Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

  • Trésor fenêtre percée zoom 06 12 13
    Façade de la Fontaine du Trésor (fin XIXème). Gros plan sur l'ouverture barbare pratiquée au centre par un habitant de l'immeuble de derrière
    (Photo VlM)

     

    Deux procès-verbaux ont été dressés par l'Architecte des Bâtiments de France et par la Direction de l'Urbanisme de la Mairie de Paris en 2011 et 2013 à l'encontre de l'auteur de ce percement sauvage qui défigure le monument. Ils sont restés sans effet. Ils exigeaient le rebouchage de l'ouverture et la remise en état du panneau.

    Un collectif de riverains de la rue du Trésor (IVe) s'est formé autour d'une pétition qui rassemble une cinquantaine de signatures. Ce document a été envoyé le 14 janvier au Procureur de la République. Il rejoint l'action entreprise par "Vivre le Marais !" qui s'est adressée elle aussi au Procureur, en date du 12 décembre 2013  pour demander que l'auteur du percement soit contraint à réparation par une décision de justice.

    Il faut préciser que les procès-verbaux qui constatent une infraction pénale pour des faits d'urbanisme sont trop souvent mis en sommeil par le Parquet. Par nos actions, nous voulons signifier au défenseur de la société l'émotion très vive que suscite cette atteinte inacceptable au patrimoine collectif des habitants du Marais et de toux ceux qui sont attachés à la sauvegarde du centre historique de Paris.

     

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    Poitou 37 devanture 18 01 1437 rue du Poitou (IIIe) – devanture Sonia Rykiel en préparation (Photos VlM)

     

    La S.A. Sonia Rykiel CDM a déposé une déclaration préalable de travaux en vue de l'ouverture d'un magasin de prêt-à-porter, au n° 37 de la rue du Poitou, là-même où les habitants de l'immeuble déploient depuis novembre 2012 un calicot en guise d'avertissement : "Non à l'ouverture d'un bar au 35".

    Le 35 qui affiche toujours son panneau "à louer". Et pas de bar à l'horizon. La mise en garde ferait-elle de l'effet ? On le souhaite à ses voisins en tout cas ….

    Quant au 37, le voici en pleine transformation. On découvre à cette occasion, derrière les coffrages qui ont été retirés, des détails intéressants de sa structure qui date probablement du XVIIème siècle comme la plupart des immeubles de cette rue. Leur tracé participait au grand projet de "Place de France" d'Henry IV. Elle était l'une des principales radiales de l'éventail dont la place était le centre. 

    On observe en particulier une série de piliers qui soutiennent un linteau imposant en bois massif d'une  section de l'ordre de 40×40 centimètres.

    Poitou 37 linteau 18 01 14

    On espère bien qu'il est dans les intentions de Sonia Rykiel de mettre en valeur cette structure. Pour s'en assurer, mais peut-être sera-t-on déçus, on peut consulter le dossier à la Direction de l'Urbanisme de la Mairie de Paris, 17 bd Morland (IVe) réf. DP-075-103-13-V0308, du 20/12/2013.

    Gérard Simonet

     

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    L'imposant bâtiment de la Poste Centrale de la rue du Louvre (Ier) 

     

    Bien que la  Poste Centrale de la rue du  Louvre (Ier) ne soit pas dans le périmètre de "Vivre le Marais !", la restructuration du plus grand centre de distribution de courrier en France  confiée à l’architecte Dominique Perrault en 2012  est assez illustratif des difficultés qui peuvent se présenter entre le maître d’ouvrage (l’opérateur  immobilier du Groupe La Poste) et  les défenseurs du patrimoine qui souhaitent préserver un témoin exceptionnel de l’architecture du XIXe siècle.

    L’association de Sauvegarde et de mise en valeur du Paris Historique nous a autorisés à publier un article consacré à ce sujet repris dans un récent numéro de Fédération Patrimoine-Environnement.

    L’Hôtel des Postes du Louvre en quelques mots

    Inaugurée en 1888 à la croisée de la rue du Louvre et de la rue Etienne Marcel, le bâtiment de la Poste du Louvre est l’œuvre de l’architecte Julien Gadet. Le caractère exceptionnel de l’édifice tient particulièrement aux vastes nefs métalliques dont certaines mesurent environ 90 mètres de long !

    Depuis les années 2000, le devenir du bâtiment est remis en question. Après l’élaboration d’un programme de reconversion, la réalisation d’un fond d’étude historique et le lancement d’une consultation d’architectes, le projet de Dominique Perrault, l’architecte à l’origine de la bibliothèque François Mitterrand a été retenu en 2012.

    Les grandes lignes du projet

    L’édifice de 35 000 m²  (constitué du bureau de poste l’« Hôtel des Postes » et des services administratifs « L’Usine postale ») repensé par l’architecte Dominique Perrault devrait recevoir entre autre commerces, bureaux, antenne de police, un hôtel-restaurant de luxe avec terrasses… 1 200 m² de logements sociaux sont également prévus. Ainsi, la vocation postale de l’immeuble serait réduite à 21 %, tandis que 18 % seront affectés aux services municipaux et 61 % aux activités commerciales.

    Poste-du-Louvre

    La nef métallique, un travail exceptionnel qui pourrait être menacé lors de la rénovation

     

    …qui n’est pas au goût de Paris Historique

    Les voix s’élèvent pour contrer ce projet de rénovation et alerter sur les menaces qui pèsent sur ce bâtiment, non classé au titre des monuments historiques. L’association Sauvegarde et mise en valeur du Paris Historique a notamment organisé, le 7 novembre 2013, une journée d’études sur le devenir de l’hôtel des Postes rue du Louvre. À cet égard, des architectes espagnols sont venus parler de la poste centrale de Madrid, El Palacio de Comunicaciones, qui a été rénovée entre 2005 et 2011 par l’architecte Francisco Rodriguez de Partearroyo afin de pouvoir accueillir de nouvelles activités sans porter atteinte à la structure originale. Historiens de l’architecture, architectes et urbanistes sont intervenus pour souligner le caractère exceptionnel de l’édifice et de son armature métallique que Jean-François Cabestan, historien de l’architecture, professeur à la Sorbonne, considère comme « l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture industrielle de la IIIème République ».

    Dominique-perrault-architecte-poste-paris-1er-arrondissementLe projet de Dominique Perrault

    Post Immo qui gère la maîtrise d’œuvre envisage d’en détruire une grande partie, notamment le corps intermédiaire, afin d’y réaliser une vaste cour faisant ainsi disparaître une partie des nefs métalliques et des planchers d’origine. En attente du permis de construire, Post Immo se prépare à démarrer les travaux  dès réception du feu vert… que Paris Historique envisage d’attaquer devant le tribunal administratif.

    Une nouvelle journée d’étude sur la Poste du Louvre est prévu. Ce dossier sensible est donc à suivre.

     

  •   694751_3_a748_la-facade-de-l-hotel-de-ville-de-parisL'Hôtel de Ville après l'incendie 

     

    Le récent et important incendie de l’immeuble du 38 boulevard de Sébastopol (IVe) nous rappelle qu’à Paris les sinistres peuvent être violents et dramatiques. Heureusement pour celui du 20 décembre, il n'y a eu que quelques blessés légers.

    Tout près de là, voilà un peu plus de 142 ans, au lendemain du 24 mai 1871, l’Hôtel de Ville n’est plus qu’une ruine fumante ayant entraîné la mort de 600 personnes incapables d’échapper au brasier. L’armistice avec la Prusse, signé 4 mois plus tôt, n’avait pas été accepté par les parisiens qui s’étaient battus pour que l’ennemi ne puisse pas atteindre la capitale. Ces derniers établirent alors leur propre gouvernement obligeant les dirigeants en place à s’établir à Versailles. Le gouvernement en place n’a pas accepté cette situation et lança des troupes contre les « insurgés ». Furieux et se sentant perdus, les communards se défendent bec et ongle et arrosent de pétrole le siège de la municipalité pour y mettre le feu, ainsi qu’aux Tuileries. Ces deux édifices sont devenus deux monuments « martyrs ».

     

    Incendie-hotel-de-ville-Paris-Commune-mai-1781-jpgEtat de la salle des fêtes après l'incendie

     

    Des témoins de l’époque rapportent, outre le drame humain, l’importance des dégâts, le feu s’étant propagé à une vitesse fulgurante. Les pierres toute noires sont devenues friables. Les murs encore debout menacent de tomber à tout moment. Il ne reste plus grand-chose des magnifiques pièces, de la bibliothèque et des archives (dont l’état civil antérieur à 1860) réduites en cendres.

    Ce n’est que deux ans plus tard que la décision de reconstruction est arrêtée. Un jury de 30 membres a dû choisir parmi près de 70 projets. Dix ans seront nécessaires pour terminer le chantier dont les architectes seront Edouard Deperthes dont l'autre garnd chantier fut la basilique de Sainte-Anne d'Auray et Théodore Ballu à qui l'on doit l'église de la Trinité (IXe).

    Le bâtiment, imposant, est le plus grand d’Europe abritant une municipalité. Il est de style renaissance et reproduit l’ancien édifice en sa partie centrale. Les façades sont ornées de niches abritant les nombreuses statues de célébrités parisiennes (136) ayant compté dans l’histoire de la capitale. La salle des fêtes est très imposante, elle est souvent présentée comme la réplique de la Galerie des Glaces du château de Versailles. Elle est ornée de peintures représentant les provinces françaises (l’Alsace devenue allemande n’y figure pas, en revanche l’Algérie s’y trouve).

    Il est difficile d’imaginer aujourd’hui sinon par des photographies et des témoignages, la ruine qui pendant deux ans s’est offerte aux parisiens qui passaient à cet endroit.

    Dominique Feutry

             

  •  Anne hidalgoAnne Hidalgo

      

    En réponse à nos mises en garde contre son intention annoncée de créer des quartiers qualifiés de "festifs" qui auraient leurs règles ad hoc, et un droit restreint de se plaindre du tapage nocturne, Anne Hidalgo nous écrit, dans une lettre co-signée par nos Maires d'arrondissements Pierre Aidenbaum et Christophe Girard, pour préciser sa position.

    Ouvrir la lettre

    Nous apprécions son effort de clarification d'une posture que nous avions trouvée choquante, voire inconstitutionnelle, mais il reste du chemin à parcourir pour que nous soyons convaincus.

    En effet, Anne Hidalgo reste attachée à l'idée de modifier le PLU (plan local d'urbanisme) de Paris pour y intégrer cette notion de "quartiers festifs". Elle ajoute que nous ne sommes pas concernés puisque le PLU ne s'applique pas au Marais dont l'urbanisme est régi par le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur).

    C'est faire peu de cas de notre capacité de discernement. D'abord nous ne sommes pas égoïstes au point d'ignorer le reste des parisiens et ceux qui dans les IIIe et IVe arrondissements ne font pas partie du Marais (l'Île de la Cité, l'Île St Louis, l'espace Beaubourg/St Merri, l'espace Beaubourg/St Martin, tout le nord du IIIe …). Ensuite, rappelons que la municipalité actuelle a prôné la révision du PSMV sur le fondement que les règles du PLU en matière de logement ne s'y appliquaient pas et que c'était injuste. Il y a à l'évidence un tropisme du PSMV vers le PLU lorsqu'il s'agit de dispositions sociétales, tropisme qui ne tarderait pas à se manifester là aussi.

    Quant à l'Adjoint au Maire de Paris chargé de la nuit, il nous semble qu'il existe déjà en la personne de Philippe Ducloux qui a succédé à Mao Péninou pour le suivi notamment des "états généraux de la nuit".

    Reconnaissons néanmoins que des déclarations, sans doute plus récentes, de Mme Hidalgo donnent le sentiment que sa position s'est sensiblement infléchie dans un sens plus raisonnable. C'est ce dont nous voudrions nous assurer en lui rappelant qu'elle est attendue par les habitants de nos quartiers dans une configuration "Vivre Paris !", pour un entretien du même genre que ceux que nous avons eus déjà avec Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP-UDI) et Christophe Najdovski (les Verts).

    Gérard Simonet

     

  • Trésor fontaine fenêtre percée 06 12 13La Fontaine du Trésor, rue du Trésor (IVe), défigurée par une ouverture sauvage et maladroite (Photo VlM)

     

    On connait l'histoire de la rue du Trésor. Pour assurer la jonction entre la rue Vieille du Temple et la rue des Ecouffes, une rue nouvelle fut percée en 1882, au prix de la démolition de l'hôtel d'Effiat qui datait du XVIIème siècle. C'est à cette occasion que fut découvert un trésor de monnaies d'or qui donna son nom à la voie.

    Cette fontaine n'est plus en service mais c'est un monument qui termine agréablement la rue, à défaut d'offrir le cheminement prévu jusqu'à la rue des Écouffes.

    Au grand dam des riverains, courant 2011, on a vu apparaitre au centre de ce monument, juste au-dessous d'un motif de décoration architecturale, une ouverture grossière dont la position et les proportions ne doivent rien au nombre d'or. Comble de mauvais goût : une grille du genre "porte de prison" a été insérée à l'arrière plan.

    Cette initiative désinvolte est l'œuvre d'un habitant de l'immeuble qui se trouve entre la fontaine et la rue des Écouffes.

    Un collectif de riverains de la rue du Trésor s'est constitué, animé par Claude Mercier, choqués qu'on puisse ainsi en prendre à son aise avec le patrimoine de la Ville. Une pétition a été ouverte. Nous vous invitons à la signer.

    La Direction de l'Urbanisme de la Mairie de Paris a été saisie. En réponse, le collectif a reçu une lettre datée du 11 juillet 2011 qui précise que ces travaux ont été effectués sans autorisation et qu'un procès-verbal a été dressé par l'Architecte des Bâtiments de France en date du 27 juin 2011 et transmis au Procureur de la République. De plus, l'auteur des travaux a été sommé de remettre l'ouvrage dans son état initial.

    Deux ans et demi après, on constate que tout est resté en l'état.

    "Vivre le Marais !" se propose avec nous de rappeler l'affaire au service concerné à la Mairie de Paris, et de signifier au Parquet que les riverains et l'association désirent ardemment que ce dossier aboutisse. Nous n'hésiterons pas, dans cette perspective, à nous constituer partie civile, dans une infraction qui relève du pénal et donc de la Chambre Correctionnelle compétente au Tribunal de Grande Instance de Paris.

    Trésor fontaine sans fenêtre copyright A.K. 06 12 13Pour mémoire, l'état de la fontaine avant le percement sauvage (copyright A.K.)

     

    Nous ne doutons pas que le Maire du IVe, Christophe Girard, accompagne notre démarche.

    Le collectif  "rue du Trésor"

    Post scriptum du 10 décembre 2013 :

    La Mairie de Paris nous informe qu'un deuxième procès-verbal a été établi en date du 21 août 2013 constatant que l'état de la façade n'a toujours pas été restitué. Il a été transmis au Procureur de la République.

                   

     

  • Boutault réunion terrasses zoom

    Jacques Boutault (photo VlM), élu de Paris "Europe Ecologie-les Verts" et Maire du IIe arrondissement vient de déposer une motion devant le Conseil de Paris en vue de sa réunion des 12-13 novembre, pour demander le maintien de la placette Renée Vivien (IIIe) et de son jardin en l'état.

    Le texte de la motion :

     

    Vœu relatif à la place Renée Vivien

    Rattaché
    au projet de délibération 2013 DU 258

     

    déposé par Jacques BOUTAULT et les
    élu/es du groupe Europe Ecologie – Les Verts et Apparentés

     
    Vu la délibération DU 258 donnant avis sur le projet de Plan de
    Sauvegarde et de Mise en Valeur du Marais (3e et 4e) ;

    Considérant que la parcelle qui correspond à la place Renée Vivien (IIIe) est
    déclarée constructible dans le nouveau PSMV et réservée pour y construire une
    crèche ;

    Considérant les aménagements réalisés sur cette parcelle (bancs,
    plantations, fresque, etc.) qui participent à l’animation du quartier ;

    Considérant que cette place est un espace public de respiration
    apprécié des habitants, qui ont clairement exprimé leur attachement à ce lieu
    lors de l’enquête publique ;

    Considérant la nécessité de ne pas surdensifier cette zone du Marais
    qui est particulièrement construite et pauvre en espaces verts ;

    Considérant qu’il est préférable de mobiliser le bâti existant pour
    créer des équipements de proximité ;

     

    Aussi, sur proposition de Jacques BOUTAULT et des élu/es du groupe Europe Ecologie – Les
    Verts et Apparentés, le Conseil de Paris émet le vœu que l’emplacement
    de la place Renée Vivien soit déclaré non constructible et soit réservé à
    l’aménagement d’un espace vert.

     

    Il y a quelques imperfections dans ce voeu. Par exemple, il n'y pas lieu d'aménager sur la placette un espace vert puisqu'il y est déjà mais plutôt d'en améliorer la qualité et l'entretien. Ceci étant, il nous est agréable de constater que des groupes politiques, dans la perspective des municipales, privilégient la qualité de vie des parisiens et ne s'égarent pas dans des discours qui font l'apologie de la bamboche des nuits parisiennes et de la consommation immodérée d'alcool, notamment par les jeunes.

     

     

  • Jardin temple haudriettes 02 11 13Le square Temple-Haudriettes (IIIe), dit place Renée Vivien, à l'emplacement de "l'Echelle du Temple", où les condamnés de droit commun sous l'autorité des Templiers étaient supliciés. L'Ordre a détenu un pouvoir de Haute Justice (droit de condamner à mort) même à l'extérieur de l'enclos jusqu'en 1674.

     

    Le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, en cours de révision, en fait un espace constructible. Il faut souligner qu'il l'était déjà au titre du plan de 1996 mais la mairie avait opté pour un aménagement en forme de placette avec espace vert. Un nom du reste lui a été donné : place Renée Vivien, en mémoire d'une femme poète du XIXème siècle, disciple de Sappho.

    Une fresque de Catherine Feff – "L'esprit des Lieux" – a été peinte sur le mur pignon qui la délimite et un peu de verdure est venue compléter cet espace qui a la vertu de donner de la respiration au quartier.

    Va-t-on tout détruire ? et pour construire quoi ?

    L'indigence architecturale du gymnase Miche le Comte juste en face nous rend méfiants. La mairie a abandonné le projet absurde d'une crèche à cet endroit-là au profit d'emplacements plus pertinents, notamment le 64-66 rue des Archives. Elle parle désormais d'un "équipement" collectif, sans en préciser la nature. Mais elle admet que l'existence, sous le sol de la place, de ces commodités que sont l'assainissement, l'électricité, le gaz, le téléphone, la fibre optique et le chauffage urbain ne facilite pas la démarche et reconnait sotto voce que le statu quo est l'issue la plus raisonnable.

    Ce qui ne l'empêche pas de qualifier de "téléguidé" le déluge des protestations qui se sont exprimées auprès du commissaire-enquêteur et dont elle n'a d'ailleurs fait aucun cas. Il appartient aux riverains de répondre s'ils se sont sentis contraints d'une quelconque manière, pour dire ce qu'ils avaient à dire ; en d'autres termes s'ils sont des drones ou des citoyens libres de leur comportement.

    Nous tenons à rappeler pour notre part que le rôle de notre association est d'informer et, si un sujet fait débat, d'argumenter. On ne peut "téléguider" que si on distribue des récompenses : un poste, un logement, une subvention … Ce n'est pas notre cas.

    Nous encourageons à rester confiants tous ceux qui de leur plein gré ont exprimé leur refus de voir leur quartier se densifier encore plus et perdre une part de son âme. Qu'ils soient prêts à agir avec nous le moment venu s'il le fallait. Nous avons la conviction rassurante ceci dit, quel que soit le résultat des prochaines élections, que le bon sens s'imposera.

    Gérard Simonet


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    L'Hôtel de Saint Aignan et sa cour intérieure, 71 rue du Temple (IIIe)

     

    Claude de Mesmes , comte d’Avaux, Surintendant des Finances de Mazarin, hérite d’un hôtel familial au 71, rue du Temple (IIIe) qu’il fait détruire pour édifier dès 1642 le bâtiment actuel connu sous le nom d’Hôtel de Saint Aignan qui abrite aujourd’hui le musée d’art et d’histoire du judaïsme. Les plans sont dessinés par Pierre Le Muet (1591-1669) qui devint architecte du roi et réalisa le château de Tanlay (Yonne) ou l’Hôtel de Comans d’Astry situé 18, quai de Béthune.

    L’hôtel qui est aménagé comprend alors le bâtiment principal avec sa cour et une aile à droite qui est constituée pour partie d’une cuisine, d’une salle à manger et d’une galerie au premier étage. Un mur dit « renard », c’est-à-dire formant pendant mais factice, est construit sur l’aile gauche. Racheté par Paul de Beauvilliers, duc de Saint Aignan en 1688, des travaux de restauration et d‘embellissement sont entrepris, notamment la réalisation de l’escalier d’honneur. Le jardin est agrandi et son aménagement est confié à Le Nôtre (dont le 4ème centenaire de sa naissance est fêté cette année). Saisi à la Révolution, l’ensemble devient le siège du VIIe arrondissement jusqu’en 1823.

     

    Coupole
    Le haut de l'escalier et sa coupole

      

    Dégradés, les bâtiments abriteront ensuite des logements et des ateliers ainsi que des petites industries. Des surélévations ajoutées sur 3 niveaux en feront alors un bien de rapport où vivront des artisans juifs originaires des pays de l’Est. Acheté par la Ville de Paris en 1962, 20 ans exactement après les grandes rafles qui ont touché malheureusement plusieurs des locataires, ce n’est que 1986 que la municipalité décide d’y installer le musée qui s’y trouve dorénavant. Entre temps, en 1963, le classement est intervenu.

    Rue-temple-paris-4eme-plus-belle-photo-paris_33248

    Deux campagnes de restauration seront nécessaires et dureront 25 ans, des fouilles seront menées sur 3,50 m d’épaisseur et révéleront l’existence de constructions antérieures. C’est ainsi que l’Hôtel de Saint Aignan renait. L’intérêt de l’édifice est qu’il parait vaste alors qu’il se trouve sur une parcelle de terrain de taille modeste. Il est équilibré et présente une grande unité, ainsi les quatre façades de la cour sont identiques et recouvertes de pilastres imposants sculptés sur toute leur hauteur ce qui donne de la puissance à la construction. Nous retrouvons l’escalier reconstruit qui s’inspire du modèle inventé par Mansart. Les volées ne vont que jusqu’au premier étage. Une calotte le surmonte sur laquelle se trouve une perspective en trompe l’œil. Quant au décor de la salle à manger peint en grisaille XVIIIe, il est sans doute dû à Rémy Vuibert (1600 -1652) « peintre ordinaire du Roi » c’est-à-dire peintre habituel qui fut élève de Simon Vouet et ami de Nicolas Poussin. La galerie du Château de Tanlay ou l’escalier de l’Hôtel de la Vrillière, siège de la Banque de France (voir notre article du 31 janvier 2013), sont peints pas lui.

    5

    Le musée a ouvert en 1998. Il est régi par une association loi de 1901 et géré par un conseil d’administration où siège la Ville de Paris. 150 000 visiteurs le fréquentent annuellement. Il réunit des collections mises en dépôt par le Ministère de la Culture et des anciennes collections du musée précédemment installé rue des Saules dans le XVIIIe arrondissement. Très importantes et magnifiquement présentées, elles sont enrichies chaque année par des dons et des achats. Une médiathèque, des publications et des ateliers sont à la disposition du public intéressé.

    Une longue restauration certes mais qui fut à la hauteur de l’enjeu pour ce rare exemple de l’architecture parisienne datant de la régence d’Anne d’Autriche.

    Dominique Feutry

     

     

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    JpgLe projet de la Tour Triangle Porte de Versailles (XVe) 

     

    En ce début d’automne, le Sous-Directeur Général de l’UNESCO en charge du patrimoine mondial a émis de sérieuses réserves sur la politique menée par le Conseil de Paris concernant les immenses tours qui risquent d’encercler la capitale. Il souligne l’impact visuel qui sera durablement affecté alors que nous sommes une des rares villes de cette taille au « modèle 6 étages » encore préservée dans le monde. A ce titre d'uilleurs, les berges de la Seine sont classées au patrimoine mondial de l'UNESCO.

    Pointant déjà la forte densité de Paris, il a égrainé un à un les inconvénients liés à ce type de construction souhaitée, notamment ceux liés à une forte consommation d’énergie.

    Plusieurs chantiers sont déjà au stade de projet avancé.

    Ainsi deux immeubles d’habitation de 50 m de haut sont en cours de construction dans le quartier Massena-Bruneseau (XIIe) près du périphérique et  4 tours de bureaux devraient à l'avenir les rejoindre. L' une d'entre elles atteindrait une hauteur de 180 m conséquence  de la révision du PLU qui limitait à 37 m la hauteur des contructions depuis la polémique qui avait suivi la réalisation de la Tour Montparnasse (210 m).

    L’ édification de la Tour Triangle est prévue à la Porte de Versailles (XVe). Son implantation fait débat. Le Commissaire Enquêteur n’a-t-il pas souligné les risques qui pèseront sur l’activité du Parc des Expositions dont l’emprise sera amputée de 7 000 m2, de même que les questions d’ombre dans les bureaux et l’afflux de 50 000 salariés dans un quartier où la circulation est particulièrement encombrée.

    Quant à la tour prévue aux Batignolles (XVIIe) pour y installer dès 2017 le Palais de Justice, elle atteindra 160 m et sera construite en partenariat public-privé avec Bouygues.

     

    Jpg

    Le futur Palais de Justice aux Batignoles (XVIIe) 

     

    Beaucoup estiment la formule de partenariat contestable, voire aberrante, puisque Bouygues paie la construction pour loue ensuite les locaux au Ministère de la Justice. Sans doute une bonne affaire pour l’opérateur.

    D’autres pointent du doigt la modification à doses homéopathiques du PLU, via la procédure de révision simplifiée, quartier par quartier, ce qui permet d’esquiver un débat général qui aurait été bien nécessaire car des sondages révèlent que la majorité des parisiens sont contre les tours. Le débat sur ce sujet à l’occasion des élections municipales montre les différences de point de vue entre les candidats déjà déclarés. Certains y sont favorables et d’autres y sont opposés.

    Il n’empêche et sans vouloir paraître ringard que Paris risque de perdre gros si les projets prévus arrivent à leur terme. Tout d’abord le quartier de La Défense ne manque pas de tours et Paris n'est donc pas exangue comme cela a été dit pourtant ! Est-il judicieux de gâcher le paysage unique de Paris si l’on voit poindre de n’importe quel endroit de la capitale, y compris le Marais historique, une cohorte de gratte-ciels comme les tours d’une citadelle ? Citadelle qui créera alors une rupture dans la perspective du Grand Paris pourtant souhaité et indisposera les parisiens à l'image du mur des fermiers généraux qui a coûté cher à ses instigateurs lors de la Révolution.

     

    Jpg
    Les tours Duo de Jean Nouvel sur la Zac Paris Rive Gauche (XIIIe)

     

    Il ne serait pas impossible que l’UNESCO, très critique à ce sujet, sorte Paris de sa liste des villes inscrites au patrimoine mondial de l’humanité. Paris risquerit alors de perdre très vite son statut de capitale la plus visitée au monde

    A-t-on d'ailleurs aujourd’hui les moyens de se lancer dans des investissements aussi colossaux alors que le coût des grands chantiers tels celui des Halles ou celui de la salle de concert de la Vilette voient leur   budget initial exploser et sont de plus en plus vivement critiqués ?

    Dominique Feutry