Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

  •  arbres

    Nous avons rappelé dans un article en date du 26 juillet dernier que notre quartier méritait davantage de verdure qu'il n'en disposait actuellement. Madame Monique Saliou, Adjointe au Maire du 3e en charge de l’Espace public, a souhaité apporter la réponse ci-dessous que nous publions dans son intégralité.

    "J’ai souhaité réagir à l’article intitulé « La verdure dans le Marais » dans lequel se trouve l’idée que nous (le 3e arrondissement) serions les enfants pauvres de Paris en matière de verdure. Je me réjouis que la préoccupation de son auteur rejoigne la mienne : nous avons besoin, à Paris, de ces lieux de calme et de sérénité que sont les espaces verts. Sommes-nous si mal lotis dans le Marais ? Je rappelle que la Ville, dans son ensemble, a fait de gros efforts pour améliorer le cadre de vie de tous. Les Parisiens disposent de 480 parcs et jardins, et depuis 2001, 32 hectares d’espaces verts nouveaux ont été livrés. Le 3e comptabilise, quant à lui, 5 jardins (Hôtel Donon, Archives Nationales, Musée Carnavalet, Anne Frank, Madeleine de Scudéry) et 6 squares (du Temple, Emile Chautemps, Georges Cain, Léopold Achille, Léonor Fini, Pauline Roland). Parmi ceux- ci, trois au moins ont été ouverts récemment : le jardin Anne Frank qui offre aux enfants du quartier un lieu de jeu particulièrement bienvenu dans une partie très minérale de l’arrondissement ; le jardin Madeleine de Scudéry ouvert en 2009 ; le jardin des Archives Nationales réouvert en 2012. Enfin les amateurs de jardin peuvent exercer leur passion dans deux jardins partagés, le Potager des Oiseaux et le jardin partagé Anne Frank. J’ajoute que dans ce quartier chargé d’histoire et où les contraintes architecturales sont fortes, ma préoccupation constante est de protéger le passé tout en répondant aux exigences du présent. Les aménagements réalisés visent l’adaptation de nos espaces verts aux besoins des familles et aux aspirations diverses de la population, de tous âges, qui fréquentent, nombreuse, nos jardins toute l’année et toute la journée. Je rappelle, à cet égard, que les horaires de fermeture du jardin Anne Frank ont été étendus l’hiver pour répondre aux besoins exprimés par les associations et les conseils de quartier. Ultime cause dé fierté, le square du Temple, vient de remporter le prix de la décoration durable, lors du dernier concours parisien des espaces fleuris.

    Monique SALIOU, Adjointe au Maire du 3e en charge de l’Espace public

     

    Arbres à fleurs dans Paris au printemps

                                             Paulownias en pleine floraison

    Nous remercions Madame Saliou, lectrice de notre blog, pour sa réponse qui rappelle effectivement toute l'importance des espaces verts. Certaines imprécisions ont pu ainsi être corrigées notamment quant au nombre d'espaces verts situés dans le 3e arrondissement. Nous pensons que Paris comme beaucoup de villes ont fait des efforts sur ce plan mais que la tâche n'est pas terminée pour autant. Nous estimons en particulier que nos rues, placettes et certains espaces adaptés devraient être davantage plantés d'arbres. Quoi de plus harmonieux que des rangées d'arbres qui embellissent l'espace urbain ? Agréables à l'oeil, ces plantations participent à l'amélioration de l'hygrométrie et de la qualité de l'air en absorbant le CO2. Elles agrémentent nos quartiers et sont aussi le signe d'une réelle prise en compte des enjeux écologiques. Des actions ont été menées en 2002 dans la rue Beaubourg par exemple qui a reçu des chênes verts, mais ils ne sont plantés que de façon parcellaire et pas sur toute la longueur de la rue. Signalons que ce type d'arbre ne perd pas ses feuilles en hiver. Alléchés par ces initiatives d'alors, les parisiens auraient aimé qu'il y en ait beaucoup plus.

      Arbres rue Beaubourg

    Malheureusement cette première action n'a pas été suivie de suffisamment d'autres aussi visibles, tout le moins dans notre secteur. Or les statistiques de la Mairie de Paris qui possède cinq Divisions des Plantations indiquent qu'au-delà des remplacements, 9000 arbres supplémentaires sont plantés chaque année dans la Ville. Bien sûr, nous connaissons et imaginons assez bien les contraintes techniques qui peuvent exister. Un arbre ne peut pas être planté n'importe où ! Entre les câblages et tuyaux souterrains, les lignes de métro, le mobilier urbain, la largeur insuffisante des trottoirs ou des rues, les risques liés à la croissance des arbres et de leurs racines, les contraintes sont nombreuses.

                              La rue de Turenne entre la place des Vosges et la

     rue de Bretagne serait transformée avec de arbres

    Nous savons aussi que le si bel exemple de plantations réussies rue du Trésor ne peut pas être dupliqué partout. Toutefois, sans vouloir transformer toutes les rues du Marais en espaces forestiers, nos élus doivent être particulièrement vigilants dans ce domaine. L'attente des parisiens de notre quartier de pouvoir disposer de davantage de verdure, en complément de celle déjà offerte par les parcs et jardins et les fleurissements installés ici ou là, est réelle. Alors plantez-nous encore des arbres !

    Dominique Feutry

     

     

  • Pastourelle 17 entrée ruelle sourdis

    La ruelle Sourdis, qui prend sa source rue Pastourelle (IIIe) entre les n° 15 et 17, dans le prolongement de la très discrète rue de Beauce, et débouche après un coude à gauche sur la rue Charlot, le long du n° 7

              

    La restauration de l'hôtel de Sabran aura donné du fil à retordre aux Bâtiments de France. Ce n'était pas chose aisée de sauvegarder un immeuble du XVIIème siècle qui, au milieu du XIXème a été dévolu au commerce, a subi des destructions, surélévations et amputations diverses pour finir dans les mains des établissements Janvier-Gruson, graveurs-estampeurs, autour de 1920. Un projet de réhabilitation a pourtant été approuvé il y douze ans environ. Il ne s'agissait pas d'une restauration fidèle des bâtiments d'origine mais d'un compromis qui sans être parfait respectait de notre point de vue le caractère et le style du Marais.

     

    Pastourelle 17 cour intérieure 15 10 12 Cour pavée et corps de logis principal. Fenêtres à crossettes XVIIème

                                

    Un étage surélevé au XIXème à été supprimé. Le style des fenêtres est conservé, l'escalier intérieur, l'un des plus anciens du Marais, et sa rampe en fer forgé ont été mis en valeur avec goût.

     

    Pastourelle 17 escalier 15 10 12

     

    Les tourelles et la structure en encorbellement sur la ruelle Sourdis nous ont longtemps interpellés. Depuis l'année 2000, on observait, au-delà d'un portail métallique souvent fermé, qu'elles étaient inachevées. Il en était de même du mur sur rue et du portail en bois. Conséquence d'un litige entre le promoteur de la rénovation et un groupe de propriétaires minoritaires, convaincus d'avoir été lésés. Les choses sont restées en l'état pendant dix ans et plus.

     

    Pastourelle 17 façade 15 10 12

     

    Le Maire du IIIe lui-même s'est efforcé de jouer les conciliateurs. Nous nous souvenons d'une réunion en mairie présidée par son jeune Adjoint à l'urbanisme de l'époque, Oliver Ferrand, à qui nous rendons hommage, devenu par la suite président de "Terra Nova", puis député d'une circonscription des Bouches-du-Rhone en 2012, avant de disparaitre brutalement d'une crise cardiaque dans ses quarante ans en faisant son jogging. Il avait essayé sans succès d'accorder les parties en présence pour que soit enfin terminé un chantier dont l'état faisait injure au quartier.

    L'accord a fini par se faire en 2011/2012. Il faut s'en réjouir car le paysage de la rue, qui a beaucoup bénéficié des rénovations de tous les immeubles qui la bordent, de la poste et des bâtiments de France Telecom de la rue des Archives toute proche jusqu'au carrefour de la rue du Temple, se révèle miraculeusement accueillant. La propreté retrouvée des murs de la poste, envahis il n'y pas si longtemps par des tags ignobles, n'y est pas étrangère.

    Il reste une curiosité : le portail du 17. Tel qu'il est, il semble être encore à l'état brut, en attente de traitemement ou de peinture.

     

    Pastourelle 17 portail 15 10 12

    Questionnée sur le sujet, Sophie Hyafil, Architecte des Bâtiments de France, aurait décrété : "n'y touchez pas, il doit rester dans son jus", pour signifier qu'il avait toujours été dans cet état. Connaissant ses exigences, qui généralement nous protègent des facéties de ceux qui n'en veulent faire qu'à leur tête, nous acquiesçons, tout en doutant, la connaissant, qu'elle ait pu faire usage de cette expression quelque peu triviale.

    Gérard Simonet

     

    Pour tout savoir sur l'histoire de l'hôtel de Sabran :

    – Jacques Hillairet, Evocation du Vieux Paris  – Minuit

    – Alexandre Gady, Le Marais, Le Passage

    – Danielle Chadych, Le Marais, Parigramme

     

     

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                             Vue du marché et de l'Estaminet ds Enfants Rrouges (IIIe)

     

    Situé au 39 rue Bretagne (IIIe) et bénéficiant de deux autres entrées, rue de Beauce et rue Charlot en plein quartier du Marais dit "Bobo", le Marché des Enfants Rouges, enchâssé, voire presque caché, entre des immeubles, est une véritable institution. Près de son emplacement actuel existait depuis 1536 et jusqu'en 1772, l'Hôpital-Orphelinat des Enfants Rouges créé par la soeur de François Ier. Cet établissement recueillait des orphelins de l'Hôtel Dieu. Ces derniers, vêtus de Rouge en signe de charité chrétienne, ont finalement donné leur nom au marché.

    Le Marché des Enfants Rouges est né en 1615 par lettres patentes de Louis XIII. En effet, le quartier prend alors de l'importance et il est nécessaire d'installer un marché. Le Petit marché du Marais était au départ une halle en bois reposant sur 16 piliers de chêne. Il est équipé d'un puits,  puis d'une étable dite "vacherie" comprenant 12 vaches qui donneront leur lait au quartier jusqu'en 1914. Devenu Marché du Marais du Temple. Passant entre les mains de différents propriétaires dont l'astronome de Louis XIV  Jean-Dominique Cassini, objet de spéculations qui n'ont jamais pu se réaliser, le marché qui entre temps a pris le nom de Marché de Beauce puis de Marché des Enfants Rouges, sera cédé à la Ville de Paris en 1912. Son classement à l'ISMH (inventaire supplémentaire des monuments historiques) est intervenu en 1982.

     

                     

                        (Vers 1900)     Entrée rue de Bretagne     (Actuellement)

     

    Aujourd'hui la polémique des années 90 née de la fermeture du marché pour le transformer en parking, crèche et biblothèque est oubliée. Sans la volonté des habitants du quartier et du maire actuel du IIIe arrondissement, ce lieu aurait disparu. Le plus ancien marché de Paris entièrement rénové par l'architecte Florence Bougnoux a rouvert ses portes en 2000, il était fermé depuis 6 ans. Quelques camelots s'étaient installés en attendant, rue de Bretagne, le long du square du Temple.

    Après un début difficile le marché est aujourd'hui extrêment dynamique et un lieu de rassemblement prisé, notamment le dimanche à l'heure du déjeuner où les allées bordant la vingtaine de stands sont souvent bondées. Chacun a le choix entre les plats exotiques (japonais, marocains, libanais, italiens, grecs, antillais), les produits bio et provençaux, le fromager, les fleuristes, les maraîchers, le poissonnier, le charcutier du terroir, les pâtisseries artisanales, la vente de vins, le boulanger et même un commerce de vieilles photographies qui a remplacé un torréfacteur.  

     

    Le potager des oiseaux

     

    Bien entendu le marché compte aussi un restaurant bien connu des habitants du quartier, l' Estaminet des Enfants Rouges où il est possible de se restaurer, comme le propose aussi un certain nombre de stands où sont installés des tables, des chaises et des bancs. Enfin, il ne faut pas oublier de jeter un oeil du côté de la sortie rue de Beauce. Le passage qui relie le marché à cette rue est agrémenté d'un petit square et du Potager des oiseaux, un jardin de 120 m2 de parcelles gérées collectivement par l'Association des Jardiniers du IIIe, chacun des adhérents (environ une soixantaine) pouvant s'exercer ainsi au difficile métier ou passe- temps de jardinier.

    Sans cet ensemble, le quartier des Enfants Rouges ne serait pas tout à fait ce qu'il est aujourd'hui.

    Dominique Feutry

     

  • Ste avoye passage rénové grille 29 09 12
    Entrée du passage Ste Avoye par la grille et la voûte à hauteur du 8 rue Rambuteau (IIIe).

    Finis les tags hideux et hallucinogènes qu'on pouvait voir en passant sur le trottoir. Merci au syndicat des copropriétaires du passage Ste Avoye d'avoir enfin réglé ce problème d'entretien dont on sait qu'il était difficile car plusieurs imeubles, avec chacun leur syndicat de copropriétaires, étaient concernés.

    On se rappellera longtemps son visage d'antan :

    Ste avoye passage tagué
    Il reste à rénover le passage et la voûte côté rue du Temple, qui ne vaut guère mieux. C'est prévu. Nous saluerons son achèvement quand ce grand moment de bonheur sera arrivé. Il faut rappeler que le site, qui est un havre de paix avec sa cour pavée et ses immeubles XIXème siècle, est construit contre des vestiges de la muraille de Philippe Auguste (dont un pan de mur et une tour sont encore visibles rue des Francs-Bourgeois dans l'enceinte du Crédit Municipal).

    Temple ste avoye voûte taguée 29 09 12
    Passage Ste Avoye, voûte d'accès côté rue du Temple

     

    Bien que privés, les passages en question sont largement visibles depuis la voie publique et participent à l'environnement et au paysage de la rue. Rappelons que c'est le cas aussi de l'impasse des Arbalétriers (à hauteur du 38 rue des Francs-Bourgeois – IIIe) dont l'une des rives est minutieusement entretenue (rive Est) et l'autre (rive Ouest) est dans un état scandaleux d'abandon.

    Gérard Simonet


  • Lissac
     

     Le hangar LISSAC, vue prise depuis le 34 rue des Francs-Bourgeois (IIIe)
                                    

    Ils sont une trentaine au sein d'un collectif qui regroupe des habitants des rues des Francs-Bourgeois et Vieille du Temple. Depuis que LISSAC, en 2006, a évacué le hangar que la société d'optique occupait au fond du passage des Arbalétriers (à hauteur du 38 rue des Francs-Bourgeois), ces riverains de longue date pour beaucoup d'entre eux, ne cessent de réclamer l'application des dispositions incluses dans le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais tel qu'il existe aujourd'hui et qui prévoit la démolition du hangar et son remplacement par un espace vert.

    Le plan prévoit aussi la reconstitution des cheminements, l'un au nord vers la rue Barbette, l'autre à travers l'impasse des Arbalétriers où, selon certains chroniqueurs, les sbires du Duc de Borgogne Jean sans Peur massacrèrent sur sa mule le Duc d'Orléans, en 1407. alors qu'il venait de rendre en l'Hôtel Barbette une visite galante à la reine Isabeau de Bavière, épouse du roi Charles VI dit "Le Fou", qui résidait lui à l'Hôtel Saint-Paul.

     

    Arbalétriers contraste droite gauche

     

     

     

    Impasse des Arbalétriers, dont la rive Ouest est honteusement traitée par la copropriété qui en a la charge, tandis que la rive Est est remarquablement entretenue par les propriétaires du 34 rue des Francs-Bourgeois (IIIe)

     

    Ils soulignent que la société LISSAC s'est engagée par contrat avec la Ville de Paris, en 1981, à libérer sous 25 ans l'espace qui leur appartenait et à le céder à la Ville gratuitement sous réserve qu'il soit transformé en espace vert. Condition que le PSMV de 1996 a reprise de manière explicite en excluant toute dérogation ou exécution différée dans le temps (notre article du 24 janvier 2012).

    Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, connait bien cette revendication. Il n'est pas certain qu'il veuille y souscrire totalement, mais son sens de la conciliation pourrait le conduire à recommander une solution de compromis qui ne serait pas forcément catastrophique pour les gens qui vivent sur le site. Tout est dans les détails : si une construction devait remplacer le hangar, tout dépend de son emprise, de sa surface, de sa hauteur et de sa destination. Si toutefois les riverains ont la patience d'attendre 2014, date où le PSMV révisé pourrait voir le jour, en même temps que les élections municipales à Paris comme ailleurs.

    Gérard Simonet

     

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    A l’approche des journées du patrimoine des 15 et 16 septembre prochains, nous enjoignons les inconditionnels du Marais à aller découvrir les deux somptueuses restaurations de deux bâtiments emblématiques du Marais que sont l’Hôtel de Mayenne et l’église Saint Paul-Saint Louis.

    L’Hôtel de Mayenne

     

    Dans un article de Vivre le Marais du 19 février 2012 (voir aussi un article antérieur du 19 novembre 2011), nous indiquions que les travaux de restauration de l’Hôtel de Mayenne, annoncés en novembre 2009 (21, rue Saint Antoine), classé à l’IMH depuis 1974, étaient enfin lancés.

    Deux ans et demi se sont écoulés et nous retrouvons, alors que des bâches le recouvraient jusqu’à peu de temps, un bâtiment remarquable avec tout son lustre d’origine, ce qui en fait un digne pendant de l’Hôtel de Sully, son proche congénère. Pourtant la partie n’était pas gagnée entre les tenants du maintien du pastiche du XIXème siècle (dit parfois « le bouchon ») qui reliait les deux ailes (la Commission de Vieux Paris) et ceux qui souhaitaient sa suppression de façon à redonner à l’ensemble son aspect d’origine (le Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine).

    Le résultat admirable est à la hauteur des enjeux. En effet, nous découvrons, exception faite des constructions de la place de Vosges, un rare exemple d’un hôtel parisien construit en pierre et en brique, dans le style tout à fait caractéristique de la fin du règne d’Henri IV et du début de celui de Louis XIII. Outre la restitution des deux ailes, les opérations ont permis de mettre à jour les deux murs latéraux des avant corps, les deux fenêtres et les deux lucarnes avec toutes les moulures et les sculptures d’origine. Quant au portail, à son revers a été redécouvert le balconnet porté par des consoles sculptées de qualité exceptionnelle. Lorsque le visiteur pénètre à gauche dans la cour, il peut admirer l’ancienne galerie à arcade ouvrant sur l’escalier d’honneur montant à l’étage. A droite, il trouve une intéressante tourelle sur trompe (c’est-à-dire supportée par une portion de voûte tronquée) du début du XVIème siècle.

    Balconnet porté par des consoles sculptées

    Si nous faisons un bref rappel historique, nous apprenons que l’Hôtel a appartenu au petit fils de Saint Louis ainsi qu’à Charles VI (dès 1398). Suite à un duel, un des « mignons » d’Henri III mourut devant la façade principale. Alors dénommé Hôtel de Boissy, c’est de 1567 à 1569 que sont construits le logis et les ailes. Après avoir été la propriété des évêques de Langres, cet ensemble est acheté en 1605 par Charles de Lorraine, duc de Mayenne. Des transformations importantes sont opérées de 1613 à 1617, le nom actuel d’Hôtel de Mayenne date de cette époque, de même d’ailleurs que les croix de Lorraine qui ornent les ferronneries des balcons. Au début du XVIII ème siècle, des travaux d’embellissement sont confiés à Germain Boffrand un des principaux collaborateurs de Jean Hardouin-Mansart avec lequel il participe notamment à l’aménagement de la place Vendôme, du Palais Bourbon et de l’Orangerie du Palais de Versailles. Nous devons aussi à Boffrand l’introduction du style rocaille en France et l’important château de Lunéville. Durant la Révolution l’Hôtel est habité par Le Fèvre d’Ormesson qui commande une section de la Garde Nationale Après avoir été vendu, l’Hôtel de Mayenne est transformé en 1870 en maison d’éducation des Frères des Ecoles Chrétiennes, sa destination n’a pas changé depuis lors.

    La qualité des travaux de restauration effectués est remarquable et nous voyons sous un autre jour, dans son style originel, cette magnifique bâtisse, un atout certain pour notre quartier.

     

    L’église Saint Paul-Saint Louis

     

    Après 14 mois de travaux, le voile s’est progressivement levé sur la restauration très réussie de l’église Saint Paul-Saint Louis (99, rue Saint Antoine) dont l’imposante façade a été magnifiquement refaite, de même que les emmarchements et les retours latéraux. Les pierres abîmées ont été remplacées, ainsi que les statues et les décors sculptés qui, selon leur état, ont été consolidés ou ragrés. Le nettoyage, l’enlèvement des réparations anciennes en ciment et en béton, ont rendu sa splendeur à l’édifice dont l’éclat est rehaussé par la restauration du vitrail de la façade et de la grande horloge (elle provient de l’église saint Paul des Champs aujourd’hui détruite) éclatante en or et bleu. L’édifice dont le nom originel était  "Saint Louis de la maison professe des jésuites" a été construit par deux architectes jésuites sur ordre de Louis XIII, sur les deniers personnels de Richelieu qui posa la première pierre en 1634 et y célébra la première messe, 7 ans plus tard, le jour de l’Ascension.

    La grande horloge

    La construction est influencée par l’Italie et les traditions françaises. Ainsi la façade peut être qualifiée d’italienne dans son aspect mais sa verticalité montre aussi qu’elle est d’inspiration gothique. Toutefois chacun s’accorde à dire qu’elle est de « style jésuite » par son plan en croix latine et sa nef bordée de chapelles. Sa coupole dont l’aspect rappelle celles des Invalides et du Val de Grâce culmine à 55 mètres !

    En 1762, les jésuites sont remplacés par les chanoines d’un autre ordre par décision du Parlement de Paris qui supprime la Société de Jésus. Endommagée à la Révolution qui voit mourir dans ses murs 5 prêtres tués lors des massacres de septembre 1792, l’église est alors dédiée au culte de la Raison. Ce n’est qu’en 1802 que le culte catholique est rétabli sous l’appellation d’église Saint Paul-Saint Louis. Au cours du Second Empire, sous la direction de Baltard, la façade subit une restauration. L’ensemble est classé monument historique en 1887.

    Le mobilier de l’église est particulièrement riche. Les œuvres les plus rares sont la statue dite « La Vierge douloureuse » commandée par Catherine de Médicis à Germain Pilon dont on retrouve les principales œuvres au Louvre. Un très beau tableau intitulé « Le Christ en agonie au jardin des oliviers » est l’œuvre de Delacroix. Les 2 coquilles qui servent de bénitiers de chaque côté du portail principal de la façade sont un don de Victor Hugo à l’occasion du mariage de sa fille Léopoldine, en 1843. Le maître autel a été refait sous Louis Philippe et utilise du marbre blanc provenant de surplus de la galerie circulaire du tombeau de Napoléon. De riches reliquaires et mausolées contenant des cœurs embaumés, en particulier ceux de Louis XIII, de Louis XIV et du Grand Condé ont malheureusement disparu durant la Révolution. Quant au grand orgue, il remplace celui qui a été enlevé à la Révolution et sur lequel ont joué Marchand, Rameau et Corette. L’instrument actuel date de 1871 et son importance lui valut d’être reçu par deux grands maîtres, César Franck et Théodore Dubois. Sa dernière restauration date de 2005.

    N’oublions pas les autres personnages célèbres qui ont fréquenté ce lieu. Citons plus particulièrement Madame de Sévigné qui venait écouter assidument les sermons de Bourdaloue. Bossuet prononça aussi à cet endroit des oraisons. Enfin, il faut signaler que la crypte de l’église abrite de nombreuses sépultures de jésuites et laïcs dont celle de Bourdaloue.

    Vraiment la renaissance de ces deux lieux chargés d’histoire est un événement qui mérite le détour!

    Dominique Feutry

     

  • Square Georges Cain

    Sur 137 jardins que compte Paris intramuros, 3 sont dans le 3 ème arrondissement et 8 dans le 4 ème. Quant aux squares le 3 ème en a 6 et le 4ème, 11. En ne se limitant qu’à ces deux arrondissements, ces espaces verts représentent 7,5 ha soit 5, 3 % du total (554,7 ha) répertorié de notre ville.

    Nous sommes à l’évidence les enfants pauvres de Paris en matière de verdure… et c’est regrettable.

    Quelques efforts ont été faits par la Mairie puisque 2 jardins ont été créés en 2007, le Jardin Anne Franck dans le 3ème et le Jardin Francs Bourgeois-Rosier dans le 4 ème, mais aucun n’avait été créé depuis 1988 (le Jardin du bataillon de l’ONU et le Square Gilles Grand Veneur). Des arbres ont été plantés mais avec parcimonie, ici ou là, notamment dans plusieurs rues, la rue Beaubourg en 2002, rue de Haudriettes en 2006 ou rue des Archives en 2008. Certains squares, jardins ou espaces ont été remaniés (Place René Vivien à l’angle de la rue des Haudriettes et de la rue du Temple en 2007 ou l’esplanade Saint Paul plus très récemment). Des projets sont annoncés tel l’espace vert sonore de 5000 m2 prévu à la Cité internationale devant l’hôtel d’Aumont.

     

    Jardin de l'Hôtel Lamoignon 23 rue des Francs Bourgeois  


    Nous savons que ces plantations coûtent cher, mais ces progrès sont hélas insuffisants pour notre quartier particulièrement urbanisé qui a besoin de verdure. Même si la tâche n’est pas facile une politique davantage volontariste est nécessaire si nous voulons approcher vers le standard équivalent à la moyenne de la ville. Nous n’envisageons même pas de nous comparer à d’autres capitales bien mieux pourvues dans ce domaine…

    Pourtant les idées et les initiatives ne manquent pas mais elles sont très vite découragées pour des raisons que nous pourrions qualifier de technocratiques, de pesanteur administrative voire de fait du prince.

    Jardin Anne Franck

    Telle copropriété du Marais n’avait-elle pas eu la malencontreuse intention d’aménager un petit jardinet à l’aune, mais en modèle réduit, de celui qui se trouve Place René Vivien ? Mal lui en pris. En effet, bien qu’elle propose que cet aménagement soit réalisé à ses frais, le terrain à agrémenter partiellement de plantes (une sorte d’enclave devant l’entrée principale de l’immeuble) est divisé en deux petits lots (l’un appartenant à la copropriété et l’autre étant la propriété de la Ville de Paris). Les ingrédients d’une situation ubuesque étaient réunis. Les différents services compétents de la Ville et d’autres administrations ont rendu leur verdict au bout de 7 ans d’instruction et la fourniture de 23 exemplaires du dossier très étayé de demande d’autorisation! Un refus catégorique d’aménagement de ce mini jardinet a été opposé car il empêcherait le passage des pompiers ! Or non seulement le passage pompiers qui existe n’est nullement obstrué par les aménagements proposés, mais l’accès à l’immeuble contigu n’est pas empêché car un espace suffisant a été justement laissé pour permettre ce passage.

    Quelle est la morale de cette histoire? Beaucoup d’énergie, de temps dépensés pour se voir essuyer un refus et un endroit qui aurait pu devenir agréable et vert, aujourd’hui en déshérence et transformé en urinoir public.

    Les lecteurs jugeront…

    Dominique Feutry

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    Le conseil de quartier Saint-Avoie vient de nous informer qu’il avait adopté récemment en réunion plénière la proposition faite par la commission «Aménagement de la rue du Grenier Saint Lazare», souhaitant que le projet fasse l’objet d’une étude approfondie par les services de la Ville de Paris.

    Un plan sur un possible réagencement de la rue a été élaboré et présenté. Il repose sur sept idées force qui ont reçu le plus d’approbations :

    – Eliminer les barrières visuelles de façon à dégager les perspectives.

    – Rendre plus homogène les parties Nord et Sud de la rue. Il faut conférer une identité à celle-ci en lui donnant l’aspect d’une esplanade où les installations et le mobilier urbain (containers de récupération de bouteilles, de vêtements, poubelles, vélos, vélib, cabane ascenseur parking, téléphone public, armoire électrique….) seraient homogénéisés et réduits.

    – Prévoir des espaces de circulation tranquilles et sécurisés aux pétions, en particulier les enfants et les personnes à mobilité réduite en supprimant les différences de niveaux.

    – Végétaliser l’espace en privilégiant les fleurs sauvages au sol et la végétation quatre saisons, sans oublier de planter les arbres manquants

    – Repositionner l’arrêt de bus de la ligne 29 en provenance de la rue Michel Lecomte là où il se trouvait auparavant c’est-à-dire à la hauteur du N° 8 (il se situera ainsi plus près des correspondances de bus : lignes 38, 47 et du métro)

    – Conserver à cette rue sa fonction de « poumon » du Quartier de l’Horloge avec un accès aux transports en commun (taxis, bus…), ce qui est malaisé dans les trois autres côtés du quartier. Il est donc essentiel de conserver au sud de la rue la voie de bus en sus des deux autres voies de circulation.

    – Interdire efficacement le stationnement des autocars. Les chauffeurs enfreignent les règles existantes et de surcroît, laissent souvent tourner impunément leur moteur de façon à maintenir le chauffage ou la climatisation à l’intérieur du véhicule, pendant que leurs occupants visitent le quartier.

     

    Les autorités de la Ville et notamment l’adjointe au maire en charge de l’espace public ainsi que le Maire du 3° ont indiqué, tout en rappelant un certain nombre de contraintes, qu’ils allaient se pencher sur ce dossier aux plans technique et financier. Une concertation avec les conseils de quartier est prévue à l’automne 2012 pour une programmation en 2014.

     

    Augurons que ce réaménagement va prendre corps et qu’il aboutira ce qui donnera un peu de lustre à un espace qui semble malheureusement bien délaissé et de plus en plus sale.

     

    Dominique Feutry

  • Hôtel de mayenne 09 03 12

    Vue de l'Hôtel de Mayenne, 21 rue St Antoine (IVe) en cours de restauration, mars 2012 (crédit photo J.E. Chautard)

                       

    Une bâche qui glisse nous fait deviner les charmes nouveaux de l'Hôtel de Mayenne dont la restauration a été entreprise en 2010. (voir notre article du 19 février 2010).

    Entre les deux ailes, l'ajout du XIXème siècle a été retiré. La reconstitution des parties latérales, avec reconstruction du toit et des ouvertures, semble achevée.

    Un regard indiscret à travers le portail entr'ouvert montre que la cour intérieure est elle aussi  en voie de finition. On attend avec excitation le retrait définitif des bâches pour que le nouveau visage de ce monument nous soit révélé.

     

  • Gravilliers 20 cour vue de haut 09 02 12
    Cour intérieure au 20 rue des Gravilliers (IIIe)

              

    Dans cet immeuble où 1,2 Millions d'€ ont été consacrés à la réhabilitation, le traitement de la cour pavée soulève quelques interrogations. Les constructions parasites qui la bordent en forme de fer à cheval sont vouées à la démolition au titre du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, dans sa version actuelle toujours en vigueur, dès que cesseront les activités commerciales existantes (nous sommes en "tâche orange").

    Mais que faire quand une réhabilitation surgit ? En dépit du PSMV, il y a consensus entre l'architecte de la résidence, les habitants et l'Architecte des Bâtiments de France, qui suit activement ce dossier, pour pérenniser les appentis qu'on voit sur la photo, à la condition qu'une restauration de ces constructions du XIXème siècle ait lieu pour sauvegarder ce qui mérite de l'être.

    Tout n'est peut-être pas à jeter en effet.

    Gravilliers 20 cour verrière conforme 09 02 12 (2)

    On peut voir, sur cette deuxième vue de la cour, une portion d'appentis en briques et bois surmontée d'un toit en verre dont la pente conduit gentiment vingt centimètres au-dessous du bord de la fenêtre. C'est ce modèle (pattern), hérité du XIXème siècle, qui devrait être conservé et reproduit tout autour de la cour. Ce qui signifie rétablir des couvertures en verre partout où elles ont été supprimées et remplacées par du zinc, unifier les pentes et reprendre les parois pour aboutir à un ensemble uniforme.

    Les habitants de l'immeuble que nous avons rencontrés sont partisans de ce mode de restauration. Si l'Architecte des Bâtiments de France le confirme, c'est la solution qui devrait s'imposer, dans l'attente d'un plan révisé qui ne sera pas connu avant 2014. Il est possible que des réticences se manifestent, pour des raisons de coût notamment. On espère que l'impératif de mise en valeur de la parcelle dont une partie date du XVIIème siècle, s'imposera.

    Une parcelle qui s'ouvre sur la rue par un très beau portail Louis XIV lui-même équipé d'une impressionnante crémone d'époque. L'immeuble sur rue figure au PSMV comme "bâtiment à conserver et à rénover".

    Gravilliers 20 portail louis XIV

              Portail à deux vantaux, voûte surbaissée, fenêtres hautes et garde-fous en fonte