Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

  •  

    13_rue_de_montmorency
    L'entrée de l'ancien Comptoir Lyon-Alemand Louyot et Cie 13, rue de Montmorency (IIIe)

     

    Nombreux sont ceux qui se souviennent encore du temps, pas si lointain, où la rue de Montmorency (IIIe), notamment dans sa partie "Est", comprise entre la rue Beaubourg et la rue du Temple était une véritable ruche. Le fondeur de métaux précieux côtoyait les ateliers d’orfèvres non loin de l’Ecole de la Bijouterie et de l’Ecole des Impôts (notre article du 23 juillet 2013 ). Un argenteur exposait de magnifiques pièces dans sa vitrine et les bijoutiers pouvaient se fournir en outils et pièces dans un magasin très connu pendant qu’un établissement coté restaurait ses clients. Les allers et venus incessants des camions chargés de métaux précieux, les élèves des écoles et les artisans qui s’activaient quotidiennement ont disparu.

    Aujourd’hui cette section de la rue de Montmorency est devenue en miniature ce qu’est devenu le quartier sans les  musées néanmoins. Effectivement les immeubles du fondeur de métaux (le Comptoir Lyon- Alemand Louyot et Cie) qui comprenaient aussi l’Hôtel d’Hallwyll (notre article du 16 janvier 2013) ont  été transformés en résidences privées. Les joailliers, argenteurs et bijoutiers (souvent en étage) ont disparu et ont fait place aussi à des appartements d'habitation. Les écoles ont été transférées en d’autres lieux. Les locaux de l’une sont en cours de modification en logements sociaux et en crèche, l’autre établissement est devenu un ensemble de bureaux offerts à la location.

    Make-up-bar-maquillage-privatisable-tres-coco-L-3WUUgT
    Le Bar à maquillage "Makeup Me" 12, rue de Montmorency (IIIe)

     

    Seuls subsistent le magasin de fournitures et outils pour bijoutiers–joailliers, la maison Pouget aux numéros 15 et 20 et cette façade hideuse et taguée qui a remplacé le restaurant coté (voir nos articles des 31 mars 2010 et 27 décembre 2012), on se demande d'ailleurs combien de temps encore cette lêpre va être maintenue ?

    Quant aux autres boutiques elles sont devenues pour l’une ( N°12 ) un Bar à Maquillage "Makeup Me" très tendance résultant d'un concept nouveau en provenance de New York, ce qui devient une prérogative fréquente du quartier ( voir notre article du 21 septembre 2013 sur le bar à chats ouvert dans le Marais, le 1er à Paris et même en France). D’autres sont devenues des magasins de mode dont un à l'enseigne Pierre et Georges (N°12) qui réalise des vêtements sur mesure et un autre sous forme de concept store appelé "Code Couleur" (N°6).

    Le Marais se spécialise en effet de plus en plus dans la mode et son attractivité ne se dément pas sur ce plan. On trouve aussi une nouvel établissement d'enseignement l' Ecole des Spas et Instituts au N°24, ce qui est assez inattendu en ce lieu, une  agence immobilière au N°18 et tout à côté une galerie d’art Métropolis (N°16), sans oublier le cabinet d'architecture qui a installé ses bureaux au 19. Enfin quelques boutiques de grossistes en breloques continuent à alimenter des commerçants ambulants. 

     

    Tb_showroom-mariage-net_3_106411Boutique "Pierre et Georges" 12 rue de Montmorency (IIIe)


    Le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, dans sa version révisée qui verra le jour probablement en janvier 2014 y met aussi son grain de sel. Tel atelier qui figurait en jaune ou en orange dans le plan de 1996, donc démolissable, a désormais droit de cité. Il en est ainsi de l'ancienne fonderie d'or du 14 qui porte en elle une histoire fabuleuse. Elle est désormais le siège d'une société de rénovation immobilière qui a beaucoup contribué à faire du Marais ce qu'il est aujourd'hui.

    Excepté de rares affaires qui se sont maintenues, les immeubles qui n’ont pas changé d’aspect, les activités qui faisaient l’animation de la rue et du quartier sont parties ou ont été supprimées. Sans nostalgie aucune, il est intéressant de constater combien peut changer un quartier en l’espace de 20 ans, fruit des tendances, de la mode, des changements d’habitudes et des modes de consommation des habitants qui ont investi les lieux mai aussi de la flambée de l'immobilier.

    Cette section de la rue de Montmorency est en elle-même un petit résumé visuel de l’évolution récente du Marais.

    Dominique Feutry

     

  •  

    IMG00221-20131005-1156

    Entrée rue Michel Le Comte du seul gymnase municipal du IIIe arrondissement

     

    Dans un climat plus serein que certaines séances passées, le conseil de quartier Saint Avoye de rentrée s'est tenu en Mairie du IIIe arrondissement le 1er octobre.

    Une présentation du Centre médical "Maire Volta" (4, rue au Maire IIIe) faite par sa directrice nous a appris que cette structure se trouvait parmi les 6 existant à Paris. 22 médecins généralistes et spécialisés consultent en semaine jusqu'à 17h30 sauf le samedi. 20 000 consultations sont attendues pour 2013. Ces centres sont financés par la Mairie et la Sécurité sociale mais aucun chiffre n'a été communiqué sur ce plan…

     

     
    IMG00217-20131005-1155 (1)Nouvelle insatallation de structures servant à stationner les  bicyclettes rue Michel Le Comte (IIIe)

     

    Le Délégué aux Sports de la Mairie et la Responsable de l'Office du Mouvement Sportif du IIIe arrondissement ont détaillé l'organisation du sport offert aux habitants. Nous apprenons que si les disciplines sportives pouvant être pratiquées sont assez nombreuses, en revanche le quartier manque cruellement d'installations. Il n'y a qu'un seul gymnase (rue Michel Le Comte) et ce manque est pallié de façon partielle par la location de ceux installés dans les lycées et écoles. Certes le nouveau Carreau du Temple va amener des salles supplémentaires mais en ce domaine le choix des investissements opérés par les élus pour remédier à cette pénurie est sujette à critique…

    La question des pigeons qui empoisonnent les environs immédiats de Beaubourg ont donné lieu à quelques échanges pointus démontrant que malgré des annonces et des réunions la situation n'avait pas évolué d'un pouce, le nourrisseur visé (notre article du 27 novembre 2012) agissait toujours en toute impunité ! L'administration et les autorités montrent une certaine impuissance sur ce dossier alors que des questions de santé publique sont en jeu.

     

    Beau_pigeons2Les pigeons pullulent le long de l'atelier Brancusi (IIIe)

    Plusieurs propositions ont été présentées pour investir dans le cadre du "comité budgétaire". La réfection des pavés de la rue au Maire a été rejetée au prétexte que ce type d'investissement relevait de la Mairie et non du budget alloué au conseil de quartier. Le représentant des élus du IIIe ne semblait pas de cet avis. Une proposition pour 2014 visant à étudier l'installation de jardins sur les toits plats d'immeubles appartenant à la Ville de Paris a recueilli un écho positif.

     

    Jardin hermès
    Jardin sur le toit de l'immeuble Hermès rue du faubourg Saint Honoré (VIIIe) 

     

    Enfin il a été annoncé l'installation récente d'emplacements de stationnement des bicyclettes devant le gymnase de la rue Michel Le Comte , un endroit particulièrement sale. Toujours à cet endroit, des grilles de 2m50 disposées en carré vont être installées autour de la bouche d'aération située dans l'angle du bâtiment où est se trouve le Centre des Impôts.

    Dominique Feutry

     

  •  

      IMG00216-20131002-0811             Façade de la station service- parking  16, rue Saint Antoine (IVe) 

     

    Bien pratique à cet endroit très passant, la station service du 16, rue Saint Antoine (IVe) fait partie du paysage du quartier et se signale par ses deux pompes à essence situées sur le bord du trottoir. La station abrite aussi un parking de 500 places. Peu de conducteurs qui y stationnent, s'approvisionnent en carburant ou qui passent en ce lieu, peu de piétons qui empruntent cette voie, imaginent qu'ils côtoient une véritable bombe à retardement. On peut en effet s'interroger sur son installation à cet endroit lorsque l'on sait que la citerne est à l'intérieur du bâtiment.

     

    12052011192

     

    Or pour la remplir, les camions citernes sont tenus de franchir un porche puis de s'enfoncer au coeur de l'immeuble via un long corridor étroit (cf photo accompagnant l'article). Pendant le remplissage le risque d'explosion est maximum pour la centaine de résidents occupant la copropriété. Si une explosion se produisait à l'instar de catastrophes passées qui ont fait de nombreux morts, le nombre de victimes pourrait s'avérer extrêmement élevé, aggravé par la densité de la population présente, par la forte fréquentation dans cette zone et la présence d'une école de 2 000 élèves située juste en face dans l'Hotel de Mayenne (voir notre article du 14 septembre 2012). Nous ajouterons les risques de pollution de l'air, des personnes et des sols.

     

    IMG_2227 DFLa station service 46, rue des Archives (IVe) préparant un concert pour le soir  

     

    Une situation comparable quoique moins sensible est a signaler au 46 de la rue des Archives (IVe) où la station service est en plein coeur d'une rue animée de jour comme de nuit. Accessoirement et depuis peu le garage sert aussi curieusement de salle de concert le soir (avec le bruit que l'on imagine imposé aux riverains: "get loud !") et de magasin de ventes éphémères de jour, ce qui attire un important chaland accroissant le nombre de victimes potentielles en cas d'explosion.

    Si ces 2 implantations sont très anciennes, comment se peut-il, face à une réglementation sévère, qu'elles puissent encore en ces lieux si exposés distribuer du carburant … ? Mais nous dira-t-on si toutes les stations services sont considérées comme dangereuses dans les centres villes, alors il ne sera plus possible de s'approvisionner en carburant. Nous répondons que la législation déjà sévère devait être renforcée par le précédent gouvernement (doublement de l'épaisseur des parois de cuves …), il n'a pas été donné suite aux mesures prévues ! Pourtant si des évolutions réglementaires ont été envisagées c'est bien qu'il y a problème !

    Préfère-t-on privilégier le commerce au détriment de la sécurité des personnes et des biens ? Les responsables de la prévention de ces risques feraient bien de mettre ce dossier parmi leurs priorités. L'explosion récente, lors de travaux dans un garage, d'une cuve pourtant vide qui s'est produite rue d'Enghien (Xe) provoquant 3 morts, un disparu et un blessé grave, vient de rappeler malheureusement la dangerosité de ces installations.

    Certains se souviennent de l'incendie de la station service du 42 rue Beaubourg (IIIe) où un pompier avait perdu la vie. Une plaque apposée sur l'immeuble est là pour nous le rappeler. 

    Dominique Feutry

     

  • Perle 1 hôtel musée bricard

    L'ex-musée Bricard, 1 rue de la Perle (IIIe) – Photo VlM prise depuis la maison de retraite qui lui fait face. On doit ce monument historique construit en 1685 à l'architecte Libéral
    Bruant (article du 26 décembre 2012). Il était connu jusqu'au début des
    années 2000 pour abriter le musée de la serrurerie.

     

    La nouvelle nous vient de Danièle Pourtaud, Adjointe au Maire de Paris pour le Patrimoine et membre de la "commission du secteur sauvegardé" du Marais : la création d'une terrasse fermée sous les arcades de la place de Thorigny vient de faire l'objet d'un arrêté de refus du Maire de Paris.

    A l'origine de la demande, une déclaration préalable de travaux déposée au
    début de l'été auprès de la direction de l'urbanisme de la Mairie de
    Paris, pour un bar-restaurant en cours de création à l'angle de la place de Thorigny et de la rue Elzévir, avec réalisation d'une terrasse privée sous  les arcades.

    Cette  place est au coeur d'un ensemble patrimonial d'une exceptionnelle richesse, avec à cinquante mètres l'hôtel de Fontenay, dit "hôtel Salé" qui abrite le musée Picasso en cours d'extension et tout contre l'ex-musée Bricard qui borde la place.

    Les habitants autour de la place de Thorigny, apprenant lʼouverture prochaine dʼun bar sur ce site, expriment le désir que le calme soit respecté par cet établissement. Il n'y a de leur part aucun procès dʼintention, mais lʼexpérience montre, notamment avec la brasserie "La Perle", que la clientèle qui nʼhabite pas le quartier se sent complètement indifférente aux troubles quʼelle provoque.

    En attendant de pouvoir juger, ils se réjouissent que le paysage de la place soit désormais protégé de l'arrivée d'une nouvelle terrasse marchande et organisent un collectif d'habitants qui sera attentif au respect de la tranquillité des riverains. 

    Gérard Simonet

     

     



  • IMG00089-20130822-1924

    L'homme au chapeau melon

     

    Nous évoquions dans deux articles ( 23 mai et 13 juin), la courte vie de deux potelets magnifiquement "humanisés" devant le magasin de chaussures homme dénommée  "L'échoppe de Black Dandy" situé au 23 rue des Blancs Manteaux (IVe). Tous deux avaient été gommés par le pinceau de l'employé municipal chargé de repeindre en marron tous les potelets de la rue sans distinction. 

    Quelle ne fut pas notre surprise de retour de congé de découvrir que les potelets étaient réapparus avec d'autres atours, encore plus riches et plus attractifs, tous deux coiffés d'un chapeau.

     

    IMG00084-20130820-1944

     

    Nous savons que cette réalisation est l'oeuvre du responsable du magasin.

    Bravo l'artiste car nous restons pantois face à un tel tour de main, et une telle délicatesse! Espérons que ces potelets "customisés" ne subiront pas le même sort que leurs prédécesseurs et que d'autres peut-être, habilement transformés viendront, les rejoindre. Espérons aussi que que cette initiative ne serve pas d'incitation à des transformations facétieuses et de mauvais goût à l'encontre du mobilier urbain et de la signalétique de la Ville.

    Dominique Feutry 

     

  • Paris_3_hotel_de_montmorency_1
    Hôtel Thiroux de Lailly, 5 rue de Montmorency (IIIe)

     

    Au N° 5 de la rue de Montmorency (IIIe), est bâti l’Hôtel Thiroux de Lailly appelé souvent Hôtel de Montmorency car il est situé à l’emplacement même d’un Hôtel plus ancien qui a appartenu à la maison de Montmorency et où a habité quelque temps le célèbre Nicolas Fouquet.

    Cet ensemble de facture classique a été construit de 1739 à 1741 pour Jean-Louis Thiroux de Lailly, Fermier des Postes (le fermier achetait au roi le droit exclusif d'exploiter les Postes et d'en percevoir les revenus). On doit sa conception à l’architecte Michel Tannevot (1645-1762), fils de Claude qui fut Inspecteur des Bâtiments du Roi. Michel Tannevot qui devint architecte du roi a laissé plusieurs hôtels particuliers notamment les plus importants qui sont situés rue des Capucines, rue Cambon, rue du Faubourg Saint Honoré et rue Richelieu. C’est à lui que nous devons aussi l’immeuble de rapport qui se trouve à l’angle des rues du Temple et du 1 rue de Montmorency. 

     
    LadouimagesCAL6ASO9 Le fronton du château de Ladoucette à Drancy (1870)

                

    L’Hôtel Thiroux de Lailly fut loué après la Révolution, notamment au Directeur des Douanes et il fut acquis par l’Etat en 1951. Il le fit restaurer pour y installer l’Ecole Nationale des Impôts après qu’il ait abrité l‘Ecole Nationale de la Statistique et des Etudes Economiques (ENSAE). Devenue en 2010 Ecole Nationale des Finances Publiques établie principalement à Noisiel, l'Ecole des Impôts qui avait remplacé l'ENSAE a depuis quitté les lieux. Aussi ces locaux repris par des investisseurs privés sont-ils aujourd’hui à usage de bureaux.

    280px-WaddesdonManor Waddesdon Manor 

               

    Le bâtiment est sobre presque strict, il présente une façade ornée d’un joli fronton triangulaire néoclassique soutenu par des pilastres. Il ressemble à celui du château de Ladoucette à Drancy. Le décor intérieur, très modifié au cours du temps, comporte de très belles boiseries dues à Nicolas Pineau, certaines ayant été installées à Waddesdon Manor, la propriété des Rothschild en Grande-Bretagne. La cour de l’immeuble qui garde une fontaine de Pineau ainsi que ses façades et ses deux volées d’escalier sont classées depuis 1925. Soulignons la taille imposante du portail très sobre lui aussi.

    Il n’est pas possible de visiter l’immeuble mais on se rend compte de son importance en longeant le mur d’enceinte sur rue dans lequel se trouve un très joli et imposant portail.

    Dominique Feutry

     

     

  •   

    Article_10072013-INCENDIE-HOTEL-LAMBERT-4
    Le toit fumant encore de l'Hôtel Lambert à la pointe de l'Ile Saint Louis (IVe) le matin du 10 juillet 2013

     

    L’incendie de l’Hôtel Lambert qui s'est déclenché le 9 juillet dernier a provoqué un émoi à la hauteur de l’intérêt historique de cet édifice exceptionnel situé à  la pointe de l’Ile Saint Louis proche du Marais dont elle ne fait pas partie. Ce drame est un événement qui ne peut pas laisser indifférent même si il n'y a eu à déplorer heureusement aucune victime humaine. Mais ce qui est parti en fumée a bel et bien disparu et les dégâts collatéraux sur ce qu’il reste sont significatifs. Il est déjà envisagé pas moins de 2 ans de restauration sur laquelle se sont engagés les propriétaires et l’Etat. La perte majeure semble être ces fameux décors d’un cabinet réalisés par Eustache Lesueur au XVIIe siècle. Un escalier aussi se serait effondré…L’architecte en charge de la rénovation de l’Hôtel veut rester optimiste indiquant que tout n’était pas détruit et que les murs allaient sécher doucement afin que les décors n’éclatent pas.

    Classé monument historique en 1862, représentant 4000 m2 de superficie, l’Hôtel Lambert qui doit son nom à son commanditaire, le secrétaire de Louis XIII, a été construit en 1640 par Levau que l’on retrouve à Vaux-le-Vicomte et à Versailles. Les plus grands artistes de l’époque ont travaillé sur ce chef d’œuvre. Outre Le Sueur, Charles Le Brun y peignit les peintures de la galerie d’Hercule. En dehors de différents cabinets (cabinet des Muses, cabinet de l’Amour. ..) datant de cette époque, il existe encore de nombreux plafonds à solive. Des témoins du XVIIe siècle rares à Paris. Des transformations ont eu lieu au fil du temps dont des appartements néogothiques aménagés sous les combles qu’occupa Michèle Morgan. Voltaire y séjourna, l’édifice appartenait alors au marquis du Châtelet, le mari de la célèbre femme éponyme.

     

    Hotellambert-salon
    La galerie d'Hercule peinte par Le Brun qui serait épargnée

    De grandes fêtes y furent données, Lamartine, Balzac, Chopin, Georges Sand s’y rendaient fréquemment. Les célèbres fêtes données au siècle dernier par le baron Redé notamment celle de décembre 1969, appelée le « Bal oriental » fut une des dernières grandes manifestations mondaines de grande ampleur organisées dans ces lieux. On rapporte que des éléphants en papier mâché accueillaient les invités dans la cour de l’hôtel. Des « esclaves noirs » torse nu portaient des torches dans le grand escalier menant à la salle de bal, tandis que des automates jouaient de différents instruments disposés dans galerie d'Hercule…

     

    ImagesCAHT9L4B
    Détail d'une partie des peintures de Lesueur détruites

    Racheté en 1975 par Guy de Rothschild, l’Hôtel a été acquis en 2007 par la famille al-Thani apparentée à l’Emir du Qatar. En travaux depuis lors, les difficultés et la polémique ont émaillé cette période, le parking souterrain comme d’autres demandes, contraires à l’intérêt de l’édifice, ayant été refusés par la Ville de Paris. Dès fin 2008 (voir notre article du 23 décembre) nous évoquions « la tempête » déclenchée par les projets d’aménagement des nouveaux propriétaires.

    Nous osons croire que ce pénible et triste épisode servira à démonter qu’une vieille dame telle que cette bâtisse du XVIIe siècle ne se traite pas comme n’importe quelle construction dépourvue d’histoire et de riches témoignages du passé. Aussi souhaitons-nous que la restauration soit à la hauteur de l’enjeu.

    Dominique Feutry

  • Braque 4 portail 21 06 13Portail de l'immeuble, 4 rue de Braque (IIIe)

     

    Les deux immeubles symétriques des 4 et 6 rue de Braque datent de 1733 et sont l’œuvre du maître-maçon Pierre Caqué et de l'architecte  Victor-Thierry Dailly.

    Ils se distinguent par la beauté de leurs portails dont les vantaux sont finement sculptés, par la légèreté  de leurs balcons aux garde-corps en fer forgé élégamment galbés. Des consoles ornées de têtes de béliers et de vieillards barbus complètent l'ornementation des façades. La hauteur sous plafonds et la taille des ouvertures donnent un caractère majestueux à l'ensemble qui occupe plus de la moitié de la rive paire de la rue.

    Braque 4 et 6 façades 21 0 13La rue de Braque, en direction de la rue du Temple. A droite, les deux immeubles

    Le joyau de la résidence est l'escalier d'honneur dont seul celui du 4 a été conservé.

    Braque 4 escalier monumentalEscalier monumental qui dessert le 4

     

    Eu égard à la richesse architecturale des bâtiments, on se réjouit que la décision ait été prise par le propriétaire d'investir dans leur mise en valeur. Il y aura ravalement des façades, changements de menuiseries et rénovation de l'escalier monumental (qui ne se visite pas malheureusement)

    Ces deux immeubles sont une partie d'un ensemble immobilier qui a appartenu à la famille de Gallard Terraube, puis à ses héritiers. Il incluait deux autres immeubles situés aux 3 et 5 rue des Haudriettes.

    Haudriettes 3 cambriolage 05 12 12Les deux immeubles des 3 et 5 rue des Haudriettes, le 5 décembre 2012, jour du cambriolage avec meurtre de la fonderie d'or du 3 (Photo VlM)

     

    C'était à l'origine des "immeubles de rapport". En 2001, pour développer son parc de logements HLM, la Mairie de Paris faisait l'acquisition du tout auprès de la famille, pour l'ensemble résidentiel Braque/Haudriettes. Le montant de la transaction pourrait s'être situé entre 300 et 400 millions de Francs, dont 127.03 millions précisément pour la part "Haudriettes", de loin la plus modeste (délibération Conseil de Paris  – 2001).

    La gestion en était confiée au bailleur-social SAGI, qui d'emblée finança pour les 3 et 5 rue des Haudriettes, une vague de travaux qui s'imposaient, notamment l'installation d'ascenseurs. La cohabitation qui en est résultée entre locataires d'origine qui paient un prix de marché et locataires sociaux nouvellement arrivés n'a pas été sans heurts mais il serait exagéré de parler aujourd'hui de tensions graves. La gestion a été transférée depuis à un autre bailleur social, la RIVP (régie immobilière de la ville de Paris), dont le Maire du IIIe est Président.

    Nous perdons le fil en revanche pour la partie Braque. La SAGI n'en a pas conservé la gestion. En effet, la demande de travaux déposée à la Direction de l'Urbanisme est signée aujourd'hui par la SNI (Société Nationale Immobilière), filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations. C'est donc qu'il y a eu transfert de propriété depuis cette date. La SIN est le plus gros acteur en France dans le domaine du logement social avec 300.000 immeubles gérés.

    Peut-être s'est-on opportunément demandé s'il était décent de laisser la gestion de ces immeubles prestigieux à un bailleur-social ordinaire comme SAGI ou RIVP, connus à Paris pour gérer des HLM. On a affaire ici à de véritables monuments qui hébergent des personnalités ou des entreprises disposant de larges moyens financiers. SNI, en dépit de sa position de numéro 1 dans le logement social en France, est une enseigne beaucoup plus discrète à Paris. Il peut y avoir d'autres raisons. Nous saurons gré à quiconque nous apportera des éclaircissements à ce sujet.

    Ces commentaires n'affectent en rien l'immense satisfaction que nous éprouvons à savoir que des œuvres classées de cette qualité vont être réhabilitées. Une touche d'amertume cependant : que n'autorise-t-on le public à entrer pour admirer le vestibule et l'escalier d'honneur, surtout après leur restauration ? Juste retour des choses car Il ne serait pas étonnant que d'une manière ou d'une autre le contribuable parisien ait eu à mettre la main à la poche pour payer ces travaux !

     

  • Mairie IV vue générale Mairie IV vue générale
                                                        
    Mme François Berthet, commissaire-enquêteur, a terminé son rapport sur l'enquête publique qui a été ouverte à propos du dossier de révision du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais.

    Le document est disponible à la mairie du IVe arrondissements et sur le site de la Préfecture de Paris Île de France. Vous y trouverez la synthèse des observations qui ont été formulées par les citoyens concernés.

     

  • Musée picasso travaux côté jardin
    Musée Picasso, l'état actuel du chantier (photo VlM)

     

    Un article de notre blog daté du 25 novembre 2012 faisait le point sur le déroulement des importants travaux engagés au Musée Picasso. En réaction à cet article nous avons publié un article intitulé « Halte au feu ! » sous la signature de Jean-François Leguil-Bayart, directeur de recherches au CNRS.

    Monique Saliou, Adjointe au Maire du IIIe, lui avait répondu dans un commentaire qui a été publié également sur le blog à la suite de l'article.

    Nous venons d’être informés que Mme Marie Leclerc, « Chargée de Publics Accessibilité » du Musée, venait d’écrire à M. Bayart, en réponse à des questions qu’il avait posées, ce qui constitue une sorte de suite aux deux précédentes communications que nous avons faites. Nous pensons, en accord avec le destinataire, qu’il est opportun de publier, ci-après, in extenso, les réponses apportées.

    «Cher Monsieur,

    Je me permets de vous écrire pour vous donner quelques éléments de réponses sur les questions que vous m'aviez posées lors de votre visite à l'espace de préfiguration du Musée Picasso Paris samedi dernier.

     - Concernant l'aile technique, qui borde le jardin du musée et celui de la rue Vieille du Temple

    L'emprise au sol du bâtiment ne changera pas, mais il sera surélevé (à peu près à la hauteur des tags "bleus"). Les matériaux employés seront ceux du vocabulaire architectural parisien (ardoise, zinc, pierre). Les travaux ont commencé il y a deux semaines et devraient durer environ 1 an.

    – Les arbres du jardin du musée

    Les arbres étaient plantés sur le toit de l'aile technique, et ont donc dû être enlevés pour permettre la réalisation des travaux. Si l'un était en effet beau, les autres étaient malades. La reconfiguration du jardin du musée va de pair avec un travail paysager et la plantation de nouveaux arbres. L'esthétique générale de cet espace devrait donc être, à terme, tout à fait satisfaisante.

     - Concernant le stationnement des bus aux abords du musée

    Des discussions sont en cours avec la Ville de Paris à ce sujet, afin de déterminer quelle solution serait la plus satisfaisante.

    Espérant répondre à vos interrogations,

    Bien cordialement »


    De son côté, Jean-François Leguil-Bayart revient à la charge avec un réquisitoire argumenté qu'il nous  demande de publier, ce que nous faisons bien volontiers avec l'illustration qu'il nous a confiée. Lettre M. Bayart du 07 06 13.



    Vieille du temple 95 pizzeria pink flamingos 12 06 13Pizzeria Pink Flamingo, 95 rue Vieille du Temple (IIIe), 18h00. A partir de 19h00 la terrasse s'étale de part et d'autre du magasin. Les piétons sont forcés d'emprunter la chaussée elle-même rétrécie par les tavaux du musée Picasso (Photo et légende JF Leguil-Bayart)

     

    Comme l’atteste la photographie qui illustre cet article, les travaux du musée sont loin d’être terminés. Augurons simplement qu’il pourra rouvrir à la date prévue, c’est –à-dire le 1er octobre prochain, après une bien longue fermeture aux yeux des amoureux du peintre.

    Dominique Feutry