Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

  •  La_joute_des_mariniers-2_denoised Dans "la joute de mariniers" de Nicolas Raguenet, le pont Notre Dame est hérissé de constructions (Musée Carnavalet)

     

    Peut-être que ce rêve, ce retour en arrière diront certains, n’est qu'une utopie ? Mais comme au Moyen Age, comme le Ponte Vecchio ou le pont de Rohan à Landernau et le pont des Marchands à Narbonne, les ponts parisiens pourraient être à nouveau habités. C’est du moins la réflexion qui va être menée dans le cadre d’un appel à projets lancé par la Mairie de Paris. Celui-ci est concomitant à la conférence sur le logement au cours de laquelle sera signé le pacte « Logement pour tous » afin que tous les acteurs concernés s’entendent sur les freins à lever afin de favoriser la construction de logements qui font aujourd’hui défaut.

    L’édification d’ « immeubles ponts » pourrait être effective dans plusieurs arrondissements et pourquoi pas à terme dans le IVe !

    Il faut savoir qu’au Moyen Âge, les ponts étaient bordés de maisons qui causèrent d’ailleurs leur perte. En effet les habitations formaient des encorbellements sur les rivières et le fait de creuser des caves dans les piles des ponts provoquait de temps à autre leur effondrement !

     Rohan Le pont de Rohan à Landernau

     

    La pénurie de terrains à Paris serait ainsi en partie compensée. De belles opérations de promotion en perspective avec à la clé des logements, des hôtels et des commerces. Mais nous n’en sommes pour l’instant qu’au stade de l’étude.

    D’autres idées sont exploitées en parallèle comme celle de créer des "immeubles ponts" au-dessus du périphérique, sujet qui avait été évoqué lors de la dernière campagne des municipales. Mais dans ce cas le bruit conduirait à cantonner la destination des immeubles à des bureaux.

    Ce n’est qu’au printemps prochain que la Mairie décidera selon les résultats de l’étude si elle concrétise dans les faits l’aménagement d’ "immeubles ponts". Voilà une façon inattendue de répondre à la pénurie de logements sauf qu’il conviendra de veiller à ce que promotion ne rime pas alors avec spéculation.

    On peut se demander aussi, une fois de plus, si la ville la plus dense d'Europe et la plus fréquentée du monde doit accueillir encore plus d'habitants et tous les équipements qui en découlent (écoles, crèches, hôpitaux, transports en commun ….)

    Quant à la Seine, elle risque de changer totalement de visage dans les lieux qui seraient retenus.

    Dominique Feutry

     

  •  Scb 002L'Hôtel Raoul de La Faye, avec ses fenêtres à meneaux et ses tirants, est sur la droite de la photo

     

    Un des rares bâtiments du début du XVIème siècle se trouvant encore en état, en plein cœur du Marais, est situé 5 rue Sainte-Croix de la Bretonnerie (IVe).  

     Scb 001La façade de l'immeuble XIXe derrière lequel se trouve l'Hôtel Raoul de la Faye

     

    Il s’agit de l’Hôtel Raoul de La Faye qui sert de local administratif, il n’est malheureusement  visible que lors des journées du patrimoine. Un immeuble du XIXème siècle construit à l'emplacement de la maison d'un ancien prévôt des marchands, Eustache Lhuilier, le cache de la rue. Aussi, rien ne laisse soupçonner une telle perle à cet endroit, au fond de la cour, sur son côté droit.

     

    Raoul faye

    Vue de l'Hôtel et ses colombages côté jardin

     

    Restaurée, classée depuis 1966 alors qu’elle était très abîmée, la bâtisse  a été réhabilitée  et  agencée comme à l’époque à l’aide de documents des Archives Nationales. Une fondation japonaise, Tanaka, a apporté les financements nécessaires. Un jardin médiéval finit l’ensemble et certains affirment que la vigne qui y pousse est la seule du Marais ?

     PuitsLe puits côté jardin

     

    Secrétaire du roi, il est admis que Raoul de La Faye fit construire l’édifice, d'où son nom. Les plafonds sont pour certains peints ainsi que les solives. Il existe aussi de très belles  boiseries.  L’escalier agrémenté d’un dauphin et d’une sphinge sculptés est quant à lui d'époque Louis XVI avec de beaux balustres carrés caractéristiques.

    Dominique Feutry

     

  •   Photo-5Vue de l'entrée et de la cour du Petit Hôtel d'Estrée 70 rue des Gravilliers (IIIe) – (Photo VlM) 

     

    Si ce n’était son grand portail peint en noir entouré de deux mascarons et sa façade XVIIIème siècle en pierres de taille, nous ne ferions pas attention à ce petit hôtel particulier dénommé le Petit Hôtel d'Estrées situé au 70 rue des Gravilliers (IIIe) tant le recul est insuffisant pour l'admirer.

    Il fait face à l’Hôtel où habita Gabrielle d’Estrées pour laquelle Henri IV eut une vraie passion et lui fit trois enfants. Le rez de chaussée et la cour de l’immeuble sont aujourd’hui occupés par un restaurant connu, le 404.

    PetitEstr_facadeLa façade sur rue du Petit Hôtel d'Estrées. Du pur XVIIIe

     

    Construit comme immeuble de rapport par la famille Dalençon-Dorville en 1737 le Petit Hôtel est un véritable bijou. La façade possède un joli décor sculpté fait de consoles, de mascarons, d’ailerons sur volutes qui s'ordonnent sur la travée centrale. Si l’on a la chance de voir ouverts les lourds battants du portail, alors il est possible d’admirer le large porche qui forme vestibule dans sa deuxième partie et débouche sur une petite cour quadrangulaire à pans coupés particulièrement bien entretenue, superbe telle une bonbonnière. Les façades latérales s'ouvrent par des baies dites « en anse de panier » sur deux escaliers. La peinture des portes, grilles et fenêtres est de la même couleur que la pierre ce qui donne une très belle unité à l'ensemble. Les façades ainsi que le toit sont classés depuis 1982.

     F21_itemPhoto fin XIXe réalisée par Atget

     

    Cet immeuble fait partie de ces découvertes que nous offre à l’infini notre riche quartier du Marais.

    Dominique Feutry

     

  •  Musée picasso jardin pergola 28 05 14Vue du jardin le 28 mai 2013. Au fond, une construction nouvelle sans charme vient lêcher le corps de l'hôtel Aubert de Fontenay, dit hôtel Salé, du XVIIème siècle. Tout autour du jardin, la pergola litigieuse. (Photo VlM – cliquez pour agrandir)

     

    Un groupe de riverains vient d'adresser un recours gracieux à l'autorité compétente, le Directeur régional de l'équipement et de l'aménagement de l'Île-de-France, sous l'égide de l'association "Vivre le Marais !".

    En effet, le 8 avril 2014 était affiché sur la façade du musée, un avis de permis de construire rectificatif du permis initial du 18 février 2013, pour des changements substantiels du projet, à savoir : "Modification de l'organisation de l'accueil de l'auditorium, suppression de réserves pour l'implantation de locaux spéciaux au niveau A et redistribution de locaux et création d'une salle pédagogique au niveau B du musée au 5 rue de Thorigny -  Paris – IIIe"

    En réalité, selon de nombreux témoignages, les travaux couverts par ce nouveau permis ont été initiés en 2013 bien avant l'obtention du permis, ce qui a permis à la direction du musée, dès fin juin, d'annoncer – très acrobatiquement – que ces travaux étaient achevés.

    Lorsqu'un particulier entreprend des travaux sans autorisation, un inspecteur de la Mairie de Paris dresse un procès-verbal et demande la remise de l'ouvrage dans son état initial. Le constat est envoyé au Procureur de la République qui fait traduire l'auteur en correctionnelle. L'établissement public du musée Picasso n'est pas à l'abri des lois. Si un citoyen ordinaire peut se prévaloir d'ignorance, l'argument est irrecevable de la part de la direction du musée.

    C'est pourquoi nous demandons dans notre pourvoi l'annulation du permis et la remise dans l'état initial des lieux.

    A titre subsidiaire, deux dispositions du projet soulèvent l'indignation des habitants du secteur : la pergola en acier galvanisé dans le jardin et le recours à des autocars pour amener des visiteurs au musée. L'incongruité de cette construction a été soulignée par les observateurs. Quant aux autocars, leur présence dans cette partie étroite et peuplée du Marais est inconcevable tant pour des raisons d'encombrement que de pollution. Leur évacuation par la rue Vieille du Temple ou par l'axe Quatre-Fils-Haudriettes-Michel le Comte, où le bus 29 a déjà beaucoup de mal à circuler, est tout simplement impossible.

    Nour demandons par conséquent le retrait complet de la pergola et le renoncement à l'arrivée des cars sur le site.

    Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, nous annonçait le 6 mai l'enlèvement partiel (4 travées) de cette pergola. Rien n'a bougé depuis mais c'est bien la totalité de cette structure inutile et les compléments  annoncés, dont nous demandons le retrait. On nous parle en effet de la construction "dans l'axe central d'une demi-sphère en escaliers qui sera le pendant du grand escalier classé" (que ceux qui peuvent comprendre comprennent !)

    Il suffir de regarder le jardin tel qu'il était avant ces travaux funestes. Le musée doit faire l'économie (sur nos deniers, du reste) d'une dépense inutile qui n'a pour résultat que d'enlaidir le site.

    Musée picasso jadin avant travauxLe jardin en 2009, dans sa grandiose simplicité (Photo VP)

     

    Le recours gracieux que nous entreprenons a la particularité d'ouvrir une fenêtre de tir de deux mois à partir du 8 juin, pendant lesquels nous pouvons former un recours contentieux. Nous ne sommes pas les seuls à réagir. Nous apprenons que la SPPEF (société de protection des paysages et de l'esthétique de la France) dont le président est Alexandre Gady, professeur à Paris IV et spécialiste du Marais sur lequel il a écrit un livre qui fait autorité (Le Marais – Le Passage), se dispose à déposer un recours et une plainte devant la juridiction compétente.

    Contact Presse :

    Jean-François Leguil-Bayart : 06 18 00 03 10

     

  • Image1Vue aérienne seteur Archives-Rambuteau-Temple

     

    François Riche est membre de "Vivre le Marais !". Comme beaucoup d'entre nous, il se passionne pour l'histoire du centre historique de Paris. Il nous livre ici un dossier intéressant sur les "cicatrices" laissées par l'enceinte Philippe Auguste.

    L'ovale oblong qu'il a placé sur l'illustration indique le tracé de l'enceinte depuis la rue des Archives jusqu'à l'hôtel St Aignan, 71 rue du Temple (IIIe). On trouverait en dehors de l'épure si on poursuivait vers l'est, la tour qui a été restaurée dans l'immeuble du Crédit Municipal de Paris.

    Laissons le parler :

    "L’enceinte Philippe Auguste a laissé des éléments, des traces, de son existence. Ce sont des"dents", des "renards" (ou mur-renards), des décrochements de façades, des alignements, des orientations de façades non alignées, des murs pignons disposés en travers alors qu'ils sont normalement perpendiculaires aux façades.

    Suivons le tracé de l’enceinte Philippe Auguste sur le segment désigné.

    Intéressons-nous au "renard" et chassons-le dans le quartier Saint-Avoye (ovale jaune). Le renard en architecture est un mur aveugle, décoré sur le modèle d'un autre mur, percé de baies, une fausse façade en quelque sorte. Dans l’hôtel de Saint-Aignan, au 75 rue du Temple, l’aile gauche de la première cour intérieure est un bel exemple de renard (ovale rouge), conçu pour donner une symétrie à l’architecture autour de la première cour. L’aile gauche est une reproduction symétrique de l’aile droite, mais s’il y a des fenêtres aussi, leurs volets (à l’intérieur) cachent un mur aveugle. Ce mur est construit sur l’emplacement de l’enceinte ou bien sur le reste de l’enceinte. 

    Si nous la suivons en traversant la rue du Temple où un décroché de façade entre l’entrée de l’impasse Saint Avoye et le 66 nous montre le passage de l’enceinte.  Le passage Saint-Avoye serait un reste du chemin de ronde extérieur à l’enceinte. Si nous ressortons de l’impasse qui est une ruelle privée en forme de ‘L’, sur la rue Rambuteau, nous arrivons vers le 8.

    Vers le 10, au-dessus du magasin Menkes en rose, nous retrouvons une dent (se positionner en face au 11 rue Rambuteau), cette construction beaucoup plus basse que les immeubles l’entourant nous font découvrir un autre immeuble, qui se situe en travers par rapport aux immeubles de la rue Rambuteau et qui est orienté selon l’enceinte (ovale vert).

    En traversant la rue vers le 6, devant l’école, en regardant de l’autre côté de la rue, nous découvrons un autre renard. Au 3, à gauche de la rue Pecquay, se trouve un magasin d’achat d’or, où sur la partie droite, il serait possible de toucher le fond du magasin en tendant le bras s’il n’y avait pas de vitrine.  Au-dessus se présente une façade avec une série de volets, les 2 volets les plus à droite sont tous fermés sur toute la hauteur. Et pour cause, il y a juste un mur en arrière qui part en biais avec un angle très fin. On retrouve cet angle en levant la tête en regardant les souches de cheminée ou en pénétrant dans le restaurant italien, le NOLITA au 5 (ovale orange).

    Rambuteau 5 nolita mur intérieur 15 05 14

    Rambuteau 5 nolita devanture 15 05 14

    Extérieur et intérieur du restaurant "NOLITA", 5 rue Rambuteau (IVe). Un morceau de l'enceinte Philippe Auguste ? (Photo VlM)

     

    Dans ce restaurant, qui s’enfonce profondément avec un mur légèrement en courbe, composé à un endroit de vieilles pierres, on peut se demander si on ne touche pas un bout du mur de l’enceinte Philippe Auguste. Si nous pouvons avoir la chance de regarder dans le petit escalier qui descend aux cuisines, on trouve même un renfort de ce mur.

    Rambuteau 5 nolita cave 15 05 14La cave du "NOLITA". De très vieilles pierres, en effet (Photo VlM)

     

    Nous savons que l’enceinte était composée de deux murs avec du remplissage de tout-venant à l‘intérieur, comme nous pouvons le voir entre le 3 et le 5 de la rue Clovis, à la montagne Sainte-Geneviève dans le VIe. Les pierres utilisées pour construire l’enceinte n’étaient pas de qualité et finalement ont peu été réutilisées pour d’autres constructions. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il reste beaucoup de portions de cette enceinte, qu'il s'agisse du mur extérieur ou du mur intérieur.

    Pour le mur du restaurant NOLITA, la question subsidiaire est de savoir si ce mur est bien un reste d’un des murs de l’enceinte. Est-ce l’intérieur du mur extérieur qui aurait été re-maçonné ou plutôt l’extérieur du mur intérieur. À partir de photos aériennes où on tirerait des droites et vu le mur de refend (ou de renfort) en bas de l’escalier des cuisines du NOLITA, il est plus plausible que ce soit le mur intérieur. Mais la question reste posée.

    Pour information, afin de faciliter la découverte du tracé de l’enceinte Philippe Auguste, le Comité du Quartier Sainte-Avoye du IIIe arrondissement a demandé le traçage au sol du passage de l’enceinte lors de la rénovation de la rue Rambuteau. Entre la rue Beaubourg et la rue des Archives, elle va être rénovée normalement cet été. Des travaux de voirie ou d’infrastructure (gaz, électricité …)  devraient commencer bientôt".

    François Riche

     

    Remerciements à Francois Riche et à Nathalie Mérabet, gérante du restaurant NOLITA, groupe CAVALINA,  propriétaire de tous les restaurants italiens de la rue Rambuteau, qui a bien voulu nous accueillir, s'entretenir avec nous et … nous offrir un café excellent.

    Rambuteau 5 nolita nathalie & françois 15 05 14 (2)Nathalie et François (Photo VlM)

    VlM

     

  •    280px-Paris_hotel_des_ambassadeurs_de_hollande18L'Hôtel des Ambassadeurs de Hollande 47, rue Vieille du Temple (IVe) a revêtu son habit triste

     

    Alors que nous avons attiré l’attention des pouvoirs publics, des défenseurs et des amoureux du patrimoine du Marais, des propriétaires eux-mêmes, l’Hôtel Amelot de Bisseul dit des Ambassadeurs se meurt lentement (nos articles des 1er juillet 2010, 27 février 2011 et 19 décembre 2012) dans une indifférence quasi générale.

    Nous vivons, jour après jour, le drame de la lente agonie d’un des joyaux de l’architecture XVIIe que nombre de capitales pourtant nous envient ? Nous n’arrivons pas à croire que rien ne soit possible pour le sauver.

     

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    La pierre se ronge lentement (Photo PB)

     

    Alors que la Ministre de la Culture a pu d’un trait de plume faire enlever le panneau qui recouvrait l’Hôtel de Laffemas, place des Vosges (article du 05 mai 2014), ne peut-elle rien faire pour ce témoin unique de notre passé ? Faudra-t-il attendre qu’un éboulement se produise pour voir son ministère réagir ?

    Securedownload 3Des sculptures ont disparu dans la couronne supérieure du portail (Photo PB)

     

    Des habitants, écœurés par le sort qui est réservé à ce haut lieu de notre histoire, nous font part de leur désespérance, se demandant même si l’édifice ne va pas finir comme l’Hôtel d’Effiat situé autrefois dans la même rue, afin de permettre une juteuse promotion immobilière (notre article du 30 janvier 2014) ? Ils nous ont adressé les photographies qui illustrent notre article, comme un appel au secours devant une telle passivité et soulignent combien, ne serait-ce que le portail montre les signes de cet abandon. Nous les citons : « la couronne sculpture entourant les têtes de Méduses sont fissurées, le bas du portail et du mur sont totalement rongés par la pollution avec des parties manquantes ou endommagées par l’humidité, des parties de sculptures des couronnes des médaillons des battants ont disparu, Il en ainsi aussi dans les sculptures des tympans. De part et d'autre du mur portail, les sphères sculptées et les voussures au- dessous sont attaquées et en partie détruites. » 

     Securedownload 2Un côté d'un battant du portail d'entrée fortement dégradé (Photo PB)

     

    Nous arrêterons là la longue liste des maux qui s’abattent sur l’édifice alors que ces dégradations sont seulement une partie de celles visibles de l’extérieur. Qu’en est-il à l’intérieur ?

    Il est temps messieurs les élus de vous emparer de ce dossier et de mettre autour de la table tous les acteurs concernés sinon Paris aura à nouveau, comme ce fut le cas pour l’église Saint-Merri heureusement aujourd’hui en restauration (nos articles des 04 novembre 2013 et 23 mars 2014), le triste privilège de voir figurer dans le classement des 100 monuments les plus en danger au monde du Monument World Fund un de ses plus prestigieux hôtels particuliers du Marais. Ce serait fâcheux et un comble pour l’image de la capitale la plus visitée au monde !

    Pourtant, nous le savons, et nous citons Baudelaire, « une suite de petites volontés fait un gros résultat »

    Dominique Feutry

     

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  •  ImagesAutolib' camouflée en zèbre dans le cadre du concours "Customoi"

     

    Autolib' représente aujourd'hui à Paris et Métrople, selon les statistiques officielles, 32 000 véhicules, 861 espaces d'abonnement ou stations et 4 400 bornes. 50 000 abonnés sont déclarés, ce qui est une évolution notoire depuis un an et demi, la presse annonçant alors seulement 16 500 abonnés  (voir notre article du 03 décembre 2012).

    A la suite du lancement par Autolib' Métropole d'un concours dénommé "Customoi", 19 projets de "customisation" de véhicules électriques et d'espaces d'abonnement en forme de bulle ont été retenus par un jury comprenant notamment la Maire de Paris, le Président de la Région Ile de France, un représentant des Groupes Bolloré et Agnés b. Pas moins de 40 dossiers ont été présentés pour lesquels 100 artistes, architectes, graphistes  et designers ont concouru. La sélection s'est fondée sur 3 critéres principaux : l'esthétique, la démarche intellectuelle et la faisabilité.

    C'est ainsi que les véhicules retenus symboliseny la jungle quand d'autres sont habillés de longs poils tels des  animaux "roulants". Quant aux stations elles-mêmes, les emplacements qui subiront des tranformations ne sont pas encores arrêtés mais le "smiley" pourra agrémenter la froideur d'une des structures qui pourra être par ailleurs recouverte de pots de fleurs voire transformée en bibliothéque ou en serre…?

     

    Images 2

    Un espace d'abonnement décoré en "smiley"

     

    Dès l'automne ces évolutions seront déployées progressivement jusqu'à la fin de l'année sachant que chaque lauréat qui effectuera la customisation percevra une subvention de 8 000 € par voiture et 10 000 € par espace d'abonnement.

    Espérons que la station qui se trouve rue de la Perle (IIIe)  aura droit à une transformation tant elle est triste, impersonnelle et décalée dans l'environnement qui l' entoure (voir notre article du 30 septembre 2012). Peut-être un artiste a-t-il imaginé d'en faire le petit modéle d'un des ateliers de Picasso puisque l'espace abonnement dont il est question est situé juste devant les futurs locaux administratifs du Musée Picasso ?

    Dominique Feutry

      

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    Photo (39)L'immeuble recouvert de plaques de cuivre jouxtant l'église Saint-Merri (Photo VlM!)

     

    Passé la Fontaine Stravinski, longeant l'église Saint-Merri en direction de la rue de Renard, une porte vitrée jouxte l'arrière de l'église. Nous sommes au N° 7 de la rue du Cloître Saint-Merri (IVe).

    Sans trop d'effort on remarque au fond de ce corridor, dans une petite cour, un immeuble entièrement recouvert de plaques de cuivre rouge qui semblent vernies. Ce dernier est comme « chaudronné » sur ces différentes faces, à l'instar de la station de métro Arts et Métiers qui reproduit l'intérieur du bâtiment du capitaine Némo. Il est étonnant de voir installé (les plaques de cuivre sont en cours de pose) sur cette construction un tel décor à quelques mètres d'une église des XVIe et XVIIe siècles.

     

    Photo (40)Vue de l'immeuble carapaçonné de cuivre prise devant le 7 rue du Cloître Saint-Merri (IVe) (Photo VlM!) 

     

    L'effet est à vrai dire curieux et on se demande (on cherche d'ailleurs le panneau d'affichage du permis de contruire) comment une autorisation a pu être donnée à cet endroit car la partie haute de l'immeuble est visible de la rue et offre un contraste saisissant avec le monument qui est à proximité.. Mais nous sommes prés de Beaubourg, près de la célèbre réalisation de Niki de Saint Phalle et le cuivre, bien qu'il semble traité, verdira avec le temps….Il nous sera aussi objecté que beaucoup de bâtiments anciens sont couverts de plaques de cuivre notamment les toitures dans les pays nordiques, mais elles sont oxydées et leur aspect est bien plus neutre…

    On reste donc surpris face à ce mélange curieux et inattendu. A-t-il bien sa place à cet endroit ?

    Dominique Feutry

     

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    Paris,_Maison_d'OurscampLa maion d'Ourscamp 44-46, rue François Miron (IVe)

     

     

    Une façade renaissance 44-46 rue François Miron (IVe) sans faste avec ses fenêtres à meneaux et ses deux lucarnes en pierre décorées de pilastres et de frontons triangulaires lui donnant toute sa noblesse mais aussi sa simplicité, telle apparaît la maison d'Ourscamp classée Monument Historique en 1966.

    Cet édifice est assez emblématique du Marais puisqu'il est le siège de l'Association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du Paris historique  depuis 1963 à qui l'on doit sa restauration (lire  notre article du 27 novembre 2012 sur le Festival du Marais).

    Cette maison appartenait à l'origine à l'abbaye cistercienne d'Ourscamp installée dans l'Oise depuis le XIIe siècle. Elle était utilisée comme résidence par l'Abbé, les novices étudiant à Paris mais surtout elle possède un cellier qui permettait d'entreposer en attendant leur vente, les marchandises produites par l'abbaye. Les moines devront s'en séparer au XVIe siècle, elle sera alors louée puis reconstruite avant d'être vendue comme bien national à la Révolution. Devenue en 1874 propriété de la Ville de Paris, la mise en œuvre du Plan de Sauvegarde du Marais (PSMV) dans les années 1960  l'a sauvée de la démolition à laquelle elle était promise du fait de sa dégradation,   la Ville n'entreprit pas pour autant les travaux de restauration qu'elle laissa à la charge de l'Association Paris Historique.

     

    PHO225cc9fc-cf93-11e2-9da0-78744fbfc724-805x453Le cellier médiaval datant du XIIIe siècle situé  sous la maison d'Ourscamp (Photo le Figaro)

     

    Ce qui fait la particularité de ce bâtiment est en fait ce que l'on ne voit pas, son cellier de prés de 200 m2 datant des origines de la construction au XIIIe siècle. Il est formé de de trois nefs  et de quatre travées voûtées d'ogives, séparées par des colonnes à chapiteaux géométriques. L'arrière de la maison est intéressant, il est formé de deux petites ailes en "U" abritant les escaliers à balustres qui encadrent une petite cour à pans de bois

    En s'adressant à l’association Paris Historique, il est possible de visiter la maison d'Ourscamp. 

    Dominique Feutry

     

     

  • Musée picasso pergola centrale 06 05 14La partie centrale de la pergola va disparaitre sur quatre travées pour libérer la vue sur le monument (Photo VlM)

     

    En dépit de son intervention auprès du Premier Ministre Manuel Valls, Claude Picasso, le fils du maître de Malaga, n'a pu obtenir d'engagement pour une ouverture du musée au public en juin. C'est donc, selon toute vraisemblance, fin septembre de cette année que l'évènement aura lieu.

    Les riverains peuvent souffler un peu. Il n'y aura pas d'inauguration en catastrophe, pas de bousculade vers des locaux où les plâtres ne sont pas secs et où les gardiens n'auraient été que des figurants.

    Pourquoi donc avons-nous vécu ce psychodrame ? Laissons le temps faire son oeuvre pour que des conclusions dépassionnées soient tirées. La directrice générale, Anne Baldassari, a fait un travail considérable. A-t-elle su ou pu gérer ses relations avec les ministères concernés ? Son style de management en interne n'a-t-il pas suscité une bronca qui handicape aujourd'hui la productivité du personnel ? La responsabilité d'un établissement de cette importance a pu aussi nourrir des convoitises fatales.

    Avec ou sans Anne Baldassari, ce musée dans sa nouvelle configuration ouvrira donc fin septembre avec une fréquentation plus que doublée. Jean qui pleure, au nom des riverains, se plaint de devoir subir un nombre accru de visiteurs dans un quartier où l'espace nous est compté. Jean qui rit, pour les commerçants du secteur, se félicite de voir la fin d'une période de quatre ans de fermeture pour travaux qui a gelé les affaires.

    Entre ces deux symboles, plus que jamais nous devrons être attentifs au comportement raisonnable des uns et des autres. L'afflux de clients ne donne pas tous les droits à ceux qui en bénéficient. Il faudra veiller attentivement au respect de l'espace public, mis à mal par des terrasses qui explosent et au bruit qui empoisonne les soirées et les nuits de ceux qui vivent autour.

    A propos des cars, ceux notamment qui amèneront les enfants des écoles, le Maire précise qu'ils arriveront par la rue des Filles du Calvaire puis la rue Vieille du Temple et qu'ils stationneront juste le temps de débarquer leurs passagers et de s'en aller. M. Aidenbaum ne croit pas qu'il s'agisse d'une gêne plus importante que celle que nous avons connue. On réalise qu'ils devront néanmoins revenir pour l'opération de récupération, ce qui a pour effet de doubler le transit. Ce sera clairement un sujet sur lequel on devrait revenir si les craintes largement manifestées s'avéraient fondées.

    On en vient à la fameuse pergola. Pierre Aidenbaum s'en est ému. Compréhensive, la direction du musée a accepté de supprimer les travées centrales, de sorte que la vue de l'hôtel depuis le jardin public soit à nouveau libérée. Leur retrait sera effectif le 15 mai.

    Musée picasso  algécos 06 05 14Algécos à hauteur du 95 rue Vieille du Temple (Photo VlM)

     

    A la même date, les algécos qui encombrent la rue Vieille du Temple seront retirés. Le carrefour va reprendre sa respiration.

    Gérard Simonet

     

    Post-scriptum du 13 mai

    La présidente du musée a été remerciée hier au cours d'un entretien avec la Minitre Aurélie Filippetti. Son remplaçant sera désigné sous quinze jours. Elle réalisera cependant l'accrochage des oeuvres qui seront exposées le jour de l'inauguration. Geste symbolique qui lui attribue le mérite d'avoir transformé le musée en dépit de l'issue calamiteuse que nous vivons aujourd'hui.

    Les habitants du quartier quant à eux restent mobilisés. Ils ne veulent ni des défilés de cars, ni de la pergola du jardin, même amputée de quelques modules.