Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Urbanisme, PSMV

  • Montmorency 14 fonderie intérieur 

    Les restes – aménagés – d'une fonderie d'or sous une verrière de la rue de Montmorency (IIIe)

     

    L'histoire de cet atelier remonte à 1920, époque où on retrouve à Paris un certain Jean Galmont, français, aventurier, qui s'est fait connaître et apprécier en Guyane au point d'y être aimé comme un père par les noirs et les indiens qui peuplent le pays.

    Il est exploitant de mines d'or quand il rentre en France et décide de fondre et affiner l'or qu'il produit lui-même en Guyane. Il installe son atelier au n° 14 de la rue de Montmorency dans le IIIe, au centre d'une cour, dans une construction en briques et verre qu'on peut voir encore, ainsi que l'enseigne "fonderie" sur sa face avant.

    Seringueiro et garimpeiro, chercheur d'Eldorado, défenseurs des humbles, épris de justice, aigrefin juste ce qu'il faut pour rester sympathique, cet homme méritait d'être raconté. Blaise Cendrars ne s'y est pas trompé, qui lui a consacré une biographie : "Rhum", la vie aventureuse  de Jean Galmot (Grasset, 1930).

    Dans le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, dont le règlement a plus de dix ans aujourd'hui, cette construction parasite a vocation a être détruite dès qu'elle n'abritera plus d'activité économique. Les occupants actuels n'ont aucune intention de la quitter, mais il n'en reste pas moins qu'elle est frappée d'une sorte d'illégitimité qui pèse sur sa valeur vénale.

    C'est le thème que nous avons abordé d'emblée avec Daniel Duché. Sa vision du "patrimoine" va bien au-delà de la démarche qui a présidé à l'élaboration du plan actuel. "On a réduit le patrimoine aux constructions des XVIIe et XVIIIe siècles. Il y a dans le Marais des éléments de patrimoine qui appartiennent au XIX et au XXe siècles" (des immeubles haussmanniens, art nouveau, art déco, en particulier), "et des vestiges d'une activité industrielle qui fait aussi partie de notre patrimoine et dont nous devons conserver la mémoire.

    C'est une équipe d'une dizaine d'architectes et architectes voyersco-financés par l'Etat et la Ville, qui a pour mission d'établir un relevé immeuble par immeuble avec un jugement sur la qualité du bâti, et de formuler des recommandations concernant les éléments parasites tels que hangars, verrières et appentis. Leur traitement sera proposé pour avis à la commission locale du secteur sauvegardé, rétablie par le Préfet de Paris en date du 18 février 2009.

    Certains de ces éléments parasites, comme l'ancienne fonderie de Jean Galmont, méritent effectivement qu'on s'y intéresse. D'autres peuvent laisser perplexe, comme cet édicule que nous avons photographié rue Chapon :

    Chapon 5 cour intérieure et appentis

    L'approche de Daniel Duché ne se limite pas au bâti. Elle est aussi celle d'un urbaniste qui s'intéresse aux transports, à la circulation, au stationnement, à la salubrité, au mobilier urbain et aux conditions d'accessibilité. Le PADD (plan d'aménagement et de développement durable), élément important du PLU (plan local d'urbanisme) de Paris, s'imposera au Marais, dans des conditions qui devront être précisées. Il faut désormais intégrer les énergies renouvelables (panneaux solaires et photo voltaïques, éoliennes) et s'adapter à un mode de vie des habitants qui a changé (garages à vélos, à poussettes, locaux pour le rangement des bacs du tri sélectif …)

    Le paysage de la rue ne sera pas oublié et, notamment, les devantures de commerces qui trop souvent l'appauvrissent. Pour Daniel Duché, la Ville et l'Etat devront se donner les moyens de les gérer avec la rigueur qui prévaut pour l'entretien des façades.

    Il est sensible au respect de l'espace public, constatant que les terrasses de bars-restaurants ont une propension excessive à occuper les trottoirs au-delà de l'emprise qui leur est accordée. "Comment peut-on vivre rue du Trésor, et surtout dormir, dans le brouhaha des consommateurs installés en terrasse ?"

    Daniel Duché avait trois ans pour présenter son dossier. Il lui en reste deux aujourd'hui. Il affirme de façon péremptoire qu'il respectera l'échéance. Il faudra compter ensuite sur les délais administratifs habituels pour qu'entrent en vigueur les nouvelles dispositions. En attendant, le règlement actuel s'applique. Nous avons signalé à ce propos la situation du hangar LISSAC, qui attend toujours que la Ville applique la loi. Pour notre part, nous avons insisté sur la nécessité de faire "respirer" le Marais. Le PSMV en vigueur en a fait un objectif, en dégageant cours pavées et jardins à l'intérieur des ensembles d'immeubles. Il ne faut pas le perdre de vue, et éviter de densifier des quartiers qui sont les plus peuplés de Paris (source APUR),  ville dense parmi les plus denses du monde.

                                                                                                              

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  • Rotonde du temple 

    La Rotonde du temple, construite en 1788, à l'aube de la révolution (maquette musée Carnavalet).

     

    Si on se positionne à la pointe de l'angle des rues Pérée et Eugène Spüller (IIIe), le regard longe à droite comme à gauche les flancs du Carreau du Temple. Pendant 75 ans, la Rotonde du Temple a trôné là,  entre les rues Pérée et Dupetit-Touars.

    Bâtiment néo-classique, oeuvre de l'architecte Perrard de Montreuil, d'inspiration utopiste comme l'étaient celles de Claude Nicolas Ledoux (qui s'est illustré chez nous avec l'hôtel d'Hallwyll, 28 rue Michel le Comte), un peu "Fort Boyard" dans sa forme, avec un péristyle élancé qui donnait accès à des boutiques au rez-de-chaussée et soutenait deux niveaux de logements.

    Nous étions encore dans l'enclos du Temple, qui bénéficiait du privilège d'un régime de franchise.  On rapporte que des affairistes sans scrupules venaient s'y réfugier après avoir fait banqueroute. Dans cette sorte de "paradis pénal et fiscal", les boutiques valaient des fortunes et s'arrachaient à prix d'or.

    En 1863, cet ouvrage est démoli et laisse la place à six pavillons en fonte, briques et verre. Quatre d'entre eux seront retirés en 1904. Les deux restants constituent notre "Carreau du Temple".

    Les archéologues de la Ville de Paris, qui ont la responsabilité de sonder le terrain et d'exhumer des vestiges intéressants, partiront de 1904 et remonteront le temps. De la Rotonde, on sait qu'il ne reste rien, à l'exception d'un portail en demi cintre, très discret, qu'on découvre au n° 8 de la rue Pérée.

    On pouvait attendre plus de "l'Eglise du Temple" (XIIIe siècle), dont l'abside se trouvait à l'emplacement du "Carreau" actuel. On sait par la chronique et les sondages qu'elle est entourée d'un cimetière de plusieurs centaines de tombes qui s'étagent du XIIe au XVIIIe siècles. On espérait dans ses fondations trouver des piles et des voûtes. Il n'en sera rien. Tout a été évacué pour ne laisser que l'empreinte du monument.

    Quant aux sépultures, elles peuvent certes renseigner sur les moeurs de l'époque mais les ossements qu'elles contiennent sont trop récents sur l'échelle de l'évolution de l'espèce humaine (sept millions d'années !) pour présenter un intérêt scientifique majeur !

    Alors, il est peu vraisemblable que les fouilles archéologiques débouchent sur des découvertes qui remettraient en cause le projet. On prendra soin, naturellement, de placer les vestiges les plus remarquables dans des vitrines au sous-sol et l'aménagement pourra se dérouler comme prévu. C'est en septembre que commenceront les travaux, pour une livraison en 2013.

    La réhabilitation du Carreau du Temple est une bonne chose pour l'arrondissement. Vu de l'intérieur, on est frappé par la légèreté et l'élégance des fermes qui ont été conçues par les architectes Ernest Legrand et Jules de Mérindol. Il faut espérer que les aménagements prévus ne porteront pas atteinte à l'harmonie qui se dégage sous le chapiteau actuel.

    La présentation du projet par le Maire Pierre Aidenbaum et l'archéologue Didier Busson, le 11 mars, a suscité des réactions plutôt vives de riverains qui craignent pendant des années de vivre l'enfer quotidien des camions-bennes et des bruits de chantier. Ils sont à l'évidence les sacrifiés de l'intérêt général. L'opposition municipale, par la voix de Martine Weill-Reynal, élue UMP, rappelle qu'elle a toujours plaidé pour un projet de plain-pied. Elle affirme que c'est le creusement du sous-sol, à cinq mètres de profondeur, qui va générer le ballet des camions chargés de déblai, des risques de fissures sur les immeubles environnants, et une dépense qui est partie pour dépasser les 60 millions d'€.

    Il est vrai qu'on peut légitimement se demander si la création d'un auditorium, qui occupe une grande partie de l'espace, s'imposait, alors qu'on en a créé un à la Bourse du Travail (occupé par des sans-papiers depuis des mois) et un autre à la Gaîté Lyrique qui sera prochainement disponible.

    Nous souhaitons quant à nous, que cette réhabilitation -qui s'imposait - s'accompagne d'une mise en valeur de la mémoire de l'enclos du Temple et du fantastique patrimoine qu'il a constitué jusqu'au XIXe siècle. Les panneaux d'information qui ont été placés sur les façades du carreau, et dont nous recommandons aux habitants la lecture attentive, nous y invitent. Chaque vestige doit être mis en lumière et commenté par des "écussons" comme ceux qu'on trouve dans le Marais, devant l'hôtel d'Hallwill par exemple.

    Enfin, nous rejoignons l'association Marais-Temple pour demander que le donjon, qui fait l'objet d'un marquage au sol dérisoire devant la mairie, soit autrement symbolisé et illustré. Assez d'eau est passée sous les ponts pour que la période de la révolution française et la chute de la monarchie occupent sans passion ni complexes leur place dans l'histoire de notre pays.

     

    Mots-clés : enclos du Temple, Carreau du Temple, Rotonde du Temple, église et cimetière du Temple

                                                                                                                      

  • Flera enseigne  Flera 25 02 09

    Flera, 5 rue Chapon (IIIe), une enseigne gigantesque, genre pompes funèbres, une provocation quand on sait que le règlement du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais exige des lettres de petite taille et des couleurs discrètes.

    En réaction à l'indignation des riverains, nous l'avons signalée à la direction du Paysage de la Rue de la Mairie de Paris et aux Bâtiments de France en septembre 2008. Les choses n'ont pas traîné. Le commerçant a déposé son enseigne (photo de droite). L'état déplorable dans lequel il a laissé le bandeau pourrait laisser penser qu'il persévère dans la provocation, en montrant que le remède est pire que le mal.

    Nous verrons dans les prochains jours ce qu'il faut en conclure. Quoiqu'il en soit, ces péripéties seraient évitées dans l'intérêt de tout le monde si les commerçants comprenaient qu'il faut prendre la bonne orientation au départ et déposer un dossier préalable auprès des services de la mairie. A ceux d'entre eux qui nous lisent, nous demandons qu'ils cliquent dans le lien suivant : vivrelemarais.org/reglementation.pdf

    Ils y trouveront les règles générales applicables aux devantures et le mode d'emploi pour rédiger et déposer leur demande. Un gros travail de sensibilisation et d'information sur le sujet reste à faire dans les mairies d'arrondissement. Il en a été question à diverses reprises mais on n'est pas allé au-delà des intentions. Nous répétons notre étonnement que des municipalités dont 75% du territoire est en secteur sauvegardé n'aient pratiquement rien fait pour le faire savoir et obtenir de leurs administrés une discipline dont il faut bien comprendre qu'elle sert l'intérêt de tout le monde, à commencer par les commerçants eux-mêmes.

    Que les maires n'y voient pas nécessairement une critique de notre part mais plutôt une incitation à ouvrir un chantier qui ne nécessite pas des moyens gigantesques et dont les effets seraient rapidement visibles. Notre site est à leur disposition. Nous sommes prêts à leur en céder gratuitement le contenu. Précisons que l'application a été développée par des membres de notre association, sous le contrôle de l'Architecte des Bâtiments de France et de la direction du Paysage de la Rue de la Mairie de Paris.

    Mots-clés : devantures de commerces, enseignes, règles applicables, PSMV, Marais Paris

                                                                                                                                         

  • Vosges place vue moyenne 

    La place des Vosges, symbole du Marais, au carrefour des IIIe et IVe arrondissements, qui se la partagent.

     

    L'arrêté n° 2009-43-4 du 18 février 2009  qui précise la composition de la "commission locale du secteur sauvegardé du Marais", découle de deux décrets, n° 97-34 du 15/01/97 et n° 97-1206 du 19/12/97, portant sur la "déconcentration des décisions administratives" en France. Ils stipulaient que, dorénavant, les secteurs sauvegardés (SS) ne seraient plus l'affaire exclusive de l'Etat. La décision de créer un SS, le contenu du plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV), sa révision ou mise à jour, le choix de l'architecte chargé de son élaboration, seraient de la responsabilité conjointe du préfet et du conseil municipal compétent.

    Le PSMV a permis la transformation du Marais mais il a souffert, dans sa gestion quotidienne, de l'absence quasi totale d'appropriation par la municipalité. On en constate surtout les effets dans la mauvaise qualité des devantures des commerces, qui sont un élément essentiel du paysage de la rue.

    A la veille des élections municipales, nous avions interpellé les maires d'arrondissement dans une lettre ouverte Vivre le Marais ! n° 21.pdf. Nous avons eu des réponses de circonstance. La solution ne pouvait venir que du partage de responsabilités, tel que nous le voyons aboutir aujourd'hui.

    La commission du secteur sauvegardé du Marais comprend 12 membres.

    Elle est composée pour un tiers d'élus de la Ville de Paris : Colombe Brossel, adjointe au maire, chargée du patrimoine, suppléant Christophe Girard, adjoint chargé de la culture ; Anne Hidalgo, 1ère adjointe au maire, chargée de l'urbanisme, suppléante Karen Taïeb ; Dominique Bertinotti, maire du IVe, suppléant Vincent Roger, conseiller de Paris élu du IVe ; Pierre Aidenbaum, maire du IIIe, suppléant Gauthier Caron-Thibault, conseiller de Paris élu du IIIe.

    Les représentants de l'Etat constituent le deuxième tiers : le directeur régional des affaires culturelles d'Île de France (DRAC) ; le directeur de l'urbanisme, du logement et de l'équipement ; le chef du service départemental de l'architecture et du patrimoine de Paris (architectes des bâtiments de France), ou leurs représentants ; l'architecte des bâtiments de France en charge du secteur (Sophie Hyafil).

    Les personnes qualifiées (en vertu de leur expérience, de leur implication dans la protection de sites, de leur activité au sein d'associations agréées au titre de l'environnement – NDLR) constituent le dernier tiers : Marie-Jeanne Dumont, secrétaire générale de la commission du Vieux-Paris, Pierre Housieaux, président de l'association "sauvegarde et mise en valeur du Paris historique", Jean-Didier Laforgue, architecte-urbaniste (que nous avons rencontré à la mairie du IVe pour sa présentation du projet de réaménagement de la rue des Archives sud – NDLR) et Gérard Simonet, président de l'association "Vivre le Marais !".

    Elle est présidée par le maire de Paris ou, en son absence, par le préfet de Paris-Ïle de France ou son représentant.

    Ainsi, nous sommes heureux que notre candidature, exprimée il y a bientôt trois ans, consolidée par l'agrément dont bénéficie l'association au titre du code de l'environnement, ait été retenue par décision conjointe du préfet et du maire de Paris. Nous en remercions les services de la préfecture et les élus de Paris, dont nous avions demandé le soutien, et tous ceux qui nous ont encouragés et aidés à aboutir.

    Quel sera le rôle de cette commission ?

    Les textes lui assignent la responsabilité d'émettre des "avis" lors de la création, de la révision ou de la modification du PSMV. Avis à l'attention du conseil municipal et du préfet. Elle apparaît essentiellement comme une autorité morale. La commission nationale des secteurs sauvegardés conserve toutes ses prérogatives. Elle émet des avis à l'attention du Conseil d'Etat en phase finale d'approbation d'un PSMV.

    L'architecte des Bâtiments de France reste l'autorité opérationnelle centrale : "il assure la surveillance générale du secteur en vue de préserver son caractère historique ou esthétique"

    A la lecture de ces décisions, on ne perçoit pas de changement radical dans la gestion quotidienne du Marais mais on attend une implication sans réserve des mairies d'arrondissements. Il serait utile aussi d'obtenir la modification des règles d'urbanisme qui font obstacle à la mise en valeur du patrimoine collectif. Est-il normal, par exemple, que les propriétaires soient enjoints de ravaler leurs façades tandis que les devantures des commerces qui occupent les pieds d'immeubles restent dans leur état originel, souvent désastreux pour l'image de la rue.

     

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  • Pastourelle 35 avec grilles 

    L'immeuble de France Telecom, 35 rue Pastourelle (IIIe), à l'angle rue du Temple. Depuis une dizaine de jours, sur demande du Maire Pierre Aidenbaum, les arcades sont condamnées par une grille.

     

    Depuis plusieurs mois, les arcades étaient occupées par une douzaine de personnes sans domicile, qui y avaient établi le leur dans les conditions précaires que nous connaissons. La vie des riverains alentour était devenue difficile à cause de l'insalubrité et de l'insécurité qui en résultaient.

    Avec beaucoup d'humanité, et en prenant son temps, le Maire, avec l'aide de la police, du SAMU social, des maraudeurs d'Emaüs et des services de la Propreté de Paris, a réglé la situation au mieux de chacun des cas sociaux identifiés. Sauf un, le Maire en convient, que par discrétion il n'a pas souhaité décrire.

    Les arcades dûment évacuées, nettoyées et désinfectées, ont été alors interdites d'accès par les grilles que nous voyons sur la photo.

    De façon provisoire, bien entendu.

    Nous indiquions, dans un article du 7 novembre 2008 blog/2008/11/index.html, qu'une décision de la Ville de préempter le bâtiment, sur une vente conclue entre France Telecom et une société de rénovation (avec une décote de 40% sur le prix convenu), avait conduit les parties devant les tribunaux. La Ville fut déboutée en première instance. La décision de la Mairie de Paris de faire appel, repoussait l'issue de l'affaire aux calendes grecques, avec des risques évidents que la situation s'envenime avec les occupants des arcades et les riverains. On pouvait même craindre la transformation de l'immeuble en squat.

    Aux dernières nouvelles, le Maire aurait décidé d'interrompre la procédure d'appel et de laisser la transaction immobilière s'exécuter, en contrepartie de l'engagement du rénovateur de céder à la Ville, après travaux, une part importante de l'immeuble (on parle de 25% de la surface habitable) à un prix compatible avec une offre de logements à loyers modérés.

    C'est le résultat d'un pragmatisme bien inspiré vers une issue où chacun est gagnant. Les travaux pourraient être achevés d'ici vingt mois. Les grilles seront déposées dans l'intervalle, quand les travaux seront au stade où les arcades seront fermées définitivement, l'espace intérieur (qui n'appartient pas à la Ville mais au propriétaire, dans ce cas) étant récupéré à usage d'habitation ou d'activité économique.

    Mots-clés : 35 rue Pastourelle, Temple, grille sur arcades, France Telecom, préemption Mairie de Paris, logement social

     

  • Temple devantures (4) 

    Nous avons publié cette photo en septembre 2006 pour souligner à quel point il est choquant que des commerçants mal inspirés portent atteinte au patrimoine du Marais. Il s'agit ici d'un immeuble à façade Louis XV avec baies cintrées, porte cochère et linteau d'origine, situé au n° 81 de la rue du Temple (IIIe).

     

    Rappelons que les devantures et enseignes sont réglementées par le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) du Marais, mais une prescription de trois ans sur les travaux effectués retire à la Mairie de Paris et aux Bâtiments de France toute possibilité d'agir sur les réalisations anciennes. Ils doivent attendre, pour intervenir, un changement d'enseigne, ou des travaux de rénovation. De même et paradoxalement, quand un immeuble est enjoint de ravaler sa façade, les commerces ne sont pas visés.

    Justement, le magasin de gauche, grossiste en maroquinerie (qui n'est pourtant pas le pire), a décidé récemment de refaire sa devanture, sans changer pour autant d'enseigne. Voici le résultat :

    Temple 81 vue générale 

    Incontestablement il est désormais moins laid que ses voisins d'immeuble. Le caisson externe a été retiré. L'enseigne est discrète. Est-il pour autant conforme au règlement du Marais ? pas sûr !

                               

    Une fois de plus, les travaux ont été effectués sans autorisation. Les commerçants se défendent en protestant "qu'il faut faire des papiers" et que c'est compliqué. Nous l'avons souligné dans nos analyses de la gestion quotidienne du PSMV dans les deux arrondissements du Marais : les mairies d'arrondissements sont malheureusement passives à cet égard. Elles auraient besoin d'adopter une attitude plus dynamique face aux commerces, les informer de leurs obligations, veiller aux travaux qu'elles entreprennent et les aider dans leurs démarches.

    Avant les élections municipales, la Maire du IVe, Dominique Bertinotti, nous avait assurés qu'elle créerait une structure pour le suivi de ces dossiers Voir lettre. Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum avait engagé une négociation avec une association de commerçants pour la signature d'une "charte" de bonne conduite. Ces intentions, pour le moment, n'ont pas été suivies d'effet.

    Il y a en France une centaine de secteurs sauvegardés. Les municipalités qui en ont un, le considèrent généralement comme un atout pour leur développement et font tout pour en assurer la promotion. A titre d'exemple, voyez le site de la mairie de Pézenas secteur sauvegardé de Pézenas.

    Revenons chez nous, dans l'affaire qui nous occupe, la Direction de l'Urbanisme (paysage de la rue) de la Mairie de Paris, va faire son constat, demandera l'avis de l'Architecte des Bâtiments de France, et réclamera vraisemblablement un dossier de régularisation. Il est possible qu'elle exige des modifications car les travaux n'ont pas été exécutés, semble-t-il, dans les règles de l'art (voir notre site Internet réglementation enseignes et devantures). On sait dans ce cas, par expérience, qu'il faut des mois ou des années pour que les choses rentrent dans l'ordre quand elles ne restent pas tout simplement en l'état.

    La révision du PSMV, dont les travaux sont lancés, devrait intégrer cette problématique car il ne sert à rien de sauvegarder le Marais si l'anarchie se perpétue dans l'esthétique des commerces, qui en sont la vitrine aux yeux des passants.

                                                          

    Mots-clés : PSMV, plan sauvegarde mise en valeur Marais, grossistes, devantures, enseignes, Temple

       

  • Canari clocher palmiers    

    Le site inscrit "Cap Corse côte occidentale". Plus de 6.000 ha protégés. Site Angèle Paoli

     

    C'est un tremblement de terre qui vient d'avoir lieu chez les défenseurs du patrimoine français : le Parlement a voté le 24 janvier la suppression de "l'avis conforme" des ABF (Architectes des Bâtiments de France), aux permis de construire et autorisations de travaux dans les "ZPPAUP" (zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager, instaurées par la loi du 8 janvier 1993).

    Il existe 473 "ZPPAUP" en France. Il s'agit de sites remarquables par la présence de monuments historiques ou la qualité de l'urbanisme et des paysages. Elles ont remplacé la notion antérieure de périmètre de protection de 500 mètres autour d'un monument. Il n'y a pas de "ZPPAUP" à Paris mais deux secteurs sauvegardés (Marais et VIIe arrondissement) et une "protection Ville de Paris" qui couvre 5.000 immeubles.

    Le retrait aux ABF du pouvoir d'avis conforme, les prive de leur moyen d'action. Faute de disposer de budgets d'intervention, leur influence sur l'évolution des paysages dépendait de leur pouvoir d'autoriser ou non les travaux et fondait leur autorité.

    Les associations françaises du patrimoine et des paysages, autour de leur fédération, demandent au gouvernement "de revenir sur cet amendement qui abroge un siècle d'organisation et de progrès de la protection du patrimoine et des paysages de France".

    Nous suivons cette affaire avec attention, parce qu'elle nous touche au coeur mais aussi pour le risque de dérive qu'elle comporte à l'égard des secteurs sauvegardés, comme le Marais et une centaine d'autres en France. Il serait regrettable que des circonstances exceptionnelles qui incitent à dynamiser par tous les moyens la consommation, conduisent à sacrifier les atouts qui font l'attractivité et le succès de notre pays, à savoir son histoire, son architecture, ses paysages, sa culture et son art de vivre.

                                                                                                                                            

    Mots-clés : ZPPAUP, sites inscrits protégés, sites sauvegardés, avis conforme, ABF, architectes bâtiments de France, cap corse

    Post-scriptum du 25 février : on a appris depuis que le conseil constitutionnel, saisi notamment par Yves Dauge, président de la commission nationale des secteurs sauvegardés, sénateur-maire de Chinon, a demandé au gouvernenemt de retirer cet article de loi, considéré non conforme à la constitution, essentiellement pour des raisons de forme. Le danger est donc écarté mais pas supprimé.

                                                                                                                               

                                                                                                                                        

  • Haudriettes soleil d'hiver 

    Carrefour Temple-Haudriettes, jardinet récent sur fresque de Catherine Feff, à l'emplacement de "l'Echelle du Temple" qui était l'instrument de haute justice où les auteurs de larcins sur les terres des Templiers subissaient leur juste châtiment. La placette porte désormais le nom d'une poétesse confidentielle, disciple de Sapho, Renée Vivien. (photo G. Simonet)

     

    Il est précisé que l'échelle ne doit pas être confondue avec le gibet où les criminels étaient pendus haut et court. L'échelle est l'instrument punitif des juridictions ecclésiastiques comme celle des Templiers, qui n'ont pas le droit de condamner à mort. Ainsi étaient punis de peines corporelles mais non capitales, et rendus infâmes aux yeux de la population, ceux "qui étaient convaincus d'avoir à leur escient épousé deux femmes en même temps" (chroniques des XIIIe/XIVe siècles).

    Nous qui, hommes ou femmes, passons par là avec une faute mal effacée sur la conscience, devons nous dire qu'il est bon tout compte fait de vivre en 2009, malgré la crise.

    Mots-clés : échelle du Temple, Haudriettes, Catherine Feff

                                                                                                                                      

  • Réaumur 39 art nouveau  

    Le IIIe, c'est pour les trois-quarts le secteur sauvegardé du Marais, avec son architecture majoritairement XVIIe et XVIIIe siècles mais c'est aussi, en lisière et sur les artères qui le quadrillent, une grande variété de styles, notamment "Art Nouveau", comme cet immeuble remarquable du 39 rue Réaumur (voir "album photos"), mais aussi haussmannien, "Art Déco" et ce qu'Alexandre Gady qualifie "d'architecture bavarde", à propos de la rue des Archives.

     

    Sociologiquement, aussi, le IIIe est diversifié. Les classes moyennes et modestes y sont très présentes, en dépit d'un mouvement de "gentryfication" rampante, tandis que l'activité économique s'oriente vers le luxe et la valeur ajoutée, au détriment d'un artisanat qui appartient de plus en plus au passé, et de commerces de proximité qui souffrent autant de la désaffection des ménages, dont le mode de vie et de consommation change, que de la concurrence d'autres acteurs.

    Dans cet arrondissement très dense (jusqu'à 450 hab/ha dans le secteur Beaubourg-Temple c/240 en moyenne à Paris - source ETUDE APUR 2007 ), l'immobilier est devenu cher. Le IIIe ne rivalise pas encore avec les VIe, VIIe ou son proche parent le IVe, mais on a vu le m² neuf dépasser les 11.000 € et l'ancien, qui valait à peine 1.200 € en 1982, atteindre 6 à 7.000 € aujourd'hui.

    Ceux qui ont acheté au bon moment, des logements "à rafraîchir", ont la satisfaction (toute théorique car s'ils vendaient ils devraient se reloger aux conditions actuelles) de disposer d'un patrimoine, mais ceux qui n'ont pas la chance d'être logés par la Ville de Paris dans les différents immeubles qu'elle gère, ont vu leurs loyers augmenter comme le prix de l'immobilier et doivent souvent s'exiler pour habiter un logement en rapport avec leurs moyens ou la taille de leur famille.

    Les tendances constatées pour l'arrondissement soulèvent donc des interrogations qui s'ajoutent, dans le IIIe, aux nuisances causées par le monopole des commerces de gros dans sa partie nord-ouest, au gel de plus de 100 logements au profit de l'entreposage de marchandises, et aux dérives festives qui ne se cantonnent plus désormais au points chauds du secteur Archives-Sainte- Croix (IVe) qui s'est vidé en quelques années d'une population qui ne supportait plus la foule et le bruit. Les activités nocturnes se sont étendues vers le IIIe pour s'installer le long de l'axe La Perle, Quatre-Fils, Haudriettes et Michel le Comte et sont considérées par la population comme une menace croissante pour leur tranquillité.

    La zone touristique, symbolisée par la rue des Francs-Bourgeois, vit actuellement une expérience de "piétonnisation" le dimanche. Les riverains se divisent en deux camps : ceux qui approuvent et ceux qui combattent la mesure. La décision finale, en mars, fera nécessairement un perdant. Il faut imaginer pour l'avenir une formule où chacun s'y retrouve.

    Le Maire Pierre Aidenbaum a pris la décision d'organiser un débat général sur le thème de l'avenir à long terme de l'arrondissement. La question posée aux habitants est celle-ci : comment voyez-vous le IIIe dans dix ans ?

    Cette question simple en apparence en contient deux très différentes en réalité, à savoir : à votre avis, où va le IIIe ?  et  dans quel sens voudriez-vous qu'il aille ? Avec un corollaire : comment façonner le changement ?

    Le sujet en tout cas est intéressant. Pour le traiter, le Maire a rassemblé ses proches dans un "premier cercle" : élus de la majorité de l'arrondissement, membres du parti socialiste, atelier local d'urbanisme du IIIe et présidents des anciens conseils de quartiers. Ce premier cercle a produit un "mémoire" bien construit autour de scénarios qui vont du plus conservateur au plus déjanté. Il va servir de cadre aux ateliers-débats qui se tiendront d'ici fin avril.

    Nous y apporterons notre contribution avec l'indépendance d'esprit, l'absence de doctrine et le pragmatisme qui nous caractérisent. En ne perdant pas de vue ces vérités apprises en entreprise que le long terme n'est que la somme des courts termes et que prédire est un art difficile, surtout lorsqu'il s'agit de l'avenir.

    Mots-clés : avenir IIIe arrondissement, Maire Pierre Aidenbaum, urbanisme, Beaubourg Temple, activités festives, mono activité, entreposage

                                                                                                                                                                                                             

  • Hotel lambert vue de la seine 

    L'hôtel Lambert, 2 rue Saint-Louis en l'île (IVe), vu depuis la Seine 

     

    L'Emir du Qatar a acheté au baron Guy de  Rothschild cette somptueuse résidence en 2007. Dans son numéro daté du 19 décembre, le quotidien "Le Monde", sous la plume de Florence Evin, décrit la tempête que déclenche ses projets d'aménagement (création d'ascenseurs, de salles de bains, d'un parking souterain, équipements de climatisation …) dans un bâtiment qui est un chef-d'oeuvre intégral et suggère un respect absolu.

    Nous vous engageons à le lire : "Le Monde", 19 décembre 2008

    Nous sommes ici en dehors du périmètre du Marais, tel qu'il est défini dans le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV), mais le processus de révision qui a été engagé en 2007 prévoit d'en étudier l'extension à l'île Saint-Louis, de façon à protéger les intérieurs qui sont globalement vulnérables dans l'état actuel des choses.

    Ceci dit, Marais ou pas, ce joyau de l'architecture parisienne, "le plus bel hôtel particulier de Paris" ne peut laisser personne indifférent.

    Sans vouloir, ce qui serait démagogique, réduire l'affaire à un combat de l'argent contre la vertu, on comprendrait mal que le nouveau propriétaire s'affranchisse d'une obligation de conservation qui a été respectée par ses prédécesseurs qui nous ont transmis le patrimoine dans son état initial. Idéalement, cet hôtel du XVIIe devrait être un musée, propriété de l'Etat, qui en assurerait la conservation. Mais l'Etat n'a pas d'argent. Il y a longtemps d'ailleurs qu'il n'en a plus et qu'il fait marcher une planche à billets qui est usée jusqu'à la corde.

    S'en remettre à un mécène, dans ces conditions, n'est pas forcément une idée saugrenue. A la condition que ce mécène respecte le patrimoine qui a été remis entre ses mains. Il n'est pas possible de transformer sans précautions un immeuble classé sans l'endommager. Cet hôtel du XVIIème possède des éléments architecturaux et décoratifs, inspirés d'Andrea Palladio (renaissance italienne) dont on possède peu d'exemplaires en France, qui ne doivent pas subir d'outrages au nom du confort des occupants. Le contrôle des travaux par un ACMH (architecte en chef des monuments historiques), Alain-Charles Perrot dans le cas présent, quelle que soit sa compétence et ses scrupules, n'est pas une garantie absolue. N'est-il pas condamné à accepter des compromis ?  (*).

    Le conseil de quartier concerné déclare un peu candidement sur le journal diffusé par la mairie du IVe  "qu'un coup de baguette magique est donné sur l'hôtel" et s'inquiète que la création du parking souterrain soit retardée par les services de l'urbanisme, pendant que la Commission du Vieux Paris s'insurge et demande le blocage des travaux.

    On ne sait pas ce qu'en pense la Maire du IVe, Dominique Bertinotti, qui juge sans doute prudent de ne pas se manifester. Comme les riverains de l'île Saint-Louis, elle a été invitée l'été dernier par les nouveaux propriétaires et peut-être est-elle partie enchantée de sa visite et des explications qui lui ont été données ? Au cabinet de la Ministre Christine Albanel, on marche sur des oeufs.

    Enfin, on apprenait hier soir que le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, dans une lettre datée du 23 décembre, adressée à la Ministre Christine Albanel lui notifiait son refus d'approuver les travaux de voirie pour la réalisation du parking et demandait que l'ensemble du dossier soit "reconsidéré" à la lumière de l'émotion qu'il suscite.

     

    (*) l'ACMH est un architecte privé, choisi sur concours, qui assure la maitrise d'oeuvre des travaux de restauration des monuments historiques. Il est juge et partie du bien fondé, de la nature et des coûts des travaux qu'il estime nécessaires. Sa rémunération est pour l'essentiel composée des honoraires qu'il perçoit sur le montant de travaux. Dans son rapport pour 2005, la Cour des Comptes exprimait des réserves sur cette forme de privilège. Le rôle et le statut des ACMH sont en cours de révision pour assurer leur libre intervention à l'intérieur de l'espace communautaire européen.


     

    mots-clés : sauvegarde paris historique, hôtel Lambert, PSMV, île Saint-Louis, commission vieux paris