville de Paris, que l’on doit la réalisation de la Porte Saint-Martin et l’église Saint-Thomas d’Aquin. On sait moins qu’il réalisa aussi plusieurs hôtels particuliers dont l’Hôtel de Tallard qui se trouve à l’angle des rues Pastourelle et des Archives (IIIe) au N° 78, juste en diagonale du bureau de poste.

    L’édifice a été construit entre 1702 et 1704 par un conseiller au parlement, le fils de Jean Jacques Amelot de Bisseuil, le propriétaire de l’Hôtel dit des Ambassadeurs de Hollande (voir notre article du 27 janvier 2011). Le terrain exigu, bien que le produit de la réunion de deux parcelles, obligea l’architecte à concevoir une structure ne comprenant qu’une seule aile dans laquelle étaient regroupés les services. Un haut et long mur le long de la rue Pastourelle lui est parallèle et isole les occupants de l’extérieur. 

    Escalier_tallard_3Le splendide escalier (Photo Davido)

    Acheté en 1722 par Camille d'Hostun de La Baume, duc d'Hostun, comte de Tallard et maréchal de France (1652-1728), c’est ce dernier qui lui a laissé son nom actuel. Resté plus d’un siècle dans la même famille, l’hôtel échoit en 1825 à un épicier du nom de Toussaint Tavernier. Il est loué pour de activités commerciales et industrielles. Une photographie d’Atget conservée au musée Carnavalet montre l’entrée du corps de logis surmonté d’un immense enseigne d’une fabrique de passementerie. Abîmé par 150 ans d’occupations diverses de ce type, l’ensemble a été restauré en 1981. Il est depuis redevenu un immeuble d’habitation à qui une partie de son ancien lustre a pu être restitué.

    41r8tGjZ+GLL'escalier avec les statues et les bustes photographié par Atget (Musée Carnavalet)

     

    Sont classées depuis 1980 les façades (elles comportent des arcades surmontant des pilastres, côté jardin des médaillons « les Eléments et les Saisons » s’intercalent entre elles) ainsi que les toitures de l'ensemble des bâtiments excepté la surélévation du 19e siècle. Le portail sur rue lui aussi est protégé (le tympan est un bas-relief en bois formé d’un monogramme encadré de deux génies), de même que le mur de clôture de la cour d'honneur, le grand escalier dont il est souvent dit qu’il est un des plus beaux de Paris avec sa cage et sa rampe en fer forgé. A l’intérieur d’autres éléments sont inscrits, l'ancien grand vestibule avec bas-reliefs de fleurs, les corniches des salons du rez-de-chaussée côté jardin et le fragment conservé du décor d’un dessus-de-porte en stuc, sans oublier les corniches des salons du premier étage côté jardin. Même les caves avec leurs piliers et le jardin donnant rue de Beauce font l’objet d’une protection.

     

    A2454c4ef34cf5da33fc0e13ee2d079eDessin préparatoire pour la construction de l'Hôtel

     

    Il est indéniable, comme le souligne Danielle Chadych dans son ouvrage « Le Marais – Evolution d’un paysage urbain », que Pierre Bullet a réalisé un tour de force en élevant ce très bel édifice sur si peu de surface. Exploit d’autant plus remarquable que l’ensemble parait léger, sans lourdeur, un travers qui avait été pourtant reproché à l’architecte pour la Porte Saint-Martin jugée par ses contemporains par trop massive.

    Propriété privée, l'Hôtel ne se visite pas.

    Dominique Feutry

     

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    1ecol_mas1 L'Hotel de Fieubet ou de la Valette, 2 bis quai des Célestins (IVe)

     

    En débouchant de la bibliothèque de l'Arsenal, on aperçoit à l'angle de la rue du Petit Musc et du quai des Célestins, un immeuble dont la façade est chargée de sculptures représentant des chutes de fruits, guirlandes, trophées, pots à feux, draperies, cariatides et mascarons en tout genre sur la façade dans un style néo-baroque italo-espagnol.

    Ce bâtiment qui abrite l'école Massillon est un ancien hôtel particulier appelé tour à tour Hôtel d'Herbault, de Fieubet, de Mareuil et enfin de la Valette…

    En 101 Raymond Phelypeaux, seigneur d’Herbault se rend acquéreur d'un cet endroit qui fut vendu ensuite en 1676 à Gaspard de Fieubet, le Chambellan de la reine Marie-Thérèse. Ce dernier va faire de sa demeure, au début du régne de Louis XIV, un lieu remarquable, les travaux dureront 5 ans.

     1ecol_mas9 La façade XIXe néo baroque 

      

    Si l'extérieur est simple et classique (un corps de bâtiment avec deux ailes) dû à Hardouin Mansart, l'intérieur est somptueux avec la participation des meilleurs artistes de l'époque dont Lesueur qui a aussi décoré l'Hôtel Lambert et dont une partie des décors a disparu dans l'incendie de juillet 2014 (article du ). Le Louvre conserve quelques témoignages des réalisations de Lesueur pour cet Hôtel. Une chapelle a même été prévue, l’échauguette actuelle, sur la rue du Petit Musc servant d'oratoire. Madame de Sévigné comme d'autres personnages importants de l'époque ont fréquenté les salons et les jardins de l'Hôtel. La demeure fut occupée par les descendants de Gaspard de Fieubet jusqu’en 1752.

    La propriété est passée ensuite en diverses mains, avant d'appartenir à partir de 1769 et pendant prés d'un demi siècle à la famille Boulai de Mareuil qui embellit l'immeuble avec des œuvres dignes de musées dont des Van Dyck.

    Ce sont deux industriels qu achetèrent l'immeuble peu après la chute du Premier Empire. Les locaux furent loués à un raffineur de sucre, des chaudières et cheminées d’usine furent installées dans les cours arrières. Le demeure perdit alors tout son éclat entraînant la destruction des jardins attenants et la vente des œuvres d'art qu'elle contenait. Des bâtiments utilitaires furent même ajoutés. 

     

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     Le clocheton ajouté au XIXe 

      

    A l'abandon l'Hôtel fut repris en 1857 par le rédacteur en chef de l'Assemblée Nationale, Adrien de la Valette qui recourut à Jules Gros pour redonner du lustre à l'ensemble en utilisant abondamment toute cette ornementation abondante très second empire dont nous avons parlé plus haut. Il semblerait qu'un canal souterrain ait alors été construit pour permettre aux invités de rejoindre en gondole depuis la Seine la salle à manger. C'est à cette époque que fut édifié le clocheton.

    Mais l'argent manquant, l'édifice fut à nouveau abandonné jusqu'à ce que des obus traversèrent les combles durant la Commune. En 1877 l'école Massillon prend possession de lieux. Elle y est toujours aujourd'hui et la pérennité de sa présence fait qu'elle a donné son nom à l'Hôtel, à tel point que peu de personnes savent aujourd'hui qu'il s'est appelé autrement par la passé.

    Dominique Feutry

  • La_maison_tropicale_de_Jean_Prouvé_(Nancy)_(7899627842)La maison tropicale de Jean Prouvé

     

    Tous ceux et celles qui passent devant le Centre Pompidou rue Beaubourg (IVe) n'imaginent pas que ce bâtiment a un lien avec Jean Prouvé le célèbre designer et architecte dont les productions, qu'il s'agisse de meubles de ferronnerie d'art, de prototypes, de constructions… atteignent des sommets dans les ventes aux enchères et chez les antiquaires spécialisés. L'un d'eux a été installé un temps rue Vieille du Temple (IIIe).

    Pourtant Jean Prouvé, fils du peintre et sculpteur de l'école de Nancy, Victor Prouvé, fut le président du jury international qui en 1971 imposa le projet des architectes Renzo Piana et Richard Rogers. Nombreux furent à l'époque ceux qui ont vu dans ce choix l' «héritage culturel» de Prouvé pour cette construction "avant gardiste" (structure en acier plié et flexibilité des espaces).

    Il est difficile de résumer en quelques lignes Jean Prouvé. Ferronnier d'art de formation, on lui doit le portail d'entrée de la fameuse Villa Reifenberg à Paris dont l'architecte fut Robert Mallet-Stevens ou la porte du casino de Saint-Jean de Luz. Il se rend vite compte que son avenir est plutôt de suivre les évolutions de la société et de concevoir des productions industrielles de meubles et même de maisons plus économiques, plus fonctionnels et donc plus abordables en termes de prix.

      JeanprouveJean Prouvé

     

    Il dessine et produit dans ses ateliers qu'il crée en 1931 dans la banlieue de Nancy, il a alors 30 ans et travaille pour de ombreux ouvrages, des sanatoriums, la maison du peuple à Clichy… Humaniste, il octroie alors à son personnel les congés payés et l'intéressement bien avant que les lois ne les rendent obligatoires. Après la guerre, ne pouvant pas faire face seul aux investissements nécessaires pour développer son affaire, il fait appel à des investisseurs qui l'évinceront de son entreprise.

    Qu'à cela ne tienne il en fondera une autre car Jean Prouvé n'en a pas fini pour autant, il se voit d'ailleurs confier la réalisation du pavillon du centenaire de l'aluminium en 1954 qui sera monté sur les quais de Seine. Il participe aussi à la construction et l’aménagement de résidences universitaires. Les chaises et tables en tôle pliée et contreplaqué où certains d'entre nous ont usé leurs fonds de culotte sont de sa création dans les années 50.Toujours le même souci de parvenir à des bas coûts de production. Le paradoxe veut qu'aujourd'hui ce mobilier «industriel» est davantage coté que des pièces d'époque Louis XVI faites entièrement à la main !

    9f29e5d8e6630b57ea91d0eefd156336.jpg chaiseLa  fameuse chaise de Jean Prouvé qui est toujours reéditée

     

    Jean Prouvé a travaillé sur «la maison des jours meilleurs» voulue par l'abbé Pierre, à un prototype de maison tropicale mais aussi sur le siège du parti communiste place du Colonel Fabien, pour l'aérogare d'Orly Sud, le CNIT et la tour Nobel à La Défense, le musée du Havre, le Palais Omnisports de Bercy …ainsi que des réalisations à l'étranger. Il a inventé de nombreux procédés spécifiques de construction dont le plus connu est la «toiture réticulaire à surface variable».

    Comme professeur au CNAM, il a pu transmettre à ses étudiants son savoir et son expérience sur la construction industrielle tout en défendant, ce qui a été son souci constant, l'intégration des constructions dans leur environnement.

    Dominique Feutry

     

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    6a00d8341d8a0f53ef01a3fcfe908c970b XXXConcernant le devenir de la pergola nous espérons annoncer prochainement "…de bonnes nouvelles…" (Photo VlM)

     

    "Vivre le Marais !", les riverains et les amoureux du Marais ont manifesté leur étonnement lorsqu'ils ont constaté l’installation d'une pergola en acier galvanisé dans le jardin de l'Hôtel Aubert de Fontenay (dit Hôtel Salé) qui abrite le musée Picasso, lequel devrait enfin réouvrir à l'automne prochain.

    Nous avons écrit plusieurs articles sur notre blog dont ceux des 6 mai et 3 juin 2014 annonçant ces péripéties et notre incompréhension qui s'est traduite par un recours gracieux adressé par des riverains au Préfet et auquel s'est joint "Vivre le Marais !" Recours pour défaut de permis qui permet pendant les deux mois suivants son dépôt de lancer une procédure contentieuse.

    A la suite des changements intervenus à la Direction de l’établissement nous avons rencontré à plusieurs reprises le nouveau Président Laurent Le Bon et des membres de son équipe qui nous ont reçu avec une grande courtoisie. Nous avons pu exposer nos « griefs » au nom de nos adhérents dont certains sont des riverains.

    Tout d'abord concernant la pergola métallique qui coupe la perspective et semble pour beaucoup inappropriée à cet endroit. Nous avons aussi souligné les problèmes de circulation et de stationnement qui vont se poser si d’aventure il était prévu d'amener par autocar au pied du musée les milliers de visiteurs qui se presseront quotidiennement dans les lieux alors que les rues ne s'y prêtent  pas.

      Photo-28  Le bâtiment technique du musée, triste et métallique, le long du square Léonor Fini (Photo VlM)

     

    Le Président du musée, en réponse à nos questions, nous a manifesté une forte volonté d'apaisement, de dialogue et cela en vertu du fait nous a t-il été souligné que le musée est «….notre musée, le musée de tous les parisiens et de tous les français ».

    Sur la question des autocars nous sommes convenus que cette question ressortissait de la Mairie de Paris et en particulier du Maire de IIIe arrondissement. Contacté par nos soins, Pierre Aïdenbaum a accepté d'organiser une réunion avec "Vivre le Marais !" dès le début de la rentrée afin de discuter de ce dossier sensible et des moyens à mettre en œuvre pour éviter les nuisances qui ne manqueraient pas de se produire pour les habitants des zones limitrophes du musée si rien n'était fait préalablement à la réouverture.

    En ce qui concerne la pergola la confirmation explicite ne nous a été faite quant à son enlèvement que nous avons réclamé avec force, enlèvement dans son entier et non pas partiel comme l'avait spécifié dans un courrier aux habitants Pierre Aidenbaum qui s'est trouvé confronté à une réaction de rejet de cette installation. Néanmoins nous ramenons de nos entretiens que de bonnes nouvelles pourront être annoncées prochainement au sujet du devenir de cette pergola. Nous restons pour ce faire en contact avec la Direction du musée et nous ne manquerons pas d’informer nos lecteurs des prochaines évolutions sur le devenir de cette implantation, à cet endroit historique, qui semble condamnée à disparaître compte tenu du tollé qu'elle soulève.

    Pour l'instant notre recours contentieux est d'ailleurs toujours possible.

    Photo-30Les services administatifs du musée seront installés dans les deux immeubles aux 18 et 20 rue  de la Perle (IIIe), juste à côté de la créche.(Photo VlM)

     

    Signalons enfin que les travaux semblent avancer rapidement désormais. Les constructions modulaires (algecos) qui empiétaient sur la rue Vieille du Temple ont été enlevés car le bâtiment « technique » à deux niveaux qui se trouve sur le côté du jardin Léonor Fini avec entrée sur la même rue est en voie de finition. Son aspect métallique et moderne (il est recouvert de plaques de zinc vieillies) contraste avec l'Hôtel du XVIIe qu'il dessert. Il se pourrait que dans le futur il soit caché par de la verdure si un aménagement plus global comprenant le square et le jardin de musée était entrepris.

    Des cameras de protection sophistiquées avec système infra rouge qui ne sont pas du plus bel effet ont été installées sur de hauts piquets sur le toit de cette construction moderne. Sur ce point il nous a été précisé que la sécurité primait avant tout. Le mur côté rue des Coutures Saint Gervais a été remis en ordre. Quant au petit immeuble de la rue de la Perle qui abritera les services administratifs, l'aménagement est en cours de finition.

    Pour ce qui porte sur l’agencement du musée proprement dit, l’accrochage des œuvres et l'ordonnancement général, le voile sera levé en octobre prochain.

    Dominique Feutry

     

  • Menu_icon_867L'Hôtel Donon, côté jardin,  qui abrite le Musée Cognacq-Jay 8 rue Elzévir (IIIe)

     

    Lorsqu’est évoqué le vocable Donon, les férus de géographie pensent immédiatement au Col du même nom qui culmine à 727 m dans le massif des Vosges. Mais dès que ce nom est associé au Marais alors votre interlocuteur fait le lien avec ce bel hôtel particulier situé 8 rue Elzévir (IIIe) qui qui abrite les collections réunies au début du XXe siècle par les créateurs de la Samaritaine les Cognacq-Jay.

    Le bâtiment principal date du XVIe siècle et fut édifié en 1575 pour le Contrôleur des Bâtiments du Roi, Médéric de Donon, qui avait pour femme la fille du célèbre sculpteur italien Girolamo della Robbia. Donon profita du lotissement de terrains entrepris par les propriétaires, les religieux de Sainte Catherine des Ecoliers, pour acquérir ue parcelle. Il faut d’ailleurs souligner qu’à cet emplacement se trouvait l’ancienne enceinte de Charles V. Nous savons que Donon, fidèle d’Henri III fut un temps emprisonné à la Bastille par les Ligueurs et qu’il réintégra sa demeure où il mourut plusieurs années plus tard. 

     Charpente-hotel-de-Donon-450X338

    L'exceptionnelle charpente de l'Hôtel Donon

     

    Du nom de l’architecte utilisé, nous ne savons rien. Certains ont avancé l’idée que la bâtisse ressemblerait à celle que Philibert Delorme possédait dans le secteur… Comme la plupart des beaux immeubles du Marais aux XIXe et début du XXe siècles, l’édifice a servi à abriter des activités commerciales et l’entretien était fort sommaire, mais c’est ce qui a permis aussi de le sauver.

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    Portrait du donateur Ernest Cognacq

     

    L’édifice est aujourd’hui dans son état d’origine si on exclut la façade sur rue et les ailes qui sont postérieures. Très classique et sobre, sans fioriture avec sa cour rectangulaire, son petit jardin à la française, l’Hôtel est assez étroit, ce qui lui donne l’apparence de hauteur amplifiée par le 2e étage des caves qui servaient de cuisines et par la toiture de forme pyramidale. Mais l’intérêt de ce monument, la partie la plus rare, se trouve être sa charpente. Un grand comble exceptionnel aux dires des spécialistes, un endroit qui sert d’espace d‘exposition et ouvert au public.

    La Ville de Paris a racheté ce monument classé en 1974 pour y réinstaller la collection d’œuvres d’art du XVIIIe siècle du couple Cognacq-Jay reçue en legs en 1928. Elle se trouvait auparavant boulevard des Capucines dans ce qui était alors la Samaritaine de Luxe.

     T12760106151727Une des salles d'exposition du Musée Cogancq-Jay

     

    En 1990 après la fin des travaux de restauration, l’Hôtel Donon accueillit cet ensemble qui comprend des œuvres des peintres français (Oeben, Chardin, Watteau, Greuze…) et étrangers (Canaletto, Guardi, Tiepolo, Rembrandt ou Reynolds…), un mobilier exceptionnel estampillé par les plus grands ébénistes, des tapisseries, des porcelaines, des pendules, de l’orfèvrerie, des sculptures … tout ce qui participe au raffinement de cette grande époque de l’art français.

    Le musée est ouvert du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00, l’entrée est gratuite pour les collections permanentes.

    Dominique Feutry

     

  •     Photo ZL'entrée et la cour verdayante du 16 rue Michel Le Comte (IIIe) (photo VlM) 

     

    Flâner dans le Marais permet souvent de faire des découvertes étonnantes. C’est notamment le cas des cours ou des entrées souvent cachées derrière d’imposantes portes cochères.

    Photo YMagnifique entrée avec vue sur cour entre la place de Victoires et le Marais (Photo VlM)

     

    Photo XYCour du Petit Hôtel d'Estrée 70 rue des Gravilliers (Photo VlM)

     

    Il arrive que certaines, au hasard d’une promenade, soient ouvertes. La tentation est alors grande d’entrer afin d’apprécier le lieu, sa décoration, son aménagement et ses plantations. Nous sommes souvent surpris de la paix qui y règne alors que dehors le brouhaha domine. Aussi n’hésitez pas à ouvrir grand vos yeux tout en faisant preuve de curiosité lorsque vous arpentez les rues du Marais.

    Photo XColonne de type "toscan" en pierre terminée d'un chapiteau de feuilles sculptées (XIXème), entrée du 43 rue des Francs Bourgeois (IVe)(Photo VlM)  

     

    Afin de vous mettre l’eau à la bouche nous avons pris quelques photos intéressantes….

     

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    1 (Custom) (Large)La longue façade de l'Hôtel le rebours (Photo JPD)

     

    L’hôtel Le Rebours se trouve au 12 rue Saint-Merri (IVe). Il est longé sur un de ses côtés par la rue Pierre au Lard qui s'enfonce entre le 12 et le 14. Sa grande façade classique et imposante fait qu'il est difficile de la manquer lorsque l'on emprunte cette voie.

    Hillairet indique que dès le règne de Charles IX, l’avocat Charles Galoppe est installé à cet endroit, y réside ensuite une famille de magistrats, les Aubery, dont l'un fut marié à la fille du duc de La Trémoille. L'architecte Claude Monnard construit l'Hôtel en 1624 pour Jean Aubery. C'est à ce dernier que l'on doit la façade de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais. L'hôtel devint la propriété de Thierry le Rebours maître des requêtes, Président au Grand Conseil en 1672. C'est ce dernier qui fit remanier le bâtiment, en y faisant construire en 1695 son superbe escalier et son très beau vestibule.

    Après être resté un siècle dans la même famille, la propriété passa en 1737 aux mains de Jacques-René de Vin un ancien garde du corps de la draperie (un des 6 corps marchands de la Ville de Paris autorisé à vendre en gros et au détail, tant en France qu'à l'étranger, des draps, des tissus etc…).

     D915e26d6fdd7ac575924919ade2b4a9L'Hôtel au début du XXe siècle (Photo NotreFamille.com)

     

    La façade a été refaite en 1738 par l'architecte Victor-Thierry Dailly qui travailla à l'Hôtel Dieu et pour des Hôtels particuliers de la place des Victoires et de la place Vendôme. Certains affirment que le mascaron au-dessus du portail d'entrée (marqué par un fronton au-dessus du dernier étage) est la représentation de Saturne qui est associé au temps. Il a sans doute été choisi pour faire écho, en forme de calembour, au nom des propriétaires à qui avait appartenu l'Hôtel, les Le Rebours. Les sculptures sont peu nombreuses, des armoiries sont visibles au-dessus du centre de fenêtres et sur les consoles de soutien du balcon central. Les ferroneries des garde corps des fenêtres sont très ouvragées.

     280px-HotelLeRebours-003Détail des sculptures du portail sur rue (Photo JPD)

     

    L'ensemble est inscrit au titre des monuments historiques depuis juillet 1990 (portail d'entrée, portail sur cour, escalier et plafond d'une des pièces du 1er étage).

    La Fondation Maeght dont la galerie est installée rue du Bac (VIIe) fut un temps à cette adresse. L'église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (les Mormons) a un bureau d'accueil sur rue au rez de chaussée de l'immeuble.

    Dominique Feutry