Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

  • Musée picasso structure jardin 01 05 14Structure démesurée en acier galvanisé installée dans la cour de l'hôtel Pierre Aubert de Fontenay (surnommé "hôtel Salé" car son propriétaire collectait la gabelle), milieu XVIIème siècle (photo VlM)

     

    L'affaire du musée Picasso n'avait pas besoin de cette nouvelle péripétie pour dégager un parfum de scandale. Deux journaux, chacun à sa manière, en analysent les ingrédients.

    "Libération" de son côté, dans un article du 22 avril, suggère que la direction du musée a effectué des travaux avant l'obtention du permis de construire, comme un vulgaire citoyen frondeur. Et rappelle, ce qui est vrai, qu'il s'agit d'une infraction pénale passible des tribunaux correctionnels.

    En effet, un permis de construire est affiché 5 rue de Thorigny (IIIe). Il est daté du 8 avril 2014, une date récente qui conduit à se demander comment les travaux qui sont réputés terminés à ce jour, auraient pu s'exécuter dans un intervalle aussi court. C'est donc qu'ils ont commencé avant. CQFD…

    "Le Figaro" a pris le relais hier en offrant une tribune d'une page et demie à Claude Picasso, l'héritier du maître. Au nom de la famille, qui semble avoir des intérêts autres que sentimentaux dans l'établissement public qui gère le musée, il exige que l'ouverture ait lieu avant la fin du mois de juin. Il suffit de regarder le chantier pour se rendre compte de la gageure. Et naturellement on ne perçoit pas tout. Qu'en  est-il des extensions souterraines, de l'auditorium, des locaux sociaux, de la "salle pédagogique" ?

    On apprend également que les gardiens ne sont pas encore recrutés. Bref, nous nous trouvons en face d'un chantier dont les plus optimistes disent qu'il ne peut pas accueillir du public avant la fin du mois de septembre. Cette perspective rend Claude Picasso nerveux. Il compte sur la conservatrice Anne Baldassari pour tenir les engagements de l'Etat, mais il sent bien que le soutien de la Ministre Aurélie Filippetti n'est pas assuré. A juste titre nous semble-t-il.

    Il faut rappeler qu'en novembre 2012, l'ouverture du musée était annoncée pour le 1er octobre 2013 !

    Beaucoup, en effet, condamnent le gigantisme du projet censé déverser dans le quartier trois fois plus de visiteurs qu'auparavant, des dépassements de coûts qui font penser aux Halles et la laideur des constructions additionnelles qu'il faudra cacher sous de la végétation pour qu'elles ne jurent pas trop.

    Il y a un troisième volet, latent mais réel, à cette problématique : les riverains. Ils n'ont jamais été consultés, et se plaignent des quatre années de travaux qu'ils ont subis, de l'indigence esthétique des bâtiments d'extension, qui viennent lécher la façade XVIIème du bel hôtel de Fontenay, et puis, comble de la provocation à leurs yeux, la découverte il y a quelques jours de cette forêt de poutrelles en acier galvanisé. Elle ferme désormais la vue sur la façade arrière de l'hôtel depuis le jardin public Léonor Fini.

    Musée picasso pergola 03 05 14Vue occultée de la façade du musée depuis le square Léonor Fini (Photo VlM)

     

    Intérrogée par nous, la direction générale nous répond ceci :

    "Cette structure en acier galvanisé constitue la pergola définitive du jardin redessiné par le paysagiste Erik Dhont. Cette pergola ornementale …., rappelle le caractère de l’Hôtel Salé. Elle sera habillée de plantes grimpantes odorantes et florifères telles que rosiers grimpants, clématites et glycines.. Dans l’axe central, en fin de perspective une demi-sphère en escaliers sera le pendant du grand escalier classé. En limite du jardin public situé à l’arrière de la grille, les rosiers en grappes de type moschata, ainsi que des rosiers remontants assureront la liaison entre le jardin de l’hôtel et le jardin public. Les arbres proposés sont caractérisés par leur feuillage translucide et leurs couleurs chatoyantes".

    Au lieu de chercher à reproduire les jardins suspendus de Babylone, nous sommes d'avis que le musée aurait pu faire l'économie de cet écran – fût-il florifère – et se contenter de la grille actuelle qui permet au public de bénéficier d'une vue généreuse sur l'hôtel. S'agit-il une fois encore du syndrome de la canopée des Halles, monstrueuse structure qui ne semble avoir été conçue que pour satisfaire l'égo d'architectes qui ambitionnent de laisser leur signature à une oeuvre qui fait polémique, et espèrent renouveler l'exploit de Gustave Eiffel dont la tour a été vilipendée avant de connaitre le succès universel que l'on sait.

    Personne à ce jour ne s'est préoccupé de l'opinion des habitants. Les riverains sont remontés par cette goutte d'eau de la pergola qui fait déborder le vase. Constatant que le dossier des travaux n'est pas diaphane, qu'aucune information ne leur a été donnée sur le traitement des cars de touristes (on se demande une fois de plus à quoi servent les conseils de quartiers !), ils se concertent et pourraient décider de former un recours contre le permis de construire devant le Tribunal Administratif. Il est temps que les responsables réagissent. Nous rencontrons le Maire Pierre Aidenbaum dès le début de la semaine prochaine.

    Gérard Simonet

     

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    20140415_132739-734fdVitrine d'époque Restauration 79 rue Vieille du Temple (IIIe)

     

    Il n'est pas toujours besoin de se rendre au Musée Carnavalet pour découvrir que le Marais recèle de raretés comme les façades anciennes de magasins. Nous avons en effet le privilège de pouvoir en compter deux, tout à fait exceptionnelles, d’époque Restauration. Malheureusement elles ne sont pas mises en valeur comme elles le devraient. Arrêtons nous sur ces deux magasins.

    Photo 1 bisDétail du haut d'une boiserie du magasin 79 rue Vieille du Temple (IIIe)

     

    L'un d'eux est situé rue Vielle du Temple (IIIe) au N° 79. Il abrite une boutique de prêt à porter à l'enseigne « AMBALI ». La devanture, classée en 1925, est typique du style du premier quart du XIXe siècle. La porte centrale est encadrée par deux montants en forme de colonnes plates terminées par deux chapiteaux corinthiens. Ceux-ci supportent un linteau sculpté de dessins entrelacés autour d'une tige terminée par des palmettes qui traversent un médaillon central figurant une divinité de la mythologie. Les deux boiseries de chaque côté du magasin rappellent les colonnes de la porte .

    Elles sont ornées sur leur patrie supérieure d’une couronne de lauriers à l’intérieur de la quelle figure un vase. L'ensemble travaillé et sobre à la fois est du plus bel effet mais souffre de la couleur qui le recouvre. Trop sinistre, le noir fond et noie dan la masse les détails nombreux qui donnent toute sa spécificité à la devanture. Dommage !

     

    Photo 2La devanture Restauration du 13 rue Michel Le Comte (IIIe) (Photo VlM!)

     

    Au 13 rue Michel le Comte (IIIe) un magasin, bien mal entretenu et à vendre, fait face au parking jouxtant l'horrible bâtiment abritant notamment le gymnase et le centre des impôts. Il offre un témoignage intéressant d'une devanture classique de la même époque que le magasin décrit précédemment.

    La porte d'entrée est encadrée elle aussi de deux colonnes qui sont plus ouvragées. Elles sont canelées sur toute leur longueur et se terminent par un chapiteau corinthien très ouvragé avec des entrelacs, des grappes de raisin et des feuilles de vigne. Chaque vitrine est formée de deux vitres se terminant en arc de cercle. Nous retrouvons ce même verre en arc de cercle protégé par une croix de Saint-André au-dessus de la porte. La disposition de ces vitres donne tout son équilibre à l'ensemble dont le classement n'est intervenu qu'en 1984. les 3 couleurs employées, bordeaux, noir et or sont bien dans l'esprit de l’époque.

    Il serait intéressant que tout ce secteur sale et souvent en mauvais état puisse être réhabilité afin de redonner tout sont lustre à cette partie de la rue Michel Le Comte, un axe très fréquenté qui fait bien peine à voir… D'autant que cette devanture est repérée "à conserver" dans le PSMV révisé du Marais.

    Dominique Feutry

     

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  •  20140415_132739-734fdLa tour en restauration et le mur qui la cache dans le jardin situé entre la rue des Rosiers et la rue des Francs Bourgeois (Photo Eric Patry)

     

    Une Tour de l'enceinte de Philippe Auguste vient d’être mise au jour au 10 rue des Rosiers dans le futur jardin public qui sera ouvert prochainement. Une réhabilitation attendue depuis des années, à l'instar du long déroulement de l'aménagement du Jardin Anne Franck, impasse Berthaud (IIIe).

    Des habitants de la rue des Rosiers assistent de leur immeuble à l’avancement des travaux. Ils nous alertent sur les anomalies qu'ils constatent concernant la rénovation en cours de la Tour. Celle-ci est construite en grande partie sur des terrains appartenant à la Ville de Paris (futur jardin public) et une petite partie extérieure restante est sur une parcelle privative gérée par Paris Habitat. Or ce qui est surprenant, la restauration et la rénovation de ce vestige de l'enceinte de Philippe Auguste n'est pas reprise dans son intégralité. Rien ne semble prévu pour sa rénovation du côté de la partie privative.

    Alors qu’au début du projet, il était bien prévu que le mur (plus haut que la Tour) qui apparaît clairement sur la photo soit écrêté pour mettre en valeur le monument, il semble qu' une décision contraire semble avoir été prise depuis peu. Cette décision semble curieuse car la Tour sera en partie cachée par le mur en question qui est plus élevé.

    Nous nous trouvons donc face à un paradoxe, seule une partie du monument serait restaurée et le mur qui le cache ne sera pas abaissé pour mettre la tour en valeur. Curieuse situation ?

    L'architecte des Bâtiments de France et des élus, ainsi que des historiens ont été informés par des riverains. Il faut absolument en effet que la Tour soit restaurée dans son intégralité et qu'elle soit totalement visible dans le jardin.

    "Vivre le Marais !" va intervenir de son côté auprès des décideurs afin d'apporter sa pierre dans la résolution de ce dossier assez surprenant à vrai dire.

    Dominique Feutry

     

    A la suite de remarques d'une de nos lectrices nous précisons les points suivants: 

    " Si l'on observe attentivement le plan Bretez/Turgot, on la distingue très
    précisément, cette tour. L'historien Alexandre Gady s'appuie certainement, entre autres, sur ce document, pour affimer que la tour se trouvait alors dans le jardin de l'Hôtel d'Albray. Elle aurait été
    transformée au XVIIème siècle en chapelle, il en donne même une photographie
    datant de 1990. Est-ce encore visible actuellement ? Ce serait une raison supplémentaire d'en
    obtenir la restauration.
    Il y avait aussi un fragment de l'enceinte de Ph A dans l'immeuble de la
    Société des cendres, a-t-il été conservé!"

    La presse a relayé ce dossier et nous avons appris, le 06 mai, qu'il avait été décidé de restaurer toute la tour et non une partie,ce dont nous nous réjouissons. Nous restons nénamoins attentifs à l'évolution de ce dossier.  

    Nouis signalons qu'il est possible de signer la pétition qui a été lancée à propos de cette restauration à l'adresse  mail  ericpatry@free.fr

     

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    Maison_Herouet
    L'Hôtel d' Hérouet 54 rue Vieille du Temple et à l'angle de la rue des Francs Bourgeois (IIIe)

     

    L’Hôtel Hérouet est situé au 54 rue Vieille du Temple (IIIe). Edifié au début du XVIe siècle par le secrétaire et Trésorier de France auprès du duc d’Orléans, Jean Hérouet, il resta dans la même famille jusqu’en 1582. Il devint ensuite successivement la propriété des Pelloquin, Tillet puis Villarceau.

    L’encoignure en encorbellement et octogonale qui attire l’œil est remarquable. Elle a été installée à l’angle de la maison et dispose d’une fenêtre trilobée facilitant l’observation de l’animation du quartier. Elle est de style gothique flamboyant tardif car conçue juste avant la Renaissance.

    Cette tourelle est la seule partie qui n’a pas été reconstruite à la suite du bombardement d’août 1944 qui a mis très à mal le carrefour rue Vieille du Temple-rue des Francs Bourgeois dont on voit bien que les constructions sont récentes. Elles remplacent des bâtisses datant souvent des XVIe et XVIIe siècles qui existaient avant cet épisode sanglant.

    448px-P1030858_Paris_IV_rue_Eginhard_rwk
    Paris a en effet été attaqué par des junkers de la Luftwaffe dans le nuit du 26 au 27 août alors que les parisiens venaient de fêter dans l’allégresse la reddition du Général von Choltitz. Arrivés d’aérodromes du Nord de la France, de Belgique et de Hollande, les avions ont fait 189 morts et 890 blessés dont 66 morts et 118 blessés pour les seules rues des Francs Bourgeois, Vieille du Temple et Rambuteau. L’immeuble au 46-48 rue des Francs Bourgeois s’est effondré et compta à lui seul 21 morts ! 

    MEDIUM~3L'Hôtel d'Hérouet après le bombardement de la nuit du 26 au 27 août 44

     

    Cet épisode de la fin de la dernière guerre est malheureusement méconnu aujourd’hui. Bien qu’un député réclamât la démolition des vestiges du bombardement, il en fut décidé autrement pour l’Hôtel d’Hérouet. Sa reconstruction fut donc entreprise en restituant au mieux l’aspect d’origine sachant que la tourelle qui met en avant cette rare construction de la pré Renaissance a été la moins abîmée.

    Mais qui se souvient aujourd'hui, en comtemplant ce joli édifice, de cette nuit sanglante d'août 44 ? 

    Dominique Feutry

     

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  •  Marais_Exterior_CG

    Image de synthése de la façade du nouveau magasin Uniqlo 39, rue des Francs Bourgeois (IVe) 

     

    25 avril 2014, les travaux sont terminés… Le magasin Uniqlo ouvre ses portes. Enfin ! En 2010, nous annoncions "un nouveau départ pour la "Société des Cendres" avec une enquête illustrée de ce que recélait alors cette ancienne usine, dont la mémoire industrielle est aujourd'hui partiellement préservée.

    Bien sûr que beaucoup d’entre nous, amoureux du Marais, sont ravis que l’usine des cendres, 39 rue des Francs Bourgeois (IVe),  n’ait pas été détruite. Certains diront que nous avons une enseigne de mode supplémentaire dans ce quartier qui en a déjà tant… Mais le résultat des aménagements est à considérer en priorité et il est plutôt réussi. La marque japonaise  a réussi à installer son « flag ship » parisien et 5éme magasin dans un lieu d’exception. Nous pouvons dire bravo.

    En revanche les riverains et les habitués du secteur se souviendront longtemps des nuisances très importantes, longues et souvent intempestives provoquées par ces travaux qui ont « empesté » leur vie au quotidien (notre article du 5 février 2014). Le bruit d’abord des engins, des livraisons de matériaux, de l’enlèvement des gravats … Ensuite le blocage fréquent de la rue, toujours aux moments les plus inadaptés de la journée empêchant les livreurs et les bus de passer le matin alors que les enfants se rendaient en classe et les adultes à leur travail…

    L’encombrement du trottoir n’a pas été épargné, il a même été carrément annexé à l’espace travaux, obligeant les piétons, les handicapés, les personnes âgées et les parents munis de poussettes à emprunter la chaussée avec ses dangers inhérents car le trottoir de l’Ecole Supérieure de Gestion qui lui fait face était lui aussi impraticable, occupé par des matériaux entreposés et par les élèves qui s’y réunissent pour fumer.

     Marais_Interior_CG

    image de synthése de l'intérieur du magasin Uniqlo

     

    Ce « sauvetage » de l’usine des cendres devrait servir de cas d’école à ceux qui sont en charge de donner des autorisations de travaux et des dérogations liées. Une analyse approfondie de ce dossier permettrait d’éviter de tels écueils à l’avenir dans des cas similaires de rénovations afin de ménager davantage les riverains et les usagers qui devront bien entendu subir des contraintes mais pas de l’ampleur de celles que vient de connaître  cette section de la rue de Francs Bourgeois.

    Le compromis trouvé concernant l’organisation des travaux en cours 25 rue Michel Le Comte (IIIe) pour l’aménagement de logements sociaux est a contrario exemplaire et moins dérangeant pour les usagers et les riverains. Il faudrait aussi s’en inspirer pour le futur.

    Dominique Feutry

     

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  • St antoine 40 immeuble étroit 05 04 14Maison XVIIème siècle, 40 rue St Antoine (IVe), momentanément condamnée (Photo VlM)

     

    Nous sommes nombreux à considérer que la rue Saint Antoine est la voie la plus attachante du Marais. Large (10,50 à 21,50 mètres) et vaguement sinueuse, elle est bordée d'immeubles inégaux et pleins de charme des XVIIème et XVIIIème siècles, dont on aperçoit la nuit tombée, à travers les fenêtres, les poutres aux plafonds et les murs de refend en bois. Il règne ici le souvenir des rois qui y fixèrent leur résidence (hôtel St Pol fin du XIVème siècle et hôtel des Tournelles du XVème au XVIème siècle).

    Rehaussée par la présence de monuments somptueux, l'hôtel de Sully et l'hôtel de Mayenne, tous deux dans le même style Louis XIII, l'église St Paul-St Louis rénovée depuis peu et le précieux Temple de la Visitation Sainte Marie surmonté de son dôme et de ses quatre pots à feu, il ne lui manque que la Bastille qui était son aboutissement, une forteresse morte d'avoir été un symbole, à l'image du donjon du Temple dans le IIIe.

    Nous sommes ici à mille lieux de la vision du baron Haussmann et de ses perspectives rectilignes. Aucune maison n'a sa pareille. Généralement étroites, elle s'offrent deux, trois ou quatre fenêtres sur rue et un nombre variable d'étages, généralement quatre ou cinq. Les commerces de la rue sont légion. On compte parmi eux des magasins de bouche appréciés (primeurs, traiteurs, fromageries, boulangeries-pâtisseries, chocolatiers, apiculteur, confiseries ….), les inévitables supérettes et de nombreuses boutiques de mode (trop disent certains).

    Ce caractère est dans la ligne du passé. On voit sur les photos du XIXème siècle que cette rue était marchande, active et fréquentée.

    St antoine 001Rue St Antoine au niveau du n° 33. Marchandes des quatre-saisons (Photo "Mémoire des rues" – Parimagine)

     

    Une de ces maisons se distingue particulièrement. Elle est au 40 de la rue (photo du haut). Une seule travée, une seule fenêtre par étage qui éclaire la pièce en façade. On imagine quelle doit être l'étroitesse du couloir qui jouxte le local commercial et le tour de force qu'a dû être l'ordonnancement des liaisons verticales.

    Elle est manifestement en attente d'une réhabilitation qui, à notre connaissance, n'est pas encore annoncée. Nous espérons qu'aucun péril ne la menace car il serait dommage qu'elle soit démolie, sacrifiée et livrée aux appétits d'architectes en mal de reconnaissance, prêts à n'importe quelle facétie pour que leur ouvrage fasse parler d'eux.

    Gérard Simonet

     

    Bibliographie : Danielle Chadych – Le Marais – Parigramme

     

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  • TrésorSur la photo publicitaire publiée par l'agence "seloger.com" on aperçoit la fenêtre sauvage au centre

     

    Nous avons relaté la réaction des riverains au percement d'une fenêtre "sauvage" sur la façade de la Fontaine du Trésor, au fond de la rue du Trésor (IVe), action que la Direction de l'Urbanisme de la Mairie de Paris et les Bâtiments de France ont successivement dénoncée par des procès-verbaux en 2011 et 2013, adressés au Procureur de la République (article du 20 janvier 2014)

    Les habitants de la rue du Trésor n'étaient pas au bout de leur surprise et de leur indignation. Ils découvrent aujourd'hui que le propriétaire, présumé auteur de ce qu'ils considèrent comme du vandalisme, a mis son logement en vente sur le site "seloger.com" en se prévalant d'une "très belle vue sur la rue du Trésor. RARE". On trouve les détails de l'annonce sur le site : seloger.com.

    Un bien grevé de procès-verbaux d'infraction au code de l'urbanisme peut-il être proposé librement à la vente ? Le repreneur sera-t-il conscient d'acheter le passif du vendeur et se voir traduit à sa place en correctionnelle, avec des riverains et notre association comme parties civiles ? L'agence immobilière devrait pour le moins en avertir l'acheteur potentiel pour éviter l'accusation de publicité mensongère.

    Il serait beaucoup plus simple pour tout le monde que le propriétaire actuel s'exécute et rétablisse les lieux dans leur état initial comme la Direction de l'Urbanisme le lui demande, et mettre son appartement en vente dans la foulée.

     

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  • Archives 48 garage 02 04 14Le Garage "Mobil" et sa "fresque" controversée. Concédé à un praticien du "street art", ce mur a été nuitamment décoré de façon quelque peu criarde et surchargé ensuite de gribouillis non sollicités et hideux, qui ne l'ont évidemment pas arrangé (Photo VlM)

     

    C'est l'un des derniers distributeurs de carburants à Paris. Un brin anachronique, dangereux du fait de la réserve d'essence et de gazole, pas forcément décoratif, mais il a rendu bien des services. Son propriétaire savait se mettre en quatre pour dépanner celui ou celle dont la batterie avait rendu l'âme au fin fond d'un parking souterrain.

    Le local est souvent qualifié de "verrue". En réalité, il n'en est rien. Les plans du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) révisé en 2014 le protègent d'une destruction annoncée et soulignent même la qualité des murs et du faîte du porche dont on devine la double pente sur la photo.

    Ce local est ancien. Il pénêtre sur plusieurs mètres dans l'immeuble d'habitation qu'on aperçoit en arrière-plan. Il ne fait aucun doute qu'il intéressera une enseigne dès qu'il aura été libéré. Le risque est grand, évidemment, qu'il abrite une nouveau magasin de prêt à porter (ou de prêt à chausser) à moins qu'il ne s'agisse d'un nouveau marchand de lunettes. En tout cas, un dossier d'urbanisme sera déposé sur lequel nous aurons tout le loisir de nous exprimer.

    C'est encore un artisan qui fait les frais de l'évolution du Marais. Nous le saluons car nous nous connaissons bien pour avoir travaillé ensemble au sein de "conseil de la rue des Archives", chargé de veiller à l'application d'une charte (des bons usages de la rue) qui est restée un voeu pieux, comme toutes les chartes que nous avons vu fleurir à une époque dans le IVe. Nous le regretterons sans pour autant le plaindre. Ses projets pour sa nouvelle vie en feraient rêver plus d'un !

     

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  •   Guenegaud-frise-5La façade arrière sur jardin de l'Hôtel de Guenegaud côté rue des 4 Fils (IIIe) (Photo Fondation Sommer)

    C’est à François Mansart que l’on doit la construction l’Hôtel de Guénégaud qui abrite aujourd’hui le Musée de la Chasse et de la Nature situé au 60 rue des Archives (IIIe) à l’angle de la rue des Quatre-Fils.

    Edifié pour Jean-François de Guénégaud des Brosses, Secrétaire du roi, Maître des Comptes à la Chambre des Comptes (ancêtre de la Cour des Comptes) et Conseiller d’État, les travaux durèrent près de 5 ans de 1651 à 1655. Il présente cette particularité d’être le seul hôtel de Mansart qui nous soit parvenu dans son "jus" sans transformation notoire. La configuration du bâtiment est à la fois classique et sobre. Classique quant à sa conception avec un corps principal, deux ailes en retour, un jardin, une cour et une construction sur rue avec porche. Sobre par son allure et très peu décoré. On notera l'alignement des lucarnes sur le toit et l’escalier d’honneur remarquable.

    4Etat de la même façade arrière et celle sur cour au début de la restauration  

     

    Après avoir été vendu au financier Jean Romanet, l’Hôtel devient la propriété, pendant près de 200 ans, de la famille Thiroux (voir notre article du 29 juillet 2013 sur l’Hôtel Thiroux de Lailly, 5 rue de Montmorency (IIIe)). Malheureusement comme tous les hôtels particuliers du Marais, il devient un immeuble de rapport mal entretenu, occupé par des activités artisanales et commerciales. La dégradation est si importante qu’il est question de le détruire. Mais l’intervention d’André Malraux permet le classement de l’hôtel en 1962 et le sauve des pioches.

    La restauration est emblématique dans la mesure où ce bâtiment acheté alors par la Ville de Paris est parmi les premiers à être restaurés grâce au Plan de Sauvegarde du Marais. Un bail emphytéotique de 99 ans permet à la Fondation de la Chasse et de la Nature (une institution reconnue d’utilité publique qui a pour but le respect de la nature et de la faune sauvage, la mise en valeur du parc de Bel Val dans les Ardennes et le musée en question) de prendre possession des lieux et d’entreprendre les travaux de restauration avec l’appui financier des époux Sommer, des mécènes qui sont à la tête d’une importante entreprise de fabrication de tapis et moquettes.

    DocumentCerf naturalisé du musée exposé devant une tapisserie représentant un scène de chasse   

     

    Le musée a été ouvert en 1967. Depuis lors il a été agrandi en « fusionnant » avec le bâtiment contigu, l’hôtel de Mongelas. Les collections du musée sont exceptionnels et très diversifiées (armes trophées peintures, dessins, meubles se rapportant à la chasse…). Des expositions temporaires sont organisées et chaque mois une nouvelle acquisition ou une œuvre restaurée est présentée et commentée. Des salons privatifs sont offerts à la location.

    Dominique Feutry

     

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  • Ste croix 15 immeuble et magasin 20 03 14Immeuble "chandelle" et magasin du 15 rue Ste Croix de la Bretonnerie (IVe) (Photo VlM)

     

    La Mairie de Paris vient de publier une demande d'autorisation préalable de travaux pour la transformation du local commercial actuellement en déshérence (réf. DP-075-104-14-V0039 du 12/02/14). Des sages-femmes qui manifestaient hier matin y avaient épinglé leurs calicots pour appuyer une manifestation devant "Pôle Emploi" juste en face.

    Il est prévu désormais l'installation d'un restaurant. Pour l'environnement, c'est mieux qu'un débit de boissons licence IV, mais tout dépend bien sûr de la nature de l'établissement. Les riverains de Ste Croix, qui sont particulièrement gâtés en la matière, regardent cette perspective avec suspicion. On ne peut pas leur en vouloir, ils ont déjà donné et continuent à le faire, dans ce secteur très sensible du IVe.

    Leur perplexité puise sa vigueur dans les caractéristiques de l'immeuble lui-même et les difficultés de son aménagement. Le président de l'association Marais-Quatre l'a visité au moment de sa mise en vente aux enchères publiques. Du fait de l'étroitesse de la façade (4 à 5 mètres), il offre peu de place habitable et les liaisons verticales sont problématiques. Il n'y a pas notamment d'ascenseur. La rumeur fait état pourtant d'un projet d'hôtel porté, comme le restaurant du rez-de-chaussée, par le propriétaire d'un des bars de la rue.

    En attendant d'en savoir plus, l'ensemble du dossier distille plutôt l'inquiétude ….

    En collaboration avec Marais-Quatre

     

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