Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

  • Hotel de sully taupe 

    On peut voir en ce moment en l'austère mais magnifique hôtel de Sully (62 rue St Antoine – IVe ), dans le jardin devant l'orangerie où il fait bon méditer, un énorme monticule de terre d'où émerge la tête d'une taupe géante, et ses deux pattes en forme de serfouette.

    Cette facétie est une oeuvre d'art. On la doit à Ghyslain Bertholon, elle a pour nom "Taupologie de l'hôtel de Sully".

    C'est amusant, mais il n'est pas indispensable que cette réalisation reste là très longtemps. C'est sans doute ce qu'a prévu le Centre des Monuments Nationaux qui est implanté depuis deux ans dans ces bâtiments somptueux qu'on doit au maître maçon Jean Notin d'après des dessins de Jean 1er Androuet du Cerceau (début XVIIème siècle).

    Une rosace finement ciselée posée dans un angle du jardin semble égarée dans un décor qui n'est pas le sien. On ne peut que l'admirer cependant pour son élégance et l'hommage rendu à la figure géométrique du cercle, lui-même décomposé en une multitude d'arcs qui constituent la structure de l'ouvrage.

    Hôtel de sully rosace Cliquez (jusqu'à deux fois) dans la photo, elle est encore plus belle !

     

    Post scriptum du 12 avril 2012 :

    Nous avons organisé aujourd'hui une "visite guidée" dont le thème était  "La place des Vosges". En traversant l'hôtel de Sully et sa magnifique orangerie, nous avons constaté que "la taupe" n'était plus là. En écho à ce que nous disions plus haut, sa disparition a été remarquée mais n'a pas déclenché un torrent de larmes.

     

  • Au maire 25 sobhic panoramique 
    25 rue au Maire (IIIe), un décor à la manière d'Hitchcock, une saga judiciaire qui remonte à 2004 (cliquez dans l'image pour l'agrandir)

     

    L'affaire date en effet de 2004. La Mairie de Paris et les Bâtiments de France découvrent que l'un des copropriétaires du 25 rue au Maire (IIIe), la SCI Victor, dont le gérant est M. Jianging LI, exécute des travaux d'aménagement de locaux à usage commercial et d'habitation, sans déclaration préalable, en secteur protégé par le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais. L'affaire est appelée devant le Tribunal de Grande Instance de Paris.

    Cinq copropriétaires se portent parties civiles aux côtés de la Mairie de Paris et du Ministère de la Culture (Bâtiments de France). Notre association, qui s'appelle alors "Association des Haudriettes", fédère plusieurs associations du IIIe et du IVe, car elle seule bénéficie de "l'agrément " au titre du code de l'environnement, et se porte également partie civile, au nom du respect des règles d'urbanisme.

    Le prévenu est condamné en première instance. Il fait appel le 9 mai 2005. Sa condamnation est confirmée et sa pénalité alourdie : il devra payer 20.000 € d'amende (contre 4.000), démolir une verrière sur cour sous 3 mois et sous astreinte de 75 €/jour de retard, et verser 800 € de dommages-intérêts à chaque partie civile, majorés de 300 € au titre de l'article 475-1 du code de procédure pénale.

    Il décide de se pourvoir en cassation mais sa demande est rejetée le 14 décembre 2005.

    Rien depuis ne s'est passé, à notre connaissance. Pas un frémissement. Nos demandes par huissier de règlement des sommes dues, sont restées infructueuses. La façade de l'immeuble est toujours plus délabrée, dans un environnement, nous en avons parlé dans un article récent, qui s'est pourtant considérablement amélioré.

    Coup de théâtre en ce beau mois de mai : la SCI Victor et M. et Mme LI Jianging et Chen Tso Yuan viennent d'obtenir un permis de construire en bonne et due forme pour "le changement de destination de locaux commerciaux à rez-de-chaussée, 1er et 2ème étages sur cour, en habitation (4 logements créés) avec démolition de la partie centrale" (verrière, qu'on peut voir encore dans la cour).

    Au maire 25 verrière 

    La cour pavée va être restituée, conformément aux prescriptions de l'Architecte des Bâtiments de France. Les façades seront ravalées dans les règles de l'art et toutes les ouvertures refaites. La porte d'accès à l'immeuble et la devanture existante s'intègrent dans un projet élégant illustré par une enseigne du genre "Vins de France".

    Au maire 25 façades rénovées sur cour bis

     Projet de la cour après démolition de la verrière (en hachures) et réfection des façades

                                     

    La nouvelle nous enchante. Ce projet, c'est naturellement ce que tout le monde aurait souhaité dès le commencement. Nous nous posons néanmoins deux types de questions.

    En tant que partie civile, dont aucune n'a vu la couleur des dommages-intérêts qui lui sont dûs, chacun comprendra qu'il est légitime que nous réagissions. D'autant plus que nous ignorons si l'amende de 20.000 € assortie de l'astreinte (150.000 € selon nos estimations), a été réglée à l'Etat. Il est vrai en contre partie, que le prix du m² a doublé pendant la période et que cette donnée n'aura pas échappé à un investisseur avisé.

     

    Intéressés par l'association : Cliquez ICI

     

     

  • Pastourelle 35 nov 08 

    Carrefour Temple-Pastourelle, novembre 2008. L'immeuble appartient à France Telecom, comme les autres bâtiments qui bordent la rue Pastourelle côté impair, jusques et y compris l'immeuble de la Poste. Le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum veut préempter. Il se heurte au refus du vendeur. Procédure judiciaire en perspective. Le temps presse : les "arcades" sont occupées par de gens sans domicile, dans des conditions qui provoquent de nombreuses protestations et de multiples interventions de la police. Il y a toujours un risque aussi que cet immeuble vide soit squatté.

    Fin 2009, un investisseur se présente avec une offre intelligente : le quart de la surface sera réservée à un bailleur social de la Ville de Paris, le reste vendu sur le marché libre.  Les "arcades" (propriété privée) seront fermées et transformées en locaux d'activités. Condition mise à l'opération : que les logements soient livrés courant 2011.

    Pari tenu. Le paysage est transformé. Le quartier bénéficiera d'un apport de nouveaux habitants et de quelques commerces qui viendront contribuer à diversifier l'activité économique locale, trop marquée dans un passé récent par les grossistes-importateurs.

    On nous annonce déjà un "marchand de vélos électriques" (dixit Pierre Aidenbaum). 

    Temple pastourelle rénové 

                                                                                                                                         

  • Au maire 49 Au maire supermarché et restaurant asiatique  

     A gauche, "L'Atelier du Portable", 49 rue au Maire (IIIe), à côté de "Level One", un magasin d'informatique. En face, au 36, un autre "Atelier du Portable", spécialisé dans les pièces détachées. A droite, un supermarché et un restaurant asiatiques. (cliquer dans les images pour les agrandir et obtenir du "piqué")

     

    La rue au Maire est devenue piétonne sous la mandature Dominati. Rue étrange. Son nom d'abord. Pourquoi "au Maire" ? On trouve un peu plus haut la rue "Bailly". Ces noms, dit-on, se réfèrent au siège de la juridiction du "Prieuré Saint Martin des Champs" voisin, dont le maire s'appelait aussi "bailli". Il a laissé des traces : une tour de la muraille d'enceinte, notamment, qu'on peut voir à l'intérieur des bâtiments du 7 rue Bailly, où elle fait office de cage d'ecalier.

    Après la révolution, en 1799, le prieuré est converti en Conservatoire National des Arts & Métiers. Dans sa chapelle, à défaut d'offices religieux, on peut chaque jour revivre l'expérience de Foucault et son pendule qui atteste de la rotation de la terre sur elle-même.         

    On distingue rue au Maire trois parties distinctes : la première, entre la rue des Vertus et la rue Volta, moderne, plus large, appuyée sur "la Cour de Rome". Ce nom pompeux serait un simple avatar du "passage de Rome", ruelle qui reliait la rue des Gravilliers à la rue au Maire au début du XiXème siècle.

    Elle devient intéressante dès son deuxième tronçon, le plus ancien. Il commence par une maison qui fait l'angle avec la rue Volta, au numéro 3. Très ancienne d'aspect, elle a d'abord été datée du XIVème siècle mais, faute de disposer d'une cave comme toutes les constructions de cette époque, elle a été requalifiée en maison du XVIIème siècle (1644 pour être précis). En faisant de ce fait une impasse : la construction de maisons à colombages n'était plus permise à cete époque. Le doute reste présent.

     

    Volta 3 photo ancienne  Volta 3 photo rez de chaussée(Photos "ParisAvant")

    Ce doute profite à la maison de Nicolas Flamel, 51 rue de Montmorency (IIIe), qui est datée elle de 1407 et qui serait donc plus ancienne que celle-ci. Celà dit, les apparences militent vraiment pour cet édifice dont l'immense linteau en bois, par exemple, atteste d'un âge plus que respectable !

    Quoiqu'il en soit, l'édifice est remarquable et vaut certainement le détour. On s'étonne qu'il ne soit pas l'objet de plus de soins des autorités en charge du patrimoine. Il est pour le moins surprenant de constater que le rez-de-chaussée est occupé par un salon de coiffure et une gargotte à l'enseigne de "PHO", la fameuse soupe asiatique.          

    Il y a dix ans seulement, les grossistes-maroquiniers alternaient avec des épiceries et de minuscules cantines asiatiques. Lors de son passage en 2001, peu de temps après son élection, le Maire de Paris Bertrand Delanoë s'était hasardé à forcer la porte d'un tripot, au grand dam du Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, qui lui faisait remarquer qu'il s'agissait d'un lieu privé …. Pour le reste, de nombreux immeubles étaient insalubres. L'un d'eux, au 25, devait faire l'objet peu de temps après d'une action en justice où nous nous étions portés partie civile, pour travaux sans autorisation.

    La plupart des immeubles depuis ont été réhabilités ou ravalés. De nouvelles boutiques ont fleuri. La communauté asiatique, originaire de la province de Wen Zhou principalement, avec un dynamisme qui lui est propre, délaisse le commerce de gros pour s'intéresser à d'autres activités mieux adaptées à la situation économique du moment.

    Au maire atelier curiosités Au maire 29-31 skate boards

     

     

     

     

     

     

    Jolie boutique, à gauche, qui propose des "curiosités". A visiter pour des idées de cadeaux. PLus étonnante, celle de droite est spécialisée dans les "skate boards" ou planches à roulettes !

     

    Nous avons fait notre propre expérience avec 'L'atelier du Portable", qui se situe dans le troisième tronçon, entre les rues Beaubourg et Saint-Martin. Un urbanisme très comparable au précédent, bien qu'on ne soit plus strictement dans le périmètre du Marais.

    Pour la réparation d'un portable HP avec remplacement d'un ventilateur et extension mémoire de 2 Giga, nous avons payé 151,40 €. Délai record : 24 heures. Accueil commercial et traitement du dossier : très professionnel. C'est un peu cher mais le service rendu est excellent.

    La rue au Maire : une rue qui bouge. Mais attention, une agence immobilière sur Internet annonce des prix au m² au-dessus de 10.000 € !

     

     

  • Michel le comte 16 vectrix 
    16 rue Michel le Comte (IIIe) : vente de scooters électriques

     

    Ils se sont inspirés d'Astérix. C'est Obélix qu'ils nous offrent avec cette enseigne démesurément en infraction. Espérons que la Direction du Paysage de la Rue et la mairie du IIIe ne tarderont pas à leur expliquer qu'on ne fait pas ce qu'on veut en secteur sauvegardé.

    Surtout lorsqu'on est aussi mal inspiré !

                                                                                                                                              

                                                                                                     

  • Pierre au lard 3 enseigne
     L'ancienne galerie d'art 3 rue Pierre au Lard (IVe)

     

    Le pétitionnaire avait déposé  une demande de permis de construire enregistrée le 27 octobre 2010 sous la référence PC 075 104 10 V 0029, pour la "réhabilitation d'un bâtiment d'un étage à usage commercial en vue de l'installation d'un bar-club". Cette demande a été refusée par la Mairie de Paris par arrêté du 10 janvier 2011.

    Il vient de déposer une nouvelle demande de permis de construire enregistrée le 2 mars 2011 sous la référence PC 075 104 11 V 0010, pour le même objet. On note cependant qu'il ne fait plus état de la "création d'un niveau de sous-sol" et que la SHON (*) créée passe de 395 m² à 6 m². La SHON démolie quant à elle passe de 291 m² à 20 m². Ce nouveau dossier est en cours d'instruction.

    L'enseigne "WOO-Paris" qu'on peut voir sur la photo a fait l'objet d'une injonction de dépose de la direction de l'urbanisme de la Mairie de Paris le 13 janvier 2011. Constatant que l'enseigne n'avait pas été déposée, un procès-verbal a été dressé le 7 mars 2011.

     

    (*) SHON = surface hors oeuvre nette. Voir définition et calcul

     

  • Palais justice 31ème chambre
    Devant la 31ème Chambre Correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris

     

    La Cour a entendu le prévenu, présumé coupable d'avoir effectué des travaux d'urbanisme sans autorisation. L'audience initialement prévue pour le 7 février (voir article du 24 janvier) a été reportée au 4 avril 2011. Le prévenu a plaidé la prescription de l'infraction, qui a fait l'objet d'un procès-verbal qui date de 2006 et, subsidiairement si la prescription n'était pas retenue, sa bonne foi et les nombreux échanges qu'il avait eus avec les services de la Mairie de Paris et l'Architecte des Bâtiments de France, pour demander la relaxe et la non inscription de la sanction au casier judiciaire.

    Elle a recueilli les demandes des parties civiles qui se sont avérées nombreuses. Les riverains de la rue des Guillemites, tout d'abord, qui évoquent le double préjudice subi du fait de la surélévation présumée du faîte des toits et de la création de fenêtres, à savoir une vue et un ensoleillement amputés depuis leur façade et une perte  de valeur de leur bien immobilier. Deux associations ensuite, "Vivre le Marais !" et "Aubiot-Guillemites" qui ont fait valoir leurs engagements statutaires en faveur de la défense du respect des règles d'urbanisme du secteur sauvegardé du Marais.

    Le Procureur de la République a rappelé que des entretiens préalables avec les services de la Mairie de Paris et les Bâtiments de France ne dispensent pas de soumettre un dossier en règle auprès de la direction de l'urbanisme de la Mairie de Paris, et d'attendre qu'elle statue in fine.

    La Mairie de Paris a souligné que la régularisation du dossier aurait pu être accordée si le pétitionnaire avait fourni des pièces qui manquaient au dossier. Elle a demandé l'exécution des mesures exigées par le procès-verbal, qui comprenaient en particulier la démolition avec remise en l'état initial. Elle s'en remet aux décisions du tribunal.

    Pour ce qui nous concerne, par la voix de notre avocat, nous avons réclamé réparation du préjudice moral subi par l'association et une contribution aux frais de justice au titre de l'article 475-1 du code de procédure pénale.

    L'affaire a été mise en délibéré pour le 16 mai.

     

    Post-scriptum du 16 mai 2011 : Le tribunal n'a pas suivi les réquisitions du Procureur. Il a retenu la prescription des faits et prononcé, en conséquence, l'extinction de l'action publique. Il s'ensuit l'irrecevabilité des parties civiles.


     

     

     

  • Hôtel de berlize carte postale ancienne
     

    Le porche de l'hôtel de Berlize, vu de la cour intérieure, carte postale de 1918. on aperçoit au-dessus la charpente du hangar sur cour

     

    Le voici sans transition tel qu'il apparait aujourd'hui :

    Porche

     

    L'histoire de ce site commence au XVIème siècle autour de 1580, quand les parents du seigneur de Berlize achètent un terrain rue Pierre au Lard (une ruelle insignifiante qui n'aurait jamais pensé qu'elle tiendrait la vedette des chroniques locales au XXIème siècle) pour y bâtir un hôtel particulier.

    En 1636, le sieur de Berlize, conseiller du roi, étend le terrain et entreprend de nouvelles constructions, un hôtel rue du Temple et deux immeubles de rapport.

    Il devient au XIXème siècle un relais de poste ou bureau de roulage à l'enseigne de "l'Auberge de l'Aigle d'Or". Il échappe à la démolition en 1920, grace à ses façades classées, mais frappé d'alignement avec la rue du Plâtre, il est laissé à l'abandon. Il sert alors d'annexe aux halles de Paris, tour à tour hangar, entrepôt ou atelier, traité sans aucun ménagement. La cour s'est couverte d'une charpente qui en détruit totalement l'esthétique.

    Il est vendu par adjudication avant la deuxième guerre mondiale. Les parents des actuelles propriétaires en font l'acquisition mais perdent la vie en déportation. Leurs filles se promettent alors de le restaurer, en souvenir de leurs parents mais aussi par goût des belles pierres et volonté de restituer à la collectivité un élément prestigieux de notre patrimoine national.

    Entre temps, la troupe de Colluche, Miou-Miou et Patrick Dewaere  crée en 1969 "Le Café de la Gare", ainsi appelé parce qu'il était proche de la gare Montparnasse. Le succès est tel qu'ils doivent s'agrandir et déplacent leur théâtre dans l'hôtel de Berlize. Il gardera son nom de "Café de la Gare", qui peut surprendre aujourd'hui si on n'est pas averti.

    Cour et café de la gare

    Hôtel de Berlize, cour intérieure avec au fond "le Café de la Gare". "Fenêtres encadrées de chaines harpées et munies de garde-corps, couronnées de frontons semi-circulaires à base interrompue par une clé et quatre claveaux. Mansardes accostées d'ailerons. Plafonds à poutres et solives peintes Louis XIII" (Le Marais, Danielle Chaddych -  Parigramme)

                                                                                                                                                                                              

    On peut voir et admirer ces plafonds dans ce qui est devenu une salle de danse, dite "Beethoven", à laquelle on accède par un superbe escalier Louis XIV. Essayez d'y entrer et feignez d'ignorer les danseuses. Les professeurs de ballet sont des maitres dans leur art et à ce titre, ils ne supportent pas d'être dérangés ; vous pourriez vous faire rabrouer !

    Escalier principal
     

    L'escalier Louis XIV, angle sud-ouest.

     

    Les propriétaires ont commencé la réhabilitation dans les années 90 par le retrait de la charpente qui encombrait la cour. Ils ont ensuite procédé bâtiment par bâtiment. Ils finissent en ce moment de restaurer le gros-oeuvre du corps de logis nord, qui est encore en chantier. Ils n'auront jamais totalement achevé leur ouvrage car il restera toujours des éléments à restaurer au dedans comme au dehors, mais la tâche accomplie d'ores et déjà est gigantesque.

    Quelques mots du "Centre de Danse du Marais". Il est connu dans le monde entier. Il héberge 53 disciplines et mobilise 114 professeurs. Toutes les danses du monde y sont enseignées avec un niveau d'exigence qui a établi et maintient sa réputation. Tous les artistes du monde le connaissent et ne manquent pas de venir ici se ressourcer quand ils sont de passage à Paris, car il est "la référence".

    Au pied de l'escalier, nous avons croisé Rima Davoust qui est à la fois peintre et danseuse assidue de la salle Beethoven. Elle a confié cette peinture à notre objectif. Elle réalise à souhait la synthèse des deux disciplines :

    Davoust rima peinture danseurs
    Danseuses et danseurs par Rima Davoust

     

    Yves Casati, danseur de l’Opéra de Paris, professeur de danse classique au Centre de Danse du Marais depuis son ouverture en 1971 : « l’âme de la danse est magnifiée par la splendeur de ce lieu ; est-ce la rencontre de l’architecture, 1580, et de la création en 1581 du « Ballet comique de la Reine »  par Beaujoyeulx , première grande date de l’Histoire du ballet ? »

    Gérard Simonet

                                                 

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    On peut agrandir les photos par un clic gauche dans l'image

                                  

     

  • Debeleyme 17 devanture
    La devanture sinistrée du café restaurant hôtel du 17 rue Debelleyme (IIIe) – Cliquez dans l'image pour savourer la vue.

     

    Si elle n'était pas défigurée par des tags hideux, cette devanture mériterait d'être classée. Peut-être, qui sait, l'architecte des Bâtiments de France l'a-t-elle sauvegardée dans la réhabilitation qui vient de faire l'objet d'un permis de construire. Pour ceux qui voudraient vérifier au 17 boulevard Morland (IVe), il est enregistré sous la référence PC-075-103-10-V-0020, date 23/12/2010.

    Le permis concerne l'ensemble de l'immeuble, qui apparait vide aujourd'hui. Il comporte 4 étages et un cinquième sous combles. C'était jadis un hôtel, il est transformé en habitation avec la création de 10 logements du parc privé. L'immeuble, bien que très sobre, est "à conserver" ou "à restaurer" au PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais. La cour sera nettoyée de ses constructions parasites.  Un ascenseur sera créé ; la devanture du commerce "modifiée". Ce décor sera bientôt à ranger dans l'armoire à souvenirs.

    Debeleyme 17 immeuble

    Immeuble XVIIIème siècle, 17 rue de Debelleyme (IIIe)

     

    On se dit chaque fois, "c'est surement le dernier !", en pensant à ces immeubles insalubres, vétustes, abandonnés, qui sont un anachronisme dans un quartier où le foncier est à ce point recherché que les prix n'en finissent pas de monter. Et puis, on en découvre un autre comme celui-là.

    Est-il le dernier cette fois ? Et bien, non. En voici un autre. Coïncidence étonnante : c'est aussi un ancien hôtel de tourisme, avec un débit de boisson en rez-de-chaussée. C'est au 16 rue de Beauce, toujours dans le IIIe.

       Beauce 16 hôtel bistrot du marais
    Il s'appelait "Café Bistrot du Marais", 16 rue de Beauce (IIIe)

     

    L'immeuble est apparemment vide. La Ville en a fait l'acquisition à travers le bailleur social RIVP (régie immobilière de la Ville de Paris).  Il comporte 5 étages et un niveau de sous-sol. 10 logements rénovés vont être re-créés, pour l'aide et l'accueil aux femmes isolées.  Au pied de l'immeuble, le "Marché des Enfants Rouges" qui fait le bonheur des gens du quartier. A signaler sa poissonnerie, ouverte quatre jours dans la semaine, son traiteur marocain qui fait un tabac et "l'Estaminet" qui, contrairement à la tradition, ne vend pas de tabac mais possède le charme suranné d'un endroit hors du temps.

     

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  •  Amelot bisseuil galerie psychée
    La galerie de Psyché (Michel 1er Corneille, ca 1660), un des joyaux du monument

                                                                                                   

    Rappel de son histoire et de ses propriétaires :

    1638 – Denis Amelot de Chaillou, intendant des Finances, déjà propriétaire de l'hôtel au 78 rue des Archives (IIIe) qui porte son nom, entreprend sa construction. Il est achevé sous les ordres de son fils, Jean-Baptiste Amelot de Bisseuil, autour de 1657-60. Architecte Piere Cottard. Le sculpteur Guibert est chargé de la décoration.

    Il doit le surnom d'hôtel des Ambassadeurs de Hollande, qui lui est donné au XVIIème siècle, à une légende autour de diplomates hollandais qui y auraient séjourné (hypothèse non vérifiée) et à chapelain hollandais qui y aurait célébré le culte, ce qui est plus vraisemblable.

    Il fut habité par Caron de Beaumarchais à partir de 1776. C'est là qu'il écrit "Le mariage de Figaro" en 1778, pièce interdite puis finalement autorisée en 1784 par le roi Louis XVI. Beaumarchais y vécut jusqu'en 1790.

    Il subit au XIXème siècle le sort commun des immeubles et monuments du Marais, envahis par le commerce et l'industrie qui lui firent subir des outrages. Il fut sauvé du désastre en 1924 par son classement "Monument Historique". Il est acheté par le colonel Paul Brenot qui entreprend sa restauration, sous la conduite de l'architecte en chef Robert Danis.

    Sa restauration se poursuivra sous l'égide du propriétaire suivant, le commandant Paul-Louis Weiller. Diplômé de l’École Centrale de Paris, héros de l'aviation pendant la première guerre mondiale et inventeur avec Georges Poivilliers, un autre centralien, de la photogrammétrie aérienne, il est aide de camp du chef des armées alliées à la signature du traité de Versailles. il crée la société de fabrication de moteurs d'avions qui deviendra par la suite la SNECMA. Quand Air France voit le jour, par fusion/nationalisation de compagnies aériennes en 1933, il devient membre du conseil d'administration.

    De famille juive alsacienne, il doit fuir la France en 1940 et sa mère mourra à Auschwitz.

    Il exerce après la guerre des activités industrielles qui font de lui un capitaine d'industrie et de la finance. Il a alors les moyens de s'intéresser à l'art et devient un mécène. Il mène dans son hôtel de la rue Vieille du Temple une vie mondaine qui lui vaudra la visite de personnes aussi célèbres que Richard Nixon, Aristote Onasis, Georges & Claude Pompidou et le Grand-Duc du Luxembourg.

    Né en 1893, il meurt à Genève en 1993 âgé de très exactement 100 ans.

    Aujourd'hui :

    L'hôtel est resté depuis la mort de Paul-Louis Weiller propriété de la fondation qui porte son nom. Il a bénéficié de quelques travaux de rénovation, notamment la façade qui donne rue des Guillemites, mais ni la façade sur la rue Vieille du Temple, ni le magnifique portail de bois qui est le plus ouvragé du Marais, n'ont été entretenus. Il en est de même des intérieurs.

    Peu de gens ont eu la chance d'y entrer. Nous avons eu ce privilège et nous pouvons attester de la magnificence des décors mais aussi de leur mauvais état, qui appelle une intervention urgente. Nous vous invitons à nous suivre dans la visite :

    Amelot de bisseuil romulus remus 

    Vue intérieure du portail, surmonté d'un arc en plein cintre qui figure Romulus et Rémus allaités par la louve. Décor sculpté de Thomas Regnaudin (1622-1706). Côté rue, on trouve un décor similaire qui représente deux "renommées" avec leurs trompettes. (Cliquer dans l'image pour voir les détails).

                                                          

    Amelot bisseuil cour int et fronton 
    Vue de la deuxième cour intérieure, richement ornée de statues dans leurs niches, qui représentent l'Aurore, le Crépuscule, et les vertus : la Force, la Vérité, la Prudence, la Justice, la Vigilance et la Sagesse. Terrasse à gauche et portail d'accès à l'aile ouest, avec colonnes ioniques et fronton.

                                                       

    Amelot bisseuil escalier monumental 
    L'escalier et sa rampe en fer forgé, qu'on doit à Le Tellier.

                               

    Amelot bisseuil chambre italienne 
    Plafond de la "chambre à l'italienne"

                                                          

    Son devenir

    Le sort de ce monument, depuis la mort de L.P. Weiller, est resté un mystère. Des bruits ont circulé par périodes. Rien ne s'est concrétisé jusqu'à  l'an passé où on a fini par apprendre que la Fondation avait vendu son bien. Le nouveau propriétaire est la société Acanthe Développement, filiale foncière du groupe Duménil-Leblé.

    Elle a acquis en octobre 2010 deux ensembles immobiliers dont l'un est l'hôtel des Ambassadeurs de Hollande, pour 1.718 m², l'autre un immeuble attenant d'habitation de 18 petits lots actuellement loués,  sis 7 rue des Guillemites pour 826 m² , et une quinzaine de parkings au 6 rue des Guillemites. Le tout pour la somme de 38 millions d'€. On peut estimer autour de 6 millions d'€ la valeur des immeubles et parkings, il reste 32 millions comme valeur estimée du monument historique.

    Depuis, les bruits les plus fous circulent. En ce moment, à constater la fièvre qui couve chez les journalistes des magazines et quotidiens, il doit se passer quelque chose. On assiste au syndrome du "riche dirigeant du Golfe ou d'ailleurs qui veut son pied-à-terre à Paris". Une version renouvelée de l'affaire "hôtel Lambert".

    Il est plus probable, c'est notre souhait en tous cas, et c'est l'écho que nous avons trouvé auprès d'Acanthe Développement, que la partie "monument historique" du bien, séparée des immeubles d'habitation, aille à une grande entreprise capable de poursuivre sa rénovation sous le contrôle de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques, pour en faire son siège social ou un lieu pour des réceptions de prestige. On évoque aussi telle ou telle "fondation" à vocation de mécène.

    En tout état de cause, le "bon peuple" ne sera pas convié à la fête, si ce n'est peut-être à l'occasion des journées du patrimoine et ce n'est pas rien. On pourra regretter que ni l’État (qui n'a plus d'argent) ni la mairie de Paris (qui a déjà été amenée à puiser abondamment dans nos poches) n'aient d'intérêt à la chose.

    Dans ce cas, il faut se résigner au jugement de Salomon qui donna l'enfant que deux mères se disputaient, à celle qui se déclarait prête à le céder à l'autre pourvu qu'il ait la vie sauve.

    Gérard Simonet

     

    Références : Le Marais, Alexandre Gady ; Le Marais, Danielle Chadych ; Wikipédia ; collection privée

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